Texte intégral
S. Paoli - 16 candidats à la présidentielle. Faut-il voir dans ce trop-plein un signe de bonne santé de la démocratie ou au contraire un délitement de la politique ? La politique pose-t-elle d'ailleurs les bonnes questions dans cette campagne ? En faisant de l'insécurité, des retraites ou de la fiscalité les enjeux principaux du débat, les candidats passent-ils à côté des citoyens qui, aujourd'hui encore, placent la lutte contre le chômage au premier plan de leurs préoccupations ? Un petit mot sur le Proche-Orient à propos de ce que vient de déclarer le Président Bush et la décision du Conseil de sécurité la nuit dernière ; qu'en pensez-vous ?
- "Je partage en tout point l'analyse de D. Bromberger. Souvent, on méconnaît ce qui se passe dans cette partir du monde. Bien évidemment, c'est un drame, à la fois pour les Israéliens et pour les Palestiniens ; et la recrudescence de l'antisémitisme en France est une honte. Derrière tout cela, il faut savoir qu'il y a le terrorisme et vis-à-vis du terrorisme, il faut être clair : on ne transige pas. Sans doute Arafat a-t-il été imprudent ou a-t-il mené double jeu, je n'en sais rien. Mais à un moment donné, il a laissé faire et plus encore, il a libéré les terroristes qui ne veulent pas la paix, ils veulent la guerre, ils veulent la disparition de l'Etat d'Israël, ils veulent tout faire pour empêcher la paix. Tant qu'on ne remettra pas ces terroristes en prison ou qu'on ne les empêchera pas de nuire, il n'y aura pas d'accord de paix possible. Voilà ma conviction. Peut-on encore le faire avec Arafat, Arafat est-il encore un interlocuteur ayant du poids et une autorité ? C'est une grande question à laquelle je suis incapable de répondre, mais j'ai des doutes."
Vous croyez que Sharon veut vraiment la paix ?
- "Les Israéliens et les Palestiniens veulent la paix, ils ont vocation à vivre ensemble sur le même territoire ; on ne va pas faire une partition ethnique, on ne va pas faire un mur entre les deux ! Il y aura forcément toujours des Israéliens dans les territoires palestiniens et surtout beaucoup de Palestiniens dans les territoires israéliens. Ils ont vocation à vivre ensemble, à échanger et à travailler ensemble. Si j'étais père de famille palestinien, je n'aurais qu'une seule envie : celle de pouvoir travailler, de pouvoir élever mes enfants, de pouvoir leur faire suivre des études, de pouvoir les faire accéder à l'université. Je pense donc qu'il y a peut-être une phase - je dis cela sous toute réserve, parce que cette région du monde est compliquée - intermédiaire : on arrête le terrorisme, les Israéliens laissent les territoires avec un retrait militaire, et de l'autre côté, on essaie de trouver les accords d'échanges économiques qui retissent des liens entre les hommes et les femmes et qui permettent ensuite une solution de paix."
Si vous étiez président de la République, pour réveiller un peu les Français qui, apparemment, s'ennuient beaucoup, que leur diriez-vous d'abord ?
- "Je vous ai écouté, il y a un instant, dire que les Français en avaient un peu assez, ce qui est vrai, qu'ils ne voyaient pas la différence entre les programmes... C'est sans doute un drame de cette élection présidentielle, alors que nous avons des enjeux extrêmement importants. C'est un rendez-vous important, la première élection présidentielle du nouveau siècle, avec des tas de défis, des tas de réformes que nous avons pas faites, gelées depuis sept ans, cinq ans de cohabitation qui ont aggravé la situation. Bref, on a tout de même beaucoup de choses à faire dans les temps qui viennent. Cette élection présidentielle, si elle était bien menée, peut être et doit être un permis de réformer la France. Et on a le sentiment que tout s'enlise dans des projets extrêmement tièdes, dans une course au centre entre J. Chirac et L. Jospin, dont, vous l'avez dit, deux tiers des Français ne voient ce qui les différencie. Vous évoquiez il y a un instant la sécurité : il faut savoir dire que sur la sécurité, tout le monde a plus ou moins évolué..."
