Texte intégral
RMC INFO SPORTS continue avec un embouteillage au standard, au 0.825.151.151, un petit peu comme sur les lignes d'arrivée hier du côté de l'Autriche, pour parler de Formule 1, donc c'est promis vous aurez la parole à partir de 19h00 tout à l'heure et jusqu'à 19h00 nous avons la chance d'avoir dans ce studio le nouveau ministre des Sports, Jean-François LAMOUR, bonsoir Jean-François.
Jean-François LAMOUR
Bonsoir.
Journaliste
Merci d'être avec nous, à l'invitation de RMC INFO, ce soir. Alors justement, avant de parler un petit peu plus en détail avec vous de l'avenir et de ce que vous allez faire au ministère des Sports, ces deux gros sujets d'actualité. Tout d'abord FERRARI, la décision prise par la Scuderia provoque un tollé général dans la presse mondiale, y compris chez les auditeurs, les supporters, les amoureux de la Formule 1. En tant que ministre des Sports désormais, quelle est votre réaction à ce qui s'est passé hier ?
Jean-François LAMOUR
Ecoutez, ce n'est pas simplement en tant que ministre des Sports, c'est en tant que passionné de sports. Je comprends cette réaction d'indignation, parce que SCHUMACHER est un très, très grand champion. Le faire passer devant BARICHELLO ! En plus, cette image un peu, sur la dernière ligne droite, de le voir gagner de cinq mètres alors que BARICHELLO a mené le Grand Prix du début jusqu'à la fin, c'est vraiment, j'allais dire pitoyable ! il n'y a pas d'autres termes. D'ailleurs, SCHUMACHER a eu un très, très beau geste en faisant monter son co-équipier sur la première marche, alors ça ne règle pas tout, ça ne règle pas tous les problèmes, je ne sais pas si Jean TODT a parlé après, s'il a eu une réaction mais je crois que là, effectivement, il y a un vrai malaise, il y a un vrai malaise. Alors on peut comprendre la stratégie d'une équipe, où le constructeur doit absolument gagner le championnat du monde mais en plus, FERRARI dominant le championnat du monde comme il le domine en ce début de saison, on aurait pu penser que c'était vraiment le sport qui devait avoir la première place dimanche dernier.
Journaliste
Est-ce que vous comprendriez que la Scuderia FERRARI qui sera convoquée fin mai devant la FIA, la Fédération Internationale, que la Scuderia FERRARI soit sanctionnée ?
Jean-François LAMOUR
Encore une fois, ça c'est à la FIA de décider. Je crois qu'elle dispose de tous les organes, les commissions de discipline pour juger si effectivement tout cela est en contravention avec la loi de la Formule 1. Mais en tout cas, dans l'esprit sportif, il n'y a pas photo. Effectivement il devrait y avoir, entre guillemets, une sanction. Est-ce qu'il ne faut pas rétablir effectivement, au moins le résultat de la course ? Au moins ça, au moins ça. Mais on a toujours vu que cette course, entre guillemets, d'équipe, existait en Formule 1, ce n'est pas la première fois que ça se produit. Je pense que ça serait un beau précédent effectivement que de rétablir le véritable résultat de ce grand prix.
Journaliste
Alors Jean-François LAMOUR, en tant que champion olympique, on ne dit pas ancien champion olympique, on dit champion olympique
Jean-François LAMOUR
Très, très bien, tout à fait, tout à fait
Journaliste
J'imagine que l'éthique sportive ça veut dire quelque chose pour vous, ce n'est pas un vain mot ?
Jean-François LAMOUR
C'est l'existence même du sport. Le sport n'a de valeur, au-delà effectivement d'un exercice physique, le sport n'a de valeur que quand il a cette notion éducative. A partir du moment où on joue un peu avec cette éducation, on la met de côté quand ça profite à d'autres intérêts, on perd 90% de ces valeurs. Donc, l'éthique fait partie effectivement du sport, c'est peut-être même le noyau dur de la pratique sportive et à chaque fois qu'on commence à l'écorner, que ce soit dans ce qu'on a pu voir dimanche sur un Grand Prix mais aussi dans tout ce qui est dopage et autres, j'allais dire..
Journaliste
Dérives
Jean-François LAMOUR
Dérives, style ce qui s'est passé aux sports de glace, ou ce qui se passe aux sports de glace, on peut effectivement craindre le pire.
Journaliste
Les enceintes sportives deviennent de plus en plus exposées et médiatisées et donc deviennent aussi parfois des tribunes politiques, on l'a vu samedi soir. Vous vous êtes déjà exprimé. Le geste de Jacques CHIRAC a été commenté. Avec un petit peu plus de recul aujourd'hui, j'imagine que vous maintenez la position qui a été la vôtre dès dimanche matin ?
Jean-François LAMOUR
Oui, bien évidemment. Samedi soir, une des plus fortes valeurs de la République a été bafouée, on a sifflé la Marseillaise et il faut que cela cesse. Donc il faut, à ce genre d'incivilité, il faut une réponse immédiate ; donc le président a quitté la tribune, il a demandé au président SIMONET de présenter les excuses de la Fédération. Il faut rappeler d'ailleurs que le président SIMONET l'a très bien fait avec, je pense, les mots justes. Il a rappelé ce qu'était le rassemblement des Français autour de son hymne, autour de son drapeau, mais il a aussi appelé à la sportivité, c'est cela l'esprit du sport, c'est aussi que tous ceux qui se déplacent dans une enceinte sportive, quelle qu'elle soit d'ailleurs, le football et d'autres, c'est avant tout pour voir un beau spectacle, pour participer à cette fête. En plus, c'était la fête du foot, c'était la Coupe de France, c'était la fête du football samedi dernier. Alors tout cela gâché par des irresponsables. Il fallait que la réponse soit immédiate et le président, je pense, l'a fait avec justesse.
Journaliste
Quand on regarde les images de ce moment-là, dans la tribune présidentielle, quand le président de la République quitte la tribune, on voit les visages de tous les officiels vraiment très impressionnés. Vous qui connaissez bien le président CHIRAC depuis un moment, ça fait 7, 8 ans que vous travaillez à ses côtés, est-ce que vous l'aviez déjà vu autant en colère ?
