Texte intégral
Monsieur le Président,
Madame la Directrice,
Mesdames et messieurs,
C'est avec un grand plaisir que j'ai répondu à l'invitation que vous m'avez faite de présider aujourd'hui la cérémonie de remise des diplômes aux élèves étrangers de la promotion " Copernic " de l'ENA.
Ce sera la première fois que je participerai dans mes fonctions ministérielles à cette cérémonie. La qualité de votre promotion y est pour quelque chose. Le nom qu'elle s'est choisi, élèves français et étrangers réunis, le nom de Copernic, grand Européen et figure importante pour la connaissance universelle, était une incitation supplémentaire.
Mais c'est aussi parce que votre fin de scolarité correspond à un moment fort dans l'existence de l'Ecole, à des évolutions liées très étroitement aux questions internationales, qui rendent également opportun le fait que je m'adresse spécifiquement à vous.
Au terme des dix-huit mois de votre scolarité à l'ENA, vous allez regagner votre pays, riches d'une connaissance irremplaçable de la France, que vous partagerez avec les quelques 5 000 anciens élèves français et un peu plus de 2 000 anciens élèves étrangers formés dans cette école depuis sa fondation en 1945.
Le séjour que vous venez d'effectuer constituera une chance à plusieurs égards. Une chance pour vous-mêmes d'abord, je le crois et, en tout cas, je l'espère.
Grâce à votre éducation, à votre talent, à votre aisance dans notre langue et à votre curiosité pour nos usages, vous avez été admis dans l'un des cercles les plus restreints - je ne dis pas fermés - et sans doute les plus jalousés parmi tous ceux que la France a créés pour la formation de ses cadres. A l'occasion du stage en préfecture, vous avez vu s'ouvrir devant vous les portes les mieux gardées de l'administration et observer dans les départements l'union intime de l'Etat et du territoire. Vous avez ainsi été au plus près de l'exercice quotidien de la souveraineté, et de la relation qu'entretient l'administration avec ses usagers, dans les domaines les plus variés.
Cette chance, que vous avez éprouvée individuellement, doit retomber aussi sur votre pays, puisqu'en principe vous vous destinez, de retour chez vous, au service de l'intérêt général. J'espère que vous emporterez de votre séjour à l'ENA quelques observations qui viendront, le moment venu, alimenter votre réflexion ou inspirer votre action lorsqu'il vous incombera de contribuer au bon fonctionnement, c'est-à-dire aussi, inévitablement, à l'adaptation ou à la réforme de votre administration nationale.
L'Etat " à la française " n'est assurément pas un modèle universel. Mais les réponses qu'il apporte aux problèmes que rencontre un pays moderne méritent examen et peuvent contribuer à nourrir, hors de tout esprit d'imitation, des réflexions politiques de même nature.
Mais votre venue parmi nous est aussi une chance pour la France.
Croyez bien que cette affirmation doit peu, de ma part, aux devoirs de l'hospitalité. Que vous consacriez dix-huit mois de votre existence à vivre en France, au cur de l'administration et de son système de formation, constitue d'abord à nos yeux un signe d'intérêt et d'amitié auquel nous ne pouvons qu'être très sensibles. Dans un monde toujours plus interdépendant mais où l'identité de chaque pays peine parfois à s'affirmer dans sa profondeur et sa variété, il est important pour la France d'être toujours mieux connue, donc mieux comprise de ses interlocuteurs de tous horizons. Or, après dix-huit mois d'immersion, dans des conditions privilégiées, dans ce pays, je sais que vous en maîtriserez mieux la position, les richesses, ou les contradictions.
Vous connaissez désormais les bornes que la nature et l'histoire fixent chez nous au débat politique, aux choix économiques ou sociaux, aux options institutionnelles. Peut être ne serez-vous pas amenés, sur la scène internationale, à soutenir toutes les positions que défend la France. Au moins suis-je certain que vous en comprendrez mieux les ressorts et que vous saurez apprécier nos intentions, et nos marges de manuvre.
De façon tout aussi importante, et je dois vous en remercier, vous aurez contribué à élargir par votre présence le champ de référence de vos camarades français. Vous leur avez apporté une expérience précieuse, des points de vue différents, d'autres manières de réfléchir. Vous qui représentez trente et une nationalités, et tous les continents, vous avez ainsi été auprès des élèves français des ambassadeurs officieux de votre pays, de votre peuple, de votre culture et vous avez de la sorte contribué à donner aux futurs fonctionnaires de ce pays une plus grande ouverture internationale.
J'espère qu'ils ont su comprendre la chance qui était la leur et en ont pleinement profité. J'espère que les liens d'amitié que vous avez noués se poursuivront au cours des années à venir pour créer un réseau vivant et actif qui permettra de continuer ce dialogue, cette nécessaire ouverture sur le monde.
