Texte intégral
Monsieur le préfet, cher Pierre-André,
Madame la députée,
Monsieur le conseiller, représentant M. le maire de Toulouse,
Monsieur le directeur général de la police nationale, cher Louis,
Monsieur le directeur de l'Académie de police, cher Philippe,
Madame la directrice de l'école nationale de police de Toulouse, chère Florence,
Commissaires, officiers et gradés,
Mesdames et messieurs, gardiens de la paix de la 276e promotion,
Dans les échéances nombreuses et parfois arides d'un ministre de l'intérieur, dans les journées rythmées par l'urgence, les crises, et quelquefois les drames, les sorties d'école d'élèves gardiens de la paix sonnent toujours comme un moment exaltant, chargé d'espoir et de promesse.
La promesse de la relève, assurée, volontaire, impatiente de se mettre à la suite de générations entières de policiers dévoués. L'espoir ? Celui qu'offre le message envoyé par ces rangs renouvelés d'hommes et de femmes qui, en connaissance de cause, ont fait le choix d'une vocation éminemment courageuse et difficile pour le seul service de notre République et de nos concitoyens.
Chers gardiens de la paix de la 276e promotion, vous êtes aussi la première que j'accompagne de l'école au terrain comme ministre de l'intérieur. C'est un moment marquant pour vous, et c'est un moment marquant pour moi. Toujours je me souviendrai que " la 276ième " fut la première promotion que j'eus la responsabilité de mettre à l'épreuve d'un engagement exigeant et souvent rude. Et quelle responsabilité, en effet…
Car je n'ignore rien du travail de nos policiers : avant de devenir leur ministre, j'ai été – à plusieurs places - leur chef opérationnel. J'ai vu de près la difficulté de leur métier, je sais parfaitement à quoi ressemble leur quotidien, je connais par cœur leurs sacrifices - et que rappellent encore avec tant de force les policiers Franck BRINSOLARO et Ahmed MERABET qui ont donné leur nom à votre promotion, et leur vie pour protéger celles des autres. Gardiens de paix, rejoignez aujourd'hui les rangs avec la certitude absolue qu'à votre tête se trouve un ministre de l'intérieur proche et soucieux de ce que vous êtes, de ce que vous faites, de ce que l'on vous doit.
Vous êtes ce matin 1 788 élèves, très exactement, à ressortir gardiens de la paix de toutes les écoles nationales de police de province réparties sur notre territoire. Toulouse bien sûr, mais aussi Reims, Chassieu, Draveil, Rouen, Périgueux, Nîmes, Saint-Malo, Sens et Roubaix et Montbéliard : onze écoles pour une seule formation, onze écoles pour une seule vocation : garder la paix.
Une vocation s'accueille mais le métier, lui, s'apprend. Pendant ces douze derniers mois, vous avez été formés avec patience et entraînés avec rigueur. On ne réussit pas de missions régaliennes sans en recevoir les outils, les techniques et le savoir. On ne garantit pas la sécurité des autres tant que l'on n'a pas appris à assurer la sienne. On n'exerce pas une profession si exposée sans y avoir été préparé. On ne porte pas une arme avant d'en avoir la pleine maîtrise. On n'est jamais dépositaire de l'autorité publique tant que l'on n'en a pas reçu les codes déontologiques. On endosse l'uniforme seulement une fois qu'on sait le porter.
L'exigence de la formation initiale que vous venez de vivre, c'est ce qui fait le professionnalisme du corps policier que vous allez rejoindre. N'oubliez jamais tout ce que vos formateurs et les ainés vous ont enseigné hier avec soin sur les bancs : les gestes, les bonnes pratiques, la méthode… Demain, l'expérience dans les rangs fera le reste : les gestes deviendront sûrs, les bonnes pratiques laisseront place aux bons réflexes, et l'intuition développée complètera la méthode acquise. A votre formation initiale viendra s'ajouter la formation continue, celle de chaque jour, celle du terrain.
Monsieur Duncan CATHELIN, major national de la 276e promotion, qui vous a présentés – et que je remercie –, rejoindra la Préfecture de police, une maison que je connais bien pour l'avoir dirigée pendant plus de trois ans – comme j'ai pu en diriger d'autres. L'excellente occasion pour moi de vous rappeler tout de suite que, quels que soient les directions, services et filières que vous gagnerez dans quelques jours, vous ne servirez qu'une seule et même institution : la police nationale. Dans la diversité de ses missions mais dans l'unicité de ses valeurs et de sa raison.
Car une fois de plus, cette nouvelle promotion reflète la police nationale dans toute la richesse de ses métiers et de ses compétences. Sans surprise, la grande majorité d'entre vous rejoindra les rangs de la sécurité publique pour se retrouver précisément là où nos policiers sont les plus attendus par nos concitoyens : à hauteur d'hommes. Par leur présence visible et dissuasive dans l'espace public ; par leur lutte contre la délinquance là où elle mine le plus leur quotidien ; au contact des victimes qui appellent au secours ou franchissent la porte d'un commissariat.
Mais, parmi vous, un contingent significatif rejoindra également la police judiciaire car une chose – importante - est d'accueillir les victimes, une autre en est de leur apporter une réponse qui soit à la hauteur de leur préjudice. La sécurité de nos concitoyens ne se protège pas seulement sur la voie publique : elle se gagne dans le traitement judiciaire des infractions - jamais mineures dans les yeux des victimes - comme dans l'élucidation des affaires les plus complexes.
D'autres encore s'apprêtent à s'engager dans les unités du maintien de l'ordre - au sein des compagnies républicaines de sécurité de la DGPN ou des compagnies d'intervention de la PP – comme dans les services de protection de nos institutions et de nos sites les plus sensibles, que ce soient dans les rangs du SDLP ou de la DOPC.
Gardiens de la paix de la 276e promotion, vous l'aurez compris : vous serez mobilisés, chacun pour votre part et à votre poste, partout sur le territoire et jusque dans ses extrêmes limites – puisqu'une trentaine d'entre vous rejoindra la police aux frontières -, dans les circonscriptions de police nationale de toutes les directions zonales de France métropolitaine - et même ultra-marine pour l'un d'entre vous -, en service territoriaux et dans les offices centraux.
Oui, partout où vous serez déployés, fidèles à votre devise, vous veillerez pour la patrie comme des sentinelles dévouées de notre République. Dans l'exercice de vos missions, vous pourrez vous appuyer sur la fraternité de vos pairs, l'expérience des plus anciens, et l'encadrement protecteur de votre hiérarchie, de vos chefs directs jusqu'au directeur général, cher Louis. Quant à moi, vous pouvez compter sur mon indéfectible soutien dans les adversités et les attaques que vous ne manquerez pas d'essuyer. Immanquablement, trop nombreux seront ceux qui viendront remettre en cause votre engagement mais gardez toujours à l'esprit que la très grande majorité de nos concitoyens placent en vous toute leur estime et leur confiance.
Alors pour préserver celles-ci, ayez enfin toujours à cœur de servir avec la plus grande exemplarité. Respecter les victimes comme les délinquants, tâcher d'être irréprochables dans la protection des uns comme dans la répression des autres : c'est la voie très étroite de l'exigence, j'en ai conscience. Mais n'oubliez pas que c'est par l'éthique professionnelle de chacun d'entre vous que vous défendrez collectivement la police nationale contre les assauts injustes et les pièges tendus.
Gardiens de la paix de la 276e promotion, j'ai toute confiance en vous.
Vive la police nationale,
Vive la République,
Et vive la France.
Source https://www.interieur.gouv.fr, le 5 décembre 2025