Jean-François LAMOUR
Sincèrement, jamais, sincèrement jamais, le visage s'est crispé, je pense que vraiment ça l'a touché profondément, ça l'a blessé et on l'a vu et je l'ai vu d'ailleurs partir à ma droite, comme ça, d'ailleurs sans avoir le temps dans un premier temps de réagir. Je pense qu'effectivement, il a été très marqué et on l'a vu ensuite dans les propos qu'il a tenus à la télévision, que c'était vraiment quelque chose qui l'avait touché.
Journaliste
Pour en terminer sur ce dossier : c'est la troisième fois cette saison que des sifflets ternissent la fête au Stade de France. Il y a eu ceux de France- Algérie, ceux de Christian KAREMBEU, pour Christian KAREMBEU, est-ce que vous avez envie de lancer un appel au respect de cette enceinte qui est aujourd'hui un symbole du sport français ?
Jean-François LAMOUR
Oui, effectivement, même si les raisons semblent-ils, ne sont pas différentes. Vous parliez effectivement de Christian KAREMBEU, tout cela était tout autant lamentable, ce genre de sifflets et de réactions. Effectivement, il se trouve que mercredi midi j'assisterai à l'assemblée générale du Comité national olympique et sportif français, présidé par Henri SERANDOUR, et je demandera à Henri SERANDOUR de réunir les présidents des fédérations et de voir avec eux comment on peut relayer effectivement le fait qu'il faut que tout cela cesse. Il faut que véritablement on retrouve, d'ailleurs partout en France mais plus particulièrement dans les enceintes sportives, cette sportivité, cette envie de voir les gens jouer, les gens pratiquer un sport plutôt effectivement que manifester telle ou telle chose. Car je crois qu'on en a un peu assez de vouloir toujours essayer de comprendre, de trouver des raisons à ce genre d'actes, à ce genre d'incivilités. Pour tout cela il faut des réponses, des réponses immédiates et je pense qu'au travers du mouvement sportif, les présidents de fédérations mais aussi les dirigeants des clubs sont capables de les apporter et de faire passer les messages auprès des jeunes et moins jeunes, d'ailleurs, qui pratiquent le sport.
Journaliste
Dites donc, vous avez été nommé mardi je crois, on n'est même pas une semaine plus tard, c'est un drôle de métier d'être ministre des Sports !
Jean-François LAMOUR
C'est une entrée en matière effectivement, assez forte. Mais je crois qu'il faut savoir s'adapter. D'ailleurs c'est, en général, une des qualités d'un sportif de s'adapter à une situation donnée et d'essayer de le faire très, très vite et là effectivement j'ai appris une partie de mon métier assez rapidement. Je ne m'en plains pas mais vous l'avez très bien dit ; j'aurai, je l'espère en tout cas, d'autres dossiers bien plus constructifs à gérer pendant mon mandat.
Journaliste
Ministre des Sports et non plus de la Jeunesse et des Sports, cela signifie que le sport est devenu aujourd'hui un domaine si large qu'il faut le considérer comme une entité à part entière ?
Jean-François LAMOUR
Tout à fait. C'est en tout cas la volonté du Premier ministre Monsieur RAFFARIN et du président de la République que de montrer au travers de la création d'un ministère plein, des Sports, ce rôle fort, puissant, d'éducation par le sport. Alors rappelons également que de l'autre côté, on a également un ministère de la Jeunesse qui, pour des raisons de cohérence, d'organisation et surtout d'efficacité, se rapproche surtout de l'Education nationale mais en ce qui me concerne c'est un geste fort, une vraie reconnaissance qui a été saluée par le mouvement sportif, que de considérer le sport comme un vrai outil d'éducation et de citoyenneté, au-delà même des résultats qui sont de très, très beaux résultats de nos équipes tricolores depuis longtemps et tout particulièrement dans cette période.
Journaliste
Alors on se quitte deux petites minutes et on revient avec vous pour entrer un petit peu plus dans le détail de ce que sont vos projets et de ce que seront vos prochaines semaines à la tête de ce ministère des Sports.
Journaliste
RMC INFO SPORTS continue, en compagnie ce soir, du nouveau ministre des Sports, Jean-François LAMOUR, ancien sabreur - on n'a pas eu le temps de rappeler les grandes lignes de votre CV, Jean-François : champion olympique 84/88 ; champion du monde 87 ; porte-drapeau de la délégation à Barcelone, ça c'est important !
Jean-François LAMOUR
C'est important parce que ça a été un moment fort de ma carrière, au-delà des podiums et des compétitions, que ce soit en individuel ou par équipe. Fort parce que c'est une vraie reconnaissance et que vous vous doutez que, finalement, samedi soir aussi - vous rappeliez ce qui s'était passé au Stade de France - ça m'a encore plus marqué parce que le fait d'avoir porté ce drapeau est, encore une fois, un signe de reconnaissance, de grande fierté et ça m'a marqué encore plus, samedi dernier.
Journaliste
Alors vous êtes un grand champion, on l'a dit, double champion olympique. La politique, pourquoi ? Parce qu'on voit de plus en plus, finalement, d'anciens grands sportifs se mettre à la politique. On a vu votre prédécesseur Guy DRUT, qui lui aussi a été champion olympique ; il y en a eu d'autres avant. Ca se rapproche, c'est deux domaines qui, finalement, se rapprochent, un peu la bagarre comme ça, continuelle, comment ça se passe, pourquoi la politique ?
Jean-François LAMOUR
Non, je crois que c'est surtout une envie d'apporter, à la société, ce qu'on a pu apprendre durant notre carrière de sportifs. Il faut quand même savoir, pour la grande majorité des sports, sans l'aide de l'Etat, sans l'aide des collectivités ; vous parliez de l'escrime, un sport comme l'escrime n'existerait pas en France. Et puis c'est aussi - en tout cas pour moi - une rencontre avec Jacques CHIRAC qui date de 84. Il était venu me voir aux Jeux Olympiques de Los Angeles et j'ai eu..., ça s'est présenté en 92, après les Jeux de Barcelone, il m'a proposé de le rejoindre à la ville de Paris, comme conseiller technique, je n'ai pas hésité longtemps. Vous l'avez rappelé, c'est vrai que de plus en plus de sportifs s'investissent en politique et ils s'investissent au niveau local ; en 2001, pour les municipales, on a compté pas moins de 30 sportifs qui, localement, en tant que conseillers municipaux ou adjoints - souvent adjoints aux sports d'ailleurs - s'étaient investis dans la vie locale. Et, ça, je pense que c'est un signe fort, que les sportifs ont véritablement envie de s'investir, d'aller vers les autres et de s'engager, pour construire des choses localement ; alors, encore une fois, que ça a trait au sport ou dans d'autres domaines.