Vous savez, je pense, toute l'attention que j'ai prêtée à la dimension internationale de mes attributions ministérielles.
J'ai veillé à ce que soit réalisée la fusion de l'ENA et de l'IIAP qui devrait donner au nouvel établissement une impulsion en accroissant sa participation à des missions de coopération et d'échange. J'ai accru dans des proportions importantes les moyens alloués, au sein de mon département, à la délégation aux affaires européennes et internationales. J'ai effectué de nombreux déplacements à l'étranger à l'occasion desquels ont pu être ouverts ou relancés d'importants chantiers de coopération administrative.
Je sais par ailleurs combien la direction actuelle de l'Ecole s'est préoccupée de renforcer la dimension internationale des enseignements, notamment par l'enseignement de l'administration comparée.
Pour l'avenir, il s'agit de mieux utiliser encore la richesse d'expériences diverses que vous représentez, notamment à l'occasion des conférences-débats organisées par l'Ecole et tout spécialement en ce qui concerne les questions liées à la "réforme de l'Etat". Il s'agit aussi, grâce à la création d'un département "recherche publications administration comparée" au sein de l'Ecole de mieux irriguer la formation initiale et la formation permanente.
Souvent confrontés à des enjeux comparables lorsqu'ils ne sont pas tout simplement communs, nos Etats trouvent dans ce type d'échanges une occasion de perfectionner leurs méthodes ou de partager leurs expériences.
La coopération administrative et juridique internationale est également un moyen de contribuer à la diffusion des valeurs qui fondent l'Etat de droit.
Le calendrier politique français rend peu probable que je préside de nouveau l'an prochain, au titre de mes fonctions actuelles, la cérémonie de sortie du cycle international long de l'ENA. Je suis heureux de pouvoir le faire aujourd'hui, pour formuler le souhait que cette école continue d'accueillir des jeunes gens talentueux tels que vous, représentant les quatre coins de la planète, pour exprimer l'espoir que vous garderez, en quittant ces lieux, le contact entre vous, avec l'école et avec les autres anciens élèves, pour former enfin, à votre endroit, des vux particulièrement chaleureux d'épanouissement professionnel et de bonheur personnel.
Je vous remercie.
(Source http://www.fonction-publique.gouv.fr, le 1e mars 2002)
Madame la Directrice,
Mesdames et messieurs,
C'est avec un grand plaisir que j'ai répondu à l'invitation que vous m'avez faite de présider aujourd'hui la cérémonie de remise des diplômes aux élèves étrangers de la promotion " Copernic " de l'ENA.
Ce sera la première fois que je participerai dans mes fonctions ministérielles à cette cérémonie. La qualité de votre promotion y est pour quelque chose. Le nom qu'elle s'est choisi, élèves français et étrangers réunis, le nom de Copernic, grand Européen et figure importante pour la connaissance universelle, était une incitation supplémentaire.
Mais c'est aussi parce que votre fin de scolarité correspond à un moment fort dans l'existence de l'Ecole, à des évolutions liées très étroitement aux questions internationales, qui rendent également opportun le fait que je m'adresse spécifiquement à vous.
Au terme des dix-huit mois de votre scolarité à l'ENA, vous allez regagner votre pays, riches d'une connaissance irremplaçable de la France, que vous partagerez avec les quelques 5 000 anciens élèves français et un peu plus de 2 000 anciens élèves étrangers formés dans cette école depuis sa fondation en 1945.
Le séjour que vous venez d'effectuer constituera une chance à plusieurs égards. Une chance pour vous-mêmes d'abord, je le crois et, en tout cas, je l'espère.
Grâce à votre éducation, à votre talent, à votre aisance dans notre langue et à votre curiosité pour nos usages, vous avez été admis dans l'un des cercles les plus restreints - je ne dis pas fermés - et sans doute les plus jalousés parmi tous ceux que la France a créés pour la formation de ses cadres. A l'occasion du stage en préfecture, vous avez vu s'ouvrir devant vous les portes les mieux gardées de l'administration et observer dans les départements l'union intime de l'Etat et du territoire. Vous avez ainsi été au plus près de l'exercice quotidien de la souveraineté, et de la relation qu'entretient l'administration avec ses usagers, dans les domaines les plus variés.
Cette chance, que vous avez éprouvée individuellement, doit retomber aussi sur votre pays, puisqu'en principe vous vous destinez, de retour chez vous, au service de l'intérêt général. J'espère que vous emporterez de votre séjour à l'ENA quelques observations qui viendront, le moment venu, alimenter votre réflexion ou inspirer votre action lorsqu'il vous incombera de contribuer au bon fonctionnement, c'est-à-dire aussi, inévitablement, à l'adaptation ou à la réforme de votre administration nationale.
