Texte intégral
Conférence de presse à Dunkerque le 2 mars 2002
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Jacques Chirac vient donc de présenter son programme économique et social. Il dénonce la " fracture fiscale ". Il nous propose de payer moins d'impôt. Tout cela relève d'une démagogie électorale qui n'élève pas le débat démocratique. Pour vous le prouver, je pense qu'il est utile de comparer terme à terme ce programme avec les propositions formulées par Jean-Pierre Chevènement dès le 9 septembre dernier à Vincennes.
Dès 2002, Jacques Chirac veut baisser de 5 % l'impôt sur le revenu pour le réduire d'un tiers en cinq ans. Cette promesse ressemble beaucoup à la politique esquissée par Laurent Fabius. Je rappelle que la moitié des ménages en France ne payent pas d'impôt sur le revenu parce que leurs revenus sont insuffisants. Par ailleurs, en dehors de situations sur lesquelles je n'insisterai pas, cet impôt est le plus lourd pour les revenus les plus élevés. Donc, plus vous êtes aisés, plus Jacques Chirac propose d'accroître votre pouvoir d'achat. Il espère ainsi provoquer une relance par la demande. Mais, la demande des plus riches ne porte pas sur les biens de consommation courante, ceux qui génèrent le plus d'emploi. Ces biens, ils les possèdent déjà.
Jean-Pierre Chevènement veut aussi une relance par la demande. Mais, sa méthode est exactement inverse. Elle allie l'efficacité économique avec la justice sociale. Il propose d'augmenter le SMIC de 25 % sur cinq ans. Au lendemain de son élection, il convoquera une conférence sur les salaires. Cette revalorisation de la feuille de paye conduira à une revalorisation du travail lui-même. La croissance de la demande sera celle des milieux populaires. Elle portera d'abord sur les biens de grande consommation. Elle entraînera de ce fait la création d'emplois.
Jacques Chirac veut baisser les charges, notamment sur les salaires les moins élevés. Il compte financer cette mesure par des traites en blanc sur l'avenir et par la dilapidation du capital national. Jean-Pierre Chevènement souhaite aussi cette baisse du coût du travail. Il propose donc le transfert progressif d'une partie des charges sociales vers la fiscalité. Il faut peu à peu en finir avec un dispositif qui taxe l'emploi. Jacques Chirac reprend en fait des mesures qui ont déjà été utilisées sous de multiples formes depuis vingt ans. Jean-Pierre Chevènement veut résoudre le problème dans la durée.
Jacques Chirac souhaite encore accorder diverses aides aux entreprises et réformer la taxe d'habitation. Ses propres experts estiment le coût de ce programme à trente milliards d'Euros sur cinq ans. Je rappelle en outre que, dans un précédent discours portant sur la sécurité, Jacques Chirac, reprenant les propositions de Jean-Pierre Chevènement qu'il n'avait pas soutenu en son temps, a proposé une loi de programmation pour la police et la gendarmerie et une loi de programmation pour la justice. Enfin, son ex conseiller diplomatique, Pierre Lellouche, a récemment convenu qu'il fallait porter l'effort militaire de la France au niveau de celui de la Grande Bretagne, soit 2,5 % du PIB, alors que nous en sommes à 1,77 %, et les Etats-Unis approchent, eux, les 3 %. Nul ne nous a encore indiqué comment seraient financées ces mesures supplémentaires. Peut être par redéploiement au détriment de l'Ecole ou de la santé !
Mais, je reviens sur les trente milliards qui doivent compenser les baisses d'impôts. Les sept premiers viendront du non respect des engagements européens par Jacques Chirac. L'objectif est d'arriver à l'équilibre des finances publiques en 2004. Il faudra donc demander à la Commission de Bruxelles la permission d'avoir un retard d'au moins trois ans. Jacques Chirac compte sur l'aide de l'Allemagne qui connaît des difficultés économiques. Elle n'a même évité de recevoir un avertissement de cette commission que grâce à un compromis politique entre les ministres des finances.
Jean-Pierre Chevènement veut en finir avec ce système lourd et pesant de négociations perpétuelles pour obtenir des exceptions et des dérogations. Là encore, il souhaite des réformes qui portent sur la durée. La première d'entre elles est celle des statuts de la Banque Centrale Européenne. Ceux-ci lui assignent comme seul objectif la lutte contre l'inflation. Ce combat n'est plus d'actualité. Aujourd'hui, il convient de lui donner deux autres missions : la croissance et l'emploi. Alors, elle pourra pratiquer une politique d'argent à bon marché et le maintien d'un change compétitif. Enfin, les critères arbitraires du pacte de stabilité budgétaire doivent être définitivement assouplis, et non temporairement comme le demande Jacques Chirac.
En réalité, Jacques Chirac propose la politique exactement inverse de celle qu'il nous vantait, il y a encore quelques jours à la télévision. Il nous expliquait que s'il n'avait pas pu tenir ses promesses de 1995, s'il avait perdu les élections de 1997, c'était pour qualifier la France pour l'euro. Et maintenant que l'euro est là, il voudrait nous faire accroire que le carcan se limiterait à des broutilles qui pourraient être contournées sans difficulté majeure. Jean-Pierre Chevènement a toujours combattu la mise en place de ces contraintes, qui relèvent plus de l'idéologie que de l'économie. Mais, aujourd'hui, elles existent. Il ne s'agit pas de jouer avec elles, il s'agit de les réformer pour les rendre les moins nocives possibles.
Jacques Chirac compte trouver sept autres milliards d'euros dans une croissance annuelle de 3 %. C'est une traite en blanc sur l'avenir. Nous sommes actuellement autour de 1,2%. Les esprits les plus optimistes vont jusqu'à 1,5 % pour 2002. Certes, on nous prédit chaque trimestre la reprise pour le trimestre prochain. En fait, telle soeur Anne, la France, comme toute l'Europe, en est réduite à attendre des Etats-Unis la reprise. Pour des raisons compréhensibles qui, toutefois, ne doivent pas dégénérer en croisade contre un supposé axe du mal, les Etats-Unis ont une autre priorité. Bien sûr, il peut y avoir une relance en France par la consommation. Mais, comme je l'ai dit, les mesures de Jacques Chirac ne sont pas vraiment incitatives, contrairement à celles de Jean-Pierre Chevènement.
Enfin, Jacques Chirac escompte quelque seize milliards d'euros de la mise à l'encan des services publics. Il veut poursuivre la politique de Lionel Jospin qui, selon l'INSEE, a vendu mille entreprises publiques ou semi-publiques depuis cinq ans. Cette proposition relève du fils de famille qui liquide l'argenterie de la maison pour compenser son incapacité à gérer la fortune héritée. En France, depuis très longtemps, les services publics impulsent et entraînent l'économie. Ils assurent l'égalité de traitement entre les citoyens et aussi entre les entreprises. Ils participent à l'aménagement du territoire. Enfin, rien ne prouve, bien au contraire, que les entreprises privées sont plus performantes.
Ainsi, France Télécom, où l'Etat possède encore une faible majorité du capital, se trouve en difficulté financière pour avoir acheté des entreprises un peu partout dans le monde. Souvenez-vous, c'était il n'y a pas si longtemps ! C'était il y a à peine quelques mois, quand Lionel Jospin vantait la société de communication, la nouvelle économie et la croissance indéfinie qui devait en découler. Depuis, la bulle spéculative s'est dégonflée. Et, pendant ce temps là, l'équivalent de vingt départements n'est toujours pas couvert en France le téléphone mobile. La dette de France Télécom s'élève à quelque soixante trois milliards d'euros. La situation est tellement grave que l'entreprise en est à vouloir vendre ses filiales les plus rentables comme TDF. Il parait que nos services publics nationalisés étaient et sont encore mal gérés. Vous connaissez les éternelles rengaines sur leurs déficits supposés. Mais que dire, aujourd'hui, de la gestion de France Télécom ? L'ouverture du capital, l'ouverture du marché, les emplettes inconsidérées à l'étranger s'avèrent des catastrophes. Il est temps de remettre de l'ordre. Je rappelle que, sur le plan technique, les télécommunications françaises sont parmi les plus performantes au monde.
Jacques Chirac et Lionel Jospin sont d'accord pour privatiser EDF. Peu importe que l'un ou l'autre déclare que l'Etat doit rester majoritaire. Ces seuils finissent toujours par sauter. Les grandes pannes d'électricité en Californie ou la faillite retentissante d'Enron n'ont pas remis en cause cette fuite en avant. Alors, comme France Télécom, EDF achète un peu partout dans le monde, mais n'investit plus en France. L'avenir est compromis. Il faut construire sans tarder un prototype de l'EPR, le réacteur de nouvelle génération. Il faut développer la recherche sur le réacteur à haute température et sur l'élimination des déchets radioactifs, qui sont le véritable problème de cette filière énergétique.
Vous voyez le programme économique et social de Jacques Chirac ne correspond pas aux besoins de la France. Il n'est même pas financé. Il relève simplement de la communication, de la politique de l'image. Certains me diront que tout cela est sans importance. Car, si Jacques Chirac devait être réélu, il adviendrait à sa fracture fiscale ce qui est advenu à sa fracture sociale de 1995. Ils ont sûrement raison. Mais, il est préférable de ne pas faire cette expérience.
J'aurais pu aussi compléter ce tableau en évoquant les retraites. Il nous promet de pérenniser le système par répartition. Mais, en même temps, il introduit la capitalisation avec un adjuvant cosmétique puisqu'il ajoute " à la française ". Je pourrais aussi procéder à une comparaison avec les premiers éléments connus du programme de Lionel Jospin. Mais, je suis comme 74 % des Français, je ne vois pas la différence entre Jacques Chirac et Lionel Jospin. Je crains donc de me répéter et de vous ennuyer. Toutefois, on ne peut ignorer que Lionel Jospin, comme il l'a dit lui-même, souhaite prolonger la politique qu'il a menée au cours de son premier quinquennat. Ainsi, il ne veut pas, car il ne peut pas, s'attaquer aux causes économiques du chômage. Celui-ci, malgré un très léger mieux fragile en janvier, recommence à augmenter. Sa solution est celle de soeur Anne. Il attend une reprise hypothétique venant des Etats-Unis. Pour le reste, il propose de nouvelles modalités pour le traitement social du chômage. Notamment, il reprend l'idée du crédit temps de formation. Nul ne peut contester que la formation permanente est une chose excellente. Mais, pour être efficace, la formation permanente doit venir complèter une bonne formation initiale. L'Ecole est à la base de tout.
Or, chacun s'en souvient, Lionel Jospin a été ministre de l'éducation Nationale. Il a fait voter une loi d'orientation, dont l'article premier précisait que désormais l'élève devait être au centre de l'Ecole. Il oubliait que l'élève devait être au centre de l'Ecole. Il oubliait que l'élève n'est pas destiné à rester élève, que l'élève est avant un adulte en devenir. L'Ecole n'est donc pas un lieu de vie. Au centre de l'Ecole, il doit y avoir la transmission des savoirs, des connaissances et des repères. Il faut en finir avec la démagogie jeuniste. Il n'y a pas d'égalité entre le maître et l'élève, parce que le maître sait et l'élève apprend. Je n'ai pas besoin d'insister sur la persistance de cette politique depuis cinq ans avec Claude Allègre et Jack Lang. L'esprit post soixante huitard attardé continue à faire des ravages et remet en cause, pou une bonne part, la pertinence de la formation continue. Quand la gauche était vraiment la gauche, quand la gauche ne se limitait pas à un slogan électoral pour capter une rente de situation, la gauche était l'Ecole, l'Ecole de l'élitisme républicain, l'Ecole de la République.
Face aux deux sortants, nous avons un candidat fiable et crédible en la personne de Jean-Pierre Chevènement. Il fait des propositions sérieuses, financées, possibles à mettre en oeuvre. Nous avons encore sept semaines pour convaincre les Français qu'ils peuvent sortir d'un duel préfabriqué. Il n'est pas entre deux politiques, l'une de droite, l'autre de gauche. Il est entre deux ambitions personnelles. Non, cette élection n'est pas un duel. Elle est un triangle, un sommet, celui de la République, s'oppose à deux pointes émoussées par des années de promesses non tenues.
Tous les bénéficiaires du système du pareil au même s'évertuent à minimiser l'impact de Jean-Pierre Chevènement. Alors, ils peuvent s'efforça à tuer le débat. La couleur de la cravate de Lionel Jospin devient un événement. Le costume de Jacques Chirac passe pour significatif. C'est le triomphe du vide des apparences. C'est la stratégie du néant de la communication. Réduire et appauvrir sont les maîtres mots des mercenaires de l'image. Qu'importe le flacon des idées, pourvu qu'on est l'ivresse du pouvoir.
Avec Jean-Pierre Chevènement, l'enveloppe compte peu. Elle doit juste être digne de la fonction présidentielle. En revanche, nous souhaitons un débat, un débat terme à terme, proposition contre proposition. Je l'ai esquissé avec vous. Je pense qu'il devrait prendre toute son ampleur, pour que les Français puissent se décider en toute connaissance. Jean-Pierre Chevènement ne craint pas la lumière, la force des idées. La République ne peut se contenter de faux-semblants. C'est pour cela que nous soutenons sa candidature. C'est pour cela que nous appelons à voter pour Jean-Pierre Chevènement.
(Source http://georges-sarre.net, le 20 mars 2002)
Conférence à Paris, le 3 mars 2002
Cher Amis,
Chers Camarades,
A sept semaines du premier tour, le paysage se précise. Le succès grandissant de la candidature de Jean-Pierre Chevènement a forcé les deux sortants à se déclarer ouvertement bien avant la date qu'ils avaient retenue. La baisse de Jacques Chirac dans les sondages commençait à devenir significative. Il fut donc le premier à accélérer le mouvement. Lionel Jospin ne pouvait que suivre, d'autant plus que s'effritaient aussi les intentions de vote en sa faveur. Comme nous l'avions prévu, le tintamarre médiatique fait autour de ces deux déclarations leur ont permis de connaître un rebond dans l'opinion. A l'inverse, Jean-Pierre Chevènement subissait un léger tassement.
Les effets d'annonce commencent à s'estomper. Un frémissement est déjà perceptible. On peut penser que les tendances lourdes, constatées de puis le début de l'automne, vont à nouveau se prolonger. Nous pouvons espérer que Jean-Pierre Chevènement sera à 15 % dans quelques semaines. Nous savons qu'à partir de ce moment, le système politico-médiatique entrera en turbulence. Au fond, la question qui reste est de savoir qui de Jacques Chirac ou de Lionel Jospin sera le premier à dévisser. Peu nous importe. Mais, c'est l'autre qui se trouvera face à Jean-Pierre Chevènement au second tour.
Toutefois, il ne faut pas sous-estimer le poids des deux machines qui se sont mises en marche. Elles ont pour objectif d'écraser le débat, de le limiter à un duel entre deux hommes, entre deux styles, entre deux équipes. Il y a ceux qui se croient déjà dans la logique du second tour, où il ne peut y avoir que deux candidats. Il y à ceux qui veulent sauvegarder le système du pareil au même, parce qu'ils y trouvent leur pitance et, pour certains, elles n'est pas mauvaise. Nous avons donc un effort à accomplir pour sortir de cette logique binaire.
Cette élection présidentielle est un triangle avec une base et un sommet. Aux deux extrémités de la base, il y a des pointes émoussées. Elles ont déjà tant promis ; elles ont déjà tant trahi. Toutefois, elles ont encore le pouvoir de piquer, de faire mal, comme une guêpe qui sent sa fin prochaine. Surtout, les trois quarts des Français ont compris que Jacques Chirac et Lionel Jospin partageaient le même programme commun de renoncement. Il ne peut en être autrement puisque les deux ont accepté les mêmes contraintes préalables qui découlent de la mondialisation ultra-libérale. Alors, ils vont essayer de se distinguer sur la forme. Je ne parle pas seulement de la couleur de leurs cravates et de la taille de leurs costumes, sur lesquelles nous sommes abondamment informés. Je parle de l'enveloppe que va entourer chacune de leurs propositions.
Au sommet du triangle, il y a Jean-Pierre Chevènement qui propose aux français de respirer à nouveau l'air pur des cimes, endroit qui a l'avantage, comme le disait le général de Gaulle, d'être peu encombré. Bien sûr, la pente est rude à gravir. Mais, au moins, elle ne permet pas de céder aux facilités de la démagogie. Dès le 9 septembre dernier, à Vincennes, Jean-Pierre Chevènement a fixé dix grandes orientations. Depuis, il s'y tient en les précisant progressivement. Il est d'ailleurs regrettable que ces déclinaisons de son programme ne soient pas mieux relayées auprès de nos concitoyens. Il semble, par exemple, tellement intéressant qu'un siège de campagne ne s'appelle pas quartier général, mais atelier.
Nous savons depuis longtemps qu'aux jeux olympiques de la démagogie, Jacques Chirac avait raflé toutes les médailles d'or. Mais, cette fois-ci, il va falloir créer un titre spécial, une médaille de Vermeil hors toute catégorie. Car, vraiment il fait très fort. Pour les médecins, il n'a pas hésité à se placer dans l'air du temps en faisant repentance et en battant la coulpe d'Alain Juppé. En dehors de ce grand spectacle, il a soigneusement évité de faire la moindre proposition concrète.
Sur la sécurité, on peut ranger ses propositions en trois catégories : celles qui existent déjà, celles qu'il a copiées sur Jean-Pierre Chevènement, et celles qu'il a oubliées. Je ne détaillerai pas, Jean-Pierre Chevènement a excellemment répondu dans les deux heures. Toutefois, je veux insister sur la deuxième catégorie. Comme vous le savez, ces propositions, les lois de programmation pour la justice, la police, la gendarmerie et la refonte de l'ordonnance de 1945 sur la délinquance des mineurs, avaient été formulées par Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l'Intérieur. Jacques Chirac, qui, dois je le rappeler, était Président de la République, ne lui a apporté alors aucun appui. Pendant cinq ans, il ne s'est pas comporté en chef de l'Etat, mais en candidat en embuscade. Aujourd'hui, Lionel Jospin semble vouloir aussi reprendre ses propositions. Pourquoi ne l'a-t-il pas fait, quand Jean-Pierre Chevènement les lui a présentées ? Parce que Lionel Jospin n'est pas un homme libre, c'est un homme du régime des partis. Il est prisonnier de l'angélisme qui s'autoproclame de gauche, et surtout des Verts. Pendant la campagne, il fait semblant de passer outre, parce qu'il connaît le sentiment populaire. Mais, si un deuxième quinquennat lui était accordé, il subirait les mêmes pressions.
J'en reviens à Jacques Chirac et à ses propositions mirifiques dans le domaine économique et social. Là, il a ouvert sans retenue toutes les vannes. Nous contemplons un Niagara de la démagogie. De ce point de vue, nous avons à faire à un véritable chef d'oeuvre. En cinq ans, il taille d'un tiers l'impôt sur le revenu. Il maîtrise à la baisse la taxe d'habitation dans des propositions inconnues. Mais, en même temps, grand et généreux, il augmente les budgets de la justice, de la police, de la défense, de l'école, de la santé, et j'en oublie.
