Texte intégral
Discours à Tulle (Corrèze) le 16 avril 2002
Mesdames, Messieurs, cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,
Je suis très heureux d'être parmi vous ce soir, à Tulle. Je veux remercier les militantes et militants communistes qui ont organisé ce rassemblement et toutes celles, tous ceux qui, dans la diversité de leur sensibilité me font l'amitié d'y participer.
C'est du premier tour de l'élection présidentielle que je veux parler. Mais auparavant, vous comprendrez que j'évoque la situation extrêmement préoccupante qui règne au Proche-Orient. Le peuple palestinien vit en ce moment un véritable cauchemar. Aux victimes civiles des bombardements, des fusillades, s'ajoutent les destructions massives d'infrastructures d'autant plus vitales qu'elles sont déjà très insuffisantes.
Et pourtant : Sharon et l'armée israélienne demeurent obstinément sourds aux appels à la raison que leur adresse la communauté internationale. Non seulement cette politique est inhumaine, mais elle n'atteindra aucun des objectifs qu'elle prétend poursuivre. Elle ne mettra pas un terme au terrorisme aveugle - que je condamne avec la plus grande fermeté - mais au contraire elle incitera les organisations extrémistes à y recourir davantage.
Elle ne contribuera pas davantage à ce qui est l'essentiel : la paix, la sécurité et le droit à une terre pour les peuples palestinien et israélien. Aujourd'hui, il y a urgence. Sharon doit respecter la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui demande le retrait des territoires palestiniens ; il faut envoyer sur place une force internationale de protection et de paix, sous l'égide de l'ONU ; il faut, enfin, l'ouverture sans conditions d'un processus politique de négociation, par exemple sur la base de la proposition saoudienne, reprise par le sommet arabe de Beyrouth.
Et la France, les plus hautes autorités de notre pays, c'est-à-dire le Président de la République et le Premier ministre, doivent agir en ce sens avec bien plus de persévérance et d'exigence à l'égard des autorités israéliennes.
Je voulais dire cela devant vous, cher-e-s ami-e-s et camarades, car nous avons le devoir d'agir, de tout faire pour qu'il soit mis un terme rapide et définitif aux humiliations et aux agressions infligées au peuple palestinien, à l'autorité palestinienne et à son chef, Yasser Arafat, seul interlocuteur possible pour un règlement politique du conflit.
Et les forces de paix, en Israël et en Palestine, attendent de nous que nous leur manifestions notre soutien en ce sens. C'est tout le sens de la délégation du parti communiste que conduit mon ami André Lajoinie et qui se trouve sur place.
J'en viens à présent à l'élection présidentielle. Et plus précisément au premier tour, qui aura lieu dans 8 jours, le 21 avril.
Il est décisif, puisque c'est lui qui va déterminer le contenu de la politique qui sera conduite après les élections.
Il aura des conséquences primordiales sur votre vie quotidienne, sur l'avenir de vos enfants, sur celui des retraites, des services publics, de notre système de formation et de santé comme sur votre sécurité.
Cela vaut donc le coup qu'on prenne le temps d'y réfléchir. Et de le faire en toute tranquillité car nous sommes sûrs, au deuxième tour, de retrouver face à face Jospin et Chirac. Sûrs donc de pouvoir voter contre ce dernier pour battre la droite.
Parce que de toutes mes forces je veux la battre et écarter Jacques Chirac.
Je sais qu'il tient en ce moment même meeting à Ussel. Ici, vous le connaissez bien. Vous connaissez ses facultés de dissimulation. Vous avez déjà vu cet air patelin qu'il affiche dans cette campagne. Vous savez mieux que quiconque ce qu'il cache.
Au-delà de l'image qu'il se donne, la pensée et l'action politiques de Jacques Chirac sont complètement inspirées des dogmes du libéralisme. Quoi qu'il en dise, il épouse totalement les rêves de revanche du baron Seillière, du Medef, du milieu de l'affairisme et de la finance, des nantis et des puissants.
Jacques Chirac, c'est sans doute "super menteur", mais c'est surtout "super réac", avec derrière lui la cohorte de tous les politiciens de la vieille droite antisociale et anti-populaire qui veulent une revanche sans merci mettant en pièce tous les acquis sociaux, économiques et démocratiques que le mouvement social a permis en France.
Oui, battre la droite, faire mordre la poussière au sinistre Le Pen, voilà ce à quoi je vous appelle. Voilà ce à quoi sert ma candidature.
Comment y parvenir ? Telle est bien la question qui nous est posée, inséparable d'une autre - capitale - qui est de s'assurer que la politique qui sera menée demain réponde bien, cette fois, à ce que vous attendez de la gauche.
Or, de ce point de vue, le scepticisme des électrices et des électeurs est grand. Si grand même qu'à une semaine du vote, une majorité d'entre eux continuent à hésiter ou se préparent à s'abstenir. Du jamais vu à l'occasion d'une élection présidentielle.
Un "jamais vu" qui s'explique, que je comprends, mais auquel je ne me résigne pas.
Oui, il s'explique d'abord par les cinq années de cohabitation qui viennent de s'écouler et par la politique menée par le gouvernement de Lionel Jospin.
Je veux être clair à ce propos. Cette politique s'est incontestablement distinguée de celle conduite précédemment par Alain Juppé. Distinguée aussi de celles que mènent Tony Blair en Angleterre et Gerhard Schröder en Allemagne.
Si en Europe, tous les commentateurs évoquent l'axe Blair, Aznar, Berlusconi, il ne vient à l'idée de personne d'y ajouter le nom de Lionel Jospin.
S'il en est ainsi, on le doit beaucoup à l'engagement des communistes ! On le doit beaucoup aux électrices et aux électeurs qui, en 1997, nous ont accordé leur confiance.
On le doit beaucoup à notre décision de participer au gouvernement, décision courageuse dans un rapport des forces infiniment plus favorable au parti socialiste qu'à nous-mêmes.
Les communistes ont fait ce choix parce qu'ils ont à cur de contribuer à améliorer le sort de leurs concitoyens. A cur d'obtenir tous les résultats - aussi petits soient-ils - en ce sens.
D'autres ont préféré rester sur le bord du chemin. Partisans du "tout ou rien" qui en réalité ne débouche sur rien, ils ont compté les points en criant très fort et en misant sur l'échec pour se faire une santé.
Aujourd'hui encore, ils invitent au pire en refusant de choisir entre la gauche et la droite. Or, vous savez tous que cela sert toujours la droite. Je ne mange pas de ce pain-là !
Je choisis mon camp : celui de la gauche, celui du monde du travail et de la création. Oui, en 1997, nous avons bien fait de choisir notre camp. Bien fait de participer au gouvernement et de prendre nos responsabilités. Nos militantes et militants sur le terrain, nos élus au parlement et nos ministres au gouvernement n'ont pas à rougir - bien au contraire - de ce qu'ils ont apporté et obtenu.
Le vote communiste de 1997 a permis de peser sur la politique de Lionel Jospin.
Eh bien, je vous le dis, avec beaucoup de conviction, le vote communiste du 21 avril sera lui aussi très utile. Il sera même le seul à être utile aux femmes, aux hommes, aux jeunes qui loin de se contenter de la politique menée ces cinq dernières années, veulent une politique qui, cette fois, ne déçoivent pas leurs espoirs et leurs attentes.
Parce qu'il y a de la déception, du mécontentement, de la colère parfois parmi un nombre important d'électrices et d'électeurs qui ont fait confiance à la gauche en 1997. De la déception, du mécontentement, de la colère parmi celles et ceux qui attendaient le plus d'elle et qui n'ont rien vu venir, ou si peu.
Voilà pourquoi, à huit jours du vote, subsistent tant d'incertitudes et une forte tendance à l'abstention, précisément chez les mêmes.
Car contrairement à l'autosatisfaction affichée par Lionel Jospin, son bilan est beaucoup plus contrasté qu'il ne le laisse entendre. A certains égards, il est même décevant.
En vérité au parti socialiste et dans le très proche entourage de Lionel Jospin, des pressions considérables se sont exercées, et s'exercent aujourd'hui, souvent plus fortement encore pour pousser à droite, et faire la politique voulue par les marchés financiers, l'Europe de Maastricht et les tenants de la mondialisation capitaliste.
Ces pressions sont bien réelles. Elles sont telles qu'elles ont déjà abouti - notamment ces deux dernières années - à l'adoption de mesures tournant le dos à la politique que l'on attendait de la gauche.
Dans le même temps - et précisément parce que ce n'était pas le contrat moral sur lequel nous avions constitué, en 1997, ce que nous avons appelé la gauche plurielle - il y a eu, progressivement, le retour à de vieilles pratiques hégémoniques, tendant à rétrécir de plus en plus le pluralisme de la gauche, en imposant le point de vue du seul parti socialiste, souvent inspiré des thèses libérales de certains de ses dirigeants, et de leurs amis européens.
Et le parti socialiste a renoué, de la même façon, avec des comportements anciens à l'égard de ceux qui auraient dû être les interlocuteurs privilégiés de la gauche : les organisations syndicales, les associations, les citoyennes et les citoyens en général.
C'est dans ces conditions difficiles que les communistes n'ont pas baissé les bras, dans un rapport de forces, je le répète, défavorable.
On nous dit aujourd'hui, à longueur de commentaires, que ce rapport de forces serait définitif. La soumission aux objectifs des marchés financiers serait désormais, et pour toujours, complètement installée dans la société.
Il faudrait donc s'en accommoder. Et le parti communiste parce qu'il conteste radicalement le système capitaliste ne serait "plus dans le coup", ne serait plus "moderne". Il ne pourrait alors que s'affaiblir, jusqu'à disparaître. Eh bien non ! Je prétends que ce rapport de forces n'est figé ni au niveau des idées, ni au niveau politique !
Combien de fois, déjà, a-t-on voulu faire le coup aux Françaises et aux Français en leur expliquant qu'ils étaient définitivement acquis aux idées du capitalisme ? Combien de fois leur a-t-on martelé que le parti communiste, pour cette raison, ne comptait plus ? Et cependant : on a bien vu qu'il n'en était rien !
D'ailleurs, regardons ce qui se passe aujourd'hui, en France, en Europe et dans le monde. Quelles sont les idées qui progressent ? Les idées qui s'expriment de plus en plus souvent dans des manifestations de grande ampleur, auxquelles les communistes apportent leur concours ? Ce sont toutes des idées hostiles à l'inhumanité de la mondialisation capitaliste.
Chacune, chacun a le droit, bien sûr, de juger la façon dont le parti communiste a géré sa participation au gouvernement depuis 1997. Nous aurions dû mieux faire connaître nos propositions comme nos oppositions ? Cela se discute. Les élus communistes auraient pu voter différemment sur tel ou tel texte ? Cela peut évidemment se discuter aussi !
Cela dit, quoi qu'on en pense, le parti communiste reste le seul parti politique à gauche à porter concrètement, chaque jour, dans les luttes et dans la vie des institutions, les aspirations et les valeurs dont je viens de montrer qu'elles ne cessent de monter, en France et dans le monde. Et le seul, aussi, à se battre pour les traduire dans des actes concrets, jusque dans une majorité parlementaire, jusque dans un gouvernement !
J'ai la conviction que nous avons agi utilement il y a moins d'un an quand, ans un contexte difficile, la loi de modernisation sociale est venue en débat à l'Assemblée nationale !
J'ai la conviction que notre loi sur le contrôle des fonds publics accordés aux entreprises est utile pour donner des armes aux salariés, aux citoyens afin de faire progresser la citoyenneté à l'entreprise, et pour une meilleure efficacité économique !
J'ai la conviction que nous avons raison de refuser les privatisations. Et, je suis le seul des candidats issus de la majorité élue en 1997 à m'opposer résolument à celle d'EDF !
Oui, j'ai la conviction que tout cela est moderne et mobilisateur, parce que tout cela rejoint les besoins, les aspirations et les rêves de millions de citoyennes et de citoyens.
Alors non, vraiment, rien ne justifie l'idée selon laquelle le rapport de forces actuel serait figé. Et donner plus de suffrages au candidat communiste à l'élection présidentielle, c'est le bon moyen de faire bouger ce rapport de forces. Non pas pour des raisons étroitement partisanes, des questions de pouvoirs à conquérir, de représentativité du parti communiste, ou de tel ou tel de ses élus ou responsables.
