Conférence de presse de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur la situation économique et financière de l'Asie, l'euro, les droits de l'Homme et les relations franco-chinoises, Hong Kong le 24 janvier 1998.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Voyage de M. Védrine en Chine du 22 au 24 janvier 1998-visite à Hong Kong le 24

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie d'être venus jusqu'à l'aéroport pour cette brève rencontre. Lors de mon voyage en Chine, j'ai voulu, après l'étape de Pékin, passer par Hong Kong. La France a suivi avec beaucoup d'attention la transformation de la situation de Hong Kong, l'an dernier. Le sentiment général est que les choses se sont bien passées et que cela augure bien de l'avenir. J'ai eu un entretien fort intéressant ce matin avec M. Tung Chee-Hwa, le chef de l'exécutif. Nous avons essentiellement parlé de la situation économique et financière en Asie. Il m'a expliqué un certain nombre de faits et d'éléments structurels qui montrent que Hong Kong a une capacité de surmonter ces turbulences et de résister à cette situation qui frappe d'autres pays. Au cours d'un déjeuner, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec le secrétaire aux Finances ainsi qu'avec plusieurs personnalités du monde des affaires. Nous avons parlé des mêmes sujets, c'est-à-dire les répercussions de la crise financière sur un certain nombre de pays d'Asie. Le secrétaire aux Finances m'a exprimé sa conviction que l'économie de Hong Kong restait forte et solide. Il a fait la même analyse en ce qui concerne l'ensemble de l'économie chinoise.
Nous avons également parlé de la prochaine mise en place de l'euro. Il a manifesté beaucoup d'intérêt. Manifestement, la mise en place de l'euro est quelque chose qui est pris très au sérieux par tous les responsables économiques et financiers de l'Asie, de la Chine en particulier. Et, en effet, cela va être un événement tout à fait important. Je retire de ces deux journées passées à Pékin et de journée passée à Hong Kong la conviction que l'Europe en général, et la France en particulier, doivent intensifier leurs relations avec ces pays. Quels que soient les effets de la crise actuelle, il est clair que ce sont des économies qui ont un formidable potentiel de développement devant elles. Donc la France doit intensifier son dialogue politique et les autorités françaises encouragent les entreprises françaises à être de plus en plus présentes, à être présentes de façon durable et suivie, de façon à tisser de vraies relations, pour agir en Chine, à Hong Kong et, à partir de Hong Kong, dans différentes directions car c'est un point de départ extrêmement commode et efficace, surtout quand on agit en coopération avec des groupes hongkongais. D'autre part, je rappelle que le chef de l'exécutif, M. Tung, sera reçu à Paris en mars, ce qui est une illustration de ce que je venais de dire. Donc, je repars avec des impressions fortes et positives.
Q - Les autorités chinoises vous ont-elles parlé du projet de visite d'une délégation du CICR en Chine ?
R - Ce qui m'a été indiqué, c'est une confirmation sur la visite du CICR en février. Cela avait été indiqué avant et le ministre me l'a confirmé. La visite projetée des responsables du CICR aura effectivement lieu au mois de février. Mais les détails seront à demander aux responsables du CICR proprement dits car c'est une organisation qui est autonome, qui agit indépendamment et qui ne reçoit pas d'instructions des gouvernements. Il n'empêche que c'est une nouvelle positive.
Q - (Attitude de la Chine à l'égard des Droits de l'Homme)
R - J'en profite pour ajouter deux choses. La première concerne le Pacte sur les droits économiques et sociaux, le Pacte de l'ONU qui a été signé par les Chinois, mais qui n'est pas encore ratifié. Mes interlocuteurs à Pékin m'ont indiqué que le texte serait transmis à la nouvelle Assemblée nationale populaire, à partir de mars, et c'est elle qui ratifiera. D'autre part, en ce qui concerne l'autre Pacte, sur les droits civiques et politiques, c'est le nouveau gouvernement qui entrera en fonctions au mois de mars, fin mars je crois, qui aura à achever de traiter ce sujet. On m'a indiqué que ce sujet faisait l'état d'une étude très sérieuse. Les autorités chinoises ont souhaité qu'il y ait à ce sujet une rencontre entre experts français et chinois. Elle aura lieu, nous en sommes naturellement d'accord, dès que possible.
Q - J'ai compris que les entretiens qu'a eus récemment (le dissident) Wei Jingsheng à Paris ont causé une controverse. Est-ce que vos interlocuteurs chinois ont évoqué cette question ?
R - Non. Cela n'a pas été évoqué.
Q - Une date a-t-elle été fixée pour la visite du Premier ministre français en Chine ?
R - Non, je n'ai pas de calendrier précis. Les autorités chinoises ont invité le Premier ministre français à se rendre en Chine. Celui-ci a indiqué qu'il viendrait volontiers. Il viendra dans le courant de l'année. J'ai souligné que c'était important parce que le Premier ministre fait très peu de déplacements à l'étranger. Mais la date exacte n'est pas encore fixée.
Q - Le Premier ministre français se rendra-t-il à Hong Kong à l'occasion de sa visite en Chine ?
R - Je ne peux pas vous dire. C'est trop tôt encore pour avoir réfléchi à son programme exact.
Q - Avez-vous discuté avec vos interlocuteurs chinois et hongkongais des répercussions de la crise asiatique sur les économies française et européennes ?
R - Ce point a été évoqué, mais il n'y a pas d'effets directs importants, prévisibles à ce stade.
Q - Mais les banques françaises sont très exposées ...
R - Oui, certaines banques de certains pays européens peuvent être exposées dans tel ou tel cas. Il peut y avoir des répercussions sur le commerce extérieur de tel ou tel pays d'Europe. On peut imaginer que cela ralentisse tel ou tel grand projet, mais l'analyse générale en Europe n'est pas que les répercussions soient très importantes. D'autre part, il n'a pas du tout été envisagé que les répercussions de la crise financière en Asie puissent avoir un effet négatif sur l'euro. Au contraire, mes interlocuteurs à Pékin, comme à Hong Kong, parlent de l'euro comme de quelque chose qui va se faire de toute évidence et ils essaient d'évaluer les conséquences sur les relations monétaires internationales pour la suite. Par ailleurs, ils se demandent quand est-ce que la Grande-Bretagne rejoindra le mouvement. Là, je ne suis pas le mieux placé pour répondre. Mais je pense qu'ils ont posé la même question à M. Cook.
Q - Lors de vos entretiens à Pékin, les autorités chinoises vous ont-elles assuré que le Pacte de l'ONU serait ratifié cette année ?
R - Ils ne m'ont pas donné de date exacte. Vous parlez du premier Pacte déjà signé, donc celui qui est à ratifier. On en a parlé comme s'il était évident que la ratification allait suivre la signature. D'ailleurs, la réflexion sérieuse a eu lieu avant la signature. Donc, je n'ai pas le sentiment qu'il puisse y avoir un problème à propos de la ratification./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 septembre 2001)