Texte intégral
M. le député maire,
cher Jean-Marie,
M. le sénateur maire,
M. le député maire,
M. le préfet,
M. le directeur des Affaires culturelles,
Mmes et MM. les élus et tout particulièrement M. l'adjoint à la Culture de la ville de Mulhouse,
mesdames et messieurs les responsables et animateurs des Equipements culturels de cette ville
- je tiens à saluer en particulier Christopher Kranz -
Mmes et MM.,
et très cher Jean-Pierre Reynaud,
Je voudrais tout d'abord vous dire combien je suis heureuse d'être aujourd'hui à Mulhouse, y avoir passé du temps à tes côtés, Jean-Marie, pour cette visite que nous nous étions promis de faire depuis déjà longtemps. Je tenais en effet à saluer particulièrement l'effort considérable que déploie, sous l'impulsion de son maire, l'équipe municipale en matière de politique culturelle. Qu'il s'agisse des musées, qu'il s'agisse du patrimoine, du spectacle vivant, depuis l'orchestre symphonique jusqu'au Noumatrouff. Qu'il s'agisse de la création contemporaine ou de la lecture publique, l'offre culturelle, l'investissement dans la culture pour vos concitoyens est ici, M. le maire, d'une étonnante richesse et d'une très grande diversité.
C'est, j'en suis convaincue, un gage d'avenir pour votre ville. Nous étions il y a peu, tous ensemble, à la Filature, l'une des plus belles institutions de notre réseau de scènes nationales, cette Filature qui est une très forte illustration de la place que vous faites à la création pluridisciplinaire et de la présence vivante des artistes dans la cité. J'ai pu y voir l'intensité du travail d'un jour ordinaire - puisque, me dit-on, rien n'avait été arrangé pour mon passage - cette intensité d'un jour ordinaire qui témoigne de l'engagement de Christopher Kranz et de toute son équipe. Une équipe qui est passionnément engagée aux côtés des artistes qui font de votre ville, qui font de cette agglomération un lieu privilégié pour la création.
Dans ce contexte tout à fait remarquable, foisonnant d'initiatives, je suis d'autant plus heureuse d'inaugurer avec vous la magnifique oeuvre que la ville de Mulhouse vient de se donner grâce à Jean-Pierre Reynaud. Je dois dire que ce qui donne sens et force à cette création c'est l'oeuvre elle-même, c'est le propos intime de l'artiste qui l'a nourri, mais c'est aussi ce terreau sur lequel elle vient s'inscrire et c'est parce que vous menez cette politique culturelle et éducative ambitieuse que je trouve que cette commande publique prend véritablement tout son sens. Je vois en effet ici s'affirmer de façon très évidente, une politique - celle de la commande publique - qui tout en contribuant à l'enrichissement du cadre de vie et au développement du patrimoine, témoigne de l'engagement précieux de l'artiste d'aujourd'hui dans la vie de la cité, et diverses formes d'expression des artistes nous rappellent, et il en est bien besoin aujourd'hui, que le repli sur soi, la nostalgie des temps passés aveuglent le regard posé sur une société qui, elle, est, forcément et constamment en mouvement. Je crois qu'on ne peut pas tourner le dos aux nouvelles formes de la création contemporaine.
Nous avons besoin d'elles. L'oeuvre de l'artiste se nourrit de ce mouvement mais ce mouvement, il est également entraîné par l'oeuvre de l'artiste. La diversité culturelle qui est au coeur de la politique que nous menons avec Lionel Jospin et que nous nous efforçons de faire partager à beaucoup de pays amis. Cette diversité culturelle elle est pour moi, elle doit être, synonyme d'audace, de découverte, de tolérance, d'ambition pour une société ouverte, moderne, et c'est pourquoi la présence de l'artiste au sein de la cité est véritablement une des chances de notre société. La présence de l'art dans l'espace public, hors des lieux qui lui sont traditionnellement consacrés, même si ces lieux sont importants nous le savons, est tout autant l'enrichissement du patrimoine qu'une vraie rencontre avec nos concitoyens.
C'est une véritable chance d'élargissement de l'audience de la création dans une société qui, souvent accaparée par les forces économiques, accaparée par des confrontations matérielles rudes, pourrait perdre de vue le sens profond de notre vie commune. L'art dans l'espace public, c'est ce rappel finalement des enjeux et des chances fondamentales de notre " vivre ensemble ", de notre espace commun. Sur ma proposition, un décret va très prochainement être publié, qui élargira le champ d'application de ce fameux 1 % du coût des constructions publiques à la réalisation des oeuvres d'art. Cette mesure ouvrira de nouvelles opportunités d'un accès plus large de tous à l'art contemporain, et développera aussi les possibilités d'intervention des artistes au sein de la cité.
l y a quelques jours, le premier ministre, Lionel Jospin, a inauguré un nouveau site de création contemporaine au Palais de Tokyo à Paris, un site qui est destiné à être un lieu très libre de fabrication de l'art en train de naître ; qui est destiné à accueillir toutes les nouvelles formes d'expression et cet espace très original témoigne de la création française dans toute sa force, dans sa diversité, dans ses contradictions aussi. Il offre un bel exemple je crois de la politique culturelle qui est conduite depuis 1997 et qui, pour reprendre les propos du premier ministre à l'occasion justement de cette inauguration, cette politique qui aide sans contraindre, qui protège sans étouffer, qui démocratise tout en respectant le cheminement singulier des créateurs.
