Texte intégral
Je me réjouis de la rencontre amicale et utile que nous venons d'avoir avec M. Paksas, Premier ministre lituanien. La Lituanie est un pays avec lequel la France entretient des liens culturels, politiques, économiques extrêmement forts, et avec lequel nous avons des relations amicales, marquées, je crois, par des sentiments très forts de part et d'autre, dont l'adhésion de la Lituanie à la Francophonie, en tant qu'observateur, témoigne.
Nous avons, avec M. le Premier ministre, fait un tour d'horizon de toutes les questions qui pouvaient concerner nos deux pays, et que je résumerai de la façon suivante.
D'abord, nous avons parlé des questions européennes. J'ai tenu à assurer M. le Premier ministre, du soutien de la France à la candidature lituanienne et de notre souhait de voir la Lituanie, comme les autres pays candidats, admise à ouvrir des négociations lors du Conseil européen d'Helsinki. Nous plaidons pour une approche globale du processus d'élargissement. Nous ne souhaitons pas qu'à Helsinki soit créée une troisième catégorie de candidats avec, d'une part, ceux qui ont déjà des négociations en cours avec l'Union européenne, d'autre part, un petit nombre de pays qui seraient, à leur tour, admis à ouvrir des négociations, et enfin des pays qui seraient relégués dans une sorte de salle d'attente : je pense à des pays comme la Roumanie, la Bulgarie et la Lituanie, avec lesquels nous avons des relations extrêmement fortes. Donc, nous sommes favorables à une approche politique et globale du processus d'adhésion et nous souhaitons que cela soit marqué à Helsinki.
Cela ne signifie pas qu'il n'y ait pas de difficultés ou de problèmes. Cela ne signifie pas non plus que des questions importantes ne doivent pas être résolues. Je pense notamment au problème de la sûreté nucléaire. M. Verheugen, futur Commissaire européen à l'élargissement, a rappelé dans son audition devant le Parlement européen, la grande sensibilité de la Commission, - mais qui sera aussi celle du Parlement européen et des gouvernements, - à cette question de la sûreté nucléaire pour des pays comme la Bulgarie et aussi la Lituanie. Nous avons parlé de façon extrêmement claire et franche du problème de la centrale d'Ignalina. Mais, au total, je crois que l'important est bien le soutien marqué par la France à l'ouverture de négociations avec la Lituanie et l'approche qui est la nôtre d'une très vaste inclusion de tous les pays candidats à ce processus de négociations.
Nous avons aussi échangé nos points de vues sur la sécurité régionale. Le gouvernement français a bien compris le souhait de la Lituanie de pouvoir adhérer à l'OTAN. C'est une démarche, d'ailleurs, que nous avons soutenue, notamment à Washington, en nous battant, en militant, afin que, lors du Sommet de l'Alliance atlantique, soit inscrite une perspective d'ouverture pour l'ensemble des pays candidats.
En même temps, la perspective de la France est aussi celle d'un dialogue renforcé, d'une coopération régionale renforcée avec les Russes, qui doit permettre d'aller plus facilement vers l'intégration, un jour, des Baltes à l'OTAN.
J'ai eu aussi l'occasion de dire à M. Paksas à quel point nous étions volontaires, déterminés dans la perspective de l'Europe de la Défense, mais que cette perspective, pour nous, ne s'opposait pas à l'OTAN, puisqu'il s'agissait de mettre en place des mécanismes concrets, pragmatiques de résolution des crises.
Nous avons, enfin, fait le tour de nos relations bilatérales, tant sur le plan politique, - et je crois qu'elles sont au beau fixe, - que sur le plan économique - et nous avons eu un certain nombre d'échanges qui me laissent à penser que les investissements français en Lituanie seront encouragés, ce qui est extrêmement positif. Nous avons enfin manifesté notre souhait commun de voir les gouvernements, les deux administrations coopérer davantage, notamment à travers des jumelages institutionnels préalables à l'élargissement. Donc, au total, je crois pouvoir dire que ce déjeuner tout à fait amical marque des convergences extrêmement fortes entre nos deux gouvernements et nos deux pays, et notamment le soutien plein et entier de la France à la candidature lituanienne à l'Union européenne.
Q - Quand commenceront les négociations d'élargissement ?
