Texte intégral
Pourquoi dénoncez-vous la création de l'Union pour la majorité présidentielle ?
Je suis abasourdi. Dimanche soir, à l'annonce de ces résultats dramatiques, je me suis dit : " Cette fois, on va vraiment comprendre la profondeur du mal ". Pour moi, nous étions en 1958 ! Tout était à reconstruire, dans un grand mouvement de conscience de la France. Et, quand j'ai appris lundi matin que la seule réponse trouvée à ce séisme, c'était la tentative de constitution d'un parti unique des chiraquiens du premier tour, avec comme seul but la mise au pas ou l'éradication des autres sensibilités de l'opposition, je me suis senti floué comme citoyen ! Je croyais que c'était le temps de l'histoire. En fait, c'était le temps de la cuisine.
Ne prenez-vous pas le risque d'apparaître comme celui qui refuse l'union de la droite ?
mais de quelle union parle-t-on ?
Je soutiens Jacques Chirac sans ambiguïté et, si nous gagnons les législatives, l'UDF sera partie prenante de la majorité. Je veux l'union. Nous avons même investi des candidats uniques. Mais je ne veux pas qu'on se serve de la situation créée par Le Pen pour mener une opération de prise de contrôle de la droite et du centre. Quand deux personnes s'entendent pour vivre et travailler, c'est l'union. Quand l'une veut manger l'autre, c'est de l'anthropologie. Je ne me laisserai pas faire. Je n'ai pas refusé l'approche autoritaire de Jospin pour l'accepter dans mon camp.
Tout le monde n'est pas sur la même longueur d'onde que vous à l'UDF, notamment parmi les députés
Il n'y a eu que deux députés à défendre la ligne chiraquienne au bureau politique de mardi matin, sur 300 personnes ! Il y a une unanimité absolue de l'UDF sur cette question. Vous pourrez le vérifier samedi, au conseil national extraordinaire que je réunis à Paris. Il s'agit pour nous de redire que nous voulons participer pleinement à l'union et rester pleinement nous-mêmes.
Allez-vous participer à des meetings de Jacques Chirac, comme Alain Madelin mardi soir à Rennes ?
Je n'ai reçu aucune invitation, mais j'y suis bien évidemment prêt.
6,84% des voix, n'est-ce pas trop faible pour imposer vos vues ?
Ce score est un succès. Tout le monde le reconnaît. J'arrive en tête des candidats nouveaux alors qu'on me promettait des cataclysmes. L'UDF est une force qui compte. Tous les gens que je rencontre depuis dimanche soir me disent : " Continuez ! On a besoin de voix différentes. "
Est-ce le message que vous ont envoyé les électeurs dimanche ?
Les électeurs nous ont dit qu'ils en avaient assez de la manière dont la France est gouvernée. Bien-sûr, il faut une alternance. Mais il ne faut pas seulement renouveler les gouvernants, il faut aussi changer profondément le pouvoir, son architecture et sa pratique, comme de Gaulle l'a fait en 1958, en fédérant des forces ou des sensibilités au-delà des frontières des partis. C'est ce que j'aurais proposé si j'avais été en situation de le faire. C'est ce j'ai suggéré à Jacques Chirac. Cela n'a pas été son choix.
Vous refusez le parti unique, mais êtes-vous favorable à des candidatures uniques aux législatives ?
Des candidatures communes, oui, un label commun, d'accord, mais un groupe unique à l'Assemblée, non. On voit bien que ce qui est en jeu dans cette affaire, ce sont les moyens financiers des formations politiques. S'il y a une étiquette unique, c'est la fin des partis et donc de l'UDF. Ce serait une déclaration de guerre. Faites-moi confiance pour ne pas céder.
Vous avez déjeuné hier avec Alain Madelin. Une réconciliation entre l'UDF et DL est-elle possible ?
Si l'entreprise destinée à faire taire tous ceux qui ne sont pas considérés comme chiraquiens de stricte obédience se précise, il y aura un pôle nouveau qui garantira aux Français la liberté du choix et de l'équilibre du pouvoir.
