Texte intégral
S. Paoli - Comment le Parti communiste supporterait-il d'être dépassé par Lutte ouvrière au premier tour de la présidentielle ? Dans le dernier sondage publié, R. Hue est crédité de 5 % des intentions de vote, cependant qu'A. Laguiller en obtient 8 %. Le deuxième tour verra-t-il une gauche plurielle, disciplinée, appliquer le report des voix ou sera-ce le désordre ?
Encore une fois, les sondages ne sont que des sondages, mais ce sont tout de même des intentions qu'il faut prendre en compte. 5 % pour vous, c'est franchement le pire scénario ?
- "Comme vous le dites d'emblée, les sondages sont des sondages de ce matin. Jamais les sondages n'ont abordé une élection avec 40 à 50 % d'indécis. Regardez ce que disent tous les instituts de sondages : 2 % de marge d'erreur possible. Appliquez les 2 % d'erreur systématiquement aux derniers sondages de ces deux jours et tout est bouleversé ! Y compris dans ce que vous venez de dire à l'instant concernant le score du Parti communiste. A. Laguiller, ce matin, est à 7. Moi, je suis à 5 - 5,5 selon les enquêtes, 6 parfois. D'autres candidats d'ailleurs, comme J.-P. Chevènement qui était annoncé très haut, sont à 6 ; N. Mamère à 5. Donc, tout cela effectivement, peut être bouleversé à tout moment. Et puis, regardez : les deux principaux candidats, ceux présentés comme devant être au deuxième tour - et ils seront au deuxième tour sans aucun doute - ont un score inférieur à 20 %. Je crois qu'il faut beaucoup réfléchir à ce qui est en train de se passer aujourd'hui. Il est encore temps de beaucoup mobiliser dans les heures qui viennent. Beaucoup de gens disent aujourd'hui que rien n'est joué. Ils ont raison, rien n'est joué, mais il faut que dimanche, on n'ait pas à constater qu'on est un des pays le plus déstabilisé du point de vue démocratique, avec une très faible participation, un vote protestataire que les gens savent inutile à bien des égards, mais qu'ils peuvent pratiquer quand même. Enfin, des choses qui bougeraient beaucoup par rapport à la démocratie telle que nous la connaissons."
Cela veut dire qu'évidemment vous pensez déjà au deuxième tour, et donc, pour vous comme pour beaucoup d'autres, se pose la question des alliances, notamment des alliances à gauche. Comment appréhendez-vous le paysage politique français ? D'abord, à vos yeux, a-t-il changé ?
- "En tous les cas, pour les alliances, ce n'est pas en termes d'alliances, puisque dans une élection présidentielle, il n'y a pas de désistement en tant que tel. Ce n'est pas, à mon avis, comme cela que les choses se [passent]."
A un moment donné, il faudra appeler à voter pour un l'un ou pour l'autre quand même !
- "Accordez-moi que depuis le début, ma position est extrêmement claire. Moi, je ne confonds pas la droite et la gauche. Je ne dis pas comme certains - les votes protestataires qu'on évoquait tout à l'heure - "la gauche et la droite, c'est la même chose". Je veux effectivement que la droite soit battue, c'est sans ambiguïté. Pour qu'elle soit battue, il faut que la gauche soit forte dès le premier tour. Et pour qu'elle soit forte dès le premier tour, il faut qu'il y ait un score du Parti communiste qui la crédite suffisamment à gauche, ce qui n'est pas le cas en ce moment. Il y a dans ma démarche - qui ne le comprendrait pas ? - la volonté que le Parti communiste fasse le meilleur score possible, mais pas seulement ! Je vous assure que si dimanche soir, le Parti communiste n'a pas le niveau suffisant, c'est la gauche qui va en pâtir dans son ensemble, parce qu'il n'y aura pas cet ancrage à gauche, et elle risque de perdre. Donc, c'est une élection où il faut savoir se déterminer. Ceux qui prendront la responsabilité de mettre dos à dos gauche et droite - vous savez, quand on met dos et dos gauche et droite, cela a été toujours le cas dans l'histoire contemporaine, c'est la droite qui a gagné. Donc, moi je choisis mon camp, et je ne le choisis pas seulement dimanche soir, je le dis dès maintenant : j'ai choisi le camp de la gauche, je veux battre Chirac. Je crains pour la démocratie française, je crains aussi pour la vie sociale dans ce pays si la droite l'emporte effectivement. Voilà mon sentiment."