Rassurez-vous, il n'est pas pingre, tout le monde sera servi. Un tel projet n'est pas acceptable venant d'un Président de la République sortant. Toutefois, pour lui donner quand même une apparence de crédibilité, il a prévu trois mesures de financement. Il lui faut trouver au moins trente milliards d'euros.
La liquidation des services publics devrait lui permettre d'en trouver un peu plus de la moitié. A quelques nuances près, il partage d'ailleurs cette intention avec Lionel Jospin. Quand on voit le guêpier financier dans lequel s'est mis France Télécom avec un endettement de quelques soixante trois milliards d'euros, on craint pour EDF et les autres. Surtout, on sait déjà que l'aménagement du territoire serait bientôt en France un souvenir. Jacques Chirac escompte sept autres milliards d'une croissance qu'il fixe arbitrairement à 3 % par an. Bien sur, nous ne pouvons que souhaiter un tel taux et même un taux encore plus élevé. Mais, en 2002, la croissance sera au mieux de 1,5 % et plus probablement de 1,2 % Jacques Chirac tire des chèques sans provision.
Enfin, restent les sept derniers milliards. Et là, nous ne pouvons qu'admirer le toupet faramineux de Jacques Chirac. Que propose-t-il ? De desserrer pendant trois ou quatre ans les contraintes résultant du traité de Maastricht et du pacte de stabilité budgétaire. Il a approuvé Maastricht. Il a approuvé le pacte. Il vient de nous expliquer qu'il n'a pu tenir ses promesses sur la résorption de la fracture sociale afin de qualifier en France pour l'Euro. Et, maintenant, il propose une magouille subalterne à négocier avec la commission de Bruxelles pour se donner des marges. Mais, il n'est pas à une incohérence près. Il vient de mettre en place, en accord total avec Lionel Jospin, une convention pour l'avenir de l'Europe, dont l'objectif affiché est de rédiger un projet de constitution européenne. C'est-à-dire un cadre juridique dans lequel la France n'aura plus aucune indépendance.
Lionel Jospin ne manquera pas de suivre une fois de plus Jacques Chirac dans cette voie. Aussi, au lieu d'aborder sérieusement le problème du chômage en cherchant à le résoudre par un traitement économique, il reprend sous d'autres formes les vieilles recettes du traitement social qui, depuis vingt ans, n'ont jamais apporté de solution. Le crédit temps formation est une excellente idée à condition que les intéressés aient reçu une bonne formation initiale. L'Ecole est à la base de tout. Or, nous savons ce que les différents ministres de l'Education nationale, Lionel Jospin, Claude Allègre et Jack Lang, ont fait de l'Ecole, un lieu de vie dont le centre est l'élève. Lionel Jospin continue à entonner le chant de la séduction pour essayer d'entraîner Jean-Pierre Chevènement vers des rochers où il irait se fracasser. Les paroles sont toujours les mêmes : un appel à une gauche qui serait commune. Mais, Lionel Jospin est-il bien toujours de gauche ?
Quand on brise en Corse l'égalité des citoyens devant la loi, est-on de gauche ?
Quand on instille un peu de retraite par capitalisation sous les encouragements des fonds de pension américains, est-on de gauche ?
Quand on s'apprête à ouvrir le capital d'EDF, premier pas vers une totale privatisation, est-on de gauche ?
Quand on transforme l'Ecole en lieu de vie, dont le centre serait l'élève, est-on de gauche ?
Quand pour complaire à l'idéologie libérale libertaire, on laisse se développer l'insécurité d'abord dans les quartiers populaires, est-on de gauche ?
Quand on s'apprête à dissoudre la République dans une constitution européenne, où prédominent les forces du marché, est-on de gauche ?
La gauche pour Lionel Jospin est comme la droite pour Jacques Chirac. L'un et l'autre y voient des rentes de situation électorale. Ils espèrent capter des voix sur ces seules références, qui ne sont pour eux que des mots sans valeur. Sous la gauche et sous la droite, Lionel Jospin et Jacques Chirac se sont retrouvés ensemble au marché. Jean-Pierre Chevènement rassemble les Français pour la République au dessus de la gauche et au dessus de la droite.
Lionel Jospin a naturalisé la gauche plurielle en 1999 après l'élection européenne, lorsqu'il a décidé de constituer un axe stratégique avec les Verts. Il a mis le Parti communiste sous oxygène pour sauvegarder une apparence. Aujourd'hui, la gauche de Lionel Jospin est une gauche fictive.
L'important n'est pas dans le fétichisme des mots. L'important est que la France retrouve des marges en sortant du carcan européiste. Jean-Pierre Chevènement a fait des propositions réalistes et sérieuses. Il ne veut ni tout casser, comme le répètent des esprits malveillants, ni " bidouiller ", comme Jacques Chirac, et encore moins se résigner comme Lionel Jospin. Mais, il est cohérent. Il refuse tout projet de constitution européenne. En revanche, il se prononce pour un nouveau traité, qui soit inférieur dans la hiérarchie des normes juridiques à la constitution de la république. Le traité de Rome a été signé en 1957. Depuis quarante cinq ans les textes et les jurisprudences se sont accumulés et enchevêtrés. Le droit a dérivé. Il faut remettre tout cela en ordre.
Jean-Pierre Chevènement est un homme libre, parce qu'il est un homme seul. Et, les français sont sensibles à ce candidat qui n'est pas prisonnier des féroces et multiples appétits de son entourage. Mais, Jean-Pierre Chevènement n'est pas un homme isolé.
Autour de Jean-Pierre Chevènement, se développe un rassemblement qui a pour nom Pôle républicain. Il représente aujourd'hui une nouvelle force politique. Il doit encore grandir. Il doit encore se fortifier. Il faut mobiliser encore pour relever la France avec la République. Nous devons donc avancer en résolvant les problèmes qui se posent à mesure qu'ils apparaissent, en évitant la précipitation. Ainsi les candidatures aux élections législatives seront retenues le moment venu qui n'est pas encore actuel. La priorité aujourd'hui est exclusivement la présidentielle.
De même, il est dans la nature de ce rassemblement que le candidat qu'il soutient soit présent au second tour. Envisager une autre hypothèse, c'est ne pas voir l'essence radicalement nouvelle du Pôle républicain. Nous sommes hors du système pour changer le système. Alors, d'ici là, nous avons un travail considérable à mener pour aider Jean-Pierre Chevènement, pour convaincre nos concitoyens, pour ébranler le système.
Il nous reste sept semaines, c'est peu pour organiser. C'est beaucoup pour gagner. Ne perdons pas de temps. Jean-Pierre Chevènement peut l'emporter.
A nous de faire l'effort nécessaire.
(Source http://georges-sarre.net, le 20 mars 2002)
Conférence à Lorient le 8 mars 2002
Chers Amis,
Le tintamarre pour couvrir le débat. Voilà la dernière tactique imaginée par le système du bipartisme unique pour se maintenir, pour qu'il soit seul présent au second tour. Les deux candidats sortants n'hésitent pas à user et à abuser des privilèges que leur donnent leurs positions dans les institutions. Ils se comportent sans pudeur en candidats officiels. Parfois, la République semble bien loin, et les moeurs du Second Empire quasiment ressuscités.
Jacques Chirac et Lionel Jospin avaient prévu une campagne courte, la plus courte possible. Les Français devaient rester persuadés qu'ils présentaient deux programmes, l'un de droite, l'autre de gauche. Chacun comptait ainsi préserver sa rente de situation électorale pour se disputer les indécis. Les Français ne devaient surtout pas s'apercevoir qu'ils présentent le même programme commun de renoncement. Seuls les emballages sont différents. L'un ajoute une cerise. L'autre met une fraise, ou l'inverse d'ailleurs. Peu importe. Acceptant la soumission de la France à la mondialisation ultra-libérale, comment pourraient-ils se distinguer sur le fond ? Ils ont naturalisé la droite et la gauche dans la résignation. Toutefois, une chose les sépare, une chose les oppose, une chose les met en concurrence : il n'existe qu'un seul fauteuil présidentiel. L'ambition personnelle, voilà toute leur différence.
Jacques Chirac, le premier, n'a pu maintenir cette stratégie de campagne-éclair. Lionel Jospin a été contraint de suivre sans tarder, accélérant notamment la parution de son livre. Et, pourquoi donc soudain, cette précipitation ? Le succès grandissant rencontré par la candidature de Jean-Pierre Chevènement les a ainsi conduits à se déclarer beaucoup plus tôt que prévu. D'autre part, toutes les études d'opinion montrent que les Français ne sont pas dupes. Les trois quarts d'entre eux disent ne voir aucune différence entre les programmes des deux sortants. Chacun d'eux devait d'urgence commencer à mettre en valeur l'habillage distinct de leurs idées partagées en commun.
Alors, le système du bipartisme unique a inauguré une nouvelle tactique : celle du tintamarre. Il s'agit d'occuper tout l'espace médiatique en faisant le plus de bruit possible. Jean-Pierre Chevènement peut s'exprimer, mais il n'est pas entendu, parce qu'il n'est pas repris. Jean-Pierre Chevènement peut tenir des réunions publiques, mais elles sont peu répercutées par l'audiovisuel. En revanche, le moindre fait et geste de chacun des deux sortants est traité comme un événement majeur, confondant d'ailleurs leur statut de candidat et leur fonction dans l'exécutif.
Certains d'entre vous pensent peut-être que j'exagère, que je joue les victimes. Malheureusement, non ! Le CSA vient de publier les temps de présence dans les journaux de début de soirée des trois grandes chaînes de télévision. Le temps d'antenne entre les trois candidats se répartit ainsi : 49,84 % pour Lionel Jospin, 43,29 % pour Jacques Chirac et 6,88 % pour Jean-Pierre Chevènement. Si l'on considère la présence à l'écran des personnes qui soutiennent chacun de ces trois candidats, nous constatons : 50,65 % pour les amis de Lionel Jospin, 40,20 % pour ceux de Jacques Chirac et 9,14 % pour ceux de Jean-Pierre Chevènement.
Bien sûr, nous avons protesté. Bien sûr, nous avons demandé au CSA quelles dispositions il compte prendre. Bien sûr, nous avons alerté le Conseil Constitutionnel. Il y va de la simple crédibilité, de l'utilité même de ces deux institutions. Nous leur demandons que soient respectées les simples règles du débat démocratique. Nous leur demandons que soit appliqué le principe de l'équité tel que le CSA lui-même l'a défini. Nous attendons leurs réponses. Nous attendons surtout un rééquilibrage, qui pourrait venir des chaînes elles-mêmes, soucieuses de déontologie.
Le système utilise encore une autre ruse pour se préserver. Il met en avant les candidats de diversion. Dans un premier temps, il a compté sur ceux qui donnaient l'illusion d'une diversité de choix, tout en annonçant qu'ils se désisteraient pour l'un ou pour l'autre. De telles candidatures ne font pas recette. Alors dans un deuxième temps, le système met en avant des candidats qui ne sont, en fait, que des trous noirs où viennent se perdre à jamais les voix qui se sont portées sur eux. Le système n'éprouve aucune crainte devant le sempiternel verbe d'Arlette Laguiller qui se veut révolutionnaire ; au contraire, il s'en amuse. Elle appartient désormais au folklore. Le système ne cherche plus à diaboliser Jean-Marie Le Pen ; les anti-fascistes autoproclamés oublient, comme par hasard, de manifester une indignation qui se veut vertueuse. Il y a en France, des planchers incompressibles de 2 à 3 % de l'électorat, tant à l'extrême gauche qu'à l'extrême droite. Pour le reste, il s'agit de citoyens qui souhaitent exprimer une volonté de changer le système et qui se laissent séduire par des discours de radicalité. Mais, ils ne se rendent pas compte qu'ils se mettent dans une impasse et qu'ils confortent le système. Ni Arlette Laguiller, ni Jean-Marie Le Pen ne peuvent figurer au second tour. Et si, d'aventure, l'un des deux y accédait, il serait écrasé. Alors le système aime Arlette Laguiller. Alors, le système aime Jean-Marie Le Pen.
En revanche, le système craint Jean-Pierre Chevènement, parce que Jean-Pierre Chevènement est un homme libre, un homme solide, un homme crédible. Le système craint Jean-Pierre Chevènement parce que Jean-Pierre Chevènement échappe au système. Par trois fois, Jean-Pierre Chevènement a montré au système qu'il ne se laisserait pas dompter et dominer par le système. Par trois fois, Jean-Pierre Chevènement a préféré s'en aller avec éclat plutôt que de perdre ses convictions.
Aujourd'hui, la candidature de Jean-Pierre Chevènement s'inscrit dans la continuité de cette indépendance et de cette volonté. Les dix grandes orientations, qu'il a présentées à Vincennes dès le 9 septembre dernier, le montrent. Les précisions, qu'il y a apportées mardi dernier au Cirque d'hiver, le confirment. Quelques unes d'entre elles me semblent plus particulièrement significatives.
D'abord, Jean-Pierre Chevènement propose de revaloriser le travail en commençant par la feuille de paye. Aussi, il s'est engagé à augmenter le SMIC de 25 % sur cinq ans. Sans tarder après l'élection présidentielle, une conférence des revenus sera réunie pour examiner la revalorisation correspondante de l'ensemble des salaires. Afin de ne pas taxer l'emploi, les charges sociales afférentes aux 750 premiers euros des salaires seront reportées sur la fiscalité. Le régime des heures supplémentaires sera assoupli. Toute heure supplémentaire au-delà de 35 heures et en deçà de 39 heures sera payée 10 % de plus. Toute heure supplémentaire au-delà de 39 heures sera payée 25 % de plus.
La philosophie de Jean-Pierre Chevènement relève du bon sens, mais elle semble avoir été oubliée par tous les démagogues qui battent actuellement les estrades électorales. Seul le travail permet de dépenser ; il faut donc travailler. Mais le travail doit être récompensé. Oui, avant de consommer, il faut produire. Il faut arrêter de faire semblant de croire que le pays pourrait indéfiniment vivre dans une économie de la rente et de la spéculation. En réalité, pour entretenir cette dangereuse illusion, on vend notre industrie au risque de la délocaliser, on brade nos services publics au risque de les désorganiser. Mais, un jour viendra fatalement où le capital sera dilapidé. A ce moment, la France risque bien de connaître à son tour le sort de l'Argentine. Déjà, l'endettement faramineux de France Télécom ne laisse pas d'inquiéter. Déjà, les pertes colossales de Vivendi montrent les graves erreurs de conception initiale, quand la stratégie est basée sur la seule finance.
Jacques Chirac ne déroge pas à cette irresponsabilité qui consiste à tirer des chèques sans provision sur l'avenir de la France. Il voudrait financer pour moitié par des privatisations son mirifique plan de baisses des impôts. Lionel Jospin a aussi besoin des privatisations pour couvrir les promesses qu'il commence à faire tout azimut. Jacques Chirac et Lionel Jospin s'accordent pour privatiser EDF. Ils se disputent sur le pourcentage de la part résiduelle qui resterait à l'Etat.
La liquidation des services publics est un phénomène inquiétant pour l'avenir de l'économie française. Ils sont un outil indispensable à l'aménagement du territoire. Le téléphone portable est livré à la concurrence. Mais, l'équivalent de vingt départements français est privé de toute possibilité de l'utiliser. De même, on peut craindre la disparition de la péréquation des tarifs de l'électricité. Les services publics ont aussi un rôle important pour impulser et entraîner toute l'industrie. Depuis cinquante ans, toutes les grandes technologies françaises, qui ont eu un succès mondial, ont pour origine la commande publique, celle de l'Etat ou celle des grandes entreprises publiques. Le service public est l'arme que se donne la République pour intervenir dans l'économie. Sa disparition participe de l'uvre de déconstruction républicaine qui est en marche. C'est pour cela que le changement de statut de la direction des constructions navales est inquiétant. Dans l'atmosphère actuelle, il sonne comme un prélude à la privatisation.
Après avoir fait voter la parité politique entre les hommes et les femmes, Jean-Pierre Chevènement veut arriver à la parité sociale. D'abord, la République doit se donner les moyens de faire respecter la revendication fondamentale : " A travail égal, salaire égal ". Elle rassemble les hommes et les femmes, car les hommes n'ont aucun intérêt à voir des femmes, des jeunes ou des étrangers payés moins qu'eux, alors qu'ils accomplissent la même tâche. Le salaire des hommes sera tiré vers le bas. Les hommes risquent même de se retrouver au chômage. Mais, il faut aller plus loin. Il faut compenser le handicap que représente la maternité pour les femmes au travail. C'est l'intérêt de la société toute entière sur le long terme. Nos enfants sont notre avenir. Pour être concret, seuls nos enfants payeront nos retraites.
Aussi, il faut accroître de moitié en cinq ans le nombre de crèches et d'assistantes maternelles. Le congé de maternité et le congé parental, indexés sur les salaires, devront être pris en compte dans les carrières. Les femmes pourront bénéficier de trois ans de cotisations par enfant dans le calcul des droits à la retraite.
Il faut que la journée de la femme ne soit pas seulement le 8 mars. Il faut que chaque jour de l'année soit une journée de la femme. Pour cela, il faut une politique résolue, et non des effets de communication.
Ensuite, Jean-Pierre Chevènement présente un ensemble de mesures pour lutter avec efficacité contre la grave augmentation de l'insécurité en France. On peut les diviser en deux grandes catégories. D'une part, les mesures qu'il avait proposées aux deux sortants quand il était ministre de l'Intérieur et qu'ils avaient alors rejetées. D'autre part, les mesures nécessaires pour revenir sur les décisions erronées prises par l'un ou par l'autre des deux sortants à un moment donné. Depuis, Lionel Jospin a esquissé une de ces repentances à la mode, invoquant sa naïveté. En réalité, Lionel Jospin a mis du temps à s'apercevoir que les premières victimes de la violence et de la délinquance sont les plus démunies des quartiers populaires, et non les bourgeois des quartiers aisés. Il est prisonnier de cet angélisme, qui se veut de gauche et qui rejette la faute sur la société. Alors, aujourd'hui, parce qu'il constate l'exaspération des citoyens, Lionel Jospin reprend une partie des propositions de Jean-Pierre Chevènement ; mais, il les édulcore et il les ampute au point de leur enlever toute cohérence.
En 1999, lorsque Jean-Pierre Chevènement avait fait ses propositions, Jacques Chirac, quoique Président de la République, était resté silencieux. Il était déjà candidat en embuscade. Aujourd'hui, comme Lionel Jospin, il les reprend dans son programme ; mais il les caricature en les exagérant et il les isole en ne cherchant pas à traiter leurs causes sur le long terme.
Jean-Pierre Chevènement propose, lui, une loi de programmation pour la police et la gendarmerie et une loi de programmation pour la justice. En 1999, Lionel Jospin a refusé une telle projection sur le long terme. En 1995, Jacques Chirac n'a pas appliqué la loi de programmation que Charles Pasqua avait fait voter.
Jean-Pierre Chevènement propose, lui, une refonte de l'ordonnance de 1945 sur la délinquance des mineurs. Notamment, il prévoit la création de soixante centres de retenus fermés pour délinquants mineurs récidivistes. En 1999, Lionel Jospin a rejeté tout plan d'ensemble contre la violence juvénile. Souvenez-vous, à cette époque, Jean-Pierre Chevènement était stigmatisé pour avoir parlé de " sauvageons ". En 1987, Jacques Chirac a supprimé la détention provisoire pour les mineurs, mêmes multirécidivistes. Lionel Jospin et Jacques Chirac ont créé le sentiment d'impunité. Ils ont beau jeu aujourd'hui de le dénoncer.