C'est au service de celles et ceux qui n'en peuvent plus de la vie qu'ils mènent, qui veulent qu'on les écoute et qu'on les respecte que je veux, avec le vote en faveur de ma candidature, faire évoluer le rapport de forces pour ancrer la gauche plus à gauche.
Il est là, le moyen de déjouer le piège dans lequel on veut faire tomber les électrices et les électeurs, en les dépossédant de leur droit à faire prévaloir par leur vote les choix qui leur conviennent.
Et j'ajoute que c'est aussi le moyen de déjouer un autre piège tendu à la gauche française et que, peut-être, elle se tend elle-même.
Car enfin, pourquoi la gauche devrait-elle s'enliser dans une impasse dramatique : ou bien faire une politique tiédasse, sans portée mobilisatrice pour notre peuple, n'ayant d'autre ambition que de durer et, pour cela, cherchant à ne fâcher personne ; ou bien dériver carrément vers la droite, comme d'autres l'ont déjà fait, et comme on l'y invite avec insistance, de Bercy à la City de Londres, de Bruxelles à Wall Street ?
Franchement, s'il fallait accepter l'enfermement dans cette dangereuse alternative, la gauche ne pourrait aller qu'à l'échec électoral - en offrant à la droite une victoire par défaut - ou à court terme à un échec politique en provoquant la colère de celles et ceux qu'elle décevrait à coup sûr.
Vous qui êtes ici, vous le savez : le sens même de ma candidature, c'est de proposer aux Françaises et aux Français un moyen de dégager la gauche de l'alternative désastreuse que j'évoquais il y a un instant.
Je me bats, dans cette campagne, pour ancrer la gauche bien à gauche. Et cela exige, je l'ai dit et je veux y insister devant vous, un profond renouvellement dans trois directions.
D'abord il s'agit de conduire une autre politique, à l'initiative d'une gauche d'audace sociale, ayant le courage de dire non aux puissants de ce monde et aux diktats des marchés financiers. Une gauche entreprenante, sachant se procurer les moyens - particulièrement les moyens financiers - d'une politique fondant le progrès, et la croissance sur la satisfaction des besoins sociaux.
Il faut - c'est le second aspect - une gauche créative, sans tutelle ni hégémonie. C'est ce que j'ai appelé une "autre configuration politique à gauche", caractérisée par le respect de toutes les composantes de la gauche et de leurs apports plutôt que l'alignement sur un parti dominant.
Il faut, enfin, une gauche citoyenne, appuyant en permanence son action sur la transparence et la concertation. Avec les associations et les syndicats, et plus généralement avec les citoyens en sachant solliciter concrètement et le plus souvent possible l'initiative populaire.
Oui, c'est pour cela que je me bats dans cette campagne.
Il faut appeler un chat un chat : on a beau discourir sur la mort constamment annoncée du parti communiste, la vérité c'est qu'il y a besoin, bien besoin, de plus de communisme dans la gauche pour qu'elle soit bien à gauche et réponde à ce que l'on attend d'elle.
Plus de communisme dans la gauche, c'est-à-dire plus de détermination à lutter contre les inégalités et plus de sincérité dans l'engagement social. Plus de détermination, aussi, dans la résistance aux marchés financiers. Plus de détermination, encore, pour préserver et renforcer les atouts de la société française que constituent le tissu associatif et syndical, et l'aspiration grandissante à une citoyenneté plus active.
Plus de communisme dans la gauche, c'est plus de volonté de partage et de responsabilité, de promotion de la personne humaine, à l'opposé de la vision glacée des technocrates, ceux de droite comme ceux de gauche, avec leur insupportable suffisance, et leur arrogance sans limite.
Oui, cher-e-s ami-e-s et camarades, plus de communisme dans la gauche c'est nécessaire pour faire gagner la gauche, et pour qu'elle réussisse une autre politique !
Je suis convaincu que nous pouvons dans les dix jours qui viennent porter cette idée de façon très offensive auprès des électrices et électeurs encore indécis. C'est le moyen indispensable pour leur redonner des raisons d'espérer. De bonnes raisons d'intervenir le 21 avril avec le bulletin de vote communiste.
Je fais pour ma part des propositions précises qui peuvent permettre aux électrices et aux électeurs qui le voudront de donner corps à leur volonté de changement par le soutien à des mesures, des réformes concrètes.
Ce sont les supports indispensables pour un vote utile et efficace. Un vote de protestation contre les mauvais coups portés au monde du travail et de la création ; un vote de défense face à la volonté de revanche de la droite. Et inséparablement un vote de construction pour une autre politique à gauche.
Je ne vais pas bien sûr entrer ici dans le détail du projet de profonde transformation sociale que je défends.
C'est bien un projet transformateur, car si le plan d'urgence contre la précarité et les inégalités que je préconise est mis en uvre, c'est non seulement la vie quotidienne de plusieurs millions de nos concitoyens qui immédiatement, prends des couleurs. Mais c'est toute la société qui reprend sa marche en avant, pour plus de civilisation et plus de bonheur pour toutes et tous.
Il n'y a rien de plus transformateur, de plus révolutionnaire, de plus communiste que d'exiger, comme je le fais que les salaires, le Smic, les pensions de retraite et les minima sociaux cessent d'être écrasés par les revenus du capital, et que l'exiger cesse d'être considéré comme si l'on proférait des "gros mots" inconvenants !
Rien de plus communiste que de réclamer avec force que la moitié de la société, et même plus - les femmes - aient les mêmes possibilités d'accéder à toutes les responsabilités professionnelles, politiques, sociales et perçoivent à qualification égale, le même salaire que les hommes.
Quoi de plus révolutionnaire que de se fixer pour objectif d'en finir avec les inégalités devant l'école et la culture ? Quoi de plus révolutionnaire que de prendre des mesures concrètes contre l'échec scolaire ?
Quoi de plus révolutionnaire que de sécuriser le parcours de formation, l'accès à un premier emploi et la vie tout court des jeunes de 18 à 25 ans en leur accordant les moyens de leur autonomie ? Du jamais vu, du jamais fait ni ici, ni ailleurs.
Je ne connais rien de plus transformateur, de plus radicalement moderne que de vouloir accorder aux salariés et à leurs représentants les droits nouveaux qui leur permettront d'intervenir sur les choix de gestion et d'avenir de leurs entreprises.
Rien de plus révolutionnaire encore que de fonder le processus de transformation de la société sur l'intervention et le vote majoritaire des citoyens auxquels je propose de donner des pouvoirs pour, qu'à tous les niveaux, ils puissent se faire entendre.
Si pour la première fois aussi, en France et en Europe le dirigeant politique que je suis, le candidat à l'élection présidentielle, propose que l'indispensable mobilité des salariés aille de pair avec une garantie de ressources, de formation et de droits, ce n'est pas un hasard. C'est que je suis communiste et que j'entends l'être toujours plus efficacement.
Oui, communiste et donc partisan acharné du développement et de la transformation des services publics. Oui, communiste et parce que communiste privilégiant l'embauche des jeunes plutôt que l'allongement de la durée des cotisations pour la retraite !
Et je veux le dire ici avec la plus grande fermeté : je ne transigerai jamais sur le droit à une retraite pleine à 60 ans. Je suis pour les 37 annuités ½ pour tout le monde, et pour le maintien des régimes spéciaux.
Oui, communiste et parce que communiste, donc humaniste, profondément convaincu qu'il faut régulariser les sans papiers, accorder le droit de vote aux résidents étrangers, abolir la double peine et restaurer le droit d'asile.
Oui, communiste, partisan sans réserve d'annuler la dette des pays pauvres ; d'augmenter l'aide publique que la France consacre à leur développement ; de créer un fonds de réparation sous l'égide de l'ONU, alimenté par une taxation de type Tobin. Partisan de stabiliser les prix des matières premières, comme de mettre en place un plan d'urgence contre le sida.
Oui, communiste enfin et parce que communiste, le seul candidat qui, pour que la vie de l'immense majorité de nos concitoyens soit meilleure, plus riche et plus belle, propose qu'on utilise une part des 500 milliards d'euros détenus par les familles les plus riches et qui, à 80 %, échappent légalement à l'impôt.
Une part aussi des 4 574 milliards d'euros - près de 20 fois le budget de la France - d'actions et d'obligations avec lesquels les grandes entreprises spéculent en bourse, sur les marchés financiers et dans les paradis fiscaux.
Ne comptons sur personne d'autre que nous-mêmes pour montrer que la candidature communiste au premier tour a pour objectif d'ouvrir une nouvelle perspective politique à gauche. Afin de donner une nouvelle chance à la gauche de faire vraiment la politique que nos concitoyens sont en droit d'attendre d'elle.
Nous avons 8 jours pour les en convaincre.
Cela dépend de nous toutes et tous. Je m'y emploie de toutes mes forces. Les militantes et militants, les élu-e-s, les candidates et candidats aux élections législatives, s'y emploient également.
Huit jours de ce travail de conviction, "pied à pied", dans tout le pays, cela peut et doit beaucoup compter ; cela peut et doit changer beaucoup de choses.
Cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camaradesmilitantes et militants, rien n'est écrit : j'ai confiance.
(source http://www.roberthue2002.net, le 16 avril 2002)
Déclaration à Lille le 17 avril 2002
Mesdames, Messieurs, cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,
Je veux d'abord dire mon plaisir d'être avec vous ce soir, à Lille, capitale de cette terre du Nord à la fois si combative et si fraternelle.
Nous sommes dans la toute dernière ligne droite avant le premier tour de l'élection présidentielle. C'est de cela que je veux vous parler, bien sûr.
Mais, vous comprendrez, j'en suis sûr, que je veuille dire auparavant quelques mots de la situation dramatique au Proche-Orient. L'extrême violence des opérations militaires conduites par l'armée israélienne s'accompagne de pertes humaines et de destructions matérielles considérables. Je veux dire toute ma solidarité au peuple palestinien, au Président de l'Autorité palestinienne : Yasser Arafat.
Toute ma solidarité aux forces de paix en Palestine et en Israël, qui luttent dans des conditions difficiles pour une solution politique mettant fin à la guerre et à la violence.
Je me suis adressé au secrétaire général de l'ONU, pour lui dire "Il faut agir". C'est urgent, il faut arrêter le terrible engrenage et il n'y a qu'une solution : les Nations unies doivent faire respecter les résolutions internationales qui exigent l'arrêt des combats et le retrait des troupes israéliennes. Il faut, par conséquent, envoyer sur place une force internationale de protection et de paix.
C'est le seul moyen de mettre un terme à l'horreur de la guerre ; le seul moyen d'en finir avec les attentats terroristes, que nous réprouvons ; et le seul moyen d'engager les discussions politiques permettant de déboucher sur la sécurité et la paix pour les peuples concernés, avec la reconnaissance d'un Etat souverain pour le peuple palestinien.
Une délégation du parti communiste vient de se rendre sur place. Elle a porté ce message et ces propositions, et je puis vous dire que les forces de paix, en Palestine et en Israël, les accueillent très favorablement.
Alors, en France et en Europe, restons mobilisés et actifs au service de ces objectifs de paix et de respect pour les peuples de Palestine et d'Israël.
J'en viens à présent au premier tour de l'élection présidentielle. Pour dire d'abord, ceci : rien n'est joué. Au contraire : tout est ouvert.
Il y a 16 candidates et candidats, une proportion très importante de l'électorat qui envisage de s'abstenir et, parmi celles et ceux qui vont voter, l'indécision à quelques jours du scrutin est encore forte.
Beaucoup de choses peuvent se passer dans les quelques jours qui viennent, et même encore dimanche dans la journée.
Non les Françaises et les Français ne sont pas indifférents à l'élection présidentielle. Ils jugent, en revanche très sévèrement, et je les comprends, la façon dont cette élection a été abordée, avec la volonté d'en escamoter les enjeux ; de priver les électrices et les électeurs des moyens de se prononcer en toute connaissance de cause pour exprimer leurs choix pour la politique qui sera faite dans les années à venir.
