Texte intégral
Vous devez annoncer une série de mesures cet après-midi ; plus de places dans les facultés de médecine ?
- "Je les annoncerai cet après-midi, et puis ce ne serait pas la solution. J'ai bien aimé ce qui vient d'être dit. Ce serait la solution si nous forcions, si nous rendions obligatoire l'installation dans les zones où on manque de médecins. Ce n'est pas notre style pour le moment. On peut même se poser la question de la vocation. Par exemple, il manque des pédiatres - c'est très clair, il manque d'autres catégories de médecins. Est-ce qu'on peut forcer les étudiants en médecine à devenir pédiatre ? C'est difficile. Nous y serons peut-être contraints. Mais je retiens deux choses. D'abord, nous sommes dans le peloton de tête, largement. Vous parliez de la Picardie : 250 praticiens pour 100.000 habitants. C'est la densité du Canada qui fut notre modèle pendant au moins vingt ans. Et puis ailleurs, le nombre de médecins a triplé en trente ans. Il y en a maintenant 196.000 dans notre pays."
On est menacé par une évolution défavorable...
- "Nous ne sommes menacés par rien du tout. Les gens ont une évolution : vous et moi, on vieillit et puis on part à la retraite. On peut compenser. Mais faut-il compenser si justement ils s'installent dans des endroits où il y en a trop et pas dans des endroits où il n'y en a pas assez ? C'est compliqué. Nous travaillons cet après-midi avec toute la profession, avec les syndicats, avec [...] d'ailleurs les médecins parce qu'il faut aussi voir les rapports entre les professions de santé - c'est très important cette évolution des acquis techniques, une façon de procéder différente. Il faut travailler ensemble. Sur le fond, est-ce qu'on va manquer de blouses blanches ? Non, sûrement pas. Au contraire. Nous faisons l'envie de bien des pays ; nous en avons, d'après eux, trop, parce que cela coûte cher à chaque fois. Et on ne peut pas, évidemment, détacher le problème du numerus clausus -le nombre des étudiants en médecine qui rentrent dans les facultés - du problème du financement. Qui paye ?"
Cela veut dire qu'il est exclu de relever le numerus clausus ?
- "Ce n'est pas exclu mais ce sera à la fin de la journée que nous prononcerons un chiffre approché. Bien entendu, nous allons le faire. Mais ne croyez pas que nous allons manquer de médecins, ce n'est pas vrai. D'abord, c'est à l'horizon 2015 ou 2020 et ce serait, à ce moment-là, beaucoup plus qu'il n'y en a ailleurs, et par rapport à notre progression, ce serait un chiffre acceptable. Mais il n'est pas question de l'accepter. Il faut se rendre compte qu'ils s'adressent à la société, [quand] les médecins sont en grève ou protestent, c'est la société qui paye. Ce n'est pas le budget de l'Etat ni les politiques, comme on dit."
Justement, est-ce qu'il va y avoir des augmentations de financement ? Obligatoirement, puisqu'il y a de plus en plus de médecins et de plus en plus de soins. Qui va payer ?
- "Vous, moi, tout le monde. Mais d'abord, ce ne sera pas fait maintenant, certainement pas en période électorale. Simplement, il faut se rendre compte qu'en effet, cet argent est un argent très précis, très ciblé, enfermé dans un sac fermé et c'est de l'argent qui vient des Français. Donc, s'ils veulent plus de médecins, il faut les payer, s'ils veulent plus d'hôpitaux, il faut les payer, s'ils veulent plus de médicaments - et il en faut pour mieux traiter des gens qui sont très bien traités en France et de façon très inégale en fonction de leur métier et de la région -, il faut malheureusement un peu plus d'argent.
Il y a des incitations qui sont prévues...
- "Vous avez raison. Il y a des incitations mais on ne les forcera pas : 50.000 francs et puis deux ans de gagnés sur cinq ans dans la profession..."
...pour s'installer dans telle région et pas telle autre...
