Texte intégral
Madame, Messieurs les Députés,
Monsieur le Président du Conseil général,
Mesdames, Messieurs les élus,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président de l'association " Convergences Caraïbes "
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux de participer à ces premières rencontres caribéennes de la culture et du tourisme. C'est pour moi une étape importante de la tournée systématique des territoires que j'ai entreprise depuis ma nomination au Secrétariat d'Etat au patrimoine et à la décentralisation culturelle.
Je tiens à saluer l'initiative d'Ernest Moutoussamy, de Christiane Taubira-Delannon députée de la Guyane et de Camille Darsieres, député de la Martinique. C'est une manière de placer l'entrée dans le 3ème millénaire sous le signe de la coopération régionale que nous appelons, Catherine Tasca et moi-même, de tous nos voeux. C'est la raison pour laquelle le Ministère de la culture et la mission 2000 ont soutenu de manière très significative cette manifestation aux côtés des secrétariats d'Etat à l'outre mer et au tourisme.
La question du lien entre tourisme et culture ici, dans la Caraïbe, est évidemment au cur des enjeux de demain pour cette région.
En 1998, la Caraïbe a capté 3% des flux touristiques mondiaux soit environ 19 millions de touristes. C'est énorme au regard de la population de cette région. La Guadeloupe, par exemple, a accueilli plus d'1million de touristes en 1998 pour une population de 425 000 habitants. On peut immédiatement imaginer les conséquences culturelles du doublement de la population sur un territoire insulaire durant la pleine saison.
J'ai bien noté d'ailleurs que le colloque s'intitulait " tourisme et culture " et non pas " tourisme culturel ".
L'analyse de l'interaction du développement touristique et du développement culturel me semble primordiale.
Il ne s'agit évidemment pas d'aborder la question sous l'angle de la seule consommation d'un climat et de paysages somptueux.
Comment au-delà des grandes données naturelles rencontrer une histoire riche et complexe nourrie d'apports, oh combien contradictoires ? Comment découvrir une langue, des langues, des écritures, un patrimoine, des esthétiques particulièrement vivantes puisque idéalement situées aux confluences de civilisations majeures.
La question qui se pose ici comme dans d'autres régions mono-touristiques est celle de la diversification et du développement d'un tourisme intégré. Il s'agit pour cela d'impliquer la population sur un autre registre que celui du tout économique. Nous sommes bien là, je le réaffirme avec force, en face de problématiques fondamentalement culturelles : la rencontre avec l'autre, l'appréhension de soi dans le regard de l'autre, la découverte de codes culturels et de modes de représentation différents, l'expérience sensible de la confrontation avec les formes artistiques d'une autre culture.
Tourisme et culture sont liés par des intérêts économiques communs mais chaque secteur peut s'enrichir dans un travail commun.
Les traditions artistiques les plus enracinées se sont toujours épanouies dans une pratique de la relation.
Le tourisme peut s'appuyer sur la culture pour développer la coopération internationale. Comme le disait Jean-Jacques Queyranne dans son discours d'ouverture, "c'est par la culture qu'il faut commencer". Elle est ici par nature un domaine ouvert à la coopération régionale et internationale. Elle s'est toujours nourrie de l'ouverture aux cultures voisines historiquement ou géographiquement. L'identité créole est constituée de la synthèse de métissages originellement choisis ou imposés.
Mais cette réflexion sur tourisme et culture ne doit pas demeurer abstraite, elle doit trouver des applications dans la mise sur le marché de produits de tourisme culturel.
La principale difficulté pour les acteurs concernés consiste à définir le tourisme culturel et par conséquent à identifier les partenaires, les compétences et les méthodes requises. Il ne s'agit ni d'instrumentaliser la culture au service du tourisme ni de se replier sur des attitudes frileuses de conservation du patrimoine, par exemple, sans penser à sa valorisation auprès des populations.
Toutes les études montrent qu'un des obstacles les plus forts au développement du tourisme culturel reste malheureusement l'ignorance, voire l'hostilité qui prévalent entre les professionnels du tourisme et ceux de la culture.
Pourtant cette alliance des différents acteurs est absolument indispensable. La formation conjointe, j'insiste, des opérateurs locaux et les démarches de qualité sont au cur d'un dispositif en faveur du tourisme culturel.
C'est en ce sens que le Ministère de la culture et le secrétariat d'Etat au Tourisme ont signé en 1998 une convention visant à rapprocher leurs services dans l'élaboration de projets communs.
Les ressources culturelles de nos territoires sont importantes et diverses. On pense tout de suite au patrimoine architectural, aux monuments historiques qui " commandent " les étoiles des guides verts Michelin mais la notion de patrimoine est aujourd'hui heureusement entendue dans un sens beaucoup plus large. Elle intègre le patrimoine industriel, le patrimoine rural bien sûr, mais aussi le patrimoine ethnologique, archéologique, le patrimoine mobilier, les musées, le patrimoine oral et écrit sans lesquels il n'y a pas de communauté. C'est ce patrimoine plus intersticiel, plus subtil qu'il nous faut mettre en valeur. C'est celui qui constitue le creuset de la création artistique contemporaine.