L'effort important en faveur de la culture, en y consacrant 1 % du budget de l'État, traduit cette forte priorité que Lionel Jospin s'est engagé à maintenir. Je tiens à remercier de tout coeur l'artiste, vous, Jean-Pierre Reynaud, pour le total engagement qui a été le vôtre, tout au long des différentes phases de ce projet décidé en 1998 pour célébrer le bicentenaire du rattachement de la ville de Mulhouse à la République française. Avec ses fûts blancs et maintenant éclairés, en cette entrée de ville, l'oeuvre de Jean-Pierre Reynaud, par la sobriété et la force de ses éléments, par la rigueur aussi de la dialectique visuelle qu'elle engage avec son environnement, saura j'en suis sûre, très vite, devenir un signal fort d'identification pour Mulhouse, pour ses habitants et ses visiteurs.
t je dois dire que j'ai été convaincue et émue par le propos de Jean-Pierre Reynaud, rattachant ce geste fort de création ici à Mulhouse, à tous les gestes de création que lui-même a porté à travers le monde dans d'autres villes. Je dois dire - et je tiens à le dire en votre présence à tous - qu'il est rare, non seulement qu'un grand créateur s'engage aussi intimement, aussi personnellement, dans la conception d'une oeuvre, au point d'avoir noué - j'ai pu le voir cet après-midi - une relation forte, une relation d'amitié avec les porteurs du projet, avec votre maire, avec l'adjoint à la Culture, avec tous ceux j'imagine, les entreprises qui ont porté ça, mais il est encore plus rare qu'à travers ces relations de proximité un artiste se sente aussi pleinement engagé dans la vie de la cité, dans la vie des citoyens et que, pour eux et avec eux, ils tracent une perspective ouverte sur le monde.
Je trouve qu'au début de ce XXIe siècle, c'est un gage de l'intelligence au sens fort du terme, que les grands artistes, les grands créateurs, peuvent mettre dans notre monde, non pas pour apporter des réponses toutes faites aux interrogations de ce monde, mais pour nous appeler tous au meilleur de nous-mêmes, au plus haut de nos aspirations, et j'en suis sûre aussi au plus fort de nos espoirs. Je voudrais, à propos de ces objets architecture de Jean-Pierre Reynaud, citer le propos d'un très grand critique d'art, Pierre Restany qui a écrit pour parler de vous, de votre oeuvre : " On entre dans l'univers de Jean-Pierre Reynaud comme dans le dédale d'une pyramide, l'intérieur d'une tombe étrusque, ou encore le parcours lumineux d'une cathédrale.
Avec une différence toutefois : nous ne sommes pas là pour honorer nos morts et célébrer un culte rituel, mais pour retrouver une identité plus aiguë de nous-mêmes, la fondamentale réalité de notre insertion dans le monde quotidien, au-delà de tous les croisements du rêve et du banal. " Je voulais citer ce propos parce que je crois qu'il peut être entendu par tous, c'est le propos d'un très grand spécialiste de l'art contemporain, c'est aussi le propos d'un humaniste qui situe ainsi l'ambition de cette aventure souvent contestée de la présence de l'art dans la cité.
Et aux abords de cette entrée de ville, en ce lieu matériel de croisements et d'échanges, cette oeuvre permettra à qui la verra, j'en suis sûre, de retrouver cette identité plus aiguë de lui-même dont nous parle Pierre Restany.
Il me reste à remercier toutes celles et ceux qui ont accepté de participer à l'exigeante entreprise que constitue toujours la réalisation d'une commande publique, et qui, je le pense en ce jour d'inauguration, face à ces éclatants piliers, trouvent une récompense légitime à tous leurs efforts. Permettez-moi, Jean-Pierre Reynaud, permettez-moi, M. le maire et vous tous amis et citoyens de Mulhouse, de dédier cet acte fort aux jeunes générations de Mulhouse, aux jeunes générations aussi des régions et des pays voisins et amis qui, en entrant ici, grâce à vous, grâce au choix audacieux que vous avez fait ensemble, reconnaîtront à Mulhouse le chemin de leur avenir.
Bravo encore et merci à tous.
