Communiqué de la CGT sur les déclarations de Lionel Jospin sur le régime des retraites, notamment la retraite par répartition, Montreuil le 21 mars 2000.

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Texte intégral

Le Premier ministre dans sa déclaration fait le choix de la retraite par répartition. C'est un choix de justice et de solidarité. C'est le plus efficace pour affronter les évolutions démographiques prévisibles. La critique de la loi Thomas qui instituait les fonds de pension, est un signe. Il faudrait abroger ce texte. Un nouveau plein-emploi est bien le levier principal de réponse aux besoins de financement résultant de l'augmentation du nombre de retraités. La reconnaissance de l'identité et de la légitimité des différents régimes de retraite est importante. Le principe de création d'une véritable " allocation dépendance " dans le cadre de la Sécurité sociale doit se concrétiser au plus vite.
La bataille menée par la CGT ces derniers mois contre le fatalisme et les visions catastrophiques a incontestablement porté ses fruits. Pour autant toutes les interrogations, les inquiétudes et les critiques n'ont pas disparu après le discours du Premier ministre.
La CGT estime qu'il ne peut y avoir pérennité du système par répartition sans engagement collectif sur la garantie à long terme d'un taux de remplacement du salaire par la retraite d'au moins 75 %. Cela justifie de revenir immédiatement sur les mesures Veil-Balladur de 1993 et de réindexer les retraites sur les salaires car leurs effets se feront progressivement sentir et plus brutalement à partir de 2020.
La CGT réaffirme que pas plus pour les fonctionnaires et le secteur public que pour le privé, l'allongement de la durée de cotisation n'est la réponse aux problèmes de financement. Injuste pour tous, une telle éventualité serait aberrante alors que le chômage reste élevé. Ainsi, on ne peut pas discuter d'un " pacte sur la retraite " pour les fonctionnaires en leur demandant a priori de cotiser 40 ans au lieu de 37,5 années.
Le développement du fonds de réserve n'est pas pour la CGT la recette miracle. Celui-ci doit demeurer un instrument de " lissage " face à l'augmentation des besoins de financement. Il est bon qu'ait été récusée l'idée de l'alimenter par le produit de privatisations. Mais le débat doit rester ouvert sur des possibilités de financement plus satisfaisantes que celles qui sont proposées. Une contribution plus conséquente doit être demandée aux patrimoines et entreprises privées.
La priorité pour la CGT est dans une réforme du mode de financement de la protection sociale à partir de l'entreprise. Elle propose trois mesures :
- assujettir toutes les composantes de la rémunération aux prélèvements sociaux ;
- créer une cotisation sur les revenus financiers des entreprises ;
- modifier le mode de calcul de la contribution dite patronale de manière à élargir l'assiette du financement.
Cette réforme est le seul moyen de sortir du dilemme dans lequel on voudrait nous enfermer : allongement de la durée de cotisation, abaissement du niveau des retraites, augmentation des cotisations.
Enfin, une plus grande liberté de choix des salariés, dans leurs modalités de départ à la retraite peut être un progrès. Mais la condition est que ce dispositif ne puisse pas devenir un moyen détourné d'entériner un abaissement du niveau des retraites ou une obligation de continuer à travailler après 60 ans. L'expérience du temps partiel est là pour montrer qu'il faut des garanties sérieuses. La CGT les exigera.
Négociations et concertations devraient s'étendre sur plusieurs mois avant les décisions finales. La CGT entend mettre à profit cette période pour faire entendre les exigences des salariés tant vis-à-vis du MEDEF qui ne renonce pas à ses objectifs d'imposer des retraites par capitalisation, que vis-à-vis du gouvernement qui doit tirer toutes les conséquences de son choix en faveur de la retraite par répartition. Elle appelle à utiliser le " Manifeste pour la retraite " qu'elle a lancé le 13 mars pour amplifier le débat et la mobilisation dans les entreprises et les localités pour peser sur les choix majeurs qui concernent les retraités mais surtout les actifs et les jeunes d'aujourd'hui.
(Source http://www.cgt.fr, le 23 mars 2000)