Texte intégral
Madame la ministre,
Dans quelques minutes, après cette cérémonie de signature, va s'ouvrir la Commission mixte franco-nigérienne. Avant ce moment important dans l'évolution de nos relations de coopération, je suis très heureux de procéder avec vous, dès mon arrivée, à la signature de ces quatre conventions entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République du Niger qui prévoient leur financement par le Fonds de solidarité prioritaire. C'est un outil majeur de notre coopération avec les pays de la Zone de la solidarité prioritaire, qui regroupe les partenaires privilégiés de la France, et dont le Niger fait bien sûr partie.
Ces conventions sont destinées à rendre opérationnelles, dans les domaines qui sont les leurs, les orientations de partenariat que la Commission mixte va confirmer dans les deux prochains jours.
Elles représentent un engagement du gouvernement français à hauteur de 4 200 000 euros, soit près de 3 milliards de FCFA. Elles concernent quatre secteurs essentiel de notre coopération.
1. La première porte sur l'amélioration des conditions de vie des ménages pour un montant de 1 800 000 euros mobilisés sur les audits du Fonds social de développement, qui comme vous le savez est l'instrument de la coopération française spécialement destiné au financement de micro-projets à caractères sociaux, identifiés le plus souvent par les organisations de la société civile, mais aussi par les collectivités territoriales ou l'administration ;
2. La seconde convention s'applique au développement culturel, pour un montant de 380 000 euros qui vont être consacrés à la professionnalisation des acteurs et des entreprises culturelles au Niger. Elle correspond en grande partie à des formations spécialisées d'appui à la culture et à un accompagnement au niveau institutionnel ;
3. La troisième doit promouvoir la participation des populations au développement économique à travers le projet de renforcement de vos organisations professionnelles pour un montant de 1 million d'euros ;
4. Enfin, la quatrième convention, d'un montant de 930 000 euros, concerne la gestion des ressources naturelles. Elle prévoit l'extension et le renforcement d'un réseau national d'observatoires de surveillance écologique à long terme. Ce réseau à caractère régional situé dans le cadre de l'observatoire du Sahara et du Sahel, consolidera le Niger dans les débats et instances internationaux en matière d'environnement.
Je rappelle à ce propos que le Fond français pour l'environnement mondial vient également, le 19 mars dernier, d'approuver un projet régional de protection et de repeuplement des antilopes sahelo-sahariennes pour lequel le Niger est directement concerné. Ces engagements montrent l'intérêt que la France accorde aux questions d'environnement et de biens publics mondiaux, tout particulièrement en zone sahélienne.
Ces quatre conventions illustrent la variété des thèmes abordés. C'est sans doute là une des particularités de la coopération franco-nigérienne qui, tout en restant concentrée sur quelques grands objectifs, ne s'interdit aucun des sujets que les autorités nationales identifient comme thèmes potentiels de partenariat dans le cadre des politiques de développement du Niger.
Cependant, un examen plus attentif permet de déceler un certain nombre de points communs qui constituent également des éléments caractéristiques de notre coopération.
Le premier de ces points communs est le rôle central donné aux acteurs dans le processus de développement. La diversité des porteurs d'initiatives constitue la richesse d'un processus dynamique de développement et les mécanismes d'appui aux projets doivent pouvoir à la fois rencontrer cette diversité et être en mesure de promouvoir ces dynamismes. C'est le cas à travers le soutien aux micro-projets, qu'ils soient d'origine publique, communautaire ou portés par des ONG. On le voit à travers le renforcement des acteurs cruciaux du développement que sont les organisations paysannes, ou encore dans l'appui apporté aux promoteurs de l'identité nigérienne que sont les acteurs culturels.
Le second point commun est l'attention portée à l'articulation entre l'action de l'Etat et celle des acteurs civils ou privés. Tous ces projets seront pilotés par des structures partenariales entre l'Etat nigérien et la représentation française au Niger, des structures de pilotage auxquelles viennent parfois s'adjoindre des représentants de la société civile. Les structures publiques encadrent et pilotent bien entendu ces projets, mais ces projets s'appliquent clairement au bénéfice des acteurs du développement eux-mêmes. Ce mécanisme est équilibré. Il permet à chacun de jouer son rôle. Le renforcement des organisations paysannes, qui prend appui sur le ministère du Développement agricole, est en cela un bon exemple dans un secteur d'une importance toute particulière.
A travers ces deux spécificités de la coopération franco-nigérienne, je suis heureux de voir combien les conventions signées aujourd'hui s'inscrivent étroitement dans la "stratégie de réduction de la pauvreté" que le Niger a récemment adopté. Qu'il me soit permis à cette occasion de témoigner de la réaction très positive que cette stratégie a provoqué lors de son examen dans les enceintes internationales, et de féliciter le gouvernement du Niger pour avoir mené à bien cet exercice dans le temps prévu, malgré un agenda de réforme que tout le monde sait bien chargé.
La troisième et dernière caractéristique que j'attribuerai à la coopération franco-nigérienne est sa réactivité. La complexité et l'incertitude des processus de développement, et de l'environnement économique, social et institutionnel qui les conditionnent, font que parfois les projets déclinés de manière trop rigide peinent à s'adapter et à répondre vraiment à une demande effective des acteurs du développement. Au contraire, ces conventions s'appliquent, dans des conditions bien définies d'éligibilité, à renforcer les capacités et à appuyer les dynamismes des porteurs d'initiative.
Voici donc de bons outils mis à la disposition de notre commission mixte franco-nigérienne. Je sais qu'elle en fera le meilleur usage.
Je vous remercie.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 avril 2002)