Journaliste
On a vu, d'ailleurs, les sportifs se mobiliser en l'entre-deux tours pour appeler à voter pour.
Jean-François LAMOUR
Grosse mobilisation
Journaliste
... pour la Démocratie, pour la République.
Jean-François LAMOUR
Ca a été sans précédent d'ailleurs, sous différentes formes, des déclarations de manifestes ; d'autres d'ailleurs s'étaient même déjà engagés avant, avant le premier tour, on avait eu un certain nombre de sportifs qui avaient parlé, que ce soit dans le domaine du sport ou dans le domaine de la politique générale, de leur véritable engagement.
Journaliste
Alors, on a évoqué Guy DRUT. Entre Guy DRUT et vous, il y a eu Marie-George BUFFET, à laquelle vous avez succédé, il y a quelques jours ; l'un des faits marquants de son ministère, a été la lutte contre le dopage, est-ce que vous avez l'intention de poursuivre, dans cette voie, avec autant de fermeté ?
Jean-François LAMOUR
Le dopage, c'est un fléau et vous le dites vous-même, ça pourrit, ça pourrit véritablement l'image qu'on peut se faire de la pratique sportive, qu'elle soit d'ailleurs, au plus simple niveau des clubs, comme bien évidemment aussi au plus haut niveau. Nous avons maintenant un cadre législatif avec un certain nombre de décrets, soit en gestation, soit qui sont en train d'être appliqués. Il reste maintenant, effectivement, à mettre en place la lutte. On ne va pas entrer dans les détails très techniques, mais nous avons les antennes médicales, un sujet aussi important, qui est le suivi médical des athlètes et le suivi médical des sportifs, cela demande un peu de précision, peut-être un peu d'ajustement au niveau des fédérations
Journaliste
cette liste a aussi, longtemps, manqué de moyens ? Est-ce qu'il y aura des moyens supplémentaires ?
Jean-François LAMOUR
Les moyens sont là, ils sont..., vous me pardonnerez je vais encore parler en francs, mais ils sont de l'ordre de 130 millions de francs. Je pense que pour l'instant encore, c'est suffisant, il en faudra certainement peut-être un peu plus, pour qu'on soit totalement performant, mais ça, j'allais dire, c'est la partie nationale. Et on est, je pense, bien, largement au point ; reste encore à mettre en musique, l'ensemble des dispositifs ; il reste simplement maintenant à harmoniser au niveau européen et, là, je pense que le gros travail reste à faire de ce côté-là. Alors vous avez l'Agence mondiale anti dopage qui est une organisation qui, comme son nom l'indique, qui est de taille mondiale
Journaliste
Ce n'est pas une coquille vide ? On a l'impression que c'est une coquille vide pour le moment.
Jean-François LAMOUR
En tout cas, pour l'instant, elle a du mal à démarrer, elle a du mal à démarrer, donc il faut lui donner sa substance. Je pense que la première substance est l'harmonisation des règles et l'harmonisation, si possible, des législations et on en est encore un peu loin.
Journaliste
Si je peux me permettre la petite astuce ; vous êtes licenciés de Chimie je crois, ça aide à mieux comprendre les problèmes de dopage ?
Jean-François LAMOUR
Non, pas vraiment, parce que c'est à la fois de la physio, de la bio, donc on est loin de la pure chimie mais bon, les, comment dirais-je, les appareils qui permettent de faire les tests sont souvent similaires à ceux utilisés en chimie, donc il y a quelques termes qui ne m'échappent pas, mais on en est loin.
Journaliste
Alors les autres grands axes de votre politique. On ne sait pas si ça sera pour un mois, pour un an, pour cinq ans, on vous souhaite le plus longtemps possible
Jean-François LAMOUR
Vous connaissez déjà ma réponse, le président de la République a parlé du temps de l'action et le Premier ministre, d'un gouvernement de mission. La mission, elle dépasse largement le cadre de quatre ou cinq semaines ; non, ça s'inscrit sur le long terme et le travail à effectuer s'inscrit vraiment sur plusieurs années.
Journaliste
Il y a, notamment, un dossier qui a été chaud ces derniers mois ; Marie-George BUFFET n'a pas eu le temps de le boucler, c'est celui du statut des clubs professionnels de football, qui a fait beaucoup parler de lui ; les clubs réclament notamment de pouvoir être cotés en Bourse, de pouvoir gérer leurs droits. Une évolution, donc, vers plus de libéralisme ; est-ce que vous y êtes favorable ?
Jean-François LAMOUR
Je ne vais pas parler de libéralisme, mais simplement rappeler deux règles claires. La Fédération, elle est là pour organiser le cadre du développement et de la pratique de son sport. La Ligue professionnelle, quand elle existe, elle est là pour gérer l'ensemble de la pratique professionnelle, encore faut-il qu'elle en ait les moyens. Bon. Entre ces deux entités, il faut qu'il y ait un flux financier et, plus particulièrement du sport pro, vers le sport amateur. A partir du moment où on a obtenu ce cadre, c'est-à-dire deux entités qui se respectent, qui travaillent en commun ; un flux financier qui permet au sport professionnel, de financer le sport amateur, je pense qu'il faut laisser un peu plus de liberté au sport professionnel pour exister. Alors ça passe - très rapidement - par, je pense, deux axes : que les clubs soient propriétaires de leurs droits, de leur marque ne me dérange absolument pas. Qu'ils soient propriétaires de leurs droits TV non plus, à condition que les droits télé soient gérés de façon mutualisée au sein de la Ligue et que tous les clubs puissent en bénéficier
Journaliste
.. voilà..
