Texte intégral
- Petit-déjeuner débat, Vienne le 1er décembre 1997
Monsieur le Député,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Maire,
Messieurs les Élus,
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui, pour parler de notre politique économique dans le cadre de rencontres que Dominique Strauss-Kahn, Christian Sautter, Christian Pierret, Marylise Lebranchu et moi-même avons souhaité organiser dans toutes les régions.
Faisons un bref retour en arrière.
Le gouvernement de Lionel Jospin a pris des décisions qui vont dans le bon sens pour notre pays ;
limiter le déficit sinon la France aurait pu être disqualifiée pour l'euro ;
Lancer le premier volet du programme pour l'emploi des jeunes qui concerne les 350.000 emplois publics ;
des décisions ont été prises sur un ensemble de dossiers importants comme Thomson, France Télécom ou Air France ;
des nouvelles aides à la recherche et aux nouvelles technologies sont en cours d'élaboration ;
il en va de même pour les mesures de simplifications administratives sur lesquelles Mme Lebranchu travaille.
enfin, la Conférence sur l'emploi qui s'est réunie le 10 octobre et a donné lieu aux décisions dont nous allons parler.
Notre prévision pour 1998 (3 %) est confortée par les observateurs internationaux.
Elle est, de plus, fondée sur une expansion de la demande intérieure européenne et française.
Cette tendance devrait se maintenir les prochaines années.
Certes, le Gouvernement observe avec attention les conséquences de la crise asiatique. J'observe cependant que nous ne réalisons avec cette zone que 6 % de notre commerce extérieur. Comme l'a dit Dominique Strauss-Kahn, l'effet de la crise sur notre croissance devrait être limité.
Pour soutenir la croissance, la politique économique du gouvernement doit maintenir un cap clair :
la réduction du déficit des administrations pour briser la spirale de la dette publique ;
ensuite, la maîtrise des dépenses : en 1998, les dépenses de l'État n'augmenteront pas plus vite que l'inflation.
Mais tout cela ne suffit pas.
Même à un rythme d'expansion de 3 % l'an, la réduction du chômage sera trop lente.
Or c'est le mal qui menace d'explosion notre société. Personne n'y a intérêt.
Il y a pour cela différentes méthodes.
Celle du Gouvernement est qu'il nous faut explorer toutes les voies d'un enrichissement en emplois de la croissance.
Le temps partiel en est une qui a donné des résultats.
La création de nouveaux emplois pour les jeunes est une seconde piste.
Mais tout ceci ne suffit pas, je l'ai dit.
Le Gouvernement a donc voulu donner une impulsion nouvelle à la réduction de la durée du travail.
Chacun est bien conscient que si la réduction de la durée du travail se fait avec pour objectif prioritaire la création d'emplois, elle peut créer des postes de travail nouveaux pour les jeunes et les chômeurs.
Chacun sait, les expériences concrètes le montrent, qu'à condition d'être conduite avec souplesse, elle offre un potentiel d'efficacité et de productivité.
Il appartiendra donc aux partenaires sociaux de rechercher ensemble, dans les branches et les entreprises, de quelle manière ce potentiel peut être mobilisé pour améliorer les performances des entreprises dans le respect des droits des salariés.
De ce point de vue, certaines déclarations du patronat m'ont surpris.
Certains disent, en effet, que le Gouvernement prend des décisions générales inadaptées aux situations particulières.
Je crois que c'est exactement le contraire. La philosophie qui préside à la RTT c'est celle de la négociation locale, de la souplesse, de la progressivité : en d'autres termes, rien n'est imposé, tout est négocié.
Je conclus.
Un État plus économe et moins bureaucratique.
Des impulsions fortes en faveur des nouvelles technologies.
Une croissance plus solidaire.
Voila les ambitions du Gouvernement.
Je voulais vous les rappeler avant de lancer notre discussion.
- Déjeuner-débat le 22 décembre 1997 à Clermont-Ferrand.
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Sénateur,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Maire,
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui, pour parler de notre politique économique dans le cadre de rencontres que Dominique Strauss-Kahn, Christian Sautter, Christian Pierret, Marylise Lebranchu et moi-même avons souhaité organiser dans toutes les régions.