Et surtout, apparemment, les Français attendent autre chose que ça ! L'enquête Démoscopie - Les Echos d'hier est intéressante, parce que les Français mettent d'abord la lutte contre le chômage dans leur première préoccupation.
- "Je vais y revenir. Mais le problème de l'insécurité est un problème très grave. Vous pouvez aller à la sortie des écoles voir les parents qui en ont assez de la violence, du racket, des gens qui ont peur quand ils rentrent tard dans les cités. Il ne faut pas nier la question, elle est réellement posée au coeur de cette campagne électorale. De part et d'autre, du côté de la gauche et du côté de la droite, les projets se sont rapprochés - même si j'ai moi-même quelques idées supplémentaires - sur ce que je disais, vous en êtes le témoin, il y a quelques années. Ce n'est donc pas la peine de faire de faux débats sur cette question de la sécurité. L'essentiel sera de mettre en oeuvre la politique ferme, et notamment celle qui consiste à donner les moyens à la justice de faire respecter la loi, d'avoir des centres pour accueillir les mineurs en nombre suffisant et faire en sorte qu'on ait suffisamment de place dans les prisons de façon à ce que la loi soit respectée. Mais vous avez raison de dire que [concernant] la question économique, dont on disait il y a un an qu'elle ne serait pas posée dans cette campagne électorale, j'ai toujours dit le contraire ; elle est à nouveau posée. Le problème de l'emploi reste un problème extrêmement grave. Je ne vous suivais pas tout à l'heure dans le raccourci que vous sembliez faire en disant que les Français ne s'intéressent pas à la baisse des impôts, mais ils s'intéressent à l'emploi ; l'un et l'autre sont liés. Si je veux retrouver le plein-emploi - et je suis de ceux qui croient que le plein-emploi est possible -, je suis totalement en désaccord avec les solutions socialistes qui pensaient il y a quelque temps qu'il y avait de moins en moins d'emplois en France et qu'il fallait donc partager, avec les 35 heures, la pénurie des derniers emplois. Les emplois ne se partagent pas, ils s'inventent, ils se multiplient et le multiplicateur d'emplois, ça s'appelle un entrepreneur. Mais vous êtes plus ou moins motivés à créer, à innover, à avancer, à embaucher, à investir, suivant que la fiscalité et les réglementations vous facilitent la vie ou vous entravent. Si sur 100 euros de richesse supplémentaire, l'Etat et les organismes publics en prélèvent 70, vous mettez les pieds sur le frein et vous allonger votre week-end. Si l'Etat vous en prélève 30, vous retrousser les manches. C'est ce qui fait la différence entre un point de croissance en plus ou un point de croissance en moins, c'est ce qui fait la différence entre les entreprises qui embauchent et celles qui licencient, c'est ce qui fait la différence entre les bonnes feuilles de paie et les mauvaises. Voilà pourquoi nous avons besoin d'une réforme globale - et pas la baisse des impôts, comme certains le disent -, une réforme globale pour avoir une fiscalité moderne, adaptée à la nouvelle croissance. Mais il faut être raisonnable, vous ne pouvez pas dire que vous voulez baisser les impôts d'un côté si, de l'autre côté, vous ne dites pas que vous voulez baisser les dépenses publiques et que vous vous attaquez à la réforme de l'Etat. Or, dans cette campagne électorale, je suis le seul à dire clairement qu'il faut franchement, hardiment baisser les dépenses publiques et réformer l'Etat pour gager une vraie réforme de la fiscalité."
Vous vous appuyez plus sur une réforme de la fiscalité que sur une hypothèse de croissance ? Tout le débat porte sur ces fameux 3 % sur les 5 ans qui viennent.
