Texte intégral
Le Conseil européen accueille avec satisfaction les changements importants qui ont eu lieu en Afrique australe depuis sa réunion à Strasbourg.
Le Conseil européen accueille chaleureusement la conclusion positive du processus qui a amené la Namibie à l'indépendance avec une constitution fondée sur la démocratie pluraliste et les droits de l'homme. La Communauté européenne et ses Etats membres continueront à fournir aide et soutien au peuple de Namibie alors qu'il construit son nouveau pays, en particulier dans le cadre de la nouvelle Convention de Lomé. Ils accueillent avec satisfaction les conversations qui ont eu lieu entre le gouvernement angolais et l'UNITA sous les auspices du Portugal. Ils espèrent qu'une solution au conflit en Angola, ainsi qu'à celui du Mozambique, soit trouvée par le dialogue.
Le Conseil européen accueille avec une grande satisfaction les changements significatifs qui ont eu lieu en Afrique du Sud au cours des derniers mois : la libération de Nelson Mandela et d'autres prisonniers politiques, la levée de l'interdiction d'organisations politiques, la levée substantielle de l'état d'urgence, l'engagement pris par le gouvernement d'abolir le système de l'apartheid et de créer une Afrique du Sud démocratique et non-raciale, et sa volonté d'entamer des négociations sur l'avenir de l'Afrique du Sud avec les représentants de la majorité.
Ils rendent hommage au rôle joué dans la conduite de ces changements par le Président F.W. de Klerk et M. Nelson Mandela. Les efforts déployés par le Président F.W de Klerk pour ouvrir une nouvelle ère en Afrique du Sud témoignent de son esprit visionnaire et de son courage. M. Nelson Mandela, prisonnier pendant 27 ans, a inspiré des millions de Sud-Africains opposés à l'apartheid, faisant ainsi largement la preuve de ses qualités d'homme d'Etat, lesquelles seront nécessaires pour surmonter les épreuves auxquelles l'Afrique du Sud aura à faire face.
L'objectif de la Communauté européenne et de ses Etats membres est le démantèlement complet du système de l'apartheid par des moyens pacifiques et sans délai, et son remplacement par un Etat uni, non-racial et démocratique dans lequel la population tout entière bénéficiera d'une citoyenneté commune et égale et où le respect des droits de l'homme universellement reconnus sera garanti. Ils accueillent avec satisfaction l'engagement conjoint du gouvernement sud-africain et de l'ANC, contenu dans le "Groote Schuur Minute", en faveur de la stabilité et d'un processus pacifique de négociations. Ils appellent toutes les parties en Afrique du Sud à souscrire à ces objectifs. La Communauté européenne et ses Etats membres ont l'intention d'encourager par tous les moyens à leur disposition l'ouverture rapide de négociations conduisant à la création d'une Afrique du Sud unie, non-raciale et démocratique.
Les négociations en vue de l'instauration d'une nouvelle Afrique du Sud doivent s'engager sans délai. Les progrès substantiels accomplis pour lever les obstacles que constituent l'état d'urgence et la détention de prisonniers politiques sont les bienvenus. Le Conseil européen espère un accord rapide entre le gouvernement sud-africain et l'ANC sur les conditions dans lesquelles les exilés pourront retourner et sur la définition des prisonniers politiques menant à leur libération. Le Conseil européen appelle toutes les parties à lever les obstacles qui subsistent à des négociations pacifiques et à s'abstenir de la violence ou de préconiser la violence.
Le Conseil européen reconnaît pleinement qu'une nouvelle Afrique du Sud de l'après-Apartheid doit être capable de disposer de toutes les ressources économiques, y compris l'accès au financement extérieur, nécessaires à sa future prospérité et au plein développement de l'ensemble de sa population. L'Afrique du Sud est confrontée à des problèmes socio-économiques aigus, notamment dans les domaines de l'emploi, de l'éducation et du logement dans le contexte d'un taux élevé de croissance de la population. Ces problèmes ont été exacerbés considérablement par l'Apartheid. Une action positive est nécessaire pour corriger ces déséquilibres.
A travers le programme des mesures positives, la Communauté a, depuis un certain nombre d'années, fourni une aide aux victimes de l'Apartheid.
A la lumière des évolutions récentes en Afrique du Sud, et comme signal clair de soutien politique à ceux qui ont souffert de l'apartheid et de la volonté de contribuer à un nouvel équilibre socio-économique, la Communauté se propose d'augmenter les fonds alloués au titre de ce programme et d'adapter ce dernier aux nécessités de la nouvelle situation, y compris celles concernant le retour et la réinstallation des exilés. Elle accueille avec satisfaction l'attitude positive manifestée par toutes les parties, y compris le nouveau gouvernement sud-africain, à l'égard de ces programmes.
Lors de sa réunion à Strasbourg en décembre dernier, le Conseil européen a décidé que la Communauté et ses Etats membres maintiendraient les pressions qu'ils exercent sur les autorités sud-africaines afin de promouvoir les changements profonds et irréversibles en faveur desquels ils se sont à maintes reprises prononcés. Le Conseil européen affirme sa volonté d'examiner un assouplissement graduel de cette pression quand il apparaîtra clairement que le processus de changement déjà entamé se poursuit dans la direction préconisée à Strasbourg.
Le Conseil européen estime que la nouvelle Afrique du Sud, qui aura mis à profit toute la richesse non seulement de ses ressources naturelles mais également de ses importantes ressources humaines, disposera du potentiel nécessaire pour être le pôle de croissance pour toute l'Afrique australe. Le Conseil européen espère être en mesure d'accueillir, dans un proche avenir, une Afrique du Sud nouvelle, démocratique et économiquement prospère, qui prendra alors la place qui lui revient en tant que nation africaine dans la Communauté internationale.