R - Sur la question des négociations d'élargissement, nous avons une attitude globale. Nous avons pris à Luxembourg une décision qui était de commencer des négociations avec six pays candidats et de se prononcer plus tard pour d'autres. Nous pensons que le moment est maintenant venu de rassembler l'ensemble des pays candidats et d'offrir à chacun une perspective d'adhésion à travers les négociations.
Donc, nous sommes pour une approche politique globale à Helsinki, qui ne laisse personne sur le bord du chemin et qui ne crée pas de nouvelles catégories de candidats. Ce qui signifie en clair que nous sommes favorables à l'ouverture des négociations avec l'ensemble des pays candidats. Mais, il revient bien sûr à la Commission de faire son rapport au mois d'octobre, de montrer quelle est la situation objective des différents pays candidats et aussi de traiter un certain nombre de problèmes. Monsieur le Premier ministre a notamment évoqué la question de la sûreté nucléaire, qui est une question sensible pour les opinions européennes. Mais, oui, la France soutiendra l'ouverture des négociations pour la Lituanie à Helsinki. Il n'y a pas d'ambiguïtés là-dessus.
Q - La sûreté nucléaire est-elle une condition de l'adhésion ?
R - Nous avons discuté de ce problème aujourd'hui. J'ai rappelé au Premier ministre quelle était la sensibilité de la Commission à ce sujet. Je pense maintenant qu'il faut que le dialogue s'ouvre et qu'il progresse. Nous sommes au début d'un processus, et non à sa conclusion. Pour moi, cette question de la sûreté nucléaire n'est pas une condition pour l'ouverture des négociations, c'est une condition pour l'adhésion. Il faut que la perspective soit clairement dessinée d'ores et déjà, et ce que vient d'annoncer le Premier ministre est sans doute un élément important pour le dossier lituanien. Je n'en doute pas.
Q - Les quatorze autres pays de l'Union européenne, mais aussi les six pays candidats, sont-ils du même avis, quant à l'élargissement ?
R - D'abord, nous verrons lors du Conseil européen, mais mon sentiment est que cette thèse, - la thèse politique, la thèse inclusive - est une thèse qui progresse. Hubert Védrine s'est rendu ce week-end en Finlande pour ce que l'on appelle le Gymnich, c'est-à-dire la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne. Le sentiment qu'il a exposé hier, devant le Conseil des ministres, est que la thèse inclusive, globale était une thèse qui devenait plutôt majoritaire, et même assez largement majoritaire, compte tenu, notamment, des déroulements de la crise du Kosovo et de l'articulation nécessaire entre le processus d'élargissement et le Pacte de stabilité du Sud-Est. Donc, nous avons bon espoir.
Si en même temps, des signes sont donnés par les pays candidats, - car ce n'est pas une décision unilatérale, - nous avons bon espoir qu'à Helsinki nous puissions parvenir à quelque chose de positif.
Mais en même temps, il faut poursuivre l'effort de réforme, l'effort d'adaptation, il faut donner des réponses aux questions qui sont posées par l'Union européenne, qu'il s'agisse des critères de Copenhague, ou de la sûreté nucléaire.
Cependant, il y a une voie qui se dessine dans laquelle, je pense, l'on doit pouvoir s'engager. C'est la position du ministre des Affaires européennes allemand, qui va devenir Commissaire européen, c'est la position de la majorité des ministres des Affaires étrangères. Donc, je pense qu'il y a un chemin qui s'ouvre.
Quant aux autres pays candidats, je n'imagine pas qu'ils puissent se déclarer en quoi que ce soit opposés à l'ouverture des négociations avec d'autres. Prenons, par exemple, le cas des Etats baltes que j'ai visités tous les trois : ils sont bien sûr solidaires les uns des autres et c'est absolument normal. Je voudrais simplement ajouter une chose pour que tout soit clair : ouvrir des négociations d'adhésion ne signifie pas les conclure et il est clair que certains pays adhéreront à l'Union européenne avant d'autres. Mais, je crois qu'il faut maintenant remettre tous les pays sur la même ligne de départ en termes d'accession à la négociation.
Q - Y compris la Turquie ? Le soutien à la Turquie signifie-t-il une ouverture immédiate des négociations ou seulement une position de principe ?