- "C'est absurde ! On raconte n'importe quoi ! La croissance n'est pas quelque chose que l'on constate, c'est quelque chose que l'on fabrique, avec des gens qui vont être plus ou moins incités à innover, à entreprendre, à créer et à embaucher. La croissance, on la constate après. J'entends certains candidats dire qu'ils vont baisser les impôts quand il y aura de la croissance : mais ils n'ont rien compris ! On baisse d'abord les impôts pour avoir la croissance, c'est l'inverse. D'ailleurs, il ne s'agit pas seulement de baisser les impôts, parce qu'il ne faut pas tout focaliser là-dessus, mais libérer le travail. Je suis le seul candidat à combattre résolument les 35 heures. Je veux bien qu'on travaille moins, je suis pour la révolution du temps libéré, la révolution du temps choisi, que des femmes décident de travailler à mi-temps, que l'on travaille plus à une certaine période de sa vie, moins à une autre période - c'est le temps choisi. Mais la durée du temps de travail ne doit pas être, dans la loi, la même pour tous, de la grande entreprise à la petite entreprise, c'est absurde ! Elle doit être dans le contrat des partenaires sociaux. Là encore, je suis le seul."
Ici, on n'a pas goût pour les petites phrases, sauf qu'il y en a une que vous avez prononcée et qui demande explication : quand vous dites que vous serez "dans l'opposition à L. Jospin après le deuxième tour", vous considérez d'ores et déjà qu'il a gagné ?!
- "Non, pas du tout. Un journaliste me demandait : "Si L. Jospin était président de la République, que feriez-vous ?". Je serais clairement dans l'opposition à L. Jospin, je ne me vois pas dans un gouvernement de L. Jospin. Mais je ferais tout pour que L. Jospin ne soit pas Président, parce que je pense qu'il est aujourd'hui totalement inapte à engager le moindre début de réforme dans le sens que je souhaite, car il est ligoté - tout le monde le voit - par les partenaires de sa majorité plurielle et il est prisonnier des gros bataillons du corporatisme de l'immobilisme qui le soutiennent. Si réforme il y a, elle ne peut se faire qu'à droite, que du côté de l'opposition. J'ai soutenu ces réformes avec J. Chirac en 1995. Aujourd'hui, J. Chirac est très en retrait, c'est la raison pour laquelle je suis candidat pour mettre un peu d'audace dans le premier tour. Plus nous serons nombreux à dire que nous voulons les réformes au premier tour, plus nous aurons des chances de les voir appliquer après le second tour."
Soyons lucides : si aviez un peu de mal au premier tour, vous appelleriez à voter Chirac au deuxième ?
- "Je demanderai à ce que les réformes que je propose, ou une grande partie d'entre elles, soient mises dans la corbeille du rassemblement de l'opposition au second tour. Je ne vois pas pourquoi J. Chirac ne se prêterait pas à ce jeu, puisque beaucoup de ces réformes, nous les avions défendues ensemble en 1995. Je n'ai pas changé."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 8 avril 2002)
- "Je partage en tout point l'analyse de D. Bromberger. Souvent, on méconnaît ce qui se passe dans cette partir du monde. Bien évidemment, c'est un drame, à la fois pour les Israéliens et pour les Palestiniens ; et la recrudescence de l'antisémitisme en France est une honte. Derrière tout cela, il faut savoir qu'il y a le terrorisme et vis-à-vis du terrorisme, il faut être clair : on ne transige pas. Sans doute Arafat a-t-il été imprudent ou a-t-il mené double jeu, je n'en sais rien. Mais à un moment donné, il a laissé faire et plus encore, il a libéré les terroristes qui ne veulent pas la paix, ils veulent la guerre, ils veulent la disparition de l'Etat d'Israël, ils veulent tout faire pour empêcher la paix. Tant qu'on ne remettra pas ces terroristes en prison ou qu'on ne les empêchera pas de nuire, il n'y aura pas d'accord de paix possible. Voilà ma conviction. Peut-on encore le faire avec Arafat, Arafat est-il encore un interlocuteur ayant du poids et une autorité ? C'est une grande question à laquelle je suis incapable de répondre, mais j'ai des doutes."
Vous croyez que Sharon veut vraiment la paix ?
- "Les Israéliens et les Palestiniens veulent la paix, ils ont vocation à vivre ensemble sur le même territoire ; on ne va pas faire une partition ethnique, on ne va pas faire un mur entre les deux ! Il y aura forcément toujours des Israéliens dans les territoires palestiniens et surtout beaucoup de Palestiniens dans les territoires israéliens. Ils ont vocation à vivre ensemble, à échanger et à travailler ensemble. Si j'étais père de famille palestinien, je n'aurais qu'une seule envie : celle de pouvoir travailler, de pouvoir élever mes enfants, de pouvoir leur faire suivre des études, de pouvoir les faire accéder à l'université. Je pense donc qu'il y a peut-être une phase - je dis cela sous toute réserve, parce que cette région du monde est compliquée - intermédiaire : on arrête le terrorisme, les Israéliens laissent les territoires avec un retrait militaire, et de l'autre côté, on essaie de trouver les accords d'échanges économiques qui retissent des liens entre les hommes et les femmes et qui permettent ensuite une solution de paix."
