Texte intégral
R. Elkrief Je vais citer A. Duhamel, qui citait lui-même, N. Notat : "Il ne faut pas parler de réformes mais il faut faire des réformes". Est-ce que le Gouvernement, aujourd'hui, n'est pas en but avec le réel : on a le sentiment qu'il parle, qu'il a promis mais maintenant qu'il faut faire, eh bien, que ce n'est pas si simple et que cela prend du temps ?
- "Ne doutez surtout pas de notre détermination à faire des réformes. Pendant cinq ans, nous avons dénoncé avec la cohabitation le risque absolu qui est celui de l'immobilisme et de l'inaction. Le 21 avril, c'est ce que les Français ont sanctionné. On est donc déterminé à faire des réformes. La seule chose qui change peut-être est la manière de les mettre en oeuvre."
Concrètement, regardons cette consultation à 20 euros, qui est totalement promise et de façon répétitive avant les élections. Tout d'un coup, on a l'impression que le ministre de la Santé découvre qu'il faut passer par la caisse d'assurance-maladie - ce que beaucoup de gens lui avait déjà dit -, surtout que cela va peut-être coûter beaucoup d'argent et qu'on s'inquiète de savoir si cela va, par exemple, faire augmenter la CSG ?
- "Il ne faut pas non plus caricaturer le discours politique. Personne ne découvre qu'il faut passer par les partenaires sociaux. C'est bien parce qu'il faut impérativement respecter le paritarisme que l'on fait les choses dans le bon ordre. Le ministre de la Santé a simplement exprimé une réalité : cette revendication était d'autant plus légitime que la crise à la fois matérielle et morale du monde de la santé est colossale. Ne pas vouloir voir cette réalité, comme cela a été le cas pendant des mois et des mois, c'est en réalité se mettre un masque devant le visage."
Concrètement, R. Dutreil, qui est un de vos collègues, a dit que la consultation à 20 euros sera financée par des prélèvements de cotisations. Ce n'était pas tout à fait prévu comme cela ?
- "Il faut procéder par ordre : la première étape est de lancer un premier ballon en direction des partenaires sociaux en disant : "Aujourd'hui, nous voyons un monde de la santé au sens large", aussi bien les médecins, que les infirmiers et l'ensemble des professions médicales, et même l'hôpital qui connaît, aujourd'hui, un grave malaise. Il faut poser les problèmes les uns après les autres. Il y a un premier point symbolique, qui est celui de la consultation à 20 euros, sur lequel le Premier ministre a clairement passé le message aux partenaires sociaux de travailler ensemble, d'écouter et puis, le moment venu, de faire des propositions concrètes."
Cela doit être fait rapidement...
- "Oui, cela va se faire dans les semaines qui viennent. Je vous demande simplement de bien prendre la mesure des choses : nous ne sommes là que depuis trois semaines..."
Mais vous avez eu cinq ans pour y réfléchir, comme certains disent !
- "Vous avez tout à fait raison. On a eu cinq ans pour y réfléchir et si les Français le veulent bien, dans quinze jours, on aura cinq ans pour le mettre en oeuvre. Je crois qu'il faut bien comprendre que nous nous assignons une obligation de résultats, mais que cette obligation de résultats, dans tous les grands domaines - la sécurité, la santé, le dialogue social -, exige une nouvelle manière de gouverner, probablement plus modeste, avec moins de certitudes, plus d'interrogations et avec détermination."
Avec beaucoup de communication, avec beaucoup de paroles !
- "Il ne faut pas tomber là-dedans. C'est le métier de l'opposition que de dire : "Ils parlent mais ils ne font pas". Cela fait trois semaines. Je crois que ce qui est très important, c'est que la communication que nous faisons accompagne notre action. La première étape - et je crois que de ce point de vue, les ministres concernés et le premier d'entre eux ont bien posé les lignes -, [c'est] de dire qu'une décision comme celle-là passe par un vrai travail de dialogue social. C'est pour cela que les partenaires sociaux doivent clairement discuter ensemble et faire des propositions qui, je l'espère, amèneront effectivement à ce que les uns et les autres attendent, avec l'idée qu'il faut quand même réformer ce système de santé qui, aujourd'hui, a besoin d'être clairement modernisé. Les pistes sont ouvertes et elles n'ont jamais été suffisamment explorées. Celle des médicaments génériques en est une par exemple."
Autre sujet : la baisse des impôts. De la même façon, cela a été très souligné. C'est une des principales promesses du candidat Chirac. J.-P. Raffarin s'était engagé à présenter un projet de loi de finances rectificatif avant les législatives. On y est ! Est-ce que cela va être fait ?
