Texte intégral
F. Laborde.- Nous allons regarder l'actualité française, notamment avec ce fait divers qui frappe tout le monde ce matin, ce père de famille qui, à Evreux, a été massacré parce qu'il essayait de défendre son fils contre le racket et qui est mort. Est-ce qu'au-delà du fait divers, il y a quelque chose qui ressemble à un signal donné à la société française ?
- "C'en est un de plus, à une société qui est terriblement violente et nous, les femmes, je dirais qu'on ressent cette violence de l'intérieur. Et nous nous assimilons tous et toutes à ce père de famille qui a été défendre son gamin, parce qu'il était agressé. C'est un acte normal de parent que de défendre ses enfants. C'est la raison pour laquelle je crois qu'il faut vraiment, dans les réformes à entreprendre, aider les associations de victimes et leur permettre de se constituer partie civile, par exemple à la place des victimes elles-mêmes qui ont peur souvent d'aller porter plainte, ce qui fait qu'on est dans ce sentiment général d'impunité."
Mais là, en l'occurrence, la famille avait porté plainte et c'est parce que cela n'avait pas l'air de suivre que le père est intervenu...
- "Les victimes sont encore très souvent complètement isolées et les plaintes ne fonctionnent pas toujours bien. Je crois donc qu'il faut vraiment remettre l'accent sur le droit des victimes. Je suis avocate, les droits de la défense c'est tout à fait normal, mais je crois qu'on a complètement oublié la victime. Et il y a un champ de violence dans tous les domaines. Nous parlons de la ville, mais c'est la même chose au travail, ce sont les violences familiales. Je crois qu'il faut une vraie mobilisation - et les femmes devraient être les premières à le faire - contre toutes les formes de violence."
Parmi les mouvements sociaux qui ont marqué ces derniers jours, il y a celui des routiers qui est en train de s'arrêter assez tranquillement. Pour autant, le fond du problème est toujours un peu le même, c'est à dire qu'on a beaucoup de camions qui circulent en France...
- "Beaucoup trop, beaucoup trop."
Et sans doute des conditions de travail un peu compliquées...
- "Des conditions de travail difficiles, une vraie inquiétude du fait de la concurrence des pays de l'Est, où les conditions sociales ne sont évidemment pas les mêmes et puis, ce "tout camion" qui est d'autant plus grave dans notre pays que nous sommes un pays d'ouverture, de transit, que les camions viennent du Nord pour aller dans le Sud sans apporter rien à l'économie française. C'est pour cela qu'il est plus qu'urgent de lancer de vrais plans de ferroutage et de transports combinés, de manière précisément à mettre sur les rails les camions qui viennent du Nord et qui vont vers le Sud. Mais la SNCF et Réseaux Ferrés de France, sur ce point, sont terriblement en retard. Et même lorsqu'il y a des initiatives - car il y en a -, les réseaux ne peuvent pas être utilisés."
Pourquoi ?
- "Tout simplement parce qu'ils ne sont pas mis à disposition des entreprises qui le demandent, qu'il y a des retards considérables et surtout que la route ne paie pas son prix."
Oui il y a des écarts de prix considérables, mais cela reste quand même beaucoup moins cher
- "C'est beaucoup plus rentable aujourd'hui de prendre la route que de prendre le rail, alors que pour nous tous, la route nous coûte très cher. La maison France paie chaque année 150 milliards pour la route, dont 50 milliards à la Sécurité sociale, pour les accidents et la pollution atmosphérique. Ce n'est pas tolérable."
Quand vous regardez la tonalité générale de la campagne, avec notamment le choc des "grands" - Jospin, Chirac -, les petites phrases, les réflexions etc., vous trouvez cela comment ? Vous avez suivi le meeting de Chirac hier soir ? Vous l'avez trouvé comment ?
- "J'ai trouvé qu'il y avait beaucoup d'enthousiasme de la part des gens qui étaient là. Mais il manque quelque chose dans cette campagne : c'est le premier tour. Les candidats qui essaient de présenter, comme moi-même, des idées nouvelles, des projets nouveaux - qui ne sont certes pas majoritaires, mais on n'a jamais vu une idée nouvelle qui soit majoritaire au départ -, n'ont pas la place de s'exprimer. Je vous remercie de m'inviter ce matin, mais France 2 m'a consacré en tout et pour tout, sur les journaux télévisés, neuf secondes entre janvier et février. Donc, il n'y a pas de débat. Je demande à N. Mamère un débat, puisqu'il se prétend..."
D'ailleurs, vous l'avez croisé au Salon de l'agriculture...
- "Oui."
Et vous lui avez fait cette proposition ?
- "Oui, il m'a dit "oui" mais, en fait, c'est "non". Et chaque fois qu'on essaie de monter quelque chose, il le refuse, parce qu'il a peur de ce débat. Il y a dans cette campagne deux candidats, un candidat qui défend l'environnement - moi-même -, un candidat Vert ; et il serait intéressant que les Français puissent entendre le débat autour de ces thèmes qui sont des thèmes très importants et très absents de la campagne."
