Texte intégral
Mesdames et Messieurs, je suis heureux de vous rencontrer ce matin. Je suis à la troisième journée de mon voyage au Brésil. C'est un voyage que je souhaitais faire pour bien montrer l'importance que la France attache à des relations denses et régulières avec le Brésil. Ce n'est pas un voyage qui est, à vrai dire, justifié par le fait d'avoir à régler des contentieux, des problèmes, puisque nous n'avons pas de contentieux. Le seul point sur lequel nous avions des approches un peu différentes, était la question de la libéralisation des échanges entre l'Union européenne et le Mercosur. Or, un compromis a été trouvé avant le Sommet de Rio. Nous avons fixé un schéma et un calendrier de négociations. Nous n'avons donc plus de problèmes de principe. Nous avons simplement à mener cette négociation qui doit débuter le mois prochain. J'ai donc pu consacrer ma visite et mes entretiens au développement de la coopération bilatérale entre les deux pays. J'ai été reçu d'une façon particulièrement chaleureuse et cordiale par le président de la République, ainsi que par le ministre des Affaires étrangères. Nous avons passé en revue tous les sujets qui nous intéressent : le dialogue politique, la coopération économique, la coopération culturelle, l'échange des vues sur ce qui se passe en Amérique latine et en Europe, les perspectives de négociations dont j'ai parlé tout à l'heure, les grands sujets dont s'occupe le Conseil de sécurité - l'Iraq, les Balkans, les Grands lacs, l'Afrique en général. Ces entretiens ont confirmé que nous avons une vision du monde qui est très proche. Nous pensons que le monde ne doit pas être unipolaire. Nous devons tous participer à l'élaboration de règles du jeu. Il n'y a donc pas simplement entre la France et le Brésil une bonne coopération, il y a aussi de vraies affinités intellectuelles. Ce n'est pas étonnant lorsque l'on connaît les relations entre les deux pays et l'énorme sympathie mutuelle. Et notre travail d'aujourd'hui est de faire en sorte que cette amitié, cette sympathie trouvent une expression pour aujourd'hui et pour demain dans tous les domaines. Tous les contacts que j'ai eus, ont été passionnants aussi bien à Brasilia et à Sao Paulo, qu'à Rio de Janeiro. Je viens de passer plus d'une heure avec des personnalités du monde universitaire, de la culture, avec des intellectuels : c'était extrêmement stimulant.
Q - (Sur les relations Brésil/Argentine et les négociations Mercosur/Europe).
R - Je crois que le projet du Mercosur est un projet qui a une grande force. En Europe nous y sommes favorables, parce qu'il est utile à l'équilibre du monde. Le Mercosur traverse des difficultés. En Europe, cela nous est arrivé souvent. J'ai confiance dans les responsables brésiliens, argentins et des autres pays. Je sais que des élections se déroulent dans plusieurs pays. Il y aura des responsables et j'ai confiance dans le fait que ces responsables sauront trouver la réponse adéquate. Et cela ne nous empêchera pas d'ouvrir les négociations dont nous avons parlé tout à l'heure, et de les ouvrir comme prévu.
Q - (Sur l'Iraq)
R - La discussion avec le Brésil est très importante puisque ce pays est actuellement membre du Conseil de sécurité. Notre position sur ce plan est de convaincre le Brésil, ainsi que les autres membres du Conseil de sécurité, du bien-fondé de notre position. Nous en avons en effet parlé. Sur l'Iraq, il faut distinguer deux choses. Tout d'abord, la question des frappes anglo-américaines des derniers mois - et nous avons dit à ce sujet que nous ressentions un malaise devant ces actions ; nous ne comprenons pas très bien au nom de quoi elles sont menées, ni dans quel but. Ensuite, et c'est le vrai problème, le problème de fond : la question de l'embargo. Il s'agit de savoir comment assurer la sécurité régionale sans avoir à employer ce moyen un peu primitif qu'est l'embargo. Et c'est là-dessus que nous discutons. A partir des résolutions prises par le Conseil de sécurité en 1991, nous avons fait des propositions qui permettraient un contrôle sérieux de tout éventuel réarmement du régime iraquien et un contrôle sérieux des revenus financiers que l'Iraq aurait retirés de la vente de son pétrole si l'embargo était levé. C'est ce contrôle qui nous permettrait de lever cet embargo, aux conséquences humaines et sociales extrêmement cruelles. La discussion a lieu au sein du Conseil, à propos d'un texte britannique que nous ne trouvons pas mauvais en ce qui concerne le mécanique de contrôle, mais que nous ne trouvons pas satisfaisant s'agissant de l'éventuelle levée de l'embargo. Nous ne pouvons donc voter le texte tel qu'il est. La discussion continue.
