Texte intégral
J.-P. Elkabbach
A Villepinte, J. Chirac a conclu hier soir son dernier meeting de candidat en disant : "Je compte sur vous". Dimanche, peut-il compter sur vous ?
- "Les communistes et, au delà, bien sûr moi-même, nous allons prendre le bulletin où il y aura marqué "Jacques Chirac" et sans hésitation. Nous allons voter J. Chirac pour faire en sorte que, face à Le Pen, il y ait la plus large mobilisation de notre peuple. On a vu cette mobilisation ces jours-ci, quand il y a eu cette puissante manifestation le 1er mai. Il ne faut pas baisser la garde. Il faut au contraire la monter d'ici dimanche pour qu'il y ait le plus grand nombre de voix qui se portent sur J. Chirac. C'est clair, c'est net, sans hésitation, sans ambiguïté, je prendrai ce bulletin-là."
Ministre communiste de feue la gauche plurielle, vous attendez qu'il stoppe le mal ? Quand, hier, il a dénoncé "l'extrémisme qui dégrade et salit" et dit - deux phrases que je cite - "aux heures sombres, les dirigeants de l'extrême droite on trahi le peuple français en s'alliant aux forces du mal et aux ennemis de la patrie... L'histoire les a définitivement disqualifiés pour parler au nom de la France", vous lui donnez raison ?
- "Oui. Là encore, je crois que l'extrême droite, par rapport au passé, c'est tout à fait juste de l'accuser de cela. Mais l'extrême droite, par rapport au présent, est porteuse de ce qu'il y a de plus négatif dans notre pays. Je pense à ses sentiments de xénophobie : c'est toujours à cause de l'autre que les choses vont mal ; cette nourriture permanente de l'exclusion, de la haine et finalement de la violence. Je suis l'auteur de ce que certains appellent la "loi Gayssot" contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie. Quand j'ai vu ce résultat, quand j'ai vu dans toutes les villes de France, quand je sais que y compris chez les ouvriers, ce sentiment de xénophobie a gagné du terrain, je me dis qu'on a un beau combat, un grand combat à mener pour faire reculer ces idées de haine et de violence."
Plus de 5 millions d'électeurs en faveur du FN et de son candidat J.-M. Le Pen !
- "C'est terrible."
Si je savais chanter, je dirais, aujourd'hui, "la République nous appelle" ?
- "Oui, la République nous appelle et la démocratie, également le militantisme, la mobilisation. On a vu, là encore, qu'il ne fallait pas rester chez soi, que quand des problèmes sont posés, il ne faut pas les éluder. A force de se fermer et de fermer les oreilles, les yeux les uns les autres, finalement, on a laissé peut-être gagner du terrain à ces idées de haine et de xénophobie. La République, c'est Bleu, Blanc, Rouge. Mais la France, c'est Bleu, Blanc, Rouge et c'est Blanc, Black, Beur également. C'est cette France-là qu'il faut au contraire valoriser, comme on l'avait fait le soir de la Coupe du monde de football. Tout le monde était heureux. Ils étaient de toutes les couleurs, les joueurs de la France qui avaient gagné. On disait : c'est la plus grande gifle à Le Pen. Mais, depuis ce soir-là, qu'avons-nous fait nous-mêmes, les uns et les autres, pour expliquer que c'est avec cette jeunesse-là que nous construirons l'avenir, l'avenir de la France de demain ?"
Cela veut dire quoi ? Qu'il faut plus d'intégration ?
- "Mais bien sûr. Plus d'intégration, plus de droits, plus de responsabilisation. Il faut que les damnés du travail, les damnés de la ville et les damnés de la discothèque, il faut qu'ils puissent entendre des gens qui leur disent : "C'est vous aussi l'avenir. Vous ne devez plus être les damnés du travail, de la ville ou de la discothèque"."
Vous avez oublié que vous êtes ministre depuis cinq ans, et vous êtes ministre jusqu'à lundi. Il y a votre part de responsabilité aussi ... ?
- "Oui."
... S'il y a des problèmes autour de l'identité française, et si l'intégration n'est pas encore assez poussée ?
- "Mais bien sûr que je n'oublie rien. J'ai essayé de faire le maximum de ce qui était possible de faire dans des conditions données. Mais je prends ma part de responsabilité sur la situation, sur le fait qu'il y a eu non seulement une non-participation des gens pour voter en faveur des partis de la gauche gouvernementale, mais qu'il y a eu aussi des insuffisances qui ont été sanctionnées pour une part."
