Texte intégral
A. Hausser Vous êtes ministre de la Fonction publique, de la réforme de l'Etat et de l'aménagement du territoire. Cela fait beaucoup de choses à la fois ! Vous êtes en train de recevoir les représentants des syndicats de la fonction publique. Quand on doit jongler avec des finances publiques qui sont, paraît-il, pas très au point, et les exigences de coups de pouce, est-ce qu'on n'est pas réduit à faire de la calinothérapie ?
- "Je voudrais vous dire que ces rencontres avec les syndicats montrent à quel point, les uns et les autres, avec le sens de leur responsabilité et leur position, nous sommes d'accord pour que nous réfléchissions aujourd'hui à ne plus opposer le service public et le secteur privé. Je crois que les résultats des dernières élections ont montré à quel point il était dangereux d'opposer les uns aux autres. A l'évidence, nous partageons un certain nombre de convictions. Une économie performante a besoin d'un secteur public efficace. Et l'efficacité recherchée est une action publique performante, un usager satisfait et un fonctionnaire heureux de travailler. Nous avons dépassé largement le stade de la revendication uniquement de la rémunération. Les conditions de vie du travail, la façon de faire les évaluations, l'attractivité, le concours et l'intégration dans la fonction publique, le sens du service public est au coeur de nos discussions."
C'est-à-dire que les augmentations de salaire ne sont pas une priorité pour les syndicats que vous recevez ? Ils n'étaient pas très contents des augmentations très faibles promises par le précédent Gouvernement...
- "Là où ils ont exprimé leur vif regret par rapport au Gouvernement précédent, c'était l'absence de rencontre et de dialogue. J'ai été très frappé, en les appelant au téléphone pour les inviter à une prise de contact et à mettre sur la table leurs préoccupations, leurs attentes, leurs convictions et leurs désirs, de voir que, tous, ont exprimé l'intérêt qu'il y a à renouer un dialogue social avec les décideurs. Ma conviction est qu'on ne fait pas une adaptation du service public nécessaire sans la participation des acteurs sociaux, ceux qui le vivent. On voit bien que dans une collectivité locale, dans une entreprise, dans une communauté, on ne modifie pas les comportements, on ne modifie pas les habitudes, on ne modifie les procédures sans que les gens qui le vivent s'en approprient les enjeux et acceptent de participer à la réflexion sur les procédures nouvelles à mettre en oeuvre."
Vous avez souvent dit qu'il n'y a pas eu de réflexions pour la mise en place des 35 heures. Est-ce que ces 35 heures vont être remises en question, comme on l'entend ici et là ?
- "Les 35 heures, dans leur application purement arithmétique, ont engendré, dans un certain nombre de services, une désorganisation totale. Je vois avec beaucoup d'inquiétude, notamment dans la fonction publique hospitalière, un certain nombre de services qui risquent d'être fermés."
C'est-à-dire qu'il faut un moratoire, avant que les embauches promises soient concrétisées ?
- "Le ministre des Affaires sociales et le ministre de la Santé vont réfléchir à ce que nous ne pouvons pas accepter aujourd'hui, c'est-à-dire une dégradation de l'offre du service public. Nous avons à gérer une situation qui a été un peu quelque part irresponsable quant à ses conséquences. C'est bien d'afficher des principes, c'est bien d'imposer une méthode, mais on voit bien que la partie arithmétique des 35 heures a été réglée, mais la partie aménagement du temps de travail - modifications des procédures pour concilier l'aménagement du temps de travail mais, en même temps, la pérennité de la qualité du service publique - n'a pas été faite. Aujourd'hui, nous avons un service public qui, dans certains cas est désorganisé."
Au titre de l'efficacité que les fonctionnaires revendiquent, ils sont prêts à aménager ces 35 heures ?