Q - (Sur le Timor Oriental)
R - En ce qui concerne le Timor, la France est totalement partie prenante de tout ce qui a été préparé et mis en oeuvre par les Nation unies. Nous pensons que le schéma mis en place par les Nations unies devrait permettre une stabilité et une sécurité au Timor. Dans l'immédiat, sur les questions urgentes, nous avons demandé que l'Indonésie contrôle strictement tous ses représentants, les forces qui se réclament d'elles. Et j'ajoute que j'ai été naturellement en liaison avec mon homologue portugais - c'est un usage. Evidemment, c'est un sujet que j'ai abordé avec le président Cardoso et le ministre Lampreia. Il y a une démarche internationale par rapport à l'Indonésie pour qu'elle fasse respecter l'ordre, mais si elle ne contrôle peut-être pas tout ce qui se passe, elle a certainement une possibilité d'influence. L'Indonésie a changé d'attitude sur cette question. Son intérêt est donc d'aller jusqu'au bout de cette nouvelle attitude.
Q - (Protectionnisme au sein du Mercosur)
R - Qu'entendez-vous par modèle protectionniste ? Ce n'est pas à moi de juger les relations entre le Brésil et l'Argentine. Par contre, ce qui me change, c'est d'entendre parler du protectionnisme des autres, alors qu'en général on entend parler d'une façon que je trouve un peu mécanique, du protectionnisme européen - ce qui m'étonne toujours parce que, quand on regarde les exportations du Mercosur vers l'Europe et quand on les compare aux exportations du Mercosur vers l'ALENA, ce n'est pas tellement les problèmes de l'Europe qui devraient être posés. Votre question a l'avantage de mettre le projecteur ailleurs, mais je ne suis pas là pour porter des jugements. Les pays du Mercosur ont subi le contrecoup d'un certain nombre de crises mondiales qui sont le résultat d'une dérégulation qui a dépassé toutes les limites du raisonnable. Des économies ont été frappées par des phénomènes qui surviennent de l'autre côté du monde et dans lesquels elles n'ont aucune sorte de responsabilité. Dans ces cas là, il vaut mieux réagir d'une façon coordonnée, si c'est possible. Evidemment, dans l'urgence, certains pays peuvent réagir de façon divergente. Je ne me prononce pas plus. Je répète simplement ce que j'ai dit tout à l'heure, je pense que les responsables du Mercosur trouveront les réponses adéquates, l'enjeu est beaucoup trop important pour ne pas les trouver.
Q - (Etat des négociations Mercosur/Union européenne)
R - Ce qui a été décidé avant le Sommet de Rio constitue l'évolution fondamentale. Avant qu'il y ait un accord sur le calendrier de la négociation, on pouvait se poser des questions théoriques. Or précisément il y a eu un accord. On ne peut donc plus maintenant se poser les mêmes questions. Si les points de vue étaient complètement incompatibles, l'Europe et les pays du Mercosur n'auraient pas pu se mettre d'accord sur les négociations. Les négociations vont commencer le mois prochain. Ce n'est pas une négociation entre la France et le Brésil. C'est une négociation entre le Mercosur et les Quinze européens. Les Quinze de l'Union européenne vont élaborer un mandat de négociation qui sera ensuite menée par la Commission européenne. Nous allons donc rencontrer des difficultés moins théoriques, plus concrètes. Je rappelle simplement deux choses. Tout d'abord, il s'agit d'une libéralisation progressive et réciproque qui ne porte pas uniquement sur l'agriculture, mais qui englobe également l'industrie et les services. Cela posera des problèmes des deux côtés. Deuxièmement, cette négociation s'achèvera après la conclusion du cycle de l'OMC. Tout simplement parce qu'il serait absurde de conclure une négociation entre deux groupes pour qu'elle soit ensuite remise en cause par la grande négociation de l'OMC. Le temps des procès d'intention est terminé, je crois. Il faut garder nos forces pour la négociation qui va être difficile, mais si nous nous sommes mis d'accord sur ce schéma, c'est que nous pensons que nous avons quelque chose à y gagner, d'un côté comme de l'autre.