Car c'est de cela qu'il est question : quelle politique va être faite, après les élections électorales de ce printemps 2002 ? Est-ce que les inégalités sociales, les injustices, le chômage, la précarité et les difficultés de la vie pour le plus grand nombre vont continuer à s'aggraver ? Est-ce que la France va continuer à subir la loi des marchés financiers imposée par la mondialisation capitaliste ?
Ou bien va-t-on se décider enfin à dire non aux inégalités, aux injustices, à la mal vie ; à dire non aux diktats des marchés financiers et des puissants de ce monde ; va-t-on se décider à faire vraiment une politique nouvelle, répondant aux attentes de notre peuple ?
Evidemment ce n'est pas la droite qui peut mener une telle politique. Mais ce n'est pas non plus ce qu'a fait la gauche depuis 1997. Il faut être clair à ce point de vue. Des choses positives ont été faites, et les communistes y ont beaucoup contribué.
Mais faute de faire, comme nous n'avons cessé de le proposer, des choix radicalement opposés aux volontés des milieux du grand patronat, de la finance et de l'Europe maastrichienne ; des choix radicalement tournés vers le combat contre les inégalités, vers une grande politique sociale et une pratique résolument citoyenne donnant aux salariés dans les entreprises et aux citoyens dans la société des pouvoirs nouveaux pour faire prévaloir leurs intérêts Faute de faire ces choix en faveur desquels, encore une fois nous, n'avons cessé de nous battre, la politique suivie n'a pas été à la hauteur de ce que notre peuple attendait en portant la gauche au pouvoir en 1997.
Disons-le franchement : cette politique a manqué d'audace et de détermination. Elle n'a pas été assez à gauche. C'est cela le problème auquel nous sommes confrontés.
Et parce que nous sommes communistes nous ne baissons pas les bras. Jamais nous ne l'avons fait. Jamais nous ne le ferons.
A quoi servirions-nous, en quoi serions-nous communistes si nous nous contentions de constater que la gauche n'a pas été assez à gauche ; si nous nous contentions de redouter qu'elle dérive encore plus vers la droite, comme cela s'est fait dans d'autres pays européens ?
A quoi servirions-nous, en quoi serions-nous communistes si devant cette situation nous ne proposions pas aux Françaises et aux Français, aux électrices et électeurs qui font confiance au Parti communiste et à ses élus, et au-delà, aux hommes et aux femmes de gauche, le moyen d'intervenir pour ramener la gauche bien à gauche, l'y ancrer solidement, et ainsi battre la droite et faire avec détermination la politique vraiment de gauche qu'ils attendent ?
Nous ne sommes pas des pleureuses. Nous ne sommes pas des protestataires impuissants à proposer les moyens du changement, et attendant qu'un jour "la révolution" passe et règle comme par enchantement les problèmes auxquels ils n'ont pas eu le courage politique de s'affronter concrètement !
Nous sommes les communistes. Nous ne nous résignons pas à l'aggravation des inégalités et de la mal vie. Nous luttons pour changer les choses, pour transformer la société et changer le monde. Et pour l'heure, cela implique de changer la gauche afin qu'elle puisse répondre aux attentes de notre peuple.
C'est pour cela qu'avec ma candidature, pour le premier tour de cette élection présidentielle, dimanche prochain, nous proposons aux électrices et aux électeurs d'intervenir avec nous pour dire qu'ils veulent une gauche bien à gauche, avec une politique qui s'attaque résolument aux maux dont ils souffrent.
Le nombre de suffrages qui, dimanche soir, se seront portés sur mon nom, aura des conséquences primordiales, non pas dans l'abstrait, non pas en termes de pouvoir ou de place pour tel ou tel, mais des conséquences primordiales sur votre vie quotidienne, sur l'avenir de vos enfants, sur celui des retraites, des services publics, de notre système de formation et de santé comme sur votre sécurité, sur la vie et l'avenir de notre pays.
On le sait : au second tour, c'est Lionel Jospin et Jacques Chirac qui s'opposeront pour l'élection du Président de la République. Et cela ne fait aucun doute pour les communistes : il faudra battre la droite.
Mais on n'y parviendra qu'à la condition que des millions d'hommes, de femmes, de jeunes soient convaincus qu'en battant la droite, ils ouvriront la voie à la mise en uvre d'une politique nouvelle. D'une politique qui, cette fois, réponde à ce qu'ils attendent de la gauche.
C'est tout l'enjeu du vote communiste de dimanche prochain.
Oui, je veux contribuer de toutes mes forces à battre la droite et à mettre en échec l'extrême droite de Le Pen et Mégret.
Permettez-moi d'y insister : la victoire de la droite, la réélection de Chirac serait un danger pour notre peuple, un danger pour la France. Chirac fait tout pour se montrer rassurant. Mais derrière l'apparence, il faut voir les réalités.
Si au lieu d'être "super menteur", Chirac devenait (par miracle il faut bien le dire) "super sincère", il en dirait des choses !
Il dirait qu'il veut mettre en concurrence la sécurité sociale et les assurances privées et qu'au bout de cela on aurait un système de santé de qualité pour les riches et un système de santé médiocre pour les autres... D'autres pays en sont déjà là !
Si Chirac, au lieu de "super menteur" devenait "super sincère", il dirait qu'il veut que l'on puisse spéculer en bourse avec l'argent des retraites. Il dirait qu'il a déjà accepté que le droit à la retraite recule d'au moins cinq ans, et qu'il soit mis fin aux régimes spéciaux, comme son Premier ministre, Alain Juppé, a tenté de le faire en 1995.
Si par miracle, il devenait "super sincère" Chirac dirait qu'il entend privatiser les services et entreprises publics. La Poste, Air-France, EDF-GDF, la SNCF seraient, soyez-en sûrs, livrés aux appétits de la finance. Et il avouerait que la droite et l'extrême droite veulent profiter des prochains départs massifs en retraite pour réduire le nombre des enseignants, des infirmières, des juges et des policiers.
Oui, Chirac devenu miraculeusement "super sincère" avouerait que son programme est tout entier inspiré par le Medef, le grand patronat, les milieux des affaires et de la finance, les grands possédants et les puissants de France et d'ailleurs.
Oui, Chirac devrait dire que tout ce beau monde n'a qu'une seule ambition : remodeler la France afin d'y effacer ce que grâce aux luttes sociales et politiques, des générations de salariés de toutes catégories, d'hommes et de femmes du peuple ont arraché comme conquêtes et comme droits.
Il révélerait que son objectif, l'objectif de la droite et de l'extrême droite, est de mettre un terme à l'exceptionnalité française, à ce qui fait l'originalité de notre pays, qui sert souvent de référence aux autres peuples et auquel le parti communiste a beaucoup contribué tout au long de son histoire.
Mais il n'y aura pas de miracle, Chirac ne deviendra pas "super sincère" ! Il ne dira pas tout cela. Alors, vous, dites-le pour lui !
D'ici dimanche, dans vos familles, au travail, et là où vous vivez, alertez sur la réalité du programme de Chirac. Alertez sur ce qu'il adviendrait, s'il l'emportait, si avec lui, la droite et l'extrême droite sortaient victorieuses de ces élections.
Vos le savez bien, face à leur programme dévastateur, il y a urgence à faire partager plus largement l'ambition qui est la mienne - qui est aussi la vôtre, je le sais - de contribuer à ce qu'émerge du premier tour une gauche bien à gauche décidée à le rester car c'est la condition pour pouvoir battre la droite et l'extrême droite.
Et pour cela - pour que la gauche soit bien à gauche - il faut que le Parti communiste pèse davantage, que la politique qu'il propose soit davantage prise en compte.
Chacune, chacun a le droit, bien sûr, de juger la façon dont le parti communiste a géré sa participation au gouvernement depuis 1997. Nous aurions dû mieux faire connaître nos propositions comme nos oppositions ? Cela se discute. Les élus communistes auraient pu voter différemment sur tel ou tel texte ? Cela peut évidemment se discuter aussi !
Cela dit, quoi qu'on en pense, le parti communiste reste le seul parti politique à gauche à porter concrètement, chaque jour, dans les luttes et dans la vie des institutions, les aspirations et les valeurs dont je viens de montrer qu'elles ne cessent de monter, en France et dans le monde. Et le seul, aussi, à se battre pour les traduire dans des actes concrets, jusque dans une majorité parlementaire, jusque dans un gouvernement !
Vous en savez quelque chose, ici dans le Nord, avec les batailles menées par vos parlementaires Alain Bocquet, Michèle Demessine, Georges Hage, Patrick Leroy, Ivan Renar, et avec le rôle qu'a joué au gouvernement, notre amie Michèle Demessine.
J'ai la conviction que nous avons agi utilement avec nos députés et avec Alain Bocquet, il y a moins d'un an quand, dans un contexte difficile, la loi de modernisation sociale est venue en débat à l'Assemblée nationale !
J'ai la conviction que notre loi sur le contrôle des fonds publics accordés aux entreprises est utile pour donner des armes aux salariés, aux citoyens afin de faire progresser la citoyenneté à l'entreprise, et pour une meilleure efficacité économique !
J'ai la conviction que nous avons raison de refuser les privatisations. Et, je suis le seul des candidats issus de la majorité élue en 1997 à m'opposer résolument à celle d'EDF ! Le seul à refuser ce que Jacques Chirac et Lionel Jospin ont accepté à Barcelone. Le seul à me situer du côté de ceux qui manifestaient ce jour-là.
Oui, j'ai la conviction que tout cela est moderne et mobilisateur, parce que tout cela rejoint les besoins, les aspirations et les rêves de millions de citoyennes et de citoyens.
Alors non, vraiment, rien ne justifie l'idée selon laquelle le rapport de forces actuel serait figé. Et donner plus de suffrages au candidat communiste à l'élection présidentielle, c'est le bon moyen de faire bouger ce rapport de forces. Non pas pour des raisons étroitement partisanes, des questions de pouvoirs à conquérir, de représentativité du parti communiste, ou de tel ou tel de ses élus ou responsables.
C'est au service de celles et ceux qui n'en peuvent plus de la vie qu'ils mènent, qui veulent qu'on les écoute et qu'on les respecte que je veux, avec le vote en faveur de ma candidature, faire évoluer le rapport de forces pour ancrer la gauche plus à gauche.
Il est là, le moyen de déjouer le piège dans lequel on veut faire tomber les électrices et les électeurs, en les dépossédant de leur droit à faire prévaloir par leur vote les choix qui leur conviennent.
Elle est là l'utilité du vote communiste, dimanche prochain.
Il faut regarder la vérité en face. Au parti socialiste, et dans le très proche entourage de Lionel Jospin, des pressions considérables se sont exercées, et s'exercent aujourd'hui, souvent plus fortement encore, pour pousser à droite, et faire la politique voulue par les marchés financiers, l'Europe de Maastricht et les tenants de la mondialisation capitaliste.
Ces pressions sont bien réelles. Elles sont telles qu'elles ont déjà abouti - notamment ces deux dernières années - à l'adoption de mesures tournant le dos à la politique que l'on attendait de la gauche.
Dans le même temps - et précisément parce que ces mesures ne correspondaient pas à l'accord sur lequel nous avions constitué, en 1997, ce que nous avons appelé la gauche plurielle - il y a eu, progressivement, le retour à de vieilles pratiques hégémoniques, tendant à rétrécir de plus en plus le pluralisme de la gauche, en imposant le point de vue du seul parti socialiste, souvent inspiré des thèses libérales de certains de ses dirigeants, et de leurs amis européens.
Et le parti socialiste a renoué, de la même façon, avec des comportements anciens à l'égard de ceux qui auraient dû être les interlocuteurs privilégiés de la gauche : les organisations syndicales, les associations, les citoyennes et les citoyens en général.
Eh bien il faut changer cela. Je veux changer cette gauche-là parce que c'est la gauche qui perd.
La gauche qui ne pourrait aller qu'à l'échec électoral - en offrant à la droite une victoire par défaut - ou à court terme à un échec politique en provoquant la colère de celles et ceux qu'elle décevrait à coup sûr.
Vous qui êtes ici, vous le savez : le sens même de ma candidature, c'est de proposer aux Françaises et aux Français un moyen de peser, d'agir efficacement pour une gauche qui gagne parce que bien à gauche.
