Texte intégral
Monsieur le maire, Monsieur le préfet, Mesdames et Messieurs, je suis particulièrement heureux d'être parmi vous aujourd'hui pour ouvrir votre rencontre, dans cette ville de Brest où la politique de la ville est particulièrement dynamique et généreuse. Elle fait de plus partie du réseau français des villes éducatrices, réseau pionnier dans la démarche que nous impulsons en matière d'éducation.
Je me réjouis d'être en présence d'un public de grande qualité. Les directeurs des services de l'éducation des villes exercent en effet un rôle prééminent, en charge d'une très lourde tâche au cur de bien des mouvements, débats, annonces, stratégies, parfois contradictoires. Vous assumez la responsabilité particulièrement difficile de la gestion de l'acte éducatif au sein de votre cité pour mettre en uvre la politique municipale et pour coordonner l'action de tous les acteurs, et ils sont nombreux.
L'acte éducatif redevient, et je m'en réjouis, un sujet majeur de notre société. On comprend bien les enjeux. La société future verra des transformations considérables : diminution du temps de travail auquel notre gouvernement travaille, répartition des temps de la vie modifiée, mais aussi un rapport à l'éducation et au travail totalement reconsidéré. L'enfant qui entre à l'école aujourd'hui changera de métier plusieurs fois dans sa vie et, je le souhaite, pourra bénéficier de parcours de formation tout au long de sa vie.
La croissance repart et la confiance revient. Les enfants d'aujourd'hui peuvent donc à nouveau espérer trouver dans l'avenir un travail et une insertion sociale. Mais, nous devons veiller tout particulièrement - c'est l'engagement de ce gouvernement et la tâche qui m'est plus particulièrement confiée - à ce que ce soient bien tous les enfants qui bénéficient de ce renouveau.
Je ne peux pas admettre que certains soient laissés pour compte.
On revendique la citoyenneté, la civilité, on met en avant les devoirs des jeunes. Parlons aussi de notre responsabilité d'adultes. Nous devons préparer pour eux toutes les chances d'insertion dans une société plus juste qui donne sa place à chacun. Je pense bien sûr singulièrement à l'intégration des jeunes et à la lutte contre toutes les formes de discrimination dont ils sont encore parfois victimes.
L'objet de vos débats : " Le rôle de la commune à travers son action éducative dans la lutte pour l'intégration sociale " est évidemment un sujet qui me préoccupe et l'on voit bien qu'il s'agit d'une question globale.
La politique de la ville que je conduis cherche tout simplement à donner aux habitants des quartiers, et donc aux enfants, les conditions d'une vie normale.
Des conditions normales de vie quotidienne se mesurent en termes de tranquillité publique, de traitement des conflits de voisinage, d'accès aux commerces de proximité, d'entretien des espaces extérieurs, des cages d'escalier, de l'éclairage : tout ce qui donne le sentiment de ne pas vivre dans l'abandon ou le mépris. L'Etat, les collectivités locales, les bailleurs sociaux, les propriétaires et les habitants eux-mêmes qui doivent y participer activement en ont la responsabilité partagée dans toute la ville.
L'éducation est en première ligne dans un tel pari et elle nécessite la combinaison réussie de plusieurs facteurs.
Je voudrais d'abord souligner qu'une éducation de qualité ce n'est pas seulement une école de qualité. En effet, ségrégation urbaine et ségrégation scolaire sont liées.
Un des chantiers que j'entreprends consiste à repenser nos villes : l'urbanisme, les modes de transport mais aussi l'équilibre économique et les pratiques sociales. Quarante ans après le début de la construction massive de près de deux millions de logements sociaux, vingt ans après le début du chantier de leur réhabilitation, nous sommes entrés dans la phase de ce que j'appelle le renouvellement de la ville. Un grand nombre de nos quartiers ne sont plus intégrés dans la dynamique de leur agglomération et concentrent les populations les plus défavorisées, celles qui n'ont plus le choix de leur lieu de résidence. Je veux marquer une rupture forte avec la simple logique de réparation. La reconstruction de nos villes doit être le grand chantier du début du XXIème siècle, afin de retrouver partout une véritable unité urbaine. Ces grands projets de ville devront être beaucoup plus que des grandes opérations d'urbanisme. Ils devront incarner une nouvelle philosophie de l'action publique, en mettant en uvre une transformation de la ville sur la base d'un réel changement des rapports sociaux. Du renouveau de la citoyenneté, d'une nouvelle manière de faire de la politique au niveau local, émergeront alors de nouveaux espaces publics, de nouveaux lieux d'échange, une nouvelle forme d'intégration et surtout des villes équilibrées, accessibles et sûres.