Q - (Sur les Etats Unis, l'Europe et les zones de libre échange avec l'Amérique latine)
R - Si on regarde les chiffres actuels, les exportations agricoles et industrielles du Mercosur vers l'ALENA représentent 2,7 milliards de dollars et les exportations du Mercosur vers l'Europe plus de 11 milliards de dollars. Dans les faits, c'est actuellement l'Europe qui est la plus ouverte. C'est vous dire que notre position n'est pas fondée sur une éventuelle crainte de notre part à propos de ce projet de zone de libre échange ALENA. Sa réalisation éventuelle suppose que soient surmontés beaucoup d'obstacles encore. Notre démarche par rapport au Mercosur est fondée sur un raisonnement positif. Je l'ai dit tout à l'heure : nous pensons qu'un Mercosur fort sera utile à l'équilibre du monde. Pour aider à ce renforcement, nous savons que la concertation politico-diplomatique, même si elle est importante, ne suffit pas. Nous acceptons l'idée qu'une libéralisation progressive entre le Mercosur et l'Union européenne puisse y contribuer. J'attire d'ailleurs votre attention sur le fait que l'on ne parle pas de zone de libre échange, mais de libéralisation progressive et réciproque. Nous savons que cela va poser des problèmes du côté européen ; nous savons que cela en posera aussi aux pays du Mercosur. On discutera et on finira par trouver un équilibre, un compromis. On le fait parce que l'enjeu global le mérite et ce n'est pas parce qu'on se sent menacé par une concurrence. Tant mieux, si par ailleurs les autres négociations progressent.
Q - (Sur les difficultés particulières à prévoir durant les négociations)
R - Si j'évoque les difficultés que causeront ces négociations, c'est parce qu'il me paraît plus honnête de le dire que de faire comme si elles ne se posaient que d'un côté. On sait très bien que cela posera des problèmes en matière agricole du côté des Européens et que cela posera des problèmes du côté Mercosur en ce qui concerne l'industrie et les services. C'est pour cela que nous fixons comme objectif une libéralisation progressive qui ménage des étapes pour l'adaptation. Je suis incapable de vous dire, à l'avance, à quel moment surgiront les difficultés. Je ne peux pas vous dire quel compromis exact on va trouver. Ce serait une futurologie hasardeuse. Et puis, cela dépend aussi de l'état des négociations globales de l'OMC. Personne n'est capable de dire comment cela va se passer. Les derniers grands cycles du GATT ont tous été plus compliqués et plus longs que ce que l'on pouvait penser au départ.
Je suis donc content que l'on ait trouvé un compromis sur le schéma et le calendrier des négociations. Je suis convaincu aussi que l'on trouvera, au bout du compte, un accord, mais je ne peux pas en dire plus. Je ne sais pas comment cela se passera. Il faut que l'on se prépare sérieusement.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 septembre 1999)
Q - (Sur les relations Brésil/Argentine et les négociations Mercosur/Europe).
R - Je crois que le projet du Mercosur est un projet qui a une grande force. En Europe nous y sommes favorables, parce qu'il est utile à l'équilibre du monde. Le Mercosur traverse des difficultés. En Europe, cela nous est arrivé souvent. J'ai confiance dans les responsables brésiliens, argentins et des autres pays. Je sais que des élections se déroulent dans plusieurs pays. Il y aura des responsables et j'ai confiance dans le fait que ces responsables sauront trouver la réponse adéquate. Et cela ne nous empêchera pas d'ouvrir les négociations dont nous avons parlé tout à l'heure, et de les ouvrir comme prévu.