(source http://www.culture gouv.fr, le 25 février 2002)
cher Jean-Marie,
M. le sénateur maire,
M. le député maire,
M. le préfet,
M. le directeur des Affaires culturelles,
Mmes et MM. les élus et tout particulièrement M. l'adjoint à la Culture de la ville de Mulhouse,
mesdames et messieurs les responsables et animateurs des Equipements culturels de cette ville
- je tiens à saluer en particulier Christopher Kranz -
Mmes et MM.,
et très cher Jean-Pierre Reynaud,
Je voudrais tout d'abord vous dire combien je suis heureuse d'être aujourd'hui à Mulhouse, y avoir passé du temps à tes côtés, Jean-Marie, pour cette visite que nous nous étions promis de faire depuis déjà longtemps. Je tenais en effet à saluer particulièrement l'effort considérable que déploie, sous l'impulsion de son maire, l'équipe municipale en matière de politique culturelle. Qu'il s'agisse des musées, qu'il s'agisse du patrimoine, du spectacle vivant, depuis l'orchestre symphonique jusqu'au Noumatrouff. Qu'il s'agisse de la création contemporaine ou de la lecture publique, l'offre culturelle, l'investissement dans la culture pour vos concitoyens est ici, M. le maire, d'une étonnante richesse et d'une très grande diversité.
C'est, j'en suis convaincue, un gage d'avenir pour votre ville. Nous étions il y a peu, tous ensemble, à la Filature, l'une des plus belles institutions de notre réseau de scènes nationales, cette Filature qui est une très forte illustration de la place que vous faites à la création pluridisciplinaire et de la présence vivante des artistes dans la cité. J'ai pu y voir l'intensité du travail d'un jour ordinaire - puisque, me dit-on, rien n'avait été arrangé pour mon passage - cette intensité d'un jour ordinaire qui témoigne de l'engagement de Christopher Kranz et de toute son équipe. Une équipe qui est passionnément engagée aux côtés des artistes qui font de votre ville, qui font de cette agglomération un lieu privilégié pour la création.
Dans ce contexte tout à fait remarquable, foisonnant d'initiatives, je suis d'autant plus heureuse d'inaugurer avec vous la magnifique oeuvre que la ville de Mulhouse vient de se donner grâce à Jean-Pierre Reynaud. Je dois dire que ce qui donne sens et force à cette création c'est l'oeuvre elle-même, c'est le propos intime de l'artiste qui l'a nourri, mais c'est aussi ce terreau sur lequel elle vient s'inscrire et c'est parce que vous menez cette politique culturelle et éducative ambitieuse que je trouve que cette commande publique prend véritablement tout son sens. Je vois en effet ici s'affirmer de façon très évidente, une politique - celle de la commande publique - qui tout en contribuant à l'enrichissement du cadre de vie et au développement du patrimoine, témoigne de l'engagement précieux de l'artiste d'aujourd'hui dans la vie de la cité, et diverses formes d'expression des artistes nous rappellent, et il en est bien besoin aujourd'hui, que le repli sur soi, la nostalgie des temps passés aveuglent le regard posé sur une société qui, elle, est, forcément et constamment en mouvement. Je crois qu'on ne peut pas tourner le dos aux nouvelles formes de la création contemporaine.
Nous avons besoin d'elles. L'oeuvre de l'artiste se nourrit de ce mouvement mais ce mouvement, il est également entraîné par l'oeuvre de l'artiste. La diversité culturelle qui est au coeur de la politique que nous menons avec Lionel Jospin et que nous nous efforçons de faire partager à beaucoup de pays amis. Cette diversité culturelle elle est pour moi, elle doit être, synonyme d'audace, de découverte, de tolérance, d'ambition pour une société ouverte, moderne, et c'est pourquoi la présence de l'artiste au sein de la cité est véritablement une des chances de notre société. La présence de l'art dans l'espace public, hors des lieux qui lui sont traditionnellement consacrés, même si ces lieux sont importants nous le savons, est tout autant l'enrichissement du patrimoine qu'une vraie rencontre avec nos concitoyens.
C'est une véritable chance d'élargissement de l'audience de la création dans une société qui, souvent accaparée par les forces économiques, accaparée par des confrontations matérielles rudes, pourrait perdre de vue le sens profond de notre vie commune. L'art dans l'espace public, c'est ce rappel finalement des enjeux et des chances fondamentales de notre " vivre ensemble ", de notre espace commun. Sur ma proposition, un décret va très prochainement être publié, qui élargira le champ d'application de ce fameux 1 % du coût des constructions publiques à la réalisation des oeuvres d'art. Cette mesure ouvrira de nouvelles opportunités d'un accès plus large de tous à l'art contemporain, et développera aussi les possibilités d'intervention des artistes au sein de la cité.
l y a quelques jours, le premier ministre, Lionel Jospin, a inauguré un nouveau site de création contemporaine au Palais de Tokyo à Paris, un site qui est destiné à être un lieu très libre de fabrication de l'art en train de naître ; qui est destiné à accueillir toutes les nouvelles formes d'expression et cet espace très original témoigne de la création française dans toute sa force, dans sa diversité, dans ses contradictions aussi. Il offre un bel exemple je crois de la politique culturelle qui est conduite depuis 1997 et qui, pour reprendre les propos du premier ministre à l'occasion justement de cette inauguration, cette politique qui aide sans contraindre, qui protège sans étouffer, qui démocratise tout en respectant le cheminement singulier des créateurs.