- "Il y a beaucoup d'intelligence dans la fonction publique. Les fonctionnaires sont très inventifs. Il convient, là aussi, comme le dit souvent le Premier ministre, de libérer leurs initiatives, de les responsabiliser et de faire en sorte qu'ils puissent participer eux-mêmes à la réflexion sur l'amélioration de la qualité du service public. Nous avons, aujourd'hui, à modifier complètement le management. Il faut créer des gestions des ressources humaines. C'est quelque chose d'important et c'est trop absent du fonctionnement du service public."
Il y a un autre dossier très épineux, qui est celui des retraites dans la fonction publique. M. Blondel, qui est le grand défenseur de la retraite après 37 ans et demi d'annuités, vous a déjà dit : "Attention, pas touche !" ?
- "Je crois que personne ne peut nier que ce Gouvernement, dès qu'il a été installé, à assumer totalement sa responsabilité politique. Nous entendons assumer nos responsabilités, poser des problèmes et, avec nos partenaires sociaux, tenter de pouvoir y apporter des réponses satisfaisantes pour tous. Je crois donc que le problème des retraites se pose. On ne peut pas imaginer un seul instant qu'avec nos partenaires sociaux, nous ne cherchions pas apporter les réponses nécessaires. Parce qu'aujourd'hui, dans la tête de chaque fonctionnaire, il y a une inquiétude : est-ce que demain on va diminuer la prestation ? Est-ce qu'on va augmenter la durée de cotisations ? Est-ce qu'on va augmenter le poids des cotisations ?"
Vous avez une idée là-dessus ?
- "Je crois qu'il ne faut pas se précipiter."
Il faut attendre ?
- "Ce n'est pas une question d'attente. J'ai été très frappé de voir que sous le Gouvernement précédent, on apportait une réponse avant même de poser le problème. Notre méthode est une méthode pleine de bon sens et pragmatique, en disant : un problème bien posé est à moitié réglé."
Est-ce que vous fixez un délai ?
- "Je crois que le Premier ministre a souhaité que l'on ait un bilan exact de la situation financière de notre pays. Pour éviter que ce soit un objet de polémique, il a nommé des inspecteurs qui avait été nommés par L. Jospin et les résultats se feront après les législatives, de façon à ce que cela ne soit pas un enjeu politicien. Une fois que l'on aura campé complètement la situation financière de ce pays, que l'on aura défini les objectifs d'une économie performante alimentée par la croissance, à partir de ce moment-là, nous pourrons très clairement poser une certain nombre de problèmes et notamment celui des retraites."
De l'âge et du montant... Vous avez abandonné votre mandat de maire. Vous étiez président de l'Association des maires de France. Est-ce que cette mesure voulue par J. Chirac ne risque pas de couper les gouvernants du terrain que vous revendiquez tant ?
- "Il y a une exigence parfaitement compréhensible par les Français et les Françaises. Un gouvernement de mission, tel qu'il a été défini par le président de la République, doit se consacrer totalement à l'exercice de sa fonction. Nous avons un certain nombre de problèmes lourds à régler et nous devons être totalement mobilisés pour apporter notre disponibilité au service de la nation. De l'autre côté, nous avons besoin de garder un enracinement local, un contact avec le terrain. C'est le sens du dialogue, de la proximité. Le fait d'être totalement enraciné sur le terrain est un élément tout à fait important. Nous pouvons concilier l'abandon d'un exécutif local, tout en gardant la présence au sein de ce conseil municipal, pour pouvoir continuer à échanger avec nos concitoyens sur les préoccupations qui sont les leurs."
Est-ce que vous êtes sûrs de gagner les législatives ?
- "Les Françaises et les Français, je crois, ont compris l'intérêt de l'efficacité de l'action politique. Nous avons un président de la République qui est le patron, nous avons une lisibilité des objectifs politiques très clairs. Il faut une majorité parlementaire pour rendre efficace cette action politique."
Sinon ?