Jean-Pierre Chevènement propose, lui, de rétablir l'unité de la politique pénale sur tout le territoire de la République en mettant fin à l'indépendance du Parquet. Cette indépendance a été proposée par Jacques Chirac en janvier 1997. Elle a été soumise au Parlement par Lionel Jospin au printemps 1999. Elle revient à une fragmentation de l'application de la loi, entraînant de fait une inégalité des citoyens devant la loi.
Il faut aussi s'attaquer aux causes profondes de l'insécurité. Et, d'abord, il faut redresser l'Ecole de la République. Dans un élan optimiste, Victor Hugo disait : " Ouvrir une école, c'est fermer une prison ".
En 1989, par sa loi d'orientation, Lionel Jospin mettait l'élève au centre de l'Ecole. Il a ainsi encouragé toutes les dérives pédagogistes, tous les laxismes qui transforment l'Ecole en simple lieu de vie. Non, au centre de l'Ecole, il y a la transmission des savoirs, des connaissances et repères. Entre le maître et l'élève, il n'existe pas d'égalité. Le maître sait. L'élève apprend. L'enfant ne restera pas enfant ; l'enfant deviendra adulte. L'élève ne restera pas élève ; l'élève deviendra un citoyen. L'Ecole doit former des citoyens. Encore, faudrait-il que nos élites n'aient pas abandonné la République !
S'il est un domaine où elles ont depuis longtemps démissionné, c'est bien celui de la défense nationale. A Lorient, vous êtes bien placés pour le savoir. Reprenant, les considérations de Laurent Fabius et de quelques autres sur " les dividendes de la paix ", Jacques Chirac et Lionel Jospin ont sans cesse réduit les crédits militaires. Ils représentent aujourd'hui 1,77 % du PIB contre 2,5 % en Grande Bretagne et 2,9 % aux Etats-Unis. En outre, ce pays vient de les augmenter de quinze milliards de dollars.
Je me refuse à commenter les aventures du " Charles de Gaulle ", c'est trop pénible.
Que dire sur les différents programmes d'armements, comme le Rafale ou les hélicoptères ? Que dire du sort réservé à la condition militaire ? On ne l'améliorera pas avec des mesures précipitées à la veille des élections en dépouillant les budgets d'investissement. Le résultat de cette imprévoyance est cet " unilatéralisme " des Américains, que nous déplorons à juste titre. Mais, il découle directement de ce désarmement de la France et des autres pays de l'Europe continental. Soudain, Jacques Chirac vient de se réveiller. C'est un peu tard. Cohabitation ou pas, il était le chef des armées. Il avait le devoir constitutionnel d'intervenir, y compris publiquement, si le budget de la défense ne lui convenait pas. D'ailleurs que propose-t-il ? Une défense européenne. Avons-nous les mêmes intérêts, la même diplomatie que l'Allemagne ou que surtout la Grande-Bretagne ? N'a-t-il pas remarqué que la Grande-Bretagne s'alignait toujours sur son ancienne colonie ? Enfin, il n'existe même pas une Europe de l'armement. Les Pays-Bas viennent de commander des dizaines de chasseurs aux Etats-Unis, alors que des pays européens produisent des avions équivalents comme le Rafale.
Jean-Pierre Chevènement propose de ramener le plus vite possible le budget de la défense à 3 % du PIB. Alors, on pourra à la fois revaloriser la condition militaire et moderniser les armements. La coopération avec les autres pays européens s'impose à condition qu'elle soit réciproque et que chacun puisse protéger ses intérêts nationaux légitimes. Les Etats-Unis sont nos alliés ; nous ne sommes pas leurs vassaux. La France ne doit pas réintégrer l'OTAN, même si nous devons rester dans l'Alliance Atlantique. Dans ce domaine, la position équilibrée du Général de Gaulle reste d'actualité. Enfin, dans le cadre des coopérations industrielles, il faut créer une véritable Europe de l'armement. Nul ne doit oublier que l'industrie de défense est à la pointe de la technologie et qu'elle entraîne derrière elle toute l'économie. L'exemple des Etats-Unis en est la plus parfaite illustration.
Enfin, s'il y a un domaine qui est délaissé depuis trop longtemps, c'est bien celui de la mer. La France, tant par ses côtes métropolitaines que par les vastes étendues océanes autour de ses départements et territoires d'Outre-mer, est une puissance maritime. Elle doit avoir une ambition maritime. Elle doit de nouveau être dotée d'un ministère de la mer. Je ne reviendrai pas sur la Marine Nationale qui appartient à la défense. En revanche, je veux insister sur la marine marchande. Il y en a assez des équipages sous payés et sous qualifiés qui naviguent avec des pavillons de complaisance en menaçant de polluer nos rivages. Ni le gouvernement, ni la Commission de Bruxelles, enfermés dans les dogmes de la mondialisation ultra-libérale, n'ont véritablement tiré les leçons du naufrage de l'Erika. Il faut aussi une politique cohérente et intelligente pour préserver et valoriser les activités de pêche. Il convient de développer les activités de recherche liées à la mer. Je ne veux pas m'étendre plus. Mais, nous savons que pour une bonne part l'avenir de l'humanité se trouve dans les océans. La France doit se lancer avec ardeur et dynamisme dans ce domaine d'avenir.
Chers Amis,
Jean-Pierre Chevènement n'est pas un candidat comme les autres. Comme Jacques Chirac ou Lionel Jospin, il peut être élu ; mais, à l'inverse de Jacques Chirac et de Lionel Jospin, il n'appartient pas au système. Comme Arlette Laguiller et Jean-Marie Le Pen, il se prononce contre le système ; mais, à l'inverse d'Arlette Laguiller et de Jean-Marie Le Pen, il est crédible pour changer le système. Le vote pour Jean-Pierre Chevènement est un vote protestataire utile. Chacun voit bien la tension qui apparaît au seul rapprochement des deux termes : une protestation qui ne serait pas une impasse, une utilité qui ne serait pas une compromission. C'est pour cela que le vote pour Jean-Pierre Chevènement est un vote d'avenir.
En même temps, la candidature de Jean-Pierre Chevènement est une véritable chance pour la France et pour la République. A nous de savoir la saisir. Bien sûr, d'abord en votant pour lui. Mais, surtout en emportant la conviction du plus grand nombre possible de nos concitoyens. Autour de Jean-Pierre Chevènement, se développe le Pôle républicain, qui est un rassemblement d'hommes et de femmes, venus de tous les horizons politiques pour, avec lui, relever la France avec la République. En juin prochain nous présenterons des candidats dans toutes les circonscriptions législatives. Nous les désignerons dans quelques semaines. Il faut que les évolutions en cours se poursuivent.
Mais notre priorité est, bien sûr, l'élection de Jean-Pierre Chevènement à la Présidence de la République.
Avec Jean-Pierre Chevènement, c'est le retour de la France dans le concert des nations. Car, la France a toujours quelque chose à dire au monde. Car, le monde attend encore que la France s'exprime. Non, les Etats-Unis d'Europe de Lionel Jospin et autre Pierre Moscovici n'auront pas la même puissance dans le message. Non, un président de l'Europe, cher à Jacques Chirac, ne sera pas porteur d'un discours tendant vers l'universel. La France est unique, à condition qu'elle ose parler, à condition qu'elle ne noie pas sa parole dans le verbiage d'un européisme sans rivage.
Nous ne sommes pas contre l'Europe. Depuis les temps géologiques, la France appartient à l'Europe. Mais, nous sommes pour une Europe qui respecte les nations, qui s'enrichit des nations. Nous sommes pour une Europe dans laquelle la France conserve son indépendance, tout en coopérant avec les autres pays. La nation est encore pour longtemps le cadre indépassable de la démocratie. La synthèse de la nation et de la démocratie forme le socle de la République. C'est à ce socle que Jacques Chirac et Lionel Jospin s'attaquent au nom de la mondialisation, au nom d'une construction européenne qui n'est que le relais continental de cette mondialisation.
Avec Jean-Pierre Chevènement, nous remettrons les choses en place et en ordre. La France sera première servie, une France généreuse, accueillante, ouverte sur le monde, une France qui aura retrouvé sa fierté, sa raison d'être, sa vocation dans la République.
Oui, voter pour Jean-Pierre Chevènement, c'est donne un avenir à la France.
Oui, voter pour Jean-Pierre Chevènement, c'est donner un espoir à la République.
Oui, voter pour Jean-Pierre Chevènement, c'est donner à nous-mêmes une espérance.
(Source http://georges-sarre.net, le 20 mars 2002)
Conférence à Chambéry le 11 mars 2002
Chers Amis,
Nous sommes à moins de six semaines du premier tour. La campagne présidentielle est entrée dans sa phase la plus décisive. Les deux complices de la cohabitation se sont emparés de l'espace médiatique. Chacun de leurs faits et gestes doit être célébré comme un événement. Tout leur est bon pour cela. Ils confondent allègrement les genres et les rôles. Dans l'intérêt de leurs candidatures, ils exploitent sans vergogne leurs fonctions dans les institutions de la République. Il n'y a pas de petits profits. Bien sûr, ils s'en défendent. Ils jouent les vertueux de la démocratie. Alors, rappelons quelques épisodes de ce double jeu.
Le Président de la République est parti pour Avignon par la voie des airs dans un avion officiel. Mais, il n'avait pas prévu le retour. Alors, c'est le candidat Jacques Chirac qui est revenu par le train, sans avoir fait l'aller. Tout cela n'est que mise en scène de communication, qui permet de l'image et de l'emballage, qui évite de s'intéresser au fond.
José Bové croit accueillir le candidat Lionel Jospin sur son stand au Salon de l'Agriculture. Il s'entend préciser par l'intéressé qu'il est en présence du Premier Ministre. De même, nous sommes sommés de reconnaître le Premier ministre en train de célébrer Victor Hugo à Besançon, alors que l'évidence nous suggérait le candidat Lionel Jospin. Il faut être un esprit mal intentionné pour avoir vu le candidat à la remise des césars, c'est le Premier ministre qui a honoré de sa présence cette manifestation. Enfin, au match de rugby entre la France et l'Angleterre, chacun a pu voir le Président de la République et le Premier ministre. Honni soit qui mal y pense pour avoir vu autre chose.
Jean Glavany s'est engagé dans la campagne électorale. Il a quitté le gouvernement. Mais, il n'a pas fait école. Les deux sortants en sont revenus aux pratiques du Second Empire. Ils se présentent en véritables candidats officiels. Victor Hugo doit s'en retourner dans sa tombe.
Pourtant, le pire est encore ailleurs. Plus ils font de volume sur la scène médiatique, plus leur message est vide de contenu. Ce n'est pas l'effet du hasard, ni d'un manque d'imagination. Rien de fondamental n'oppose les deux candidats officiels. Rien de décisif ne peut attirer vers eux les suffrages. Les Français en sont bien conscients d'ailleurs. Les trois quarts d'entre eux ne voient aucune différence entre les deux programmes. Ils ont raison. Il s'agit d'un même programme commun de renoncement. La seule différence réelle se trouve dans l'ambition personnelle de chacun des deux candidats. Ils ont même fini par l'admettre, l'un avouant sa passion, l'autre révélant son désir. Ils sont candidats par convenance personnelle.
Comment pourrait-il en être autrement ? Ils sont d'accord sur l'essentiel. Pendant cinq ans, ils se sont accordés sur les principaux dossiers. Jacques Chirac et Lionel Jospin ne peuvent justifier leurs candidatures par de grands desseins politiques opposés. Alors, ils invoquent qui la droite, qui la gauche, pour essayer de se donner, sinon un contenu, du moins une contenance. Et puis, ils espèrent que les vieux réflexes électoraux joueront en leur faveur, que les citoyens se mettront en rang comme pour la bataille, chacun dans son camp. Ils se comportent en héritiers de vieilles traditions, qui cherchent à vivre sur l'acquis, un acquis auquel ils sont pourtant infidèles.
La France a besoin d'un renouveau civique. Et, les deux sortants ne savent qu'invoquer leur appétence, leur appétit, pour la fonction présidentielle. Au fond, ils ont le même slogan : " Françaises, Français, élisez moi, car j'en ai tant envie ". C'est le degré zéro de la politique.
Lionel Jospin veut, dit-il, " présider autrement ". Mais, la France sait bien que ce qui lui faut à la tête de son Etat. C'est un changement de politique et pas seulement un autre style de présidence ! Jacques Chirac promettait, en 1995, de réduire la fracture sociale, le voici, aujourd'hui, qui promet l'impunité zéro et une baisse des impôts d'un tiers en cinq ans. Qui peut le prendre au sérieux ? Il est affligeant pour notre pays qu'un Président de la République sortant puisse être présenté comme " super menteur ". Quand la dérision devient trop crédible, elle ne fait plus rire. Tout montre que seule une minorité est encore décidée à donner son suffrage soit à Lionel Jospin, soit à Jacques Chirac. Une majorité souhaite pouvoir voter au second tour pour un troisième homme. L'élection est donc largement ouverte. Les deux candidats officiels ne sont assurés de rien.
Pourtant, une puissante mécanique s'est mise en place pour bloquer la situation à leur profit. Aux avantages de leurs fonctions officielles s'en ajoutent plusieurs autres, en particulier l'accès privilégié aux médias qui leur est assuré à eux et à leurs entourages. Le CSA vient de publier les temps de présence dans les journaux de début de soirée de trois grandes chaînes de télévision. Le temps d'antenne entre les trois candidats se répartit ainsi : 49,84 % pour Lionel Jospin, 43,29 % pour Jacques Chirac et 6,88 % pour Jean-Pierre Chevènement. Si l'on considère la présence à l'écran des personnes qui soutiennent chacun de ces trois candidats, nous constatons : 50,65 % pour les amis de Lionel Jospin, 40,20 % pour ceux de Jacques Chirac et 9,14 % pour ceux de Jean-Pierre Chevènement.
Bien sûr, nous avons protesté. Bien sûr nous avons demandé au CSA quelles dispositions il compte prendre. Bien sûr, nous avons alerté le Conseil Constitutionnel. Il y va de la simple crédibilité, de l'utilité même, de ces deux institutions. Nous leur demandons que soient respectées les simples règles du débat démocratique. Nous leur demandons que soit appliqué le principe d'équité tel que le CSA lui-même l'a défini. Nous attendons leur réponse. Nous attendons surtout un rééquilibrage, qui pourrait venir des chaînes elles-mêmes, soucieux de déontologie.
Les deux sortants utilisent encore une autre ruse pour se préserver. Ils comptent sur ceux qui donnent l'illusion de la diversité, les derniers annonçant qu'ils ne font qu'un tour de plateau au profit soit de Jacques Chirac, soit de Lionel Jospin. De telles candidatures stagnent. Alors, nos deux sortants apprécient les candidatures trappes à voix qui seront perdues mais qui ne pourront pas aller sur Jean-Pierre Chevènement Plus personne n'éprouve la moindre crainte en entendant le sempiternel verbe d'Arlette Laguiller qui se veut révolutionnaire. Au contraire, tout le monde s'en amuse. Elle appartient désormais au folklore. Constatons ensemble que, cette fois-ci Jean-Marie Le Pen n'est pas diabolisé. Les anti-fascistes autoproclamés oublient, comme par hasard, de manifester une indignation qui se voulait, il y a encore peu de temps, courageuse et vertueuse. Au contraire, cette année, les mêmes s'attendrissent presque sur un Le Pen qui se serait assagi. En France, il existe respectivement à l'extrême gauche et à l'extrême droite des planchers incompressibles de 2 à 3 % de l'électorat. Pour le reste, il s'agit de citoyens qui souhaitent exprimer une volonté de changer le système. Ils se laissent séduire par des discours de radicalité. Ils ne se rendent pas compte qu'ils se mettent dans une impasse. Ils confortent ainsi le système. Ni Arlette Laguiller, ni Jean-Marie Le Pen ne peuvent figurer au second tour. Et, si d'aventure, l'un des deux y accédait, il serait écrasé. Voter Arlette Laguiller ou voter Jean-Marie Le Pen revient donc à voter indifféremment pour Jacques Chirac ou pour Lionel Jospin, en croyant les combattre. C'est un vote de tromperie.
En revanche, le système craint Jean-Pierre Chevènement, parce que Jean-Pierre Chevènement est un homme libre, un homme solide, un homme crédible. Le système craint Jean-Pierre Chevènement parce que Jean-Pierre Chevènement échappe au système. Par trois fois, Jean-Pierre Chevènement a montré au système qu'il ne se laisserait pas dompter et dominer par le système. Par trois fois, Jean-Pierre Chevènement a préféré s'en aller avec éclat plutôt que de perdre ses convictions.
Aujourd'hui, la candidature de Jean-Pierre Chevènement s'inscrit dans la continuité de cette indépendance et de cette volonté. Les dix grandes orientations, qu'il a présentées à Vincennes dès le 9 septembre dernier, le montrent. Les précisions, qu'il y a apportées mardi dernier au Cirque d'hiver, le confirment. Quelques unes d'entre elles me semblent plus particulièrement significatives.
D'abord, Jean-Pierre Chevènement propose de revaloriser le travail en commençant par la feuille de paye. Aussi, il s'est engagé à augmenter le SMIC et les bas salaires. Sans tarder après l'élection présidentielle, une conférence des revenus sera réunie pour examiner la revalorisation correspondante de l'ensemble des salaires. Afin de ne pas taxer l'emploi, les charges sociales afférentes aux 750 premiers euros des salaires seront reportées sur la fiscalité. Le régime des heures supplémentaires sera assoupli. Toute heure supplémentaire au-delà de 35 heures et en deçà de 39 heures sera payée 10 % de plus. Toute heure supplémentaire au-delà de 39 heures sera payée 25 % de plus.
La philosophie de Jean-Pierre Chevènement relève du bon sens, mais elle semble avoir été oubliée par tous les démagogues qui battent actuellement les estrades électorales. Seul le travail permet de dépenser ; il faut donc travailler. Mais le travail doit être récompensé. Oui, avant de consommer, il faut produire. Il faut arrêter de faire semblant de croire que le pays pourrait indéfiniment vivre dans une économie de la rente et de la spéculation. En réalité, pour entretenir cette dangereuse illusion, on vend notre industrie au risque de la délocaliser, on brade nos services publics au risque de les désorganiser. Mais, un jour viendra fatalement où le capital sera dilapidé. A ce moment, la France risque bien de connaître à son tour le sort de l'Argentine. Déjà, l'endettement faramineux de France Télécom ne laisse pas d'inquiéter. Déjà, les pertes colossales de Vivendi montrent les graves erreurs de conception initiale, quand la stratégie est basée sur la seule finance.
Jacques Chirac ne déroge pas à cette irresponsabilité qui consiste à tirer des chèques sans provision sur l'avenir de la France. Il voudrait financer pour moitié par des privatisations son mirifique plan de baisses des impôts. Lionel Jospin a aussi besoin des privatisations pour couvrir les promesses qu'il commence à faire tout azimut. Jacques Chirac et Lionel Jospin s'accordent pour privatiser EDF. Ils se disputent sur le pourcentage de la part résiduelle qui resterait à l'Etat.