A ce propos, j'ai déjà décidé dès le premier comité interministériel des villes de juin 98 d'aider les communes les plus pauvres à réhabiliter des écoles primaires dans le sens d'une meilleure intégration à la vie de la cités. Les travaux commencent dans certains lieux.
Autrement dit, l'école et l'éducation ont besoin d'une ville renouvelée.
Mais si l'égalité de tous les enfants est conditionnée par l'extérieur de l'école, un quartier plus sûr et plus tourné vers ses jeunes, elle l'est aussi par la qualité de l'enseignement qui est dispensé dans l'école.
Dans certains quartiers qui semblent abandonnés, des écoles remarquables non seulement n'excluent pas mais intègrent, alors que dans d'autres, la masse des handicaps s'accumulent au point de ne plus trouver d'issues. Le choix d'une école se fait sur sa réputation, sur la qualité de l'enseignement prodigué, sur l'ambition nettement marquée de l'établissement ainsi que sur la place qui est réservée aux familles. La stratégie d'évitement de certains parents a nous le savons des effets désastreux en tirant vers le bas certains établissements scolaires.
C'est ainsi que la question du périmètre scolaire se joue à l'articulation entre les différentes politiques éducatives : celle de l'école et celle de la politique de la ville.
Autrement dit, la ville renouvelée ne suffit pas. L'éducation a besoin d'une école renforcée et d'un service public d'éducation de qualité.
L'égalité pour tous les enfants nécessite aussi l'intervention des acteurs, après l'école.
C'est votre rôle : vous qui êtes devenus les maîtres d'uvre de la politique éducative de vos villes. C'est favoriser les transports pour un juste accès aux équipements culturels, encourager dès la petite enfance la culture de l'écrit et la culture tout court dans la ville, veiller à la présence d'adultes à la fois bienveillants et exigeants auprès des enfants, organiser les activités extra et péri-scolaires. Cette veille éducative, vous l'organisez avec l'aide des associations.
C'est donc bien de tous les acteurs dont nous avons besoin : parents, enseignants, associations, élus et collectivités territoriales, agents de l'état.
C'est donc bien d'un projet éducatif local ambitieux dont nous avons besoin.
Lors des rencontres des acteurs de l'éducation à Tours en mai dernier j'ai eu l'occasion de répéter que l'éducation est une responsabilité partagée.
Mesdames et messieurs, le chantier des contrats de ville 2000-2006 est ouvert. L'enjeu est d'importance. Il engage pour sept ans. Je sais que vous y travaillez pour ceux d'entre vous qui sont dans la géographie prioritaire, et vous êtes nombreux dans l'association nationale des directeurs des responsables de l'éducation des villes de France.
J'ai lu le journal de votre association La Communale, j'y ai lu les questions que vous vous posez, surtout celles liées à l'empilement des contrats et des dispositifs.
Contrat de ville volet éducation contrat de réussitecontrat éducatif local projet éducatif local
Je le reconnais les outils pourraient être plus simples. Mais, malgré la mauvaise humeur parfois justifiée, les choses se font, les résistances s'atténuent, la concertation s'opère. Ici à Brest, par exemple, je sais que le projet éducatif local est lancé. C'est une grande avancée et très exemplaire, car le partenariat associé à une ambition patiente et déterminée nécessite beaucoup de recul et de travail.
La circulaire " Education nationale et politique de la ville, pour la préparation et le suivi des contrats de ville " que j'avais mentionnée à Tours et qui va être signée très prochainement par Claude Allègre et Ségolène Royal. C'est une annonce que je vous fais. Cette circulaire devrait aider les acteurs que vous êtes dans les relations très étroites que vous entretenez avec les cadres de l'éducation nationale.
Je ne vais pas vous énumérer toutes les informations qu'elle contient mais je vais en tracer les grands axes.
Tout d'abord, cette circulaire installe la relation entre éducation et politique de la ville dans la durée. Désormais la concertion sera le droit commun.
Une évidence est réaffirmée mais éclairée. Je cite : " l'école a pour mission première la réussite scolaire et la qualification de tous les jeunes, mais elle ne peut atteindre seule ces objectifs. "
Nous touchons là au cur d'un débat chronique sur l'école et qui enraye souvent la machine éducative: l'école doit-elle être ouverte ou fermée ?
Cette circulaire devrait marquer la fin du premier round. L'école n'est pas seule en charge de l'acte éducatif, elle doit travailler avec le reste de la société.