Hier, ici même à votre place, A. Juppé disait : "La France traverse une crise politique et sociale grave". Vous, dans les manifestations du 1er mai, vous paraissez avoir découvert, à partir de ce que vous avez dit, que grâce aux jeunes - c'est votre phrase - "l'avenir n'est pas foutu". Est-ce que cela veut dire que vous n'étiez pas loin de croire que l'avenir était foutu ?
- "Cela veut dire simplement que j'ai été, comme beaucoup d'autres, sonné par les résultats du premier tour, le résultat de mon parti, le Parti communiste, qui est très bas, le résultat de la gauche. On pouvait craindre - on peut le craindre encore - que ce soit pour une période trop longue justement d'espoir qui recule. Donc, quand je vois ce mouvement, quand je vois tous ces jeunes, quand j'ai vu tous ces gens dans la rue, mobilisés, y compris tranchant sur l'idée "c'est le vote Chirac pour faire barrage à Le Pen, mais ce n'est pas le vote de soutien à la droite et à son programme, c'est le vote face au danger et, après, le combat on va le mener"..."
Qu'est-ce à dire ? Puisque vous lui donnez les forces du rassemblement, est-ce qu'il ne faut pas le laisser créer sa majorité pour gouverner et appliquer les idées qu'il a défendues pendant toute une longue campagne ?
- "Non. Je ne serai pas de ceux qui sèmeront la moindre illusion. Le programme de la droite ne sera pas soutenu dans les urnes dimanche. D'abord, le résultat du premier tour prouve qu'il ne peut pas se prévaloir du résultat du second tour pour la justification de son programme. Je crois qu'il faut et qu'il faudra non seulement mener le combat contre le programme de le droite - ou le programme du Medef - contre le libéralisme, contre tout ce qui refuse la dimension de service publique."
Et alors ? Comment ? N'oubliez pas vos 3,90 % du PC !
- "Justement, je ne les oublie pas et il faut travailler aussi à la remontée d'une force politique qui ne soit ni la droite, ni le libéralisme, ni l'acceptation arrangée à la sauce sociale-démocrate du capitalisme et du libéralisme."
Vous y avez contribué. Est-ce que la gauche doit construire une nouvelle alliance ?
- "Je crois qu'il faut travailler à une reconstruction de la gauche."
Pour plus tard ?
- "Pour plus tard, mais déjà la gauche est privée de deuxième tour, en quelque sorte, avec l'élection présidentielle. On va voter pour J. Chirac pour battre Le Pen, c'est clair, c'est net. Mais on n'a pas de candidat de gauche. Eh bien, je dis que le deuxième tour, en quelque sorte, sera au moment du premier tour de la législative et partout où il y a un danger de Le Pen et partout où il y a le risque que la gauche soit absente au deuxième tour de la législative, il faut, me semble-t-il, des candidatures uniques de la gauche pour justement être présent."
Mais vous ne croyez pas à une victoire aux législatives ? Pas encore !
- "Je n'exclus rien, dans la mesure où il y a la mobilisation...."
La cohabitation ne vous a pas vaccinés ?
- "Mais, la cohabitation... Chirac [s']il est élu, donc il sera arbitre. S'il ne veut pas de la cohabitation, il décidera ce qu'il voudra. C'est le Gouvernement qui mène une politique. Je sais que si c'est la droite, les quelques éléments d'avancées que nous avons pu faire - et dans mon secteur, j'en ai fait -, je sais qu'ils seront remis en cause. Donc, je ne vais pas baisser la garde, je continue le combat politique."
Les chômeurs et les ouvriers ont déserté le PC le 21 avril. Les 7 millions d'ouvriers ont choisi dans l'ordre : Le Pen, Chirac, Jospin et, loin derrière, le PCF. Est-ce que c'est la faute de M.-G. Buffet et surtout de votre ami "Bob", R. Hue ?
- "Non, je crois que ce n'est pas la faute ni de M.-G. Buffet ni de R. Hue. R. Hue a mené un combat courageux. Il a fait des propositions. Ce qui est vrai, c'est que nous, ce Parti communiste qui est encore trop souvent dans les têtes amalgamé à l'Union soviétique, au communisme qui a échoué et qui a disparu de l'Est, ce Parti communiste qui s'est engagé dans une mutation, mutation qu'il faut achever - et il ne faut pas tourner autour du pot - pour être non pas moins communiste, mais pour être mieux communiste..."