Cela exige un profond renouvellement dans trois directions.
D'abord il s'agit de conduire une autre politique, à l'initiative d'une gauche d'audace sociale, ayant le courage de dire non aux puissants de ce monde et aux diktats des marchés financiers. Une gauche entreprenante, sachant se procurer les moyens - particulièrement les moyens financiers - d'une politique fondant le progrès, et la croissance sur la satisfaction des besoins sociaux.
Il faut - c'est le second aspect - une gauche créative, sans tutelle ni hégémonie. C'est ce que j'ai appelé une "autre configuration politique à gauche", caractérisée par le respect de toutes les composantes de la gauche et de leurs apports plutôt que l'alignement sur un parti dominant.
Il faut, enfin, une gauche citoyenne, appuyant en permanence son action sur la transparence et la concertation. Avec les associations et les syndicats, et plus généralement avec les citoyens en sachant solliciter concrètement et le plus souvent possible l'initiative populaire.
Oui, c'est pour cela que je me bats dans cette campagne.
Je me bats pour plus de communisme dans la gauche, c'est-à-dire plus de détermination à lutter contre les inégalités et plus de sincérité dans l'engagement social. Plus de détermination, aussi, dans la résistance aux marchés financiers. Plus de détermination, encore, pour préserver et renforcer les atouts de la société française que constituent le tissu associatif et syndical, et l'aspiration grandissante à une citoyenneté plus active.
Plus de communisme dans la gauche, c'est plus de volonté de partage et de responsabilité, de promotion de la personne humaine, à l'opposé de la vision glacée des technocrates, ceux de droite comme ceux de gauche, avec leur insupportable suffisance, et leur arrogance sans limite.
Oui, cher-e-s ami-e-s et camarades, plus de communisme dans la gauche c'est nécessaire pour faire gagner la gauche, et pour qu'elle réussisse une autre politique !
Si le vote communiste le 21 avril pèse suffisamment lourd, alors cette perspective pourra s'ouvrir parce que le monde du travail et de la création sera plus fort.
Si le vote communiste le 21 avril pèse suffisamment lourd nul ne pourra ignorer les 25 engagements que je porte dans cette campagne.
Par exemple, mon premier engagement, absolument prioritaire : il faut en finir en France, ce pays parmi les plus puissants et les plus riches du monde avec les inégalités, les discriminations et l'exclusion dont sont victimes des millions de femmes et d'hommes. C'est insupportable.
De ce point de vue, la gauche a raté le coche entre 1997 et 2002. Les Françaises et les Français le lui reprochent : ils ont raison.
Quant à moi, je suis pour la tolérance zéro à l'égard des inégalités et des injustices. Je propose un plan d'urgence sociale, à mettre en oeuvre dès après les scrutins du printemps.
Il comporte sept mesures, précises et réalistes :
Premièrement, une augmentation mensuelle de 300 euros du Smic, des petites retraites et des minima sociaux, avec une première hausse de 10 % dès le 1er juillet.
Deuxièmement, une égalité salariale et professionnelle entre les hommes et les femmes, à atteindre dans les cinq ans à venir grâce à une loi contraignante et à des mesures fiscales incitatives.
Troisièmement, une allocation d'autonomie de 700 euros mensuels proposée aux jeunes de 18 à 25 ans. Pas de démagogie, cela va coûter beaucoup d'argent et ne pourra se faire que progressivement, en prenant en compte la situation de chacun et notamment en transférant les crédits aujourd'hui utilisés à accompagner la précarité. C'est pourquoi je propose de commencer par les 20% de jeunes qui en ont le plus besoin.
Une société moderne doit consacrer des moyens nouveaux à ce que la jeunesse puisse se former et accéder à un emploi utile.
C'est d'investissement humain que je parle devant vous. Cela a un coût, certes, mais c'est tout autre chose, c'est autrement plus moderne et efficace que les gâchis financiers qui ruinent leur avenir pour le profit d'une petite minorité de boursicoteurs.
Je propose aussi, quatrièmement, un droit à la retraite avant 60 ans pour les salariés qui ont 160 trimestres de cotisation. Et je ne transigerai jamais sur le droit à une retraite pleine à 60 ans, sur le maintien des régimes spéciaux et les 37 annuités ½ pour tous, dans le public et le privé.
Le parti socialiste et le gouvernement ont repoussé cette proposition communiste à l'Assemblée nationale. Moi, je me bats, je continuerai de me battre pour la faire entrer dans la vie.
Cinquièmement, l'ouverture de négociations salariales dans les fonctions publiques et les secteurs nationalisés en vue d'un plan de rattrapage et de reconnaissance des qualifications, étalé sur deux ans
Je suis le seul à "oser" parler concrètement de salaires et de pouvoir d'achat, dans une France qui est devenue un pays de bas salaires. Eh bien, sur cette question non plus, on ne me fera pas taire !
Sixièmement, un plan de construction de logements sociaux et une accélération forte du rééquilibrage des modes de transports en faveur du ferroviaire, avec une priorité au ferroutage.
Septièmement, le droit de vote accordé aux résidents étrangers, la régularisation des sans-papiers, l'abandon de la double peine et le respect du droit d'asile.
Je maintiens que si la gauche ne fait pas de la lutte contre les inégalités une grande cause nationale, alors elle ratera encore le coche. Car c'est sur cette question qu'il y a légitimement le plus d'incompréhension, de déceptions, de frustrations à l'égard de l'action conduite depuis 5 ans par le gouvernement.
Et c'est sur ces sentiments que "surfent" les candidats qui font du populisme et du "tous pourris" leur seul argument électoral. Avec un risque considérable, celui de voir la droite et l'extrême droite tirer leur épingle du jeu par défaut, et l'emporter à l'élection présidentielle et, dans la foulée aux élections législatives.
Moi, je veux, au contraire, de toutes mes forces, que la droite soit battue ! Pour y parvenir, la gauche doit être fermement ancrée à gauche ! Et pour qu'elle soit fermement ancrée à gauche il n'y a qu'un moyen : un vote en faveur de ma candidature le 21 avril, suffisamment fort pour peser afin qu'il en soit bien ainsi.
On me dit parfois : "Mais, où trouvez-vous les moyens de financer vos engagements ?"
Vous l'aurez remarqué, personne, sauf moi, ne parle "argent" dans cette campagne.
Moi, je mets "cartes sur table". Je propose de réformer la fiscalité directe et indirecte avec un taux de TVA ramené à 18,5 % et des baisses sélectives sur plusieurs produits et services, un allègement de l'impôt sur le revenu pour les foyers modestes ou moyens, compensé par une hausse du prélèvement sur les grandes fortunes et sur les revenus financiers du capital.
Avec, aussi, une modulation de l'impôt sur les sociétés, qui favorise les entreprises misant sur l'emploi, la formation et les salaires, et qui pénalise celles qui préfèrent la finance. Cette modulation serait un levier dont l'Etat disposerait pour inciter à l'ouverture de négociations salariales dans le secteur privé.
Toujours pour une vraie réforme de la fiscalité, je propose d'intégrer les actifs financiers des entreprises - soit 4 300 milliards d'euros - dans le calcul de la taxe professionnelle. Cela avantagera les PME, les PMI et le petit commerce. Je suis pour une taxe d'habitation qui soit plus juste et moins lourde pour les foyers modestes ou à revenus moyens.
Je propose aussi de doubler le rendement de l'impôt sur les grandes fortunes et de renforcer considérablement les moyens de lutte contre la fraude fiscale.
Voilà pour la fiscalité.
Quant à l'emploi, je dis qu'il faut, qu'il est nécessaire et possible de se fixer pour objectif l'éradication réelle du chômage. Le chômage et la précarité sont de véritables cancers, qui ruinent le présent et hypothèquent l'avenir.
Tout le monde en est victime : les salariés les plus modestes, les cadres et techniciens, les chercheurs et les intellectuels ! Quel gâchis d'intelligences, de savoir-faire, de compétences !
Je ne prétends pas que "demain on rasera gratis", dans ce domaine. Par contre j'affirme que l'on ne peut se contenter de "demi-mesures", de "solutions" à la marge, qui laissent intactes la toute puissance des marchés financiers sur l'activité économique et sur l'emploi.
Et j'ajoute que les défis technologiques contemporains exigent obligatoirement de penser dans des termes inédits les questions de la formation, de l'accès à l'emploi, du passage de l'un à l'autre tout au long de la vie.
D'où ma proposition d'un système sécurisant le parcours de tous les salariés, et leur permettant ce passage tout au long de la vie avec le maintien de leurs garanties, de leurs acquis, du point de vue social aussi bien que professionnel.
J'ajoute que vouloir traiter de ces questions et faire des promesses mirobolantes sans jamais rien dire - c'est le cas d'à peu près tous les candidats - des règles de fer du pacte de stabilité et des exigences de la Banque centrale européenne c'est se moquer du monde.
Je suis un partisan résolu de la Construction européenne. J'ai la conviction qu'elle peut avoir un bel avenir, à condition toutefois de ne pas, de ne plus reposer sur les volontés des marchés financiers et des technocrates coupés des réalités, exerçant leurs responsabilités sans aucun contrôle démocratique.
C'est cela qui conduit aux aberrations et aux graves régressions économiques, sociales et démocratiques que nous ne connaissons que trop bien.
Est-il besoin ici, d'évoquer les responsabilités de l'Europe des marchés financiers dans la véritable catastrophe industrielle et économique qui a secoué votre région ?
Est-il besoin d'évoquer les directives européennes concernant la chasse et leurs conséquences négatives sur la pratique de la chasse populaire, démocratique ? Est-il besoin de dire combien l'agriculture, les agriculteurs et la ruralité en général ont eu à souffrir du traité de Maastricht ?
Dans ce domaine, je prétends qu'il faut renégocier ce traité, et sortir l'agriculture des discussions de l'OMC. La "globalisation" dont on nous rebat les oreilles n'a qu'un objectif : servir les intérêts des immenses puissances de l'agroalimentaire.
Elle veut mettre en concurrence des territoires, des pratiques agricoles qui sont très différents. On ne produit pas de la même façon en France et en Europe qu'au Brésil ou en Afrique. Et cette "marche forcée" à la rentabilité financière se paye, lourdement, par la baisse de qualité des productions, par une moindre sécurité alimentaire, par la désertification de régions entières, par la ruine des producteurs.
Cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,
De tout mon cur - vous l'avez senti - de toute ma force de conviction - et je voudrais la faire partager le plus largement possible - j'ai exposé devant vous les grandes lignes de mes propositions.
Je suis convaincu que nous pouvons le porter de façon très offensive auprès des électrices et électeurs encore indécis. C'est le moyen indispensable pour leur redonner des raisons d'espérer. De bonnes raisons d'intervenir dimanche prochain avec le bulletin de vote communiste.
Je suis sûr qu'ensemble nous pouvons y parvenir si, dans les heures qui viennent, nous faisons ce qu'il faut pour convaincre ceux qui hésitent encore, qui n'ont pas définitivement arrêté leur choix ou qui sont tentés par l'abstention.
Oui, dans votre entourage, dans le village, le quartier ou à l'entreprise, vous pouvez gagner encore des milliers de voix au moment où un nombre considérable de parents, d'amis, de collègues de travail s'apprêtent à décider de leur vote dans les derniers jours et les dernières heures même.
Jamais, ils n'ont été aussi nombreux si près du premier tour d'une élection présidentielle. C'est dire l'efficacité de tout ce que vous allez entreprendre d'ici dimanche pour leur montrer combien voter communiste sera utile pour eux, pour leurs proches, pour la gauche et le pays.
Et je veux ajouter autre chose, ici, dans cette région où les électrices et les électeurs communistes sont traditionnellement nombreux.
Ce que je veux souligner avec force - et en appelant chacune et chacun à y réfléchir - c'est que les électrices et électeurs communistes ont toujours su, dans les moments importants et quels que soient leurs doutes, leurs interrogations, voire leurs critiques à l'égard du Parti communiste, se retrouver pour intervenir ensemble - notamment par leur vote - pour infléchir dans le bon sens la politique du pays.
Et à chaque fois qu'ils l'ont fait, d'autres électrices et électeurs de gauche se sont joints à eux pour peser eux aussi dans le bon sens.