Mais de quelle gauche devons-nous parler ce matin ? Il y a des "gauches" maintenant ; il y a même une gauche-gauche : la LCR, Lutte ouvrière, qui représentent plus de 10 % des voix. Est-ce que cela recompose au fond l'image de la gauche française ?
- "De toute façon, la recomposition de la gauche française doit se faire à partir des valeurs de gauche. Mais, accordez-moi que pour le moment, ce qu'on appelle la gauche de la gauche, apparemment, n'est pas la gauche de la gauche, dans la mesure où, concrètement, c'est simplement et seulement un vote protestataire. Ses candidats ne se situent pas au deuxième tour comme franchement voulant faire gagner la gauche. Ils risquent même de la faire perdre ! Il faut que les Français le sachent, il faut que ce soit clair. Il y a des gens qui se réclament de gauche, ils se réclament parfois même de l'anticapitalisme, mais ils vont peut-être permettre, par leur position de refus de choisir la gauche, de faire passer ce qu'il y a de plus extrême dans la droite. Il faut quand même que les choses soient dites ! Je le dis franchement. Je respecte tout à fait l'opinion d'hommes et de femmes qui peuvent se situer dans un vote protestataire. Mais au niveau de l'efficacité politique, aujourd'hui, je pense qu'il est plus utile de renforcer la gauche de la gauche au sein d'une gauche constructive, c'est-à-dire en donnant des suffrages au Parti communiste, plutôt que de perdre son suffrage et de laisser la possibilité à J. Chirac qui triomphe déjà, - comme hier soir, dans son meeting à Lille. Il vaut mieux effectivement renforcer le camp de la gauche constructive. Voilà ce que je dis tout simplement. C'est l'efficacité que je demande aujourd'hui. Et puis, derrière tout cela, il y a quand même des choix politiques. Si le Parti communiste est suffisamment fort dans ce premier tour, il y a un certain nombre de mesures sociales, immédiates, qui vont faire la vie quotidienne des gens. L'élection va passer, il faudra bien penser à la vie des gens. Sur l'augmentation des salaires, du Smic, des minima sociaux, des retraites, l'allocation pour les jeunes, tout ce que je pousse aujourd'hui, quel que soit le président de la République, il devra en tenir compte. Voilà mon sentiment ; je suis très constructif. J'ai de la colère naturellement, par rapport aux injustices et je le manifeste souvent. Mais en même temps, je veux être constructif. Il ne sert à rien d'essayer de faire passer quelque chose dans une protestation éphémère, qui demain, desservira en dernière instance les salariés, parce que eux seront confrontés à une droite terrible qui voudra sa revanche sociale, si jamais elle est élue."
Là, vous prenez date. Vous dites : "quel que soit le président de la République..." Prenons l'hypothèse que le président ce soit L. Jospin. Là aussi, il y a des choix à faire à gauche. Un Premier ministre qui s'appellerait M. Aubry ou un Premier ministre qui s'appellerait L. Fabius, ce n'est pas les mêmes gauches ?
- "Mais pour qu'il y ait une victoire de la gauche, pour que, évidemment, on puisse envisager qui pourrait gouverner avec qui, encore faut-il que dès dimanche soir, la gauche s'affirme suffisamment haut, la gauche constructive, celle qui peut demain faire des choses, pas celle qui ne servira pas après-demain, même si le geste est tout à fait respectable, disais-je. Il faut donc que dimanche soir, ceux qui sont pour qu'il y ait éventuellement la possibilité d'une gauche qui gouverne et qui fasse enfin avancer des dossiers, qu'elle n'a pas fait suffisamment avancer ces dernières années, parce que les forces de gauche au sein de cette coalition n'étaient pas suffisamment fortes, c'est pour cela que je veux le renforcement du Parti communiste. Ce n'est pas un intérêt partisan. Bien sûr, j'ai intérêt à ce que le Parti communiste soit plus fort. Mais surtout, on sait que dans toute son histoire, le Parti communiste a montré qu'il était au moins utile à cela, à savoir qu'il arrachait des choses pour les hommes et les femmes. Après, on peut avoir son opinion sur ce qu'est ou sur ce que sera la gauche, la construction de gauche au lendemain de l'élection, si elle est élue. Mais dans l'immédiat, ce qui compte, c'est qu'elle soit déjà en situation de gagner. Ce qui aujourd'hui reste encore à faire."