- "Soit dans un hôpital, soit en ville. On a fait des expériences mais un certain nombre de médecins, lorsqu'ils partent à la retraite, ne voient personne venir prendre la relève. C'est vrai, et il y a peut-être un glissement de la vocation - je parle avec précaution parce que j'aime beaucoup et la médecine et les médecins - mais la pénibilité des métiers effraie. Nous avons une journée d'étude sur la décision médicale au ministère : il y a eu zéro vocation de chirurgien dans les hôpitaux de Lyon cette année et trois à Paris. Parce qu'on se lève la nuit, parce qu'il faut travailler, parce qu'on s'occupe des malades. Dans d'autres spécialités, on se précipite comme la dermatologie, la gastro-entérologie, la radiologie, etc... Il faut bien voir que nous ne sommes pas dans une société coercitive et il faut tous ensemble faire un effort pour que l'ensemble de l'éventail médical soit à la disposition de tous, et l'accès des patients à tous les patients."
Cela veut dire qu'on peut imaginer de l'incitation aussi pour les professions, les spécialités où on risque d'avoir le plus de problèmes. Vous citiez "pédiatre", on pourrait ajouter "anesthésiste", "gynécologue", "ORL", etc...
- "Bien sûr, on peut augmenter un tout petit peu, mais si on augmente le prix de la consultation ou de la visite pour les pédiatres, d'autres professions peut-être encore plus pénibles vont le demander, et on revient au même problème. Je suis tout à fait d'accord. Notre système est déjà, encore une fois, le meilleur du monde, et tout le monde le dit : regardez, les malades se précipitent en France. Il ne faut pas pénaliser notre système français en prenant tous les malades, il faut au contraire en tirer bénéfice, le proposer ailleurs, mais cela coûte de plus en plus cher. Nous dépensons 10 % de notre produit intérieur brut pour la santé. Il y a 1.700.000 personnes qui travaillent dans la santé. En gros, finalement, 2 millions. Et c'est de loin la première industrie du pays avec 1.000 milliards dépensés dans l'ensemble du soin. Est-ce qu'on veut faire plus ? Moi, je suis d'accord, mais ce n'est pas mon argent, c'est l'argent de tous."
(Source :Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 4 mars 2002)
- "Je les annoncerai cet après-midi, et puis ce ne serait pas la solution. J'ai bien aimé ce qui vient d'être dit. Ce serait la solution si nous forcions, si nous rendions obligatoire l'installation dans les zones où on manque de médecins. Ce n'est pas notre style pour le moment. On peut même se poser la question de la vocation. Par exemple, il manque des pédiatres - c'est très clair, il manque d'autres catégories de médecins. Est-ce qu'on peut forcer les étudiants en médecine à devenir pédiatre ? C'est difficile. Nous y serons peut-être contraints. Mais je retiens deux choses. D'abord, nous sommes dans le peloton de tête, largement. Vous parliez de la Picardie : 250 praticiens pour 100.000 habitants. C'est la densité du Canada qui fut notre modèle pendant au moins vingt ans. Et puis ailleurs, le nombre de médecins a triplé en trente ans. Il y en a maintenant 196.000 dans notre pays."
On est menacé par une évolution défavorable...
- "Nous ne sommes menacés par rien du tout. Les gens ont une évolution : vous et moi, on vieillit et puis on part à la retraite. On peut compenser. Mais faut-il compenser si justement ils s'installent dans des endroits où il y en a trop et pas dans des endroits où il n'y en a pas assez ? C'est compliqué. Nous travaillons cet après-midi avec toute la profession, avec les syndicats, avec [...] d'ailleurs les médecins parce qu'il faut aussi voir les rapports entre les professions de santé - c'est très important cette évolution des acquis techniques, une façon de procéder différente. Il faut travailler ensemble. Sur le fond, est-ce qu'on va manquer de blouses blanches ? Non, sûrement pas. Au contraire. Nous faisons l'envie de bien des pays ; nous en avons, d'après eux, trop, parce que cela coûte cher à chaque fois. Et on ne peut pas, évidemment, détacher le problème du numerus clausus -le nombre des étudiants en médecine qui rentrent dans les facultés - du problème du financement. Qui paye ?"