Qu'est-ce que cela veut dire, "achever la mutation" ?
- "Cela veut dire qu'il ne faut pas rester au milieu du gué. Moi, je considère qu'aller jusqu'au bout, c'est vraiment faire des propositions pour y compris un parti communiste nouveau...".
Et qui garde le nom "PCF" ?
- "On discutera de tout cela. L'heure, pour l'instant, est non seulement à la mobilisation pour le vote contre Le Pen, - c'est au deuxième tour - et l'heure est à la mobilisation pour des candidatures uniques aux élections législatives, dès lors qu'il y a danger de Le Pen ou danger que la gauche soit absente, et l'heure est à l'analyse, au débat chez nous, pour voir maintenant ce que nous devons et pouvons faire pour remonter."
Qu'est-ce que vous regrettez de ne pas avoir fait dans votre ministère ? Vous avez battu un record de longévité là où vous étiez. Qu'est-ce que vous regrettez de ne pas avoir fait ?
- "On me disait souvent, quand on me voyait "bon courage". On me souhaitait "bon courage" et je disais : "Si j'avais autant de moyens que de courage, vous verriez ce que je peux faire". Je pense que sur l'emploi, la défense du secteur public, du service public, nous avons fait des choses. Je crains d'ailleurs que ce soit remis en cause, qu'il s'agisse de la politique pour les chemins de fer, qu'il s'agisse d'Air France que nous avons contribué à développer... Tout cela, je crains que ce soit remis en cause par la droite. Mais bien sûr qu'il reste beaucoup à faire et je regrette de ne pas avoir pu faire tout ...".
Cinq ans, ça va...
- "Je veux dire aussi qu'en ce moment, permettez-moi de profiter de votre micro, le Parti communiste est très affaibli, y compris sur le plan financier, d'ailleurs, vous l'avez dit tout à l'heure sur votre antenne. Aussi, je veux profiter pour lancer un appel : tous ceux qui veulent nous aider, peuvent le faire, cela participera aussi à la remontée du Parti communiste."
Vous, vous ne renoncez pas à la vie politique, vous ne vous retirez pas ?
- "Je ne me retire pas, moins que jamais."
(Source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 3 mai 2002)
A Villepinte, J. Chirac a conclu hier soir son dernier meeting de candidat en disant : "Je compte sur vous". Dimanche, peut-il compter sur vous ?
- "Les communistes et, au delà, bien sûr moi-même, nous allons prendre le bulletin où il y aura marqué "Jacques Chirac" et sans hésitation. Nous allons voter J. Chirac pour faire en sorte que, face à Le Pen, il y ait la plus large mobilisation de notre peuple. On a vu cette mobilisation ces jours-ci, quand il y a eu cette puissante manifestation le 1er mai. Il ne faut pas baisser la garde. Il faut au contraire la monter d'ici dimanche pour qu'il y ait le plus grand nombre de voix qui se portent sur J. Chirac. C'est clair, c'est net, sans hésitation, sans ambiguïté, je prendrai ce bulletin-là."
Ministre communiste de feue la gauche plurielle, vous attendez qu'il stoppe le mal ? Quand, hier, il a dénoncé "l'extrémisme qui dégrade et salit" et dit - deux phrases que je cite - "aux heures sombres, les dirigeants de l'extrême droite on trahi le peuple français en s'alliant aux forces du mal et aux ennemis de la patrie... L'histoire les a définitivement disqualifiés pour parler au nom de la France", vous lui donnez raison ?
- "Oui. Là encore, je crois que l'extrême droite, par rapport au passé, c'est tout à fait juste de l'accuser de cela. Mais l'extrême droite, par rapport au présent, est porteuse de ce qu'il y a de plus négatif dans notre pays. Je pense à ses sentiments de xénophobie : c'est toujours à cause de l'autre que les choses vont mal ; cette nourriture permanente de l'exclusion, de la haine et finalement de la violence. Je suis l'auteur de ce que certains appellent la "loi Gayssot" contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie. Quand j'ai vu ce résultat, quand j'ai vu dans toutes les villes de France, quand je sais que y compris chez les ouvriers, ce sentiment de xénophobie a gagné du terrain, je me dis qu'on a un beau combat, un grand combat à mener pour faire reculer ces idées de haine et de violence."
Plus de 5 millions d'électeurs en faveur du FN et de son candidat J.-M. Le Pen !