Jean-François LAMOUR
Ce qui veut donc dire qu'il y ait une redistribution au sein de l'entité professionnelle pour, qu'effectivement, tout le monde en profite. Donc, vous voyez, je crois qu'il faut effectivement, alors est-ce que c'est libéraliser, je ne le pense pas, mais un peu plus de cohérence
Journaliste
et l'entrée en Bourse ?
Jean-François LAMOUR
Ecoutez, questionnez les présidents de clubs, vous en trouvez combien ? Allez, deux sur les vingt qui veulent bien..., qui sont intéressés par l'entrée en Bourse, les autres sont très prudents et, quand vous regardez au niveau européen ce qui marche bien au niveau des clubs entrés en Bourse, Manchester, un ou deux clubs italiens et puis c'est tout. Donc je crois qu'il faut être très très prudent et je ne pense pas que ce soit la priorité. Je crois, évoluons déjà comme je vous l'ai dit tout à l'heure, vers un cadre un peu plus souple, avec toujours le respect de solidarité entre sport professionnel, amateur et au sein du sport professionnel, vers ce flux qui permet après, mutualisation des droits télé et, ensuite, on verra très bien. Pour moi, ce n'est pas la priorité.
Journaliste
Monsieur le Ministre Merci, Christophe un dernier petit mot, peut-être.
Christophe
Non, non, je voulais parler peut-être éventuellement de la fiscalité des clubs. On sait que les clubs français souffrent beaucoup de la fiscalité qui est assez lourde, en France, par rapport aux autres pays européens. Est-ce que vous pensez pouvoir faire quelque chose, à ce sujet ?
Jean-François LAMOUR
Ecoutez, si on parle de la fiscalité des joueurs, enfin du salaire des joueurs, un statut fiscal, propre aux joueurs de football, me paraît, comment dirais-je, irréel. Ecoutez, il ne faut quand même pas exagérer. D'ailleurs les joueurs le disent eux-mêmes, enfin
Journaliste
Ce sont des enfants gâtés
Jean-François LAMOUR
Voilà, bon. Non, je crois qu'il ne faut pas exagérer. Par contre, les dispositions, annoncées par le président de la République et par le Premier ministre, de la baisse de la pression fiscale, de la baisse des charges peuvent peut-être amener effectivement, des moyens supplémentaires, des moyens financiers supplémentaires au club pour permettre à un certain nombre de joueurs qui évoluent en Equipe de France, de revenir jouer dans les clubs français. Parce qu'on adore notre équipe de France, elle va partir en Asie dans quelques jours, on aimerait la voir rapporter une seconde Coupe du monde mais on aimerait quand même, que certains de ces joueurs - trois ou quatre en ce moment - viennent évoluer en France. Même si le championnat est de bonne qualité ; on a vu une super finale entre Lens et Dijon, il y a quelques jours mais on aimerait quand même voir jouer quelques grands, grands joueurs français dans les clubs français. Mais pour le statut, un statut spécifique, non, je crois que ce n'est pas la bonne méthode, ce n'est pas la bonne méthode.
Journaliste
Ok. Eh bien on aura de toute façon l'occasion de reparler de ces dossiers un peu chauds, parce que le foot fait souvent la Une de l'actualité sportive mais on n'oublie aucun sport sur RMC INFO. On sera même - tiens, ça va vous faire plaisir - aux championnats du monde d'escrime, cet été.
Jean-François LAMOUR
Ah l'escrime !
Journaliste
S'il y a des escrimeurs français, parce que pour l'instant, ils boycottent un peu les compétitions.
Jean-François LAMOUR
Oui, oui
Journaliste
Ca s'arrangera.
Jean-François LAMOUR
Oui, oui, je pense que ça s'arrangera, mais il y a eu un mauvais dialogue et une mauvaise communication. Autant - très brièvement - je soutiens totalement le fait que le sabre féminin rentre dans le programme olympique, dans le programme des jeux pour 2004, encore faut-il que ça ne se fasse pas au détriment des autres armes.
Journaliste
Notamment le sabre par équipe, vous aviez eu une médaille de bronze en 92.
Jean-François LAMOUR
Eh bien voilà, et puis les sabreurs français avaient obtenu une médaille d'argent à Sydney avec Damien TOUYA, GOURDAIN et PILLER. Il faut, je pense, retrouver un peu plus de sérénité et de dialogue. Je me souviens que les escrimeurs vont à Lausanne rencontrer Gilbert PHELI (ph) le directeur des sports du CIO, j'espère que tout cela va s'arranger très rapidement
Journaliste
A l'amiable
Jean-François LAMOUR
A l'amiable
Journaliste
Ca ne doit pas être simple
Christophe
Et puis il y a peut-être des disciplines, genre bridge et tout qu'on pourrait mettre de côté en attendant, pour laisser l'escrime quand même, qui passe pour majeure
Jean-François LAMOUR
Oui. Non, non écoutez, je pense que l'escrime n'est pas inquiétée en tant que telle ; les disciplines resteront. Là c'est simplement, lorsqu'on veut faire rentrer une discipline supplémentaire, qu'on demande à l'escrime de rester dans son enveloppe globale d'épreuves et de tireurs. Je crois que pour le bridge, pour être membre, mais je pense que malheureusement je vais être obligé de me retirer de la Commission Programmes des Jeux de 2004, puis de 2008 ; toutes ces disciplines - que je respecte totalement, comme le bridge, les échecs - ont été écartées dans un premier temps mais on regarde, je sais que la Commission Programmes regardera d'autres entrées, plus en réalité avec ce qu'est la pratique sportive.
Journaliste
Et puis on est habitué à ce que plus il y ait d'épreuves d'escrime, plus on ait de médailles. Donc, finalement, on n'est pas contre qu'il y ait des épreuves d'escrime supplémentaires.
Jean-François LAMOUR
Surtout, maintenant là où je suis, vous vous doutez bien que c'est effectivement, l'une de mes priorités.
Journaliste
Ok, eh bien merci beaucoup Jean-François LAMOUR, d'être venu dans RMC INFO SPORTS, ce soir, et puis bon courage, mais vous avez du pain sur la planche.
Jean-François LAMOUR
Merci. Oui, oui, mais c'est passionnant.