- "Sinon, chacun sait que c'est l'explosion. D'abord, la gauche est complètement éclatée. On voit bien qu'il n'y a pas de cohésion sur la gauche plurielle, alors que la droite à un socle de convictions commun. Il est alors évident que l'efficacité de l'action publique qu'attendent nos concitoyens sur l'autorité, le sens de l'action publique, l'efficacité, mérite qu'effectivement nous mettions un terme à cette cohabitation qui nous a fait tant de torts."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 mai 2002)
- "Je voudrais vous dire que ces rencontres avec les syndicats montrent à quel point, les uns et les autres, avec le sens de leur responsabilité et leur position, nous sommes d'accord pour que nous réfléchissions aujourd'hui à ne plus opposer le service public et le secteur privé. Je crois que les résultats des dernières élections ont montré à quel point il était dangereux d'opposer les uns aux autres. A l'évidence, nous partageons un certain nombre de convictions. Une économie performante a besoin d'un secteur public efficace. Et l'efficacité recherchée est une action publique performante, un usager satisfait et un fonctionnaire heureux de travailler. Nous avons dépassé largement le stade de la revendication uniquement de la rémunération. Les conditions de vie du travail, la façon de faire les évaluations, l'attractivité, le concours et l'intégration dans la fonction publique, le sens du service public est au coeur de nos discussions."
C'est-à-dire que les augmentations de salaire ne sont pas une priorité pour les syndicats que vous recevez ? Ils n'étaient pas très contents des augmentations très faibles promises par le précédent Gouvernement...
- "Là où ils ont exprimé leur vif regret par rapport au Gouvernement précédent, c'était l'absence de rencontre et de dialogue. J'ai été très frappé, en les appelant au téléphone pour les inviter à une prise de contact et à mettre sur la table leurs préoccupations, leurs attentes, leurs convictions et leurs désirs, de voir que, tous, ont exprimé l'intérêt qu'il y a à renouer un dialogue social avec les décideurs. Ma conviction est qu'on ne fait pas une adaptation du service public nécessaire sans la participation des acteurs sociaux, ceux qui le vivent. On voit bien que dans une collectivité locale, dans une entreprise, dans une communauté, on ne modifie pas les comportements, on ne modifie pas les habitudes, on ne modifie les procédures sans que les gens qui le vivent s'en approprient les enjeux et acceptent de participer à la réflexion sur les procédures nouvelles à mettre en oeuvre."
Vous avez souvent dit qu'il n'y a pas eu de réflexions pour la mise en place des 35 heures. Est-ce que ces 35 heures vont être remises en question, comme on l'entend ici et là ?
- "Les 35 heures, dans leur application purement arithmétique, ont engendré, dans un certain nombre de services, une désorganisation totale. Je vois avec beaucoup d'inquiétude, notamment dans la fonction publique hospitalière, un certain nombre de services qui risquent d'être fermés."
C'est-à-dire qu'il faut un moratoire, avant que les embauches promises soient concrétisées ?
- "Le ministre des Affaires sociales et le ministre de la Santé vont réfléchir à ce que nous ne pouvons pas accepter aujourd'hui, c'est-à-dire une dégradation de l'offre du service public. Nous avons à gérer une situation qui a été un peu quelque part irresponsable quant à ses conséquences. C'est bien d'afficher des principes, c'est bien d'imposer une méthode, mais on voit bien que la partie arithmétique des 35 heures a été réglée, mais la partie aménagement du temps de travail - modifications des procédures pour concilier l'aménagement du temps de travail mais, en même temps, la pérennité de la qualité du service publique - n'a pas été faite. Aujourd'hui, nous avons un service public qui, dans certains cas est désorganisé."
Au titre de l'efficacité que les fonctionnaires revendiquent, ils sont prêts à aménager ces 35 heures ?
- "Il y a beaucoup d'intelligence dans la fonction publique. Les fonctionnaires sont très inventifs. Il convient, là aussi, comme le dit souvent le Premier ministre, de libérer leurs initiatives, de les responsabiliser et de faire en sorte qu'ils puissent participer eux-mêmes à la réflexion sur l'amélioration de la qualité du service public. Nous avons, aujourd'hui, à modifier complètement le management. Il faut créer des gestions des ressources humaines. C'est quelque chose d'important et c'est trop absent du fonctionnement du service public."
