Déclaration de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur les relations économiques franco-camerounaises, le traitement de la dette camerounaise, la renégociation de la convention de Lomé, Douala le 25 juillet 1999.

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Circonstance : Voyage en Afrique de l'Ouest du 21 au 24 juillet 1999, au Cameroun le 24 et 25-rencontre avec des hommes d'affaires camerounais et français à Douala le 25

Texte intégral

Monsieur le Premier ministre,
Messieurs les Ministres,
Mes chers amis,
Je suis heureux de vous rencontrer et je tiens à vous remercier d'avoir bien voulu répondre à mon invitation. Je mesure avec beaucoup de plaisir, Monsieur le Premier ministre, tout l'intérêt que portent les plus hautes autorités et l'ensemble des dirigeants économiques du Cameroun au développement de nos relations commerciales.
J'ai souhaité en effet que ma visite soit l'occasion pour les Camerounais et les Français de travailler plus étroitement ensemble. C'est vrai sur le plan politique et international où nous pouvons agir de concert pour la paix, pour la démocratie et pour le développement. Et ce fut, avec le président Biya, tout l'objet de nos entretiens. Hier soir, j'ai rappelé l'attachement de la France à l'aide publique au développement. Mais nous croyons aussi aux vertus du commerce et de l'initiative privée pour que les pays en développement prennent à leur tour le grand train de la mondialisation. Et là encore, vous pouvez compter sur l'amitié et la solidarité de la France.
Nous venons d'entendre le point des discussions que vous avez eues ce matin. Vos travaux, les nouvelles pistes que vous avez commencé d'ouvrir, les projets qui sont en train de naître, la détermination de nos amis camerounais à créer toutes les conditions de la croissance, tout cela me conforte dans l'idée que Camerounais et Français doivent faire la route ensemble pour valoriser les extraordinaires atouts de votre pays.
C'est d'abord sa situation exceptionnelle. Situation géographique et historique, au carrefour des cultures et des hommes, et qui en fait tout naturellement un lieu de rencontre, une plaque tournante des échanges dans la région, la porte d'entrée vers l'Afrique centrale, un pont entre les mondes francophone et anglophone. On le voit bien ici, à Douala, capitale économique du Cameroun, bruissante de vie et d'activités, grâce à son port idéalement placé. Douala qui se diversifie et où se concentre la grande majorité des sièges sociaux des entreprises du pays. Je profite de cette tribune pour saluer ses responsables économiques, ceux en particulier appartenant à la Chambre de commerce, d'industrie et des mines du Cameroun, au groupement inter-patronal, au Gicam et au Syndustricam, qui nous font l'amitié de leur présence.
Le Cameroun, ce sont d'inestimables richesses naturelles. Celles du sous-sol, avec le pétrole, le gaz, les ressources minières dont beaucoup demeurent encore inexploitées. Celles de l'agriculture qui placent votre pays parmi les tout premiers exportateurs de bois, de cacao, de café.
Le Cameroun a aussi cette chance de compter parmi les pays d'Afrique les plus stables. Ici, la paix sociale a permis de mener à bien les réformes et l'assainissement économique entrepris, Monsieur le Premier ministre, sous votre sage autorité.
Aujourd'hui, chacun peut constater les excellents résultats enregistrés depuis quelques années. Je rappellerai simplement que l'inflation est maîtrisée à 3 %, que la croissance est soutenue, à un rythme de 5 %, et que les échanges extérieurs du pays sont excédentaires. Ce sont des résultats enviables, qui récompensent à juste titre les courageux efforts consentis pour respecter le Programme d'ajustement structurel, essentiel pour le pays mais avec, évidemment, un coût social toujours difficile à supporter par les populations.
Votre pays sait qu'il peut compter sur le soutien de la communauté internationale, qui vient d'ailleurs de le lui renouveler par le passage réussi au conseil d'administration du FMI, et notamment sur celui de la France qui n'a cessé de l'appuyer auprès de ses partenaires et dans les instances multilatérales. Les récentes décisions prises au G7 de Cologne, avec l'appui résolu de la France, offrent au Cameroun de nouvelles perspectives pour un traitement plus favorable de sa dette, au fur et a mesure des progrès de l'accord conclu avec le FMI.
Parmi les atouts du Cameroun, je compte bien sûr, Monsieur le Premier ministre, sur votre volonté d'ouvrir résolument votre pays aux échanges, à l'entreprise et à l'économie de marché.