MAIS, comprenez-moi bien. Lorsque Claude Allègre dans la Charte pour bâtir l'école du XXIème siècle dit que " l'école est à elle-même son propre recours ", je partage son point de vue. En effet, il revendique avec force une école qui dispense des cours particuliers gratuits à l'intérieur de l'école pour compenser les inégalités sociales et scolaires. C'est le contraire d'une vision " libérale " de l'éducation que l'on peut rencontrer parfois dans d'autres pays européens.
L'école doit être un service public d'éducation fort, mais moderne et ouvert sur le monde.
Pour ce qui est des différents " emboîtements " entre les dispositifs, un paragraphe de la circulaire les élucide assez clairement. Il pose le contrat éducatif local comme un des éléments essentiels des volets éducation des contrats de ville, qui fédère autour d'objectifs partagés les actions qui seront conduites au titre du projet éducatif de la ville.
Le projet éducatif local d'une ville prend donc officiellement naissance comme l'élément de base de toute réflexion.
J'insisterai pour finir sur la préservation ou le rétablissement de la mixité sociale, qui est déterminante pour une action éducative solidaire.
C'est un travail lourd mais indispensable, notamment en ce qui concerne les enjeux liés l'intégration des populations d'origine immigrée. Il demande ouverture d'esprit, stratégie au long cours et prise en compte de tous facteurs conduisant à cette ségrégation.
Il s'agit ni plus ni moins de la structuration de la société française que nous voulons pour le siècle prochain. Des enfants éduqués ensemble construiront ensemble. Si ce n'était pas le cas, les conséquences pourraient être irréparables.
Je terminerai par la question des " Nouvelles Chances "données aux jeunes.
Une chance toute la vie, secondes chances, nouvelles chances ou chance tout court, ne jouons pas sur les mots.
Un pays moderne n'organise pas l'éducation de ses enfants en séparant de façon radicale et définitive ceux qui ont réussi à l'école et les autres. Il doit donner une place à tous.
On est loin du compte. Voilà un chantier enthousiasmant pour les contrats de ville futurs : préparer des parcours de réussite pour tous les jeunes. Nous y travaillons très précisément notamment avec l'association nationale des villes éducatrices qui organisera des séminaires régionaux sur ce sujet.
Mesdames et messieurs, je ne pouvais qu'esquisser à grand traits les orientations du gouvernement en matière d'éducation pour ce qui concerne la politique de la ville.
Je tenais à vous rendre hommage pour le travail quotidien que vous accomplissez au service de l'éducation des enfants de ce pays et je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.travail.gouv.fr, le 1er octobre 1999)
Je me réjouis d'être en présence d'un public de grande qualité. Les directeurs des services de l'éducation des villes exercent en effet un rôle prééminent, en charge d'une très lourde tâche au cur de bien des mouvements, débats, annonces, stratégies, parfois contradictoires. Vous assumez la responsabilité particulièrement difficile de la gestion de l'acte éducatif au sein de votre cité pour mettre en uvre la politique municipale et pour coordonner l'action de tous les acteurs, et ils sont nombreux.
L'acte éducatif redevient, et je m'en réjouis, un sujet majeur de notre société. On comprend bien les enjeux. La société future verra des transformations considérables : diminution du temps de travail auquel notre gouvernement travaille, répartition des temps de la vie modifiée, mais aussi un rapport à l'éducation et au travail totalement reconsidéré. L'enfant qui entre à l'école aujourd'hui changera de métier plusieurs fois dans sa vie et, je le souhaite, pourra bénéficier de parcours de formation tout au long de sa vie.
La croissance repart et la confiance revient. Les enfants d'aujourd'hui peuvent donc à nouveau espérer trouver dans l'avenir un travail et une insertion sociale. Mais, nous devons veiller tout particulièrement - c'est l'engagement de ce gouvernement et la tâche qui m'est plus particulièrement confiée - à ce que ce soient bien tous les enfants qui bénéficient de ce renouveau.
Je ne peux pas admettre que certains soient laissés pour compte.
On revendique la citoyenneté, la civilité, on met en avant les devoirs des jeunes. Parlons aussi de notre responsabilité d'adultes. Nous devons préparer pour eux toutes les chances d'insertion dans une société plus juste qui donne sa place à chacun. Je pense bien sûr singulièrement à l'intégration des jeunes et à la lutte contre toutes les formes de discrimination dont ils sont encore parfois victimes.
L'objet de vos débats : " Le rôle de la commune à travers son action éducative dans la lutte pour l'intégration sociale " est évidemment un sujet qui me préoccupe et l'on voit bien qu'il s'agit d'une question globale.
