Texte intégral
Bilan Juppé - Chirac
Le bilan d'Alain Juppé, c'est bien sûr celui de Jacques Chirac, puisque cette doublette de choc a décidé d'être inséparable. En 1995, en effet, après son élection, parlant de son équipe avec le Premier Ministre, Chirac affirmait " dans mon esprit, c'est un bail de longue durée ". Manque de chance, c'est un problème immobilier qui va marquer le début des déboires de Juppé, puisqu'il s'est auto attribué un appartement de la ville de Paris à un tarif très avantageux.
C'était mal parti et le reste n'est qu'une époustouflante course à la " plantade ".
Celui que Chirac nommait " le plus brillant d'entre nous " était certainement, calvitie oblige, le plus luisant d'entre eux, mais c'est bien la seule chose qui a brillé.
I- Le passage d'Alain Juppé à Matignon ne laisse en effet que des souvenirs d'échecs, en matière financière, de chômage, d'insécurité, d'immigration et d'indépendance nationale.
1) Jamais les finances publiques n'ont été aussi dégradées qu'après son passage.
En matière fiscale, la doctrine qu'Alain Juppé a appliqué, c'est "baisse promise, hausse due".
Entre mai 1995 et juin 1997, la facture fiscale acquittée par le contribuable s'est accrue de plus de 300 milliards de francs. On ne compte plus les hausses d'impôts d'Alain Juppé :
- la TVA, de 18,6 % à 20,6% ;
- l'impôt sur la fortune et l'impôt sur les sociétés, majorés de 10% ;
- l'augmentation du prix du tabac ;
- la suppression de la ristourne de 42 francs par mois sur les cotisations retraites ;
- la taxation de l'assurance vie, des sicavs, des stocks options ;
- l'augmentation du prix de l'essence ;
- sans oublier, en matière de sécurité sociale, la création du fameux RDS, qui concernera jusqu'aux retraités touchant plus de 3.322 francs par mois, les chômeurs et les invalides.
- c'est aussi l'augmentation des cotisations maladie des chômeurs et des retraités ;
- c'est enfin la création d'une CSG élargie, qui s'applique aux indemnités de licenciements, aux allocations chômage, aux pré-retraites, et à tous les revenus du patrimoine.
Juppé, c'est donc l'injustice sociale et l'injustice fiscale réunies, avec au final une hausse sans précédent des prélèvements obligatoires qui atteindront, officiellement, près de 45% du produit intérieur brut lors de son départ en mai 97.
Et ces impôts n'ont servi une fois de plus qu'à nourrir les gaspillages publiques. Faut-il vraiment, monsieur Juppé, 90 gendarmes pour garder le château de Bity en Corrèze ?
Votre bilan financier, c'est aussi l'extraordinaire augmentation de la dette publique, qui est passée de 4.100 milliards en 1995 à 4.865 milliards en 1997, soit une hausse de près de 20 %.
La dette publique atteignait près de 60 % du PIB lorsque la droite fut battue suite à la dissolution.
Charles Pasqua, aux formules parfois étonnantes, considérait que Juppé " gère la France comme un conseil d'administration ", ce qui est très exagéré puisqu'il existe tout de même des conseils d'administration bien gérés.
A la vérité, la dégradation des finances publiques n'a jamais été aussi forte que sous Juppé et cette dégradation de nos finances, elle s'accompagne du déclin économique de la France : en effet, entre 1995 et 1997, notre pays est passé du 13ème au 18ème rang mondial en matière de richesse par habitant.
C'est la preuve du déclin, la preuve de l'échec absolu du gouvernement Juppé.
2) Cet échec s'étend également à la lutte contre le chômage.
Alain Juppé, fidèle aux vieilles recettes de la technocratie énarchique, pensait résoudre le chômage par décret.
Il n'a su que créer de nouveaux systèmes d'emplois subventionnés : le contrat initiative emploi, les contrats emplois consolidés, les contrats emplois villes, les contrats d'insertion locale, bref rien que des petits boulots qui portent atteinte à la dignité des jeunes et des moins jeunes, qui sont payés par le contribuable, et qui ne servent à rien, sinon à exclure sans cesse plus de gens du marché du travail.
Ces vieilles recettes socialistes, c'est Monsieur Juppé qui les a portées au pinacle.
Cela n'a pas empêché une augmentation officielle de 200.000 chômeurs entre mai 1995 et juin 1997, le pourcentage de la population active au chômage passant sur la période de 11,5 à 12,6 %.
Je précise tout de suite que cette hausse est intervenue alors même que les statistiques étaient manipulées par l'administration de Monsieur Juppé.
En 1995, un avantageux changement du mode de calcul a permis de faire descendre sous la barre des 3 millions le nombre de chômeurs officiels.