L'Etat " à la française " n'est assurément pas un modèle universel. Mais les réponses qu'il apporte aux problèmes que rencontre un pays moderne méritent examen et peuvent contribuer à nourrir, hors de tout esprit d'imitation, des réflexions politiques de même nature.
Mais votre venue parmi nous est aussi une chance pour la France.
Croyez bien que cette affirmation doit peu, de ma part, aux devoirs de l'hospitalité. Que vous consacriez dix-huit mois de votre existence à vivre en France, au cur de l'administration et de son système de formation, constitue d'abord à nos yeux un signe d'intérêt et d'amitié auquel nous ne pouvons qu'être très sensibles. Dans un monde toujours plus interdépendant mais où l'identité de chaque pays peine parfois à s'affirmer dans sa profondeur et sa variété, il est important pour la France d'être toujours mieux connue, donc mieux comprise de ses interlocuteurs de tous horizons. Or, après dix-huit mois d'immersion, dans des conditions privilégiées, dans ce pays, je sais que vous en maîtriserez mieux la position, les richesses, ou les contradictions.
Vous connaissez désormais les bornes que la nature et l'histoire fixent chez nous au débat politique, aux choix économiques ou sociaux, aux options institutionnelles. Peut être ne serez-vous pas amenés, sur la scène internationale, à soutenir toutes les positions que défend la France. Au moins suis-je certain que vous en comprendrez mieux les ressorts et que vous saurez apprécier nos intentions, et nos marges de manuvre.
De façon tout aussi importante, et je dois vous en remercier, vous aurez contribué à élargir par votre présence le champ de référence de vos camarades français. Vous leur avez apporté une expérience précieuse, des points de vue différents, d'autres manières de réfléchir. Vous qui représentez trente et une nationalités, et tous les continents, vous avez ainsi été auprès des élèves français des ambassadeurs officieux de votre pays, de votre peuple, de votre culture et vous avez de la sorte contribué à donner aux futurs fonctionnaires de ce pays une plus grande ouverture internationale.
J'espère qu'ils ont su comprendre la chance qui était la leur et en ont pleinement profité. J'espère que les liens d'amitié que vous avez noués se poursuivront au cours des années à venir pour créer un réseau vivant et actif qui permettra de continuer ce dialogue, cette nécessaire ouverture sur le monde.
Vous savez, je pense, toute l'attention que j'ai prêtée à la dimension internationale de mes attributions ministérielles.
J'ai veillé à ce que soit réalisée la fusion de l'ENA et de l'IIAP qui devrait donner au nouvel établissement une impulsion en accroissant sa participation à des missions de coopération et d'échange. J'ai accru dans des proportions importantes les moyens alloués, au sein de mon département, à la délégation aux affaires européennes et internationales. J'ai effectué de nombreux déplacements à l'étranger à l'occasion desquels ont pu être ouverts ou relancés d'importants chantiers de coopération administrative.
Je sais par ailleurs combien la direction actuelle de l'Ecole s'est préoccupée de renforcer la dimension internationale des enseignements, notamment par l'enseignement de l'administration comparée.
Pour l'avenir, il s'agit de mieux utiliser encore la richesse d'expériences diverses que vous représentez, notamment à l'occasion des conférences-débats organisées par l'Ecole et tout spécialement en ce qui concerne les questions liées à la "réforme de l'Etat". Il s'agit aussi, grâce à la création d'un département "recherche publications administration comparée" au sein de l'Ecole de mieux irriguer la formation initiale et la formation permanente.
Souvent confrontés à des enjeux comparables lorsqu'ils ne sont pas tout simplement communs, nos Etats trouvent dans ce type d'échanges une occasion de perfectionner leurs méthodes ou de partager leurs expériences.
La coopération administrative et juridique internationale est également un moyen de contribuer à la diffusion des valeurs qui fondent l'Etat de droit.
Le calendrier politique français rend peu probable que je préside de nouveau l'an prochain, au titre de mes fonctions actuelles, la cérémonie de sortie du cycle international long de l'ENA. Je suis heureux de pouvoir le faire aujourd'hui, pour formuler le souhait que cette école continue d'accueillir des jeunes gens talentueux tels que vous, représentant les quatre coins de la planète, pour exprimer l'espoir que vous garderez, en quittant ces lieux, le contact entre vous, avec l'école et avec les autres anciens élèves, pour former enfin, à votre endroit, des vux particulièrement chaleureux d'épanouissement professionnel et de bonheur personnel.
Je vous remercie.
(Source http://www.fonction-publique.gouv.fr, le 1e mars 2002)