La politique de la ville que je conduis cherche tout simplement à donner aux habitants des quartiers, et donc aux enfants, les conditions d'une vie normale.
Des conditions normales de vie quotidienne se mesurent en termes de tranquillité publique, de traitement des conflits de voisinage, d'accès aux commerces de proximité, d'entretien des espaces extérieurs, des cages d'escalier, de l'éclairage : tout ce qui donne le sentiment de ne pas vivre dans l'abandon ou le mépris. L'Etat, les collectivités locales, les bailleurs sociaux, les propriétaires et les habitants eux-mêmes qui doivent y participer activement en ont la responsabilité partagée dans toute la ville.
L'éducation est en première ligne dans un tel pari et elle nécessite la combinaison réussie de plusieurs facteurs.
Je voudrais d'abord souligner qu'une éducation de qualité ce n'est pas seulement une école de qualité. En effet, ségrégation urbaine et ségrégation scolaire sont liées.
Un des chantiers que j'entreprends consiste à repenser nos villes : l'urbanisme, les modes de transport mais aussi l'équilibre économique et les pratiques sociales. Quarante ans après le début de la construction massive de près de deux millions de logements sociaux, vingt ans après le début du chantier de leur réhabilitation, nous sommes entrés dans la phase de ce que j'appelle le renouvellement de la ville. Un grand nombre de nos quartiers ne sont plus intégrés dans la dynamique de leur agglomération et concentrent les populations les plus défavorisées, celles qui n'ont plus le choix de leur lieu de résidence. Je veux marquer une rupture forte avec la simple logique de réparation. La reconstruction de nos villes doit être le grand chantier du début du XXIème siècle, afin de retrouver partout une véritable unité urbaine. Ces grands projets de ville devront être beaucoup plus que des grandes opérations d'urbanisme. Ils devront incarner une nouvelle philosophie de l'action publique, en mettant en uvre une transformation de la ville sur la base d'un réel changement des rapports sociaux. Du renouveau de la citoyenneté, d'une nouvelle manière de faire de la politique au niveau local, émergeront alors de nouveaux espaces publics, de nouveaux lieux d'échange, une nouvelle forme d'intégration et surtout des villes équilibrées, accessibles et sûres.
A ce propos, j'ai déjà décidé dès le premier comité interministériel des villes de juin 98 d'aider les communes les plus pauvres à réhabiliter des écoles primaires dans le sens d'une meilleure intégration à la vie de la cités. Les travaux commencent dans certains lieux.
Autrement dit, l'école et l'éducation ont besoin d'une ville renouvelée.
Mais si l'égalité de tous les enfants est conditionnée par l'extérieur de l'école, un quartier plus sûr et plus tourné vers ses jeunes, elle l'est aussi par la qualité de l'enseignement qui est dispensé dans l'école.
Dans certains quartiers qui semblent abandonnés, des écoles remarquables non seulement n'excluent pas mais intègrent, alors que dans d'autres, la masse des handicaps s'accumulent au point de ne plus trouver d'issues. Le choix d'une école se fait sur sa réputation, sur la qualité de l'enseignement prodigué, sur l'ambition nettement marquée de l'établissement ainsi que sur la place qui est réservée aux familles. La stratégie d'évitement de certains parents a nous le savons des effets désastreux en tirant vers le bas certains établissements scolaires.
C'est ainsi que la question du périmètre scolaire se joue à l'articulation entre les différentes politiques éducatives : celle de l'école et celle de la politique de la ville.
Autrement dit, la ville renouvelée ne suffit pas. L'éducation a besoin d'une école renforcée et d'un service public d'éducation de qualité.
L'égalité pour tous les enfants nécessite aussi l'intervention des acteurs, après l'école.
C'est votre rôle : vous qui êtes devenus les maîtres d'uvre de la politique éducative de vos villes. C'est favoriser les transports pour un juste accès aux équipements culturels, encourager dès la petite enfance la culture de l'écrit et la culture tout court dans la ville, veiller à la présence d'adultes à la fois bienveillants et exigeants auprès des enfants, organiser les activités extra et péri-scolaires. Cette veille éducative, vous l'organisez avec l'aide des associations.
C'est donc bien de tous les acteurs dont nous avons besoin : parents, enseignants, associations, élus et collectivités territoriales, agents de l'état.
C'est donc bien d'un projet éducatif local ambitieux dont nous avons besoin.
Lors des rencontres des acteurs de l'éducation à Tours en mai dernier j'ai eu l'occasion de répéter que l'éducation est une responsabilité partagée.