Q - (Sur l'Iraq)
R - La discussion avec le Brésil est très importante puisque ce pays est actuellement membre du Conseil de sécurité. Notre position sur ce plan est de convaincre le Brésil, ainsi que les autres membres du Conseil de sécurité, du bien-fondé de notre position. Nous en avons en effet parlé. Sur l'Iraq, il faut distinguer deux choses. Tout d'abord, la question des frappes anglo-américaines des derniers mois - et nous avons dit à ce sujet que nous ressentions un malaise devant ces actions ; nous ne comprenons pas très bien au nom de quoi elles sont menées, ni dans quel but. Ensuite, et c'est le vrai problème, le problème de fond : la question de l'embargo. Il s'agit de savoir comment assurer la sécurité régionale sans avoir à employer ce moyen un peu primitif qu'est l'embargo. Et c'est là-dessus que nous discutons. A partir des résolutions prises par le Conseil de sécurité en 1991, nous avons fait des propositions qui permettraient un contrôle sérieux de tout éventuel réarmement du régime iraquien et un contrôle sérieux des revenus financiers que l'Iraq aurait retirés de la vente de son pétrole si l'embargo était levé. C'est ce contrôle qui nous permettrait de lever cet embargo, aux conséquences humaines et sociales extrêmement cruelles. La discussion a lieu au sein du Conseil, à propos d'un texte britannique que nous ne trouvons pas mauvais en ce qui concerne le mécanique de contrôle, mais que nous ne trouvons pas satisfaisant s'agissant de l'éventuelle levée de l'embargo. Nous ne pouvons donc voter le texte tel qu'il est. La discussion continue.
Q - (Sur le Timor Oriental)
R - En ce qui concerne le Timor, la France est totalement partie prenante de tout ce qui a été préparé et mis en oeuvre par les Nation unies. Nous pensons que le schéma mis en place par les Nations unies devrait permettre une stabilité et une sécurité au Timor. Dans l'immédiat, sur les questions urgentes, nous avons demandé que l'Indonésie contrôle strictement tous ses représentants, les forces qui se réclament d'elles. Et j'ajoute que j'ai été naturellement en liaison avec mon homologue portugais - c'est un usage. Evidemment, c'est un sujet que j'ai abordé avec le président Cardoso et le ministre Lampreia. Il y a une démarche internationale par rapport à l'Indonésie pour qu'elle fasse respecter l'ordre, mais si elle ne contrôle peut-être pas tout ce qui se passe, elle a certainement une possibilité d'influence. L'Indonésie a changé d'attitude sur cette question. Son intérêt est donc d'aller jusqu'au bout de cette nouvelle attitude.
Q - (Protectionnisme au sein du Mercosur)
R - Qu'entendez-vous par modèle protectionniste ? Ce n'est pas à moi de juger les relations entre le Brésil et l'Argentine. Par contre, ce qui me change, c'est d'entendre parler du protectionnisme des autres, alors qu'en général on entend parler d'une façon que je trouve un peu mécanique, du protectionnisme européen - ce qui m'étonne toujours parce que, quand on regarde les exportations du Mercosur vers l'Europe et quand on les compare aux exportations du Mercosur vers l'ALENA, ce n'est pas tellement les problèmes de l'Europe qui devraient être posés. Votre question a l'avantage de mettre le projecteur ailleurs, mais je ne suis pas là pour porter des jugements. Les pays du Mercosur ont subi le contrecoup d'un certain nombre de crises mondiales qui sont le résultat d'une dérégulation qui a dépassé toutes les limites du raisonnable. Des économies ont été frappées par des phénomènes qui surviennent de l'autre côté du monde et dans lesquels elles n'ont aucune sorte de responsabilité. Dans ces cas là, il vaut mieux réagir d'une façon coordonnée, si c'est possible. Evidemment, dans l'urgence, certains pays peuvent réagir de façon divergente. Je ne me prononce pas plus. Je répète simplement ce que j'ai dit tout à l'heure, je pense que les responsables du Mercosur trouveront les réponses adéquates, l'enjeu est beaucoup trop important pour ne pas les trouver.