Le lendemain du premier tour, pour vous, c'est déjà la mise en place des législatives ? Là, on retrouverait, selon vous, la vraie implantation du Parti communiste ?
- "Qui peut un seul instant imaginer que le rapport de force va se définir exclusivement dans cette élection présidentielle ? Il faut conjuguer élection présidentielle et élections législatives pour avoir une idée du rapport de force."
Mais vous avez entendu : certains Français considèrent même que ce qui sera le plus important au fond, ce sont les législatives, et que c'est là que se fait véritablement la direction politique du pays ?
- "C'est très important ce que vous dites."
Ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les Français !
- "C'est très important que vous le rappeliez ce matin aux Françaises et aux Français à travers votre antenne. Souvenez-vous, j'étais ici à cette place, et j'ai été contre l'inversion du calendrier. Il faut revenir sur cette question de fond où on a fait trancher les Français. On les a trompés sur l'inversion du calendrier : on a dit que l'inversion du calendrier allait rendre plus efficace l'élection présidentielle. Regardez où on en est aujourd'hui ! L'élection qui était déterminante, c'était de garder le calendrier tel qu'il était présenté : on vote sur les législatives et ensuite, on va naturellement à une présidentielle. Là, on a inversé les choses, on a bipolarisé cette campagne. Aujourd'hui, les Français sont déçus par rapport à cette campagne. Ils n'ont pas le sentiment d'avoir l'offre politique qui correspond à ce qu'ils attendent d'une dynamique politique dans un grand pays moderne. Ceux qui ont pris la responsabilité d'inverser le calendrier, se rendent compte aujourd'hui - qu'ils aient au moins la reconnaissance de cela - qu'ils se sont trompés et ça a affaibli le processus démocratique."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 19 avril 2002)
Encore une fois, les sondages ne sont que des sondages, mais ce sont tout de même des intentions qu'il faut prendre en compte. 5 % pour vous, c'est franchement le pire scénario ?
- "Comme vous le dites d'emblée, les sondages sont des sondages de ce matin. Jamais les sondages n'ont abordé une élection avec 40 à 50 % d'indécis. Regardez ce que disent tous les instituts de sondages : 2 % de marge d'erreur possible. Appliquez les 2 % d'erreur systématiquement aux derniers sondages de ces deux jours et tout est bouleversé ! Y compris dans ce que vous venez de dire à l'instant concernant le score du Parti communiste. A. Laguiller, ce matin, est à 7. Moi, je suis à 5 - 5,5 selon les enquêtes, 6 parfois. D'autres candidats d'ailleurs, comme J.-P. Chevènement qui était annoncé très haut, sont à 6 ; N. Mamère à 5. Donc, tout cela effectivement, peut être bouleversé à tout moment. Et puis, regardez : les deux principaux candidats, ceux présentés comme devant être au deuxième tour - et ils seront au deuxième tour sans aucun doute - ont un score inférieur à 20 %. Je crois qu'il faut beaucoup réfléchir à ce qui est en train de se passer aujourd'hui. Il est encore temps de beaucoup mobiliser dans les heures qui viennent. Beaucoup de gens disent aujourd'hui que rien n'est joué. Ils ont raison, rien n'est joué, mais il faut que dimanche, on n'ait pas à constater qu'on est un des pays le plus déstabilisé du point de vue démocratique, avec une très faible participation, un vote protestataire que les gens savent inutile à bien des égards, mais qu'ils peuvent pratiquer quand même. Enfin, des choses qui bougeraient beaucoup par rapport à la démocratie telle que nous la connaissons."
