Texte intégral
R. Elkrief Parlons d'abord de la réouverture du tunnel du Mont-Blanc aux camions internationaux, aux poids lourds, qui peuvent depuis minuit l'emprunter. Il y a des manifestations, un camion belge a été bloqué. Craignez-vous des incidents, avez-vous l'impression que ce blocage peut durer ?
- "Il ne faudrait pas qu'il y ait des incidents parce qu'il est indispensable que le tunnel du Mont-Blanc rouvre. Je vous rappelle qu'à la suite de cet accident dramatique, où il y a eu 32 morts, le tunnel a fait l'objet de travaux très importants, il est maintenant l'un des plus sûrs de toute l'Europe. Mais le trafic qui passe par le tunnel du Mont-Blanc c'est une partie du trafic qui peut soulager un peu la vallée de la Maurienne, avec le tunnel du Fréjus. Et donc, si on n'ouvre pas le tunnel du Mont-Blanc, c'est la vallée de la Maurienne qui subit tout le trafic."
Le malheur des uns fait le bonheur des autres, c'est ce que vous voulez dire ?
- "Il faut partager, il faut faire un peu de solidarité entre les deux vallées. Je sais bien que ce n'est pas facile pour les gens de la vallée de Chamonix d'accepter à nouveau le trafic des poids lourds de plus de quatre essieux. Mais par solidarité avec les gens de la vallée de la Maurienne, il faut qu'ils acceptent le trafic qui est quand même très partiel, c'est environ 30 à 35 % du trafic ; 60 à 65 % qui restera dans la vallée de la Maurienne. Donc, c'est un partage qui est très léger mais je comprends que la vallée de Chamonix est plus étroite, que la route d'accès du tunnel du Mont-Blanc est en travaux, et que cela va causer des nuisances. Tout cela est vrai, mais au nom de la raison, au nom de la solidarité, pour l'économie des deux vallées et de l'ensemble du trafic franco-italien, il faut le tunnel du Mont-Blanc. Donc, je fais appel à la raison des Chamoniards."
Cela veut dire que le changement de gouvernement, pour les Chamoniards, ne change rien ? Ils ont manifesté, ils se sont plaint, ils ont protesté... Une nouvelle majorité et c'est la même chose pour eux ?
- "C'est la même chose pour le trafic sur une autoroute, pour le trafic sur un train, c'est la même chose pour beaucoup de choses qui ressemblent au transport. Ce n'est pas là qu'on peut montrer notre différence. Par contre, dès que j'ai été nommé au Gouvernement, j'ai reçu les gens de la Maurienne, les associations, les maires de la vallée de Chamonix. Nous avons discuté des perspectives qui s'ouvrent pour plus tard, à savoir les essais de ferroutage qui ont lieu actuellement ou qui vont avoir lieu, les expérimentations et les perspectives à plus long terme, comme par exemple, la création d'une ligne de ferroutage entre Lyon et Turin qui déchargera la route."
On en parle depuis si longtemps...
- "On en parle depuis si longtemps, comme vous le dites. On en parle et on ne fait qu'en parler. Mais j'ai bien l'intention de pousser ce dossier, car c'est un dossier intéressant. Et pas seulement le ferroutage mais aussi le cabotage maritime, qui peut aider à soulager les routes et à alléger un peu le fret, en passant par la mer entre la France et l'Italie."
Vous irez sur place pour voir les Chamoniards ?
- "Il y a déjà un comité de suivi qui est réuni par le préfet de région, et qui regarde exactement les trafics, leur répartition, comment ça se passe, et qui se réunit régulièrement. Bien entendu, j'irai là-bas. J'ai même reçu la présidente de région, madame Comparini, au ministère. Un jour, j'irai là-bas, évidemment quand les choses seront apaisées et que la raison l'aura emporté, et que les trafics seront normaux, de façon à véritablement, au bout de quelques semaines ou quelques mois, regarder un peu l'état des lieux, regarder comme ça se passe. Et en même temps, étudier avec les élus et les associations, y compris les associations de protection, d'insertion dans le site..."
Et les écologistes...
- "Nous sommes tous écologistes. Et au ministère de l'Environnement et au ministère de l'Equipement, nous sommes aussi des écologistes. D'ailleurs, lorsque nous voulons tracer une nouvelle route..."
Je ne suis pas sûre que les Chamoniards qui protestent soient d'accord.
