Déclaration de Mme Marie-Pierre Vedrenne, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur, sur le coût de l'immigration en France, à l'Assemblée nationale le 25 novembre 2025.

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Circonstance : Débat à l'Assemblée nationale sur le coût de l'immigration en France

Texte intégral

Mme la présidente
L'ordre du jour appelle le débat sur le coût de l'immigration en France.
Ce débat a été demandé par le groupe Union des droites pour la République.
La conférence des présidents a décidé d'organiser le débat en deux parties. Dans un premier temps, nous entendrons les orateurs des groupes, puis le gouvernement ; nous procéderons ensuite à une séquence de questions-réponses.

(…)

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur.

Mme Marie-Pierre Vedrenne, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur
Vous avez souhaité ce débat sur une question récurrente qui agite la politique nationale. Aussi, je vous remercie de me donner l'occasion de m'exprimer sur le coût de l'immigration et sur les moyens consacrés à la politique d'immigration et d'intégration.

Nous pouvons tout dire sur ce sujet, qui n'est pas nouveau. Malheureusement, il donne trop souvent lieu à des manipulations politiques tant on peut faire dire aux chiffres ce que l'on veut. Or, derrière les chiffres, il y a une réalité humaine, une exigence républicaine et un impératif de souveraineté.

Les rapports qui ont été réalisés sur ces questions aboutissent à des propositions différentes, en fonction des méthodes de calcul utilisées ou encore de la population observée. Il suffit de confronter par exemple les travaux de France terre d'asile et ceux de l'OID pour se rendre compte que la méthode retenue est déterminante.

Nous n'aurions pas assez d'une après-midi pour débattre de ces enjeux tant ils sont complexes. Pour ma part, je répondrai sur les sujets qui relèvent de la compétence du ministère de l'intérieur : l'asile, le séjour des étrangers en France, l'éloignement des étrangers en situation irrégulière et le contentieux relatif à ces trois questions.

Pour évaluer l'impact global de la politique migratoire, il faut consulter les études macroéconomiques menées par des organismes reconnus comme l'Insee, l'OCDE, France Stratégie, ou, au Canada, le Cirano –? le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations.

Elles convergent vers le même constat. La plupart situent ce solde global dans une fourchette très étroite, de l'ordre de -? 0,5% à + 0,5% du PIB, ce qui signifie que l'impact net de l'immigration sur l'économie nationale est globalement neutre. Elles concluent que l'effet de l'immigration sur les finances publiques est faible –? parfois légèrement positif, parfois légèrement négatif, selon les périodes considérées –, mais qu'il n'est jamais structurellement déséquilibrant. En clair, elles estiment que le solde budgétaire direct est de faible ampleur, proche de l'équilibre. Autrement dit, si l'on compare la contribution des immigrés aux finances publiques et ce qu'ils en reçoivent, la différence est minime.

En effet, comme l'ont dit nombre d'orateurs, les étrangers paient des impôts et des cotisations ; ils contribuent à la croissance économique et à la vitalité de pans entiers de notre économie, comme nous avons pu le constater lors de la pandémie de covid-19 ou pendant les Jeux olympiques de Paris.

L'immigration ne constitue ni un fardeau structurel ni une manne budgétaire. Je le redis, c'est un facteur presque neutre sur le plan financier. Il nous revient d'organiser, de réguler et de maîtriser ce phénomène. Ces résultats convergent avec ceux observés dans d'autres pays européens, soit dans la majorité des pays de l'OCDE.

Par ailleurs, je tiens à rappeler clairement deux faits importants. Premièrement, notre nation est bâtie sur une histoire. Elle s'est forgée avec le creuset de l'immigration. Deuxièmement, notre pays reste fidèle à ses engagements internationaux, à sa Constitution et aux conventions qui nous engagent. " Fidèle " ne signifie pas " naïf ", et " ouverture " n'est pas synonyme d'" impuissance ".

En outre, le gouvernement a pour objectif d'adapter l'immigration régulière aux réalités économiques et sociales de la France tout en renforçant l'attractivité de notre pays. Ainsi, comme l'a rappelé le premier ministre dans sa déclaration de politique générale, les Français ont des attentes légitimes s'agissant de l'immigration. Avec le ministre Laurent Nuñez, nous nous efforcerons d'y répondre.

Nous veillons scrupuleusement au respect des règles d'entrée et de séjour sur le territoire et à la protection de nos frontières, en étroite collaboration avec nos partenaires européens, dans le respect des directives et règlements européens et en cohérence avec une approche continentale des migrations. C'est le sens du pacte européen sur la migration et l'asile : la recherche permanente d'un équilibre entre ouverture maîtrisée et fermeté.

En ce qui concerne l'évaluation budgétaire de la politique migratoire et d'intégration, dans un souci de transparence, le gouvernement présente chaque année un DPT relatif à la politique française de l'immigration et de l'intégration, annexé au projet de loi de finances. Ce document donne au Parlement et à l'ensemble des Français une vision aussi complète et exhaustive que possible des crédits alloués à cette politique, en rassemblant les dépenses de plusieurs programmes et ministères.

