Déclaration à la presse de M. Roland Lescure, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle, énergétique et numérique, sur les questions économiques concernant l'Union européenne et le conflit en Ukraine, à Bruxelles le 12 novembre 2025.

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  • Roland Lescure - Ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle, énergétique et numérique

Circonstance : Arrivée à la réunion de l'Eurogroupe

Texte intégral

Roland LESCURE : Je suis très heureux d'être ici pour l'Eurogroupe aujourd'hui et demain pour le Conseil ECOFIN, et d'y porter la voix de la France. Je voudrais dire d'abord que, malgré les bouleversements géopolitiques à l'œuvre et les incertitudes macroéconomiques, la zone euro et l'Union européenne vont bien, la France va bien. Les chiffres de croissance du troisième trimestre et de l'inflation ont montré que la croissance y est robuste et singulièrement en France, dont l'inflation y est extrêmement maîtrisée. Ça ne veut évidemment pas dire qu'il faut s'arrêter là, il faut continuer à investir pour la compétitivité de l'Union européenne. Il faut simplifier nos règles, il faut renforcer le marché intérieur, il faut travailler ensemble sur une stratégie industrielle et numérique ambitieuse et coordonnée. Bref, il faut continuer à travailler.

Évidemment, l'Union des marchés de capitaux est aussi un élément très important de la compétitivité européenne.

Quelques points particuliers dans ce cadre-là. D'abord, vous savez que demain on abordera la franchise sur les petits colis, sur les colis inférieurs à 150 euros. L'actualité récente a montré que le sujet des plateformes de e-commerce est un sujet important de compétitivité, de protection des consommateurs. La France est à la pointe sur ce sujet et j'espère vivement que demain nous pourrons avancer sur ce sujet, de la levée de la franchise sur les petits colis de moins de 150 euros et surtout de la mettre en œuvre le plus tôt possible en 2026.

On a évidemment des sujets sur l'Union des marchés de capitaux sur lesquels nous souhaitons continuer à avancer, sur la titrisation, sur la régulation et je pense qu'on le fera.

Nous souhaitons aussi mettre en avant la compétitivité de nos secteurs bancaires qui est un élément essentiel de la compétitivité de l'Union européenne.

On va continuer évidemment à travailler sur le soutien à l'Ukraine, que nous devons continuer à pousser, à soutenir dans son combat existentiel qui, j'ai déjà eu l'occasion de le dire, est un combat important pour l'Ukraine mais au-delà évidemment pour l'Union européenne et pour les valeurs que nous portons.

Je vais évidemment aussi en profiter pour tenir au courant mes collègues européens sur l'actualité française et notamment l'actualité budgétaire qui se poursuit. Je les ai rencontrés pour la première fois il y a un mois. A l'époque, je leur avais dit qu'on aurait un gouvernement, qu'on aurait un budget et que tout allait suivre son cours. Je suis là pour confirmer que tout suit son cours. Vous connaissez les processus budgétaires qui prennent du temps mais évidemment tout ça se produit d'abord dans un scénario constructif, où une majorité de parlementaires français aujourd'hui souhaitent qu'on ait un budget et que ce budget soit conforme à nos engagements européens, et pas seulement évidemment pour faire plaisir à l'Europe mais aussi parce que c'est important pour la France qu'on puisse mettre le déficit budgétaire sur la voie des 3% en 2029 auxquels on s'est engagés de manière à stabiliser la dette publique.

It's good to be here for Eurogroup and ECOFIN today and tomorrow. As you know, euro growth is OK, the third quarter of GDP growth were good, inflation is on the tame, and growth is still very solid despite geopolitical and macroeconomic uncertainties. And France is doing especially well in that regard : growth was strong, inflation is about 1 %. We are doing well. It doesn't mean we should stop here. We should keep working on enhancing competitiveness of the EU and of the Eurozone. We need to work on the internal market, we need to work on industrial policy, we need to work on the competitiveness of our banking sector. There is a lot of work to be done, and I am looking forward to doing it today and tomorrow.