Faisons un bref retour en arrière.
Le gouvernement de Lionel Jospin a pris des décisions qui vont dans le bon sens pour notre pays.
Limiter le déficit sinon la France aurait pu être disqualifiée pour l'euro.
Lancer le premier volet du programme pour l'emploi des jeunes qui concerne les 350 000 emplois publics.
Des décisions ont été prises sur un ensemble de dossiers importants comme Thomson, France Télécom ou Air France.
Des nouvelles aides à la recherche et aux nouvelles technologies ont été élaborées.
Il en va de même pour les mesures de simplifications administratives que Mme Lebranchu a présenté le 3 décembre dernier au Conseil des ministres.
Enfin, la Conférence sur l'emploi qui s'est réunie le 10 octobre et a donné lieu aux décisions dont nous allons parler.
Notre prévision pour 1998 (3 %) est confortée par les observateurs internationaux, le FMI, l'OCDE, et aussi l'Insee.
Les chiffres qu'a publié l'Insee vendredi sont révélateurs. Il y aura un impact de la crise asiatique mais celui-ci sera compensé par une expansion de la demande intérieure européenne et française, qui avait été peut être minimisée.
En bref, les mauvaises nouvelles venant d'Asie sont compensées par les bonnes venant d'ailleurs.
Pour soutenir la croissance, la politique économique du gouvernement doit maintenir un cap clair :
la réduction du déficit des administrations pour briser la spirale de la dette publique ;
ensuite, la maîtrise des dépenses : en 1998, les dépenses de l'État n'augmenteront pas plus vite que l'inflation.
MAIS TOUT CELA NE SUFFIT PAS.
Même à un rythme d'expansion de 3 % l'an, la réduction du chômage sera trop lente.
Or c'est le mal qui menace d'explosion notre société. Personne n'y a intérêt.
Il y a pour cela différentes méthodes.
Celle du Gouvernement est qu'il nous faut explorer toutes les voies d'un enrichissement en emplois de la croissance.
Le temps partiel en est une qui a donné des résultats.
L'allégement des charges pesant sur les bas salaires n'est pas remis en cause.
La création de nouveaux emplois pour les jeunes est une autre piste.
MAIS TOUT CECI NE SUFFIT PAS, JE L'AI DIT.
Le Gouvernement a donc voulu donner une impulsion nouvelle à la réduction de la durée du travail.
La loi " de Robien " avait fait un pas dans le bon sens.
Ses résultats sont encourageants mais insuffisants (17 000 emplois créés ou sauvegardés).
C'est pourquoi le Gouvernement a voulu créer une nouvelle impulsion en encourageant des négociations plus rapides et plus systématiques.
Chacun est bien conscient que si la réduction de la durée du travail se fait avec pour objectif prioritaire la création d'emplois, elle peut créer des postes de travail nouveaux pour les jeunes et les chômeurs.
Il ne faut pas voir la seconde loi comme un couperet. Il est dit explicitement dans l'exposé des motifs que cette loi tiendra compte du résultat des négociations et de la conjoncture économique.
Il est précisé que le tarif des heures supplémentaires pourra être revu à la baisse.
Il appartiendra donc aux partenaires sociaux de rechercher ensemble, dans les branches et les entreprises, de quelle manière la RTT peut être mobilisée pour améliorer les performances des entreprises.
De ce point de vue, certaines déclarations du patronat m'ont surpris.
J'ai un peu l'impression que ses représentants poussent des cris d'alarme comme en 36 sur les congés payés.
J'entends dire, par exemple, que le Gouvernement prend des décisions générales inadaptées aux situations particulières.
C'est exactement le contraire. La philosophie qui préside à la RTT c'est celle de la négociation locale, de la souplesse, de la progressivité : en d'autres termes, rien n'est imposé, tout est négocié.
On dit aussi que cela décourage l'investissement étranger dans notre pays.
Les chiffres disent le contraire, il y aura autant, sinon plus d'investissements étrangers en France au 2e semestre 97 qu'au premier. Et je ne compte pas Toyota.
Je crois profondément que la RTT réussira à créer de l'emploi et à réaménager l'organisation du travail pour plus d'efficacité si tout le monde joue le jeu.