- "Pour proposer un projet de loi, il faut avoir une majorité à l'Assemblée nationale. Effectivement, le Gouvernement est en train de préparer le texte. Vous vous inquiétez de savoir ce que fait le Gouvernement en ce moment : il prépare des projets de texte qui vont être soumis, dès le renouvellement de l'Assemblée, si celle-ci donne une majorité au président de la République, pour l'été. Il y a un certain nombre de grands textes. La loi de programmation sur la sécurité, sur la justice et, vous le rappeliez, le collectif budgétaire. On est en plein sur ces sujets et je peux vous garantir qu'on ne chôme pas effectivement. Et notamment sur la baisse des impôts."
La méthode de gouvernement n'est-elle donc pas justement un peu en but avec le réel. Est-ce qu'il n'y a pas de grands mots...
- "Je vous propose qu'on aille ensemble aux résultats. S'il apparaît après cinq années que nous avons échoués sur tous les engagements que nous avons pris, alors je vous donnerai raison. Simplement, comprenez qu'aujourd'hui, notre état d'esprit n'est pas celui-là. Mais il est de dire que chacun des grands projets que nous allons mettre en oeuvre, nous allons le faire en tenant compte de l'état existant des choses. Voilà pourquoi nous attendons, par exemple, l'audit avec impatience."
Il est demandé pour le 30 juin...
- "L'intérêt de cet audit est de voir qu'elle est, par exemple, la situation exacte des déficits publics. Cela ne changera rien à notre détermination à mettre en oeuvre les choses, sur des sujets aussi importants que celui de l'ouverture de nouveaux crédits dans le domaine de la sécurité et de la justice, de la réorganisation complète de l'Etat pour être plus efficace et plus moderne ; et pour répondre aux attentes des gens et faire en sorte, en clair, que ce soit une manière de repousser les extrémistes, tout en montrant que nos valeurs sont les bonnes - celles qui visent en clair à rétablir l'autorité publique, à remettre un peu de dialogue social. Voilà ce qu'on veut faire aujourd'hui."
Cet audit, la gauche dit que vous l'utiliserez peut-être pour dire que vous ne pourrez pas appliquer vos promesses et que l'héritage laissé par le gouvernement précédent vous empêchera d'appliquer vos promesses ?
- "Là encore, sachez simplement que nous ferons une opération-vérité : il est bon que les Français sachent l'état de la France après cinq années de socialisme. Mais il faut aussi que les Français sachent que notre détermination est entière. L'exemple de la sécurité nous obsède tous. Nous sommes, les uns ou les autres, issus de ce que certains appellent "le terrain", c'est-à-dire des villes où la réalité de l'insécurité est considérable. Nous nous engageons à travers les actions que nous mènerons à rétablir l'autorité publique dans ce pays. C'est le préalable si l'on veut retrouver les chemins d'une fraternité et d'une générosité qui manquent tant aujourd'hui dans un pays qui a besoin de se retrouver avec lui-même, sur des identités fortes."
A propos de l'UMP, l'Union pour la majorité présidentielle qui se lance dans les élections : F. Bayrou s'inquiète beaucoup. il le dit et le répète. Il dit qu'un parti unique est dangereux. Et ce matin, P. Séguin, à son tour, s'inquiète de la disparition du débat, de la diversité et de la disparition tout bêtement du RPR, le parti de J. Chirac...
- "La période est propice aux petites phrases. C'est un peu la vie des gens qui est comme cela. Je crois qu'en même temps, il faut aller au bout des choses. Le fond du problème est que, depuis des années, les Français demandent que la droite et le centre soient unis sous une bannière, d'autant plus commune que nos idées sont les mêmes entre les uns et les autres sur l'essentiel. Nous voulons donner une majorité présidentielle à J. Chirac, une cohérence à l'Assemblée, pour qu'enfin on mette de côté la cohabitation et qu'on travaille pour faire des réformes efficaces."
Est-ce que l'efficacité ne va pas être choisie au détriment du débat et de
la diversité ?