Je suis persuadé qu'aujourd'hui, beaucoup de ces électrices et électeurs sont en train de réfléchir et de penser qu'une fois encore ils peuvent intervenir de façon décisive avec leur bulletin de vote pour le candidat du Parti communiste.
Mesdames, Messieurs, cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,
J'ai confiance !
(source http://www.roberthue2002.net, le 19 avril 2002)
Mesdames, Messieurs, cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,
Je suis très heureux d'être parmi vous ce soir, à Tulle. Je veux remercier les militantes et militants communistes qui ont organisé ce rassemblement et toutes celles, tous ceux qui, dans la diversité de leur sensibilité me font l'amitié d'y participer.
C'est du premier tour de l'élection présidentielle que je veux parler. Mais auparavant, vous comprendrez que j'évoque la situation extrêmement préoccupante qui règne au Proche-Orient. Le peuple palestinien vit en ce moment un véritable cauchemar. Aux victimes civiles des bombardements, des fusillades, s'ajoutent les destructions massives d'infrastructures d'autant plus vitales qu'elles sont déjà très insuffisantes.
Et pourtant : Sharon et l'armée israélienne demeurent obstinément sourds aux appels à la raison que leur adresse la communauté internationale. Non seulement cette politique est inhumaine, mais elle n'atteindra aucun des objectifs qu'elle prétend poursuivre. Elle ne mettra pas un terme au terrorisme aveugle - que je condamne avec la plus grande fermeté - mais au contraire elle incitera les organisations extrémistes à y recourir davantage.
Elle ne contribuera pas davantage à ce qui est l'essentiel : la paix, la sécurité et le droit à une terre pour les peuples palestinien et israélien. Aujourd'hui, il y a urgence. Sharon doit respecter la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui demande le retrait des territoires palestiniens ; il faut envoyer sur place une force internationale de protection et de paix, sous l'égide de l'ONU ; il faut, enfin, l'ouverture sans conditions d'un processus politique de négociation, par exemple sur la base de la proposition saoudienne, reprise par le sommet arabe de Beyrouth.
Et la France, les plus hautes autorités de notre pays, c'est-à-dire le Président de la République et le Premier ministre, doivent agir en ce sens avec bien plus de persévérance et d'exigence à l'égard des autorités israéliennes.
Je voulais dire cela devant vous, cher-e-s ami-e-s et camarades, car nous avons le devoir d'agir, de tout faire pour qu'il soit mis un terme rapide et définitif aux humiliations et aux agressions infligées au peuple palestinien, à l'autorité palestinienne et à son chef, Yasser Arafat, seul interlocuteur possible pour un règlement politique du conflit.
Et les forces de paix, en Israël et en Palestine, attendent de nous que nous leur manifestions notre soutien en ce sens. C'est tout le sens de la délégation du parti communiste que conduit mon ami André Lajoinie et qui se trouve sur place.
J'en viens à présent à l'élection présidentielle. Et plus précisément au premier tour, qui aura lieu dans 8 jours, le 21 avril.
Il est décisif, puisque c'est lui qui va déterminer le contenu de la politique qui sera conduite après les élections.
Il aura des conséquences primordiales sur votre vie quotidienne, sur l'avenir de vos enfants, sur celui des retraites, des services publics, de notre système de formation et de santé comme sur votre sécurité.
Cela vaut donc le coup qu'on prenne le temps d'y réfléchir. Et de le faire en toute tranquillité car nous sommes sûrs, au deuxième tour, de retrouver face à face Jospin et Chirac. Sûrs donc de pouvoir voter contre ce dernier pour battre la droite.
Parce que de toutes mes forces je veux la battre et écarter Jacques Chirac.
Je sais qu'il tient en ce moment même meeting à Ussel. Ici, vous le connaissez bien. Vous connaissez ses facultés de dissimulation. Vous avez déjà vu cet air patelin qu'il affiche dans cette campagne. Vous savez mieux que quiconque ce qu'il cache.
Au-delà de l'image qu'il se donne, la pensée et l'action politiques de Jacques Chirac sont complètement inspirées des dogmes du libéralisme. Quoi qu'il en dise, il épouse totalement les rêves de revanche du baron Seillière, du Medef, du milieu de l'affairisme et de la finance, des nantis et des puissants.
Jacques Chirac, c'est sans doute "super menteur", mais c'est surtout "super réac", avec derrière lui la cohorte de tous les politiciens de la vieille droite antisociale et anti-populaire qui veulent une revanche sans merci mettant en pièce tous les acquis sociaux, économiques et démocratiques que le mouvement social a permis en France.
Oui, battre la droite, faire mordre la poussière au sinistre Le Pen, voilà ce à quoi je vous appelle. Voilà ce à quoi sert ma candidature.
Comment y parvenir ? Telle est bien la question qui nous est posée, inséparable d'une autre - capitale - qui est de s'assurer que la politique qui sera menée demain réponde bien, cette fois, à ce que vous attendez de la gauche.
Or, de ce point de vue, le scepticisme des électrices et des électeurs est grand. Si grand même qu'à une semaine du vote, une majorité d'entre eux continuent à hésiter ou se préparent à s'abstenir. Du jamais vu à l'occasion d'une élection présidentielle.
Un "jamais vu" qui s'explique, que je comprends, mais auquel je ne me résigne pas.
Oui, il s'explique d'abord par les cinq années de cohabitation qui viennent de s'écouler et par la politique menée par le gouvernement de Lionel Jospin.
Je veux être clair à ce propos. Cette politique s'est incontestablement distinguée de celle conduite précédemment par Alain Juppé. Distinguée aussi de celles que mènent Tony Blair en Angleterre et Gerhard Schröder en Allemagne.
Si en Europe, tous les commentateurs évoquent l'axe Blair, Aznar, Berlusconi, il ne vient à l'idée de personne d'y ajouter le nom de Lionel Jospin.
S'il en est ainsi, on le doit beaucoup à l'engagement des communistes ! On le doit beaucoup aux électrices et aux électeurs qui, en 1997, nous ont accordé leur confiance.
On le doit beaucoup à notre décision de participer au gouvernement, décision courageuse dans un rapport des forces infiniment plus favorable au parti socialiste qu'à nous-mêmes.
Les communistes ont fait ce choix parce qu'ils ont à cur de contribuer à améliorer le sort de leurs concitoyens. A cur d'obtenir tous les résultats - aussi petits soient-ils - en ce sens.
D'autres ont préféré rester sur le bord du chemin. Partisans du "tout ou rien" qui en réalité ne débouche sur rien, ils ont compté les points en criant très fort et en misant sur l'échec pour se faire une santé.
Aujourd'hui encore, ils invitent au pire en refusant de choisir entre la gauche et la droite. Or, vous savez tous que cela sert toujours la droite. Je ne mange pas de ce pain-là !
Je choisis mon camp : celui de la gauche, celui du monde du travail et de la création. Oui, en 1997, nous avons bien fait de choisir notre camp. Bien fait de participer au gouvernement et de prendre nos responsabilités. Nos militantes et militants sur le terrain, nos élus au parlement et nos ministres au gouvernement n'ont pas à rougir - bien au contraire - de ce qu'ils ont apporté et obtenu.
Le vote communiste de 1997 a permis de peser sur la politique de Lionel Jospin.
Eh bien, je vous le dis, avec beaucoup de conviction, le vote communiste du 21 avril sera lui aussi très utile. Il sera même le seul à être utile aux femmes, aux hommes, aux jeunes qui loin de se contenter de la politique menée ces cinq dernières années, veulent une politique qui, cette fois, ne déçoivent pas leurs espoirs et leurs attentes.
Parce qu'il y a de la déception, du mécontentement, de la colère parfois parmi un nombre important d'électrices et d'électeurs qui ont fait confiance à la gauche en 1997. De la déception, du mécontentement, de la colère parmi celles et ceux qui attendaient le plus d'elle et qui n'ont rien vu venir, ou si peu.
Voilà pourquoi, à huit jours du vote, subsistent tant d'incertitudes et une forte tendance à l'abstention, précisément chez les mêmes.
Car contrairement à l'autosatisfaction affichée par Lionel Jospin, son bilan est beaucoup plus contrasté qu'il ne le laisse entendre. A certains égards, il est même décevant.
En vérité au parti socialiste et dans le très proche entourage de Lionel Jospin, des pressions considérables se sont exercées, et s'exercent aujourd'hui, souvent plus fortement encore pour pousser à droite, et faire la politique voulue par les marchés financiers, l'Europe de Maastricht et les tenants de la mondialisation capitaliste.
Ces pressions sont bien réelles. Elles sont telles qu'elles ont déjà abouti - notamment ces deux dernières années - à l'adoption de mesures tournant le dos à la politique que l'on attendait de la gauche.
Dans le même temps - et précisément parce que ce n'était pas le contrat moral sur lequel nous avions constitué, en 1997, ce que nous avons appelé la gauche plurielle - il y a eu, progressivement, le retour à de vieilles pratiques hégémoniques, tendant à rétrécir de plus en plus le pluralisme de la gauche, en imposant le point de vue du seul parti socialiste, souvent inspiré des thèses libérales de certains de ses dirigeants, et de leurs amis européens.
Et le parti socialiste a renoué, de la même façon, avec des comportements anciens à l'égard de ceux qui auraient dû être les interlocuteurs privilégiés de la gauche : les organisations syndicales, les associations, les citoyennes et les citoyens en général.
C'est dans ces conditions difficiles que les communistes n'ont pas baissé les bras, dans un rapport de forces, je le répète, défavorable.
On nous dit aujourd'hui, à longueur de commentaires, que ce rapport de forces serait définitif. La soumission aux objectifs des marchés financiers serait désormais, et pour toujours, complètement installée dans la société.
Il faudrait donc s'en accommoder. Et le parti communiste parce qu'il conteste radicalement le système capitaliste ne serait "plus dans le coup", ne serait plus "moderne". Il ne pourrait alors que s'affaiblir, jusqu'à disparaître. Eh bien non ! Je prétends que ce rapport de forces n'est figé ni au niveau des idées, ni au niveau politique !
Combien de fois, déjà, a-t-on voulu faire le coup aux Françaises et aux Français en leur expliquant qu'ils étaient définitivement acquis aux idées du capitalisme ? Combien de fois leur a-t-on martelé que le parti communiste, pour cette raison, ne comptait plus ? Et cependant : on a bien vu qu'il n'en était rien !
D'ailleurs, regardons ce qui se passe aujourd'hui, en France, en Europe et dans le monde. Quelles sont les idées qui progressent ? Les idées qui s'expriment de plus en plus souvent dans des manifestations de grande ampleur, auxquelles les communistes apportent leur concours ? Ce sont toutes des idées hostiles à l'inhumanité de la mondialisation capitaliste.
Chacune, chacun a le droit, bien sûr, de juger la façon dont le parti communiste a géré sa participation au gouvernement depuis 1997. Nous aurions dû mieux faire connaître nos propositions comme nos oppositions ? Cela se discute. Les élus communistes auraient pu voter différemment sur tel ou tel texte ? Cela peut évidemment se discuter aussi !
Cela dit, quoi qu'on en pense, le parti communiste reste le seul parti politique à gauche à porter concrètement, chaque jour, dans les luttes et dans la vie des institutions, les aspirations et les valeurs dont je viens de montrer qu'elles ne cessent de monter, en France et dans le monde. Et le seul, aussi, à se battre pour les traduire dans des actes concrets, jusque dans une majorité parlementaire, jusque dans un gouvernement !
J'ai la conviction que nous avons agi utilement il y a moins d'un an quand, ans un contexte difficile, la loi de modernisation sociale est venue en débat à l'Assemblée nationale !
J'ai la conviction que notre loi sur le contrôle des fonds publics accordés aux entreprises est utile pour donner des armes aux salariés, aux citoyens afin de faire progresser la citoyenneté à l'entreprise, et pour une meilleure efficacité économique !
J'ai la conviction que nous avons raison de refuser les privatisations. Et, je suis le seul des candidats issus de la majorité élue en 1997 à m'opposer résolument à celle d'EDF !