Évidemment, pour cela, il faut prendre la peine de lire la loi " Aubry ".
Je conclus.
Un État plus économe et moins bureaucratique.
Des impulsions fortes en faveur des nouvelles technologies.
Une croissance plus solidaire.
Voilà les ambitions du Gouvernement.
Je voulais vous les rappeler avant de lancer notre discussion.
- Intervention devant l'Ecole de commerce de Clermont-Ferrand le 22 décembre 1997.
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour parler avec vous de la politique économique du Gouvernement dans le cadre des rencontres que Dominique Strauss-Kahn, Christian Sautter, Christian Pierret, Marylise Lebranchu et moi-même avons souhaité organiser dans toutes les régions.
J'irai à l'essentiel et ne vous ferai pas un exposé complet.
L'important c'est que nous discutions.
Je crois qu'aujourd'hui les entreprises doivent absolument saisir trois opportunités.
1. La première, vous le savez, est l'euro
L'euro va se faire. La France fera partie du premier groupe de pays qualifiés. Ce n'était pas si évident il y a quelques mois. Le Gouvernement a pris les mesures nécessaires même si elles sont difficiles.
Ce qu'il faut bien voir est que l'euro va constituer un élément d'expansion pour nos entreprises, qui seront protégées de ces dévaluations compétitives qui ont mis à mal certains secteurs de notre économie.
L'euro va aussi favoriser une baisse de taux d'intérêt.
Enfin, l'euro va aussi simplifier les échanges, en particulier pour les PME et les PMI.
Je crois que si les entreprises françaises se préparent efficacement pour l'euro, elles peuvent en tirer un avantage compétitif par rapport à leurs concurrents.
2. La seconde opportunité, ce sont les nouvelles technologies
Je ferai deux observations.
Si on compare l'investissement en France et aux États-Unis sur ces dernières années, on observe que la différence du taux d'investissement des entreprises américaines par rapport aux entreprises françaises s'explique par l'effort considérable que les américains ont accompli dans le domaine des nouvelles technologies : équipements informatiques, réseau Internet et Intranet, etc.
Je constate avec satisfaction que la France décolle.
L'Association Française de la Télématique vient de publier les derniers chiffres : 321 000 ordinateurs raccordés ; + 62 % en un an ; 20 % des PME de moins de 200 salariés ; 30 % pour la tranche de 200 à 300.
Il faut poursuivre dans cette voie d'un rattrapage rapide.
Le Gouvernement a pris des dispositions en ce sens.
Par exemple :
- aider les entreprises innovantes à rémunérer les salariés par des stock-options ;
- consacrer 50 MF pour faciliter l'accès à Internet des PME.
3. La troisième opportunité est la Réduction du Temps de Travail
Je ne dirai pas que la justification de la RTT est uniquement économique.
Il est clair que ce que souhaitent le Premier ministre et le Gouvernement c'est de jouer avec tous les leviers dont nous disposons pour lutter contre le chômage :
*l'allégement des charges sur les bas salaires ;
*le temps partiel ;
*les emplois-jeunes ;
*la RTT.
Il faut être clair : une croissance à 3 % ne crée pas suffisamment d'emplois pour faire reculer significativement le chômage.
La RTT a donc un aspect politique : la réduction du chômage.
Les simulations, qu'ont réalisé le ministère de l'Économie, des finances et de l'industrie et le ministère de l'Emploi et de la solidarité, montrent qu'à terme plusieurs centaines de milliers d'emplois peuvent ainsi être créés.
C'est pourquoi il fallait aller plus vite et plus loin que le dispositif prévu par la loi "de Robien".
Mais je crois que la RTT a une justification aussi économique, et c'est ce que certains représentants du patronat semblent ne pas comprendre.
De quoi ont besoin nos entreprises dans la compétition mondiale aujourd'hui :
- de fournir un meilleur service à leurs clients,
- de maîtriser leurs coûts,
- d'obtenir un cadre prévisible.
En quoi la RTT correspond-elle à ces besoins ?
Je vous demande de bien regarder ce qu'a prévu le Gouvernement sur 3 points :
1) des aides,
2) une réduction de la durée du travail de 10 % pour une création d'emploi de 6 %
3) une négociation qui permet de discuter :
*de l'organisation du travail,
*de l'évolution des salaires,
*du nombre et du tarif des heures supplémentaires, etc.