Si vous étiez président de la République, pour réveiller un peu les Français qui, apparemment, s'ennuient beaucoup, que leur diriez-vous d'abord ?
- "Je vous ai écouté, il y a un instant, dire que les Français en avaient un peu assez, ce qui est vrai, qu'ils ne voyaient pas la différence entre les programmes... C'est sans doute un drame de cette élection présidentielle, alors que nous avons des enjeux extrêmement importants. C'est un rendez-vous important, la première élection présidentielle du nouveau siècle, avec des tas de défis, des tas de réformes que nous avons pas faites, gelées depuis sept ans, cinq ans de cohabitation qui ont aggravé la situation. Bref, on a tout de même beaucoup de choses à faire dans les temps qui viennent. Cette élection présidentielle, si elle était bien menée, peut être et doit être un permis de réformer la France. Et on a le sentiment que tout s'enlise dans des projets extrêmement tièdes, dans une course au centre entre J. Chirac et L. Jospin, dont, vous l'avez dit, deux tiers des Français ne voient ce qui les différencie. Vous évoquiez il y a un instant la sécurité : il faut savoir dire que sur la sécurité, tout le monde a plus ou moins évolué..."
Et surtout, apparemment, les Français attendent autre chose que ça ! L'enquête Démoscopie - Les Echos d'hier est intéressante, parce que les Français mettent d'abord la lutte contre le chômage dans leur première préoccupation.
- "Je vais y revenir. Mais le problème de l'insécurité est un problème très grave. Vous pouvez aller à la sortie des écoles voir les parents qui en ont assez de la violence, du racket, des gens qui ont peur quand ils rentrent tard dans les cités. Il ne faut pas nier la question, elle est réellement posée au coeur de cette campagne électorale. De part et d'autre, du côté de la gauche et du côté de la droite, les projets se sont rapprochés - même si j'ai moi-même quelques idées supplémentaires - sur ce que je disais, vous en êtes le témoin, il y a quelques années. Ce n'est donc pas la peine de faire de faux débats sur cette question de la sécurité. L'essentiel sera de mettre en oeuvre la politique ferme, et notamment celle qui consiste à donner les moyens à la justice de faire respecter la loi, d'avoir des centres pour accueillir les mineurs en nombre suffisant et faire en sorte qu'on ait suffisamment de place dans les prisons de façon à ce que la loi soit respectée. Mais vous avez raison de dire que [concernant] la question économique, dont on disait il y a un an qu'elle ne serait pas posée dans cette campagne électorale, j'ai toujours dit le contraire ; elle est à nouveau posée. Le problème de l'emploi reste un problème extrêmement grave. Je ne vous suivais pas tout à l'heure dans le raccourci que vous sembliez faire en disant que les Français ne s'intéressent pas à la baisse des impôts, mais ils s'intéressent à l'emploi ; l'un et l'autre sont liés. Si je veux retrouver le plein-emploi - et je suis de ceux qui croient que le plein-emploi est possible -, je suis totalement en désaccord avec les solutions socialistes qui pensaient il y a quelque temps qu'il y avait de moins en moins d'emplois en France et qu'il fallait donc partager, avec les 35 heures, la pénurie des derniers emplois. Les emplois ne se partagent pas, ils s'inventent, ils se multiplient et le multiplicateur d'emplois, ça s'appelle un entrepreneur. Mais vous êtes plus ou moins motivés à créer, à innover, à avancer, à embaucher, à investir, suivant que la fiscalité et les réglementations vous facilitent la vie ou vous entravent. Si sur 100 euros de richesse supplémentaire, l'Etat et les organismes publics en prélèvent 70, vous mettez les pieds sur le frein et vous allonger votre week-end. Si l'Etat vous en prélève 30, vous retrousser les manches. C'est ce qui fait la différence entre un point de croissance en plus ou un point de croissance en moins, c'est ce qui fait la différence entre les entreprises qui embauchent et celles qui licencient, c'est ce qui fait la différence entre les bonnes feuilles de paie et les mauvaises. Voilà pourquoi nous avons besoin d'une réforme globale - et pas la baisse des impôts, comme certains le disent -, une réforme globale pour avoir une fiscalité moderne, adaptée à la nouvelle croissance. Mais il faut être raisonnable, vous ne pouvez pas dire que vous voulez baisser les impôts d'un côté si, de l'autre côté, vous ne dites pas que vous voulez baisser les dépenses publiques et que vous vous attaquez à la réforme de l'Etat. Or, dans cette campagne électorale, je suis le seul à dire clairement qu'il faut franchement, hardiment baisser les dépenses publiques et réformer l'Etat pour gager une vraie réforme de la fiscalité."