Journaliste
Le sport mérite un ministère à part entière, on l'a vu ce soir. Il y a des sujets d'actualité qui ne manquent pas. Merci beaucoup, et à très bientôt.
Jean-François LAMOUR
Merci.
(Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 15 mai 2002)
Jean-François LAMOUR
Bonsoir.
Journaliste
Merci d'être avec nous, à l'invitation de RMC INFO, ce soir. Alors justement, avant de parler un petit peu plus en détail avec vous de l'avenir et de ce que vous allez faire au ministère des Sports, ces deux gros sujets d'actualité. Tout d'abord FERRARI, la décision prise par la Scuderia provoque un tollé général dans la presse mondiale, y compris chez les auditeurs, les supporters, les amoureux de la Formule 1. En tant que ministre des Sports désormais, quelle est votre réaction à ce qui s'est passé hier ?
Jean-François LAMOUR
Ecoutez, ce n'est pas simplement en tant que ministre des Sports, c'est en tant que passionné de sports. Je comprends cette réaction d'indignation, parce que SCHUMACHER est un très, très grand champion. Le faire passer devant BARICHELLO ! En plus, cette image un peu, sur la dernière ligne droite, de le voir gagner de cinq mètres alors que BARICHELLO a mené le Grand Prix du début jusqu'à la fin, c'est vraiment, j'allais dire pitoyable ! il n'y a pas d'autres termes. D'ailleurs, SCHUMACHER a eu un très, très beau geste en faisant monter son co-équipier sur la première marche, alors ça ne règle pas tout, ça ne règle pas tous les problèmes, je ne sais pas si Jean TODT a parlé après, s'il a eu une réaction mais je crois que là, effectivement, il y a un vrai malaise, il y a un vrai malaise. Alors on peut comprendre la stratégie d'une équipe, où le constructeur doit absolument gagner le championnat du monde mais en plus, FERRARI dominant le championnat du monde comme il le domine en ce début de saison, on aurait pu penser que c'était vraiment le sport qui devait avoir la première place dimanche dernier.
Journaliste
Est-ce que vous comprendriez que la Scuderia FERRARI qui sera convoquée fin mai devant la FIA, la Fédération Internationale, que la Scuderia FERRARI soit sanctionnée ?
Jean-François LAMOUR
Encore une fois, ça c'est à la FIA de décider. Je crois qu'elle dispose de tous les organes, les commissions de discipline pour juger si effectivement tout cela est en contravention avec la loi de la Formule 1. Mais en tout cas, dans l'esprit sportif, il n'y a pas photo. Effectivement il devrait y avoir, entre guillemets, une sanction. Est-ce qu'il ne faut pas rétablir effectivement, au moins le résultat de la course ? Au moins ça, au moins ça. Mais on a toujours vu que cette course, entre guillemets, d'équipe, existait en Formule 1, ce n'est pas la première fois que ça se produit. Je pense que ça serait un beau précédent effectivement que de rétablir le véritable résultat de ce grand prix.
Journaliste
Alors Jean-François LAMOUR, en tant que champion olympique, on ne dit pas ancien champion olympique, on dit champion olympique
Jean-François LAMOUR
Très, très bien, tout à fait, tout à fait
Journaliste
J'imagine que l'éthique sportive ça veut dire quelque chose pour vous, ce n'est pas un vain mot ?
Jean-François LAMOUR
C'est l'existence même du sport. Le sport n'a de valeur, au-delà effectivement d'un exercice physique, le sport n'a de valeur que quand il a cette notion éducative. A partir du moment où on joue un peu avec cette éducation, on la met de côté quand ça profite à d'autres intérêts, on perd 90% de ces valeurs. Donc, l'éthique fait partie effectivement du sport, c'est peut-être même le noyau dur de la pratique sportive et à chaque fois qu'on commence à l'écorner, que ce soit dans ce qu'on a pu voir dimanche sur un Grand Prix mais aussi dans tout ce qui est dopage et autres, j'allais dire..
Journaliste
Dérives
Jean-François LAMOUR
Dérives, style ce qui s'est passé aux sports de glace, ou ce qui se passe aux sports de glace, on peut effectivement craindre le pire.
Journaliste
Les enceintes sportives deviennent de plus en plus exposées et médiatisées et donc deviennent aussi parfois des tribunes politiques, on l'a vu samedi soir. Vous vous êtes déjà exprimé. Le geste de Jacques CHIRAC a été commenté. Avec un petit peu plus de recul aujourd'hui, j'imagine que vous maintenez la position qui a été la vôtre dès dimanche matin ?
Jean-François LAMOUR
Oui, bien évidemment. Samedi soir, une des plus fortes valeurs de la République a été bafouée, on a sifflé la Marseillaise et il faut que cela cesse. Donc il faut, à ce genre d'incivilité, il faut une réponse immédiate ; donc le président a quitté la tribune, il a demandé au président SIMONET de présenter les excuses de la Fédération. Il faut rappeler d'ailleurs que le président SIMONET l'a très bien fait avec, je pense, les mots justes. Il a rappelé ce qu'était le rassemblement des Français autour de son hymne, autour de son drapeau, mais il a aussi appelé à la sportivité, c'est cela l'esprit du sport, c'est aussi que tous ceux qui se déplacent dans une enceinte sportive, quelle qu'elle soit d'ailleurs, le football et d'autres, c'est avant tout pour voir un beau spectacle, pour participer à cette fête. En plus, c'était la fête du foot, c'était la Coupe de France, c'était la fête du football samedi dernier. Alors tout cela gâché par des irresponsables. Il fallait que la réponse soit immédiate et le président, je pense, l'a fait avec justesse.
Journaliste
Quand on regarde les images de ce moment-là, dans la tribune présidentielle, quand le président de la République quitte la tribune, on voit les visages de tous les officiels vraiment très impressionnés. Vous qui connaissez bien le président CHIRAC depuis un moment, ça fait 7, 8 ans que vous travaillez à ses côtés, est-ce que vous l'aviez déjà vu autant en colère ?