Si vous additionnez les trois facteurs, je vois mal comment on peut dire que les entreprises, à cause de la RTT, vont perdre en compétitivité.
J'en ai vu un exemple aujourd'hui chez " Roussel-Uclaf ", comme je l'avais vu chez " Calor " ou " Kindy ", dans des secteurs très différents.
Ce qui est la conséquence logique de mon analyse, c'est que les entreprises doivent ouvrir rapidement les négociations pour entrer dans le dispositif (je vous rappelle que plus vous allez vite, plus les aides financières de l'État seront importantes).
Et ceci vaut aussi pour les PME-PMI, qui n'ont, je crois, pas intérêt à attendre 2002.
Je conclus : il y a un peu de mouvement sur la RTT au C.N.P.F. qui cherche à se repositionnner.
Ne vous laissez pas détourner de l'essentiel.
Regardez bien, par vous-même, ce que prévoit le Gouvernement. Regardez ce que font les entreprises qui ont choisi la RTT. Et vous verrez quel est votre intérêt.
Je voudrais conclure sur une considération plus générale, concernant les prévisions de croissance pour 1998.
Vous connaissez les estimations de l'Insee. Elles tablent sur 3 % en tenant compte de la crise asiatique.
Cette dernière va peut être coûter 0,5 % point mais cela sera compensée par le dynamisme de la croissance dans les autres zones qui avait été peut être sous-estimée.
La prévision de croissance de 3 % du Gouvernement est donc confirmée. Elle l'est a fortiori par le FMI et l'OCDE qui aboutissent aux mêmes conclusions.
Je conclus : l'année 1998 sera bonne pour l'Europe, on le sait, bonne pour les entreprises, je le crois, bonne pour les ménages, et , je l'espère, meilleure pour ceux qui sont sans emploi.
L'heure n'est pas à la morosité.
La France est compétitive.
La croissance est revenue.
Nous en profiterons tous.
(source http://www.minefi.gouv.fr, le 2 août 2002)
Monsieur le Député,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Maire,
Messieurs les Élus,
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui, pour parler de notre politique économique dans le cadre de rencontres que Dominique Strauss-Kahn, Christian Sautter, Christian Pierret, Marylise Lebranchu et moi-même avons souhaité organiser dans toutes les régions.
Faisons un bref retour en arrière.
Le gouvernement de Lionel Jospin a pris des décisions qui vont dans le bon sens pour notre pays ;
limiter le déficit sinon la France aurait pu être disqualifiée pour l'euro ;
Lancer le premier volet du programme pour l'emploi des jeunes qui concerne les 350.000 emplois publics ;
des décisions ont été prises sur un ensemble de dossiers importants comme Thomson, France Télécom ou Air France ;
des nouvelles aides à la recherche et aux nouvelles technologies sont en cours d'élaboration ;
il en va de même pour les mesures de simplifications administratives sur lesquelles Mme Lebranchu travaille.
enfin, la Conférence sur l'emploi qui s'est réunie le 10 octobre et a donné lieu aux décisions dont nous allons parler.
Notre prévision pour 1998 (3 %) est confortée par les observateurs internationaux.
Elle est, de plus, fondée sur une expansion de la demande intérieure européenne et française.
Cette tendance devrait se maintenir les prochaines années.
Certes, le Gouvernement observe avec attention les conséquences de la crise asiatique. J'observe cependant que nous ne réalisons avec cette zone que 6 % de notre commerce extérieur. Comme l'a dit Dominique Strauss-Kahn, l'effet de la crise sur notre croissance devrait être limité.
Pour soutenir la croissance, la politique économique du gouvernement doit maintenir un cap clair :
la réduction du déficit des administrations pour briser la spirale de la dette publique ;
ensuite, la maîtrise des dépenses : en 1998, les dépenses de l'État n'augmenteront pas plus vite que l'inflation.
Mais tout cela ne suffit pas.
Même à un rythme d'expansion de 3 % l'an, la réduction du chômage sera trop lente.