Oui, j'ai la conviction que tout cela est moderne et mobilisateur, parce que tout cela rejoint les besoins, les aspirations et les rêves de millions de citoyennes et de citoyens.
Alors non, vraiment, rien ne justifie l'idée selon laquelle le rapport de forces actuel serait figé. Et donner plus de suffrages au candidat communiste à l'élection présidentielle, c'est le bon moyen de faire bouger ce rapport de forces. Non pas pour des raisons étroitement partisanes, des questions de pouvoirs à conquérir, de représentativité du parti communiste, ou de tel ou tel de ses élus ou responsables.
C'est au service de celles et ceux qui n'en peuvent plus de la vie qu'ils mènent, qui veulent qu'on les écoute et qu'on les respecte que je veux, avec le vote en faveur de ma candidature, faire évoluer le rapport de forces pour ancrer la gauche plus à gauche.
Il est là, le moyen de déjouer le piège dans lequel on veut faire tomber les électrices et les électeurs, en les dépossédant de leur droit à faire prévaloir par leur vote les choix qui leur conviennent.
Et j'ajoute que c'est aussi le moyen de déjouer un autre piège tendu à la gauche française et que, peut-être, elle se tend elle-même.
Car enfin, pourquoi la gauche devrait-elle s'enliser dans une impasse dramatique : ou bien faire une politique tiédasse, sans portée mobilisatrice pour notre peuple, n'ayant d'autre ambition que de durer et, pour cela, cherchant à ne fâcher personne ; ou bien dériver carrément vers la droite, comme d'autres l'ont déjà fait, et comme on l'y invite avec insistance, de Bercy à la City de Londres, de Bruxelles à Wall Street ?
Franchement, s'il fallait accepter l'enfermement dans cette dangereuse alternative, la gauche ne pourrait aller qu'à l'échec électoral - en offrant à la droite une victoire par défaut - ou à court terme à un échec politique en provoquant la colère de celles et ceux qu'elle décevrait à coup sûr.
Vous qui êtes ici, vous le savez : le sens même de ma candidature, c'est de proposer aux Françaises et aux Français un moyen de dégager la gauche de l'alternative désastreuse que j'évoquais il y a un instant.
Je me bats, dans cette campagne, pour ancrer la gauche bien à gauche. Et cela exige, je l'ai dit et je veux y insister devant vous, un profond renouvellement dans trois directions.
D'abord il s'agit de conduire une autre politique, à l'initiative d'une gauche d'audace sociale, ayant le courage de dire non aux puissants de ce monde et aux diktats des marchés financiers. Une gauche entreprenante, sachant se procurer les moyens - particulièrement les moyens financiers - d'une politique fondant le progrès, et la croissance sur la satisfaction des besoins sociaux.
Il faut - c'est le second aspect - une gauche créative, sans tutelle ni hégémonie. C'est ce que j'ai appelé une "autre configuration politique à gauche", caractérisée par le respect de toutes les composantes de la gauche et de leurs apports plutôt que l'alignement sur un parti dominant.
Il faut, enfin, une gauche citoyenne, appuyant en permanence son action sur la transparence et la concertation. Avec les associations et les syndicats, et plus généralement avec les citoyens en sachant solliciter concrètement et le plus souvent possible l'initiative populaire.
Oui, c'est pour cela que je me bats dans cette campagne.
Il faut appeler un chat un chat : on a beau discourir sur la mort constamment annoncée du parti communiste, la vérité c'est qu'il y a besoin, bien besoin, de plus de communisme dans la gauche pour qu'elle soit bien à gauche et réponde à ce que l'on attend d'elle.
Plus de communisme dans la gauche, c'est-à-dire plus de détermination à lutter contre les inégalités et plus de sincérité dans l'engagement social. Plus de détermination, aussi, dans la résistance aux marchés financiers. Plus de détermination, encore, pour préserver et renforcer les atouts de la société française que constituent le tissu associatif et syndical, et l'aspiration grandissante à une citoyenneté plus active.
Plus de communisme dans la gauche, c'est plus de volonté de partage et de responsabilité, de promotion de la personne humaine, à l'opposé de la vision glacée des technocrates, ceux de droite comme ceux de gauche, avec leur insupportable suffisance, et leur arrogance sans limite.
Oui, cher-e-s ami-e-s et camarades, plus de communisme dans la gauche c'est nécessaire pour faire gagner la gauche, et pour qu'elle réussisse une autre politique !
Je suis convaincu que nous pouvons dans les dix jours qui viennent porter cette idée de façon très offensive auprès des électrices et électeurs encore indécis. C'est le moyen indispensable pour leur redonner des raisons d'espérer. De bonnes raisons d'intervenir le 21 avril avec le bulletin de vote communiste.
Je fais pour ma part des propositions précises qui peuvent permettre aux électrices et aux électeurs qui le voudront de donner corps à leur volonté de changement par le soutien à des mesures, des réformes concrètes.
Ce sont les supports indispensables pour un vote utile et efficace. Un vote de protestation contre les mauvais coups portés au monde du travail et de la création ; un vote de défense face à la volonté de revanche de la droite. Et inséparablement un vote de construction pour une autre politique à gauche.
Je ne vais pas bien sûr entrer ici dans le détail du projet de profonde transformation sociale que je défends.
C'est bien un projet transformateur, car si le plan d'urgence contre la précarité et les inégalités que je préconise est mis en uvre, c'est non seulement la vie quotidienne de plusieurs millions de nos concitoyens qui immédiatement, prends des couleurs. Mais c'est toute la société qui reprend sa marche en avant, pour plus de civilisation et plus de bonheur pour toutes et tous.
Il n'y a rien de plus transformateur, de plus révolutionnaire, de plus communiste que d'exiger, comme je le fais que les salaires, le Smic, les pensions de retraite et les minima sociaux cessent d'être écrasés par les revenus du capital, et que l'exiger cesse d'être considéré comme si l'on proférait des "gros mots" inconvenants !
Rien de plus communiste que de réclamer avec force que la moitié de la société, et même plus - les femmes - aient les mêmes possibilités d'accéder à toutes les responsabilités professionnelles, politiques, sociales et perçoivent à qualification égale, le même salaire que les hommes.
Quoi de plus révolutionnaire que de se fixer pour objectif d'en finir avec les inégalités devant l'école et la culture ? Quoi de plus révolutionnaire que de prendre des mesures concrètes contre l'échec scolaire ?
Quoi de plus révolutionnaire que de sécuriser le parcours de formation, l'accès à un premier emploi et la vie tout court des jeunes de 18 à 25 ans en leur accordant les moyens de leur autonomie ? Du jamais vu, du jamais fait ni ici, ni ailleurs.
Je ne connais rien de plus transformateur, de plus radicalement moderne que de vouloir accorder aux salariés et à leurs représentants les droits nouveaux qui leur permettront d'intervenir sur les choix de gestion et d'avenir de leurs entreprises.
Rien de plus révolutionnaire encore que de fonder le processus de transformation de la société sur l'intervention et le vote majoritaire des citoyens auxquels je propose de donner des pouvoirs pour, qu'à tous les niveaux, ils puissent se faire entendre.
Si pour la première fois aussi, en France et en Europe le dirigeant politique que je suis, le candidat à l'élection présidentielle, propose que l'indispensable mobilité des salariés aille de pair avec une garantie de ressources, de formation et de droits, ce n'est pas un hasard. C'est que je suis communiste et que j'entends l'être toujours plus efficacement.
Oui, communiste et donc partisan acharné du développement et de la transformation des services publics. Oui, communiste et parce que communiste privilégiant l'embauche des jeunes plutôt que l'allongement de la durée des cotisations pour la retraite !
Et je veux le dire ici avec la plus grande fermeté : je ne transigerai jamais sur le droit à une retraite pleine à 60 ans. Je suis pour les 37 annuités ½ pour tout le monde, et pour le maintien des régimes spéciaux.
Oui, communiste et parce que communiste, donc humaniste, profondément convaincu qu'il faut régulariser les sans papiers, accorder le droit de vote aux résidents étrangers, abolir la double peine et restaurer le droit d'asile.
Oui, communiste, partisan sans réserve d'annuler la dette des pays pauvres ; d'augmenter l'aide publique que la France consacre à leur développement ; de créer un fonds de réparation sous l'égide de l'ONU, alimenté par une taxation de type Tobin. Partisan de stabiliser les prix des matières premières, comme de mettre en place un plan d'urgence contre le sida.
Oui, communiste enfin et parce que communiste, le seul candidat qui, pour que la vie de l'immense majorité de nos concitoyens soit meilleure, plus riche et plus belle, propose qu'on utilise une part des 500 milliards d'euros détenus par les familles les plus riches et qui, à 80 %, échappent légalement à l'impôt.
Une part aussi des 4 574 milliards d'euros - près de 20 fois le budget de la France - d'actions et d'obligations avec lesquels les grandes entreprises spéculent en bourse, sur les marchés financiers et dans les paradis fiscaux.
Ne comptons sur personne d'autre que nous-mêmes pour montrer que la candidature communiste au premier tour a pour objectif d'ouvrir une nouvelle perspective politique à gauche. Afin de donner une nouvelle chance à la gauche de faire vraiment la politique que nos concitoyens sont en droit d'attendre d'elle.
Nous avons 8 jours pour les en convaincre.
Cela dépend de nous toutes et tous. Je m'y emploie de toutes mes forces. Les militantes et militants, les élu-e-s, les candidates et candidats aux élections législatives, s'y emploient également.
Huit jours de ce travail de conviction, "pied à pied", dans tout le pays, cela peut et doit beaucoup compter ; cela peut et doit changer beaucoup de choses.
Cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camaradesmilitantes et militants, rien n'est écrit : j'ai confiance.
(source http://www.roberthue2002.net, le 16 avril 2002)
Déclaration à Lille le 17 avril 2002
Mesdames, Messieurs, cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,
Je veux d'abord dire mon plaisir d'être avec vous ce soir, à Lille, capitale de cette terre du Nord à la fois si combative et si fraternelle.
Nous sommes dans la toute dernière ligne droite avant le premier tour de l'élection présidentielle. C'est de cela que je veux vous parler, bien sûr.
Mais, vous comprendrez, j'en suis sûr, que je veuille dire auparavant quelques mots de la situation dramatique au Proche-Orient. L'extrême violence des opérations militaires conduites par l'armée israélienne s'accompagne de pertes humaines et de destructions matérielles considérables. Je veux dire toute ma solidarité au peuple palestinien, au Président de l'Autorité palestinienne : Yasser Arafat.
Toute ma solidarité aux forces de paix en Palestine et en Israël, qui luttent dans des conditions difficiles pour une solution politique mettant fin à la guerre et à la violence.
Je me suis adressé au secrétaire général de l'ONU, pour lui dire "Il faut agir". C'est urgent, il faut arrêter le terrible engrenage et il n'y a qu'une solution : les Nations unies doivent faire respecter les résolutions internationales qui exigent l'arrêt des combats et le retrait des troupes israéliennes. Il faut, par conséquent, envoyer sur place une force internationale de protection et de paix.
C'est le seul moyen de mettre un terme à l'horreur de la guerre ; le seul moyen d'en finir avec les attentats terroristes, que nous réprouvons ; et le seul moyen d'engager les discussions politiques permettant de déboucher sur la sécurité et la paix pour les peuples concernés, avec la reconnaissance d'un Etat souverain pour le peuple palestinien.
Une délégation du parti communiste vient de se rendre sur place. Elle a porté ce message et ces propositions, et je puis vous dire que les forces de paix, en Palestine et en Israël, les accueillent très favorablement.
Alors, en France et en Europe, restons mobilisés et actifs au service de ces objectifs de paix et de respect pour les peuples de Palestine et d'Israël.
J'en viens à présent au premier tour de l'élection présidentielle. Pour dire d'abord, ceci : rien n'est joué. Au contraire : tout est ouvert.
Il y a 16 candidates et candidats, une proportion très importante de l'électorat qui envisage de s'abstenir et, parmi celles et ceux qui vont voter, l'indécision à quelques jours du scrutin est encore forte.
Beaucoup de choses peuvent se passer dans les quelques jours qui viennent, et même encore dimanche dans la journée.
