Entretien de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, avec "LCI", le 13 décembre 2001, sur son voyage en Afghanistan, la force internationale en Afghanistan et les projets d'aide de la France pour l'Afghanistan.

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Média : La Chaîne Info - Télévision

Texte intégral

Q - Quels sont les principaux objectifs de votre visite ?
R - D'abord, dire l'amitié des Français au peuple afghan. Dire ensuite notre volonté de les aider à reconstruire la paix, la démocratie, les droits des femmes en particulier. Leur dire surtout que pour nous, la fin de la traque de Ben Laden ne signifie pas la fin de la solidarité avec l'Afghanistan. C'est ce qu'ils craignent. C'est cela que j'ai voulu dire, je l'ai dit au ministre de la Défense, je l'ai dit au ministre de l'Intérieur et je vais dans quelques minutes le dire au président Karzai qui m'a accordé un entretien.
Q - Qu'en est-il exactement de la fameuse force internationale de paix en Afghanistan ?
R - C'est évidemment un sujet important et je m'en suis entretenu avec mes interlocuteurs. Je vais en parler tout à l'heure au président Karzai. Ceux que j'ai rencontrés jusqu'à présent acceptent non seulement cette présence d'une force multinationale, mais en reconnaissent l'utilité. Ils revendiquent une capacité à assurer par eux-mêmes la sécurité dans Kaboul, ce qui laisse entendre que cette force multinationale sera surtout - comme d'ailleurs on l'avait prévu à Bonn - destinée à accompagner la mise en place du gouvernement provisoire et non pas à assurer la sécurité de Kaboul.
Q - A propos de cette force multinationale, je voulais en venir au fait que l'on a entendu il y a quelques heures le président Rabani, président sortant, dire encore son hostilité. Par ailleurs, on peut craindre peut-être que la population elle-même soit hostile à cette force, en particulier s'il y a des troupes occidentales et des troupes françaises. Qu'en pensez-vous ?
R - Je crois qu'il faudra tenir compte de la sensibilité de la population et faire en sorte que cette force ne patrouille pas dans les rues. Qu'elle assure, nous l'avons dit, la sécurité des bâtiments publics ou des personnalités, comme d'ailleurs à Bonn, je le répète, ceci a été prévu. J'observe simplement que mes interlocuteurs considèrent que la présence de cette force multinationale est comprise par le pouvoir que la Conférence de Bonn a mis en place. Je pense que ceci sera confirmé tout à l'heure lors de l'entretien avec le président Karzai.
Q - Que compte faire la France pour renforcer encore l'aide humanitaire en Afghanistan ? Avez-vous déjà pu mesurer les besoins au cours de ces quelques heures sur place ?
R - Ils sont considérables. Ce qui sera surtout considérable, c'est la reconstruction de ce pays. Je n'ai pas connu Berlin en 1945, mais ce que j'ai découvert à Kaboul est sans commune mesure avec ce que j'ai pu découvrir à Sarajevo ou dans d'autres paysages fracassés par des inondations ou des tremblements de terre. Et s'agissant de l'aide humanitaire, je rappelle qu'un nouvel avion affrété par nous arrive mardi à Kaboul. Je rappelle aussi que le fret humanitaire stocké à Termez a pu franchir l'Amou Daria samedi, ce qui permet à nos ONG, qui font un travail fantastique, de pouvoir disposer de matériels destinés à venir au secours des populations en souffrance qui sont, comme vous le savez, très nombreuses.
La France en tout cas a déjà identifié l'aide qu'elle veut apporter pour la réouverture des deux lycées avec lesquels nous avons une longue histoire, celui de Esteqlal et celui de Malalaï, pour les filles. L'éducation des filles est une de nos priorités. Il y a aussi l'aide en matière de santé dès à présent. Nous entendons par là la coopération hospitalière, notamment avec l'hôpital de Lyon, pour aider le travail, tout à fait difficile, qu'accomplissent les médecins et, là encore, faire en sorte que l'accès des femmes à la santé soit respecté.

(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 décembre 2001)