- "Personne n'a jamais vu qu'au sein du parti politique, d'un rassemblement politique, on ne puisse pas s'exprimer. Je crois que c'est une vue de l'esprit. Nous faisons un grand rassemblement à droite et au centre, parce que l'essentiel nous rassemble - même si, ici ou là, il peut y avoir des différences - et surtout, on va au résultat, parce que c'est là-dessus que les Français nous attendent. Cette efficacité publique est le coeur de notre démarche. On avance avec plus d'interrogation qu'avec des certitudes mais, derrière tout cela, il y a l'idée que l'on va essayer de réformer la France avec les Français d'en haut et d'en bas, dans tous les sens du terme."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 28 mai 2002)
- "Ne doutez surtout pas de notre détermination à faire des réformes. Pendant cinq ans, nous avons dénoncé avec la cohabitation le risque absolu qui est celui de l'immobilisme et de l'inaction. Le 21 avril, c'est ce que les Français ont sanctionné. On est donc déterminé à faire des réformes. La seule chose qui change peut-être est la manière de les mettre en oeuvre."
Concrètement, regardons cette consultation à 20 euros, qui est totalement promise et de façon répétitive avant les élections. Tout d'un coup, on a l'impression que le ministre de la Santé découvre qu'il faut passer par la caisse d'assurance-maladie - ce que beaucoup de gens lui avait déjà dit -, surtout que cela va peut-être coûter beaucoup d'argent et qu'on s'inquiète de savoir si cela va, par exemple, faire augmenter la CSG ?
- "Il ne faut pas non plus caricaturer le discours politique. Personne ne découvre qu'il faut passer par les partenaires sociaux. C'est bien parce qu'il faut impérativement respecter le paritarisme que l'on fait les choses dans le bon ordre. Le ministre de la Santé a simplement exprimé une réalité : cette revendication était d'autant plus légitime que la crise à la fois matérielle et morale du monde de la santé est colossale. Ne pas vouloir voir cette réalité, comme cela a été le cas pendant des mois et des mois, c'est en réalité se mettre un masque devant le visage."
Concrètement, R. Dutreil, qui est un de vos collègues, a dit que la consultation à 20 euros sera financée par des prélèvements de cotisations. Ce n'était pas tout à fait prévu comme cela ?
- "Il faut procéder par ordre : la première étape est de lancer un premier ballon en direction des partenaires sociaux en disant : "Aujourd'hui, nous voyons un monde de la santé au sens large", aussi bien les médecins, que les infirmiers et l'ensemble des professions médicales, et même l'hôpital qui connaît, aujourd'hui, un grave malaise. Il faut poser les problèmes les uns après les autres. Il y a un premier point symbolique, qui est celui de la consultation à 20 euros, sur lequel le Premier ministre a clairement passé le message aux partenaires sociaux de travailler ensemble, d'écouter et puis, le moment venu, de faire des propositions concrètes."
Cela doit être fait rapidement...
- "Oui, cela va se faire dans les semaines qui viennent. Je vous demande simplement de bien prendre la mesure des choses : nous ne sommes là que depuis trois semaines..."
Mais vous avez eu cinq ans pour y réfléchir, comme certains disent !
- "Vous avez tout à fait raison. On a eu cinq ans pour y réfléchir et si les Français le veulent bien, dans quinze jours, on aura cinq ans pour le mettre en oeuvre. Je crois qu'il faut bien comprendre que nous nous assignons une obligation de résultats, mais que cette obligation de résultats, dans tous les grands domaines - la sécurité, la santé, le dialogue social -, exige une nouvelle manière de gouverner, probablement plus modeste, avec moins de certitudes, plus d'interrogations et avec détermination."
Avec beaucoup de communication, avec beaucoup de paroles !
- "Il ne faut pas tomber là-dedans. C'est le métier de l'opposition que de dire : "Ils parlent mais ils ne font pas". Cela fait trois semaines. Je crois que ce qui est très important, c'est que la communication que nous faisons accompagne notre action. La première étape - et je crois que de ce point de vue, les ministres concernés et le premier d'entre eux ont bien posé les lignes -, [c'est] de dire qu'une décision comme celle-là passe par un vrai travail de dialogue social. C'est pour cela que les partenaires sociaux doivent clairement discuter ensemble et faire des propositions qui, je l'espère, amèneront effectivement à ce que les uns et les autres attendent, avec l'idée qu'il faut quand même réformer ce système de santé qui, aujourd'hui, a besoin d'être clairement modernisé. Les pistes sont ouvertes et elles n'ont jamais été suffisamment explorées. Celle des médicaments génériques en est une par exemple."
Autre sujet : la baisse des impôts. De la même façon, cela a été très souligné. C'est une des principales promesses du candidat Chirac. J.-P. Raffarin s'était engagé à présenter un projet de loi de finances rectificatif avant les législatives. On y est ! Est-ce que cela va être fait ?