Il y a d'autres candidats d'ailleurs "Verts", entre guillemets, qui défendent la thèse écologie - M. Lalonde, M. Waechter. Vous pensez qu'à un moment donné, peut-être, vous pourriez faire cause commune ?
- "Je pense qu'ils ne seront pas dans la campagne présidentielle et je pense que le bon sens devrait conduire à avoir une plate-forme d'union, au moins pour préparer les législatives. Mais au-delà de ça, je crois qu'il y a des très grands thèmes - on a parlé de la sécurité dans la ville, de la sécurité alimentaire, ce que nous buvons, ce que nous mangeons, les soucis que nous avons, mères, de ce que nos enfants vont devenir : ça, ce sont des enjeux majeurs dont on devrait parler et dont on ne parle pas et, pourtant, il y a des solutions à proposer."
Qu'est ce qui vous différencie aujourd'hui de N. Mamère ? Vous êtes tous les deux avec des préoccupations d'environnement. On peut dire qu'il y en a un qui veut un peu plus de gauche - encore que... -, un peu plus de droite ? Cela a un sens ? Quelle est la différence fondamentale entre vous et lui ?
- "Je considère que N. Mamère ne défend pas l'environnement. N. Mamère est un politicien qui, maintenant est Vert, après avoir été "tapiste". Il ne défend pas l'environnement. Moi, je me bats pour l'environnement, pour la santé depuis 25 ans, je n'ai pas changé de direction et je considère que les problèmes sont de plus en plus importants. Que vont devenir nos enfants, qu'est ce qu'ils vont manger, qu'est ce qu'ils vont boire, le changement climatique va-t-il entraîner de très grandes modifications qui vont changer la vie des gens ? C'est cela les vrais sujets. Moi, je les défends ; N. Mamère, non, il instrumentalise l'environnement. Je vous donnerai un exemple : le tunnel du Mont-Blanc. C'est très bien de se battre contre le tunnel du Mont-Blanc, qui rouvre alors que Mme Voynet a autorisé cette réouverture mais, dans le même temps, les Verts défendent à Grenoble un projet qui s'appelle "bio police", qui est un projet de laboratoire pour étudier les maladies dangereuses et qui va se mettre en pleine zone inondable. Où est la cohérence ? Ils le font pourquoi ? Parce que, politiquement, ça les arrange. Moi, je me bats toujours pour la même chose : faire passer avant l'environnement, la santé, l'intérêt des hommes et des femmes de ce pays."
(Source :Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 13 mars 2002)
- "C'en est un de plus, à une société qui est terriblement violente et nous, les femmes, je dirais qu'on ressent cette violence de l'intérieur. Et nous nous assimilons tous et toutes à ce père de famille qui a été défendre son gamin, parce qu'il était agressé. C'est un acte normal de parent que de défendre ses enfants. C'est la raison pour laquelle je crois qu'il faut vraiment, dans les réformes à entreprendre, aider les associations de victimes et leur permettre de se constituer partie civile, par exemple à la place des victimes elles-mêmes qui ont peur souvent d'aller porter plainte, ce qui fait qu'on est dans ce sentiment général d'impunité."
Mais là, en l'occurrence, la famille avait porté plainte et c'est parce que cela n'avait pas l'air de suivre que le père est intervenu...
- "Les victimes sont encore très souvent complètement isolées et les plaintes ne fonctionnent pas toujours bien. Je crois donc qu'il faut vraiment remettre l'accent sur le droit des victimes. Je suis avocate, les droits de la défense c'est tout à fait normal, mais je crois qu'on a complètement oublié la victime. Et il y a un champ de violence dans tous les domaines. Nous parlons de la ville, mais c'est la même chose au travail, ce sont les violences familiales. Je crois qu'il faut une vraie mobilisation - et les femmes devraient être les premières à le faire - contre toutes les formes de violence."
Parmi les mouvements sociaux qui ont marqué ces derniers jours, il y a celui des routiers qui est en train de s'arrêter assez tranquillement. Pour autant, le fond du problème est toujours un peu le même, c'est à dire qu'on a beaucoup de camions qui circulent en France...
- "Beaucoup trop, beaucoup trop."
Et sans doute des conditions de travail un peu compliquées...
- "Des conditions de travail difficiles, une vraie inquiétude du fait de la concurrence des pays de l'Est, où les conditions sociales ne sont évidemment pas les mêmes et puis, ce "tout camion" qui est d'autant plus grave dans notre pays que nous sommes un pays d'ouverture, de transit, que les camions viennent du Nord pour aller dans le Sud sans apporter rien à l'économie française. C'est pour cela qu'il est plus qu'urgent de lancer de vrais plans de ferroutage et de transports combinés, de manière précisément à mettre sur les rails les camions qui viennent du Nord et qui vont vers le Sud. Mais la SNCF et Réseaux Ferrés de France, sur ce point, sont terriblement en retard. Et même lorsqu'il y a des initiatives - car il y en a -, les réseaux ne peuvent pas être utilisés."