L'effort important en faveur de la culture, en y consacrant 1 % du budget de l'État, traduit cette forte priorité que Lionel Jospin s'est engagé à maintenir. Je tiens à remercier de tout coeur l'artiste, vous, Jean-Pierre Reynaud, pour le total engagement qui a été le vôtre, tout au long des différentes phases de ce projet décidé en 1998 pour célébrer le bicentenaire du rattachement de la ville de Mulhouse à la République française. Avec ses fûts blancs et maintenant éclairés, en cette entrée de ville, l'oeuvre de Jean-Pierre Reynaud, par la sobriété et la force de ses éléments, par la rigueur aussi de la dialectique visuelle qu'elle engage avec son environnement, saura j'en suis sûre, très vite, devenir un signal fort d'identification pour Mulhouse, pour ses habitants et ses visiteurs.
t je dois dire que j'ai été convaincue et émue par le propos de Jean-Pierre Reynaud, rattachant ce geste fort de création ici à Mulhouse, à tous les gestes de création que lui-même a porté à travers le monde dans d'autres villes. Je dois dire - et je tiens à le dire en votre présence à tous - qu'il est rare, non seulement qu'un grand créateur s'engage aussi intimement, aussi personnellement, dans la conception d'une oeuvre, au point d'avoir noué - j'ai pu le voir cet après-midi - une relation forte, une relation d'amitié avec les porteurs du projet, avec votre maire, avec l'adjoint à la Culture, avec tous ceux j'imagine, les entreprises qui ont porté ça, mais il est encore plus rare qu'à travers ces relations de proximité un artiste se sente aussi pleinement engagé dans la vie de la cité, dans la vie des citoyens et que, pour eux et avec eux, ils tracent une perspective ouverte sur le monde.
Je trouve qu'au début de ce XXIe siècle, c'est un gage de l'intelligence au sens fort du terme, que les grands artistes, les grands créateurs, peuvent mettre dans notre monde, non pas pour apporter des réponses toutes faites aux interrogations de ce monde, mais pour nous appeler tous au meilleur de nous-mêmes, au plus haut de nos aspirations, et j'en suis sûre aussi au plus fort de nos espoirs. Je voudrais, à propos de ces objets architecture de Jean-Pierre Reynaud, citer le propos d'un très grand critique d'art, Pierre Restany qui a écrit pour parler de vous, de votre oeuvre : " On entre dans l'univers de Jean-Pierre Reynaud comme dans le dédale d'une pyramide, l'intérieur d'une tombe étrusque, ou encore le parcours lumineux d'une cathédrale.
Avec une différence toutefois : nous ne sommes pas là pour honorer nos morts et célébrer un culte rituel, mais pour retrouver une identité plus aiguë de nous-mêmes, la fondamentale réalité de notre insertion dans le monde quotidien, au-delà de tous les croisements du rêve et du banal. " Je voulais citer ce propos parce que je crois qu'il peut être entendu par tous, c'est le propos d'un très grand spécialiste de l'art contemporain, c'est aussi le propos d'un humaniste qui situe ainsi l'ambition de cette aventure souvent contestée de la présence de l'art dans la cité.
Et aux abords de cette entrée de ville, en ce lieu matériel de croisements et d'échanges, cette oeuvre permettra à qui la verra, j'en suis sûre, de retrouver cette identité plus aiguë de lui-même dont nous parle Pierre Restany.
Il me reste à remercier toutes celles et ceux qui ont accepté de participer à l'exigeante entreprise que constitue toujours la réalisation d'une commande publique, et qui, je le pense en ce jour d'inauguration, face à ces éclatants piliers, trouvent une récompense légitime à tous leurs efforts. Permettez-moi, Jean-Pierre Reynaud, permettez-moi, M. le maire et vous tous amis et citoyens de Mulhouse, de dédier cet acte fort aux jeunes générations de Mulhouse, aux jeunes générations aussi des régions et des pays voisins et amis qui, en entrant ici, grâce à vous, grâce au choix audacieux que vous avez fait ensemble, reconnaîtront à Mulhouse le chemin de leur avenir.
Bravo encore et merci à tous.
(source http://www.culture gouv.fr, le 25 février 2002)