La liquidation des services publics est un phénomène inquiétant pour l'avenir de l'économie française. Ils sont un outil indispensable à l'aménagement du territoire. Le téléphone portable est livré à la concurrence. Mais, l'équivalent de vingt départements français est privé de toute possibilité de l'utiliser. De même, on peut craindre la disparition de la péréquation des tarifs de l'électricité. Les services publics ont aussi un rôle important pour impulser et entraîner toute l'industrie. Depuis cinquante ans, toutes les grandes technologies françaises, qui ont eu un succès mondial, ont pour origine la commande publique, celle de l'Etat ou celle des grandes entreprises publiques. Le service public est l'arme que se donne la République pour intervenir dans l'économie. Sa disparition participe de l'oeuvre de déconstruction républicaine qui est en marche.
Après avoir fait voter la parité politique entre les hommes et les femmes, Jean-Pierre Chevènement veut arriver à la parité sociale. D'abord, la République doit se donner les moyens de faire respecter la revendication fondamentale : " A travail égal, salaire égal ". Elle rassemble les hommes et les femmes, car les hommes n'ont aucun intérêt à voir des femmes, des jeunes ou des étrangers payés moins qu'eux, alors qu'ils accomplissent la même tâche. Le salaire des hommes sera tiré vers le bas. Les hommes risquent même de se retrouver au chômage. Mais, il faut aller plus loin. Il faut compenser le handicap que représente la maternité pour les femmes au travail. C'est l'intérêt de la société toute entière sur le long terme. Nos enfants sont notre avenir. Pour être concret, seuls nos enfants payeront nos retraites.
Aussi, il faut accroître de moitié en cinq ans le nombre de crèches et d'assistantes maternelles. Le congé de maternité et le congé parental, indexés sur les salaires, devront être pris en compte dans les carrières. Les femmes pourront bénéficier de trois ans de cotisations par enfant dans le calcul des droits à la retraite.
Il faut que la journée de la femme ne soit pas seulement le 8 mars. Il faut que chaque jour de l'année soit une journée de la femme. Pour cela, il faut une politique résolue, et non des effets de communication.
Ensuite, Jean-Pierre Chevènement présente un ensemble de mesures pour lutter avec efficacité contre la grave augmentation de l'insécurité en France. On peut les diviser en deux grandes catégories. D'une part, les mesures qu'il avait proposées aux deux sortants quand il était ministre de l'Intérieur et qu'ils avaient alors rejetées. D'autre part, les mesures nécessaires pour revenir sur les décisions erronées prises par l'un ou par l'autre des deux sortants à un moment donné. Depuis, Lionel Jospin a esquissé une de ces repentances à la mode, invoquant sa naïveté. En réalité, Lionel Jospin a mis du temps à s'apercevoir que les premières victimes de la violence et de la délinquance sont les plus démunies des quartiers populaires, et non les bourgeois des quartiers aisés. Il est prisonnier de cet angélisme, qui se veut de gauche et qui rejette la faute sur la société. Alors, aujourd'hui, parce qu'il constate l'exaspération des citoyens, Lionel Jospin reprend une partie des propositions de Jean-Pierre Chevènement ; mais, il les édulcore et il les ampute au point de leur enlever toute cohérence.
En 1999, lorsque Jean-Pierre Chevènement avait fait ses propositions, Jacques Chirac, quoique Président de la République, était resté silencieux. Il était déjà candidat en embuscade. Aujourd'hui, comme Lionel Jospin, il les reprend dans son programme ; mais il les caricature en les exagérant et il les isole en ne cherchant pas à traiter leurs causes sur le long terme.
Jean-Pierre Chevènement propose, lui, une loi de programmation pour la police et la gendarmerie et une loi de programmation pour la justice. En 1999, Lionel Jospin a refusé une telle projection sur le long terme. En 1995, Jacques Chirac n'a pas appliqué la loi de programmation que Charles Pasqua avait fait voter.
Jean-Pierre Chevènement propose, lui, une refonte de l'ordonnance de 1945 sur la délinquance des mineurs. Notamment, il prévoit la création de soixante centres de retenus fermés pour délinquants mineurs récidivistes. En 1999, Lionel Jospin a rejeté tout plan d'ensemble contre la violence juvénile. Souvenez-vous, à cette époque, Jean-Pierre Chevènement était stigmatisé pour avoir parlé de " sauvageons ". En 1987, Jacques Chirac a supprimé la détention provisoire pour les mineurs, mêmes multirécidivistes. Lionel Jospin et Jacques Chirac ont créé le sentiment d'impunité. Ils ont beau jeu aujourd'hui de le dénoncer.
Jean-Pierre Chevènement propose, lui, de rétablir l'unité de la politique pénale sur tout le territoire de la République en mettant fin à l'indépendance du Parquet. Cette indépendance a été proposée par Jacques Chirac en janvier 1997. Elle a été soumise au Parlement par Lionel Jospin au printemps 1999. Elle revient à une fragmentation de l'application de la loi, entraînant de fait une inégalité des citoyens devant la loi.
Il faut aussi s'attaquer aux causes profondes de l'insécurité. Et, d'abord, il faut redresser l'Ecole de la République. Dans un élan optimiste, Victor Hugo disait : " Ouvrir une école, c'est fermer une prison ".
En 1989, par sa loi d'orientation, Lionel Jospin mettait l'élève au centre de l'Ecole. Il a ainsi encouragé toutes les dérives pédagogistes, tous les laxismes qui transforment l'Ecole en simple lieu de vie. Non, au centre de l'Ecole, il y a la transmission des savoirs, des connaissances et repères. Entre le maître et l'élève, il n'existe pas d'égalité. Le maître sait. L'élève apprend. L'enfant ne restera pas enfant ; l'enfant deviendra adulte. L'élève ne restera pas élève ; l'élève deviendra un citoyen. L'Ecole doit former des citoyens. Encore, faudrait-il que nos élites n'aient pas abandonné la République !
Or, nos élites ont abandonné la République avec la France. Nos élites ne croient plus à la France. Elles ont décrété ringard le patriotisme. Nous devrions nous dissoudre dans l'Europe. Et, l'Europe ne devrait être qu'une grande région passive du marché tout puissant de la mondialisation en marche. Pourtant, nous avons tous été frappés par le patriotisme exprimé par tous les Américains après la tragédie du 11 septembre. Bien sûr, il y avait l'émotion, l'immense émotion compréhensible. Mais, il n'y avait pas que l'émotion. Il y avait aussi de la détermination. Et, puis, il y avait une fierté, une très grande fierté, celle d'appartenir à un même peuple, le peuple américain. Nos élites n'ont pas trouvé de sursaut ringard. Le patriotisme de leur modèle leur semblait légitime. Mais, le patriotisme de leurs compatriotes leur parait archaïque. Nos élites n'ont pas cherché non plus à comprendre, tout au moins à comprendre au-delà des circonstances. Cet enfermement dans le dénigrement de leur propre patrie et ce manque de curiosité pour un phénomène qui échappe à leurs dogmes les empêche de saisir les réalités du monde. Ainsi, elles s'indignent de l'unilatéralisme des Etats-Unis. Mais, pourquoi donc les Etats-Unis s'embarrasseraient-ils de pays qui gémissent sans rien leur apporter d'autres que des plaintes stériles ?
Bien sûr, les Américains ont tort de rejeter le protocole de Kyoto sur les gaz à effets de serre. Bien sûr, les Américains ont tort de frapper soudain de droits de douane de 15 % les aciers importés chez eux. Bien sûr, les Américains ont tort de mener sans concertation leur politique dans le Moyen Orient élargi. Mais, quels sont les moyens que nous nous sommes donnés pour pouvoir parler ? La France est désarmée. Jacques Chirac et Lionel Jospin ont désarmé la France. Ils ont voulu toucher les dividendes de la paix. Ils récoltent les fruits de l'impuissance. La France consacre 1,92 % de son PIB à la défense nationale, contre 2,5 % en Grande-Bretagne et 2,9 % aux Etats-Unis, avant que ce pays augmente de 15 milliards de dollars ses crédits militaire.
Le monde a besoin de la voix de la France. Le monde attend que la France s'exprime. Oh, je sais, les beaux esprits de la gauche caviar et de la droite Whisky ironisent quand ils entendent de tels propos. Ils sont résignés. Ils ont abdiqué. Nous refusons cette démission, il faut à la France une politique de défense. Jean-Pierre Chevènement propose de porter dans les meilleurs délais à 3 % les crédits militaires. Il ne faut pas oublier que l'un des moteurs de l'économie américaine, plus particulièrement dans les domaines de la haute technologie, est précisément le secteur de la défense.
Mais, que proposent donc nos deux sortants ? Effacer la France. D'abord, avec la constitution européenne que prépare la convention pour l'avenir de l'Europe. Notre pays serait réduit à n'être qu'un état des Etats-Unis d'Europe, une sorte de Louisiane de notre vieux continent. Notre Président de la République deviendrait une sorte d'un Président d'une région d'Europe. Mais, au fond, Jacques Chirac n'a-t-il jamais aspiré à une autre fonction ?
Ensuite, l'autre idée de nos deux sortants est de noyer notre armée et notre diplomatie dans une défense et une politique étrangère européennes. Mais, les différentes nations d'Europe n'ont pas les mêmes intérêts. La Grande-Bretagne s'aligne toujours sur son ancienne colonie, dont elle partage la langue et la culture. Elle prend rarement la peine de consulter ses partenaires européens. L'Allemagne n'a pas encore fini de régler ses problèmes avec son histoire et regarde vers l'Est. L'Espagne est légitimement tendu vers l'Amérique Latine. Nous avons nos liens avec le Sud et nous devons animer la francophonie. Avant longtemps, leur Europe ne sera pas une Europe puissante comme ils nous le promettent. Mais bien une Europe d'impuissance. Notre silence, notre paralysie actuels en sont les meilleures preuves. Au lieu de tirer des enseignements de cette situation, ils ne pensent qu'à nous enfoncer encore plus.
Jean-Pierre Chevènement propose de respecter les nations dans leurs intérêts et dans leur continuité. L'Europe des Nations, celle voulue par le général de Gaulle, sera celle des coopérations. Les grandes réussites industrielles de l'Europe, Ariane, Airbus, par exemple, ne doivent surtout rien à la Commission de Bruxelles. Elles résultent de la coopération entre les Etats, entre les gouvernements intéressés. Des politiques communes, voilà l'Europe réaliste de demain.
La France conservera ainsi toute sa place dans l'Europe et dans le monde. Alors, elle pourra parler. Elle pourra s'adresser aux Etats-Unis en portant un sentiment largement partagé sur la planète. Souvenons-nous du discours de Pnom Penh. La France aura les moyens non seulement de son ambition, mais aussi de son utilité. Et puis, je répondrai aux sceptiques que les Américains savent ce qu'ils doivent à la France, à La Fayette, à Rochambeau. Ils nous doivent leur existence. Nous avons une forte crédibilité initiale à condition de ne pas parler à partir du néant.
Jean-Pierre Chevènement est le seul candidat qui a le souci de la France sans la perdre dans l'Europe et sans perdre l'Europe. Mais, prenons garde, si nous élisons Jacques Chirac ou Lionel Jospin pour un nouveau quinquennat, nous risquerions surtout d'élire pour la dernière fois un Président de la République Française. En 2007, nous pourrions bien désigner le gouverneur d'un Etat, qui porterait toujours le nom de France, mais qui ne serait qu'une composante d'un ensemble fédéral.
Chers Amis,
Jean-Pierre Chevènement n'est pas un candidat comme les autres. Comme Jacques Chirac ou Lionel Jospin, il peut être élu ; mais, à l'inverse de Jacques Chirac et de Lionel Jospin, il n'appartient pas au système. Comme Arlette Laguiller et Jean-Marie Le Pen, il se prononce contre le système ; mais, à l'inverse d'Arlette Laguiller et de Jean-Marie Le Pen, il est crédible pour changer le système. Le vote pour Jean-Pierre Chevènement est un vote protestataire utile. Chacun voit bien la tension qui apparaît au seul rapprochement des deux termes : une protestation qui ne serait pas une impasse, une utilité qui ne serait pas une compromission. C'est pour cela que le vote pour Jean-Pierre Chevènement est un vote d'avenir.
En même temps, la candidature de Jean-Pierre Chevènement est une véritable chance pour la France et pour la République. A nous de savoir la saisir. Bien sûr, d'abord en votant pour lui. Mais, surtout en emportant la conviction du plus grand nombre possible de nos concitoyens. Autour de Jean-Pierre Chevènement, se développe le Pôle républicain, qui est un rassemblement d'hommes et de femmes, venus de tous les horizons politiques pour, avec lui, relever la France avec la République. En juin prochain nous présenterons des candidats dans toutes les circonscriptions législatives. Nous les désignerons dans quelques semaines. Il faut que les évolutions en cours se poursuivent.
Mais notre priorité est, bien sûr, l'élection de Jean-Pierre Chevènement à la Présidence de la République.
Avec Jean-Pierre Chevènement, c'est le retour de la France dans le concert des nations. Car, la France a toujours quelque chose à dire au monde. Car, le monde attend encore que la France s'exprime. Non, les Etats-Unis d'Europe de Lionel Jospin et autre Pierre Moscovici n'auront pas la même puissance dans le message. Non, un président de l'Europe, cher à Jacques Chirac, ne sera pas porteur d'un discours tendant vers l'universel. La France est unique, à condition qu'elle ose parler, à condition qu'elle ne noie pas sa parole dans le verbiage d'un européisme sans rivage.
Nous ne sommes pas contre l'Europe. Depuis les temps géologiques, la France appartient à l'Europe. Mais, nous sommes pour une Europe qui respecte les nations, qui s'enrichit des nations. Nous sommes pour une Europe dans laquelle la France conserve son indépendance, tout en coopérant avec les autres pays. La nation est encore pour longtemps le cadre indépassable de la démocratie. La synthèse de la nation et de la démocratie forme le socle de la République. C'est à ce socle que Jacques Chirac et Lionel Jospin s'attaquent au nom de la mondialisation, au nom d'une construction européenne qui n'est que le relais continental de cette mondialisation.
Avec Jean-Pierre Chevènement, nous remettrons les choses en place et en ordre. La France sera première servie, une France généreuse, accueillante, ouverte sur le monde, une France qui aura retrouvé sa fierté, sa raison d'être, sa vocation dans la République.
Oui, voter pour Jean-Pierre Chevènement, c'est donne un avenir à la France.
Oui, voter pour Jean-Pierre Chevènement, c'est donner un espoir à la République.
Oui, voter pour Jean-Pierre Chevènement, c'est donner à nous-mêmes une espérance.
(Source http://georges-sarre.net, le 20 mars 2002)
Conférence à Vierzon le 14 mars 2002
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
L'âge du capitaine. Les propos désobligeants de Lionel Jospin à l'égard de Jacques Chirac ne sont dus ni au hasard, ni à la fatigue. Ils sont voulus. Ils sont calculés. Ils relèvent d'une ruse de communication. Pendant deux jours, pendant trois jours, les télévisions, les radios, les journaux n'ont parlé que de l'âge du capitaine. Certains ont même cru y voir une tension croissante dans la campagne, alors qu'il ne s'agissait que de son abaissement. Les amis de Jacques Chirac n'ont pas manqué de répliquer en prenant des airs outragés. Jacques Chirac, lui-même pouvait jouer les grands seigneurs et balayer d'un revers de main ces péripéties verbales. Les deux sortants ont trouvé leur intérêt commun dans cet incident qui n'en était pas un. De connivence, ils ont donné l'impression de s'opposer, de ne pas s'aimer, voire de se détester. C'est peut-être vrai, mais ce n'est pas notre affaire de citoyens. Ils ont réduit le débat démocratique à un conflit de personnes. Après cinq ans de cohabitation, ils jouent les vieux couples qui se déchirent. L'élection présidentielle sombre dans une banale querelle de ménage.
Pour les deux sortants, voilà autant de jours de gagner. Pendant ce temps là, on ne parle pas des choses sérieuses, des programmes, des propositions présentées aux Français, des véritables enjeux de cette campagne présidentielle. Jacques Chirac et Lionel Jospin savent que seules des nuances les différencient. Avant même de commencer à réfléchir, l'un et l'autre acceptent les contraintes de la mondialisation ultra-libérale, les dogmes de la construction européïste et les impératifs du pacte de stabilité budgétaire. Avec de tels préalables, ils sont interchangeables. En vérité, il n'existe aucun véritable clivage entre eux. Si l'un se réclame de la droite, si l'autre se prétend de gauche, c'est simplement pour essayer de bénéficier d'une situation de rente électorale le jour du scrutin.
Alors, à Marseille, Jacques Chirac nous a présenté un nouveau spectacle, pour lequel il est allé sortir du magasin des accessoires l'épouvantail éculé du socialisme. Lionel Jospin serait socialiste, alors même que celui-ci a depuis longtemps reconnu que son programme n'avait rien de socialiste. Au parti socialiste, il ne reste de socialiste que le nom. Jacques Chirac sait bien évidemment tout ça. Il a donc employé un ton à ressusciter les morts. On se serait cru revenu trente ans en arrière. On se serait cru revenu au temps du programme commun de la gauche. Pis, à entendre certains de ses accents, on pouvait croire que le Palais d'Hiver allait de nouveau être pris d'assaut. L'acteur fut à la hauteur de la mise en scène. Mais, là aussi, ce théâtre n'avait qu'un but : faire accroire aux Français qu'il existe toujours deux camps, comme autrefois. Cet artifice n'est qu'une autre ruse de communication. Mais, elle présente un avantage sur celle reposant sur l'âge du capitaine. Elle semble donner un véritable contenu politique à l'opposition entre les deux sortants. Que le socialisme de Lionel Jospin ne soit qu'un fantôme n'est pas le problème de Jacques Chirac. Le fantôme n'est qu'un stratagème.
Toutes ces ruses de communication, et ils en trouveront d'autres dans les semaines qui viennent, ont aussi pour objectif de monopoliser la campagne présidentielle autour des deux sortants. La polémique stérile sur l'âge du capitaine, comme l'épouvantail ressuscité du soi-disant socialisme jospinien, créent un débat apparent entre les deux complices de la cohabitation. Mais le véritable enjeu de l'élection disparaît. Le véritable enjeu est de savoir si la France se dissout dans la mondialisation, ou si la France s'affirme en se relevant avec la République. Le véritable enjeu se situe donc entre d'une part les deux sortants et d'autre part Jean-Pierre Chevènement.
Autour de Jean-Pierre Chevènement, s'est constitué un rassemblement qui réunit des femmes et des hommes venant de tous les horizons politiques. Ce Pôle républicain étonne. Certains vont jusqu'à le qualifier d'attelage hétéroclite. Manifestement, ils n'ont pas compris quelle était la situation de la France aujourd'hui. En face, du Pôle républicain, il y a bien deux candidats ; mais ils ne sont séparés que par leur ambition personnelle respective. Il n'existe qu'un seul fauteuil présidentiel. Droite et gauche ne sont qu'apparences et illusions. Au Pôle républicain, nous savons qu'au dessus de la droite et de la gauche se situe la République. Nous savons que le combat pour la République et pour la France est désormais la priorité. La droite et la gauche n'ont donc pas disparu. Elles demeurent deux sensibilités qui doivent travailler ensemble dans le respect mutuel au profit d'un idéal plus élevé, au profit de la Nation toute entière.