Q - (Etat des négociations Mercosur/Union européenne)
R - Ce qui a été décidé avant le Sommet de Rio constitue l'évolution fondamentale. Avant qu'il y ait un accord sur le calendrier de la négociation, on pouvait se poser des questions théoriques. Or précisément il y a eu un accord. On ne peut donc plus maintenant se poser les mêmes questions. Si les points de vue étaient complètement incompatibles, l'Europe et les pays du Mercosur n'auraient pas pu se mettre d'accord sur les négociations. Les négociations vont commencer le mois prochain. Ce n'est pas une négociation entre la France et le Brésil. C'est une négociation entre le Mercosur et les Quinze européens. Les Quinze de l'Union européenne vont élaborer un mandat de négociation qui sera ensuite menée par la Commission européenne. Nous allons donc rencontrer des difficultés moins théoriques, plus concrètes. Je rappelle simplement deux choses. Tout d'abord, il s'agit d'une libéralisation progressive et réciproque qui ne porte pas uniquement sur l'agriculture, mais qui englobe également l'industrie et les services. Cela posera des problèmes des deux côtés. Deuxièmement, cette négociation s'achèvera après la conclusion du cycle de l'OMC. Tout simplement parce qu'il serait absurde de conclure une négociation entre deux groupes pour qu'elle soit ensuite remise en cause par la grande négociation de l'OMC. Le temps des procès d'intention est terminé, je crois. Il faut garder nos forces pour la négociation qui va être difficile, mais si nous nous sommes mis d'accord sur ce schéma, c'est que nous pensons que nous avons quelque chose à y gagner, d'un côté comme de l'autre.
Q - (Sur les Etats Unis, l'Europe et les zones de libre échange avec l'Amérique latine)
R - Si on regarde les chiffres actuels, les exportations agricoles et industrielles du Mercosur vers l'ALENA représentent 2,7 milliards de dollars et les exportations du Mercosur vers l'Europe plus de 11 milliards de dollars. Dans les faits, c'est actuellement l'Europe qui est la plus ouverte. C'est vous dire que notre position n'est pas fondée sur une éventuelle crainte de notre part à propos de ce projet de zone de libre échange ALENA. Sa réalisation éventuelle suppose que soient surmontés beaucoup d'obstacles encore. Notre démarche par rapport au Mercosur est fondée sur un raisonnement positif. Je l'ai dit tout à l'heure : nous pensons qu'un Mercosur fort sera utile à l'équilibre du monde. Pour aider à ce renforcement, nous savons que la concertation politico-diplomatique, même si elle est importante, ne suffit pas. Nous acceptons l'idée qu'une libéralisation progressive entre le Mercosur et l'Union européenne puisse y contribuer. J'attire d'ailleurs votre attention sur le fait que l'on ne parle pas de zone de libre échange, mais de libéralisation progressive et réciproque. Nous savons que cela va poser des problèmes du côté européen ; nous savons que cela en posera aussi aux pays du Mercosur. On discutera et on finira par trouver un équilibre, un compromis. On le fait parce que l'enjeu global le mérite et ce n'est pas parce qu'on se sent menacé par une concurrence. Tant mieux, si par ailleurs les autres négociations progressent.
Q - (Sur les difficultés particulières à prévoir durant les négociations)
R - Si j'évoque les difficultés que causeront ces négociations, c'est parce qu'il me paraît plus honnête de le dire que de faire comme si elles ne se posaient que d'un côté. On sait très bien que cela posera des problèmes en matière agricole du côté des Européens et que cela posera des problèmes du côté Mercosur en ce qui concerne l'industrie et les services. C'est pour cela que nous fixons comme objectif une libéralisation progressive qui ménage des étapes pour l'adaptation. Je suis incapable de vous dire, à l'avance, à quel moment surgiront les difficultés. Je ne peux pas vous dire quel compromis exact on va trouver. Ce serait une futurologie hasardeuse. Et puis, cela dépend aussi de l'état des négociations globales de l'OMC. Personne n'est capable de dire comment cela va se passer. Les derniers grands cycles du GATT ont tous été plus compliqués et plus longs que ce que l'on pouvait penser au départ.
Je suis donc content que l'on ait trouvé un compromis sur le schéma et le calendrier des négociations. Je suis convaincu aussi que l'on trouvera, au bout du compte, un accord, mais je ne peux pas en dire plus. Je ne sais pas comment cela se passera. Il faut que l'on se prépare sérieusement.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 septembre 1999)