D'énormes potentialités existent dans la Caraïbe.
Je sais que vous avez échangé vos expériences, visité le site de Beauport ; Felix COTTELON vous a présenté le festival de Gwo Ka de Sainte Anne.
Il faudrait aussi signaler le travail important fait pour la valorisation des anciennes habitations comme par exemple l'habitation Clément en Martinique.
Les villes de Saint-Pierre à la Martinique, Basse-Terre à la Guadeloupe ont obtenu le label ville d'art et d'histoire ; Pointe à Pitre est sur la voie de l'obtention. Je voudrais souligner l'importance de la dimension éducative dans le dispositif des villes d'art et d'histoire, éducation au patrimoine indispensable à l'appropriation de son histoire pour pouvoir ensuite la transmettre.
Par ailleurs, des programmes de coopération internationale existent : le programme SIRCHAL* par exemple vise à la réhabilitation des centres historiques des villes d'Amérique latine et de la Caraïbe ; ils devraient se développer avec l'adoption de la loi d'orientation pour l'Outre mer qui permettra aux collectivités des DOM de négocier des accords internationaux.
Mais il reste beaucoup à faire.
Certains types de patrimoine, faute d'une attention particulière, peuvent disparaître. Des inventaires sont absolument nécessaires, j'insiste encore, des programmes de restauration et de valorisation doivent être mis en uvre.
Pour cela, il importe que se renforce de façon volontariste la collaboration entre l'Etat et les collectivités.
Je souhaite que ces premières rencontres qui, au delà de la réflexion, vous auront permis, j'en suis sûr, de nouer des contacts, soient le point de départ de projets innovants afin de favoriser une nouvelle relation tourisme et culture, plus étayée, plus inventive, plus créative et s'appuyant largement sur l'implication de la population.
Je sais que la commune de Saint-François travaille actuellement à la réalisation d'un " chemin de la mémoire " en collaboration avec les services de la Direction régionale des affaires culturelles. Ce sera certainement une réalisation à analyser lors de prochaines rencontres caribéennes du tourisme et de la culture. Merci en tous cas à Ernest Moutoussamy et aux organisateurs de cette première initiative.
Je tiens aussi à remercier les intervenants de ce colloque et particulièrement ceux qui sont venus des états de la Caraïbe nous faire partager leur expérience.
Et peut-être lorsque je reviendrai dans votre région, ce sera pour emprunter " une route des musiques ", " une route de la canne " ou bien encore " une route des habitations " de la Caraïbe.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 19 juin 2000)
Monsieur le Président du Conseil général,
Mesdames, Messieurs les élus,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président de l'association " Convergences Caraïbes "
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux de participer à ces premières rencontres caribéennes de la culture et du tourisme. C'est pour moi une étape importante de la tournée systématique des territoires que j'ai entreprise depuis ma nomination au Secrétariat d'Etat au patrimoine et à la décentralisation culturelle.
Je tiens à saluer l'initiative d'Ernest Moutoussamy, de Christiane Taubira-Delannon députée de la Guyane et de Camille Darsieres, député de la Martinique. C'est une manière de placer l'entrée dans le 3ème millénaire sous le signe de la coopération régionale que nous appelons, Catherine Tasca et moi-même, de tous nos voeux. C'est la raison pour laquelle le Ministère de la culture et la mission 2000 ont soutenu de manière très significative cette manifestation aux côtés des secrétariats d'Etat à l'outre mer et au tourisme.
La question du lien entre tourisme et culture ici, dans la Caraïbe, est évidemment au cur des enjeux de demain pour cette région.
En 1998, la Caraïbe a capté 3% des flux touristiques mondiaux soit environ 19 millions de touristes. C'est énorme au regard de la population de cette région. La Guadeloupe, par exemple, a accueilli plus d'1million de touristes en 1998 pour une population de 425 000 habitants. On peut immédiatement imaginer les conséquences culturelles du doublement de la population sur un territoire insulaire durant la pleine saison.
J'ai bien noté d'ailleurs que le colloque s'intitulait " tourisme et culture " et non pas " tourisme culturel ".
L'analyse de l'interaction du développement touristique et du développement culturel me semble primordiale.
Il ne s'agit évidemment pas d'aborder la question sous l'angle de la seule consommation d'un climat et de paysages somptueux.
Comment au-delà des grandes données naturelles rencontrer une histoire riche et complexe nourrie d'apports, oh combien contradictoires ? Comment découvrir une langue, des langues, des écritures, un patrimoine, des esthétiques particulièrement vivantes puisque idéalement situées aux confluences de civilisations majeures.
La question qui se pose ici comme dans d'autres régions mono-touristiques est celle de la diversification et du développement d'un tourisme intégré. Il s'agit pour cela d'impliquer la population sur un autre registre que celui du tout économique. Nous sommes bien là, je le réaffirme avec force, en face de problématiques fondamentalement culturelles : la rencontre avec l'autre, l'appréhension de soi dans le regard de l'autre, la découverte de codes culturels et de modes de représentation différents, l'expérience sensible de la confrontation avec les formes artistiques d'une autre culture.