Selon le dernier DPT, le coût budgétaire total de la politique d'immigration et d'intégration est évalué à 7,78 milliards d'euros pour 2025, un niveau relativement stable par rapport à 2024. Ce montant agrège les crédits de dix-neuf programmes budgétaires répartis entre douze missions de l'État, ce qui montre bien que l'effort financier est partagé entre de nombreux domaines : l'intérieur –? que je représente ici –, les affaires sociales, l'éducation ou encore la justice.

Ce chiffre de 7,78 milliards représente la dépense budgétaire directe brute liée à l'immigration. Il s'agit d'un total de dépenses engagées principalement au bénéfice des personnes étrangères ou en lien avec elles. Je le répète : ce n'est pas un solde macroéconomique qui prendrait en compte l'ensemble des contributions économiques des immigrés. Par exemple, ce calcul n'intègre que partiellement le coût complet de certains services publics liés à l'immigration –? tels que les forces de sécurité, l'hébergement d'urgence ou l'enseignement scolaire – et ne retranche pas non plus les recettes fiscales générées par les populations immigrées, ni d'autres contributions socio-économiques positives comme le travail, la consommation ou l'innovation.

Autrement dit, l'objet du DPT est de nous présenter la photographie des dépenses de l'État orientées vers l'immigration, non son impact net sur nos finances publiques ou notre économie.

J'en viens à la structuration de la mission Immigration, asile et intégration et au budget que l'État lui consacre. Je rappelle que les dépenses de cette mission regroupent des crédits qui couvrent les trois volets principaux de notre politique en la matière : la maîtrise des flux migratoires, c'est-à-dire le contrôle et la régulation des entrées et des séjours et la lutte contre l'immigration irrégulière ; l'intégration des personnes immigrées en situation régulière, donc l'aide à l'installation, l'apprentissage du français ou l'accès à l'emploi ; enfin, la garantie du droit d'asile, ce qui comprend l'accueil, l'instruction des demandes d'asile et la protection des réfugiés.

Cette mission est structurée en deux programmes principaux. Le programme 303, Immigration et asile, regroupe l'essentiel des dépenses liées au droit d'asile –? y compris la subvention versée à l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) – et à la lutte contre l'immigration irrégulière. Ce sont principalement des dépenses dites contraintes, c'est-à-dire résultant de nos obligations légales et internationales, comme l'hébergement des demandeurs d'asile, ou nécessaires pour faire appliquer la loi, comme les reconduites à la frontière des personnes en situation irrégulière.

Plus nous exécuterons d'OQTF, plus les dépenses afférentes augmenteront. Elles sont à mettre en regard d'autres dépenses qui n'existeront pas du fait d'éloignements effectivement réalisés.

Avec une enveloppe de 1 871 millions d'euros en autorisations d'engagement (AE) et 1 793 millions en crédits de paiement (CP) prévue pour 2026, les crédits du programme 303 sont en hausse mesurée par rapport à 2025. En CP, cela représente une augmentation maîtrisée de 4,5% par rapport à la loi de finances initiale pour 2025. Cette progression permettra de faire face à une demande toujours plus élevée en matière d'asile, tout en finançant de nouvelles mesures.

L'année 2026 verra notamment l'application du pacte européen sur la migration et l'asile, pour lequel un financement spécifique de 150 millions d'euros en AE et 80 millions en CP est prévu sur l'ensemble de la mission.

S'agissant toujours du programme 303, l'effort budgétaire prévu pour 2026 intègre une baisse d'environ 25 millions d'euros des dépenses liées à l'action 02, Garantie du droit d'asile –? non pas en raison d'une diminution du nombre de demandeurs accueillis mais grâce à des économies et des réformes dans le traitement des demandes d'asile –, et une hausse d'environ 94 millions pour l'action 03, Lutte contre l'immigration irrégulière, notamment en vue d'investir dans les infrastructures nécessaires, par exemple pour augmenter les capacités de rétention.

Par ailleurs, des investissements immobiliers importants sont programmés en 2026 pour accroître nos capacités de gestion des flux. Je pense à la création d'une nouvelle zone d'attente à Mayotte et à l'extension-rénovation de la zone d'attente de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle.

La France restera fidèle –? c'est dans son ADN – à sa tradition d'accueil et d'asile, tout en poursuivant sa lutte contre l'immigration irrégulière qui, avant d'être un problème financier, est un drame humain.

Quant au programme 104, Intégration et accès à la nationalité française, il rassemble les crédits en faveur de l'intégration des étrangers en situation régulière. On y trouve notamment le financement du parcours d'intégration républicaine, comprenant les formations linguistiques et civiques, et la subvention de l'État à l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii), qui pilote de nombreuses actions d'accueil des nouveaux arrivants.

Globalement, en 2026, le gouvernement prévoit de maintenir un effort financier soutenu en faveur du droit d'asile et de l'intégration, tout en renforçant les moyens de contrôle des flux parce que c'est aussi une nécessité absolue. L'intégration n'est pas une option : c'est une condition essentielle de la cohésion nationale.

Le coût global de la mission progressera de manière maîtrisée. Cela reflète un besoin d'investir pour mieux accueillir et mieux réguler, mais sans dérive budgétaire incontrôlée. Pour 2025, il s'établit à environ 7,8 milliards d'euros, et les perspectives pour 2026 laissent anticiper des ajustements ciblés mais pas d'explosion des coûts.