Jean-François LAMOUR
Sincèrement, jamais, sincèrement jamais, le visage s'est crispé, je pense que vraiment ça l'a touché profondément, ça l'a blessé et on l'a vu et je l'ai vu d'ailleurs partir à ma droite, comme ça, d'ailleurs sans avoir le temps dans un premier temps de réagir. Je pense qu'effectivement, il a été très marqué et on l'a vu ensuite dans les propos qu'il a tenus à la télévision, que c'était vraiment quelque chose qui l'avait touché.
Journaliste
Pour en terminer sur ce dossier : c'est la troisième fois cette saison que des sifflets ternissent la fête au Stade de France. Il y a eu ceux de France- Algérie, ceux de Christian KAREMBEU, pour Christian KAREMBEU, est-ce que vous avez envie de lancer un appel au respect de cette enceinte qui est aujourd'hui un symbole du sport français ?
Jean-François LAMOUR
Oui, effectivement, même si les raisons semblent-ils, ne sont pas différentes. Vous parliez effectivement de Christian KAREMBEU, tout cela était tout autant lamentable, ce genre de sifflets et de réactions. Effectivement, il se trouve que mercredi midi j'assisterai à l'assemblée générale du Comité national olympique et sportif français, présidé par Henri SERANDOUR, et je demandera à Henri SERANDOUR de réunir les présidents des fédérations et de voir avec eux comment on peut relayer effectivement le fait qu'il faut que tout cela cesse. Il faut que véritablement on retrouve, d'ailleurs partout en France mais plus particulièrement dans les enceintes sportives, cette sportivité, cette envie de voir les gens jouer, les gens pratiquer un sport plutôt effectivement que manifester telle ou telle chose. Car je crois qu'on en a un peu assez de vouloir toujours essayer de comprendre, de trouver des raisons à ce genre d'actes, à ce genre d'incivilités. Pour tout cela il faut des réponses, des réponses immédiates et je pense qu'au travers du mouvement sportif, les présidents de fédérations mais aussi les dirigeants des clubs sont capables de les apporter et de faire passer les messages auprès des jeunes et moins jeunes, d'ailleurs, qui pratiquent le sport.
Journaliste
Dites donc, vous avez été nommé mardi je crois, on n'est même pas une semaine plus tard, c'est un drôle de métier d'être ministre des Sports !
Jean-François LAMOUR
C'est une entrée en matière effectivement, assez forte. Mais je crois qu'il faut savoir s'adapter. D'ailleurs c'est, en général, une des qualités d'un sportif de s'adapter à une situation donnée et d'essayer de le faire très, très vite et là effectivement j'ai appris une partie de mon métier assez rapidement. Je ne m'en plains pas mais vous l'avez très bien dit ; j'aurai, je l'espère en tout cas, d'autres dossiers bien plus constructifs à gérer pendant mon mandat.
Journaliste
Ministre des Sports et non plus de la Jeunesse et des Sports, cela signifie que le sport est devenu aujourd'hui un domaine si large qu'il faut le considérer comme une entité à part entière ?
Jean-François LAMOUR
Tout à fait. C'est en tout cas la volonté du Premier ministre Monsieur RAFFARIN et du président de la République que de montrer au travers de la création d'un ministère plein, des Sports, ce rôle fort, puissant, d'éducation par le sport. Alors rappelons également que de l'autre côté, on a également un ministère de la Jeunesse qui, pour des raisons de cohérence, d'organisation et surtout d'efficacité, se rapproche surtout de l'Education nationale mais en ce qui me concerne c'est un geste fort, une vraie reconnaissance qui a été saluée par le mouvement sportif, que de considérer le sport comme un vrai outil d'éducation et de citoyenneté, au-delà même des résultats qui sont de très, très beaux résultats de nos équipes tricolores depuis longtemps et tout particulièrement dans cette période.
Journaliste
Alors on se quitte deux petites minutes et on revient avec vous pour entrer un petit peu plus dans le détail de ce que sont vos projets et de ce que seront vos prochaines semaines à la tête de ce ministère des Sports.
Journaliste
RMC INFO SPORTS continue, en compagnie ce soir, du nouveau ministre des Sports, Jean-François LAMOUR, ancien sabreur - on n'a pas eu le temps de rappeler les grandes lignes de votre CV, Jean-François : champion olympique 84/88 ; champion du monde 87 ; porte-drapeau de la délégation à Barcelone, ça c'est important !
Jean-François LAMOUR
C'est important parce que ça a été un moment fort de ma carrière, au-delà des podiums et des compétitions, que ce soit en individuel ou par équipe. Fort parce que c'est une vraie reconnaissance et que vous vous doutez que, finalement, samedi soir aussi - vous rappeliez ce qui s'était passé au Stade de France - ça m'a encore plus marqué parce que le fait d'avoir porté ce drapeau est, encore une fois, un signe de reconnaissance, de grande fierté et ça m'a marqué encore plus, samedi dernier.
Journaliste
Alors vous êtes un grand champion, on l'a dit, double champion olympique. La politique, pourquoi ? Parce qu'on voit de plus en plus, finalement, d'anciens grands sportifs se mettre à la politique. On a vu votre prédécesseur Guy DRUT, qui lui aussi a été champion olympique ; il y en a eu d'autres avant. Ca se rapproche, c'est deux domaines qui, finalement, se rapprochent, un peu la bagarre comme ça, continuelle, comment ça se passe, pourquoi la politique ?
Jean-François LAMOUR
Non, je crois que c'est surtout une envie d'apporter, à la société, ce qu'on a pu apprendre durant notre carrière de sportifs. Il faut quand même savoir, pour la grande majorité des sports, sans l'aide de l'Etat, sans l'aide des collectivités ; vous parliez de l'escrime, un sport comme l'escrime n'existerait pas en France. Et puis c'est aussi - en tout cas pour moi - une rencontre avec Jacques CHIRAC qui date de 84. Il était venu me voir aux Jeux Olympiques de Los Angeles et j'ai eu..., ça s'est présenté en 92, après les Jeux de Barcelone, il m'a proposé de le rejoindre à la ville de Paris, comme conseiller technique, je n'ai pas hésité longtemps. Vous l'avez rappelé, c'est vrai que de plus en plus de sportifs s'investissent en politique et ils s'investissent au niveau local ; en 2001, pour les municipales, on a compté pas moins de 30 sportifs qui, localement, en tant que conseillers municipaux ou adjoints - souvent adjoints aux sports d'ailleurs - s'étaient investis dans la vie locale. Et, ça, je pense que c'est un signe fort, que les sportifs ont véritablement envie de s'investir, d'aller vers les autres et de s'engager, pour construire des choses localement ; alors, encore une fois, que ça a trait au sport ou dans d'autres domaines.