Il y a un autre dossier très épineux, qui est celui des retraites dans la fonction publique. M. Blondel, qui est le grand défenseur de la retraite après 37 ans et demi d'annuités, vous a déjà dit : "Attention, pas touche !" ?
- "Je crois que personne ne peut nier que ce Gouvernement, dès qu'il a été installé, à assumer totalement sa responsabilité politique. Nous entendons assumer nos responsabilités, poser des problèmes et, avec nos partenaires sociaux, tenter de pouvoir y apporter des réponses satisfaisantes pour tous. Je crois donc que le problème des retraites se pose. On ne peut pas imaginer un seul instant qu'avec nos partenaires sociaux, nous ne cherchions pas apporter les réponses nécessaires. Parce qu'aujourd'hui, dans la tête de chaque fonctionnaire, il y a une inquiétude : est-ce que demain on va diminuer la prestation ? Est-ce qu'on va augmenter la durée de cotisations ? Est-ce qu'on va augmenter le poids des cotisations ?"
Vous avez une idée là-dessus ?
- "Je crois qu'il ne faut pas se précipiter."
Il faut attendre ?
- "Ce n'est pas une question d'attente. J'ai été très frappé de voir que sous le Gouvernement précédent, on apportait une réponse avant même de poser le problème. Notre méthode est une méthode pleine de bon sens et pragmatique, en disant : un problème bien posé est à moitié réglé."
Est-ce que vous fixez un délai ?
- "Je crois que le Premier ministre a souhaité que l'on ait un bilan exact de la situation financière de notre pays. Pour éviter que ce soit un objet de polémique, il a nommé des inspecteurs qui avait été nommés par L. Jospin et les résultats se feront après les législatives, de façon à ce que cela ne soit pas un enjeu politicien. Une fois que l'on aura campé complètement la situation financière de ce pays, que l'on aura défini les objectifs d'une économie performante alimentée par la croissance, à partir de ce moment-là, nous pourrons très clairement poser une certain nombre de problèmes et notamment celui des retraites."
De l'âge et du montant... Vous avez abandonné votre mandat de maire. Vous étiez président de l'Association des maires de France. Est-ce que cette mesure voulue par J. Chirac ne risque pas de couper les gouvernants du terrain que vous revendiquez tant ?
- "Il y a une exigence parfaitement compréhensible par les Français et les Françaises. Un gouvernement de mission, tel qu'il a été défini par le président de la République, doit se consacrer totalement à l'exercice de sa fonction. Nous avons un certain nombre de problèmes lourds à régler et nous devons être totalement mobilisés pour apporter notre disponibilité au service de la nation. De l'autre côté, nous avons besoin de garder un enracinement local, un contact avec le terrain. C'est le sens du dialogue, de la proximité. Le fait d'être totalement enraciné sur le terrain est un élément tout à fait important. Nous pouvons concilier l'abandon d'un exécutif local, tout en gardant la présence au sein de ce conseil municipal, pour pouvoir continuer à échanger avec nos concitoyens sur les préoccupations qui sont les leurs."
Est-ce que vous êtes sûrs de gagner les législatives ?
- "Les Françaises et les Français, je crois, ont compris l'intérêt de l'efficacité de l'action politique. Nous avons un président de la République qui est le patron, nous avons une lisibilité des objectifs politiques très clairs. Il faut une majorité parlementaire pour rendre efficace cette action politique."
Sinon ?
- "Sinon, chacun sait que c'est l'explosion. D'abord, la gauche est complètement éclatée. On voit bien qu'il n'y a pas de cohésion sur la gauche plurielle, alors que la droite à un socle de convictions commun. Il est alors évident que l'efficacité de l'action publique qu'attendent nos concitoyens sur l'autorité, le sens de l'action publique, l'efficacité, mérite qu'effectivement nous mettions un terme à cette cohabitation qui nous a fait tant de torts."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 mai 2002)