Or c'est le mal qui menace d'explosion notre société. Personne n'y a intérêt.
Il y a pour cela différentes méthodes.
Celle du Gouvernement est qu'il nous faut explorer toutes les voies d'un enrichissement en emplois de la croissance.
Le temps partiel en est une qui a donné des résultats.
La création de nouveaux emplois pour les jeunes est une seconde piste.
Mais tout ceci ne suffit pas, je l'ai dit.
Le Gouvernement a donc voulu donner une impulsion nouvelle à la réduction de la durée du travail.
Chacun est bien conscient que si la réduction de la durée du travail se fait avec pour objectif prioritaire la création d'emplois, elle peut créer des postes de travail nouveaux pour les jeunes et les chômeurs.
Chacun sait, les expériences concrètes le montrent, qu'à condition d'être conduite avec souplesse, elle offre un potentiel d'efficacité et de productivité.
Il appartiendra donc aux partenaires sociaux de rechercher ensemble, dans les branches et les entreprises, de quelle manière ce potentiel peut être mobilisé pour améliorer les performances des entreprises dans le respect des droits des salariés.
De ce point de vue, certaines déclarations du patronat m'ont surpris.
Certains disent, en effet, que le Gouvernement prend des décisions générales inadaptées aux situations particulières.
Je crois que c'est exactement le contraire. La philosophie qui préside à la RTT c'est celle de la négociation locale, de la souplesse, de la progressivité : en d'autres termes, rien n'est imposé, tout est négocié.
Je conclus.
Un État plus économe et moins bureaucratique.
Des impulsions fortes en faveur des nouvelles technologies.
Une croissance plus solidaire.
Voila les ambitions du Gouvernement.
Je voulais vous les rappeler avant de lancer notre discussion.
- Déjeuner-débat le 22 décembre 1997 à Clermont-Ferrand.
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Sénateur,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Maire,
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui, pour parler de notre politique économique dans le cadre de rencontres que Dominique Strauss-Kahn, Christian Sautter, Christian Pierret, Marylise Lebranchu et moi-même avons souhaité organiser dans toutes les régions.
Faisons un bref retour en arrière.
Le gouvernement de Lionel Jospin a pris des décisions qui vont dans le bon sens pour notre pays.
Limiter le déficit sinon la France aurait pu être disqualifiée pour l'euro.
Lancer le premier volet du programme pour l'emploi des jeunes qui concerne les 350 000 emplois publics.
Des décisions ont été prises sur un ensemble de dossiers importants comme Thomson, France Télécom ou Air France.
Des nouvelles aides à la recherche et aux nouvelles technologies ont été élaborées.
Il en va de même pour les mesures de simplifications administratives que Mme Lebranchu a présenté le 3 décembre dernier au Conseil des ministres.
Enfin, la Conférence sur l'emploi qui s'est réunie le 10 octobre et a donné lieu aux décisions dont nous allons parler.
Notre prévision pour 1998 (3 %) est confortée par les observateurs internationaux, le FMI, l'OCDE, et aussi l'Insee.
Les chiffres qu'a publié l'Insee vendredi sont révélateurs. Il y aura un impact de la crise asiatique mais celui-ci sera compensé par une expansion de la demande intérieure européenne et française, qui avait été peut être minimisée.
En bref, les mauvaises nouvelles venant d'Asie sont compensées par les bonnes venant d'ailleurs.
Pour soutenir la croissance, la politique économique du gouvernement doit maintenir un cap clair :
la réduction du déficit des administrations pour briser la spirale de la dette publique ;
ensuite, la maîtrise des dépenses : en 1998, les dépenses de l'État n'augmenteront pas plus vite que l'inflation.
MAIS TOUT CELA NE SUFFIT PAS.
Même à un rythme d'expansion de 3 % l'an, la réduction du chômage sera trop lente.
Or c'est le mal qui menace d'explosion notre société. Personne n'y a intérêt.
Il y a pour cela différentes méthodes.
Celle du Gouvernement est qu'il nous faut explorer toutes les voies d'un enrichissement en emplois de la croissance.
Le temps partiel en est une qui a donné des résultats.
L'allégement des charges pesant sur les bas salaires n'est pas remis en cause.