Il faut surtout garder à l'esprit que ce chiffre ne raconte qu'une partie de l'histoire : l'immigration, au-delà des dépenses qu'elle implique, procure des recettes et apporte une richesse humaine, économique et culturelle à la nation. L'impact net de l'immigration sur notre économie a fait l'objet d'études sérieuses ; cela doit nous encourager à aborder ce sujet avec sérénité, loin des idées reçues.

Adapter notre réponse opérationnelle aux flux entrants, attirer les talents dont nous avons besoin, intégrer au mieux ceux qui rejoignent notre communauté nationale et garantir le respect de nos lois ainsi que la sécurité de nos frontières : c'est le cap que le gouvernement s'est fixé. Une politique d'immigration réussie est une politique équilibrée, qui prend en compte à la fois les attentes de nos concitoyens en matière de régulation et les bénéfices que nous pouvons tirer de flux migratoires maîtrisés.

Compte tenu de la baisse de la démographie et d'une hausse importante de la moyenne d'âge, la France et l'Europe doivent faire face à un triptyque que nul ne peut plus ignorer désormais : démographie, flux migratoire, besoins économiques.

Mesdames et messieurs les députés, je suis prête à répondre à vos questions si je dispose des éléments pertinents pour ce faire. Si ce n'est pas le cas, mon équipe et celle du ministre Laurent Nuñez vous apporteront ultérieurement une réponse –? je m'y engage.

Le gouvernement entend appliquer la loi, toute la loi, rien que la loi, en particulier la loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration votée par cette assemblée en janvier 2024. Les textes réglementaires requis permettront prochainement son application pleine et entière.

Mme la présidente
Nous en venons aux questions. Je vous rappelle que la durée des questions ainsi que celle des réponses est limitée à deux minutes, sans droit de réplique.
La parole est à M. Olivier Fayssat.

M. Olivier Fayssat (UDR)
La situation est binaire : d'un côté, la gauche et l'extrême gauche voient dans l'immigration un enrichissement et inclinent à ouvrir toutes les vannes –? pour autant qu'on puisse les ouvrir encore davantage ; de l'autre, notre point de vue est pragmatique, et nous constatons une perte de contrôle sur tous les plans –? sécuritaire, budgétaire et sociétal. Je ne vois pas comment on pourrait le nier ; à la limite, on peut toujours contester l'estimation du coût net de l'immigration à 41 milliards d'euros, mais cette perte de contrôle paraît évidente à la lumière des 138 000 franchissements irréguliers de nos frontières et du fait que nous ne parvenons pas à faire exécuter plus de 10% des OQTF prononcées.

J'avais prévu de vous poser la question suivante : entre eux et nous, que proposez-vous ? Nous avons mis en avant un ensemble de solutions : simplifier le contentieux administratif, conditionner le bénéfice de certaines prestations à cinq années de résidence, systématiser la collecte et la conservation des informations relatives à l'identité des personnes interceptées ou encore facturer aux étudiants étrangers le coût réel de l'enseignement. Mais peut-être le gouvernement est-il bloqué par l'obligation qui s'impose à lui de prendre en considération son gros actionnaire socialiste.

Vous avez parlé essentiellement de la répartition des crédits et de leur augmentation modérée. Pour ma part, je vous pose une question simple : quelles mesures concrètes entendez-vous prendre, quand et comment ?

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Marie-Pierre Vedrenne, ministre déléguée
S'agissant de notre capacité à faire exécuter les OQTF, je tiens à vous rappeler que nous sommes le pays membre de l'Union européenne qui exécute le mieux et le plus les mesures d'éloignement.

M. Éric Ciotti
C'est faux !

M. Olivier Fayssat
Ce n'est pas vrai !

Mme Marie-Pierre Vedrenne, ministre déléguée
Ces chiffres sont ceux non pas de la France mais d'Eurostat. Je rappelle ce que j'ai dit dans mon intervention liminaire : plus nous exécuterons d'OQTF, plus leur coût –? puisque c'est de cela que vous voulez débattre – représentera une part importante du budget total consacré à la politique d'immigration et d'intégration figurant dans le DPT.

Je le redis, nous respectons nos engagements internationaux et européens ainsi que les règles de la Constitution ; nous nous efforçons toujours de trouver une ligne d'équilibre entre ce respect et l'ouverture. Il s'agit par ailleurs de travailler à l'évolution des réglementations. Bien évidemment, je l'ai souligné, l'application du pacte européen sur la migration et l'asile aura un impact budgétaire. Nous travaillons aussi sur d'autres textes, notamment sur la directive " retour " et sur la définition des pays tiers.

Mme la présidente
La parole est à Mme Edwige Diaz.

Mme Edwige Diaz (RN)
J'ai porté à plusieurs reprises la voix du Rassemblement national au sujet du coût de l'immigration, en évoquant plus particulièrement la situation de la Gironde, où je suis élue. En juillet, mon groupe a soutenu, en commission des lois, la proposition de résolution du président Éric Ciotti tendant à la création d'une commission d'enquête sur le coût de l'immigration.