Non les Françaises et les Français ne sont pas indifférents à l'élection présidentielle. Ils jugent, en revanche très sévèrement, et je les comprends, la façon dont cette élection a été abordée, avec la volonté d'en escamoter les enjeux ; de priver les électrices et les électeurs des moyens de se prononcer en toute connaissance de cause pour exprimer leurs choix pour la politique qui sera faite dans les années à venir.
Car c'est de cela qu'il est question : quelle politique va être faite, après les élections électorales de ce printemps 2002 ? Est-ce que les inégalités sociales, les injustices, le chômage, la précarité et les difficultés de la vie pour le plus grand nombre vont continuer à s'aggraver ? Est-ce que la France va continuer à subir la loi des marchés financiers imposée par la mondialisation capitaliste ?
Ou bien va-t-on se décider enfin à dire non aux inégalités, aux injustices, à la mal vie ; à dire non aux diktats des marchés financiers et des puissants de ce monde ; va-t-on se décider à faire vraiment une politique nouvelle, répondant aux attentes de notre peuple ?
Evidemment ce n'est pas la droite qui peut mener une telle politique. Mais ce n'est pas non plus ce qu'a fait la gauche depuis 1997. Il faut être clair à ce point de vue. Des choses positives ont été faites, et les communistes y ont beaucoup contribué.
Mais faute de faire, comme nous n'avons cessé de le proposer, des choix radicalement opposés aux volontés des milieux du grand patronat, de la finance et de l'Europe maastrichienne ; des choix radicalement tournés vers le combat contre les inégalités, vers une grande politique sociale et une pratique résolument citoyenne donnant aux salariés dans les entreprises et aux citoyens dans la société des pouvoirs nouveaux pour faire prévaloir leurs intérêts Faute de faire ces choix en faveur desquels, encore une fois nous, n'avons cessé de nous battre, la politique suivie n'a pas été à la hauteur de ce que notre peuple attendait en portant la gauche au pouvoir en 1997.
Disons-le franchement : cette politique a manqué d'audace et de détermination. Elle n'a pas été assez à gauche. C'est cela le problème auquel nous sommes confrontés.
Et parce que nous sommes communistes nous ne baissons pas les bras. Jamais nous ne l'avons fait. Jamais nous ne le ferons.
A quoi servirions-nous, en quoi serions-nous communistes si nous nous contentions de constater que la gauche n'a pas été assez à gauche ; si nous nous contentions de redouter qu'elle dérive encore plus vers la droite, comme cela s'est fait dans d'autres pays européens ?
A quoi servirions-nous, en quoi serions-nous communistes si devant cette situation nous ne proposions pas aux Françaises et aux Français, aux électrices et électeurs qui font confiance au Parti communiste et à ses élus, et au-delà, aux hommes et aux femmes de gauche, le moyen d'intervenir pour ramener la gauche bien à gauche, l'y ancrer solidement, et ainsi battre la droite et faire avec détermination la politique vraiment de gauche qu'ils attendent ?
Nous ne sommes pas des pleureuses. Nous ne sommes pas des protestataires impuissants à proposer les moyens du changement, et attendant qu'un jour "la révolution" passe et règle comme par enchantement les problèmes auxquels ils n'ont pas eu le courage politique de s'affronter concrètement !
Nous sommes les communistes. Nous ne nous résignons pas à l'aggravation des inégalités et de la mal vie. Nous luttons pour changer les choses, pour transformer la société et changer le monde. Et pour l'heure, cela implique de changer la gauche afin qu'elle puisse répondre aux attentes de notre peuple.
C'est pour cela qu'avec ma candidature, pour le premier tour de cette élection présidentielle, dimanche prochain, nous proposons aux électrices et aux électeurs d'intervenir avec nous pour dire qu'ils veulent une gauche bien à gauche, avec une politique qui s'attaque résolument aux maux dont ils souffrent.
Le nombre de suffrages qui, dimanche soir, se seront portés sur mon nom, aura des conséquences primordiales, non pas dans l'abstrait, non pas en termes de pouvoir ou de place pour tel ou tel, mais des conséquences primordiales sur votre vie quotidienne, sur l'avenir de vos enfants, sur celui des retraites, des services publics, de notre système de formation et de santé comme sur votre sécurité, sur la vie et l'avenir de notre pays.
On le sait : au second tour, c'est Lionel Jospin et Jacques Chirac qui s'opposeront pour l'élection du Président de la République. Et cela ne fait aucun doute pour les communistes : il faudra battre la droite.
Mais on n'y parviendra qu'à la condition que des millions d'hommes, de femmes, de jeunes soient convaincus qu'en battant la droite, ils ouvriront la voie à la mise en uvre d'une politique nouvelle. D'une politique qui, cette fois, réponde à ce qu'ils attendent de la gauche.
C'est tout l'enjeu du vote communiste de dimanche prochain.
Oui, je veux contribuer de toutes mes forces à battre la droite et à mettre en échec l'extrême droite de Le Pen et Mégret.
Permettez-moi d'y insister : la victoire de la droite, la réélection de Chirac serait un danger pour notre peuple, un danger pour la France. Chirac fait tout pour se montrer rassurant. Mais derrière l'apparence, il faut voir les réalités.
Si au lieu d'être "super menteur", Chirac devenait (par miracle il faut bien le dire) "super sincère", il en dirait des choses !
Il dirait qu'il veut mettre en concurrence la sécurité sociale et les assurances privées et qu'au bout de cela on aurait un système de santé de qualité pour les riches et un système de santé médiocre pour les autres... D'autres pays en sont déjà là !
Si Chirac, au lieu de "super menteur" devenait "super sincère", il dirait qu'il veut que l'on puisse spéculer en bourse avec l'argent des retraites. Il dirait qu'il a déjà accepté que le droit à la retraite recule d'au moins cinq ans, et qu'il soit mis fin aux régimes spéciaux, comme son Premier ministre, Alain Juppé, a tenté de le faire en 1995.
Si par miracle, il devenait "super sincère" Chirac dirait qu'il entend privatiser les services et entreprises publics. La Poste, Air-France, EDF-GDF, la SNCF seraient, soyez-en sûrs, livrés aux appétits de la finance. Et il avouerait que la droite et l'extrême droite veulent profiter des prochains départs massifs en retraite pour réduire le nombre des enseignants, des infirmières, des juges et des policiers.
Oui, Chirac devenu miraculeusement "super sincère" avouerait que son programme est tout entier inspiré par le Medef, le grand patronat, les milieux des affaires et de la finance, les grands possédants et les puissants de France et d'ailleurs.
Oui, Chirac devrait dire que tout ce beau monde n'a qu'une seule ambition : remodeler la France afin d'y effacer ce que grâce aux luttes sociales et politiques, des générations de salariés de toutes catégories, d'hommes et de femmes du peuple ont arraché comme conquêtes et comme droits.
Il révélerait que son objectif, l'objectif de la droite et de l'extrême droite, est de mettre un terme à l'exceptionnalité française, à ce qui fait l'originalité de notre pays, qui sert souvent de référence aux autres peuples et auquel le parti communiste a beaucoup contribué tout au long de son histoire.
Mais il n'y aura pas de miracle, Chirac ne deviendra pas "super sincère" ! Il ne dira pas tout cela. Alors, vous, dites-le pour lui !
D'ici dimanche, dans vos familles, au travail, et là où vous vivez, alertez sur la réalité du programme de Chirac. Alertez sur ce qu'il adviendrait, s'il l'emportait, si avec lui, la droite et l'extrême droite sortaient victorieuses de ces élections.
Vos le savez bien, face à leur programme dévastateur, il y a urgence à faire partager plus largement l'ambition qui est la mienne - qui est aussi la vôtre, je le sais - de contribuer à ce qu'émerge du premier tour une gauche bien à gauche décidée à le rester car c'est la condition pour pouvoir battre la droite et l'extrême droite.
Et pour cela - pour que la gauche soit bien à gauche - il faut que le Parti communiste pèse davantage, que la politique qu'il propose soit davantage prise en compte.
Chacune, chacun a le droit, bien sûr, de juger la façon dont le parti communiste a géré sa participation au gouvernement depuis 1997. Nous aurions dû mieux faire connaître nos propositions comme nos oppositions ? Cela se discute. Les élus communistes auraient pu voter différemment sur tel ou tel texte ? Cela peut évidemment se discuter aussi !
Cela dit, quoi qu'on en pense, le parti communiste reste le seul parti politique à gauche à porter concrètement, chaque jour, dans les luttes et dans la vie des institutions, les aspirations et les valeurs dont je viens de montrer qu'elles ne cessent de monter, en France et dans le monde. Et le seul, aussi, à se battre pour les traduire dans des actes concrets, jusque dans une majorité parlementaire, jusque dans un gouvernement !
Vous en savez quelque chose, ici dans le Nord, avec les batailles menées par vos parlementaires Alain Bocquet, Michèle Demessine, Georges Hage, Patrick Leroy, Ivan Renar, et avec le rôle qu'a joué au gouvernement, notre amie Michèle Demessine.
J'ai la conviction que nous avons agi utilement avec nos députés et avec Alain Bocquet, il y a moins d'un an quand, dans un contexte difficile, la loi de modernisation sociale est venue en débat à l'Assemblée nationale !
J'ai la conviction que notre loi sur le contrôle des fonds publics accordés aux entreprises est utile pour donner des armes aux salariés, aux citoyens afin de faire progresser la citoyenneté à l'entreprise, et pour une meilleure efficacité économique !
J'ai la conviction que nous avons raison de refuser les privatisations. Et, je suis le seul des candidats issus de la majorité élue en 1997 à m'opposer résolument à celle d'EDF ! Le seul à refuser ce que Jacques Chirac et Lionel Jospin ont accepté à Barcelone. Le seul à me situer du côté de ceux qui manifestaient ce jour-là.
Oui, j'ai la conviction que tout cela est moderne et mobilisateur, parce que tout cela rejoint les besoins, les aspirations et les rêves de millions de citoyennes et de citoyens.
Alors non, vraiment, rien ne justifie l'idée selon laquelle le rapport de forces actuel serait figé. Et donner plus de suffrages au candidat communiste à l'élection présidentielle, c'est le bon moyen de faire bouger ce rapport de forces. Non pas pour des raisons étroitement partisanes, des questions de pouvoirs à conquérir, de représentativité du parti communiste, ou de tel ou tel de ses élus ou responsables.
C'est au service de celles et ceux qui n'en peuvent plus de la vie qu'ils mènent, qui veulent qu'on les écoute et qu'on les respecte que je veux, avec le vote en faveur de ma candidature, faire évoluer le rapport de forces pour ancrer la gauche plus à gauche.
Il est là, le moyen de déjouer le piège dans lequel on veut faire tomber les électrices et les électeurs, en les dépossédant de leur droit à faire prévaloir par leur vote les choix qui leur conviennent.
Elle est là l'utilité du vote communiste, dimanche prochain.
Il faut regarder la vérité en face. Au parti socialiste, et dans le très proche entourage de Lionel Jospin, des pressions considérables se sont exercées, et s'exercent aujourd'hui, souvent plus fortement encore, pour pousser à droite, et faire la politique voulue par les marchés financiers, l'Europe de Maastricht et les tenants de la mondialisation capitaliste.
Ces pressions sont bien réelles. Elles sont telles qu'elles ont déjà abouti - notamment ces deux dernières années - à l'adoption de mesures tournant le dos à la politique que l'on attendait de la gauche.
Dans le même temps - et précisément parce que ces mesures ne correspondaient pas à l'accord sur lequel nous avions constitué, en 1997, ce que nous avons appelé la gauche plurielle - il y a eu, progressivement, le retour à de vieilles pratiques hégémoniques, tendant à rétrécir de plus en plus le pluralisme de la gauche, en imposant le point de vue du seul parti socialiste, souvent inspiré des thèses libérales de certains de ses dirigeants, et de leurs amis européens.
Et le parti socialiste a renoué, de la même façon, avec des comportements anciens à l'égard de ceux qui auraient dû être les interlocuteurs privilégiés de la gauche : les organisations syndicales, les associations, les citoyennes et les citoyens en général.
Eh bien il faut changer cela. Je veux changer cette gauche-là parce que c'est la gauche qui perd.