- "C'est terrible."
Si je savais chanter, je dirais, aujourd'hui, "la République nous appelle" ?
- "Oui, la République nous appelle et la démocratie, également le militantisme, la mobilisation. On a vu, là encore, qu'il ne fallait pas rester chez soi, que quand des problèmes sont posés, il ne faut pas les éluder. A force de se fermer et de fermer les oreilles, les yeux les uns les autres, finalement, on a laissé peut-être gagner du terrain à ces idées de haine et de xénophobie. La République, c'est Bleu, Blanc, Rouge. Mais la France, c'est Bleu, Blanc, Rouge et c'est Blanc, Black, Beur également. C'est cette France-là qu'il faut au contraire valoriser, comme on l'avait fait le soir de la Coupe du monde de football. Tout le monde était heureux. Ils étaient de toutes les couleurs, les joueurs de la France qui avaient gagné. On disait : c'est la plus grande gifle à Le Pen. Mais, depuis ce soir-là, qu'avons-nous fait nous-mêmes, les uns et les autres, pour expliquer que c'est avec cette jeunesse-là que nous construirons l'avenir, l'avenir de la France de demain ?"
Cela veut dire quoi ? Qu'il faut plus d'intégration ?
- "Mais bien sûr. Plus d'intégration, plus de droits, plus de responsabilisation. Il faut que les damnés du travail, les damnés de la ville et les damnés de la discothèque, il faut qu'ils puissent entendre des gens qui leur disent : "C'est vous aussi l'avenir. Vous ne devez plus être les damnés du travail, de la ville ou de la discothèque"."
Vous avez oublié que vous êtes ministre depuis cinq ans, et vous êtes ministre jusqu'à lundi. Il y a votre part de responsabilité aussi ... ?
- "Oui."
... S'il y a des problèmes autour de l'identité française, et si l'intégration n'est pas encore assez poussée ?
- "Mais bien sûr que je n'oublie rien. J'ai essayé de faire le maximum de ce qui était possible de faire dans des conditions données. Mais je prends ma part de responsabilité sur la situation, sur le fait qu'il y a eu non seulement une non-participation des gens pour voter en faveur des partis de la gauche gouvernementale, mais qu'il y a eu aussi des insuffisances qui ont été sanctionnées pour une part."
Hier, ici même à votre place, A. Juppé disait : "La France traverse une crise politique et sociale grave". Vous, dans les manifestations du 1er mai, vous paraissez avoir découvert, à partir de ce que vous avez dit, que grâce aux jeunes - c'est votre phrase - "l'avenir n'est pas foutu". Est-ce que cela veut dire que vous n'étiez pas loin de croire que l'avenir était foutu ?
- "Cela veut dire simplement que j'ai été, comme beaucoup d'autres, sonné par les résultats du premier tour, le résultat de mon parti, le Parti communiste, qui est très bas, le résultat de la gauche. On pouvait craindre - on peut le craindre encore - que ce soit pour une période trop longue justement d'espoir qui recule. Donc, quand je vois ce mouvement, quand je vois tous ces jeunes, quand j'ai vu tous ces gens dans la rue, mobilisés, y compris tranchant sur l'idée "c'est le vote Chirac pour faire barrage à Le Pen, mais ce n'est pas le vote de soutien à la droite et à son programme, c'est le vote face au danger et, après, le combat on va le mener"..."
Qu'est-ce à dire ? Puisque vous lui donnez les forces du rassemblement, est-ce qu'il ne faut pas le laisser créer sa majorité pour gouverner et appliquer les idées qu'il a défendues pendant toute une longue campagne ?
- "Non. Je ne serai pas de ceux qui sèmeront la moindre illusion. Le programme de la droite ne sera pas soutenu dans les urnes dimanche. D'abord, le résultat du premier tour prouve qu'il ne peut pas se prévaloir du résultat du second tour pour la justification de son programme. Je crois qu'il faut et qu'il faudra non seulement mener le combat contre le programme de le droite - ou le programme du Medef - contre le libéralisme, contre tout ce qui refuse la dimension de service publique."
Et alors ? Comment ? N'oubliez pas vos 3,90 % du PC !
- "Justement, je ne les oublie pas et il faut travailler aussi à la remontée d'une force politique qui ne soit ni la droite, ni le libéralisme, ni l'acceptation arrangée à la sauce sociale-démocrate du capitalisme et du libéralisme."
Vous y avez contribué. Est-ce que la gauche doit construire une nouvelle alliance ?