Mais en réalité, comme l'a prouvé le rapport du Commissaire au plan Henri Guaino, paru au début de l'année 1997, et qui permet de faire un bilan en matière de chômage puisque Alain Juppé a quitté le gouvernement peu après, le nombre réel de chômeurs est de 6,9 millions car il faut bien évidemment compter dans les chômeurs :
- l'ensemble des personnes qui, découragées, ne s'inscrivent plus les listes de l'ANPE
- tous les travailleurs à temps partiel qui ne l'ont pas choisi et qui le subissent,
- tous les gens en formation,
- tous les apprentis
- tous les emplois subventionnés.
On arrive alors au chiffre exorbitant de 6,9 millions de personnes, qui pour Alain Juppé, sonne comme un coup de canon dans le tympan.
Voilà la réalité de son échec : , un chômage qui n'a jamais été aussi élevé et une pauvreté endémique. En 1997, les SDF, les Rmistes et les nécessiteux étaient plus de 6 millions
3) Après les finances et le chômage, voyons ce qu'il en est de l'insécurité.
Là encore, le bilan de Messieurs Juppé et Chirac est accablant.
Entre 1995 et 1997, selon les statistiques officielles, les agressions contre les personnes ont augmenté de 12,5 %. Le nombre de mineurs délinquants interpellés s'est accru de 22 %.
L'insécurité a donc explosé, et je rappelle que selon l'enquête de victimation de l'INSEE réalisée au titre de l'année 1997, le nombre réel de crimes et délits ne se chiffre pas à 3,5 millions par an ainsi que l'affirme le Ministère de l'Intérieur, mais à plus de 16 millions.
Jamais Monsieur Juppé ne nous a révélé ces chiffres qui mettent gravement en cause l'autorité de l'Etat.
Il faut dire que cette insécurité est très largement alimentée par une immigration déjà quantitativement très importante, et dont le flux ne cesse de grossir.
Je rappelle qu'entre 1995 et 1997, la France a accueilli au moins 250.000 immigrés supplémentaires, sans compter les clandestins.
En France, en matière d'immigration, on a une façon particulière d'établir les statistiques et les chiffres, puisqu'on naturalise à tour de bras : 220.000 français de papier de plus entre 1995 et 1997 !
Cette immigration nourrit, bien sûr, l'insécurité et le chômage et d'autant plus que la loi Debré n'a été qu'un nième faux semblant.
La loi Debré, c'est un nouvel exemple de l'agitation des faux durs de la fausse droite.
Impressionné par l'appel d'une minorité de cinéastes et la manifestation de quelques activistes, le Gouvernement lui-même a vidé la loi de son contenu, pour n'en faire qu'un joujou médiatique à destination de l'électorat Front National, qui ne s'y est pas trompé d'ailleurs, puisqu'il a lourdement sanctionné ces Messieurs lors des élections législatives de 1997.
Mesdames et Messieurs, le bilan Juppé, vous le voyez, est déjà très lourd lorsque l'on envisage l'ensemble des secteurs de l'action publique.
Mais si on se demande ce qu'est devenue l'indépendance nationale sous son règne, on n'est plus seulement effaré, on est absolument confondu.
Alain Juppé, europhile convaincu, a poursuivi la marche vers l'Europe Fédérale.
Il a continué la politique de monnaie forte qui a accru les souffrances sociales de nos compatriotes.
En outre, au nom de la défense européenne, il a démantelé la défense nationale.
Permettez-moi de vous rappeler en effet que la suppression de conscription a été mise en uvre en 1995, car on nous expliquait que la professionnalisation des armées était la panacée.
A la vérité, on est en train de créer une armée au rabais, une armée d'allogènes dénationalisés, une armée incapable de faire face aux menaces du monde contemporain.
Pour remplacer la conscription, Monsieur Millon a instauré un rendez-vous citoyen de cinq jours qui n'en finit plus d'amuser l'ensemble des observateurs internationaux.
Surtout, Juppé et Chirac ont procédé à des coupes claires dans l'ensemble des programmes d'équipement de notre armée, je pense par exemple aux Rafales marines, ainsi qu'à la suppression pure et simple de régiments entiers.
L'armée de terre a été réduite d'un tiers, la capacité opérationnelle de la marine est très faible et notre aviation n'est pas en mesure de faire face à ces missions de transports et de surveillance.
Cette restructuration de l'armée, le mot " restructuration " n'étant pas neutre, surtout quand il s'agit d'une véritable mise en pièce, s'est faite au nom d'une future armée européenne fédérale.
Messieurs Chirac et Kohl ont crée la force de réaction rapide qui, en fait, est surtout une force de réduction rapide.
L'Europe, l'Europe, l'Europe, voilà le grand mot du Gaulliste Alain Juppé. C'est tout de même un peu fort.
II- Incontestablement, Juppé a été le plus mauvais Premier Ministre de la Véme République.
Il laisse le souvenir d'une méthode brouillonne mise en uvre par un socialiste de droite, de surcroît ridiculisé.