Cela veut dire qu'évidemment vous pensez déjà au deuxième tour, et donc, pour vous comme pour beaucoup d'autres, se pose la question des alliances, notamment des alliances à gauche. Comment appréhendez-vous le paysage politique français ? D'abord, à vos yeux, a-t-il changé ?
- "En tous les cas, pour les alliances, ce n'est pas en termes d'alliances, puisque dans une élection présidentielle, il n'y a pas de désistement en tant que tel. Ce n'est pas, à mon avis, comme cela que les choses se [passent]."
A un moment donné, il faudra appeler à voter pour un l'un ou pour l'autre quand même !
- "Accordez-moi que depuis le début, ma position est extrêmement claire. Moi, je ne confonds pas la droite et la gauche. Je ne dis pas comme certains - les votes protestataires qu'on évoquait tout à l'heure - "la gauche et la droite, c'est la même chose". Je veux effectivement que la droite soit battue, c'est sans ambiguïté. Pour qu'elle soit battue, il faut que la gauche soit forte dès le premier tour. Et pour qu'elle soit forte dès le premier tour, il faut qu'il y ait un score du Parti communiste qui la crédite suffisamment à gauche, ce qui n'est pas le cas en ce moment. Il y a dans ma démarche - qui ne le comprendrait pas ? - la volonté que le Parti communiste fasse le meilleur score possible, mais pas seulement ! Je vous assure que si dimanche soir, le Parti communiste n'a pas le niveau suffisant, c'est la gauche qui va en pâtir dans son ensemble, parce qu'il n'y aura pas cet ancrage à gauche, et elle risque de perdre. Donc, c'est une élection où il faut savoir se déterminer. Ceux qui prendront la responsabilité de mettre dos à dos gauche et droite - vous savez, quand on met dos et dos gauche et droite, cela a été toujours le cas dans l'histoire contemporaine, c'est la droite qui a gagné. Donc, moi je choisis mon camp, et je ne le choisis pas seulement dimanche soir, je le dis dès maintenant : j'ai choisi le camp de la gauche, je veux battre Chirac. Je crains pour la démocratie française, je crains aussi pour la vie sociale dans ce pays si la droite l'emporte effectivement. Voilà mon sentiment."
Mais de quelle gauche devons-nous parler ce matin ? Il y a des "gauches" maintenant ; il y a même une gauche-gauche : la LCR, Lutte ouvrière, qui représentent plus de 10 % des voix. Est-ce que cela recompose au fond l'image de la gauche française ?
- "De toute façon, la recomposition de la gauche française doit se faire à partir des valeurs de gauche. Mais, accordez-moi que pour le moment, ce qu'on appelle la gauche de la gauche, apparemment, n'est pas la gauche de la gauche, dans la mesure où, concrètement, c'est simplement et seulement un vote protestataire. Ses candidats ne se situent pas au deuxième tour comme franchement voulant faire gagner la gauche. Ils risquent même de la faire perdre ! Il faut que les Français le sachent, il faut que ce soit clair. Il y a des gens qui se réclament de gauche, ils se réclament parfois même de l'anticapitalisme, mais ils vont peut-être permettre, par leur position de refus de choisir la gauche, de faire passer ce qu'il y a de plus extrême dans la droite. Il faut quand même que les choses soient dites ! Je le dis franchement. Je respecte tout à fait l'opinion d'hommes et de femmes qui peuvent se situer dans un vote protestataire. Mais au niveau de l'efficacité politique, aujourd'hui, je pense qu'il est plus utile de renforcer la gauche de la gauche au sein d'une gauche constructive, c'est-à-dire en donnant des suffrages au Parti communiste, plutôt que de perdre son suffrage et de laisser la possibilité à J. Chirac qui triomphe déjà, - comme hier soir, dans son meeting à Lille. Il vaut mieux effectivement renforcer le camp de la gauche constructive. Voilà ce que je dis tout simplement. C'est l'efficacité que je demande aujourd'hui. Et puis, derrière tout cela, il y a quand même des choix politiques. Si le Parti communiste est suffisamment fort dans ce premier tour, il y a un certain nombre de mesures sociales, immédiates, qui vont faire la vie quotidienne des gens. L'élection va passer, il faudra bien penser à la vie des gens. Sur l'augmentation des salaires, du Smic, des minima sociaux, des retraites, l'allocation pour les jeunes, tout ce que je pousse aujourd'hui, quel que soit le président de la République, il devra en tenir compte. Voilà mon sentiment ; je suis très constructif. J'ai de la colère naturellement, par rapport aux injustices et je le manifeste souvent. Mais en même temps, je veux être constructif. Il ne sert à rien d'essayer de faire passer quelque chose dans une protestation éphémère, qui demain, desservira en dernière instance les salariés, parce que eux seront confrontés à une droite terrible qui voudra sa revanche sociale, si jamais elle est élue."
