Communiqué des services du Premier ministre, en date du 27 novembre 1987, sur le chômage et la politique de l'emploi.

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Texte intégral

1) En mars 1986, lorsque Jacques Chirac a accepté la responsabilité du Premier ministre, il savait que la tâche prioritaire de son gouvernement serait de trouver les voies et moyens de lutter contre la montée du chômage.
- Personne - et notamment pas ceux qui n'ont pas souhaité endosser semblables responsabilités - ne pensait à l'époque qu'il s'agirait d'une partie de plaisir ou d'un chemin parsemé de roses.
- En fait de roses, en matière d''emploi, les socialistes n'avaient laissé que les épines.
- 2) A aucun moment, ni Jacques Chirac, ni Edouard Balladur, ni Philippe Séguin n'ont fait de promesse inconsidérée. Nous n'avons pas annoncé le miracle, contrairement aux socialistes qui avaient quasiment promis aux Français qu'ils avaient les moyens de guérir le chômage par la seule vertu de leur présence aux affaires.
- Les socialistes avaient fièrement annoncé qu'ils étaient en mesure de tenir sur la crête des 2000000 de chômeurs.
- Lorsqu'il a pris la responsabilité du gouvernement, Jacques Chirac a du se lancer à l'escalade d'un pic de plus de 2500000 chômeurs.
- 3) L'emploi a constitué (et constitue encore aujourd'hui) la préoccupation prioritaire du gouvernement.
- Mais il a fallu attendre un certain temps pour que notre politique commence à faire sentir ses effets.
- En matière économique et sociale il existe un temps de latence entre le moment où une décision est prise et le moment où l'on peut juger des résultats. Ce délai de réaction à l'impulsion gouvernementale est évidemment accru quand, comme cela a été le cas à plusieurs reprises (particulièrement à l'occasion des textes concernant l'aménagement du temps de travail) le Président de la République se livre systématiquement (mais constitutionnellement) à des manoeuvres de retardement. En matière de politique économique et sociale le gouvernement est un peu dans la situation du commandant d'un super tanker qui lorsqu'il veut faire accoster son bâtiment au Havre doit commencer à réduire la vitesse au passage du cap de la Hague s'il veut arriver à bon port.
- Dans ce contexte, la situation de l'emploi telle que nous la constatons aujourd'hui, se résume en 3 chiffres significatifs.
- Moins 100000 chômeurs depuis mars 1987. - Moins 9,7 % de jeunes à la recherche d'un emploi. - Une réduction de 31 jours de la durée moyenne du chômage de longue durée.
- Il s'agit là de premiers résultats consécutifs à un effort tenace du gouvernement. La tendance a été très lente à inverser.
- Nous y sommes parvenus en mettant en place, pour accompagner le redressement économique un dispositif très complet de lutte contre le chômage.
Nos adversaires socialistes nous accusent de pratiquer ce qu'ils appellent le "traitement social" du chômage. La condescendance dont les socialistes font preuve à notre égard sur ce sujet serait cocasse s'il ne s'agissait d'une affaire aussi grave.
- Contrairement à eux en effet, nous traitons le problème du chômage. Nous mettons tout en oeuvre pour appliquer un traitement économique puisque notre objectif est de réinsérer les chômeurs dans les entreprises. Il est vrai que nous faisons aussi du traitement social. (Nous ne serions pas obligés de pratiquer de la sorte si nous n'avions pas un héritage aussi catastrophique à gérer). Mais à chaque fois, nous nous efforçons de transformer ce traitement social qui apporte simplement un soulagement en un remède économique qui entrâine une véritable guérison.
- Rappelons les mesures prises par le gouvernement.
- a) le plan jeunes a consisté à diminuer les charges sociales des entreprises qui embauchent et forment des jeunes. En 17 mois, plus de 1500000 bénéficiaires dont 960000 ont été formés en entreprise. Résultat : baisse du chômage des jeunes : - 9,7 %.
- B) Programme pour les chômeurs de longue durée.
- Il y a en France : - 850000 chômeurs de plus d'un an. Ce qui est le plus dramatique, c'est la durée de la privation d'emploi, la déqualification et l'exclusion auxquelles elle peut conduire.
- Nos mesures ont consisté, comme pour les jeunes, à replacer ces chômeurs dans les entreprises par la formation et des éxonérations de cotisations sociales. 1er résultat : depuis 4 mois une baisse de la durée moyenne du chômage 351 jours en octobre contre 382 en juin = - 31 jours.
c) Conversion des salariés licenciés. - loi du 27 décembre 86 sur les procédures de licenciement :
- chaque employeur doit désormais proposer aux salariés licenciés une convention de conversion (pendant 5 mois, 70 % du salaire antérieur + 1 formation).
- - Loi du 18 juillet 87 sur le chômage de longue durée : ces conventions sont également proposées aux salariés licenciés des entreprises ayant déposé leur bilan, l'Etat se substituant financièrement à l'employeur insolvable.
- Aujourd'hui tous les salariés licenciés ont droit à un plan social contre seulement 1/3 avant mars 86.
- Au total, après 18 mois d'efforts incessants les mesures adoptées par le gouvernement et la majorité ont permis un infléchissement qui va dans le bon sens.
- Nous ne voulons en aucune façon crier victoire et nous livrer à un quelconque exercice autosatisfait et triomphaliste.
- Cela ne serait, d'ailleurs, pas convenable à l'égard de nos concitoyens encore victimes de cette injustice majeure qu'est le chômage.
- La lutte pour l'emploi, dans une société économique qui se modernise et qui enregistre chaque jour des gains de productivité, est une oeuvre de longue haleine. Il n'y aura évidemment pas de miracle et nous ne sommes pas à l'abri de soubresauts conjoncturels (même si l'amélioration enregistrée, en pleine crise financière, au cours du mois d'octobre qui est traditionnellement un des mois les plus difficiles en matière d'emploi constitue un signe encourageant quant à l'état de santé réel de notre économie et de nos entreprises).
- En tout cas, le gouvernement fera tout pour confirmer et accentuer la tendance enregistrée et confirmée depuis le printemps.