La création de nouveaux emplois pour les jeunes est une autre piste.
MAIS TOUT CECI NE SUFFIT PAS, JE L'AI DIT.
Le Gouvernement a donc voulu donner une impulsion nouvelle à la réduction de la durée du travail.
La loi " de Robien " avait fait un pas dans le bon sens.
Ses résultats sont encourageants mais insuffisants (17 000 emplois créés ou sauvegardés).
C'est pourquoi le Gouvernement a voulu créer une nouvelle impulsion en encourageant des négociations plus rapides et plus systématiques.
Chacun est bien conscient que si la réduction de la durée du travail se fait avec pour objectif prioritaire la création d'emplois, elle peut créer des postes de travail nouveaux pour les jeunes et les chômeurs.
Il ne faut pas voir la seconde loi comme un couperet. Il est dit explicitement dans l'exposé des motifs que cette loi tiendra compte du résultat des négociations et de la conjoncture économique.
Il est précisé que le tarif des heures supplémentaires pourra être revu à la baisse.
Il appartiendra donc aux partenaires sociaux de rechercher ensemble, dans les branches et les entreprises, de quelle manière la RTT peut être mobilisée pour améliorer les performances des entreprises.
De ce point de vue, certaines déclarations du patronat m'ont surpris.
J'ai un peu l'impression que ses représentants poussent des cris d'alarme comme en 36 sur les congés payés.
J'entends dire, par exemple, que le Gouvernement prend des décisions générales inadaptées aux situations particulières.
C'est exactement le contraire. La philosophie qui préside à la RTT c'est celle de la négociation locale, de la souplesse, de la progressivité : en d'autres termes, rien n'est imposé, tout est négocié.
On dit aussi que cela décourage l'investissement étranger dans notre pays.
Les chiffres disent le contraire, il y aura autant, sinon plus d'investissements étrangers en France au 2e semestre 97 qu'au premier. Et je ne compte pas Toyota.
Je crois profondément que la RTT réussira à créer de l'emploi et à réaménager l'organisation du travail pour plus d'efficacité si tout le monde joue le jeu.
Évidemment, pour cela, il faut prendre la peine de lire la loi " Aubry ".
Je conclus.
Un État plus économe et moins bureaucratique.
Des impulsions fortes en faveur des nouvelles technologies.
Une croissance plus solidaire.
Voilà les ambitions du Gouvernement.
Je voulais vous les rappeler avant de lancer notre discussion.
- Intervention devant l'Ecole de commerce de Clermont-Ferrand le 22 décembre 1997.
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour parler avec vous de la politique économique du Gouvernement dans le cadre des rencontres que Dominique Strauss-Kahn, Christian Sautter, Christian Pierret, Marylise Lebranchu et moi-même avons souhaité organiser dans toutes les régions.
J'irai à l'essentiel et ne vous ferai pas un exposé complet.
L'important c'est que nous discutions.
Je crois qu'aujourd'hui les entreprises doivent absolument saisir trois opportunités.
1. La première, vous le savez, est l'euro
L'euro va se faire. La France fera partie du premier groupe de pays qualifiés. Ce n'était pas si évident il y a quelques mois. Le Gouvernement a pris les mesures nécessaires même si elles sont difficiles.
Ce qu'il faut bien voir est que l'euro va constituer un élément d'expansion pour nos entreprises, qui seront protégées de ces dévaluations compétitives qui ont mis à mal certains secteurs de notre économie.
L'euro va aussi favoriser une baisse de taux d'intérêt.
Enfin, l'euro va aussi simplifier les échanges, en particulier pour les PME et les PMI.
Je crois que si les entreprises françaises se préparent efficacement pour l'euro, elles peuvent en tirer un avantage compétitif par rapport à leurs concurrents.
2. La seconde opportunité, ce sont les nouvelles technologies
Je ferai deux observations.
Si on compare l'investissement en France et aux États-Unis sur ces dernières années, on observe que la différence du taux d'investissement des entreprises américaines par rapport aux entreprises françaises s'explique par l'effort considérable que les américains ont accompli dans le domaine des nouvelles technologies : équipements informatiques, réseau Internet et Intranet, etc.
Je constate avec satisfaction que la France décolle.