Là, vous prenez date. Vous dites : "quel que soit le président de la République..." Prenons l'hypothèse que le président ce soit L. Jospin. Là aussi, il y a des choix à faire à gauche. Un Premier ministre qui s'appellerait M. Aubry ou un Premier ministre qui s'appellerait L. Fabius, ce n'est pas les mêmes gauches ?
- "Mais pour qu'il y ait une victoire de la gauche, pour que, évidemment, on puisse envisager qui pourrait gouverner avec qui, encore faut-il que dès dimanche soir, la gauche s'affirme suffisamment haut, la gauche constructive, celle qui peut demain faire des choses, pas celle qui ne servira pas après-demain, même si le geste est tout à fait respectable, disais-je. Il faut donc que dimanche soir, ceux qui sont pour qu'il y ait éventuellement la possibilité d'une gauche qui gouverne et qui fasse enfin avancer des dossiers, qu'elle n'a pas fait suffisamment avancer ces dernières années, parce que les forces de gauche au sein de cette coalition n'étaient pas suffisamment fortes, c'est pour cela que je veux le renforcement du Parti communiste. Ce n'est pas un intérêt partisan. Bien sûr, j'ai intérêt à ce que le Parti communiste soit plus fort. Mais surtout, on sait que dans toute son histoire, le Parti communiste a montré qu'il était au moins utile à cela, à savoir qu'il arrachait des choses pour les hommes et les femmes. Après, on peut avoir son opinion sur ce qu'est ou sur ce que sera la gauche, la construction de gauche au lendemain de l'élection, si elle est élue. Mais dans l'immédiat, ce qui compte, c'est qu'elle soit déjà en situation de gagner. Ce qui aujourd'hui reste encore à faire."
Le lendemain du premier tour, pour vous, c'est déjà la mise en place des législatives ? Là, on retrouverait, selon vous, la vraie implantation du Parti communiste ?
- "Qui peut un seul instant imaginer que le rapport de force va se définir exclusivement dans cette élection présidentielle ? Il faut conjuguer élection présidentielle et élections législatives pour avoir une idée du rapport de force."
Mais vous avez entendu : certains Français considèrent même que ce qui sera le plus important au fond, ce sont les législatives, et que c'est là que se fait véritablement la direction politique du pays ?
- "C'est très important ce que vous dites."
Ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les Français !
- "C'est très important que vous le rappeliez ce matin aux Françaises et aux Français à travers votre antenne. Souvenez-vous, j'étais ici à cette place, et j'ai été contre l'inversion du calendrier. Il faut revenir sur cette question de fond où on a fait trancher les Français. On les a trompés sur l'inversion du calendrier : on a dit que l'inversion du calendrier allait rendre plus efficace l'élection présidentielle. Regardez où on en est aujourd'hui ! L'élection qui était déterminante, c'était de garder le calendrier tel qu'il était présenté : on vote sur les législatives et ensuite, on va naturellement à une présidentielle. Là, on a inversé les choses, on a bipolarisé cette campagne. Aujourd'hui, les Français sont déçus par rapport à cette campagne. Ils n'ont pas le sentiment d'avoir l'offre politique qui correspond à ce qu'ils attendent d'une dynamique politique dans un grand pays moderne. Ceux qui ont pris la responsabilité d'inverser le calendrier, se rendent compte aujourd'hui - qu'ils aient au moins la reconnaissance de cela - qu'ils se sont trompés et ça a affaibli le processus démocratique."
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 19 avril 2002)