Déclaration de M. Robert Hue, président du PCF et candidat à l'élection présidentielle, sur l'importance du vote communiste au premier tour de l'élection présidentielle et sur ses propositions, notamment en matière de lutte contre les inégalités et pour l'emploi, à Domérat (Allier) le 18 mars 2002.

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Circonstance : Meeting à Domérat (Allier) le 18 mars 2002.

Texte intégral

Mesdames, messieurs,
chères amies,
chères camarades,
Je veux d'abord vous dire le plaisir que j'éprouve à être parmi vous, ce soir, à Montluçon, à l'occasion de ce rassemblement régional organisé dans le cadre de la campagne pour l'élection présidentielle.
Merci aux militantes et militants communistes qui en ont pris l'initiative, et merci à vous toutes et tous qui y participez, dans la diversité de vos sensibilités. Merci, en particulier, à mon ami André Lajoinie, pleinement engagé à mes côtés - vous venez de le constater - dans la campagne pour l'élection présidentielle.
Je veux vous parler ce soir du premier tour de cette élection.
Je dis bien : du premier tour, dont l'importance est considérable pour l'immédiat et pour l'avenir.
Du premier tour, dont les résultats vont conditionner étroitement le second et, au-delà de l'élection présidentielle, le scrutin législatif qui la suivra immédiatement.
Au fond, ce que je veux vous dire, c'est que le 21 avril est le plus important des rendez-vous politiques de ce printemps 2002. Et il est bien besoin de le répéter, d'en parler - et tout particulièrement dans nos initiatives militantes, tant on s'efforce de convaincre les Françaises et les Français que le premier tour ne serait qu'une formalité, un vote subalterne uniquement destiné à drainer des voix vers les " présidentiables ", c'est-à-dire Jospin et Chirac.
Et il est vrai que ces deux-là seront face à face le 5 mai, au second tour. C'est une évidence pour tout le monde. La question n'est donc pas là. Le plus important, c'est de savoir quelle politique suivra celui qui sera élu.
Si Chirac "rempile" pour cinq ans, c'est sûr, il voudra poursuivre, en l'aggravant, la détestable politique suivie par la droite, sous la houlette de Juppé, de 1995 à 1997.
Les intentions qu'il a déjà affichées le confirment : c'est le Medef qui inspire la démarche et les propositions du président-candidat. Ainsi il est, comme le baron Seillière, partisan des assurances privées plutôt que la défense et la promotion de la sécurité sociale.
A la retraite par répartition, il préfère les fonds de pension, qui jouent à la loterie de la bourse les retraites de ceux qui y souscrivent. Et d'une manière générale, ce sont le secteur et les services publics qu'il a dans le collimateur, et tout ce qui dépend de leurs compétences : le logement et les transports, l'éducation et la santé.
Il promet des baisses d'impôts faramineuses. Une fois n'est pas coutume : il tiendra cette promesse. Evidemment puisque son projet vise à abaisser le poids - pourtant bien léger - qui pèse sur les plus hauts revenus, les plus grosses fortunes.
Je ne veux pas m'appesantir davantage sur le programme de Jacques Chirac. C'est celui d'un grand bourgeois conservateur et réactionnaire ; celui de tous les libéraux en Europe et dans le monde, avec les conséquences sociales, démocratiques, humaines, environnementales désastreuses que l'on sait.
Je veux, par contre, m'arrêter un instant sur l'actualité de ces derniers jours. Pour l'essentiel, elle a été marquée par la publication par Jacques Chirac de son projet présidentiel ; par la présentation des dix engagements de Lionel Jospin ; par l'intense campagne de promotion médiatique d'Arlette Laguiller.
Je veux commenter brièvement ces trois éléments.
D'abord les propos de Jacques Chirac et de ses lieutenants. Il n'y a, là-dedans, aucune surprise. La droite veut prendre sa revanche et votre présence ici ce soir témoigne que vous n'êtes pas particulièrement tentés par cela.
Il y a, aussi - c'était ce matin - les dix engagements de Lionel Jospin. Visiblement, le candidat socialiste a lu les engagements que j'ai rendus publics le 8 mars dernier. Il y a, chez lui, la volonté de montrer une plus grande attention aux questions sociales. Je ne m'en plains pas, surtout si, comme je le pense, j'y suis un peu pour quelque chose.
Mais tout cela reste suspendu à une question essentielle majeure : où sont les moyens permettant d'atteindre les objectifs proposés.
Franchement, je ne le vois pas.
Et ce n'est pas en enfermant la France dans une gestion économique européenne dominée par les libéraux - voire les ultralibéraux - que l'on dégagera ces moyens. Or, Lionel Jospin ne conteste à aucun moment cette perspective.