Journaliste
On a vu, d'ailleurs, les sportifs se mobiliser en l'entre-deux tours pour appeler à voter pour.
Jean-François LAMOUR
Grosse mobilisation
Journaliste
... pour la Démocratie, pour la République.
Jean-François LAMOUR
Ca a été sans précédent d'ailleurs, sous différentes formes, des déclarations de manifestes ; d'autres d'ailleurs s'étaient même déjà engagés avant, avant le premier tour, on avait eu un certain nombre de sportifs qui avaient parlé, que ce soit dans le domaine du sport ou dans le domaine de la politique générale, de leur véritable engagement.
Journaliste
Alors, on a évoqué Guy DRUT. Entre Guy DRUT et vous, il y a eu Marie-George BUFFET, à laquelle vous avez succédé, il y a quelques jours ; l'un des faits marquants de son ministère, a été la lutte contre le dopage, est-ce que vous avez l'intention de poursuivre, dans cette voie, avec autant de fermeté ?
Jean-François LAMOUR
Le dopage, c'est un fléau et vous le dites vous-même, ça pourrit, ça pourrit véritablement l'image qu'on peut se faire de la pratique sportive, qu'elle soit d'ailleurs, au plus simple niveau des clubs, comme bien évidemment aussi au plus haut niveau. Nous avons maintenant un cadre législatif avec un certain nombre de décrets, soit en gestation, soit qui sont en train d'être appliqués. Il reste maintenant, effectivement, à mettre en place la lutte. On ne va pas entrer dans les détails très techniques, mais nous avons les antennes médicales, un sujet aussi important, qui est le suivi médical des athlètes et le suivi médical des sportifs, cela demande un peu de précision, peut-être un peu d'ajustement au niveau des fédérations
Journaliste
cette liste a aussi, longtemps, manqué de moyens ? Est-ce qu'il y aura des moyens supplémentaires ?
Jean-François LAMOUR
Les moyens sont là, ils sont..., vous me pardonnerez je vais encore parler en francs, mais ils sont de l'ordre de 130 millions de francs. Je pense que pour l'instant encore, c'est suffisant, il en faudra certainement peut-être un peu plus, pour qu'on soit totalement performant, mais ça, j'allais dire, c'est la partie nationale. Et on est, je pense, bien, largement au point ; reste encore à mettre en musique, l'ensemble des dispositifs ; il reste simplement maintenant à harmoniser au niveau européen et, là, je pense que le gros travail reste à faire de ce côté-là. Alors vous avez l'Agence mondiale anti dopage qui est une organisation qui, comme son nom l'indique, qui est de taille mondiale
Journaliste
Ce n'est pas une coquille vide ? On a l'impression que c'est une coquille vide pour le moment.
Jean-François LAMOUR
En tout cas, pour l'instant, elle a du mal à démarrer, elle a du mal à démarrer, donc il faut lui donner sa substance. Je pense que la première substance est l'harmonisation des règles et l'harmonisation, si possible, des législations et on en est encore un peu loin.
Journaliste
Si je peux me permettre la petite astuce ; vous êtes licenciés de Chimie je crois, ça aide à mieux comprendre les problèmes de dopage ?
Jean-François LAMOUR
Non, pas vraiment, parce que c'est à la fois de la physio, de la bio, donc on est loin de la pure chimie mais bon, les, comment dirais-je, les appareils qui permettent de faire les tests sont souvent similaires à ceux utilisés en chimie, donc il y a quelques termes qui ne m'échappent pas, mais on en est loin.
Journaliste
Alors les autres grands axes de votre politique. On ne sait pas si ça sera pour un mois, pour un an, pour cinq ans, on vous souhaite le plus longtemps possible
Jean-François LAMOUR
Vous connaissez déjà ma réponse, le président de la République a parlé du temps de l'action et le Premier ministre, d'un gouvernement de mission. La mission, elle dépasse largement le cadre de quatre ou cinq semaines ; non, ça s'inscrit sur le long terme et le travail à effectuer s'inscrit vraiment sur plusieurs années.
Journaliste
Il y a, notamment, un dossier qui a été chaud ces derniers mois ; Marie-George BUFFET n'a pas eu le temps de le boucler, c'est celui du statut des clubs professionnels de football, qui a fait beaucoup parler de lui ; les clubs réclament notamment de pouvoir être cotés en Bourse, de pouvoir gérer leurs droits. Une évolution, donc, vers plus de libéralisme ; est-ce que vous y êtes favorable ?
Jean-François LAMOUR
Je ne vais pas parler de libéralisme, mais simplement rappeler deux règles claires. La Fédération, elle est là pour organiser le cadre du développement et de la pratique de son sport. La Ligue professionnelle, quand elle existe, elle est là pour gérer l'ensemble de la pratique professionnelle, encore faut-il qu'elle en ait les moyens. Bon. Entre ces deux entités, il faut qu'il y ait un flux financier et, plus particulièrement du sport pro, vers le sport amateur. A partir du moment où on a obtenu ce cadre, c'est-à-dire deux entités qui se respectent, qui travaillent en commun ; un flux financier qui permet au sport professionnel, de financer le sport amateur, je pense qu'il faut laisser un peu plus de liberté au sport professionnel pour exister. Alors ça passe - très rapidement - par, je pense, deux axes : que les clubs soient propriétaires de leurs droits, de leur marque ne me dérange absolument pas. Qu'ils soient propriétaires de leurs droits TV non plus, à condition que les droits télé soient gérés de façon mutualisée au sein de la Ligue et que tous les clubs puissent en bénéficier
Journaliste
.. voilà..
Jean-François LAMOUR
Ce qui veut donc dire qu'il y ait une redistribution au sein de l'entité professionnelle pour, qu'effectivement, tout le monde en profite. Donc, vous voyez, je crois qu'il faut effectivement, alors est-ce que c'est libéraliser, je ne le pense pas, mais un peu plus de cohérence
Journaliste
et l'entrée en Bourse ?