- "Pour proposer un projet de loi, il faut avoir une majorité à l'Assemblée nationale. Effectivement, le Gouvernement est en train de préparer le texte. Vous vous inquiétez de savoir ce que fait le Gouvernement en ce moment : il prépare des projets de texte qui vont être soumis, dès le renouvellement de l'Assemblée, si celle-ci donne une majorité au président de la République, pour l'été. Il y a un certain nombre de grands textes. La loi de programmation sur la sécurité, sur la justice et, vous le rappeliez, le collectif budgétaire. On est en plein sur ces sujets et je peux vous garantir qu'on ne chôme pas effectivement. Et notamment sur la baisse des impôts."
La méthode de gouvernement n'est-elle donc pas justement un peu en but avec le réel. Est-ce qu'il n'y a pas de grands mots...
- "Je vous propose qu'on aille ensemble aux résultats. S'il apparaît après cinq années que nous avons échoués sur tous les engagements que nous avons pris, alors je vous donnerai raison. Simplement, comprenez qu'aujourd'hui, notre état d'esprit n'est pas celui-là. Mais il est de dire que chacun des grands projets que nous allons mettre en oeuvre, nous allons le faire en tenant compte de l'état existant des choses. Voilà pourquoi nous attendons, par exemple, l'audit avec impatience."
Il est demandé pour le 30 juin...
- "L'intérêt de cet audit est de voir qu'elle est, par exemple, la situation exacte des déficits publics. Cela ne changera rien à notre détermination à mettre en oeuvre les choses, sur des sujets aussi importants que celui de l'ouverture de nouveaux crédits dans le domaine de la sécurité et de la justice, de la réorganisation complète de l'Etat pour être plus efficace et plus moderne ; et pour répondre aux attentes des gens et faire en sorte, en clair, que ce soit une manière de repousser les extrémistes, tout en montrant que nos valeurs sont les bonnes - celles qui visent en clair à rétablir l'autorité publique, à remettre un peu de dialogue social. Voilà ce qu'on veut faire aujourd'hui."
Cet audit, la gauche dit que vous l'utiliserez peut-être pour dire que vous ne pourrez pas appliquer vos promesses et que l'héritage laissé par le gouvernement précédent vous empêchera d'appliquer vos promesses ?
- "Là encore, sachez simplement que nous ferons une opération-vérité : il est bon que les Français sachent l'état de la France après cinq années de socialisme. Mais il faut aussi que les Français sachent que notre détermination est entière. L'exemple de la sécurité nous obsède tous. Nous sommes, les uns ou les autres, issus de ce que certains appellent "le terrain", c'est-à-dire des villes où la réalité de l'insécurité est considérable. Nous nous engageons à travers les actions que nous mènerons à rétablir l'autorité publique dans ce pays. C'est le préalable si l'on veut retrouver les chemins d'une fraternité et d'une générosité qui manquent tant aujourd'hui dans un pays qui a besoin de se retrouver avec lui-même, sur des identités fortes."
A propos de l'UMP, l'Union pour la majorité présidentielle qui se lance dans les élections : F. Bayrou s'inquiète beaucoup. il le dit et le répète. Il dit qu'un parti unique est dangereux. Et ce matin, P. Séguin, à son tour, s'inquiète de la disparition du débat, de la diversité et de la disparition tout bêtement du RPR, le parti de J. Chirac...
- "La période est propice aux petites phrases. C'est un peu la vie des gens qui est comme cela. Je crois qu'en même temps, il faut aller au bout des choses. Le fond du problème est que, depuis des années, les Français demandent que la droite et le centre soient unis sous une bannière, d'autant plus commune que nos idées sont les mêmes entre les uns et les autres sur l'essentiel. Nous voulons donner une majorité présidentielle à J. Chirac, une cohérence à l'Assemblée, pour qu'enfin on mette de côté la cohabitation et qu'on travaille pour faire des réformes efficaces."
Est-ce que l'efficacité ne va pas être choisie au détriment du débat et de
la diversité ?
- "Personne n'a jamais vu qu'au sein du parti politique, d'un rassemblement politique, on ne puisse pas s'exprimer. Je crois que c'est une vue de l'esprit. Nous faisons un grand rassemblement à droite et au centre, parce que l'essentiel nous rassemble - même si, ici ou là, il peut y avoir des différences - et surtout, on va au résultat, parce que c'est là-dessus que les Français nous attendent. Cette efficacité publique est le coeur de notre démarche. On avance avec plus d'interrogation qu'avec des certitudes mais, derrière tout cela, il y a l'idée que l'on va essayer de réformer la France avec les Français d'en haut et d'en bas, dans tous les sens du terme."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 28 mai 2002)