Le programme du Pôle républicain a été exposé à Vincennes par Jean-Pierre Chevènement dès le 9 septembre dernier. Il comprend dix grandes orientations. Il n'y a donc ni négociations, ni accords entre des partis ou des groupes d'intérêts. Il n'y a pas de marchandage ou de pressions. Bref, ce n'est pas le retour au régime des partis. C'est un homme qui présente son programme à la Nation et le rejoigne ceux qui se retrouvent dans ses orientations. Sur cette base, nous voulons aider Jean-Pierre Chevènement à mettre en oeuvre son projet pour la France. La première étape est, bien évidemment, son élection à la Présidence de la République.
Une fois élu, Jean-Pierre Chevènement s'attaquera d'abord à l'insécurité, à l'insécurité qui pèse sur les personnes et sur les biens. Il a fait quelques fortes propositions dans ce domaine. Il n'a eu qu'à reprendre celles qu'il avait présentées à Lionel Jospin, il y a exactement trois ans. Celui-ci les avait alors rejetées, non par naïveté comme il le prétend aujourd'hui, mais pour complaire à l'angélisme idéologique de tant de ses amis. Il faut encore noter le silence complice de Jacques Chirac à l'époque ; il se comportait déjà en candidat plus qu'en chef de l'Etat. Or, pour cette campagne, chacun des deux sortants a copié les propositions de Jean-Pierre Chevènement ; mais, leur plagiat est de mauvaise qualité, car il est trop partiel. Ils n'ont pas saisi la cohérence interne de cette politique de sécurité pour tous et son articulation avec la volonté de relever la France avec la République.
L'insécurité n'est pas seulement une affaire d'ordre public. Il existe aussi une formidable insécurité sociale, dont les salariés sont les premières victimes. A force de flexibilité du travail, on a surtout rendu inflexible l'exclusion. Aujourd'hui, les deux tiers des salariés craignent d'être personnellement jetés dans l'exclusion en quelques mois. Ils savent combien il est difficile d'en revenir. Ce sentiment d'insécurité est dû, bien sûr, à la précarité du travail, à tous ces contrats à durée déterminée qui se multiplient, mais aussi à ces licenciements massifs à répétition. Le sentiment d'insécurité est d'autant plus fort que nombre de ces plans sociaux apparaissent, à juste titre, arbitraires. Ils ne résultent pas de la faillite de l'entreprise. Ils traduisent seulement une rentabilité moindre que celle escomptée par les banquiers et autres gestionnaires de capitaux. Ils préludent souvent à une délocalisation, plus ou moins avouée, vers des pays sans droit du travail, sans protection sociale. Il convient de mettre un terme à ces licenciements pour convenance boursière. Ils doivent être frappés d'une taxe dissuasive. Les pouvoirs des comités d'entreprise doivent aussi être étendus. Il faut arrêter de dire comme Lionel Jospin : " L'Etat ne peut pas tout ". Une telle déclaration n'est pas celle d'un républicain. Une telle déclaration est celle d'un résigné qui s'abandonne à la fatalité du marché.
Car, la République, si elle veut être la République, et non une simple façade institutionnelle, doit être une République sociale. Une République qui offre un avenir à ses enfants. Ainsi, le taux de fécondité en France est de 1,8 enfant par femme. Toutes les enquêtes montrent que si les femmes avaient autant d'enfants qu'elles le souhaitent, ce taux serait de 2,3, le simple renouvellement des générations étant à 2,1. Car, il ne faut pas biaiser, le problème des retraites est d'abord un problème démographique. La République doit donc prendre les dispositions nécessaires pour que les femmes puissent concilier leur désir d'enfants avec leur légitime aspiration à avoir une carrière professionnelle intéressante et prometteuse.
Les enfants nés, encore faut-il les éduquer. On nous vante les mérites de la formation permanente. C'est très bien. Je suis pour. Qui peut d'ailleurs être contre ? Mais, il ne peut y avoir de bonne formation permanente, s'il n'y a pas eu une excellente formation initiale. La République repose sur l'Ecole qui forme les citoyens. Au centre de l'Ecole, il n'y a pas l'élève, comme le dit Lionel Jospin. Au centre de l'Ecole, il y a la transmission des savoirs, des connaissances et des repères. Il n'y a pas d'égalité entre le maître et l'élève. Le maître sait, l'élève apprend. L'enfant deviendra adulte et l'élève deviendra citoyen. Et puis, à la sortie de l'Ecole, il faut offrir à nos jeunes autre chose que des paillettes. Plutôt que de prévoir des emplois stables et correctement rémunérés. En quelques années, le temps moyen d'un contrat de travail a chuté de sept ans à vingt trois mois. En un quart de siècle, la moyenne du premier salaire a baissé de 25 %. Il est urgent, comme le propose Jean-Pierre Chevènement, de revaloriser le travail en revalorisant la feuille de paye. Il est urgent de rétablir la sécurité pour les salariés dans leur travail.
Ne croyez surtout pas que je me berce dans une sorte d'angélisme social. Sur le long terme, et même le moyen terme, la qualification de la main d'oeuvre et son ardeur au travail sont des avantages concurrentiels pour le site de production France. Il ne faut pas avoir une vision seulement comptable de l'économie. Il faut prendre en compte tous les facteurs. L'école est un excellent investissement. Un autre atout de notre pays est le service public. Jacques Chirac et Lionel Jospin n'ont de cesse de vouloir le démanteler en inventant la concurrence là où le nature l'exclut et, ensuite, en les privatisant. Nos deux sortants nous expliquent que tout cela n'est pas de leur faute ; Bruxelles l'exige. Que je sache la France a encore le pouvoir de dire non et il existe des clauses de sauvegarde. A Vierzon, ville ferroviaire s'il en fut, je me dois d'évoquer le sommet de Barcelone à la fin de la semaine. La France devrait y capituler et la SNCF admettre la concurrence pour une partie du fret. Nous savons qu'ensuite tout le fret sera livré au marché et à terme le trafic voyageurs. On parle même de concurrence pour le métro parisien. Ce dogmatisme libéral va à contre-courant quand le problème majeur du transport de marchandises est l'augmentation exponentielle des poids lourds. Les solutions passent par l'investissement dans le ferroutage ou les voies navigables.
Jacques Chirac et Lionel Jospin sont d'accord pour privatiser EDF. Ensuite, ils se disputent pour savoir quelle part du capital d'Etat doit conserver. Ce pugilat est sans importance. EDF ne peut être privatisé d'un coup, à moins d'assécher le marché des capitaux. Tout seuil retenu aujourd'hui sautera demain devant la logique libérale. Pourquoi privatiser EDF ? Jacques Chirac a répondu : pour compenser les mirobolantes baisses d'impôts qu'il a promises. Lionel Jospin reste plus flou, mais il a besoin aussi de vendre l'argenterie de famille pour financer la société d'assistanat généralisé qu'il nous annonce. Mais, l'introduction de la concurrence dans l'électricité, nous en avons déjà l'expérience ailleurs. En Californie, elle s'est traduite par de gigantesques pannes. Pour l'ensemble des Etats-Unis, elle a abouti à la retentissante faillite d'Enron. L'électricité est un bien qui ne se stocke pas. Elle doit être produite aussi vite qu'elle est consommée. Il en découle des contraintes qui sont incompatibles avec les principes du marché. Les Américains commencent à s'en apercevoir et cherchent des solutions qui soient conformes aux habitudes de leur pays. Nous, nous avons un système qui marche depuis plus de cinquante ans, qui a fait ses preuves. Nous allons le casser pour imiter, non pas les Etats-Unis, car il y a de bonnes choses outre-Atlantique, mais, comme trop souvent, ce qu'il y a de plus mauvais aux Etats-Unis. Pendant ce temps là, les véritables problèmes d'EDF ne sont pas résolus. La décision de construire le prototype de l'EPR, le réacteur de nouvelle génération, n'est toujours pas prise. La recherche sur le réacteur de haute température, la filière d'après-demain, n'avance pas. La question des déchets radioactifs reste posée. Nous ne pouvons oublier que les services publics ont été depuis plus d'un demi-siècle à la pointe de la modernisation de la France, qu'ils sont un outil indispensable pour l'aménagement du territoire et qu'ils demeurent un moyen d'égalité entre les citoyens.
Mais, la République n'est pas non plus elle-même si elle n'est pas tournée vers l'universel. La France a un rôle à jouer dans le monde. Par son histoire et par sa géographie, elle est naturellement tournée vers le Sud. Dans la crise actuelle qui sévit dans un Moyen Orient élargi, le silence de Jacques Chirac et de Lionel Jospin est à la fois désolant et fracassant. Ils s'en remettent à je ne sais quel émissaire européen, qui n'a rien à dire parce qu'il ne représente rien. Alors, il se contente de bonnes paroles, qui relèvent plus de l'incantation que de la moindre efficacité.
Mais, il y a tout aussi inquiétant. Nous avons abandonné l'Afrique francophone à son sort. Le symbole en fut éclatant lorsque ni l'un, ni l'autre ne crut bon de se déplacer pour les obsèques de Léopold Sédar Senghor. Il fallut que, quelques jours après, Jean-Pierre Chevènement, simple candidat, se rende seul à Dakar pour que la France ne soit pas totalement absente. Oui, la France a un rôle à jouer en Afrique et elle pourrait y désamorcer bien des conflits. Il ne s'agit évidemment pas d'un retour à quelque néo-colonialisme. Bien au contraire, il s'agit d'une coopération, entre des nations qui ont en partage la langue française. Ensemble, elles peuvent freiner la mondialisation ultra libérale, voir proposer un nouveau cours aux relations internationales.
Jean-Pierre Chevènement s'est rendu en janvier 2001 et en janvier 2002 à Porto Alègre précisément pour offrir au monde un autre visage de la France, que celui d'une France renonçante et repentante. Il a dénoncé le sort fait à l'Argentine, non seulement parce que les épreuves subies par les Argentins sont insupportables, mais parce que l'Argentine risque bien d'être l'avenir de beaucoup de pays, dont le nôtre, si nous n'y prenons garde.
Chers Amis,
Le 21 avril prochain, nous avons le choix soit l'un des deux sortants, soit Jean-Pierre Chevènement. Avec Jacques Chirac ou avec Lionel Jospin, nous savons ce qui nous attend : c'est la poursuite de la même politique avec les mêmes moyens. Nous connaissons l'échéance de 2004 que l'un ou l'autre nous imposera. Tout sera mis en oeuvre pour nous soumettre à une constitution européenne dans laquelle se dissoudra la constitution de la République, par laquelle la France perdra son indépendance. En plus pour mieux briser le pays, on y ajoutera le statut de la Corse avec son pouvoir législatif et, peut-être, ceux de quelques autres régions. Jacques Chirac et Lionel Jospin ont donné, d'un commun accord, à Laeken en décembre dernier un mandat de cette nature à la convention sur l'avenir de l'Europe. Oui, il faut rénover la construction européenne par un nouveau traité qui se substitue à tous les autres. En revanche, il ne faut pas aggraver les défauts de la construction européenne par une constitution, qui reviendrait à nier les nations qui composent toujours l'Europe, qui sont le cadre naturel de la démocratie. Avec Jean-Pierre Chevènement, les rythmes et les réalités seront respectés.
Je sais bien que l'on nous propose aussi de perdre nos voix en les portant sur des candidats éternellement protestataires. Mais, ni Arlette Laguiller, ni Jean-Marie Le Pen ne peuvent l'emporter, ne peuvent même espérer figurer au second tour. Si, d'aventure, l'un des deux y accédait, il serait écrasé. Toutefois, si 2 à 3 % de l'électorat se situent respectivement à l'extrême gauche ou à l'extrême droite, les autres citoyens, qui ont l'intention de voter pour eux, veulent surtout exprimer leur rejet du système. Ils se fourvoient dans une impasse. Ils se font peut-être un petit plaisir personnel, ils se donnent peut-être même un léger frisson en se livrant ainsi à une transgression d'une sorte d'interdit. Mais, ils stérilisent leur suffrage.
En revanche, en votant pour Jean-Pierre Chevènement, ils se donnent la possibilité d'un véritable changement. Car, Jean-Pierre Chevènement est le seul candidat qui offre une alternative fiable et crédible. On sait qu'il est un homme de convictions. Par trois fois, il l'a prouvé avec éclat. Il a développé des propositions. Elles sont cohérentes et raisonnables. Jean-Pierre Chevènement est un homme seul ; il n'a pas un lourd appareil à nourrir et à satisfaire. Autour de lui, il n'y a pas les féroces appétits de l'Etat PS ou de l'Etat RPR. Mais, Jean-Pierre Chevènement n'est pas un homme isolé. Autour de lui, avant même toute perspective de victoire, s'est constitué le Pôle républicain.
En juin prochain, nous présenterons un candidat dans chaque circonscription législative. Nous désignerons ces candidats dans quelques semaines. Il faut que les évolutions en cours se poursuivent.
Le vote pour Jean-Pierre Chevènement est un vote protestataire utile. Chacun voit bien la tension qui surgit au seul rapprochement des deux termes. Une protestation qui ne serait pas une impasse. Une utilité qui ne serait pas une compromission. C'est pour cela que le vote pour Jean-Pierre Chevènement est un vote d'avenir. En même temps, le vote pour Jean-Pierre Chevènement est une véritable chance pour la France et pour la République.
Avec Jean-Pierre Chevènement, c'est le retour de la France dans le concert des nations. Car, la France a toujours quelque chose à dire au monde. Car, le monde attend encore que la France s'exprime. Non, les Etats-Unis d'Europe de Lionel Jospin et autre Pierre Moscovici n'auront pas la même puissance dans le message. Non, un président de l'Europe, cher à Jacques Chirac, ne sera pas porteur d'un discours tendant vers l'universel. La France est unique, à condition qu'elle ose parler, à condition qu'elle ne noie pas sa parole dans le verbiage d'un européisme sans rivage.
Nous ne sommes pas contre l'Europe. Depuis les temps géologiques, la France appartient à l'Europe. Mais, nous sommes pour une Europe qui respecte les nations, qui s'enrichit des nations. Nous sommes pour une Europe dans laquelle la France conserve son indépendance, tout en coopérant avec les autres pays. La nation est encore pour longtemps le cadre indépassable de la démocratie. La synthèse de la nation et de la démocratie forme le socle de la République. C'est à ce socle que Jacques Chirac et Lionel Jospin s'attaquent au nom de la mondialisation, au nom d'une construction européenne qui n'est que le relais continental de cette mondialisation.
Avec Jean-Pierre Chevènement, nous remettrons les choses en place et en ordre. La France sera première servie, une France généreuse, accueillante, ouverte sur le monde, une France qui aura retrouvé sa fierté, sa raison d'être, sa vocation dans la République.
Oui, voter pour Jean-Pierre Chevènement, c'est donner un avenir à la France,
Oui, voter pour Jean-Pierre Chevènement, c'est donner un espoir à la République,
Oui, voter pour Jean-Pierre Chevènement, c'est donner à nous-mêmes une espérance.
(Source http://georges-sarre.net, le 20 mars 2002)
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Il est urgent de mettre un terme à la chienlit des sauvageons. L'assassinat d'Evreux indigne à juste titre la France. Il n'est pas, malheureusement, un drame isolé. A Valenciennes, un père de famille poignarde un lycéen. A Marseille, un commissariat est attaqué par une bande de voyous. Il n'y a pas si longtemps, aux Sables d'Olonne, deux gendarmeries ont été envahies par des trafiquants de drogue, qui voulaient récupérer leur marchandise saisie. Je pourrais sans difficulté allonger cette liste de méfaits inadmissibles. Mais, le problème n'est pas de les énumérer ; le problème est de les empêcher.
Pour les empêcher, il faut d'abord affirmer une volonté politique sans faille qui repose sur la répression et sur la prévention. Il est contre productif d'opposer, tel les post soixante huitards attardés, la répression et la prévention. La répression appartient pleinement à la prévention, parce que la répression est dissuasion. Elle fixe les limites à ne pas franchir. De plus, dans la situation d'urgence où nous nous trouvons aujourd'hui, la répression relève de la première nécessité. Elle doit être sans faiblesse, sans excuse absolutoire.
Jean-Pierre Chevènement a fait des propositions concrètes. S'il est élu, dès le mois de Juillet, l'Assemblée nationale, siégeant en session extraordinaire, sera amenée à se prononcer sur trois projets de loi. Une loi de programmation pour la police et la gendarmerie. Une loi de programmation pour la justice. Une loi portant refonte de l'ordonnance de 1945 sur la délinquance des mineurs. Des centres fermés seront créés pour isoler les mineurs multirécidivistes. Enfin, il faudra rétablir l'unité de la politique pénale sur tout le territoire de la République en mettant fin à l'indépendance des parquets.
Puis, sans tarder, le Parlement devra se pencher sur un véritable statut à donner aux victimes de ces violences. Il convient de prévoir une aide juridique et un soutien psychologique. Il ne faudra pas non plus négliger les problèmes financiers et matériels, tant dans l'urgence que sur le long terme.
Jean-Pierre Chevènement avait déjà fait ces propositions, il y a très exactement trois ans alors qu'il était ministre de l'Intérieur. Lionel Jospin les avait immédiatement repoussées. Aujourd'hui, il invoque une prétendue naïveté. Qui peut croire que Lionel Jospin puisse être naïf ? Lionel Jospin s'est livré alors à un sordide calcul politicien. Il a cédé à l'angélisme idéologique de tant de socialistes. Surtout, il était en train de constituer son axe stratégique avec les Verts, menés par Daniel Cohn-Bendit.
Il était convaincu que cet ensemble libéral libertaire pesait plus en France que les républicains. Il n'a pas vu que les premières victimes de l'insécurité appartenaient aux couches populaires, et non aux bourgeois nantis habitant dans les quartiers chics. Aujourd'hui, Lionel Jospin s'est aperçu que les Français en avaient assez de la violence quotidienne. Alors, le candidat propose ce que le Premier ministre a refusé. Il en rajoute même pour faire bonne mesure. Ainsi, il pense impressionner par la création d'un ministère de la Sécurité Intérieure, comme si la solution dépendait de l'organigramme du gouvernement.
Jacques Chirac s'est aussi emparé du thème de la sécurité. Une fois de plus, à quelques nuances près, il fait les mêmes propositions que Lionel Jospin. Dois-je rappeler qu'en 1999 il était Président de la République ? Il aurait pu alors soutenir les propositions de Jean-Pierre Chevènement. Déjà candidat en embuscade, il s'en est bien gardé. Surtout, il a des responsabilités politiques dans la dérive que nous déplorons. En 1987, il a interdit la détention provisoire pour les mineurs délinquants, y compris multirécidivistes. En 1995, il n'a pas fait appliquer la loi de programmation de la police et de la gendarmerie que Charles Pasqua venait de faire voter. En janvier 1997, Jacques Chirac a lancé l'indépendance des parquets, que Lionel Jospin a appliquée. Il est vrai que Jacques Chirac souhaitait aller encore plus loin dans l'anarchie judiciaire en supprimant toute hiérarchie au sein des parquets.