Vous créez les conditions propices à l'installation et au développement des entreprises. Il faut en effet leur offrir un environnement juridique clair, stable et respecté par tous. Je sais, et je m'en félicite, que le président de la République en a fait une priorité lors de ses voeux à la nation au début de cette année.
Vous avez engagé le Cameroun dans la grande aventure de l'intégration régionale, au travers de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC). La ratification du traité par le Cameroun et le passage à la TVA sont des éléments déterminants dans le processus d'intégration régionale qui se met en place. Je sais que votre pays abritera, en novembre prochain, les "journées CEMAC" qui réuniront les opérateurs économiques de cette région ainsi que des investisseurs étrangers. Ce mouvement de rapprochement économique et financier va dans le bon sens car il offre aux entrepreneurs, créateurs de richesses et d'emploi, de nouvelles perspectives d'échanges et de développement.
Des atouts naturels et humains incomparables : un cadre assaini ; des réformes structurelles audacieuses et qui, déjà, portent leurs fruits ; un vaste marché réunissant les pays d'Afrique centrale et qui va créer une dynamique nouvelle. Eh bien, j'invite les entreprises françaises à s'engager davantage au Cameroun.
Le Cameroun dont la France est déjà un partenaire majeur. Avec 130 filiales et plus d'une centaine d'établissements de droit local, les entreprises françaises concourent pleinement à la vie économique du pays. Elles participent aussi à l'emploi, à travers les 26.000 salariés qui y travaillent. Enfin, la France maintient un niveau d'investissement substantiel, avec quelque 20 % des capitaux investis dans votre pays et plus de la moitié des investissements étrangers. Et je note que de nouvelles entreprises projettent de s'y établir, notamment dans le secteur du bâtiment et des travaux publics.
Je relève également, avec satisfaction, que la dynamique d'échanges entre nos deux pays connaît, depuis près d'un an, une vive accélération. Je sais que nos patronats respectifs - le GICAM, le CIAN et le MEDEF, dont je salue ici les représentants - approfondissent une relation d'amitié et de coopération fructueuse. Ce dialogue confiant s'est traduit par la signature, en décembre 1998, d'une importante convention de partenariat. Une délégation d'une quarantaine d'entreprises françaises s'est rendue au Cameroun à cette occasion. Et je me réjouis qu'en retour, nous, Français, nous préparions à recevoir, dans les prochains mois, une délégation camerounaise conduite au plus haut niveau, par vous-même, Monsieur le Premier ministre.
Je note aussi que les régions françaises les plus dynamiques viennent étudier avec leurs partenaires camerounais les opportunités d'investissements réciproques ou d'échanges commerciaux fructueux pour nos deux pays. Ainsi plusieurs missions venant des régions de Rouen et de Marseille se sont succédées ici, la Chambre de commerce de Bordeaux était parmi vous le mois dernier et sera suivie par celle de Montpellier.
D'importants projets se dessinent, vitaux pour votre industrialisation et votre développement. C'est le cas dans les domaines notamment de l'agro-industrie, de l'adduction d'eau, des infrastructures électriques ou celles des télécommunications. Or, nous, Français, avons le savoir-faire, la puissance industrielle, les ingénieurs et les techniciens qui peuvent vous aider à construire le Cameroun de demain. Nous y sommes prêts.
Vous le voyez, la France, fidèle à notre amitié, se tient à vos côtés dans la voie de votre développement.
Elle est solidaire de vos efforts en soutenant la coopération entre l'Union européenne et les pays africains parties aux accords de Lomé, actuellement en cours de renégociation. A ce titre, et notamment sur la question si importante de la banane, la détermination française à préserver les intérêts des pays producteurs africains, dont le Cameroun, ne faiblira pas.
La France est solidaire en maintenant sa coopération et en plaidant partout en faveur de l'aide publique. Je rappelle que notre priorité, dans toutes les instances multilatérales, c'est aujourd'hui le traitement équitable de la dette qui, trop souvent, obère les capacités de développement des pays africains.
Et la France est avec vous, si vous le souhaitez, pour moderniser votre économie, construire avec vous les infrastructures et l'outil industriel qui vous permettront d'aborder l'avenir en confiance. Et c'est à vous, chefs d'entreprise, de relayer l'action des gouvernements, de consolider les réformes et les succès, d'esquisser de nouveaux projets, bref, c'est vous qui devez transformer l'essai. D'avance, je vous remercie. Je vous souhaite bon travail et bon appétit./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 août 1999)