L'OID, dont je cite souvent les travaux, établit clairement que l'immigration massive, clandestine et anarchique que nous subissons actuellement n'est pas une chance pour la France. Par exemple, le taux d'emploi plus faible des immigrés et de leurs descendants cause chaque année une perte de PIB de 100 milliards d'euros ainsi qu'une perte de recettes fiscales et sociales de 45 milliards. Le coût net de l'immigration étudiante s'élève à 1 milliard par an. L'AME coûte elle aussi plus de 1 milliard par an, le nombre de ses bénéficiaires ayant triplé en vingt ans. Chaque année, les Français paient 1 milliard pour financer l'hébergement de migrants dans des chambres d'hôtel. Bref, l'immigration est le Titanic des finances publiques !

En ce 25 novembre, Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, je souhaite évoquer le coût de l'immigration pour les femmes de France, pas seulement à travers le prisme financier. Ce week-end, j'ai entendu avec effroi –? ou écœurement, je ne sais pas trop – une députée de La France insoumise affirmer que les viols commis par les étrangers sont " anecdotiques ". Pourtant, 63% des viols perpétrés dans les transports en commun d'Île-de-France sont le fait d'étrangers, de même que 77% des viols élucidés commis dans les rues de Paris en 2023. Dans l'agglomération bordelaise, en 2021, 20% des mis en cause pour violences sexuelles étaient étrangers, alors qu'ils représentent 8% de la population de l'unité urbaine.

Je suis consternée que la situation des femmes devant l'immigration reste un angle mort du gouvernement et fasse même l'objet d'un déni de la part de la gauche. Ma question est double : peut-on chiffrer le coût de l'immigration s'agissant de la sécurité des femmes en France, notamment en matière de santé, de recours aux forces de l'ordre et de frais de procédure judiciaire ? Le gouvernement est-il prêt à lancer des travaux sur la charge mentale pour les femmes induite par l'immigration ?

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Marie-Pierre Vedrenne, ministre déléguée
Vous dites que l'immigration n'est pas une chance. Je ne partage pas votre avis : la France s'est constituée aussi par le creuset de l'immigration. Je ne nie cependant pas d'autres éléments que vous avez évoqués.

L'OID est un think tank. On pourrait citer les travaux d'autres think tanks, comme la Fondation Jean-Jaurès. Pour ma part, je m'en remets, pour faire mon travail, aux institutions et organismes officiels tels que l'Insee ou l'OCDE, ainsi qu'aux documents budgétaires.

L'AME est, vous le savez, encadrée : ses règles d'attribution, ses conditions d'éligibilité sont très claires.

Je me focalise sur la question des viols. Aucun viol n'est anecdotique : un viol demeure un viol. Depuis le Grenelle des violences conjugales, en 2019, nous avons travaillé avec les forces de l'ordre et déployé de nombreux dispositifs ; nous continuerons de le faire. Je le redis : aucun viol n'est anecdotique. Je ne rentrerai pas dans le débat que vous avez lancé.

Lors des questions au gouvernement, ma collègue Aurore Bergé et moi-même –? dans ma réponse à l'un de vos collègues, qui évoquait d'autres points – avons rappelé le travail que nous menons pour protéger les Françaises et les Français. Tous ceux qui troublent l'ordre public, quelle que soit leur nationalité, doivent être considérés comme tels.

Mme la présidente
La parole est à M. Michel Guiniot.

M. Michel Guiniot (RN)
Le récent rapport de l'Insee dressant le " Portrait social de la France " nous indique que 11,2% de la population résidant sur notre sol est immigrée. Depuis l'élection d'Emmanuel Macron en 2017, nous accueillons plus de 130 000 étrangers supplémentaires tous les ans, avec un pic à 200 000 en 2018, presque le double du nombre d'habitants de toute ma circonscription de l'Oise.

De fait, ces personnes nouvellement arrivées ont un coût pour la société, pour l'État français et surtout pour le contribuable. À l'échelle nationale, selon une note publiée le 7 février dernier par l'OID, l'immigration régulière et irrégulière représenterait une charge brute annuelle chiffrée à 75,1 milliards d'euros pour les contribuables. Le rapport statistique sur l'état de la pauvreté en France, établi par le Secours catholique, pointe le fait que la part des étrangers dans les bénéficiaires de la solidarité a été multipliée par 2,5 en trente ans. Aujourd'hui, 52,7% des bénéficiaires de la solidarité des citoyens français sur notre territoire sont étrangers et plus d'un tiers d'entre eux sont clandestins.

À l'échelle locale, un grand nombre de collectivités doivent assumer la présence au quotidien de ces personnes, qu'elles bénéficient d'une forme de protection en attente d'une décision sur leur sort ou qu'elles choisissent de se maintenir sur notre sol malgré un refus de l'administration. Je pense par exemple au transport et à la restauration scolaires, qui relèvent de la compétence de la commune, du département ou de la région. Je pense aussi aux équipements affectés aux jeunes, sans distinction de nationalité, de religion ou de couleur,…

Mme Léa Balage El Mariky
Heureusement !

