Article de M. Nicolas Sarkozy, secrétaire général du RPR, dans "La Lettre de la nation magazine" du 19 juin 1998, sur la croissance économique, l'assainissement des finances publiques et les orientations du Gouvernement pour le budget de 1999.

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Média : La Lettre de la Nation Magazine

Texte intégral

La situation économique s'améliore ; et c’est tant mieux. Mais le gouvernement de Lionel Jospin n'y est pour rien. Bien au contraire. La politique qu’il conduit avec son cortège de mesures marquées par des a priori idéologiques - les 35 heures, les 350 000 pseudo-emplois publics... - pénalisent la croissance et le retour de la confiance des Français.

L’embellie que la France connaît aujourd'hui, nous la devons à l'amélioration de l'environnement international, à une croissance très soutenue en 1997 aussi bien aux États-Unis (+ 3,8 %) qu'en Europe (+ 2,7 %) qui s’est traduite par une explosion du commerce mondial (+ 10 %), la France ne se contentant que de quelques miettes.

Nous devons aussi cette progression à la politique d'assainissement des finances publiques menée par l'ancienne majorité et dont nous percevons aujourd'hui les fruits. Grâce à la réduction des déficits, les taux d'intérêt ont pu baisser - les taux réels à court terme ont été divisés par 3 entre le début 1993 et la mi-1997 - et chacun sait que la baisse des taux est une des conditions indispensables à la reprise de la croissance.

Lionel Jospin cherche aujourd'hui à s'accaparer l'amélioration de la situation, mais c'est une contrevérité complète. Le moins que l'on puisse dire est qu'il est toujours plus facile de succéder à la droite qu'à la gauche...

La vérité, c’est qu’aujourd’hui la France fait moins bien que ses principaux partenaires européens. Pour l'ensemble de l'Europe hors la France, la croissance en 1997 a été de + 2,7 % en moyenne. En France, elle n'a été que de + 2,2 %. Où est la réussite de la politique socialiste ?

Et ce ne sont pas les orientations que le Gouvernement a présenté pour la préparation du budget 1999 - avec une forte augmentation des dépenses publiques qui se traduira inévitablement par une hausse des prélèvements obligatoires - qui pourront redonner confiance aux Français.

Encore moins si on ponctionne leur épargne avec la baisse de la rémunération de l'épargne populaire. Les petits épargnants savent maintenant ce qu'il faut attendre des promesses socialistes sur la « justice sociale ».

La gauche n'a pas tiré les leçons du passé. Si les recettes fiscales rentrent mieux grâce à la croissance, il faut en profiter pour diminuer au plus vite les impôts afin de soutenir la consommation et donc conforter l'activité, et non créer de nouvelles dépenses publiques.

Si on ajoute à ce bilan économique peu fameux l'archaïsme de Jean-Claude Gayssot dans la gestion du conflit Air-France, démontrant une fois de plus que le rôle de l’État n'est pas de gérer des entreprises du secteur concurrentiel, la régularisation massive de 75 000 clandestins par Jean-Pierre Chevènement, la démantèlement complet de la politique familiale par Martine Aubry et la suppression par Élisabeth Guigou de la déclaration  de volonté pour devenir Français pour les jeunes qui le souhaitent, on comprend mieux les raisons qui nous poussent à faire du Rassemblement pour la République la première force politique d'opposition aux socialistes.