D'autre part, le flou demeure, en bien des domaines, sur la réalité concrète des mesures qui seront prises. Ce n'est d'ailleurs pas surprenant puisque les principaux rédacteurs des propositions du candidat socialistes ont la réputation, non usurpée, d'être parmi les responsables "les plus à droite de la gauche". Je pense, vous l'avez compris, à Dominique Strauss-Kahn et à Laurent Fabius.
Ce qui me conduit à une troisième remarque : l'intense promotion médiatique du vote Arlette Laguiller qui n'est pourtant - et elle l'a dit elle-même hier à la Mutualité - qu'un vote de protestation qui ne changera rien à rien.
Alors je pose la question aux Françaises et aux Français qui ne veulent pas de la droite et de sa politique de revanche sociale, mais qui veulent que la gauche fasse autre chose que ce qu'elle a fait depuis cinq ans : que pouvez-vous faire d'utile pour vous, pour le pays, pour la gauche, le 21 avril prochain à l'occasion du premier tour de l'élection présidentielle ?
Bien sûr, sans nier ce qui a été fait de positif depuis 1997, vous avez envie d'exprimer votre mauvaise humeur, votre inquiétude, votre mécontentement et même, souvent, votre colère devant l'insatisfaction que vous laisse la politique de la gauche, notamment ces deux dernières années. Et aussi devant le doute sur l'avenir suscité par le flou des engagements de Lionel Jospin et sa volonté de courtiser l'électorat de droite dit centriste.
Oui, vous pouvez exprimer tout cela par l'abstention ou par le choix d'un vote strictement protestataire.
Mais pour quel résultat ?
Par exemple, à quoi peut servir le vote Arlette Laguiller ?
Soyons clairs : je ne suis pas personnellement son farouche adversaire. Et tout le monde le sait bien : le camp des travailleurs c'est aussi le mien, celui des communistes, bien avant qu'Arlette Laguiller ne s'en préoccupe. J'ajoute que nous sommes sans doute des millions, dans le pays, à partager le même mécontentement à l'égard de la politique conduite par le gouvernement de Lionel Jospin, notamment ces deux dernières années où il a pris la très mauvaise habitude de céder aux pressions ultralibérales.
Seulement, nous ne tirons pas de cette situation les mêmes conclusions.
Arlette Laguiller vous appelle simplement à protester. Et le 22 avril au matin, comme d'habitude elle disparaîtra de la scène politique. Je le répète, elle le dit elle-même, très clairement : pour elle dans tous les cas, quelle que soit l'issue du scrutin, elle se refuse à prendre quelque responsabilité que ce soit.
Moi, à l'inverse, je vous adresse une invitation à peser de toutes vos forces pour conduire le gouvernement et, s'il le faut, à l'obliger, à être bien à gauche.
Mais pour faire ainsi, il ne suffit pas de déclamer des slogans. Il ne suffit pas de prononcer des discours, de multiplier les déclarations tonitruantes et d'aligner les engagements sans jamais dire un mot des moyens de les tenir. Il faut tout au contraire, proposer des mesures concrètes aux décisions de notre peuple, qu'il pourra exprimer par son vote au premier tour le 21 avril.
C'est tout le sens de ma candidature.
C'est tout le sens de la volonté des communistes, de leur détermination à tout faire pour empêcher une dérive de la gauche vers la droite ; de tout faire pour que la gauche reste bien à gauche.
Je l'ai dit en commentant les dix engagements de Lionel Jospin, on constate que le candidat socialiste commence - au moins - à s'interroger sur le point de savoir s'il ne devrait pas se montrer un peu plus attentif à ce langage. Cela me renforce dans la conviction que le 21 avril, au premier tour, il y a un moyen - à vrai dire : un seul moyen - de voter utile à gauche. Et de voter utile immédiatement : ce moyen c'est le vote pour ma candidature.
Je veux à présent exposer devant vous les grandes lignes des propositions, du projet que je porte dans cette élection. Ou plus précisément, des engagements que je prends devant les Françaises et les Français.
Oui, les engagements, ce qui signifie que mes propos de campagne seront prolongés, quelle que soit l'issue du scrutin, et partout où cela sera possible, par des actes.
Et d'abord, il y a ceci : la France, ce pays parmi les plus puissants et les plus riches du monde, est profondément blessée par les inégalités, les discriminations et l'exclusion dont sont victimes des millions de femmes et d'hommes.
J'affirme qu'il y a là une priorité absolue pour la gauche. Elle a, de ce point de vue, raté le coche entre 1997 et 2002, et les Françaises et les Français le lui reprochent à juste raison.
Quant à moi, je fais de ce combat mon premier engagement. C'est d'un plan d'urgence sociale qu'il faut décider, pour le mettre en uvre, dès après les scrutins du printemps. Il comporte sept mesures précises et réalistes :
Premièrement, une augmentation mensuelle de 300 euros du SMIC, des petites retraites et des minima sociaux, avec une première hausse de 10% dès le 1er juillet.