- "Je crois qu'il faut travailler à une reconstruction de la gauche."
Pour plus tard ?
- "Pour plus tard, mais déjà la gauche est privée de deuxième tour, en quelque sorte, avec l'élection présidentielle. On va voter pour J. Chirac pour battre Le Pen, c'est clair, c'est net. Mais on n'a pas de candidat de gauche. Eh bien, je dis que le deuxième tour, en quelque sorte, sera au moment du premier tour de la législative et partout où il y a un danger de Le Pen et partout où il y a le risque que la gauche soit absente au deuxième tour de la législative, il faut, me semble-t-il, des candidatures uniques de la gauche pour justement être présent."
Mais vous ne croyez pas à une victoire aux législatives ? Pas encore !
- "Je n'exclus rien, dans la mesure où il y a la mobilisation...."
La cohabitation ne vous a pas vaccinés ?
- "Mais, la cohabitation... Chirac [s']il est élu, donc il sera arbitre. S'il ne veut pas de la cohabitation, il décidera ce qu'il voudra. C'est le Gouvernement qui mène une politique. Je sais que si c'est la droite, les quelques éléments d'avancées que nous avons pu faire - et dans mon secteur, j'en ai fait -, je sais qu'ils seront remis en cause. Donc, je ne vais pas baisser la garde, je continue le combat politique."
Les chômeurs et les ouvriers ont déserté le PC le 21 avril. Les 7 millions d'ouvriers ont choisi dans l'ordre : Le Pen, Chirac, Jospin et, loin derrière, le PCF. Est-ce que c'est la faute de M.-G. Buffet et surtout de votre ami "Bob", R. Hue ?
- "Non, je crois que ce n'est pas la faute ni de M.-G. Buffet ni de R. Hue. R. Hue a mené un combat courageux. Il a fait des propositions. Ce qui est vrai, c'est que nous, ce Parti communiste qui est encore trop souvent dans les têtes amalgamé à l'Union soviétique, au communisme qui a échoué et qui a disparu de l'Est, ce Parti communiste qui s'est engagé dans une mutation, mutation qu'il faut achever - et il ne faut pas tourner autour du pot - pour être non pas moins communiste, mais pour être mieux communiste..."
Qu'est-ce que cela veut dire, "achever la mutation" ?
- "Cela veut dire qu'il ne faut pas rester au milieu du gué. Moi, je considère qu'aller jusqu'au bout, c'est vraiment faire des propositions pour y compris un parti communiste nouveau...".
Et qui garde le nom "PCF" ?
- "On discutera de tout cela. L'heure, pour l'instant, est non seulement à la mobilisation pour le vote contre Le Pen, - c'est au deuxième tour - et l'heure est à la mobilisation pour des candidatures uniques aux élections législatives, dès lors qu'il y a danger de Le Pen ou danger que la gauche soit absente, et l'heure est à l'analyse, au débat chez nous, pour voir maintenant ce que nous devons et pouvons faire pour remonter."
Qu'est-ce que vous regrettez de ne pas avoir fait dans votre ministère ? Vous avez battu un record de longévité là où vous étiez. Qu'est-ce que vous regrettez de ne pas avoir fait ?
- "On me disait souvent, quand on me voyait "bon courage". On me souhaitait "bon courage" et je disais : "Si j'avais autant de moyens que de courage, vous verriez ce que je peux faire". Je pense que sur l'emploi, la défense du secteur public, du service public, nous avons fait des choses. Je crains d'ailleurs que ce soit remis en cause, qu'il s'agisse de la politique pour les chemins de fer, qu'il s'agisse d'Air France que nous avons contribué à développer... Tout cela, je crains que ce soit remis en cause par la droite. Mais bien sûr qu'il reste beaucoup à faire et je regrette de ne pas avoir pu faire tout ...".
Cinq ans, ça va...
- "Je veux dire aussi qu'en ce moment, permettez-moi de profiter de votre micro, le Parti communiste est très affaibli, y compris sur le plan financier, d'ailleurs, vous l'avez dit tout à l'heure sur votre antenne. Aussi, je veux profiter pour lancer un appel : tous ceux qui veulent nous aider, peuvent le faire, cela participera aussi à la remontée du Parti communiste."
Vous, vous ne renoncez pas à la vie politique, vous ne vous retirez pas ?
- "Je ne me retire pas, moins que jamais."
(Source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 3 mai 2002)