M. Michel Guiniot
…de la crèche au lycée, et dont la charge est supportée par toutes les strates territoriales. Je pense enfin aux équipements sportifs à la charge des collectivités territoriales tout comme aux différentes aides sociales.

Mme Léa Balage El Mariky
Quel est le coût du racisme ?

M. Michel Guiniot
Sans revenir sur les mineurs étrangers, je pose une double question : quelle est la charge financière de l'immigration pour les collectivités territoriales ? Quelle fraction de nos budgets locaux n'est pas consacrée aux contribuables français ?

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur.

Mme Marie-Pierre Vedrenne, ministre déléguée
Il est vrai que le nombre de visas et de titres de séjour a augmenté ces dernières années. Mais, je le redis, il faut à la fois tenir compte du contexte géopolitique et se référer à la période précédant la crise sanitaire.

Si les demandes de visa sont en progression continue et régulière chaque année, le nombre de visas délivrés reste stable : en 2024, il est identique à celui de 2014. Ces chiffres sont publics. En outre, 74 % des visas délivrés sont, vous le savez, des visas de court séjour Schengen.

J'en viens aux titres de séjour. La dernière décennie a effectivement été marquée par une augmentation forte de la demande, donc des coûts de gestion, mais les titres restent validés sur des équivalences.

Je tiens à vous rappeler, comme je l'ai fait dans ma présentation liminaire, que le coût macroéconomique reste faible et constant sur la période 2016-2024.

Mme la présidente

La parole est à M. Nicolas Metzdorf.
M. Nicolas Metzdorf (EPR)

On aborde souvent le sujet de l'immigration, notamment le sujet de l'immigration illégale et de son coût, en s'intéressant exclusivement à l'Hexagone. Or j'aimerais vous parler de deux départements ultramarins qui subissent une immigration illégale très forte.

Commençons par Mayotte. Puisqu'on parle de coût, je vous donne quelques chiffres : la moitié de la population est issue de l'immigration illégale ; 40% des patients du centre hospitalier de Mayotte sont des étrangers en situation irrégulière, ce qui coûte chaque année au département plus de 100 millions d'euros ; un élève sur deux est issu de l'immigration irrégulière, le coût pour l'éducation nationale étant estimé à 32 millions par an.

J'en viens à la Guyane. Ce territoire est victime d'une immigration illégale qui vient du Brésil, d'Haïti et du Suriname. En 2024, les demandes d'asile en Guyane ont été multipliées par trois par rapport à l'année précédente. Les bénéficiaires de l'AME y sont au nombre de 40 000, ce qui représente 10% du total de l'AME nationale alors que la population du département ne représente que 0,5% de la population française !

Je veux bien qu'on me dise que l'immigration est une chance pour l'Hexagone. En tout cas, l'immigration illégale n'est clairement pas une chance pour la Guyane et pour Mayotte.

Ma question est simple : que fait le gouvernement pour endiguer l'afflux d'immigrants illégaux dans ces deux départements français ? Au-delà du coût financier réel, ils en souffrent énormément en matière de politiques publiques, de pouvoir d'achat, d'emploi et de qualité de l'éducation de leurs enfants.

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur.

Mme Marie-Pierre Vedrenne, ministre déléguée
Vous avez raison de rappeler que la France ne s'arrête pas aux frontières de la métropole.

En ce qui concerne Mayotte, le passage du dramatique cyclone Chido en décembre dernier a très fortement dégradé les capacités de lutte contre l'immigration clandestine, alors même que la pression migratoire était déjà soutenue, vous l'avez rappelé, et pourrait s'intensifier. Le Parlement européen a voté dernièrement –? ce n'est pas à vous que je le rappellerai – une loi prenant en compte financièrement les conséquences du cyclone, ce qui nous permettra d'avancer et de répondre de manière pratique à tous les points que vous avez soulignés.

S'agissant de la Guyane, l'immigration est d'abord caractérisée par une présence massive et historique d'environ 100 000 ressortissants étrangers issus de migrations régionales provenant du Brésil, du Suriname et d'Haïti. La situation reste tout de même pour l'instant maîtrisée, d'autant que ce phénomène migratoire était lié en grande partie à la délivrance de visas humanitaires aux Haïtiens par les autorités brésiliennes, lesquelles ont resserré les conditions de délivrance depuis 2024. Quant aux flux en provenance du Suriname et du Brésil, ils sont jugés en ce moment stables et correspondent à des échanges transfrontaliers informels.

Mme la présidente
La parole est à M. Thomas Portes.

M. Thomas Portes (LFI-NFP)
Décidément, de la droite à l'extrême droite, l'horizon politique se résume à un seul mot : racisme. Pendant que Laurent Wauquiez cible les jeunes femmes musulmanes et que la droite sénatoriale veut interdire le jeûne aux mineurs musulmans, vous vous attaquez ici aux immigrés. Depuis des années, vous ressassez les mêmes contrevérités : l'immigration plombe les finances publiques, l'immigration crée du chômage, l'AME coûte trop cher.

Pourtant, tous les travaux sérieux démontrent l'inverse. L'Institut La Boétie, dans sa note « La France grâce à l'immigration », établit sans ambiguïté que vos affirmations ne reposent ni sur des faits ni sur des chiffres, mais sur une construction idéologique. Le regroupement familial et l'accueil durable sont de puissants leviers au service de la consommation populaire et du développement économique.