A couple of specific points. We are very happy that we are progressing on the de minimis lifting on small parcels that are below 150 euros in value. We hope and we are pushing for an adoption as early as tomorrow, and we also hope first and foremost that it is going to be applied as soon as early next year. We are going to work on the Savings and investments Union, we are going to keep on supporting Ukraine, which is again an existential fight for Ukraine as well as for all of us.
I am also going to give my colleagues an update on the French political and budgetary situation. The conversations are progressing as planned. The Parliament is in charge, the Senate is going to start looking at the budget next week, and I am fairly confident that a majority of parliamentarians today want a budget that is consistent with the European commitments of France, and they also want political stability, and all this hopefully will converge between now and the end of the year.


Question : How are things moving forward with the reparations loan for Ukraine ?

Roland LESCURE : Well, they are moving. As you know, we are expecting a contribution by the European Commission, which hopefully will get as soon as possible. The European summit was very clear that we want to use this new framework to keep on supporting Ukraine from next year on, so we are now expecting the Commission to give us proposals as soon as possible and that we can keep on working on this to make sure it happens.

Question : We have seen a lot of ministers this year, particularly Finance ministers, saying things are going to be different now. The Parliament wants a budget, but the reality is you have had a very chaotic year and a lot of political volatility. So why is it going to be different with you and how do you see dynamics changing ? Because we have seen this before.

Roland LESCURE : Yeah, no, I understand that. And to be fair, it is not about me. It is about the political situation, the political dynamic in France. You were not in Luxembourg when I was there a month ago. But what I told them then is that every week is a hurdle. We have 110 meters hurdle race with 10 hurdles, each hurdle being one week. We are in hurdle number five. What I can tell you so far is we are on track for 2025, both in terms of growth and in terms of budget deficit. So that is the first step towards the right direction. Two, every discussion we have had over the last four weeks has been constructive. The government did not fall on week one. You could say that is the least you could expect, but it happened. The budget has been tabled. The budgetary discussions that have happened so far in Parliament are consistent with the European commitment that France has made. I would say every week that we pass brings us closer to the result. You also know that the presidential election is in 18 months. I think that the majority of parliamentarians don't want any snap election before that happens. So it is a great incentive to converge towards the budget. That being said, every week is a new week, but every week is bringing us closer to a solution. And I am fairly confident that we are going to get it.

Question : And the bond yields have come down. Do you treat that as the market now trusts us ? They believe the worst is over because the bond yields are coming down.

Roland LESCURE : Well, they have come down and to be fair, I think they came down when the Prime Minister did his general statement in Parliament showing that he was willing to deal. The price of political stability is reflected by the spread you are alluding to. The work isn't over yet. There is still another few weeks of work, but so far so good. We are on the right track and we are going to keep on working to make sure we do.

Question : Monsieur le Ministre, sur l'aide à l'Ukraine, la Russie a encore menacé la Belgique pour ne pas utiliser les avoirs russes, sinon il y aura des conséquences pour la Belgique. Est-ce que vous pensez que c'est toujours la meilleure option de les utiliser ?

Roland LESCURE : La première chose que je veux vous dire, c'est que nous sommes tous ensemble dans ce combat : la Belgique, la France, l'Irlande, l'Allemagne, évidemment. Nous sommes tous ensemble. L'Union européenne parle d'une seule voix et la solidarité entre nous est totale, y compris sur les questions posées par la Belgique d'ailleurs autour de ce que je pourrais qualifier de " technicalities ", autour de l'utilisation de ces avoirs comme collatérale à une aide supplémentaire. Cette option est aujourd'hui faisable techniquement, souhaitable juridiquement et politiquement. On attend évidemment que la Commission puisse lever les différentes questions dans le cadre de la Belgique sur ce sujet et qu'on puisse avancer. Mais à ce stade, nous sommes convaincus que c'est une bonne option, qu'on doit explorer et qu'on doit mettre en œuvre rapidement.

Question : [inaudible]

Roland LESCURE : Aujourd'hui, on est avancés sur cette option qui, je pense, avance bien, avec quelques détails qui sont importants à lever et je pense qu'on va continuer à avancer dans cette direction-là.

Question : [inaudible]

Roland LESCURE : Écoutez, aujourd'hui on est sur une option qui va permettre de continuer à avancer dès 2026. Concentrons-nous sur ce qui, à mon avis, fonctionne.


Source https://ue.delegfrance.org, le 19 novembre 2025