Texte intégral
Je suis heureuse de vous accueillir, ici, rue de Lille, pour procéder à l'installation officielle de L'Observatoire national du Commerce.
Je vous remercie d'avoir répondu favorablement pour participer aux travaux de l'observatoire. Vous démontrez aujourd'hui que le commerce est pour vous, comme pour moi, un grand sujet.
L'observatoire est né de la volonté du Gouvernement de disposer d'un instrument original pour donner à tous les acteurs du commerce une information pertinente. J'ai souhaité que cette information soit issue de travaux approfondis, menés scientifiquement.
Le commerce a beaucoup souffert d'analyses approximatives. Il mérite mieux que cela.
On voit bien aujourd'hui que le secteur du commerce est devenu l'un des premiers secteurs industriels de France. Son rôle dans l'économie est prépondérant, que l'on songe un instant au développement de la filière agro-alimentaire ou bien encore à la sécurité alimentaire.
Quand je suis arrivée au ministère, j'ai trouvé un certain état de confusion sur la réalité économétrique du commerce.
L'éparpillement des données aboutissait à un certain flou qui ne favorise pas l'examen serein des situations et la prise de décision.
Les partenaires du secteur du commerce m'interpellaient en faisant état de chiffres qui n'étaient pas concordants. Les analyses développées n'étaient pas vérifiables.
Pour remédier à cette situation, il nous fallait disposer d'un instrument spécifique : c'est ce qui a présidé à la conception de l'observatoire.
Les missions qui lui sont confiées sont très importantes. Je cite l'article 4 du décret du 27 novembre qui crée l'observatoire :
- examiner l'évolution des formes et des modes de commerce ainsi que celle du parc des équipements commerciaux ;
- examiner les décisions prises par la CNEC et les commissions départementales d'équipement commercial ;
- étudier l'évolution de l'emploi dans le commerce ;
- dresser le bilan général des engagements sur l'emploi liés aux demandes d'autorisation d'exploitation des magasins de commerce de détail ;
- entreprendre toute action de coopération internationale jugée utile.
L'observatoire remet chaque année un rapport au ministre, ce rapport est rendu public.
Vous constaterez avec moi que l'observatoire peut nourrir la légitime ambition de devenir une sorte de référence, d'autorité morale sur les questions du commerce.
Pour mener à bien ces nombreuses missions, j'ai demandé à la Direction des Entreprises commerciales, artisanales et de services, qui assure le secrétariat de l'observatoire, d'apporter tout son concours aux actions qui seront entreprises.
Bien sûr, c'est à vous qu'il revient d'établir votre programme de travail, j'ai pleine confiance dans le Président pour qu'il soit riche, varié et opérationnel.
Vous me permettrez, Monsieur le Président, de vous saisir à l'occasion de sujets qui intéressent plus particulièrement le Gouvernement.
Si je vous ai dit ce qu'est l'observatoire, il me semble nécessaire de préciser aussi ce qu'il n'est pas. Ainsi nous éviterons les doublons avec d'autres instances.
L'observatoire n'est pas une sorte de " super CNEC " qui réexaminerait les dossiers.
L'observatoire n'est pas non plus l'enceinte de négociations sociales, celles-ci existent, elles sont placées auprès de ma collègue Martine AUBRY.
L'observatoire n'est pas non plus le siège d'un groupe de pression, les commerçants, grands et petits, ont leurs organisations pour cela.
L'observatoire, justement parce qu'il n'est pas tout cela, peut, je crois, accomplir du bon travail.
Je suis intimement convaincue qu'il n'existe pas une vérité en matière de commerce, c'est aussi pour cela que l'observatoire est composé avec vous tous et vous toutes qui occupez " des points différents de la carte ".
La réalité du commerce est composite, il nous faut l'analyser au plus près.
L'observatoire doit être un instrument de réconciliation des parties. Il peut éclairer les complémentarités entre les différentes commerces.
Il doit aussi nous aider à désamorcer les conflits.
Si nous prenons la peine de raisonner " microéconomie " et non pas uniquement macroéconomie, nous pourrons avancer des solutions concrètes respectueuses des consommateurs et dans l'intérêt de tous les commerçants.
Un récent sondage de l'IFOP sur les critères d'implantation des entreprises a montré une dichotomie très nette entre le secteur du commerce et l'industrie.
Alors que les entreprises industrielles se localisent à partir d'une optimisation de leurs facteurs de production qui les amène à privilégier les noeuds routiers ou les grands bassins de main d'oeuvre, les entreprises du commerce se placent au milieu de leurs clients.
C'est donc le dernier maillon de la chaîne qui commande les localisations. Ne perdons pas de vue cette évidence. Le secteur du commerce est ancré dans une logique de territoires qui est très forte.
Alors nous comprenons l'intérêt qu'il y a à avancer les idées de la concertation. Les schémas sont un instrument possible. Je souhaiterais qu'ils soient plus et mieux utilisés.
Dans le même esprit, vous devrez dynamiser l'action des observatoires départementaux d'équipement commerciaux.
La richesse des données existantes associée à un travail d'analyse sérieux peuvent améliorer sensiblement les termes du débat sur le commerce.
Je crois que cela vaut pour tous les sujets du commerce. Le plus récent exemple, mais pas le moindre, le projet d'implantation d'une galerie de produits vendus à bas prix à Coquelles dans le Pas de Calais le montre bien.
Voilà un concept commercial pour lequel nous avons longtemps raisonner comme s'il s'agissait d'une nouvelle forme de grande surface, avec la grille d'analyse habituelle de la grande surface.
En écoutant les uns et les autres on peut aussi s'interroger sur l'impact de cette forme de commerce sur l'économie de la filière textile française tout entière.
On découvre aussi les limites des notions couramment employées comme les zones de chalandise.
C'est un vrai débat, un choix économique, mais aussi un choix politique. C'est l'exemple type de dossiers pour lequel nous manquons d'outils d'analyse reconnus et utilisables. L'observatoire peut beaucoup apporter dans ce domaine.
Je ne veux pas alourdir votre plan de charge, il faudra faire des choix, vous ne pourrez pas tout traiter d'un coup : les soldes, les ventes au déballage, la diversité des commerces dans les grands agglomérations, l'évolution de l'emploi dans les différents types de magasins, les métiers, l'urbanisme et l'architecture des unités commerciales, les relations avec les fournisseurs, les centrales d'achat
Bref, il vous faudra vous fixer une méthode de travail.
Je sais que vous avez hâte de commencer vos travaux. Je vous comprends, la gestation de l'observatoire a été longue, plus de dix huit mois ! Mais on m'a expliqué que pour un observatoire national, cela n'était pas un délai prohibitif, admettons.
Enfin, nous y sommes, j'ai pleine confiance en vous, j'ai la conviction que vous contribuerez à donner au débat la hauteur qui lui convient.
(Source http://www.pme.gouv.fr