R - Le cas de la Turquie est un peu plus compliqué, puisqu'elle n'est pas encore vraiment considérée comme un pays candidat. Donc, je crois qu'il serait important qu'à Helsinki, elle soit reconnue comme telle. Là encore, je crois que la réunion des ministres des Affaires étrangères de ce week-end a montré des évolutions intéressantes, notamment dans les relations gréco-turques. Mais, nous savons aussi qu'il reste là-dessus trois mois de discussions assez délicates, auxquelles nous prendrons toute notre part.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 septembre 1999)
Nous avons, avec M. le Premier ministre, fait un tour d'horizon de toutes les questions qui pouvaient concerner nos deux pays, et que je résumerai de la façon suivante.
D'abord, nous avons parlé des questions européennes. J'ai tenu à assurer M. le Premier ministre, du soutien de la France à la candidature lituanienne et de notre souhait de voir la Lituanie, comme les autres pays candidats, admise à ouvrir des négociations lors du Conseil européen d'Helsinki. Nous plaidons pour une approche globale du processus d'élargissement. Nous ne souhaitons pas qu'à Helsinki soit créée une troisième catégorie de candidats avec, d'une part, ceux qui ont déjà des négociations en cours avec l'Union européenne, d'autre part, un petit nombre de pays qui seraient, à leur tour, admis à ouvrir des négociations, et enfin des pays qui seraient relégués dans une sorte de salle d'attente : je pense à des pays comme la Roumanie, la Bulgarie et la Lituanie, avec lesquels nous avons des relations extrêmement fortes. Donc, nous sommes favorables à une approche politique et globale du processus d'adhésion et nous souhaitons que cela soit marqué à Helsinki.
Cela ne signifie pas qu'il n'y ait pas de difficultés ou de problèmes. Cela ne signifie pas non plus que des questions importantes ne doivent pas être résolues. Je pense notamment au problème de la sûreté nucléaire. M. Verheugen, futur Commissaire européen à l'élargissement, a rappelé dans son audition devant le Parlement européen, la grande sensibilité de la Commission, - mais qui sera aussi celle du Parlement européen et des gouvernements, - à cette question de la sûreté nucléaire pour des pays comme la Bulgarie et aussi la Lituanie. Nous avons parlé de façon extrêmement claire et franche du problème de la centrale d'Ignalina. Mais, au total, je crois que l'important est bien le soutien marqué par la France à l'ouverture de négociations avec la Lituanie et l'approche qui est la nôtre d'une très vaste inclusion de tous les pays candidats à ce processus de négociations.
Nous avons aussi échangé nos points de vues sur la sécurité régionale. Le gouvernement français a bien compris le souhait de la Lituanie de pouvoir adhérer à l'OTAN. C'est une démarche, d'ailleurs, que nous avons soutenue, notamment à Washington, en nous battant, en militant, afin que, lors du Sommet de l'Alliance atlantique, soit inscrite une perspective d'ouverture pour l'ensemble des pays candidats.
En même temps, la perspective de la France est aussi celle d'un dialogue renforcé, d'une coopération régionale renforcée avec les Russes, qui doit permettre d'aller plus facilement vers l'intégration, un jour, des Baltes à l'OTAN.
J'ai eu aussi l'occasion de dire à M. Paksas à quel point nous étions volontaires, déterminés dans la perspective de l'Europe de la Défense, mais que cette perspective, pour nous, ne s'opposait pas à l'OTAN, puisqu'il s'agissait de mettre en place des mécanismes concrets, pragmatiques de résolution des crises.
Nous avons, enfin, fait le tour de nos relations bilatérales, tant sur le plan politique, - et je crois qu'elles sont au beau fixe, - que sur le plan économique - et nous avons eu un certain nombre d'échanges qui me laissent à penser que les investissements français en Lituanie seront encouragés, ce qui est extrêmement positif. Nous avons enfin manifesté notre souhait commun de voir les gouvernements, les deux administrations coopérer davantage, notamment à travers des jumelages institutionnels préalables à l'élargissement. Donc, au total, je crois pouvoir dire que ce déjeuner tout à fait amical marque des convergences extrêmement fortes entre nos deux gouvernements et nos deux pays, et notamment le soutien plein et entier de la France à la candidature lituanienne à l'Union européenne.
Q - Quand commenceront les négociations d'élargissement ?
R - Sur la question des négociations d'élargissement, nous avons une attitude globale. Nous avons pris à Luxembourg une décision qui était de commencer des négociations avec six pays candidats et de se prononcer plus tard pour d'autres. Nous pensons que le moment est maintenant venu de rassembler l'ensemble des pays candidats et d'offrir à chacun une perspective d'adhésion à travers les négociations.
