Interview de Mme Nicole Notat, secrétaire générale de la CFDT sur le site de la CFDT le 14 mars 2002, sur son bilan depuis le congrès de Lille et le programme du futur congrès de Nantes, notamment sur la protection sociale.

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Comment qualifierais-tu les trois ans écoulés depuis Lille ?
Le congrès aura à apprécier le chemin parcouru. Je crois qu'à Nantes, la CFDT aura tout lieu d'afficher sa fierté. Son développement traduit la confiance grandissante que lui témoignent les salariés dans les entreprises, grandes ou petites. Dans les multiples négociations de ces trois années, notamment celles sur la RTT, elle a fait preuve d'une grande compétence. Par sa capacité à convaincre et à poser des actes, elle a acquis une place dans le paysage syndical et social dont elle peut se montrer satisfaite. Ces résultats ont dépassé ceux que nous aurions imaginé à Lille. Paradoxalement, le bras de fer engagé par le patronat avec le gouvernement sur les 35 heures a joué un rôle d'accélérateur en débouchant sur un grand chantier de négociations interprofessionnelles. Ce qu'il est convenu d'appeler la refondation a fait émerger des réalités qui ont éclairé les termes du débat social. Cela ne s'est pas opéré sans tensions. Mais aujourd'hui, tous les acteurs donnent l'impression de vouloir tirer des enseignements de cet exercice. Ce qui est positif, tant pour dessiner le contour d'un véritable espace contractuel qu'en ce qui concerne l'État.
Parmi les rendez-vous qui attendent la CFDT, ceux de la protection sociale seront parmi les premiers...
Sur ces questions, bien des défis restent à relever. La réforme de l'assurance maladie est inachevée, l'organisation du système de soins est à repenser... Là encore, la CFDT doit sortir de Nantes avec les idées claires sur la manière dont elle va continuer à agir dans ce domaine. Quant aux retraites le défi est immédiat. Il concerne tous les salariés, ceux du public comme ceux du privé. S'en tenir à l'existant serait le plus sûr moyen de faire le lit de la retraite par capitalisation. C'est pourquoi, Nantes sera l'occasion de réaffirmer nos priorités : maintenir la répartition, garantir un bon niveau de pension, permettre l'accès à la retraite à taux plein, quel que soit l'âge, après quarante ans de cotisations... Et de donner au bureau national un mandat clair sur les principes qui guideront la CFDT dans les mois à venir.
À propos des nouvelles garanties pour les salariés, la CFDT aborde leurs aspirations individuelles. Est-ce une nouvelle approche ?
Les salariés n'ont plus envie d'être mis dans un même moule. Ils veulent pouvoir faire entendre leurs choix, nous l'avons vu dans les négociations sur la RTT. Nous devons prendre cela en compte dans notre approche aux garanties collectives. Un bon exemple me semble être la capacité qu'ont eu quatre confédérations de se saisir de l'épargne salariale. Ce terrain n'était pas familier au syndicalisme français. En nous emparant des possibilités de négocier et de faire valoir notre fonction de contre-pouvoir, nous avons réintroduit dans une démarche collective, une question qui relevait de choix individuels. Ou qui était réservée aux salariés des grandes entreprises. C'est l'illustration d'une bonne articulation entre le droit pour tous et l'égalité d'accès de chacun. Nous n'oublions pas que les salariés demeurent inégaux face aux garanties collectives. Selon qu'ils travaillent dans une grande entreprise ou dans une TPE, ils ne bénéficient pas tous d'une protection sociale complémentaire, d'une véritable formation professionnelle, d'un même accès au vacances... Nos propositions visent aussi à changer la donne en la matière.
Pourquoi avoir prévu une séquence particulière intitulée " Le monde que nous voulons " ?
Une mondialisation plus équitable implique une nouvelle géographie des emplois et des activités. Ainsi, dans les pays qui sont aujourd'hui les mal lotis de la planète, les chances de développement passent par la création d'emplois, la croissance. Autant de facteurs qui créent, en retour, de nouvelles concurrences. Et qui nous font toucher du doigt la manière dont nous pouvons agir, à travers des coopérations syndicales. Lorsqu'une multinationale décide de s'implanter dans une ces régions, l'acteur syndical doit pouvoir influer sur cette décision pour qu'elle soit l'occasion de faire prévaloir les droits fondamentaux des salariés concernés, de leur assurer une amélioration du niveau de vie, l'accès à des garanties collectives... C'est ce que nous voulons mettre en image à ce congrès, à travers une séquence où nous aurons la possibilité de mieux approcher les expériences qui vont dans le sens du monde tel que nous le voulons. Une déclaration solennelle sera présentée.
Sur toutes ces questions, le programme est ambitieux...
La CFDT ne manque pas d'atouts : ses résultats, son dynamisme, sa cohésion Le congrès sera l'occasion de débattre des moyens qui permettront à la CFDT d'être encore plus forte, plus performante, plus attractive. Cela passe par un développement à grande échelle, par l'information et la formation de nos militants, par une mixité accrue. Mais aussi par un fonctionnement toujours plus à l'écoute des salariés et qui suscite des pratiques participatives. Au sortir de Nantes, la CFDT sera en ordre de marche pour gagner les prud'hommes. Être la première organisation en adhérents, c'est bien. Devenir la première force électorale, c'est notre challenge. Pour y parvenir, une belle étape nous attend, le 11 décembre.

Propos recueillis par Patrick Pécherot

(Source http://www.cfdt.fr, le 22 mars 2002)