Alors, pour lutter efficacement contre l'insécurité, il vaut mieux Jean-Pierre Chevènement qui a conçu une politique complète et cohérente. Il faut se méfier de ceux qui l'ont copié et plagié, en ajoutant quelques mesures spectaculaires pour faire meilleur effet.
Mais, bien sûr, on ne peut se contenter de la répression. Il faut aussi mettre en uvre une politique sérieuse de prévention sur le long terme. Il faut en finir avec la prévention paillettes. La prévention passe par une Ecole de la République redressée, remise sur ses pieds, débarrassée des scories soixante huitardes. Dans la loi d'orientation qu'il a fait voter en 1989, lorsqu'il était ministre de l'Education Nationale, Lionel Jospin a mis l'élève au centre de l'Ecole. C'est une très grave erreur de conception. C'est transformer l'Ecole en lieu de vie. Au centre de l'Ecole, il doit y avoir la transmission des savoirs, des connaissances, des repères. Il n'existe pas d'égalité entre le maître et l'élève. Le maître sait. L'élève apprend. L'Ecole est un lieu de passage pour l'Elève, un lieu de formation. L'enfant deviendra adulte. L'élève deviendra citoyen. La mission de l'Ecole de la République est de former des citoyens. C'est-à-dire des femmes et des hommes susceptibles de participer au débat public. C'est-à-dire des femmes et des hommes qui peuvent, sauf cas particulier, subvenir à leurs propres besoins et à ceux des leurs.
A l'Ecole de la République, doit aussi être enseignée l'instruction civique. Celle-ci ne doit pas être assimilée à un cours de droit administratif. L'instruction civique doit expliquer comment vivre ensemble au-delà de nos différences grâce au principe de laïcité. Il faut séparer l'espace du débat public et la sphère de la vie privée. L'instruction civique doit montrer le rôle central de la loi, qui a été élaborée en commun. Son respect par tous est le fondement de la vie en société républicaine. On peut la contester par des voies démocratiques ; mais on s'y soumet tant qu'elle appartient au droit positif. L'instruction civique doit diffuser la morale républicaine, celle qui allie la liberté de l'individu et le respect d'autrui.
Nous sommes bien loin des facilités qui ne sont que des capitulations. La simple évocation de la libéralisation de la consommation de drogue est déjà un encouragement à toutes les dérives. Les délinquants auront l'impression qu'ils ne font que précéder la loi. Mais, si la solution passe par la fermeté, il convient d'éviter les slogans tapageurs du style " impunité zéro " ou " tolérance zéro ". Outre que de tels principes pourraient s'appliquer à d'autres que les seuls sauvageons, ils limitent le problème à ses seuls effets.
Or, la violence actuelle en France a pour cause profonde la démission généralisée de nos élites qui s'est propagée progressivement depuis 1968. La marginalisation de l'Etat, un individualisme sans borne, la dérision à l'encontre de la France, l'oubli de la République, les repentances à répétition, le mépris pour le travail et les travailleurs, l'absence de politique d'intégration, le chômage de masse, voilà quelques uns des facteurs qui expliquent la situation d'aujourd'hui.
Je veux dire un mot sur l'insécurité sociale qui touche des couches de plus en plus étendues actifs. La précarisation grandissante du travail est une réalité au nom de la flexibilité. Les deux tiers des salariés pensent qu'il pourrait se trouver en peu de mois dans une situation d'exclusion. Or, ils savent que rapidement l'exclusion devient inflexible. En se conformant à la mondialisation financière et en acceptant une construction européenne ultra-libérale, les deux sortants ne proposent que l'aggravation de cette situation.
On ne peut compter ni sur Jacques Chirac, ni sur Lionel Jospin pour résoudre ces problèmes. Ils ont eu l'un et l'autre suffisamment de temps pour au moins commencer à apporter des solutions. En revanche, on peut compter sur Jean-Pierre Chevènement. Il a des propositions. Il a des convictions. Il a su le montrer. Et, aujourd'hui, il sait rassembler autour de la République pour être l'homme de la Nation.
Mais, pour que les Français puissent se prononcer en toute indépendance et en toute connaissance, il faut que les candidats puissent s'adresser à eux dans l'équité. Or, en ne considérant que les journaux télévisés du début de soirée des trois grandes chaînes, le CSA a constaté qu'au mois de février, Lionel Jospin a bénéficié de 1 h 04 minutes d'antenne, Jacques Chirac de 50 minutes et 47 secondes, alors que la part de Jean-Pierre Chevènement a été réduite à 11 minutes et 33 secondes. Nous avons protesté. Mais, pour la première semaine de mars, rien n'a changé, tout a empiré. Lionel Jospin a été présent 37 minutes et 03 secondes, Jacques Chirac 19 minutes et 16 secondes alors qu'il ne fut accordé que 1 minute et 42 secondes à Jean-Pierre Chevènement.
Demain, avec d'autres parlementaires soucieux de la démocratie dans ce pays, j'irai protester auprès du Conseil Constitutionnel. La question qui se pose est la validité et la régularité d'une élection où il y a eu une telle disproportion dans les moyens accordés aux candidats. Les deux sortants veulent monopoliser l'élection. Lionel Jospin et Jacques Chirac veulent s'imposer aux Français en étouffant tout débat démocratique. Ils imposent une véritable censure. Ils bafouent la République et les citoyens.
(Source http://georges-sarre.net, le 20 mars 2002)
Conférence à Paris le 18 mars 2002
Chers Amis,
Nous sommes au soir d'un grand jour. Les deux candidats sortants à la Présidence de la République ont enfin fait don au peuple français de leurs programmes. A moins de cinq semaines du scrutin, il était temps. Mais je sais pourquoi, spontanément, j'ai mis " programmes " au pluriel. Peut-être l'habitude, un vieux réflexe, explique cette erreur. Car, à la lecture des deux textes, je n'ai vu qu'un seul programme commun de renoncement. Bien sûr, ici ou là, il y a des nuances, des différences de rédaction. Les intéressés, leurs amis et les commentateurs vont abondamment gloser sur ces déplacements de virgules. Il n'en reste pas moins que sur le fond les deux textes sont identiques. Et, comment pourrait-il en être autrement, quand les deux sortants acceptent les contraintes de la mondialisation financière et d'une construction européenne ultra-libérale ?
Nous le voyons bien avec le sommet de Barcelone. Nos deux compères de la cohabitation en sont revenus tout heureux. D'un commun accord, ils ont crié victoire. Et, avec eux, l'impressionnante cohorte des courtisans et des partisans a cru bon de célébrer un succès de la France. Croyez bien que j'aurais bien voulu, moi aussi, me joindre à ce choeur ; les succès de la France sont devenus si rares. Mais, qu'ont-ils ramené de Barcelone, Jacques Chirac et Lionel Jospin ? Rien, sinon la complicité intéressée de Tony Blair, de José Maria Aznar et même de Silvio Berlusconi. J'allais oublier les félicitations de Romano Prodi. Devant tant d'éloges. A leur place, je me serais inquiété, je me serai demandé : quelle erreur ai-je commise ? Eux non, ils nous sont revenus béats de satisfaction, ravis d'eux-mêmes. Le trio déterminé de l'Europe libérale, du démantèlement des services publics, leur a permis de sauver la face, de se présenter en héros, de jeter de la poudre aux yeux. Pour Jacques Chirac et Lionel Jospin, seule compte l'illusion afin de combattre Jean-Pierre Chevènement.
Mais, la réalité de Barcelone est beaucoup plus rude, beaucoup plus crue. L'ouverture totale du marché professionnel de l'électricité est retardée de seulement un an. La date d'ouverture totale du marché domestique de l'électricité, celui des particuliers, celui de vous et moi, sera fixé après les élections françaises. Le principe en est acquis. De toutes les manières, les deux sortants ont déjà annoncé qu'ils souhaitent aller au-delà des demandes de la Commission de Bruxelles. Comme ils savent les Français légitimement attachés au service public, ils se déclarent opposés à la privatisation d'EDF. Ils annoncent vouloir une simple ouverture du capital ; l'Etat en conserverait 51 %. EDF vaut tellement d'argent que sa privatisation ne peut être que progressive, à moins d'assécher le marché des capitaux et de risquer de vendre l'entreprise moins cher. Sur les cinq ans du prochain mandat présidentiel, le plancher de 51 % devrait donc être respecté. Mais ils savent que la logique et l'engrenage feront sauter ce seuil dans les années qui suivront.
Certains diront : pourquoi donc ne pas privatiser l'électricité, les autres pays industrialisés l'ont bien fait ? C'est le syndrome de Panurge : un mouton se jette à l'eau, tous les moutons se jettent à l'eau. Pourtant, l'exemple des Etats-Unis, avec les grandes pannes de Californie et la faillite retentissante d'Enron, montre vers quel chaos on se dirige. En France même, la situation de France Télécom devrait amener à réfléchir. L'entreprise est encore contrôlée à 54 % par l'Etat. Pourtant, comme le fait aujourd'hui, EDF, elle, est allé faire ses emplettes sur le marché mondial des télécommunications. Elle s'est surtout lestée d'une dette de soixante trois milliards d'euros. Pendant ce temps là, le cinquième du territoire national n'est pas couvert par le téléphone mobile.
Certains diront qu'avec la concurrence, les tarifs de l'électricité baisseront et que le consommateur sera gagnant. Grâce au nucléaire, l'électricité en France est déjà l'une des moins chère du monde. Mais, surtout, il s'agit d'une illusion qui se paye à terme. Car, pour abaisser leurs prix, les sociétés d'électricité n'investissent pas ; elles vivent sur la rente des équipements déjà installés. Or, précisément, aujourd'hui le véritable problème d'EDF est celui des investissements. Il faut construire sans tarder le prototype de l'EPR, le réacteur de nouvelle génération. Il faut développer la recherche sur le réacteur à haute température, la filière d'après-demain. Il faut résoudre la question des déchets radioactifs. Le programme de Jacques Chirac et de Lionel Jospin ne s'intéresse pas à l'avenir de la France. Il se positionne par rapport aux exigences idéologiques de la Commission de Bruxelles.
Encore un mot sur les retraites. Pour les deux sortants, c'est la même stratégie du faux-semblant. Ils affirment le maintien de la retraite par répartition. Mais l'un et l'autre veulent instiller la retraite par capitalisation. Jacques Chirac le dit sans ambages, il veut créer des fonds de pension que, par souci cosmétique, il appelle " à la française ". Lionel Jospin, plus tortueux, parle de fonds d'épargne salariale. Le résultat est le même : ils veulent jouer notre vieillesse au casino de la bourse. Alors, il faut le répéter haut et fort : la répartition assure la solidarité entre les générations. La répartition relève d'une bonne gestion de l'économie. La capitalisation s'inscrit dans la spéculation.
Nos deux sortants n'ont pas trop insisté sur une recommandation du sommet de Barcelone qu'ils ont acceptée. Aujourd'hui, l'âge moyen de la retraite en Europe est de cinquante huit ans. Selon cette recommandation, il devrait en 2010 passer à soixante trois ans. Par ce biais, le candidat Jacques Chirac et le candidat Lionel Jospin ont remis en cause la retraite à soixante ans dans la plus grande discrétion. Là aussi, ils espèrent passer, ni vus, ni connus, le cap des élections. Ensuite, si l'un d'eux devait encore exercer des responsabilités, il nous expliquerait docilement qu'il n'y peut rien, que c'est l'Europe, mais qu'il faut reporter l'âge de la retraite. D'ailleurs, soyons en sûr, la commission de Bruxelles ne tardera pas à revenir à sa proposition initiale : soixante cinq ans.
Nos deux sortants ont le même programme. Tout débat démocratique entre eux est impossible. Il ne peut y avoir que des polémiques sur l'âge du capitaine ou sur l'épouvantail d'un socialisme depuis longtemps disparu. Plus grave, de connivence, ils étouffent tout débat démocratique. Ils ont décidé que le premier tour n'était qu'une formalité et que le second tour était leur monopole. Malheureusement, trop de média ont accepté de fait ce schéma. Ils laissent Jacques Chirac et Lionel Jospin confisquer la démocratie. Les relevés de temps d'antenne publiés par le CSA sont éloquents ; ils donnent le vertige. Bien évidemment, nous ne sommes pas restés inertes. Nous avons protesté, vendredi matin, auprès du Conseil Constitutionnel. Selon la Constitution, il doit veiller à la régularité de l'élection du Président de la République. La régularité ne se limite pas à la propagande officielle et aux bureaux de vote. La régularité s'étend à la possibilité pour les candidats de s'adresser à l'ensemble des citoyens. Nous attendons du Conseil Constitutionnel qu'il joue son rôle dans la République.
Il est vrai que la candidature de Jean-Pierre Chevènement étonne et détonne dans le paysage convenu de cette campagne électorale. En se plaçant au-dessus de la droite et de la gauche sans nier l'existence de la droite et de la gauche, en se plaçant en position centrale sans être centriste, Jean-Pierre Chevènement bouscule les habitudes figées d'un petit monde qui aime à ronronner entre soi depuis des lustres. Jean-Pierre Chevènement les dérange parce qu'il affirme que la France a encore un avenir et que la République a toujours un sens. Jean-Pierre Chevènement les inquiète parce qu'il a des propositions fiables, crédibles, raisonnables, et que ces propositions ne consistent pas à se soumettre et à se résigner à la fatalité du marché.
Oui, Jean-Pierre Chevènement est le seul candidat qui soit en mesure de battre les deux sortants. Peu importe lequel des deux, de Jacques Chirac ou de Lionel Jospin, se trouvera en face de Jean-Pierre Chevènement au second tour, car les deux incarnent la même politique de renoncement. Un vote pour Jean-Pierre Chevènement est un vote protestataire, mais un vote protestataire utile. Car il faut le dire : il existe des votes protestataires stériles. En France, il y a des planchers incompressibles de 2 à 3 % de l'électorat qui se retrouvent respectivement dans l'extrême gauche ou dans l'extrême droite. Mais, les autres citoyens, qui s'interrogent pour savoir s'ils vont se prononcer pour Arlette Laguiller ou pour Jean-Marie Le Pen, perdent leur voix s'ils se laissent entraîner dans cette impasse. Ni Arlette Laguiller, ni Jean-Marie Le Pen ne peuvent être élus, si, d'aventure, l'un des deux accédait au second tour, il serait écrasé. Le seul candidat crédible pour le changement est Jean-Pierre Chevènement.
Alors, on ne peut que remarquer le tapage fait soudain autour d'Arlette Laguiller. Avec son grand chapeau, Madame de Fontenay a ainsi désigné devant les télévisions ébahies Miss Révolution. Arlette Laguiller est devenue en quelques jours la coqueluche inoffensive des médias. Elle est à la mode dans les milieux du cynisme branché. Elle appartient au folklore. Elle suscite bien plus d'amusement que de peur. Personne ne la craint. Au contraire, dans les beaux quartiers, elle donne comme un délicieux frisson de nostalgie, quand on la voit chanter l'Internationale, le poing levé. Tous les gaullistes établis retrouvent alors leurs vingt ans. Arlette Laguiller est un moyen de se donner bonne conscience sans conséquence aucune. Mais, il y a aussi des électeurs qui veulent sincèrement le changement et qui pourraient tomber dans le piège qui leur est ainsi tendu. A nous de les convaincre que voter pour Arlette Laguiller, comme voter pour Jean-Marie Le Pen, c'est conforter Jacques Chirac et Lionel Jospin.
Lionel Jospin nous a expliqué à Limoges qu'il voulait réconcilier " La France qui crée, qui avance avec la France qui peine ". Quel mépris pour " la France qui peine " ! Quel mépris, car pour cet homme qui se dit de gauche " la France qui peine ne crée pas " ! N'avance pas ! Mais qui compose donc cette " France qui peine " ? Les ouvriers, les employés, les artisans, les paysans, les commerçants, les enseignants, mais aussi les policiers, les gendarmes, les hospitaliers, mais encore les cadres moyens et même supérieurs. Bref, " la France qui peine ", c'est le Peuple de France ! " La France qui peine ", c'est nous, c'est nous le peuple. Car, " la France qui crée, qui avance ", c'est bien sûr les intellectuels, les artistes, les chercheurs. Mais, il n'est nul besoin de réconcilier ces catégories avec le peuple. Le peuple de France n'a pas attendu Lionel Jospin pour reconnaître et pour se reconnaître dans les métiers du savoir et de la création. Non, pour Lionel Jospin, " La France qui crée, qui avance " est composée de ceux qui créent, comme on dit aujourd'hui, de la valeur, c'est-à-dire ceux qui font monter le cours des actions en bourse. " La France qui crée, qui avance " est aussi composée de ceux qui participent au marché mondial, qui profitent de la mondialisation.
Mais, Lionel Jospin se dit toujours de gauche, même s'il avoue avoir abandonné le socialisme. Mais, Lionel Jospin vient d'exercer un premier quinquennat. Comment se fait-il qu'il n'ait pas déjà essayé de réconcilier ces deux France ? Il n'a pas essayé de les réconcilier parce qu'il sait qu'il y a incompatibilité. Oui, il y a incompatibilité entre le monde du travail et l'univers de la spéculation. Mais, il a besoin du monde du travail pour être élu. Alors, il se rappelle qu'il a encore une image de gauche. Alors, il se rappelle qu'il a une rente électorale qui se situe à gauche. Alors, il tente, une fois de plus, d'abuser les citoyens qui se sentent de gauche. Ils tentent de leur faire accroire qu'il est aussi de gauche, que son programme est de gauche. Pourtant, il ne peut pas s'empêcher de laisser transpirer son sentiment profond. Sa distinction et sa formulation trahissent son opinion.
Parce qu'il est l'homme de la Nation, Jean-Pierre Chevènement est le véritable candidat du monde du travail. Il propose de revaloriser le travail en commençant par la feuille de paye. Le SMIC doit être augmenté suffisamment pour qu'il soit une incitation effective à l'effort. Le régime des heures supplémentaires sera assoupli, pour que celui qui veut augmenter ses revenus puisse le faire sans contrainte bureaucratique. Afin de ne pas taxer l'emploi, les charges sociales afférentes aux premières centaines d'euros gagnés seront reportés sur la fiscalité générale. Sans tarder, après l'élection présidentielle, une conférence des revenus sera réunie pour examiner la revalorisation de l'ensemble des salaires. Jean-Pierre Chevènement ni oppose, ni réconcilie deux France. Il souhaite entraîner tous les Français dans un mouvement de croissance pour la reconquête de l'emploi. Il ne fait pas non plus de promesses démagogiques de baisse mirobolante des impôts, tout en augmentant les dépenses. Jean-Pierre Chevènement refuse de mépriser les citoyens en se livrant à une démagogie à la Jacques Chirac.