L'Association Française de la Télématique vient de publier les derniers chiffres : 321 000 ordinateurs raccordés ; + 62 % en un an ; 20 % des PME de moins de 200 salariés ; 30 % pour la tranche de 200 à 300.
Il faut poursuivre dans cette voie d'un rattrapage rapide.
Le Gouvernement a pris des dispositions en ce sens.
Par exemple :
- aider les entreprises innovantes à rémunérer les salariés par des stock-options ;
- consacrer 50 MF pour faciliter l'accès à Internet des PME.
3. La troisième opportunité est la Réduction du Temps de Travail
Je ne dirai pas que la justification de la RTT est uniquement économique.
Il est clair que ce que souhaitent le Premier ministre et le Gouvernement c'est de jouer avec tous les leviers dont nous disposons pour lutter contre le chômage :
*l'allégement des charges sur les bas salaires ;
*le temps partiel ;
*les emplois-jeunes ;
*la RTT.
Il faut être clair : une croissance à 3 % ne crée pas suffisamment d'emplois pour faire reculer significativement le chômage.
La RTT a donc un aspect politique : la réduction du chômage.
Les simulations, qu'ont réalisé le ministère de l'Économie, des finances et de l'industrie et le ministère de l'Emploi et de la solidarité, montrent qu'à terme plusieurs centaines de milliers d'emplois peuvent ainsi être créés.
C'est pourquoi il fallait aller plus vite et plus loin que le dispositif prévu par la loi "de Robien".
Mais je crois que la RTT a une justification aussi économique, et c'est ce que certains représentants du patronat semblent ne pas comprendre.
De quoi ont besoin nos entreprises dans la compétition mondiale aujourd'hui :
- de fournir un meilleur service à leurs clients,
- de maîtriser leurs coûts,
- d'obtenir un cadre prévisible.
En quoi la RTT correspond-elle à ces besoins ?
Je vous demande de bien regarder ce qu'a prévu le Gouvernement sur 3 points :
1) des aides,
2) une réduction de la durée du travail de 10 % pour une création d'emploi de 6 %
3) une négociation qui permet de discuter :
*de l'organisation du travail,
*de l'évolution des salaires,
*du nombre et du tarif des heures supplémentaires, etc.
Si vous additionnez les trois facteurs, je vois mal comment on peut dire que les entreprises, à cause de la RTT, vont perdre en compétitivité.
J'en ai vu un exemple aujourd'hui chez " Roussel-Uclaf ", comme je l'avais vu chez " Calor " ou " Kindy ", dans des secteurs très différents.
Ce qui est la conséquence logique de mon analyse, c'est que les entreprises doivent ouvrir rapidement les négociations pour entrer dans le dispositif (je vous rappelle que plus vous allez vite, plus les aides financières de l'État seront importantes).
Et ceci vaut aussi pour les PME-PMI, qui n'ont, je crois, pas intérêt à attendre 2002.
Je conclus : il y a un peu de mouvement sur la RTT au C.N.P.F. qui cherche à se repositionnner.
Ne vous laissez pas détourner de l'essentiel.
Regardez bien, par vous-même, ce que prévoit le Gouvernement. Regardez ce que font les entreprises qui ont choisi la RTT. Et vous verrez quel est votre intérêt.
Je voudrais conclure sur une considération plus générale, concernant les prévisions de croissance pour 1998.
Vous connaissez les estimations de l'Insee. Elles tablent sur 3 % en tenant compte de la crise asiatique.
Cette dernière va peut être coûter 0,5 % point mais cela sera compensée par le dynamisme de la croissance dans les autres zones qui avait été peut être sous-estimée.
La prévision de croissance de 3 % du Gouvernement est donc confirmée. Elle l'est a fortiori par le FMI et l'OCDE qui aboutissent aux mêmes conclusions.
Je conclus : l'année 1998 sera bonne pour l'Europe, on le sait, bonne pour les entreprises, je le crois, bonne pour les ménages, et , je l'espère, meilleure pour ceux qui sont sans emploi.
L'heure n'est pas à la morosité.
La France est compétitive.
La croissance est revenue.
Nous en profiterons tous.
(source http://www.minefi.gouv.fr, le 2 août 2002)