Texte intégral
Polémique - Coup dur pour les entreprises qui s'immiscent en milieu scolaire. Jean-Luc Mélenchon, ministre de l'Enseignement professionnel, vient d'interdire la participation des élèves aux Masters de l'économie, un jeu de Bourse à succès créé par la banque CIC.
Vous venez d'interdire le jeu lancé par le CIC dans les établissements scolaires, pourquoi ?
Jean-Luc Mélenchon. Je veux mettre le holà à la présence des marques à l'école. Ces Masters de l'économie ont le caractère détestable des jeux d'argent et, pédagogiquement, ils comportent de nombreuses erreurs. L'école n'a nul besoin des banques pour éduquer les élèves au principe de la Bourse. Les professeurs peuvent très bien le faire, avec une liberté d'esprit et un sens critique indispensables ! Je vais aussi revoir le Code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire, qui n'a pas pu éviter ce dérapage.
L'offensive des marques à l'école est-elle vraiment manifeste ?
Oui, et c'est d'ailleurs normal : les douze millions d'élèves scolarisés représentent un marché évalué à plus de 3 milliards d'euros. Des gamins deviennent même des ambassadeurs de marque qui les habillent gratuitement. Les marques sont un enjeu pour les jeunes. Elles créent des tensions entre eux, mais également une pression terrible sur les parents. Pour se procurer un blouson ou une casquette siglés, certains lycéens sont prêts au racket et à toutes sortes de violence. D'où ma volonté de mettre un coup d'arrêt à ces stratégies commerciales. Aux Etats-Unis, des contrats d'exclusivité lient des lycées à des fabricants de soda. Les distributeurs ne proposent que leurs boissons et, pendant les cours, les professeurs n'ont pas le droit de citer d'autres marques !
Pourtant, les lycées professionnels ne peuvent fonctionner sans l'aide des entreprises...
Les lycées professionnels travaillent effectivement avec des branches professionnelles, comme l'hôtellerie ou l'automobile, qui peuvent leur fournir du matériel, des machines, des stages. C'est directement lié à la connaissance et à la mission éducative de préparer les élèves au monde du travail. Des sociétés sponsorisent aussi des voyages d'études ou des expositions, c'est bien aussi. Mais ce n'est pas à cela que je m'attaque aujourd'hui. Je m'élève contre le conditionnement des jeunes pour des produits particuliers, complètement contraires à l'exigence laïque de notre école.
Propos recueillis par L.L.F
(source http://www.enseignement-professionnel.gouv.fr, le 12 février 2002)
Vous venez d'interdire le jeu lancé par le CIC dans les établissements scolaires, pourquoi ?
Jean-Luc Mélenchon. Je veux mettre le holà à la présence des marques à l'école. Ces Masters de l'économie ont le caractère détestable des jeux d'argent et, pédagogiquement, ils comportent de nombreuses erreurs. L'école n'a nul besoin des banques pour éduquer les élèves au principe de la Bourse. Les professeurs peuvent très bien le faire, avec une liberté d'esprit et un sens critique indispensables ! Je vais aussi revoir le Code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire, qui n'a pas pu éviter ce dérapage.
L'offensive des marques à l'école est-elle vraiment manifeste ?
Oui, et c'est d'ailleurs normal : les douze millions d'élèves scolarisés représentent un marché évalué à plus de 3 milliards d'euros. Des gamins deviennent même des ambassadeurs de marque qui les habillent gratuitement. Les marques sont un enjeu pour les jeunes. Elles créent des tensions entre eux, mais également une pression terrible sur les parents. Pour se procurer un blouson ou une casquette siglés, certains lycéens sont prêts au racket et à toutes sortes de violence. D'où ma volonté de mettre un coup d'arrêt à ces stratégies commerciales. Aux Etats-Unis, des contrats d'exclusivité lient des lycées à des fabricants de soda. Les distributeurs ne proposent que leurs boissons et, pendant les cours, les professeurs n'ont pas le droit de citer d'autres marques !
Pourtant, les lycées professionnels ne peuvent fonctionner sans l'aide des entreprises...
Les lycées professionnels travaillent effectivement avec des branches professionnelles, comme l'hôtellerie ou l'automobile, qui peuvent leur fournir du matériel, des machines, des stages. C'est directement lié à la connaissance et à la mission éducative de préparer les élèves au monde du travail. Des sociétés sponsorisent aussi des voyages d'études ou des expositions, c'est bien aussi. Mais ce n'est pas à cela que je m'attaque aujourd'hui. Je m'élève contre le conditionnement des jeunes pour des produits particuliers, complètement contraires à l'exigence laïque de notre école.
Propos recueillis par L.L.F
(source http://www.enseignement-professionnel.gouv.fr, le 12 février 2002)