Après avoir fait voter la parité politique entre les hommes et les femmes, Jean-Pierre Chevènement veut arriver à la parité sociale. D'abord, la République doit se donner les moyens de faire respecter la revendication fondamentale : " A travail égal, salaire égal ". Elle rassemble les hommes et les femmes, car les hommes n'ont aucun intérêt à voir des femmes, des jeunes ou des étrangers payés moins qu'eux, alors qu'ils accomplissent la même tâche. Le salaire des hommes sera tiré vers le bas. Les hommes risquent même de se retrouver au chômage. Mais, il faut aller plus loin. Il faut compenser le handicap que représente la maternité pour les femmes au travail. C'est l'intérêt de la société toute entière sur le long terme. Nos enfants sont notre avenir. Pour être concret, seuls nos enfants payeront nos retraites.
Aussi, il faut accroître de moitié en cinq ans le nombre de crèches et d'assistantes maternelles. Le congé de maternité et le congé parental, indexés sur les salaires, devront être pris en compte dans les carrières. Les femmes pourront bénéficier de trois ans de cotisations par enfant dans le calcul des droits à la retraite.
Jean-Pierre Chevènement présente aussi un ensemble de mesures pour lutter avec efficacité contre la grave augmentation de l'insécurité en France. On peut les diviser en deux grandes catégories. D'une part, les mesures qu'il avait proposées aux deux sortants quand il était ministre de l'Intérieur et qu'ils avaient alors rejetées. D'autre part, les mesures nécessaires pour revenir sur les décisions erronées prises par l'un ou par l'autre des deux sortants à un moment donné. Depuis, Lionel Jospin a esquissé une de ces repentances à la mode, invoquant sa naïveté. En réalité, Lionel Jospin a mis du temps à s'apercevoir que les premières victimes de la violence et de la délinquance sont les plus démunies des quartiers populaires, et moins les bourgeois des quartiers aisés. Il est prisonnier de cet angélisme, qui se veut de gauche et qui rejette la faute sur la société. Alors, aujourd'hui, parce qu'il constate l'exaspération des citoyens, Lionel Jospin reprend une partie des propositions de Jean-Pierre Chevènement ; mais, il les édulcore et il les ampute au point de leur enlever toute cohérence.
En 1999, lorsque Jean-Pierre Chevènement avait fait ses propositions, Jacques Chirac, quoique Président de la République, était resté silencieux. Il était déjà candidat en embuscade. Aujourd'hui, comme Lionel Jospin, il les reprend dans son programme ; mais il les caricature en les exagérant et il les isole en ne cherchant pas à traiter leurs causes sur le long terme.
Jean-Pierre Chevènement propose, lui, une loi de programmation pour la police et la gendarmerie et une loi de programmation pour la justice. En 1999, Lionel Jospin a refusé une telle projection sur le long terme. En 1995, Jacques Chirac n'a pas appliqué la loi de programmation que Charles Pasqua avait fait voter.
Jean-Pierre Chevènement propose, lui, une refonte de l'ordonnance de 1945 sur la délinquance des mineurs. Notamment, il prévoit la création de soixante centres de retenus fermés pour délinquants mineurs récidivistes. En 1999, Lionel Jospin a rejeté tout plan d'ensemble contre la violence juvénile. Souvenez-vous, à cette époque, Jean-Pierre Chevènement était stigmatisé pour avoir parlé de " sauvageons ". En 1987, Jacques Chirac a supprimé la détention provisoire pour les mineurs, mêmes multirécidivistes. Lionel Jospin et Jacques Chirac ont créé le sentiment d'impunité. Ils ont beau jeu aujourd'hui de le dénoncer.
Jean-Pierre Chevènement propose, lui, de rétablir l'unité de la politique pénale sur tout le territoire de la République en mettant fin à l'indépendance du Parquet. Cette indépendance a été proposée par Jacques Chirac en janvier 1997. Elle a été soumise au Parlement par Lionel Jospin au printemps 1999. Elle revient à une fragmentation de l'application de la loi, entraînant de fait une inégalité des citoyens devant la loi.
Pendant des décennies, les gauchistes ont joué à la guerre contre les fascistes plus ou moins d'opérette, contre les " fachos " comme ils disaient. Pour désagréable et condamnable qu'il soit, ce fascisme ne présente de danger que s'il trouve son terreau. Le vrai terreau du fascisme est dans cette décomposition sociale et morale d'une partie de notre jeunesse. N'oublions jamais l'étroite liaison entre d'une part le lumpen prolétariat et d'autre part les chemises noires et les chemises brunes. Or, cette décomposition de trop de nos jeunes sans repères, sans références n'est que l'expression avancée de la décomposition sur pied de cette société du " libre marché ". Guizot disait au moins : " Enrichissez-vous par le travail et par l'épargne ". Jacques Chirac appelle les Français à s'enrichir. Les moyens ne sont pas vraiment délimités ; Alors, les racketteurs d'Evreux et d'ailleurs ne connaissent plus de bornes. Si la seule valeur, c'est le " fric ", alors ils ont trouvé un moyen simple et pratique pour s'en procurer. Le fascisme d'aujourd'hui, c'est l'insécurité qui terrorise d'abord les plus faibles d'entre nous.
Il faut aussi s'attaquer aux causes profondes de l'insécurité. Et, d'abord, il faut redresser l'Ecole de la République. Dans un élan optimiste, Victor Hugo disait : " Ouvrir une école, c'est fermer une prison ".
En 1989, par sa loi d'orientation, Lionel Jospin mettait l'élève au centre de l'Ecole. Il a ainsi encouragé toutes les dérives pédagogistes, tous les laxismes qui transforment l'Ecole en simple lieu de vie. Non, au centre de l'Ecole, il y a la transmission des savoirs, des connaissances et repères. Entre le maître et l'élève, il n'existe pas d'égalité. Le maître sait. L'élève apprend. L'enfant ne restera pas enfant ; l'enfant deviendra adulte. L'élève ne restera pas élève ; l'élève deviendra un citoyen. L'Ecole doit former des citoyens. Encore, faudrait-il que nos élites n'aient pas abandonné la République !
Il faut enfin s'attaquer à l'insécurité sociale, qui touche des couches de plus en plus étendues d'actifs. La précarisation grandissante du travail est une réalité au nom de la flexibilité. Les deux tiers des salariés pensent qu'ils pourraient se trouver en peu de mois dans une situation d'exclusion. Or, ils savent que rapidement l'exclusion, elle, devient inflexible. A la sortie de l'Ecole, il faut offrir à nos jeunes autre chose que des perspectives d'assistance perpétuelle. Il faut créer des emplois stables et correctement rémunérés. En quelques années, le temps moyen d'un contrat de travail a chuté de sept ans à vingt trois mois. En un quart de siècle, la moyenne du premier salaire en monnaie constante a baissé de 25 %. Il est urgent de rétablir la sécurité pour les salariés dans leur travail. Voilà une des tâches à laquelle Jean-Pierre Chevènement s'attellera en priorité.
Mais, la République n'est pas non plus elle-même si elle n'est pas tournée vers l'universel. La France a un rôle à jouer dans le monde. Par son histoire et par sa géographie, elle est naturellement tournée vers le Sud. Dans la crise actuelle qui sévit dans un Moyen Orient élargi, le silence de Jacques Chirac et de Lionel Jospin est à la fois désolant et fracassant. Ils s'en remettent à je ne sais quel émissaire européen, qui n'a rien à dire parce qu'il ne représente rien. Alors, il se contente de bonnes paroles, qui relèvent plus de l'incantation que de la moindre efficacité.
Les Etats-Unis décident seuls. Quand leurs intérêts le leur commandent, ils peuvent même avoir une position équilibrée. La dernière résolution des Nations Unies sur le Proche Orient ouvre une réelle perspective de paix, avec deux Etats, israélien et palestinien, ayant chacun des frontières sûres et reconnues. A eux, ensuite, d'établir les relations les plus harmonieuses possibles.
Mais, il y a tout aussi inquiétant. Nous avons abandonné l'Afrique francophone à son sort. Le symbole en fut éclatant lorsque ni l'un, ni l'autre ne crut bon de se déplacer pour les obsèques de Léopold Sédar Senghor. Il fallut que, quelques jours après, Jean-Pierre Chevènement, simple candidat, se rende seul à Dakar pour que la France ne soit pas totalement absente. Oui, la France a un rôle à jouer en Afrique et elle pourrait y désamorcer bien des conflits. Il ne s'agit évidemment pas d'un retour à quelque néo-colonialisme. Bien au contraire, il s'agit d'une coopération, entre des nations qui ont en partage la langue française. Ensemble, elles peuvent freiner la mondialisation ultra libérale, voir proposer un nouveau cours aux relations internationales.
Jean-Pierre Chevènement s'est rendu en janvier 2001 et en janvier 2002 à Porto Alègre précisément pour offrir au monde un autre visage de la France, que celui d'une France renonçante et repentante. Il a dénoncé le sort fait à l'Argentine, non seulement parce que les épreuves subies par les Argentins sont insupportables, mais parce que l'Argentine risque bien d'être l'avenir de beaucoup de pays, dont le nôtre, si nous n'y prenons garde.
Chers Amis,
Autour de Jean-Pierre Chevènement, s'est constitué un rassemblement qui réunit des femmes et des hommes venant de tous les horizons politiques. Certains vont jusqu'à le qualifier d'attelage hétéroclite. Manifestement, ils n'ont pas compris quelle était la situation de la France aujourd'hui. En face, du Pôle républicain, il y a bien deux candidats ; mais ils ne sont séparés que par leur ambition personnelle respective. Il n'existe qu'un seul fauteuil présidentiel. Droite et gauche ne sont qu'apparences et illusions. Au Pôle républicain, nous savons qu'au dessus de la droite et de la gauche se situe la République. Nous savons que le combat pour la République et pour la France est désormais la priorité. La droite et la gauche n'ont donc pas disparu. Elles demeurent deux sensibilités qui doivent travailler ensemble dans le respect mutuel au profit d'un idéal plus élevé, au profit de la Nation toute entière.
Le programme du Pôle républicain a été exposé à Vincennes par Jean-Pierre Chevènement dès le 9 septembre dernier. Il comprend dix grandes orientations. Il n'y a donc ni négociations, ni accords entre des partis ou des groupes d'intérêts. Il n'y a pas de marchandage ou de pressions. Bref, ce n'est pas le retour au régime des partis. C'est un homme qui présente son programme à la Nation et le rejoigne ceux qui se retrouvent dans ses orientations. Sur cette base, nous voulons aider Jean-Pierre Chevènement à mettre en oeuvre son projet pour la France. La première étape est, bien évidemment, son élection à la Présidence de la République.
En juin prochain, nous présenterons un candidat dans chaque circonscription législative. Nous désignerons ces candidats dans quelques semaines. Il faut que les évolutions en cours se poursuivent.
Comme je l'ai dit, le vote pour Jean-Pierre Chevènement est un vote protestataire utile. Chacun voit bien la tension qui surgit au seul rapprochement des deux termes. Une protestation qui ne serait pas une impasse. Une utilité qui ne serait pas une compromission. C'est pour cela que le vote pour Jean-Pierre Chevènement est un vote d'avenir. En même temps, le vote pour Jean-Pierre Chevènement est une véritable chance pour la France et pour la République.
Avec Jean-Pierre Chevènement, c'est le retour de la France dans le concert des nations. Car, la France a toujours quelque chose à dire au monde. Car, le monde attend encore que la France s'exprime. Non, les Etats-Unis d'Europe de Lionel Jospin et autre Pierre Moscovici n'auront pas la même puissance dans le message. Non, un président de l'Europe, cher à Jacques Chirac, ne sera pas porteur d'un discours tendant vers l'universel. La France est unique, à condition qu'elle ose parler, à condition qu'elle ne noie pas sa parole dans le verbiage d'un européisme sans rivage.
Nous ne sommes pas contre l'Europe. Depuis les temps géologiques, la France appartient à l'Europe. Mais, nous sommes pour une Europe qui respecte les nations, qui s'enrichit des nations. Nous sommes pour une Europe dans laquelle la France conserve son indépendance, tout en coopérant avec les autres pays. La nation est encore pour longtemps le cadre indépassable de la démocratie. La synthèse de la nation et de la démocratie forme le socle de la République. C'est à ce socle que Jacques Chirac et Lionel Jospin s'attaquent au nom de la mondialisation, au nom d'une construction européenne qui n'est que le relais continental de cette mondialisation.
Avec Jean-Pierre Chevènement, nous remettrons les choses en place et en ordre. La France sera première servie, une France généreuse, accueillante, ouverte sur le monde, une France qui aura retrouvé sa fierté, sa raison d'être, sa vocation dans la République.
Oui, voter pour Jean-Pierre Chevènement, c'est donner un avenir à la France,
Oui, voter pour Jean-Pierre Chevènement, c'est donner un espoir à la République,
Oui, voter pour Jean-Pierre Chevènement, c'est donner à nous-mêmes une espérance.
(Source http://georges-sarre.net, le 25 mars 2002)
Conférence à Clichy sur Seine le 20 mars 2002
Chers Amis,
Depuis quelques jours deux candidats sortants à la Présidence de la République ont fait don au peuple français de leurs programmes. Mais je ne sais pas pourquoi, spontanément, j'ai mis " programmes " au pluriel. Peut-être l'habitude, un vieux réflexe, explique cette erreur. Car, à la lecture des deux textes, je n'ai vu qu'un seul programme commun de renoncement. Bien sûr, ici ou là, il y a des nuances, des différences de rédaction. Les intéressés, leurs amis et les commentateurs glosent abondamment sur ces déplacements de virgules. Il n'en reste pas moins que sur le fond les deux textes sont identiques. Et, comment pourrait-il en être autrement, quand les deux sortants acceptent les contraintes de la mondialisation financière et d'une construction européenne ultra-libérale ?
Nous le voyons bien avec le sommet de Barcelone. Nos deux compères de la cohabitation en sont revenus tout heureux. D'un commun accord, ils ont crié victoire. Et, avec eux, l'impressionnante cohorte des courtisans et des partisans a cru bon de célébrer un succès de la France. Croyez bien que j'aurais bien voulu, moi aussi, me joindre à ce choeur ; les succès de la France sont devenus si rares. Mais, qu'ont-ils ramené de Barcelone, Jacques Chirac et Lionel Jospin ? Un grand bradage déguisé avec la complicité intéressée de Tony Blair, de José Maria Aznar et même de Silvio Berlusconi. J'allais oublier les félicitations de Romano Prodi. Ils nous sont revenus béats de satisfaction, ravis d'eux-mêmes. Le trio déterminé de l'Europe libérale, du démantèlement des services publics, leur a permis de sauver la face, de se présenter en héros, de jeter de la poudre aux yeux. Pour Jacques Chirac et Lionel Jospin, seule compte l'illusion afin de combattre Jean-Pierre Chevènement.
Mais, la réalité de Barcelone est beaucoup plus rude, beaucoup plus crue. L'ouverture totale du marché professionnel de l'électricité est retardée de seulement un an. La date d'ouverture totale du marché domestique de l'électricité, celui des particuliers, celui de vous et moi, sera fixé après les élections françaises. Le principe en est acquis. De toutes les manières, les deux sortants ont déjà annoncé qu'ils souhaitent aller au-delà des demandes de la Commission de Bruxelles. Comme aujourd'hui ils savent les Français légitimement attachés au service public, ils se déclarent opposés à la privatisation d'EDF. Ils annoncent vouloir une simple ouverture du capital ; l'Etat en conserverait 51 %. EDF vaut tellement d'argent que sa privatisation ne peut être que progressive, à moins d'assécher le marché des capitaux et de risquer de vendre l'entreprise moins chère. Sur les cinq ans du prochain mandat présidentiel, le plancher de 51 % devrait donc être respecté. Mais ils savent que la logique et l'engrenage feront sauter ce seuil dans les années qui suivront.
Certains diront : pourquoi donc ne pas privatiser l'électricité, les autres pays industrialisés l'ont bien fait ? C'est le syndrome de Panurge : un mouton se jette à l'eau, tous les moutons se jettent à l'eau. Pourtant, l'exemple des Etats-Unis, avec les grandes pannes de Californie et la faillite retentissante d'Enron, montre vers quel chaos on se dirige. En France même, la situation de France Télécom devrait amener à réfléchir. L'entreprise est encore contrôlée à 54 % par l'Etat. Pourtant, comme le fait aujourd'hui, EDF, elle, est allé faire ses emplettes sur le marché mondial des télécommunications. Elle s'est surtout lestée d'une dette de soixante trois milliards d'euros. Pendant ce temps là, le cinquième du territoire national n'est pas couvert par le téléphone mobile.
Certains diront qu'avec la concurrence, les tarifs de l'électricité baisseront et que le consommateur sera gagnant. Grâce au nucléaire, l'électricité en France est déjà l'une des moins chère du monde. Mais, surtout, il s'agit d'une illusion qui se paye à terme. Car, pour abaisser leurs prix, les sociétés d'électricité n'investissent pas ; elles vivent sur la rente des équipements déjà installés. Or, précisément, aujourd'hui le véritable problème d'EDF est celui des investissements. Il faut construire sans tarder le prototype de l'EPR, le réacteur de nouvelle génération. Il faut développer la recherche sur le réacteur à haute température, la filière d'après-demain. Il faut résoudre la question des déchets radioactifs. Le programme de Jacques Chirac et de Lionel Jospin ne s'intéresse pas à l'avenir de la France. Il se positionne par rapport aux exigences idéologiques de la Commission de Bruxelles. Et c'est le consommateur à la fin qui trinquera !
Encore un mot sur les retraites. Pour les deux sortants, c'est la même stratégie du faux-semblant. Ils affirment le maintien de la retraite par répartition. Mais l'un et l'autre veulent instiller la retraite par capitalisation. Jacques Chirac le dit sans ambages, il veut créer des fonds de pension que, par souci cosmétique, il appelle " à la française ". Lionel Jospin, plus tortueux, parle de fonds d'épargne salariale. Le résultat est le même : ils veulent jouer notre vieillesse au casino de la bourse. Alors, il faut le répéter haut et fort : la répartition assure la solidarité entre les générations. La répartition relève d'une bonne gestion de l'économie. La capitalisation s'inscrit dans la spéculation.
Nos deux sortants n'ont pas trop insisté sur une recommandation du sommet de Barcelone qu'ils ont acceptée. Aujourd'hui, l'âge moyen de la retraite en Europe est de cinquante huit ans. Selon cette recommandation, il devrait en 2010 passer à soixante trois ans. Par ce biais, le candidat Jacques Chirac et le candidat Lionel Jospin ont remis en cause la retraite à soixante ans dans la plus grande discrétion. Là aussi, ils espèrent passer, ni vus, ni connus, le cap des élections. Ensuite, si l'un d'eux devait encore exercer des responsabilités, il nous expliquerait docilement qu'il n'y peut rien, que c'est l'Europe, mais qu'il faut reporter l'âge de la retraite. D'ailleurs, soyons en sûr, la commission de Bruxelles ne tardera pas à revenir à sa proposition initiale : soixante cinq ans.
Avec l'impunité zéro de Jacques Chirac et le zéro SDF de Lionel Jospin, nos deux sortants ont le chiffre fétiche. Et, quel chiffre : zéro ! C'est bien normal, leur programme vaut vraiment zéro. C'est zéro innovation, c'est zéro sérieux. Ils sont les zéros ou les héros du vide et du néant.