Pourquoi ?
- "Tout simplement parce qu'ils ne sont pas mis à disposition des entreprises qui le demandent, qu'il y a des retards considérables et surtout que la route ne paie pas son prix."
Oui il y a des écarts de prix considérables, mais cela reste quand même beaucoup moins cher
- "C'est beaucoup plus rentable aujourd'hui de prendre la route que de prendre le rail, alors que pour nous tous, la route nous coûte très cher. La maison France paie chaque année 150 milliards pour la route, dont 50 milliards à la Sécurité sociale, pour les accidents et la pollution atmosphérique. Ce n'est pas tolérable."
Quand vous regardez la tonalité générale de la campagne, avec notamment le choc des "grands" - Jospin, Chirac -, les petites phrases, les réflexions etc., vous trouvez cela comment ? Vous avez suivi le meeting de Chirac hier soir ? Vous l'avez trouvé comment ?
- "J'ai trouvé qu'il y avait beaucoup d'enthousiasme de la part des gens qui étaient là. Mais il manque quelque chose dans cette campagne : c'est le premier tour. Les candidats qui essaient de présenter, comme moi-même, des idées nouvelles, des projets nouveaux - qui ne sont certes pas majoritaires, mais on n'a jamais vu une idée nouvelle qui soit majoritaire au départ -, n'ont pas la place de s'exprimer. Je vous remercie de m'inviter ce matin, mais France 2 m'a consacré en tout et pour tout, sur les journaux télévisés, neuf secondes entre janvier et février. Donc, il n'y a pas de débat. Je demande à N. Mamère un débat, puisqu'il se prétend..."
D'ailleurs, vous l'avez croisé au Salon de l'agriculture...
- "Oui."
Et vous lui avez fait cette proposition ?
- "Oui, il m'a dit "oui" mais, en fait, c'est "non". Et chaque fois qu'on essaie de monter quelque chose, il le refuse, parce qu'il a peur de ce débat. Il y a dans cette campagne deux candidats, un candidat qui défend l'environnement - moi-même -, un candidat Vert ; et il serait intéressant que les Français puissent entendre le débat autour de ces thèmes qui sont des thèmes très importants et très absents de la campagne."
Il y a d'autres candidats d'ailleurs "Verts", entre guillemets, qui défendent la thèse écologie - M. Lalonde, M. Waechter. Vous pensez qu'à un moment donné, peut-être, vous pourriez faire cause commune ?
- "Je pense qu'ils ne seront pas dans la campagne présidentielle et je pense que le bon sens devrait conduire à avoir une plate-forme d'union, au moins pour préparer les législatives. Mais au-delà de ça, je crois qu'il y a des très grands thèmes - on a parlé de la sécurité dans la ville, de la sécurité alimentaire, ce que nous buvons, ce que nous mangeons, les soucis que nous avons, mères, de ce que nos enfants vont devenir : ça, ce sont des enjeux majeurs dont on devrait parler et dont on ne parle pas et, pourtant, il y a des solutions à proposer."
Qu'est ce qui vous différencie aujourd'hui de N. Mamère ? Vous êtes tous les deux avec des préoccupations d'environnement. On peut dire qu'il y en a un qui veut un peu plus de gauche - encore que... -, un peu plus de droite ? Cela a un sens ? Quelle est la différence fondamentale entre vous et lui ?
- "Je considère que N. Mamère ne défend pas l'environnement. N. Mamère est un politicien qui, maintenant est Vert, après avoir été "tapiste". Il ne défend pas l'environnement. Moi, je me bats pour l'environnement, pour la santé depuis 25 ans, je n'ai pas changé de direction et je considère que les problèmes sont de plus en plus importants. Que vont devenir nos enfants, qu'est ce qu'ils vont manger, qu'est ce qu'ils vont boire, le changement climatique va-t-il entraîner de très grandes modifications qui vont changer la vie des gens ? C'est cela les vrais sujets. Moi, je les défends ; N. Mamère, non, il instrumentalise l'environnement. Je vous donnerai un exemple : le tunnel du Mont-Blanc. C'est très bien de se battre contre le tunnel du Mont-Blanc, qui rouvre alors que Mme Voynet a autorisé cette réouverture mais, dans le même temps, les Verts défendent à Grenoble un projet qui s'appelle "bio police", qui est un projet de laboratoire pour étudier les maladies dangereuses et qui va se mettre en pleine zone inondable. Où est la cohérence ? Ils le font pourquoi ? Parce que, politiquement, ça les arrange. Moi, je me bats toujours pour la même chose : faire passer avant l'environnement, la santé, l'intérêt des hommes et des femmes de ce pays."
(Source :Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 13 mars 2002)