Conseil des ministres du 2 décembre 2025. Ambition spatiale de la France.

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Intervenant(s) : 
  • Philippe Baptiste - Ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'espace

Auteur(s) moral(aux) : Secrétariat général du Gouvernement

Texte intégral

Le ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'espace présente une communication relative à la politique spatiale française, dans un contexte international spatial bouleversé par la massification des investissements américains et chinois, l'émergence de technologies de rupture transformant les marchés et les applications et la conflictualisation de l'espace.

La France consacrera plus de 16 milliards d'euros au spatial civil et dual d'ici 2030

Présentée par le Président de la République le 13 novembre à Toulouse, la nouvelle stratégie nationale spatiale renouvelle l'ambition spatiale française. Elle s'articule autour de cinq piliers stratégiques :

  • l'accès indépendant à l'espace, grâce à Ariane 6, le Centre spatial guyanais et la préparation des futurs lanceurs ;
  • la compétitivité et les compétences de la filière industrielle - fondamentales pour la souveraineté, de l'amont à l'aval, des équipementiers, startups et acteurs établis ;
  • les capacités critiques de sécurité et de défense, pour les opérations dans l'espace, la surveillance de l'espace, la résilience des infrastructures spatiales et l'action dans l'espace, en cohérence avec la stratégie spatiale de défense publiée en 2019 ;
  • la science et l'exploration, comme sources de connaissance, de vérité et d'inspiration, au service des citoyens européens et pour anticiper le changement climatique ;
  • la coopération européenne et internationale, essentielle pour mener et participer à tous les programmes de grande ampleur, nécessitant notamment des investissements colossaux.

En plus du budget spatial de défense inscrit dans la loi de la programmation militaire, la France consacrera plus de 16 milliards d'euros au spatial d'ici 2030 pour permettre cette ambition, via le Centre national d'études spatiales (CNES), acteur central de la politique spatiale française, dans le cadre de l'Union européenne ou pour des programmes de l'Agence spatiale européenne (ESA) et de l'Organisation européenne pour l'exploitation des satellites météorologiques (EUMETSAT). Cela inclut par exemple les programmes stratégiques nationaux français ou de l'Union européenne comme Galileo ou IRIS², des programmes majeurs de l'ESA comme Ariane 6, le suivi météorologique depuis l'espace ou de programmes scientifiques internationaux de grande envergure comme les missions martiennes en coopération avec la NASA.

La conférence ministérielle de l'Agence Spatiale européenne du 26 et 27 novembre

Les 26 et 27 novembre, les ministres chargés de l'espace des États membres de l'ESA se sont réunis à Brême pour décider du financement des prochains programmes de l'agence, dans tous les domaines : accès à l'espace, observation de la terre, télécommunications, navigation, sciences de l'univers, sécurité de l'espace, etc. Les budgets octroyés à l'Agence ont été considérablement        augmentés (plus de 22 milliards d'euros contre 17 milliards d'euros en 2022), démontrant la centralité du spatial pour les États européens, via notamment ses dimensions stratégique, économique, industrielle, technologique et scientifique. La contribution française de près de 3,7 milliards d'euros (soit une hausse de plus de 450 millions d'euros) a été établie en cohérence avec les priorités de la stratégie nationale spatiale : le soutien à Ariane 6 pour garantir un accès européen à l'espace, la préparation des futures technologies critiques – y compris dans la perspective du prochain Cadre Financier pluriannuel de l'Union européenne, et le renouvellement de l'ambition scientifique des États européens. À cette occasion, il a également été annoncé qu'un français ferait partie des trois premiers astronautes européens appelés à se rendre vers la Lune.

Les efforts français doivent s'accompagner de transformations majeures du spatial européen

Cette conférence a néanmoins mis en lumière les limites du fonctionnement actuel de la gouvernance spatiale européenne, alors que les investissements européens restent largement en deçà des budgets américains et chinois. La juxtaposition d'intérêts nationaux et industriels et l'absence d'une vision pleinement partagée freinent la construction d'une politique spatiale européenne intégrée, compétitive et lisible. La France continue de défendre que l'Union européenne devrait davantage affirmer une ambition politique pour le spatial, qui pourrait s'appuyer sur l'expertise technique et programmatique reconnue de l'ESA. Elle soutient à cet effet le doublement a minima du budget européen consacré au spatial dans le Cadre Financier Pluriannuel 2027-2034. La mise en place d'une véritable préférence européenne pour toutes les capacités spatiales institutionnelles apparaît en outre comme un levier fondamental pour rétablir la compétitivité de l'écosystème industriel européen et renforcer la souveraineté collective. Les acteurs émergents doivent pouvoir se développer à l'échelle européenne : ils ont un rôle fondamental à jouer, pour innover, prendre des risques et s'insérer sur les marchés internationaux.

Le Sommet spatial international à venir est appelé à constituer une étape importante de cette transformation.