Déclaration de M. Hervé Gaymard, ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales, sur l'évolution de la coopération internationale en matière d'éradication des maladies animales et des zoonoses, Paris, le 26 mai 2002.

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Circonstance : 70ème session de l'Office international des épizooties à Paris, 26 mai 2002

Texte intégral

Monsieur le Vice-Premier Ministre,
Monsieur le Président du Comité international,
Monsieur le Directeur général,
Mesdames et Messieurs les Délégués,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de m'adresser à vous au nom du Gouvernement français, d'abord pour vous souhaiter la bienvenue à Paris, et ensuite pour souligner l'importance et la pertinence des travaux que vous conduisez.
Je regrette de n'avoir pu saluer Monsieur le Premier Ministre de Lituanie, mon homologue de l'Ukraine ainsi que le Directeur général de l'Organisation Panaméricaine de la Santé. Je tiens à les remercier de l'honneur qu'ils nous ont fait d'être présents en ces lieux. Je salue et je remercie également mes homologues de la Fédération de Russie et du Panama aujourd'hui présents.
Depuis 1924, l'Office international des épizooties, qui est l'Organisation mondiale de la santé animale, est la seule organisation responsable vis-à-vis de la communauté internationale à la fois de la collecte et de la diffusion de l'information sanitaire mondiale sur les maladies animales et les zoonoses, ainsi que de l'information scientifique vétérinaire.
Pour conduire à bien sa mission, l'OIE s'appuie sur les travaux de plus de 150 laboratoires de référence et centres collaborateurs répartis dans les cinq continents, et je salue à nouveau l'importance considérable de la contribution de ces scientifiques aux objectifs de l'Office.
C'est aussi la seule organisation mondiale normative chargée de veiller sur la sécurité sanitaire du commerce mondial des animaux et de leurs produits, tout en appuyant en même temps ses Pays Membres pour les aider à réaliser le contrôle ou l'éradication des maladies lorsqu'elles sont présentes.
Ces normes constituent une base irremplaçable pour tout dialogue sanitaire entre pays importateurs et exportateurs. C'est un socle très précieux pour l'OMC lorsqu'elle est appelée à arbitrer des différends.
L'OIE exerce enfin son devoir de solidarité internationale en appuyant les pays membres les plus démunis, en relation avec les organisations spécialisées pour le développement, avec lesquelles l'Office a passé des accords, pour les aider à lutter contre les maladies animales et les zoonoses, dans l'intérêt évident de l'ensemble de la communauté mondiale, car, vous le savez bien, les maladies ne connaissent pas de frontières. Vous avez, d'ailleurs, dans le même esprit, voté l'année dernière, la proposition du Directeur général consistant à diviser par deux les contributions financières des pays membres appartenant au groupe des pays les moins avancés, les autres acceptant dans le même temps d'augmenter leur contribution.
Dans le cadre du nouveau programme opérationnel du Directeur général adopté en 2001, vous aurez, cette année, à examiner et à mesurer les progrès accomplis par l'organisation à travers les orientations qui vous sont proposées cette semaine, par voie de résolution, en matière de lutte contre les zoonoses et les maladies d'origine alimentaire, de protection du bien-être des animaux ou des procédures de reconnaissance du statut des Pays Membres indemnes d'encéphalopathie spongiforme bovine.
Dans le domaine de la sécurité sanitaire des aliments, je tiens à souligner ma satisfaction de constater que les propositions qui vous sont faites comportent, grâce aux actions préalables conduites par le Directeur général de l'OIE et les responsables de la Commission du Codex Alimentarius, des dispositions visant à clarifier à terme les responsabilités de chacun.
Elles comportent aussi des mesures visant à créer des synergies entre les travaux de l'OIE et ceux du Codex Alimentarius dans le but de mieux protéger les consommateurs des risques inhérents aux produits d'origine animale.
Vous aurez aussi à vous prononcer sur des modifications fondamentales du Code zoosanitaire international, concernant notamment le chapitre relatif à la fièvre aphteuse. Je me réjouis des accords qui ont été trouvés entre les Commissions spécialisées de l'OIE pour prendre en compte les leçons des grandes crises que nous avons traversées l'an dernier, ainsi que les nouveaux outils de diagnostic qui sont maintenant à notre disposition.
Sans préjuger de l'issue de vos discussions, tout le monde s'entend sur au moins un point, il n'est plus pensable de ne pas moderniser très rapidement le chapitre du Code sur la fièvre aphteuse, notamment parce qu'une grande majorité de citoyens partout dans le monde le réclament depuis le choc de la crise de 2001.
Je me réjouis également de la collaboration efficace entre l'OIE, l'OMS et la FAO, qui s'est manifestée en particulier l'an dernier par l'organisation d'une conférence commune sur l'ESB au siège de l'OIE à Paris. Cette réunion a été l'occasion pour les scientifiques mondiaux de faire un état des lieux à la fois sur les risques encourus par les consommateurs et sur les meilleures méthodes de lutte contre cette maladie. Pour la première fois, les trois organisations ont pu parler d'une seule voix en publiant une longue liste de préconisations communes qui fait toujours autorité dans le monde. J'espère aussi que la réactualisation en cours des accords entre l'OIE, la FAO et l'OMS aboutira rapidement, et ce dans l'intérêt de la communauté internationale.
L'application harmonieuse et efficace des préconisations de l'OIE pour contrôler et éradiquer à terme les principales maladies animales et les zoonoses est bien évidemment liée à l'importance, pour chaque pays, de disposer d'un service vétérinaire public efficace, c'est-à-dire doté d'une organisation et de moyens appropriés. En outre, la collaboration des acteurs du terrain que sont les vétérinaires privés, maillon essentiel dans l'épidémiosurveillance des maladies animales, ainsi que l'engagement des éleveurs à travers leurs organisations de défense sanitaire, s'avèrent être des éléments déterminants dans la maîtrise des épizooties.
Les travaux conduits par l'OIE pour donner un caractère normatif à un socle minimal garantissant la fiabilité des actions menées par les services Vétérinaires permettent de vous proposer, cette année, l'adoption d'un nouveau chapitre du Code sur ce sujet. Je suis parfaitement conscient de la difficulté de normaliser en ce domaine mais ce travail est essentiel pour appuyer l'accès au marché international des animaux et des produits animaux, notamment pour les pays en développement, souvent exclus à ce jour des bénéfices des accords de l'OMC.
La France a souhaité montrer le chemin, en se dotant, depuis longtemps, de Services Vétérinaires efficaces et impartiaux et aussi en soutenant les pays en développement qui souhaitent se conformer aux normes de l'OIE en la matière. Nous entendons, par ailleurs, appuyer les communautés scientifiques vétérinaires et les administrations compétentes des pays en développement à mieux participer, notamment à travers l'OIE, aux processus internationaux d'élaboration des normes vétérinaires.
J'indiquerai encore, pour terminer, que la France est fière d'héberger à Paris le siège prestigieux de votre organisation et qu'elle continuera à ne pas ménager ses efforts pour que l'OIE poursuive ses travaux dans des conditions optimales au bénéfice de tous et pour que son rayonnement international soit à la mesure des responsabilités exercées et des enjeux que nul ne peut ignorer.
Je souhaite plein succès aux travaux de cette 70e Session ainsi qu'un agréable séjour à Paris à chacune et chacun d'entre vous.
(source http://www.agriculture.gouv.fr, le 29 mai 2002)