Mesdames et messieurs, le chantier des contrats de ville 2000-2006 est ouvert. L'enjeu est d'importance. Il engage pour sept ans. Je sais que vous y travaillez pour ceux d'entre vous qui sont dans la géographie prioritaire, et vous êtes nombreux dans l'association nationale des directeurs des responsables de l'éducation des villes de France.
J'ai lu le journal de votre association La Communale, j'y ai lu les questions que vous vous posez, surtout celles liées à l'empilement des contrats et des dispositifs.
Contrat de ville volet éducation contrat de réussitecontrat éducatif local projet éducatif local
Je le reconnais les outils pourraient être plus simples. Mais, malgré la mauvaise humeur parfois justifiée, les choses se font, les résistances s'atténuent, la concertation s'opère. Ici à Brest, par exemple, je sais que le projet éducatif local est lancé. C'est une grande avancée et très exemplaire, car le partenariat associé à une ambition patiente et déterminée nécessite beaucoup de recul et de travail.
La circulaire " Education nationale et politique de la ville, pour la préparation et le suivi des contrats de ville " que j'avais mentionnée à Tours et qui va être signée très prochainement par Claude Allègre et Ségolène Royal. C'est une annonce que je vous fais. Cette circulaire devrait aider les acteurs que vous êtes dans les relations très étroites que vous entretenez avec les cadres de l'éducation nationale.
Je ne vais pas vous énumérer toutes les informations qu'elle contient mais je vais en tracer les grands axes.
Tout d'abord, cette circulaire installe la relation entre éducation et politique de la ville dans la durée. Désormais la concertion sera le droit commun.
Une évidence est réaffirmée mais éclairée. Je cite : " l'école a pour mission première la réussite scolaire et la qualification de tous les jeunes, mais elle ne peut atteindre seule ces objectifs. "
Nous touchons là au cur d'un débat chronique sur l'école et qui enraye souvent la machine éducative: l'école doit-elle être ouverte ou fermée ?
Cette circulaire devrait marquer la fin du premier round. L'école n'est pas seule en charge de l'acte éducatif, elle doit travailler avec le reste de la société.
MAIS, comprenez-moi bien. Lorsque Claude Allègre dans la Charte pour bâtir l'école du XXIème siècle dit que " l'école est à elle-même son propre recours ", je partage son point de vue. En effet, il revendique avec force une école qui dispense des cours particuliers gratuits à l'intérieur de l'école pour compenser les inégalités sociales et scolaires. C'est le contraire d'une vision " libérale " de l'éducation que l'on peut rencontrer parfois dans d'autres pays européens.
L'école doit être un service public d'éducation fort, mais moderne et ouvert sur le monde.
Pour ce qui est des différents " emboîtements " entre les dispositifs, un paragraphe de la circulaire les élucide assez clairement. Il pose le contrat éducatif local comme un des éléments essentiels des volets éducation des contrats de ville, qui fédère autour d'objectifs partagés les actions qui seront conduites au titre du projet éducatif de la ville.
Le projet éducatif local d'une ville prend donc officiellement naissance comme l'élément de base de toute réflexion.
J'insisterai pour finir sur la préservation ou le rétablissement de la mixité sociale, qui est déterminante pour une action éducative solidaire.
C'est un travail lourd mais indispensable, notamment en ce qui concerne les enjeux liés l'intégration des populations d'origine immigrée. Il demande ouverture d'esprit, stratégie au long cours et prise en compte de tous facteurs conduisant à cette ségrégation.
Il s'agit ni plus ni moins de la structuration de la société française que nous voulons pour le siècle prochain. Des enfants éduqués ensemble construiront ensemble. Si ce n'était pas le cas, les conséquences pourraient être irréparables.
Je terminerai par la question des " Nouvelles Chances "données aux jeunes.
Une chance toute la vie, secondes chances, nouvelles chances ou chance tout court, ne jouons pas sur les mots.
Un pays moderne n'organise pas l'éducation de ses enfants en séparant de façon radicale et définitive ceux qui ont réussi à l'école et les autres. Il doit donner une place à tous.
On est loin du compte. Voilà un chantier enthousiasmant pour les contrats de ville futurs : préparer des parcours de réussite pour tous les jeunes. Nous y travaillons très précisément notamment avec l'association nationale des villes éducatrices qui organisera des séminaires régionaux sur ce sujet.
Mesdames et messieurs, je ne pouvais qu'esquisser à grand traits les orientations du gouvernement en matière d'éducation pour ce qui concerne la politique de la ville.
Je tenais à vous rendre hommage pour le travail quotidien que vous accomplissez au service de l'éducation des enfants de ce pays et je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.travail.gouv.fr, le 1er octobre 1999)