- "Je pense qu'ils le savent. Parce que, par exemple, la route actuelle d'accès au tunnel du Mont-Blanc, c'est une route qui a fait l'objet d'énormément de soins au niveau de sa conception pour l'insertion dans le site et la protection contre le bruit. On ne peut pas faire des équipements aujourd'hui comme on les faisait il y a 30 ans. Et j'ai l'impression d'être un peu, au ministère de l'Equipement, aussi le ministre de la vie quotidienne, des transports peut-être, mais aussi de la protection contre les nuisances."
On parle globalement de la politique du Gouvernement. Vous, qui êtes un ministre UDF, mais aussi très attaché au dialogue sociale - par le passé vous vous êtes impliqué dans ce domaine -, aujourd'hui, on a l'impression qu'il est déjà en panne, à peine quelques semaines après l'entrée en fonction du nouveau Gouvernement ?! Les syndicats sont assez mécontents sur le Smic et ils s'inquiètent.
- "Le dialogue social, ce n'est pas forcément contenter tout le monde et c'est très difficile de contenter parfois des intérêts contradictoires. Vous parlez du Smic : le Smic a été augmenté de 2,4 % ; c'est toujours insuffisant quand on est salarié et qu'on gagne moins de 6.000 francs nets par mois, c'est-à-dire moins de 1.000 euros par mois. C'est toujours insuffisant, c'est vrai. Il n'empêche que tout cela était précédé de concertations ; monsieur Raffarin a reçu tous les partenaires sociaux avant. Deuxièmement, 2,4 %, c'est au-dessus de la hausse des prix. Il doit y avoir une hausse du pouvoir d'achat de 0,8. Le Gouvernement a clairement indiqué que sa priorité était d'abord l'harmonisation. Car parmi "l'héritage" reçu par ce Gouvernement-là, il y a une situation complètement injuste qui consiste à avoir cinq Smic différents. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le principe si simple " à travail égal, salaire égal", - ou à statut égal de smicard -, n'est pas respecté. C'est l'héritage de madame Aubry et de monsieur Jospin."
Vous ne regrettez pas ce faux pas de J.-P. Raffarin - il s'est déclaré avant la discussion ?
- "Faux pas ou franchise ?"
C'est comme ça que ça va se passer maintenant ?
- "Non, les syndicats, les partenaires sociaux ont encore été reçus hier par monsieur Fillon pour expliquer et faire de la pédagogie. Mais le dialogue social nécessite, comme monsieur Raffarin l'a fait, un dialogue et auparavant des audiences et des échanges. Il y en a un qui tranche, c'est quand même le gouvernement qui est élu ou nommé pour ça."
Le groupe UDF doit se prononcer, comme les autres parlementaires, aujourd'hui, pour l'élection du président de l'Assemblée nationale. Il y a deux candidats : E. Balladur et J.-L. Debré. J.-L. Debré est le candidat de l'UMP et E. Balladur "un candidat libre" - comme on dit. Il paraît qu'il compte beaucoup sur l'UDF pour obtenir ses voix. Vous croyez qu'il a raison ?
- "Malheureusement, il ne peut pas compter sur moi - malheureusement ou heureusement. Ni J.-L. Debré, ni E. Balladur parce que je n'ai pas le droit de voter."
Vous êtes ministre. Mais vous êtes UDF, vous êtes le ministre UDF.
- "Je ne suis pas à moi tout seul l'UDF ! Il y a un groupe UDF, présidé par..."
H. Morin.
- "C'est un garçon plein d'avenir et de talent. J'imagine qu'à l'heure actuelle ou dans la matinée, il va y avoir des discussions au sein du groupe UDF pour savoir pour qui ils votent, s'ils présentent un candidat ou s'ils votent pour l'un ou pour l'autre, ou s'ils ont la liberté de vote."
Qu'est-ce que vous leur conseillez, vous êtes leur ministre, qu'est-ce que vous leur dites finalement ?
- "Je suis leur ministre, si vous voulez, je suis ministre UDF... Mais en aucun cas, entre l'exécutif et le législatif je me mêlerai de donner un conseil aux députés. Ils sont assez grands pour se déterminer eux-mêmes."
Donc aucun choix. Et sur la méthode : on a l'impression que J.-L. Debré est presque élu par avance.