La réalité, c'est que le racisme systémique contraint les immigrés à occuper les emplois les plus pénibles, pendant que les politiques publiques s'enchaînent pour les exploiter, pour les enfermer, voire pour les exclure.

La réalité, c'est que la population immigrée bénéficie moins des allocations sociales que le reste de la population, du fait de situations administratives souvent précaires ou en rupture.

La réalité, c'est que ce qui coûte cher à la France, ce ne sont pas les immigrés, mais les politiques de criminalisation que vous avez soutenues et que ce gouvernement applique : 486 millions d'euros ont été dépensés en 2018 pour expulser 33 000 personnes ! La facture de vos obsessions répressives d'enfermement et d'expulsion est très lourde pour le pays.

Quant à l'AME, que vous brandissez comme un épouvantail, j'entends beaucoup de choses à son sujet alors qu'il s'agit d'un enjeu de santé publique : elle représente aujourd'hui 0,4% des dépenses de santé, sur un total de 204 milliards d'euros.

Les immigrés sont les premiers touchés par les reculs sociaux et les premiers à se mobiliser pour les droits de toutes et tous. Les travailleurs sans papiers, privés de recours et surexposés aux abus, luttent chaque jour pour la dignité collective.

Madame la ministre, allez-vous enfin reconnaître que ce qui coûte réellement cher à notre pays, ce n'est pas l'immigration mais les politiques de criminalisation et la chasse aux immigrés ?

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur.

Mme Marie-Pierre Vedrenne, ministre déléguée
Je vous remercie pour votre intervention. Peut-être n'étiez-vous pas encore arrivé quand j'ai rappelé, dans mon propos liminaire, la ligne du gouvernement en matière d'immigration. Elle est très claire : humanité avec une gestion des frontières maîtrisée.

Mme la présidente
La parole est à Mme Élisa Martin.

Mme Élisa Martin (LFI-NFP)
Le gouvernement actuel parvient à accomplir un tour de force : faire se rejoindre des lignes parallèles. Il y a les propos tenus par les députés du Rassemblement national, mais il y a aussi les faits et les actions menées par le gouvernement.

Ainsi, madame la ministre, vous oubliez de noter que les personnes en situation irrégulière contribuent fiscalement puisqu'elles paient la TVA, qu'elles cotisent lorsque les employeurs décident de les déclarer –? c'est souvent le cas – et qu'elles contribuent de façon générale à la vie sociale et collective.

Quant à la fabrique de sans-papiers que vous organisez, par manque de moyens ou par indifférence –? peu importe, à dire vrai –, elle crée des dysfonctionnements, y compris pour les employeurs qui, du jour au lendemain, se retrouvent sans leurs salariés et ne savent comment répondre aux commandes. Et que dire des salariés concernés : ils se retrouvent dans une forte incertitude, ne sachant ce qui va leur arriver le lendemain, qui constitue souvent leur horizon.

Enfin, vous pourriez les uns et les autres nous répondre quant à la façon dont vous évaluez la vie des personnes qu'on laisse mourir en mer et dire à quel point vous êtes satisfaits de l'accord conclu avec le Royaume-Uni, qui considère les exilés comme des marchandises. Encore une fois, vous réalisez cet exploit de faire se rejoindre deux lignes parallèles.

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur.

Mme Marie-Pierre Vedrenne, ministre déléguée
Dans mon propos liminaire,…

Mme Élisa Martin
Que j'ai entendu !

Mme Marie-Pierre Vedrenne, ministre déléguée
En effet, vous étiez là. Dans ce propos, j'ai bien employé les mots " paient des impôts et des cotisations " et "contribuent ". J'ai aussi rappelé le rôle joué, au moment du choc du covid et des confinements, par certains professionnels, notamment les éboueurs ou le personnel de santé, qui étaient souvent des immigrés. Je partage donc votre constat sur ce point.

Je reviens sur l'augmentation des délais de délivrance de titres de séjour. Il est très clair que la priorité du gouvernement est d'éviter toute rupture de droits. Le ministre Laurent Nuñez et moi-même souhaitons accélérer ce travail.

S'agissant des relations avec le Royaume-Uni, l'objectif est à la fois de soutenir le travail accompli par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et de procéder à davantage d'expérimentations pour mettre à mal le modèle économique des passeurs. L'objectif est aussi de travailler à l'européanisation de la gestion de nos frontières extérieures. En effet, la frontière entre la France et le Royaume-Uni dans la Manche est aussi une frontière extérieure de l'Union européenne. Nous devons engager nos partenaires européens dans ce dossier.

Mme la présidente
La parole est à M. Éric Pauget.

M. Éric Pauget (DR)
Selon une très récente étude du Credoc –? le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie –, 26% de nos concitoyens se restreignent régulièrement dans leurs dépenses de santé, contre 9% il y a vingt ans. L'état financier de la branche maladie est préoccupant, d'autant que 7 milliards d'euros d'économies sont recherchées dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Les patients seront encore davantage mis à contribution : il est prévu de relever les franchises sur les médicaments et de doubler les participations forfaitaires sur les consultations médicales –? l'économie ainsi réalisée atteindrait 2,3 milliards. Les assurés sont appelés à faire toujours plus d'efforts !

