PODCAST SÉRIE LES ÉLECTIONS MUNICIPALES 2020
ÉPISODE 8. Portrait-robot des maires français
INTRO
Vous écoutez « L’Actualité de la vie publique », un podcast du site Vie-publique.fr.
Signature sonore
Patrice : Bonjour à tous, Bonjour Stéphanie
Stéphanie : Bonjour Patrice
Patrice : Au sommaire de ce 8e épisode de notre série consacrée aux Municipales, le portrait-robot des maires français.
jingle
1-Une première question Stéphanie : Combien la France compte-t-elle de maires aujourd’hui ?
D’abord Patrice, rappelons que l’une des caractéristiques de la France – si on doit se comparer à nos voisins européens – c’est que notre pays compte un très grand nombre de communes. C’est le fameux émiettement communal dont on a parlé à plusieurs reprises au cours de notre série. Le nombre de communes françaises représentent 40 % du nombre total des communes de l’Union européenne !
L’Association des maires de France a recensé, en 2018, 35 086 maires en métropole et en Corse dont 17 % de femmes (les outremers sont traités à part).
L’écrasante majorité des maires dirige des communes de petite taille, puisqu’ils sont 72 % à la tête d’une commune de moins de 1000 habitants. Maintenant, si on s’intéresse à l’autre bout du spectre, on compte 40 maires élus d’une commune de plus de 100 000 habitants.
2- Quel est le profil type d’un maire français ?
Bien évidemment ce profil sera différent selon qu’il s’agit d’une grande ville ou d’un village. Mais on peut quand même dresser un portrait-robot du maire français.
Alors, voilà le portrait-robot d’un maire français en 2020 : c’est un homme (puisque 83 % des maires sont de sexe masculin), c’est un senior (puisque les maires sont en moyenne âgés de 62 ans). Et il est plutôt à la tête d’une petite commune puisque plus de 70 % dirigent des communes de moins de 1000 habitants.
Si on prend les extrêmes, en 2018, la France comptait 510 maires âgés de plus de 80 ans et 36 qui avaient moins de 30 ans. Le doyen est le maire de Saint-Seurin-sur-l’Isle en Gironde. Il est né le 4 avril 1922 ; il aura donc cette année 98 ans et brigue un 9e mandat.
Quant au benjamin des maires français, il a été élu à 22 ans en 2014 maire d’Hesdin dans le Pas-de-Calais.
3-Et Stéphanie, Est-ce que la taille de la commune a une influence sur l’âge du maire ?
Oui. Quand on croise les données issues du fichier des maires avec celles de l’INSEE (l’Institut national de la statistique et des études économiques), on constate que plus les communes sont grandes, plus leurs maires sont jeunes.
Cette donnée tend à confirmer que dans les territoires ruraux, il est de plus en plus difficile de trouver de nouvelles générations d’élus.
4-Et concernant la parité, quelle est l’évolution au cours des dernières années ?
Du point de vue de la parité, ce qui est intéressant de noter c’est qu’elle progresse légèrement. Avec 17 % environ de femmes maires, le taux de féminisation reste peu élevé. Mais comme il n’était que de 10,9 % après les élections de 2001 et de 13,9 % après celles de 2008, on note bien une progression !
En revanche, que ce soit dans les communes de plus de 1000 habitants où la loi impose la parité au sein du conseil municipal ou dans celles de moins de 1000 habitants où ce n’est pas encore le cas, le maire reste très majoritairement un homme : donc même si on a la parité au sein des conseillers municipaux, la fonction de maire reste occupée par des hommes.
Ce que l’on constate également, au sein des conseils municipaux, c’est que plus une fonction réclame de la responsabilité et de l’investissement en termes de temps, moins cette fonction est assumée par des femmes. Ainsi, on trouve environ 17 % de femmes parmi les maires, 29 % parmi les premiers adjoints, 38 % parmi les seconds adjoints et 43 % parmi les autres adjoints et conseillers.
On note également un taux de féminisation plus important parmi les jeunes élus. Chez les maires de moins de 30 ans, la proportion de femmes est de 40 %. Cette part augmente pour culminer à 47 % parmi les élus de 35 à 40 ans. Ensuite, la proportion de femmes ne cesse de diminuer au fur et à mesure que l’âge augmente.
5-Et est-ce que l’on sait quels sont les départements les plus paritaires ?