Vous vous appuyez plus sur une réforme de la fiscalité que sur une hypothèse de croissance ? Tout le débat porte sur ces fameux 3 % sur les 5 ans qui viennent.
- "C'est absurde ! On raconte n'importe quoi ! La croissance n'est pas quelque chose que l'on constate, c'est quelque chose que l'on fabrique, avec des gens qui vont être plus ou moins incités à innover, à entreprendre, à créer et à embaucher. La croissance, on la constate après. J'entends certains candidats dire qu'ils vont baisser les impôts quand il y aura de la croissance : mais ils n'ont rien compris ! On baisse d'abord les impôts pour avoir la croissance, c'est l'inverse. D'ailleurs, il ne s'agit pas seulement de baisser les impôts, parce qu'il ne faut pas tout focaliser là-dessus, mais libérer le travail. Je suis le seul candidat à combattre résolument les 35 heures. Je veux bien qu'on travaille moins, je suis pour la révolution du temps libéré, la révolution du temps choisi, que des femmes décident de travailler à mi-temps, que l'on travaille plus à une certaine période de sa vie, moins à une autre période - c'est le temps choisi. Mais la durée du temps de travail ne doit pas être, dans la loi, la même pour tous, de la grande entreprise à la petite entreprise, c'est absurde ! Elle doit être dans le contrat des partenaires sociaux. Là encore, je suis le seul."
Ici, on n'a pas goût pour les petites phrases, sauf qu'il y en a une que vous avez prononcée et qui demande explication : quand vous dites que vous serez "dans l'opposition à L. Jospin après le deuxième tour", vous considérez d'ores et déjà qu'il a gagné ?!
- "Non, pas du tout. Un journaliste me demandait : "Si L. Jospin était président de la République, que feriez-vous ?". Je serais clairement dans l'opposition à L. Jospin, je ne me vois pas dans un gouvernement de L. Jospin. Mais je ferais tout pour que L. Jospin ne soit pas Président, parce que je pense qu'il est aujourd'hui totalement inapte à engager le moindre début de réforme dans le sens que je souhaite, car il est ligoté - tout le monde le voit - par les partenaires de sa majorité plurielle et il est prisonnier des gros bataillons du corporatisme de l'immobilisme qui le soutiennent. Si réforme il y a, elle ne peut se faire qu'à droite, que du côté de l'opposition. J'ai soutenu ces réformes avec J. Chirac en 1995. Aujourd'hui, J. Chirac est très en retrait, c'est la raison pour laquelle je suis candidat pour mettre un peu d'audace dans le premier tour. Plus nous serons nombreux à dire que nous voulons les réformes au premier tour, plus nous aurons des chances de les voir appliquer après le second tour."
Soyons lucides : si aviez un peu de mal au premier tour, vous appelleriez à voter Chirac au deuxième ?
- "Je demanderai à ce que les réformes que je propose, ou une grande partie d'entre elles, soient mises dans la corbeille du rassemblement de l'opposition au second tour. Je ne vois pas pourquoi J. Chirac ne se prêterait pas à ce jeu, puisque beaucoup de ces réformes, nous les avions défendues ensemble en 1995. Je n'ai pas changé."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 8 avril 2002)