Donc, nous sommes pour une approche politique globale à Helsinki, qui ne laisse personne sur le bord du chemin et qui ne crée pas de nouvelles catégories de candidats. Ce qui signifie en clair que nous sommes favorables à l'ouverture des négociations avec l'ensemble des pays candidats. Mais, il revient bien sûr à la Commission de faire son rapport au mois d'octobre, de montrer quelle est la situation objective des différents pays candidats et aussi de traiter un certain nombre de problèmes. Monsieur le Premier ministre a notamment évoqué la question de la sûreté nucléaire, qui est une question sensible pour les opinions européennes. Mais, oui, la France soutiendra l'ouverture des négociations pour la Lituanie à Helsinki. Il n'y a pas d'ambiguïtés là-dessus.
Q - La sûreté nucléaire est-elle une condition de l'adhésion ?
R - Nous avons discuté de ce problème aujourd'hui. J'ai rappelé au Premier ministre quelle était la sensibilité de la Commission à ce sujet. Je pense maintenant qu'il faut que le dialogue s'ouvre et qu'il progresse. Nous sommes au début d'un processus, et non à sa conclusion. Pour moi, cette question de la sûreté nucléaire n'est pas une condition pour l'ouverture des négociations, c'est une condition pour l'adhésion. Il faut que la perspective soit clairement dessinée d'ores et déjà, et ce que vient d'annoncer le Premier ministre est sans doute un élément important pour le dossier lituanien. Je n'en doute pas.
Q - Les quatorze autres pays de l'Union européenne, mais aussi les six pays candidats, sont-ils du même avis, quant à l'élargissement ?
R - D'abord, nous verrons lors du Conseil européen, mais mon sentiment est que cette thèse, - la thèse politique, la thèse inclusive - est une thèse qui progresse. Hubert Védrine s'est rendu ce week-end en Finlande pour ce que l'on appelle le Gymnich, c'est-à-dire la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne. Le sentiment qu'il a exposé hier, devant le Conseil des ministres, est que la thèse inclusive, globale était une thèse qui devenait plutôt majoritaire, et même assez largement majoritaire, compte tenu, notamment, des déroulements de la crise du Kosovo et de l'articulation nécessaire entre le processus d'élargissement et le Pacte de stabilité du Sud-Est. Donc, nous avons bon espoir.
Si en même temps, des signes sont donnés par les pays candidats, - car ce n'est pas une décision unilatérale, - nous avons bon espoir qu'à Helsinki nous puissions parvenir à quelque chose de positif.
Mais en même temps, il faut poursuivre l'effort de réforme, l'effort d'adaptation, il faut donner des réponses aux questions qui sont posées par l'Union européenne, qu'il s'agisse des critères de Copenhague, ou de la sûreté nucléaire.
Cependant, il y a une voie qui se dessine dans laquelle, je pense, l'on doit pouvoir s'engager. C'est la position du ministre des Affaires européennes allemand, qui va devenir Commissaire européen, c'est la position de la majorité des ministres des Affaires étrangères. Donc, je pense qu'il y a un chemin qui s'ouvre.
Quant aux autres pays candidats, je n'imagine pas qu'ils puissent se déclarer en quoi que ce soit opposés à l'ouverture des négociations avec d'autres. Prenons, par exemple, le cas des Etats baltes que j'ai visités tous les trois : ils sont bien sûr solidaires les uns des autres et c'est absolument normal. Je voudrais simplement ajouter une chose pour que tout soit clair : ouvrir des négociations d'adhésion ne signifie pas les conclure et il est clair que certains pays adhéreront à l'Union européenne avant d'autres. Mais, je crois qu'il faut maintenant remettre tous les pays sur la même ligne de départ en termes d'accession à la négociation.
Q - Y compris la Turquie ? Le soutien à la Turquie signifie-t-il une ouverture immédiate des négociations ou seulement une position de principe ?
R - Le cas de la Turquie est un peu plus compliqué, puisqu'elle n'est pas encore vraiment considérée comme un pays candidat. Donc, je crois qu'il serait important qu'à Helsinki, elle soit reconnue comme telle. Là encore, je crois que la réunion des ministres des Affaires étrangères de ce week-end a montré des évolutions intéressantes, notamment dans les relations gréco-turques. Mais, nous savons aussi qu'il reste là-dessus trois mois de discussions assez délicates, auxquelles nous prendrons toute notre part.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 septembre 1999)