- "S'il est élu par avance, il n'y a plus besoin de passer l'après-midi à l'Assemblée nationale ! Non, je crois qu'ils ont décidé, au sein de l'UMP, de ne pas faire de primaires, et que ces deux candidats vont donc se présenter directement devant l'Assemblée nationale. Donc, cela veut dire qu'il n'y a pas de mot d'ordre à l'UMP - j'imagine - et que l'UDF va se déterminer dans la matinée ou qu'ils vont laisser la liberté de vote. Pour l'instant, je ne peux absolument pas vous informer. Je suis sûr d'ailleurs que les journalistes seront mieux informés - ou avant moi - que je ne le serais."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 25 juin 2002)
- "Il ne faudrait pas qu'il y ait des incidents parce qu'il est indispensable que le tunnel du Mont-Blanc rouvre. Je vous rappelle qu'à la suite de cet accident dramatique, où il y a eu 32 morts, le tunnel a fait l'objet de travaux très importants, il est maintenant l'un des plus sûrs de toute l'Europe. Mais le trafic qui passe par le tunnel du Mont-Blanc c'est une partie du trafic qui peut soulager un peu la vallée de la Maurienne, avec le tunnel du Fréjus. Et donc, si on n'ouvre pas le tunnel du Mont-Blanc, c'est la vallée de la Maurienne qui subit tout le trafic."
Le malheur des uns fait le bonheur des autres, c'est ce que vous voulez dire ?
- "Il faut partager, il faut faire un peu de solidarité entre les deux vallées. Je sais bien que ce n'est pas facile pour les gens de la vallée de Chamonix d'accepter à nouveau le trafic des poids lourds de plus de quatre essieux. Mais par solidarité avec les gens de la vallée de la Maurienne, il faut qu'ils acceptent le trafic qui est quand même très partiel, c'est environ 30 à 35 % du trafic ; 60 à 65 % qui restera dans la vallée de la Maurienne. Donc, c'est un partage qui est très léger mais je comprends que la vallée de Chamonix est plus étroite, que la route d'accès du tunnel du Mont-Blanc est en travaux, et que cela va causer des nuisances. Tout cela est vrai, mais au nom de la raison, au nom de la solidarité, pour l'économie des deux vallées et de l'ensemble du trafic franco-italien, il faut le tunnel du Mont-Blanc. Donc, je fais appel à la raison des Chamoniards."
Cela veut dire que le changement de gouvernement, pour les Chamoniards, ne change rien ? Ils ont manifesté, ils se sont plaint, ils ont protesté... Une nouvelle majorité et c'est la même chose pour eux ?
- "C'est la même chose pour le trafic sur une autoroute, pour le trafic sur un train, c'est la même chose pour beaucoup de choses qui ressemblent au transport. Ce n'est pas là qu'on peut montrer notre différence. Par contre, dès que j'ai été nommé au Gouvernement, j'ai reçu les gens de la Maurienne, les associations, les maires de la vallée de Chamonix. Nous avons discuté des perspectives qui s'ouvrent pour plus tard, à savoir les essais de ferroutage qui ont lieu actuellement ou qui vont avoir lieu, les expérimentations et les perspectives à plus long terme, comme par exemple, la création d'une ligne de ferroutage entre Lyon et Turin qui déchargera la route."
On en parle depuis si longtemps...
- "On en parle depuis si longtemps, comme vous le dites. On en parle et on ne fait qu'en parler. Mais j'ai bien l'intention de pousser ce dossier, car c'est un dossier intéressant. Et pas seulement le ferroutage mais aussi le cabotage maritime, qui peut aider à soulager les routes et à alléger un peu le fret, en passant par la mer entre la France et l'Italie."
Vous irez sur place pour voir les Chamoniards ?
- "Il y a déjà un comité de suivi qui est réuni par le préfet de région, et qui regarde exactement les trafics, leur répartition, comment ça se passe, et qui se réunit régulièrement. Bien entendu, j'irai là-bas. J'ai même reçu la présidente de région, madame Comparini, au ministère. Un jour, j'irai là-bas, évidemment quand les choses seront apaisées et que la raison l'aura emporté, et que les trafics seront normaux, de façon à véritablement, au bout de quelques semaines ou quelques mois, regarder un peu l'état des lieux, regarder comme ça se passe. Et en même temps, étudier avec les élus et les associations, y compris les associations de protection, d'insertion dans le site..."
Et les écologistes...
- "Nous sommes tous écologistes. Et au ministère de l'Environnement et au ministère de l'Equipement, nous sommes aussi des écologistes. D'ailleurs, lorsque nous voulons tracer une nouvelle route..."
Je ne suis pas sûre que les Chamoniards qui protestent soient d'accord.
- "Je pense qu'ils le savent. Parce que, par exemple, la route actuelle d'accès au tunnel du Mont-Blanc, c'est une route qui a fait l'objet d'énormément de soins au niveau de sa conception pour l'insertion dans le site et la protection contre le bruit. On ne peut pas faire des équipements aujourd'hui comme on les faisait il y a 30 ans. Et j'ai l'impression d'être un peu, au ministère de l'Equipement, aussi le ministre de la vie quotidienne, des transports peut-être, mais aussi de la protection contre les nuisances."