Jean-François LAMOUR
Ecoutez, questionnez les présidents de clubs, vous en trouvez combien ? Allez, deux sur les vingt qui veulent bien..., qui sont intéressés par l'entrée en Bourse, les autres sont très prudents et, quand vous regardez au niveau européen ce qui marche bien au niveau des clubs entrés en Bourse, Manchester, un ou deux clubs italiens et puis c'est tout. Donc je crois qu'il faut être très très prudent et je ne pense pas que ce soit la priorité. Je crois, évoluons déjà comme je vous l'ai dit tout à l'heure, vers un cadre un peu plus souple, avec toujours le respect de solidarité entre sport professionnel, amateur et au sein du sport professionnel, vers ce flux qui permet après, mutualisation des droits télé et, ensuite, on verra très bien. Pour moi, ce n'est pas la priorité.
Journaliste
Monsieur le Ministre Merci, Christophe un dernier petit mot, peut-être.
Christophe
Non, non, je voulais parler peut-être éventuellement de la fiscalité des clubs. On sait que les clubs français souffrent beaucoup de la fiscalité qui est assez lourde, en France, par rapport aux autres pays européens. Est-ce que vous pensez pouvoir faire quelque chose, à ce sujet ?
Jean-François LAMOUR
Ecoutez, si on parle de la fiscalité des joueurs, enfin du salaire des joueurs, un statut fiscal, propre aux joueurs de football, me paraît, comment dirais-je, irréel. Ecoutez, il ne faut quand même pas exagérer. D'ailleurs les joueurs le disent eux-mêmes, enfin
Journaliste
Ce sont des enfants gâtés
Jean-François LAMOUR
Voilà, bon. Non, je crois qu'il ne faut pas exagérer. Par contre, les dispositions, annoncées par le président de la République et par le Premier ministre, de la baisse de la pression fiscale, de la baisse des charges peuvent peut-être amener effectivement, des moyens supplémentaires, des moyens financiers supplémentaires au club pour permettre à un certain nombre de joueurs qui évoluent en Equipe de France, de revenir jouer dans les clubs français. Parce qu'on adore notre équipe de France, elle va partir en Asie dans quelques jours, on aimerait la voir rapporter une seconde Coupe du monde mais on aimerait quand même, que certains de ces joueurs - trois ou quatre en ce moment - viennent évoluer en France. Même si le championnat est de bonne qualité ; on a vu une super finale entre Lens et Dijon, il y a quelques jours mais on aimerait quand même voir jouer quelques grands, grands joueurs français dans les clubs français. Mais pour le statut, un statut spécifique, non, je crois que ce n'est pas la bonne méthode, ce n'est pas la bonne méthode.
Journaliste
Ok. Eh bien on aura de toute façon l'occasion de reparler de ces dossiers un peu chauds, parce que le foot fait souvent la Une de l'actualité sportive mais on n'oublie aucun sport sur RMC INFO. On sera même - tiens, ça va vous faire plaisir - aux championnats du monde d'escrime, cet été.
Jean-François LAMOUR
Ah l'escrime !
Journaliste
S'il y a des escrimeurs français, parce que pour l'instant, ils boycottent un peu les compétitions.
Jean-François LAMOUR
Oui, oui
Journaliste
Ca s'arrangera.
Jean-François LAMOUR
Oui, oui, je pense que ça s'arrangera, mais il y a eu un mauvais dialogue et une mauvaise communication. Autant - très brièvement - je soutiens totalement le fait que le sabre féminin rentre dans le programme olympique, dans le programme des jeux pour 2004, encore faut-il que ça ne se fasse pas au détriment des autres armes.
Journaliste
Notamment le sabre par équipe, vous aviez eu une médaille de bronze en 92.
Jean-François LAMOUR
Eh bien voilà, et puis les sabreurs français avaient obtenu une médaille d'argent à Sydney avec Damien TOUYA, GOURDAIN et PILLER. Il faut, je pense, retrouver un peu plus de sérénité et de dialogue. Je me souviens que les escrimeurs vont à Lausanne rencontrer Gilbert PHELI (ph) le directeur des sports du CIO, j'espère que tout cela va s'arranger très rapidement
Journaliste
A l'amiable
Jean-François LAMOUR
A l'amiable
Journaliste
Ca ne doit pas être simple
Christophe
Et puis il y a peut-être des disciplines, genre bridge et tout qu'on pourrait mettre de côté en attendant, pour laisser l'escrime quand même, qui passe pour majeure
Jean-François LAMOUR
Oui. Non, non écoutez, je pense que l'escrime n'est pas inquiétée en tant que telle ; les disciplines resteront. Là c'est simplement, lorsqu'on veut faire rentrer une discipline supplémentaire, qu'on demande à l'escrime de rester dans son enveloppe globale d'épreuves et de tireurs. Je crois que pour le bridge, pour être membre, mais je pense que malheureusement je vais être obligé de me retirer de la Commission Programmes des Jeux de 2004, puis de 2008 ; toutes ces disciplines - que je respecte totalement, comme le bridge, les échecs - ont été écartées dans un premier temps mais on regarde, je sais que la Commission Programmes regardera d'autres entrées, plus en réalité avec ce qu'est la pratique sportive.
Journaliste
Et puis on est habitué à ce que plus il y ait d'épreuves d'escrime, plus on ait de médailles. Donc, finalement, on n'est pas contre qu'il y ait des épreuves d'escrime supplémentaires.
Jean-François LAMOUR
Surtout, maintenant là où je suis, vous vous doutez bien que c'est effectivement, l'une de mes priorités.
Journaliste
Ok, eh bien merci beaucoup Jean-François LAMOUR, d'être venu dans RMC INFO SPORTS, ce soir, et puis bon courage, mais vous avez du pain sur la planche.
Jean-François LAMOUR
Merci. Oui, oui, mais c'est passionnant.
Journaliste
Le sport mérite un ministère à part entière, on l'a vu ce soir. Il y a des sujets d'actualité qui ne manquent pas. Merci beaucoup, et à très bientôt.
Jean-François LAMOUR
Merci.
(Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 15 mai 2002)