Deuxièmement, une égalité salariale et professionnelle entre les hommes et les femmes, à atteindre dans les cinq ans à venir grâce à une loi contraignante et à des mesures fiscales incitatives.
Troisièmement, une allocation d'autonomie de 700 euros mensuels proposées aux jeunes de 18 à 25 ans le souhaitant. Pas de démagogie, cela va coûter beaucoup d'argent et ne pourra se faire que progressivement, notamment en transférant les crédits aujourd'hui utilisés à accompagner la précarité. C'est pourquoi je propose de commencer par les 20% de jeunes qui en ont le plus besoin.
Et j'ajoute qu'il ne s'agit nullement d'une mesure d'assistance. L'ambition d'une société moderne pour sa jeunesse doit être bien plus élevée. C'est des conditions à réunir pour qu'elle puisse se former et accéder à un emploi utile qu'il faut consacrer des moyens nouveaux. Oui, j'affirme qu'au 21ème siècle, nous devons aux jeunes de notre pays de pouvoir accéder à la connaissance, à la formation, à la découverte du monde et de la diversité des cultures.
Oui, j'affirme que rien n'est plus précieux que de garantir aux jeunes un passage harmonieux du système d'éducation à la vie active, au lieu de l'impitoyable course d'obstacles à laquelle ils doivent aujourd'hui participer.
C'est d'investissement humain que je parle devant vous. Cela a un coût, certes, mais c'est tout autre chose, c'est autrement plus moderne et efficace que les gâchis financiers qui ruinent leur avenir pour le profit d'une petite minorité de boursicoteurs.
Je propose aussi quatrièmement, un droit à la retraite avant 60 ans pour les salariés qui ont 160 trimestres de cotisation.
Personne ne fait cette proposition, sauf moi. Les députés communistes l'ont portée à l'Assemblée nationale. Le parti socialiste et le gouvernement l'ont repoussée. C'est injuste, profondément injuste. Contre cette injustice je me bats, je continuerai inlassablement de me battre.
Cinquièmement, l'ouverture de négociations salariales dans les fonctions publiques et les secteurs nationalisés en vue d'un plan de rattrapage et de reconnaissance des qualifications, étalé sur deux ans.
Sixièmement, un plan de construction de logements sociaux et une accélération forte du rééquilibrage des modes de transports en faveur du ferroviaire, avec une priorité au ferroutage.
Septièmement, le droit de vote accordé aux résidents étrangers, la régularisation des sans-papiers, l'abandon de la double peine et le respect du droit d'asile.
J'y insiste, cher-e-s ami-e-s et camarades : tout le monde déplore les inégalités et les malheurs qu'elles entraînent. Ici ou là, on entend tel ou tel proposer une petite mesure particulière, parce qu'il est impossible de faire campagne en occultant complètement cette question.
Mais le compte n'y est pas, loin s'en faut !
Je maintiens que si la gauche ne fait pas de la lutte contre les inégalités une grande cause nationale elle sera sévèrement jugée par les Françaises et les Français ! Elle sera battue, à l'occasion des prochains scrutins !
Et moi, je veux, au contraire, de toutes mes forces, que la droite soit battue ! Pour y parvenir, la gauche doit être fermement ancrée à gauche !
C'est mon objectif dans cette campagne. C'est par le vote en faveur de ma candidature que nous pouvons peser afin qu'il en soit bien ainsi.
De la même façon en ce qui concerne les moyens de cette politique, c'est-à-dire le financement des engagements que je prends.
Car, vous l'aurez remarqué, personne ne parle "argent" dans cette campagne. Je veux dire quand il s'agit de savoir, où le trouver pour financier des promesses souvent mirobolantes.
Moi, je mets cartes sur table. Je m'engage à réformer la fiscalité directe et indirecte avec un taux de TVA ramené à 18,5% et des baisses sélectives sur plusieurs produits et services, un allègement de l'impôt sur le revenu pour les foyers modestes ou moyens, compensé par une hausse du prélèvement sur les grandes fortunes et sur les revenus financiers du capital.
Avec, aussi, une modulation de l'impôt sur les sociétés, qui favorise les entreprises misant sur l'emploi, la formation et les salaires, et qui pénalise celles qui préfèrent la finance. Cette modulation serait un levier dont l'Etat disposerait pour inciter à l'ouverture de négociations salariales dans le secteur privé.
Toujours pour une vraie réforme de la fiscalité, je propose d'intégrer les actifs financiers des entreprises - soit 4300 milliards d'euros - dans le calcul de la taxe professionnelle. Cela avantagera les PME, les PMI et le petit commerce. Je suis pour une taxe d'habitation qui soit plus juste et moins lourde pour les foyers modestes ou à revenus moyens. La réduire de moitié, comme le propose Lionel Jospin, c'est bien. Mais en faire un impôt plus juste, c'est-à-dire plus léger pour les revenus modestes et plus lourds pour les hauts revenus, c'est mieux.