Il faut dépenser moins et faire enfin des économies, ce qui passe entre autres, madame la ministre, par une réforme en profondeur des très coûteuses exceptions françaises appliquées au régime de santé des personnes étrangères, le plus généreux d'Europe. Il s'agit notamment de l'AME gratuite, sans avance de frais ni reste à charge, destinée aux ressortissants étrangers en situation irrégulière, dont le coût global a augmenté de 72 % en dix ans pour atteindre 1,3 milliard ; de l'admission au séjour pour soins, qui permet à des étrangers de se voir délivrer un titre de séjour pour bénéficier de soins totalement gratuits ; de la protection universelle maladie (Puma) bénéficiant aux demandeurs d'asile.

La jurisprudence administrative n'a cessé d'élargir le champ d'application de ces dispositifs, ce qui les a dévoyés de leurs objectifs humanitaires initiaux. Ils vont aujourd'hui au-delà des besoins urgents et vitaux et incluent un panier de soins beaucoup trop large. Ils constituent ainsi incontestablement un coût très important pour les finances publiques.

Ma question est simple : sans perdre de vue les objectifs humanitaires originels, le gouvernement entend-il réformer ces dispositifs en les limitant aux soins urgents et vitaux afin qu'ils perdent leur attractivité ? Il y va de leur acceptation par les Français, qui ne les comprennent plus et n'acceptent plus cette situation.

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Marie-Pierre Vedrenne, ministre déléguée
En raison de la difficulté à comparer des États centralisés avec des États décentralisés ou fédéraux, la générosité que vous prêtez au système français n'a pas été démontrée.

Pour établir le montant des dépenses de santé consacrées aux étrangers, il importe de distinguer, comme vous l'avez fait, les personnes en situation régulière et celles en situation irrégulière. Les premières relèvent du dispositif Puma, pour un coût d'environ 170 millions d'euros. Les secondes relèvent de l'AME. En 2025, environ 110 000 des 456 000 bénéficiaires de l'AME, soit près de 25%, sont des mineurs étrangers, c'est-à-dire des personnes qui, juridiquement, ne sont pas des étrangers en situation irrégulière. Même si elle a augmenté, passant de 1,1 milliard d'euros en 2024 à 1,3 milliard en 2025, l'enveloppe budgétaire allouée à l'AME reste faible.

Nous sommes conscients que ces dispositifs sont perfectibles, notamment en matière de fraude. De manière générale, vous le savez, le gouvernement, tout particulièrement le premier ministre, a pris l'engagement de lutter contre les fraudes.

Mme la présidente
La parole est à Mme Léa Balage El Mariky.

Mme Léa Balage El Mariky (EcoS)
Quand M. Guiniot était assis en face de moi, je me disais que sa ressemblance avec M. Mélenchon n'est vraiment que physique. En effet, quand il parle, c'est plutôt Maurras qu'on entend puisqu'il confond immigrés et étrangers. Collègues de l'extrême droite, accrochez vos ceintures car la nationalité la plus répandue parmi les immigrés en France est la nationalité française ! En effet, par la vertu du modèle républicain, les personnes immigrées peuvent accéder à la nationalité française.

Ma question à Mme la ministre porte sur le coût du désordre créé par les politiques migratoires. Combien coûte l'absence de renouvellement automatique des titres de séjour de longue durée, qui engorge les préfectures et les conduit à devoir répondre à des recours ? Il est dommage que les tribunaux administratifs se retrouvent presque à assurer le secrétariat des préfectures !

En revanche, la délivrance des OQTF est automatique. Mais comme elles sont souvent décidées de manière très rapide, sans examen précis du dossier, elles ne sont pas exécutées et occasionnent, elles aussi, un contentieux qui coûte cher et oblige l'État à provisionner. On marche sur la tête ! L'État ferait mieux de respecter les droits des étrangers.

Pour finir, je vais vous prendre au mot, madame la ministre. Vous avez parlé de l'accueil des talents. Pourquoi diable le gouvernement a-t-il alors proposé de supprimer les aides personnalisées au logement (APL) pour les étudiants étrangers, qui sont autant de talents ?

M. Olivier Fayssat
Pas forcément…

Mme Léa Balage El Mariky
Pourquoi leur rendre la vie plus difficile ?

Puisqu'il me reste trente secondes et que nous sommes le 25 novembre, je conclurai en parlant des étudiantes afghanes –? d'autres talents. Le ministère de l'intérieur bloque encore la délivrance des visas par nos consulats à Islamabad et à Téhéran, alors que nous leur devons protection et assistance et qu'elles seraient de formidables étudiantes dans nos universités.