Oui le département qui remporte la palme de la parité en pourcentage, c’est le Cher (région Centre-Val de Loire) avec ses 21 % de femmes maires. Et celui qui est le premier sur le podium en valeur absolue, c’est la Côte-d’Or (en Bourgogne-Franche-Comté) qui compte 128 maires de sexe féminin !
6-Intéressons-nous maintenant à la profession exercée par les maires ? Quelle est la profession type des maires français ?
D’abord rappelons que la fonction de maire n’est pas un métier, Patrice. Cela signifie qu’à côté de sa charge, un maire exerce une activité professionnelle ou a exercé une profession (s’il est retraité).
Alors maintenant, pour vous répondre, Patrice : cela ne vous surprendra pas ! Etant donné que le nombre de communes rurales en France est très élevé, la profession la plus fréquente chez les maires c’est……. je vous laisse deviner Patrice !
Patrice : … je dirais agriculteur !
Absolument, vous avez trouvé, bravo !
Un maire sur cinq travaille ou a travaillé dans le secteur agricole. En pourcentage, cela donne plus de 13 % d’agriculteurs parmi les maires et même plus de 20 % si l’on ajoute les retraités agricoles. C’est-à-dire 1 sur 5.
Ensuite, le deuxième plus gros contingent, c’est celui des retraités, deux maires sur cinq sont dans ce cas. Ceux du privé représentent 12 % du total et ceux de la fonction publique, 7 %.
Rapporté à la population totale, les cadres et les professions intermédiaires sont surreprésentés parmi les élus, tandis que les employés et surtout les ouvriers sont sous-représentés (seulement 2 % du total).
Dans certaines régions comme l’Ile-de-France, la tendance est d’ailleurs à l’augmentation du nombre de cadres. Un phénomène particulièrement observable dans l’ouest francilien. Cela peut s’expliquer par le fait que la complexité grandissante de la fonction de maire requiert des compétences et un niveau d’études correspondant davantage à un profil de cadre.
À noter enfin que 2 % des maires sont chômeurs ou sans « profession déclarée ».
7-On a vu que les maires sont plutôt âgés, devenir maire avant 40 ans est-ce mission impossible ?
En effet, ce que l’on observe ces dernières années c’est un vieillissement accru des élus municipaux, plus particulièrement au niveau de l’exécutif avec une part de maires de moins de 40 ans passant de 12,16 % en 1983 à 3,80 % en 2014.
8-Comment expliquer ce chiffre relativement bas ?
Et bien, entre 25 et 40 ans, c’est un âge de la vie qui est généralement marqué par un certain nombre d’événements familiaux : comme la mise en couple, l’arrivée d’un enfant et l’entrée récente dans la vie active. Dans ces conditions, les jeunes femmes et hommes sont plus fortement pénalisés que des retraités ou des actifs en fin de carrière.
Les jeunes souffrent davantage également d’un déficit de notoriété locale que les autres catégories d’âge ou d’une expérience municipale insuffisante pour être élu.
9-Quel est le profil de ces jeunes élus ?
Quand on se penche sur le profil des jeunes élus de moins de 40 ans, ce que l’on constate c’est qu’ils appartiennent plus souvent que les autres élus, toutes classes d’âge confondues, à la catégorie des cadres supérieurs (26 % contre 16 %). Ils sont également nettement plus diplômés et nettement plus engagés que les autres jeunes Français avant leur élection (ils sont surreprésentés par exemple dans les associations sportives et culturelles mais également dans les syndicats et partis politiques). Enfin la socialisation politique précoce (constitution d’un capital militant, consolidation d’un réseau politique local) est un facteur important.
Les jeunes qui ont été baignés très tôt dans le militantisme, la chose publique ou la politique, pour des raisons familiales, accèdent plus fréquemment aux fonctions de maire ou de maire-adjoint que les néophytes.
Les jeunes maires sont également majoritairement issus de certaines formations qui les préparent à l’exercice du mandat de maire (études de sciences politiques ou de droit, communication politique, expertise en action publique territoriale).
Et plus la taille de la ville est importante, plus ces jeunes-là sont surreprésentés (ils ont souvent connus un début de carrière professionnelle autour du politique : comme chef de cabinet du maire, assistant d’un député, etc.).
EN GUISE DE CONCLUSION
Fin de l’épisode :
Patrice : Merci beaucoup Stéphanie ! C’est la fin du 8e épisode. Dans le prochain, nous nous intéresserons à la crise des vocations des maires. Y a-t-il une crise des vocations d’ailleurs ? C’est la question que nous nous poserons.
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A très vite !
Stéphanie : Au revoir Patrice !