Déclaration de M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville, sur le rôle prioritaire de l'éducation dans la politique de la ville, Lyon le 1er février 2002.

Prononcé le 1er février 2002

Intervenant(s) : 

Circonstance : Signature du projet éducatif local à Lyon le 1er février 2002

Texte intégral

Monsieur le maire,
Monsieur le préfet,
Mesdames et messieurs,
La signature de votre projet éducatif local est fortement symbolique et c'est pourquoi, outre le plaisir toujours vif de revenir à Lyon, j'ai tenu à y participer.
Je suis ici à vos côtés pour vous rendre hommage, dans mes fonctions de Ministre de la ville, d'abord, mais plus largement au nom du gouvernement, notamment au nom des ministres de l'Education nationale et de la jeunesse et des sports, tous deux signataires du contrat éducatif local.
Il s'agit, à ma connaissance, du premier projet éducatif de cette ampleur élaboré à l'échelle d'une ville, et l'événement est suffisamment novateur pour qu'il mérite d'être souligné.
Novateur, parce qu'il englobe le contrat éducatif local, le contrat temps libre et un contrat d'objectifs bi partenarial avec l'éducation nationale - ce qui en soi est déjà une nouveauté ; novateur, parce qu'il s'agit d'une démarche qui privilégie le projet, et donc le sens de l'action ; novateur, parce qu'il illustre ce que signifie le beau concept de ville éducatrice, qui nous est cher.
Car, et j'ai eu l'occasion de le souligner mardi dernier, lors de la rencontre des villes en grand projet de ville dont Lyon fait partie, l'éducation constitue le noeud névralgique de toutes nos entreprises, le socle des valeurs que nous défendons et le point d'ancrage incontournable de notre avenir.
L'éducation nous constitue, nous forme et nous protège. C'est un bouclier contre l'obscurantisme qui rôde, contre les violences qui nous guettent.
C'est pourquoi l'éducation doit désormais faire l'objet d'un saut qualitatif dans notre pays.
Entendez-moi bien, je ne parle pas ici seulement de pédagogie, mais bien d'éducation, d'éducation au sens large, je parle de l'acte qui implique l'école et les enseignants, mais aussi les parents, les associations et bien sûr les collectivités territoriales, qui en portent la charge financière comme elles portent la responsabilité de coordonner cette action publique primordiale.
Je parle de l'inévitable conduite collective en la matière, et vous en montrez le chemin.
J'avais demandé lors des rencontres de Tours, dès 1999, que l'éducation devienne une responsabilité partagée. Merci de donner ici aujourd'hui concrètement tout son sens à cette maxime.
Je ne vous cache pas ma satisfaction à lire dans le préambule de votre projet son ancrage au contrat de ville, et son ambition portée à ce qui constitue le combat quotidien de la politique de la ville : l'égalité.
Et c'est à Pierre Bourdieu, qui vient de nous quitter, que je pense ; il nous a mis au défit d'une démocratisation difficile, il a placé la barre au plus haut pour nous déciller et nous montrer l'ampleur de la tâche.
Je voudrais vous dire toute ma satisfaction de signer un projet qui, loin de marquer des territoires du sceau de la difficulté ou de l'échec, et tout en gardant le cap sur la lutte contre les injustices, entraîne tous les enfants de la ville vers un avenir de réussite.
En passant de la stricte logique des ZEP au projet éducatif local, vous renforcez l'action de l'école, vous continuez à aider les plus faibles, vous redessinez à l'échelle de la ville les contours de territoires solidaires et vous contribuez à effacer les stigmates qui freinent le désir de vivre ensemble.
C'est ainsi qu'on fait sentir aux enfants et à leurs parents qu'ils ne sont pas les habitants particuliers d'une zone, mais qu'ils participent de la ville entière.
Cette logique appliquée au domaine de l'éducation, nous devrons sans doute la faire vivre plus généralement en matière de développement territorial pour marquer une nouvelle étape de la décentralisation.
Pour finir, je voudrais vous assurer de notre appui. Nous avons depuis quatre ans mis au point une palette de mesures et d'outils disponibles afin que vous vous en empariez selon les besoins locaux. Réhabilitation des écoles primaires, mise en place de salles de parents dans les écoles, cellules de veille éducative pour lutter contre les ruptures éducatives, création de réseaux d'écoute et de parentalité, ces moyens sont au service de votre projet.
Je formule le voeu que chaque ville puisse s'inspirer de votre travail pour conduire une démarche similaire et enclencher la transformation dont nous avons besoin pour donner aux enfants et aux jeunes toutes leurs chances de réussite.
(source http://www.ville.gouv.fr, le 6 février 2002)