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Marie-Pierre Vedrenne, ministre déléguée
Laurent Nuñez et moi-même sommes conscients de l'augmentation des délais de délivrance des titres de séjour et des documents provisoires. Entre 2023 et 2024, le délai de délivrance moyen a augmenté de 27 %, passant de 143 à 182 jours. Nous avons pris l'engagement de traiter ce problème, notre priorité étant, je le rappelle, d'éviter les ruptures de droits. Lors de son déplacement à Lille le 3 novembre, le ministre de l'intérieur a annoncé à cet égard plusieurs mesures réglementaires, informatiques et de soutien aux préfectures. D'autres actions ont été engagées pour automatiser les procédures et rendre plus efficace le système d'administration numérique pour les étrangers en France (Anef).

Quant à la délivrance des OQTF, elle n'est pas automatique, puisque la loi du 26 janvier 2024 prévoit un examen préalable du droit au séjour.

La suppression des APL pour les étudiants étrangers extracommunautaires est un choix politique débattu dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances pour 2026, qui fait l'objet d'amendements. Au terme des débats, nous verrons quelle position l'Assemblée aura prise sur ce point.

Enfin, à propos des femmes afghanes, je précise que toute demande de visa de long séjour au titre de l'asile est examinée par le poste consulaire compétent.

Mme Léa Balage El Mariky
Je parlais des étudiantes !

Mme la présidente
La parole est à Mme Stella Dupont, pour la dernière question de ce débat.

Mme Stella Dupont (NI)
Alors que nous débattons du coût de l'immigration, je souhaite attirer votre attention sur ce que l'insertion par le travail des personnes étrangères peut apporter à nos territoires lorsqu'elle est organisée et accompagnée, voire mise au service des secteurs en tension.

Dans mon département du Maine-et-Loire, nous avons conduit en 2023 une expérimentation pour l'accès au travail de personnes étrangères présentes sur le territoire. L'objectif était clair : lever les freins administratifs, sociaux ou linguistiques qui empêchent des personnes motivées de travailler alors que des entreprises de nombreux secteurs peinent à recruter. En un an, vingt personnes ont été accompagnées. Seize ont trouvé un emploi, souvent dans des secteurs en forte tension comme l'agroalimentaire, la restauration ou l'aide à la personne, et s'y sont maintenues. Cette insertion rapide et durable a permis non seulement de répondre à des besoins de main-d'œuvre mais aussi de stabiliser des parcours, de faciliter l'accès au logement et de réduire les coûts sociaux liés à la précarité administrative. Les plus jeunes des bénéficiaires ont également pu se projeter dans un avenir professionnel construit.

Cette initiative, conduite avec la préfecture, des associations et des entreprises, démontre qu'un accompagnement structuré, une instruction rapide des autorisations de travail et un suivi socioprofessionnel adapté permettent de transformer des situations bloquées en contributions économiques utiles, notamment dans les métiers en tension. Elle a donc permis de répondre à des besoins de recrutement, de favoriser la réussite de parcours d'insertion et de réduire les charges liées aux situations bloquées. Les résultats sont encourageants, mais la limitation à un an de la durée de l'expérimentation n'a pas permis d'en mesurer tout le potentiel. Je sollicite donc sa prolongation.

Madame la ministre, au regard des résultats que j'ai exposés, envisagez-vous de soutenir, voire de généraliser, ce type de dispositif, afin que la facilitation de l'accès au travail des personnes étrangères devienne une réponse assumée, organisée et efficace ?

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Marie-Pierre Vedrenne, ministre déléguée
Madame la députée, le gouvernement partage votre objectif. Pour les étrangers en situation régulière, en particulier les primo-arrivants, l'accès à l'emploi est en effet une condition de l'intégration. La direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) comptabilise 287 000 étrangers au chômage en France. Un nombre important d'étrangers en situation régulière souhaitent travailler et disposent de qualifications, sans pour autant accéder à l'emploi.

L'expérimentation menée dans le Maine-et-Loire après l'adoption de la loi de janvier 2024 a donné des résultats très intéressants. Après en avoir pris connaissance, les ministres de l'intérieur et du travail du précédent gouvernement ont diffusé le 26 juin à l'ensemble des préfets une circulaire pour améliorer l'insertion économique des étrangers en situation régulière, en particulier des primo-arrivants. L'objectif est de mobiliser les préfets de région pour identifier et coordonner l'ensemble des leviers territoriaux, dont les opérateurs de compétences (Opco) qui ont un rôle central pour faire correspondre les formations aux besoins des entreprises et ainsi répondre prioritairement aux besoins des métiers en tension. Pour remédier aux plus grandes difficultés de recrutement, les préfets doivent également mobiliser les fédérations professionnelles et les clubs d'entreprises. Il s'agit de généraliser ce qui a fonctionné dans le Maine-et-Loire ou, comme je l'ai évoqué, au moment des Jeux olympiques de Paris en 2024 dans le domaine de la sécurité privée.

La circulaire détaille plusieurs actions : faire des étrangers primo-arrivants un public prioritaire à chaque niveau des comités locaux pour l'emploi, automatiser l'inscription à France Travail pour les signataires d'un contrat d'intégration républicaine et mobiliser l'ensemble de l'offre déployée par France Travail et par les autres acteurs du réseau pour l'emploi, afin d'accélérer l'entrée en immersion dans une entreprise ou en formation.

Mme la présidente
Le débat est clos.


Source https://www.assemblee-nationale.fr, le 27 novembre 2025