Jamais il n'aura fallu si peu de temps à un Président de la République et à un chef de gouvernement pour se mettre à dos une solide partie de leur propre électorat.
Durant sa folle campagne, Chirac, hormis la lune, avait à peu près tout promis, une main sur le cur et l'autre au cul de la vache - il a toujours préféré les tours d'étables aux tours de table !
Conseiller général dans l'âme, notre homme n'affectionne rien autant que les comices agricole et les foires aux bestiaux, dans lesquelles il peut serrer des mains en demandant "comment il va le pépé ?", "comment elle va la mémé? "
Chirac et Juppé avaient tout promis, ils n'ont rien donné, ils ont tout augmenté, et se sont mis tout le monde à dos.
Ils ont réussi à indisposer et à faire descendre régulièrement dans la rue une bonne partie du pays, patrons et médecins, salariés et fonctionnaires, chasseurs et paysans.
" Droit dans ces bottes " et rigide dans sa tête, l'autocrate Juppé n'a su que s'en prendre aux crétins qui ne le comprenait pas.
Il faut bien dire que tout n'était pas très clair
Prenez l'affaire de la Corse.
Qui peu comprendre quelque chose à l'action d'un gouvernement qui savait qu'une conférence de presse massive allait être organisée à Tralonca par les nationaliste en janvier 1996, qui négociait avec eux, n'est-ce pas Monsieur Debré, tout en répétant à l'opinion sa volonté de fermeté, n'est-ce pas Monsieur Juppé ?
Cette méthode de gouvernement brouillonne et hypocrite, c'était de surcroît celle d'un socialiste de droite.
Quoi d'étonnant d'ailleurs pour un admirateur du socialiste Saint Simon ?
Comme tous les technocrates, et comme tous les socialistes, Alain Juppé n'avait que le mot " plan " à la bouche : plan pour la Sécu, plan pour les quartiers en difficulté, plan de relance sectoriel, plan de réforme de la justice...
Avec tous ses plans, il n'a pourtant réussi ni à maîtriser les dépenses, ni à accomplir les réformes nécessaires.
Sa réforme des retraites s'est terminée avec 2 millions de personnes dans la rue.
La réforme du système de soin s'est traduite par le mécontentement de l'ensemble des professions de santé.
Alors même qu'il s'était engagé à ne pas rationner les soins, Alain Juppé a crée un plafond de dépense, ainsi qu'un système de sanctions collectives pour les médecins en cas de dépassement. Il a gelé leurs honoraires en 1996 et 1997. Il a lancé une maîtrise comptable des dépense qui a appauvri l'hôpital public, lequel manque aujourd'hui de moyens, de personnels, d'équipements. On ne compte plus les suppressions de service, chirurgie ou maternité, partout sur le territoire national, tout cela s'inscrivant naturellement dans un plan, le plan de gestion régional de la santé.
Le résultat, on le connaît, un échec sans précédent et une défaite électorale retentissante. Ils n'ont toujours pas compris pourquoi.
Il faut dire qu'Alain Juppé, partage avec son compère Chirac le fait d'être ridicule.
Ridicule, il l'a été dans certaines affaires de justice, notamment lorsque Toubon, Ministre de la Justice, a décidé d'aller faire chercher par hélicoptère le procureur Laurent Davenas, en train de faire de l'alpinisme dans l'Himalaya, afin de tirer Xavière Tiberi des griffes de son adjoint, monsieur Hubert Desjardin qui la soupçonnait de détournement de fonds publics par le biais du Conseil Général de l'Essonne.
Ridicule, il l'a également été dans certaines affaires internationales, notamment lorsqu'il a été humilié par son homologue chinois, à Paris même, qui lui a interdit de faire allusion aux droits de l'homme et qui a obtenu satisfaction !
Mais en la matière, Juppé n'est qu'un disciple débutant de Chirac.
Après s'être disputé comme un vulgaire marchand du temple avec un policier israélien un peu trop accaparant lors d'un voyage officiel, ce qui a fait de lui la risée des chancelleries, Jacques Chirac a également trouvé le moyen de s'excuser auprès d'un journaliste italien de la Stampa de ne pas parler espagnol, sans même parler de la fois où il a demande à un joueur de l'équipe de France de Handball " Do you speak french ? ".
Ridicule et maladroits sont décidément les mots qui qualifient le mieux Chirac et Juppé.
Ce sont les deux mots qui permettent de juger leur décision de dissoudre l'Assemblée Nationale en 1997.
Sans doute, le Président de la République en tire un certain bénéfice : on ne peut lui reprocher quoi que ce soit car depuis quatre ans, il n'a rien fait.
Mais qu'on ne demande à personne de le prendre pour un candidat crédible et sérieux, ni de considérer Alain Juppé comme " le meilleur d'entre nous ", alors même que plus personne n'en veut, même le Club " le Siècle " qui l'avait un temps accueilli en son sein.
(source http://www.front-national.com, le 12 février 2002)