Cela veut dire qu'il est exclu de relever le numerus clausus ?
- "Ce n'est pas exclu mais ce sera à la fin de la journée que nous prononcerons un chiffre approché. Bien entendu, nous allons le faire. Mais ne croyez pas que nous allons manquer de médecins, ce n'est pas vrai. D'abord, c'est à l'horizon 2015 ou 2020 et ce serait, à ce moment-là, beaucoup plus qu'il n'y en a ailleurs, et par rapport à notre progression, ce serait un chiffre acceptable. Mais il n'est pas question de l'accepter. Il faut se rendre compte qu'ils s'adressent à la société, [quand] les médecins sont en grève ou protestent, c'est la société qui paye. Ce n'est pas le budget de l'Etat ni les politiques, comme on dit."
Justement, est-ce qu'il va y avoir des augmentations de financement ? Obligatoirement, puisqu'il y a de plus en plus de médecins et de plus en plus de soins. Qui va payer ?
- "Vous, moi, tout le monde. Mais d'abord, ce ne sera pas fait maintenant, certainement pas en période électorale. Simplement, il faut se rendre compte qu'en effet, cet argent est un argent très précis, très ciblé, enfermé dans un sac fermé et c'est de l'argent qui vient des Français. Donc, s'ils veulent plus de médecins, il faut les payer, s'ils veulent plus d'hôpitaux, il faut les payer, s'ils veulent plus de médicaments - et il en faut pour mieux traiter des gens qui sont très bien traités en France et de façon très inégale en fonction de leur métier et de la région -, il faut malheureusement un peu plus d'argent.
Il y a des incitations qui sont prévues...
- "Vous avez raison. Il y a des incitations mais on ne les forcera pas : 50.000 francs et puis deux ans de gagnés sur cinq ans dans la profession..."
...pour s'installer dans telle région et pas telle autre...
- "Soit dans un hôpital, soit en ville. On a fait des expériences mais un certain nombre de médecins, lorsqu'ils partent à la retraite, ne voient personne venir prendre la relève. C'est vrai, et il y a peut-être un glissement de la vocation - je parle avec précaution parce que j'aime beaucoup et la médecine et les médecins - mais la pénibilité des métiers effraie. Nous avons une journée d'étude sur la décision médicale au ministère : il y a eu zéro vocation de chirurgien dans les hôpitaux de Lyon cette année et trois à Paris. Parce qu'on se lève la nuit, parce qu'il faut travailler, parce qu'on s'occupe des malades. Dans d'autres spécialités, on se précipite comme la dermatologie, la gastro-entérologie, la radiologie, etc... Il faut bien voir que nous ne sommes pas dans une société coercitive et il faut tous ensemble faire un effort pour que l'ensemble de l'éventail médical soit à la disposition de tous, et l'accès des patients à tous les patients."
Cela veut dire qu'on peut imaginer de l'incitation aussi pour les professions, les spécialités où on risque d'avoir le plus de problèmes. Vous citiez "pédiatre", on pourrait ajouter "anesthésiste", "gynécologue", "ORL", etc...
- "Bien sûr, on peut augmenter un tout petit peu, mais si on augmente le prix de la consultation ou de la visite pour les pédiatres, d'autres professions peut-être encore plus pénibles vont le demander, et on revient au même problème. Je suis tout à fait d'accord. Notre système est déjà, encore une fois, le meilleur du monde, et tout le monde le dit : regardez, les malades se précipitent en France. Il ne faut pas pénaliser notre système français en prenant tous les malades, il faut au contraire en tirer bénéfice, le proposer ailleurs, mais cela coûte de plus en plus cher. Nous dépensons 10 % de notre produit intérieur brut pour la santé. Il y a 1.700.000 personnes qui travaillent dans la santé. En gros, finalement, 2 millions. Et c'est de loin la première industrie du pays avec 1.000 milliards dépensés dans l'ensemble du soin. Est-ce qu'on veut faire plus ? Moi, je suis d'accord, mais ce n'est pas mon argent, c'est l'argent de tous."
(Source :Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 4 mars 2002)