On parle globalement de la politique du Gouvernement. Vous, qui êtes un ministre UDF, mais aussi très attaché au dialogue sociale - par le passé vous vous êtes impliqué dans ce domaine -, aujourd'hui, on a l'impression qu'il est déjà en panne, à peine quelques semaines après l'entrée en fonction du nouveau Gouvernement ?! Les syndicats sont assez mécontents sur le Smic et ils s'inquiètent.
- "Le dialogue social, ce n'est pas forcément contenter tout le monde et c'est très difficile de contenter parfois des intérêts contradictoires. Vous parlez du Smic : le Smic a été augmenté de 2,4 % ; c'est toujours insuffisant quand on est salarié et qu'on gagne moins de 6.000 francs nets par mois, c'est-à-dire moins de 1.000 euros par mois. C'est toujours insuffisant, c'est vrai. Il n'empêche que tout cela était précédé de concertations ; monsieur Raffarin a reçu tous les partenaires sociaux avant. Deuxièmement, 2,4 %, c'est au-dessus de la hausse des prix. Il doit y avoir une hausse du pouvoir d'achat de 0,8. Le Gouvernement a clairement indiqué que sa priorité était d'abord l'harmonisation. Car parmi "l'héritage" reçu par ce Gouvernement-là, il y a une situation complètement injuste qui consiste à avoir cinq Smic différents. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le principe si simple " à travail égal, salaire égal", - ou à statut égal de smicard -, n'est pas respecté. C'est l'héritage de madame Aubry et de monsieur Jospin."
Vous ne regrettez pas ce faux pas de J.-P. Raffarin - il s'est déclaré avant la discussion ?
- "Faux pas ou franchise ?"
C'est comme ça que ça va se passer maintenant ?
- "Non, les syndicats, les partenaires sociaux ont encore été reçus hier par monsieur Fillon pour expliquer et faire de la pédagogie. Mais le dialogue social nécessite, comme monsieur Raffarin l'a fait, un dialogue et auparavant des audiences et des échanges. Il y en a un qui tranche, c'est quand même le gouvernement qui est élu ou nommé pour ça."
Le groupe UDF doit se prononcer, comme les autres parlementaires, aujourd'hui, pour l'élection du président de l'Assemblée nationale. Il y a deux candidats : E. Balladur et J.-L. Debré. J.-L. Debré est le candidat de l'UMP et E. Balladur "un candidat libre" - comme on dit. Il paraît qu'il compte beaucoup sur l'UDF pour obtenir ses voix. Vous croyez qu'il a raison ?
- "Malheureusement, il ne peut pas compter sur moi - malheureusement ou heureusement. Ni J.-L. Debré, ni E. Balladur parce que je n'ai pas le droit de voter."
Vous êtes ministre. Mais vous êtes UDF, vous êtes le ministre UDF.
- "Je ne suis pas à moi tout seul l'UDF ! Il y a un groupe UDF, présidé par..."
H. Morin.
- "C'est un garçon plein d'avenir et de talent. J'imagine qu'à l'heure actuelle ou dans la matinée, il va y avoir des discussions au sein du groupe UDF pour savoir pour qui ils votent, s'ils présentent un candidat ou s'ils votent pour l'un ou pour l'autre, ou s'ils ont la liberté de vote."
Qu'est-ce que vous leur conseillez, vous êtes leur ministre, qu'est-ce que vous leur dites finalement ?
- "Je suis leur ministre, si vous voulez, je suis ministre UDF... Mais en aucun cas, entre l'exécutif et le législatif je me mêlerai de donner un conseil aux députés. Ils sont assez grands pour se déterminer eux-mêmes."
Donc aucun choix. Et sur la méthode : on a l'impression que J.-L. Debré est presque élu par avance.
- "S'il est élu par avance, il n'y a plus besoin de passer l'après-midi à l'Assemblée nationale ! Non, je crois qu'ils ont décidé, au sein de l'UMP, de ne pas faire de primaires, et que ces deux candidats vont donc se présenter directement devant l'Assemblée nationale. Donc, cela veut dire qu'il n'y a pas de mot d'ordre à l'UMP - j'imagine - et que l'UDF va se déterminer dans la matinée ou qu'ils vont laisser la liberté de vote. Pour l'instant, je ne peux absolument pas vous informer. Je suis sûr d'ailleurs que les journalistes seront mieux informés - ou avant moi - que je ne le serais."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 25 juin 2002)