Déclaration de M. François Hollande, premier secrétaire du PS, sur le soutien du PS au parti social-démocrate autrichien (SPÖ) et sur la justification du maintien des sanctions de l'Union européenne à l'égard du gouvernement autrichien constitué par une alliance entre la droite et l'extrême droite, Vienne le 28 avril 2000.

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Circonstance : 36e congrès du parti social-démocrate autrichien (SPÖ) à Vienne (Autriche) du 28 au 29 avril 2000

Texte intégral

Vienne, le 28 avril 2000
Je tiens à vous adresser, au nom des socialistes français dont Lionel Jospin, notre Premier Ministre, un message d'amitié et de solidarité.
Amitié d'abord, compte tenu de la qualité des liens qui unissent nos deux partis depuis de nombreuses années, depuis B. Kreisky et F. Mitterrand et qui se prolongent aujourd'hui avec Alfred Gusenbauer.
Solidarité dans l'épreuve que vous traversez depuis les élections législatives. Non seulement parce que V. Klima a quitté, en février dernier, la responsabilité de la Chancellerie, mais parce que votre pays est désormais gouverné par une alliance entre la Droite et l'extrême droite.
La constitution -dans un pays membre de l'Union Européenne- d'un Gouvernement où l'extrême droite joue un rôle majeur, et où le leader de ce parti extrémiste exprime, chaque jour, son hostilité à l'Europe est un fait grave, qui ne peut être banalisé et qui concerne tous les peuples du continent.
Car, notre continent n'est pas seulement un espace économique, un grand marché. C'est un ensemble de valeurs, de principes qui nous unit autour d'une même conception de la démocratie.
C'est ainsi qu'il faut comprendre la réaction des opinions publiques partout en Europe et le soutien qui a été apporté à la grande manifestation du 19 février 2000. C'est ainsi, et seulement ainsi, qu'il faut interpréter les décisions prises par l'Union européenne et par chacun des Gouvernements qui la composent.
En France, l'émotion a été particulièrement forte. Car nous connaissons nous aussi depuis 15 ans la présence d'une extrême droite xénophobe, qui a fait de l'immigration et de l'insécurité des sujets de controverse et de polémique et qui a pu, ainsi, pénétrer, comme en Autriche, une fraction de l'électorat populaire. Nous avons également été confrontés à des alliances entre la droite et l'extrême droite dans 4 de nos régions, à la suite des élections de 1998. Nous menons, nous aussi en France, ce combat contre l'intolérance, la compromission, la lâcheté.
Notre action doit d'abord porter sur les citoyens pour leur faire prendre conscience du danger représenté par le populisme, par les discours d'exclusion et surtout par la complaisance à leur égard. Et l'histoire, dans chacun de nos pays dans toute l'Europe, sert de leçons, de références à ceux qui seraient tentés de l'oublier.
Notre démarche doit aussi concerner la droite elle-même, les conservateurs, pour les appeler à la responsabilité, à la vigilance et surtout à l'honneur, celui qui consiste à résister aux alliances contre nature, même au prix d'un renoncement au pouvoir.
Ce combat prendra sans doute du temps pour aboutir, mais votre victoire est inéluctable, à condition de ne pas relâcher l'effort, de ne pas céder à l'habitude, à la lassitude ou à la fatalité. Bref de ne pas perdre l'espoir dans la vitalité de la démocratie et dans l'intelligence des citoyens.
Vous pouvez compter sur tout notre soutien. Les socialistes Français ne se tromperont jamais de cible. Seul le Gouvernement de Monsieur Schüssel doit être visé par les sanctions et en aucun cas le peuple Autrichien qui n'est pour rien dans la situation créée. Seul Monsieur Haider doit être isolé. Pas l'Autriche que nous avons accueillie avec bonheur au sein de l'Union européenne.
Plus que jamais, en France, nous entendons dialoguer avec toute la société autrichienne, amplifier les échanges de jeunes et d'étudiants et multiplier les liens culturels et intellectuels qui unissent nos deux pays.
Et la présence à votre Congrès d'une délégation importante du Parti socialiste français (JM Ayrault, Président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, François Loncle, Président de la Commission des Affaires Etrangères à l'Assemblée nationale, Henri Weber et Régis Passérieux, membres de la direction de notre parti) a une double signification. C'est la marque d'une solidarité entre nos deux partis et c'est surtout le signe de l'amitié entre nos deux peuples.
C'est pourquoi nous sommes particulièrement heureux du succès de votre Congrès.
C'est une bonne nouvelle pour le socialisme démocratique, pour l'Autriche et pour l'Europe tout entière.
Bonne chance à toi, Alfred et merci à tous.
Votre combat est le nôtre.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 28 avril 2000).