Tourisme et culture sont liés par des intérêts économiques communs mais chaque secteur peut s'enrichir dans un travail commun.
Les traditions artistiques les plus enracinées se sont toujours épanouies dans une pratique de la relation.
Le tourisme peut s'appuyer sur la culture pour développer la coopération internationale. Comme le disait Jean-Jacques Queyranne dans son discours d'ouverture, "c'est par la culture qu'il faut commencer". Elle est ici par nature un domaine ouvert à la coopération régionale et internationale. Elle s'est toujours nourrie de l'ouverture aux cultures voisines historiquement ou géographiquement. L'identité créole est constituée de la synthèse de métissages originellement choisis ou imposés.
Mais cette réflexion sur tourisme et culture ne doit pas demeurer abstraite, elle doit trouver des applications dans la mise sur le marché de produits de tourisme culturel.
La principale difficulté pour les acteurs concernés consiste à définir le tourisme culturel et par conséquent à identifier les partenaires, les compétences et les méthodes requises. Il ne s'agit ni d'instrumentaliser la culture au service du tourisme ni de se replier sur des attitudes frileuses de conservation du patrimoine, par exemple, sans penser à sa valorisation auprès des populations.
Toutes les études montrent qu'un des obstacles les plus forts au développement du tourisme culturel reste malheureusement l'ignorance, voire l'hostilité qui prévalent entre les professionnels du tourisme et ceux de la culture.
Pourtant cette alliance des différents acteurs est absolument indispensable. La formation conjointe, j'insiste, des opérateurs locaux et les démarches de qualité sont au cur d'un dispositif en faveur du tourisme culturel.
C'est en ce sens que le Ministère de la culture et le secrétariat d'Etat au Tourisme ont signé en 1998 une convention visant à rapprocher leurs services dans l'élaboration de projets communs.
Les ressources culturelles de nos territoires sont importantes et diverses. On pense tout de suite au patrimoine architectural, aux monuments historiques qui " commandent " les étoiles des guides verts Michelin mais la notion de patrimoine est aujourd'hui heureusement entendue dans un sens beaucoup plus large. Elle intègre le patrimoine industriel, le patrimoine rural bien sûr, mais aussi le patrimoine ethnologique, archéologique, le patrimoine mobilier, les musées, le patrimoine oral et écrit sans lesquels il n'y a pas de communauté. C'est ce patrimoine plus intersticiel, plus subtil qu'il nous faut mettre en valeur. C'est celui qui constitue le creuset de la création artistique contemporaine.
D'énormes potentialités existent dans la Caraïbe.
Je sais que vous avez échangé vos expériences, visité le site de Beauport ; Felix COTTELON vous a présenté le festival de Gwo Ka de Sainte Anne.
Il faudrait aussi signaler le travail important fait pour la valorisation des anciennes habitations comme par exemple l'habitation Clément en Martinique.
Les villes de Saint-Pierre à la Martinique, Basse-Terre à la Guadeloupe ont obtenu le label ville d'art et d'histoire ; Pointe à Pitre est sur la voie de l'obtention. Je voudrais souligner l'importance de la dimension éducative dans le dispositif des villes d'art et d'histoire, éducation au patrimoine indispensable à l'appropriation de son histoire pour pouvoir ensuite la transmettre.
Par ailleurs, des programmes de coopération internationale existent : le programme SIRCHAL* par exemple vise à la réhabilitation des centres historiques des villes d'Amérique latine et de la Caraïbe ; ils devraient se développer avec l'adoption de la loi d'orientation pour l'Outre mer qui permettra aux collectivités des DOM de négocier des accords internationaux.
Mais il reste beaucoup à faire.
Certains types de patrimoine, faute d'une attention particulière, peuvent disparaître. Des inventaires sont absolument nécessaires, j'insiste encore, des programmes de restauration et de valorisation doivent être mis en uvre.
Pour cela, il importe que se renforce de façon volontariste la collaboration entre l'Etat et les collectivités.
Je souhaite que ces premières rencontres qui, au delà de la réflexion, vous auront permis, j'en suis sûr, de nouer des contacts, soient le point de départ de projets innovants afin de favoriser une nouvelle relation tourisme et culture, plus étayée, plus inventive, plus créative et s'appuyant largement sur l'implication de la population.
Je sais que la commune de Saint-François travaille actuellement à la réalisation d'un " chemin de la mémoire " en collaboration avec les services de la Direction régionale des affaires culturelles. Ce sera certainement une réalisation à analyser lors de prochaines rencontres caribéennes du tourisme et de la culture. Merci en tous cas à Ernest Moutoussamy et aux organisateurs de cette première initiative.
Je tiens aussi à remercier les intervenants de ce colloque et particulièrement ceux qui sont venus des états de la Caraïbe nous faire partager leur expérience.
Et peut-être lorsque je reviendrai dans votre région, ce sera pour emprunter " une route des musiques ", " une route de la canne " ou bien encore " une route des habitations " de la Caraïbe.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 19 juin 2000)