Propos recueillis par Sophie Roquelle et Guillaume Tabard
(Source http://www.udf.org, le 29 avril 2002)
Je suis abasourdi. Dimanche soir, à l'annonce de ces résultats dramatiques, je me suis dit : " Cette fois, on va vraiment comprendre la profondeur du mal ". Pour moi, nous étions en 1958 ! Tout était à reconstruire, dans un grand mouvement de conscience de la France. Et, quand j'ai appris lundi matin que la seule réponse trouvée à ce séisme, c'était la tentative de constitution d'un parti unique des chiraquiens du premier tour, avec comme seul but la mise au pas ou l'éradication des autres sensibilités de l'opposition, je me suis senti floué comme citoyen ! Je croyais que c'était le temps de l'histoire. En fait, c'était le temps de la cuisine.
Ne prenez-vous pas le risque d'apparaître comme celui qui refuse l'union de la droite ?
mais de quelle union parle-t-on ?
Je soutiens Jacques Chirac sans ambiguïté et, si nous gagnons les législatives, l'UDF sera partie prenante de la majorité. Je veux l'union. Nous avons même investi des candidats uniques. Mais je ne veux pas qu'on se serve de la situation créée par Le Pen pour mener une opération de prise de contrôle de la droite et du centre. Quand deux personnes s'entendent pour vivre et travailler, c'est l'union. Quand l'une veut manger l'autre, c'est de l'anthropologie. Je ne me laisserai pas faire. Je n'ai pas refusé l'approche autoritaire de Jospin pour l'accepter dans mon camp.
Tout le monde n'est pas sur la même longueur d'onde que vous à l'UDF, notamment parmi les députés
Il n'y a eu que deux députés à défendre la ligne chiraquienne au bureau politique de mardi matin, sur 300 personnes ! Il y a une unanimité absolue de l'UDF sur cette question. Vous pourrez le vérifier samedi, au conseil national extraordinaire que je réunis à Paris. Il s'agit pour nous de redire que nous voulons participer pleinement à l'union et rester pleinement nous-mêmes.
Allez-vous participer à des meetings de Jacques Chirac, comme Alain Madelin mardi soir à Rennes ?
Je n'ai reçu aucune invitation, mais j'y suis bien évidemment prêt.
6,84% des voix, n'est-ce pas trop faible pour imposer vos vues ?
Ce score est un succès. Tout le monde le reconnaît. J'arrive en tête des candidats nouveaux alors qu'on me promettait des cataclysmes. L'UDF est une force qui compte. Tous les gens que je rencontre depuis dimanche soir me disent : " Continuez ! On a besoin de voix différentes. "
Est-ce le message que vous ont envoyé les électeurs dimanche ?
Les électeurs nous ont dit qu'ils en avaient assez de la manière dont la France est gouvernée. Bien-sûr, il faut une alternance. Mais il ne faut pas seulement renouveler les gouvernants, il faut aussi changer profondément le pouvoir, son architecture et sa pratique, comme de Gaulle l'a fait en 1958, en fédérant des forces ou des sensibilités au-delà des frontières des partis. C'est ce que j'aurais proposé si j'avais été en situation de le faire. C'est ce j'ai suggéré à Jacques Chirac. Cela n'a pas été son choix.
Vous refusez le parti unique, mais êtes-vous favorable à des candidatures uniques aux législatives ?
Des candidatures communes, oui, un label commun, d'accord, mais un groupe unique à l'Assemblée, non. On voit bien que ce qui est en jeu dans cette affaire, ce sont les moyens financiers des formations politiques. S'il y a une étiquette unique, c'est la fin des partis et donc de l'UDF. Ce serait une déclaration de guerre. Faites-moi confiance pour ne pas céder.
Vous avez déjeuné hier avec Alain Madelin. Une réconciliation entre l'UDF et DL est-elle possible ?
Si l'entreprise destinée à faire taire tous ceux qui ne sont pas considérés comme chiraquiens de stricte obédience se précise, il y aura un pôle nouveau qui garantira aux Français la liberté du choix et de l'équilibre du pouvoir.
Propos recueillis par Sophie Roquelle et Guillaume Tabard
(Source http://www.udf.org, le 29 avril 2002)