Je propose aussi de doubler le rendement de l'impôt sur les grandes fortunes et de renforcer considérablement les moyens de lutte contre la fraude fiscale.
Voilà pour la fiscalité. Je suis le seul candidat à proposer la justice fiscale pour les personnes, mais aussi pour les entreprises. Je me refuse, en effet, à mettre sur un même pied les grands groupes qui spéculent et les PMI, PME, petits commerces et artisans qui ont besoin que l'Etat les aide à se développer.
A quoi je veux ajouter l'importance que revêtent à mes yeux les questions de l'agriculture et de la production alimentaire. Vous en savez quelque chose, ici dans le département de l'Allier.
J'ai eu l'occasion de le réaffirmer récemment : je suis pour un soutien actif à l'agriculture paysanne, créatrice d'emplois et garante de la qualité des productions. Ne nous le cachons pas, la tâche est rude pour aller vers cet objectif. Le rôle des multinationales de l'agroalimentaire, les dogmes du pacte de stabilité et l'autoritarisme de la Banque centrale européenne y font obstacle.
Mais là encore, ne baissons pas les bras ! C'est de sécurité alimentaire, de préservation de l'environnement, d'aménagement équilibré du territoire et d'activité économique, d'emplois, qu'il s'agit.
Enfin, chères amies et camarades, je veux évoquer devant vous la très importante question de l'emploi.
Vous me pardonnerez une certaine familiarité, mais traiter de cette question sans jamais parler des règles de fer du pacte de stabilité, de la Banque centrale européenne et des exigences des marchés financiers, des actionnaires c'est, comme on dit, "du pipeau".
Moi je dis qu'il faut, qu'il est possible de se fixer pour objectif la "tolérance zéro" en matière de chômage. Pour une raison simple : le chômage et la précarité sont de véritables cancers, qui ruinent le présent et hypothèquent l'avenir. Tout le monde en est victime : les salariés les plus modestes, les cadres et techniciens, les chercheurs et les intellectuels ! Quel gâchis d'intelligences, de savoir-faire, de compétences !
On le voit aujourd'hui avec l'irrésistible ascension des mouvements anti-mondialisation capitaliste. Et Barcelone vient d'en fournir un éclatant exemple - l'avenir n'est pas du côté de ceux qui considèrent l'emploi comme une simple " variable d'ajustement " ; au gré des seules exigences de rentabilité financière.
Quant à moi je ne dis pas "demain on rase", dans ce domaine. Par contre j'affirme que l'on ne peut se contenter de "demi-mesures", de "solutions" à la marge, qui laissent intactes la toute puissance des marchés financiers sur l'activité économique et sur l'emploi.
Et j'ajoute que les défis technologiques contemporains exigent obligatoirement de penser dans des termes inédits les questions de la formation, de l'accès à l'emploi, du passage de l'un à l'autre tout au long de la vie.
D'où ma proposition d'un système sécurisant le parcours de tous les salariés, et leur permettant ce passage tout au long de la vie avec le maintien de leurs garanties, de leurs acquis, du point de vue social aussi bien que professionnel.
Oui, chères amies, chères camarades : voilà pourquoi je me bats dans cette campagne. Voilà l'enjeu fondamental du premier tour.
Ce que je veux, de toutes mes forces, c'est que quel que soit le président élu, il ne puisse ignorer ces réalités qui vous préoccupent, qui vous inquiètent, et auxquelles vous voulez que l'on s'attaque vraiment.
Et si la droite est battue - comme je le souhaite - il faut que la gauche soit obligée de les prendre en compte et de faire des choix politiques neufs, et véritablement à gauche.
Le vote pour ma candidature aura cette signification. Il pourra avoir cette force, au service d'une autre politique à gauche.
A vrai dire : il est le seul vote à avoir cette utilité.
Oui, le premier tour veut dire quelque chose, au-delà du bal dérisoire des ambitions personnelles.
De tout mon cur - vous l'avez senti - de toute ma force de conviction - et je voudrais la faire partager le plus largement possible - j'ai exposé devant vous les lignes de force de mes propositions. Nous pouvons y réfléchir, et en discuter ensemble.
Si le vote communiste pèse suffisamment lourd le 21 avril - c'est-à-dire, j'y insiste, au premier tour, qui est capital pour la suite - alors vous pourrez faire entendre votre voix, vos attentes, vos exigences.
Quant à moi, je vais mettre le meilleur de moi-même dans ce combat. Je suis disponible et déterminé. Et je le sens, vous l'êtes aussi !
Eh bien menons ensemble ce combat !

(Source http://www.roberthue2002.net, le 20 mars 2002)