La candidature de Jean-Pierre Chevènement étonne et détonne dans le paysage convenu de cette campagne électorale. En se plaçant au-dessus de la droite et de la gauche sans nier l'existence de la droite et de la gauche, en se plaçant en position centrale sans être centriste, Jean-Pierre Chevènement bouscule les habitudes figées d'un petit monde qui aime à ronronner entre soi depuis des lustres. Jean-Pierre Chevènement les dérange parce qu'il affirme que la France a encore un avenir et que la République a toujours un sens. Jean-Pierre Chevènement les inquiète parce qu'il a des propositions fiables, crédibles, raisonnables, et que ces propositions ne consistent pas à se soumettre et à se résigner à la fatalité du marché.
Oui, Jean-Pierre Chevènement est le seul candidat qui soit en mesure de battre les deux sortants. Peu importe lequel des deux, de Jacques Chirac ou de Lionel Jospin, se trouvera en face de Jean-Pierre Chevènement au second tour, car les deux incarnent la même politique de renoncement. Un vote pour Jean-Pierre Chevènement est un vote protestataire, mais un vote protestataire utile. Car il faut le dire : il existe des votes protestataires stériles. En France, il y a des planchers incompressibles de 2 à 3 % de l'électorat qui se retrouvent respectivement dans l'extrême gauche ou dans l'extrême droite. Mais, les autres citoyens, qui s'interrogent pour savoir s'ils vont se prononcer pour Arlette Laguiller ou pour Jean-Marie Le Pen, perdent leur voix s'ils se laissent entraîner dans cette impasse. Ni Arlette Laguiller, ni Jean-Marie Le Pen ne peuvent être élus, si, d'aventure, l'un des deux accédait au second tour, il serait écrasé. Le seul candidat crédible pour le changement est Jean-Pierre Chevènement.
Alors, on ne peut que remarquer le tapage fait soudain autour d'Arlette Laguiller. Avec son grand chapeau, Madame de Fontenay a ainsi désigné devant les télévisions ébahies Miss Révolution. Arlette Laguiller est devenue en quelques jours la coqueluche inoffensive des médias. Elle est à la mode dans les milieux du cynisme branché. Elle appartient au folklore. Elle suscite bien plus d'amusement que de peur. Personne ne la craint. Au contraire, dans les beaux quartiers, elle donne comme un délicieux frisson de nostalgie, quand on la voit chanter l'Internationale, le poing levé. Arlette Laguiller est un moyen de se donner bonne conscience sans conséquence aucune. Mais, il y a aussi des électeurs qui veulent sincèrement le changement et qui pourraient tomber dans le piège qui leur est ainsi tendu. A nous de les convaincre que voter pour Arlette Laguiller, comme voter pour Jean-Marie Le Pen, c'est conforter Jacques Chirac et Lionel Jospin.
Parce qu'il est l'homme de la Nation, Jean-Pierre Chevènement est le véritable candidat du monde du travail. Il propose de revaloriser le travail en commençant par la feuille de paye. Le SMIC doit être augmenté suffisamment pour qu'il soit une incitation effective à l'effort. Le régime des heures supplémentaires sera assoupli, pour que celui qui veut augmenter ses revenus puisse le faire sans contrainte bureaucratique. Afin de ne pas taxer l'emploi, les charges sociales afférentes aux premières centaines d'euros gagnés seront reportés sur la fiscalité générale. Sans tarder, après l'élection présidentielle, une conférence des revenus sera réunie pour examiner la revalorisation de l'ensemble des salaires. Jean-Pierre Chevènement ni oppose, ni réconcilie deux France. Il souhaite entraîner tous les Français dans un mouvement de croissance pour la reconquête de l'emploi. Il ne fait pas non plus de promesses démagogiques de baisse mirobolante des impôts, tout en augmentant les dépenses. Jean-Pierre Chevènement refuse de mépriser les citoyens en se livrant à une démagogie à la Jacques Chirac.
Après avoir fait voter la parité politique entre les hommes et les femmes, Jean-Pierre Chevènement veut arriver à la parité sociale. D'abord, la République doit se donner les moyens de faire respecter la revendication fondamentale : " A travail égal, salaire égal ". Elle rassemble les hommes et les femmes, car les hommes n'ont aucun intérêt à voir des femmes, des jeunes ou des étrangers payés moins qu'eux, alors qu'ils accomplissent la même tâche. Le salaire des hommes sera tiré vers le bas. Les hommes risquent même de se retrouver au chômage. Mais, il faut aller plus loin. Il faut compenser le handicap que représente la maternité pour les femmes au travail. C'est l'intérêt de la société toute entière sur le long terme. Nos enfants sont notre avenir. Pour être concret, seuls nos enfants payeront nos retraites. Aussi, il faut accroître de moitié en cinq ans le nombre de crèches et d'assistantes maternelles. Le congé de maternité et le congé parental, indexés sur les salaires, devront être pris en compte dans les carrières. Les femmes pourront bénéficier de trois ans de cotisations par enfant dans le calcul des droits à la retraite.
Jean-Pierre Chevènement présente aussi un ensemble de mesures pour lutter avec efficacité contre la grave augmentation de l'insécurité en France. On peut les diviser en deux grandes catégories. D'une part, les mesures qu'il avait proposées aux deux sortants quand il était ministre de l'Intérieur et qu'ils avaient alors rejetées. D'autre part, les mesures nécessaires pour revenir sur les décisions erronées prises par l'un ou par l'autre des deux sortants à un moment donné. Depuis, Lionel Jospin a esquissé une de ces repentances à la mode, invoquant sa naïveté. En réalité, Lionel Jospin a mis du temps à s'apercevoir que les premières victimes de la violence et de la délinquance sont les plus démunies des quartiers populaires, et moins les bourgeois des quartiers aisés. Il est prisonnier de cet angélisme, qui se veut de gauche et qui rejette la faute sur la société. Alors, aujourd'hui, parce qu'il constate l'exaspération des citoyens, Lionel Jospin reprend une partie des propositions de Jean-Pierre Chevènement ; mais, il les édulcore et il les ampute au point de leur enlever toute cohérence.
En 1999, lorsque Jean-Pierre Chevènement avait fait ses propositions, Jacques Chirac, quoique Président de la République, était resté silencieux. Il était déjà candidat en embuscade. Aujourd'hui, comme Lionel Jospin, il les reprend dans son programme ; mais il les caricature en les exagérant et il les isole en ne cherchant pas à traiter leurs causes sur le long terme.
Jean-Pierre Chevènement propose, lui, une loi de programmation pour la police et la gendarmerie et une loi de programmation pour la justice. En 1999, Lionel Jospin a refusé une telle projection sur le long terme. En 1995, Jacques Chirac n'a pas appliqué la loi de programmation que Charles Pasqua avait fait voter.
Jean-Pierre Chevènement propose, lui, une refonte de l'ordonnance de 1945 sur la délinquance des mineurs. Notamment, il prévoit la création de soixante centres de retenus fermés pour délinquants mineurs récidivistes. En 1999, Lionel Jospin a rejeté tout plan d'ensemble contre la violence juvénile. Souvenez-vous, à cette époque, Jean-Pierre Chevènement était stigmatisé pour avoir parlé de " sauvageons ". En 1987, Jacques Chirac a supprimé la détention provisoire pour les mineurs, mêmes multirécidivistes. Lionel Jospin et Jacques Chirac ont créé le sentiment d'impunité. Ils ont beau jeu aujourd'hui de le dénoncer.
Jean-Pierre Chevènement propose, lui, de rétablir l'unité de la politique pénale sur tout le territoire de la République en mettant fin à l'indépendance du Parquet. Cette indépendance a été proposée par Jacques Chirac en janvier 1997. Elle a été soumise au Parlement par Lionel Jospin au printemps 1999. Elle revient à une fragmentation de l'application de la loi, entraînant de fait une inégalité des citoyens devant la loi.
Pendant des décennies, les gauchistes ont joué à la guerre contre les fascistes plus ou moins d'opérette, contre les " fachos " comme ils disaient. Pour désagréable et condamnable qu'il soit, ce fascisme ne présente de danger que s'il trouve son terreau. Le vrai terreau du fascisme est dans cette décomposition sociale et morale d'une partie de notre jeunesse. N'oublions jamais l'étroite liaison entre d'une part le lumpen prolétariat et d'autre part les chemises noires et les chemises brunes. Or, cette décomposition de trop de nos jeunes sans repères, sans références n'est que l'expression avancée de la décomposition sur pied de cette société du " libre marché ". Les racketteurs d'Evreux et d'ailleurs ne connaissent plus de bornes. Si la seule valeur, c'est le " fric ", alors ils ont trouvé un moyen simple et pratique pour s'en procurer. Le fascisme d'aujourd'hui, c'est l'insécurité qui terrorise d'abord les plus faibles d'entre nous.
Il faut aussi s'attaquer aux causes profondes de l'insécurité. Et, d'abord, il faut redresser l'Ecole de la République. Dans un élan optimiste, Victor Hugo disait : " Ouvrir une école, c'est fermer une prison ".
En 1989, par sa loi d'orientation, Lionel Jospin mettait l'élève au centre de l'Ecole. Il a ainsi encouragé toutes les dérives pédagogistes, tous les laxismes qui transforment l'Ecole en simple lieu de vie. Non, au centre de l'Ecole, il y a la transmission des savoirs, des connaissances et repères. Entre le maître et l'élève, il n'existe pas d'égalité. Le maître sait. L'élève apprend. L'enfant ne restera pas enfant ; l'enfant deviendra adulte. L'élève ne restera pas élève ; l'élève deviendra un citoyen. L'Ecole doit former des citoyens. Encore, faudrait-il que nos élites n'aient pas abandonné la République !
Il faut enfin s'attaquer à l'insécurité sociale, qui touche des couches de plus en plus étendues d'actifs. La précarisation grandissante du travail est une réalité au nom de la flexibilité. Les deux tiers des salariés pensent qu'ils pourraient se trouver en peu de mois dans une situation d'exclusion. Or, ils savent que rapidement l'exclusion, elle, devient inflexible. A la sortie de l'Ecole, il faut offrir à nos jeunes autre chose que des perspectives d'assistance perpétuelle. Il faut créer des emplois stables et correctement rémunérés. En quelques années, le temps moyen d'un contrat de travail a chuté de sept ans à vingt trois mois. En un quart de siècle, la moyenne du premier salaire en monnaie constante a baissé de 25 %. Il est urgent de rétablir la sécurité pour les salariés dans leur travail. Voilà une des tâches à laquelle Jean-Pierre Chevènement s'attellera en priorité.
Mais, la République n'est pas non plus elle-même si elle n'est pas tournée vers l'universel. La France a un rôle à jouer dans le monde. Par son histoire et par sa géographie, elle est naturellement tournée vers le Sud. Dans la crise actuelle qui sévit dans un Moyen Orient élargi, le silence de Jacques Chirac et de Lionel Jospin est à la fois désolant et fracassant. Ils s'en remettent à je ne sais quel émissaire européen, qui n'a rien à dire parce qu'il ne représente rien. Alors, il se contente de bonnes paroles, qui relèvent plus de l'incantation que de la moindre efficacité. Les Etats-Unis décident seuls. Quand leurs intérêts le leur commandent, ils peuvent même avoir une position équilibrée. La dernière résolution des Nations Unies sur le Proche Orient ouvre une réelle perspective de paix, avec deux Etats, israélien et palestinien, ayant chacun des frontières sûres et reconnues. A eux, ensuite, d'établir les relations les plus harmonieuses possibles.
Mais, il y a tout aussi inquiétant. Nous avons abandonné l'Afrique francophone à son sort. Le symbole en fut éclatant lorsque ni l'un, ni l'autre ne crut bon de se déplacer pour les obsèques de Léopold Sédar Senghor. Il fallut que, quelques jours après, Jean-Pierre Chevènement, simple candidat, se rende seul à Dakar pour que la France ne soit pas totalement absente. Oui, la France a un rôle à jouer en Afrique et elle pourrait y désamorcer bien des conflits. Il ne s'agit évidemment pas d'un retour à quelque néo-colonialisme. Bien au contraire, il s'agit d'une coopération, entre des nations qui ont en partage la langue française. Ensemble, elles peuvent freiner la mondialisation ultra libérale, voir proposer un nouveau cours aux relations internationales.
Contre le terrorisme, la France doit être aux côtés des Etats-Unis. Mais, la France n'a pas à s'aligner sur les Etats-Unis. Au nom de fantomatiques dividendes de la paix, nous nous sommes désarmés. Nous consacrons 1,92 % de notre PIB à notre défense quand les Etats-Unis accordent près de 3 % à la leur. Jean-Pierre Chevènement s'est engagé à amener les crédits militaires à ce niveau en cinq ans. Mais, il n'y a pas que la force matérielle. Croyez-vous que Jacques Chirac ou Lionel Jospin puissent aujourd'hui prononcer l'équivalent du discours de Pnom-Penh ? L'un ou l'autre provoquerait l'hilarité générale. Ni l'un, ni l'autre n'a la force morale pour s'adresser au monde. Jean-Pierre Chevènement, lui, possède cette crédibilité internationale qui permettra à la France d'être de nouveau écoutée. Bien sûr, il déplait aux fanatiques et aux talibans de tous les camps. Pour tous les autres qui sont, heureusement, de loin les plus nombreux, il a posé les actes qu'il fallait au moment où il fallait.
Or, plus que jamais, le monde a besoin de la voix de la France, les Etats-Unis ont besoin de la voix de la France. Car, dans sa solitude, dans le silence craintif de ses vassaux, l'hyper puissance risque de se perdre elle-même dans cet " unilatéralisme ", qui n'est que l'envers symétrique de son isolationnisme traditionnel. La France peut et doit s'adresser aux Etats-Unis. Car, si beaucoup trop de Français l'ont oublié, un grand nombre d'Américains le savent encore : les Etats-Unis doivent leur existence à la France. Les noms de La Fayette, de Rochambeau et quelques autres ont encore uns signification de Boston à San Francisco. Alliance donc avec les Etats-Unis, et non vassalité dans l'OTAN.
Pour tenir cet équilibre, il faut avoir une autre vision de l'histoire de France que celle diffusée par tous les soixante huitards attardés. Bien sûr, dans le passé de notre pays, il existe des zones d'ombre. Mais, quel pays n'a pas de tâches dans son histoire ? Alors, sachons regarder, sachons même exalter les nombreuses, les très nombreuses pages glorieuses de notre histoire. Ne les laissons pas confisquer par ceux qui veulent défaire la France. Enseignons les, au contraire, à nos enfants, à tous nos enfants d'où qu'ils viennent leurs parents et leurs grands parents. C'est notre histoire commune à eux et à nous.
Jean-Pierre Chevènement s'est rendu en janvier 2001 et en janvier 2002 à Porto Alègre précisément pour offrir au monde un autre visage de la France, que celui d'une France renonçante et repentante. Il a dénoncé le sort fait à l'Argentine, non seulement parce que les épreuves subies par les Argentins sont insupportables, mais parce que l'Argentine risque bien d'être l'avenir de beaucoup de pays, dont le nôtre, si nous n'y prenons garde.
Chers Amis,
Autour de Jean-Pierre Chevènement, s'est constitué un rassemblement qui réunit des femmes et des hommes venant de tous les horizons politiques. Certains vont jusqu'à le qualifier d'attelage hétéroclite. Manifestement, ils n'ont pas compris quelle était la situation de la France aujourd'hui. En face, du Pôle républicain, il y a bien deux candidats ; mais ils ne sont séparés que par leur ambition personnelle respective. Il n'existe qu'un seul fauteuil présidentiel. Droite et gauche ne sont qu'apparences et illusions. Au Pôle républicain, nous savons qu'au dessus de la droite et de la gauche se situe la République. Nous savons que le combat pour la République et pour la France est désormais la priorité. La droite et la gauche n'ont donc pas disparu. Elles demeurent deux sensibilités qui doivent travailler ensemble dans le respect mutuel au profit d'un idéal plus élevé, au profit de la Nation toute entière.
Le programme du Pôle républicain a été exposé à Vincennes par Jean-Pierre Chevènement dès le 9 septembre dernier. Il comprend dix grandes orientations. Il n'y a donc ni négociations, ni accords entre des partis ou des groupes d'intérêts. Il n'y a pas de marchandage ou de pressions. Bref, ce n'est pas le retour au régime des partis. C'est un homme qui présente son programme à la Nation et le rejoigne ceux qui se retrouvent dans ses orientations. Sur cette base, nous voulons aider Jean-Pierre Chevènement à mettre en oeuvre son projet pour la France. La première étape est, bien évidemment, son élection à la Présidence de la République.
En juin prochain, nous présenterons un candidat dans chaque circonscription législative. Nous désignerons ces candidats dans quelques semaines. Il faut que les évolutions en cours se poursuivent.
La France a besoin de renouveler son personnel politique. Depuis tant d'années, il a tout promis, il a tout trahi. Les plus jeunes ont déjà mis leurs pas dans ceux des plus anciens. Tous sont enfermés dans les dogmes du libéralisme et de l'européisme. Ils ont pour seule philosophie le renoncement et la résignation. Ils sont fatigués. Aidons les à aller enfin se reposer. Le Pôle républicain est une formidable chance de rénovation. Avec Jean-Pierre Chevènement, nous souhaitons voir émerger de nouveaux responsables politiques. Il faut donner du sang neuf à notre pays. Ce n'est pas une question d'âge, c'est une question de forme d'esprit. Il y a les esprits acquis à la fatalité, il y a les esprits pétris par la volonté.
Comme je l'ai dit, le vote pour Jean-Pierre Chevènement est un vote protestataire utile. Chacun voit bien la tension qui surgit au seul rapprochement des deux termes. Une protestation qui ne serait pas une impasse. Une utilité qui ne serait pas une compromission. C'est pour cela que le vote pour Jean-Pierre Chevènement est un vote d'avenir, un vote de ressourcement. En même temps, le vote pour Jean-Pierre Chevènement est une véritable chance pour la France et pour la République.
Nous ne sommes pas contre l'Europe. Depuis les temps géologiques, la France appartient à l'Europe. Mais, nous sommes pour une Europe qui respecte les nations, qui s'enrichit des nations. Nous sommes pour une Europe dans laquelle la France conserve son indépendance, tout en coopérant avec les autres pays. La nation est encore pour longtemps le cadre indépassable de la démocratie. La synthèse de la nation et de la démocratie forme le socle de la République. C'est à ce socle que Jacques Chirac et Lionel Jospin s'attaquent au nom de la mondialisation, au nom d'une construction européenne qui n'est que le relais continental de cette mondialisation.
Avec Jean-Pierre Chevènement, nous remettrons les choses en place et en ordre. La France sera première servie, une France généreuse, accueillante, ouverte sur le monde, une France qui aura retrouvé sa fierté, sa raison d'être, sa vocation dans la République.
Oui, voter pour Jean-Pierre Chevènement, c'est donner un avenir à la France,
Oui, voter pour Jean-Pierre Chevènement, c'est donner un espoir à la République,
Oui, voter pour Jean-Pierre Chevènement, c'est donner à nous-mêmes une espérance.
(Source http://georges-sarre.net, le 25 mars 2002)