La gauche qui ne pourrait aller qu'à l'échec électoral - en offrant à la droite une victoire par défaut - ou à court terme à un échec politique en provoquant la colère de celles et ceux qu'elle décevrait à coup sûr.
Vous qui êtes ici, vous le savez : le sens même de ma candidature, c'est de proposer aux Françaises et aux Français un moyen de peser, d'agir efficacement pour une gauche qui gagne parce que bien à gauche.
Cela exige un profond renouvellement dans trois directions.
D'abord il s'agit de conduire une autre politique, à l'initiative d'une gauche d'audace sociale, ayant le courage de dire non aux puissants de ce monde et aux diktats des marchés financiers. Une gauche entreprenante, sachant se procurer les moyens - particulièrement les moyens financiers - d'une politique fondant le progrès, et la croissance sur la satisfaction des besoins sociaux.
Il faut - c'est le second aspect - une gauche créative, sans tutelle ni hégémonie. C'est ce que j'ai appelé une "autre configuration politique à gauche", caractérisée par le respect de toutes les composantes de la gauche et de leurs apports plutôt que l'alignement sur un parti dominant.
Il faut, enfin, une gauche citoyenne, appuyant en permanence son action sur la transparence et la concertation. Avec les associations et les syndicats, et plus généralement avec les citoyens en sachant solliciter concrètement et le plus souvent possible l'initiative populaire.
Oui, c'est pour cela que je me bats dans cette campagne.
Je me bats pour plus de communisme dans la gauche, c'est-à-dire plus de détermination à lutter contre les inégalités et plus de sincérité dans l'engagement social. Plus de détermination, aussi, dans la résistance aux marchés financiers. Plus de détermination, encore, pour préserver et renforcer les atouts de la société française que constituent le tissu associatif et syndical, et l'aspiration grandissante à une citoyenneté plus active.
Plus de communisme dans la gauche, c'est plus de volonté de partage et de responsabilité, de promotion de la personne humaine, à l'opposé de la vision glacée des technocrates, ceux de droite comme ceux de gauche, avec leur insupportable suffisance, et leur arrogance sans limite.
Oui, cher-e-s ami-e-s et camarades, plus de communisme dans la gauche c'est nécessaire pour faire gagner la gauche, et pour qu'elle réussisse une autre politique !
Si le vote communiste le 21 avril pèse suffisamment lourd, alors cette perspective pourra s'ouvrir parce que le monde du travail et de la création sera plus fort.
Si le vote communiste le 21 avril pèse suffisamment lourd nul ne pourra ignorer les 25 engagements que je porte dans cette campagne.
Par exemple, mon premier engagement, absolument prioritaire : il faut en finir en France, ce pays parmi les plus puissants et les plus riches du monde avec les inégalités, les discriminations et l'exclusion dont sont victimes des millions de femmes et d'hommes. C'est insupportable.
De ce point de vue, la gauche a raté le coche entre 1997 et 2002. Les Françaises et les Français le lui reprochent : ils ont raison.
Quant à moi, je suis pour la tolérance zéro à l'égard des inégalités et des injustices. Je propose un plan d'urgence sociale, à mettre en oeuvre dès après les scrutins du printemps.
Il comporte sept mesures, précises et réalistes :
Premièrement, une augmentation mensuelle de 300 euros du Smic, des petites retraites et des minima sociaux, avec une première hausse de 10 % dès le 1er juillet.
Deuxièmement, une égalité salariale et professionnelle entre les hommes et les femmes, à atteindre dans les cinq ans à venir grâce à une loi contraignante et à des mesures fiscales incitatives.
Troisièmement, une allocation d'autonomie de 700 euros mensuels proposée aux jeunes de 18 à 25 ans. Pas de démagogie, cela va coûter beaucoup d'argent et ne pourra se faire que progressivement, en prenant en compte la situation de chacun et notamment en transférant les crédits aujourd'hui utilisés à accompagner la précarité. C'est pourquoi je propose de commencer par les 20% de jeunes qui en ont le plus besoin.
Une société moderne doit consacrer des moyens nouveaux à ce que la jeunesse puisse se former et accéder à un emploi utile.
C'est d'investissement humain que je parle devant vous. Cela a un coût, certes, mais c'est tout autre chose, c'est autrement plus moderne et efficace que les gâchis financiers qui ruinent leur avenir pour le profit d'une petite minorité de boursicoteurs.
Je propose aussi, quatrièmement, un droit à la retraite avant 60 ans pour les salariés qui ont 160 trimestres de cotisation. Et je ne transigerai jamais sur le droit à une retraite pleine à 60 ans, sur le maintien des régimes spéciaux et les 37 annuités ½ pour tous, dans le public et le privé.
Le parti socialiste et le gouvernement ont repoussé cette proposition communiste à l'Assemblée nationale. Moi, je me bats, je continuerai de me battre pour la faire entrer dans la vie.
Cinquièmement, l'ouverture de négociations salariales dans les fonctions publiques et les secteurs nationalisés en vue d'un plan de rattrapage et de reconnaissance des qualifications, étalé sur deux ans
Je suis le seul à "oser" parler concrètement de salaires et de pouvoir d'achat, dans une France qui est devenue un pays de bas salaires. Eh bien, sur cette question non plus, on ne me fera pas taire !
Sixièmement, un plan de construction de logements sociaux et une accélération forte du rééquilibrage des modes de transports en faveur du ferroviaire, avec une priorité au ferroutage.
Septièmement, le droit de vote accordé aux résidents étrangers, la régularisation des sans-papiers, l'abandon de la double peine et le respect du droit d'asile.
Je maintiens que si la gauche ne fait pas de la lutte contre les inégalités une grande cause nationale, alors elle ratera encore le coche. Car c'est sur cette question qu'il y a légitimement le plus d'incompréhension, de déceptions, de frustrations à l'égard de l'action conduite depuis 5 ans par le gouvernement.
Et c'est sur ces sentiments que "surfent" les candidats qui font du populisme et du "tous pourris" leur seul argument électoral. Avec un risque considérable, celui de voir la droite et l'extrême droite tirer leur épingle du jeu par défaut, et l'emporter à l'élection présidentielle et, dans la foulée aux élections législatives.
Moi, je veux, au contraire, de toutes mes forces, que la droite soit battue ! Pour y parvenir, la gauche doit être fermement ancrée à gauche ! Et pour qu'elle soit fermement ancrée à gauche il n'y a qu'un moyen : un vote en faveur de ma candidature le 21 avril, suffisamment fort pour peser afin qu'il en soit bien ainsi.
On me dit parfois : "Mais, où trouvez-vous les moyens de financer vos engagements ?"
Vous l'aurez remarqué, personne, sauf moi, ne parle "argent" dans cette campagne.
Moi, je mets "cartes sur table". Je propose de réformer la fiscalité directe et indirecte avec un taux de TVA ramené à 18,5 % et des baisses sélectives sur plusieurs produits et services, un allègement de l'impôt sur le revenu pour les foyers modestes ou moyens, compensé par une hausse du prélèvement sur les grandes fortunes et sur les revenus financiers du capital.
Avec, aussi, une modulation de l'impôt sur les sociétés, qui favorise les entreprises misant sur l'emploi, la formation et les salaires, et qui pénalise celles qui préfèrent la finance. Cette modulation serait un levier dont l'Etat disposerait pour inciter à l'ouverture de négociations salariales dans le secteur privé.
Toujours pour une vraie réforme de la fiscalité, je propose d'intégrer les actifs financiers des entreprises - soit 4 300 milliards d'euros - dans le calcul de la taxe professionnelle. Cela avantagera les PME, les PMI et le petit commerce. Je suis pour une taxe d'habitation qui soit plus juste et moins lourde pour les foyers modestes ou à revenus moyens.
Je propose aussi de doubler le rendement de l'impôt sur les grandes fortunes et de renforcer considérablement les moyens de lutte contre la fraude fiscale.
Voilà pour la fiscalité.
Quant à l'emploi, je dis qu'il faut, qu'il est nécessaire et possible de se fixer pour objectif l'éradication réelle du chômage. Le chômage et la précarité sont de véritables cancers, qui ruinent le présent et hypothèquent l'avenir.
Tout le monde en est victime : les salariés les plus modestes, les cadres et techniciens, les chercheurs et les intellectuels ! Quel gâchis d'intelligences, de savoir-faire, de compétences !
Je ne prétends pas que "demain on rasera gratis", dans ce domaine. Par contre j'affirme que l'on ne peut se contenter de "demi-mesures", de "solutions" à la marge, qui laissent intactes la toute puissance des marchés financiers sur l'activité économique et sur l'emploi.
Et j'ajoute que les défis technologiques contemporains exigent obligatoirement de penser dans des termes inédits les questions de la formation, de l'accès à l'emploi, du passage de l'un à l'autre tout au long de la vie.
D'où ma proposition d'un système sécurisant le parcours de tous les salariés, et leur permettant ce passage tout au long de la vie avec le maintien de leurs garanties, de leurs acquis, du point de vue social aussi bien que professionnel.
J'ajoute que vouloir traiter de ces questions et faire des promesses mirobolantes sans jamais rien dire - c'est le cas d'à peu près tous les candidats - des règles de fer du pacte de stabilité et des exigences de la Banque centrale européenne c'est se moquer du monde.
Je suis un partisan résolu de la Construction européenne. J'ai la conviction qu'elle peut avoir un bel avenir, à condition toutefois de ne pas, de ne plus reposer sur les volontés des marchés financiers et des technocrates coupés des réalités, exerçant leurs responsabilités sans aucun contrôle démocratique.
C'est cela qui conduit aux aberrations et aux graves régressions économiques, sociales et démocratiques que nous ne connaissons que trop bien.
Est-il besoin ici, d'évoquer les responsabilités de l'Europe des marchés financiers dans la véritable catastrophe industrielle et économique qui a secoué votre région ?
Est-il besoin d'évoquer les directives européennes concernant la chasse et leurs conséquences négatives sur la pratique de la chasse populaire, démocratique ? Est-il besoin de dire combien l'agriculture, les agriculteurs et la ruralité en général ont eu à souffrir du traité de Maastricht ?
Dans ce domaine, je prétends qu'il faut renégocier ce traité, et sortir l'agriculture des discussions de l'OMC. La "globalisation" dont on nous rebat les oreilles n'a qu'un objectif : servir les intérêts des immenses puissances de l'agroalimentaire.
Elle veut mettre en concurrence des territoires, des pratiques agricoles qui sont très différents. On ne produit pas de la même façon en France et en Europe qu'au Brésil ou en Afrique. Et cette "marche forcée" à la rentabilité financière se paye, lourdement, par la baisse de qualité des productions, par une moindre sécurité alimentaire, par la désertification de régions entières, par la ruine des producteurs.
Cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,
De tout mon cur - vous l'avez senti - de toute ma force de conviction - et je voudrais la faire partager le plus largement possible - j'ai exposé devant vous les grandes lignes de mes propositions.
Je suis convaincu que nous pouvons le porter de façon très offensive auprès des électrices et électeurs encore indécis. C'est le moyen indispensable pour leur redonner des raisons d'espérer. De bonnes raisons d'intervenir dimanche prochain avec le bulletin de vote communiste.
Je suis sûr qu'ensemble nous pouvons y parvenir si, dans les heures qui viennent, nous faisons ce qu'il faut pour convaincre ceux qui hésitent encore, qui n'ont pas définitivement arrêté leur choix ou qui sont tentés par l'abstention.
Oui, dans votre entourage, dans le village, le quartier ou à l'entreprise, vous pouvez gagner encore des milliers de voix au moment où un nombre considérable de parents, d'amis, de collègues de travail s'apprêtent à décider de leur vote dans les derniers jours et les dernières heures même.
Jamais, ils n'ont été aussi nombreux si près du premier tour d'une élection présidentielle. C'est dire l'efficacité de tout ce que vous allez entreprendre d'ici dimanche pour leur montrer combien voter communiste sera utile pour eux, pour leurs proches, pour la gauche et le pays.
Et je veux ajouter autre chose, ici, dans cette région où les électrices et les électeurs communistes sont traditionnellement nombreux.
Ce que je veux souligner avec force - et en appelant chacune et chacun à y réfléchir - c'est que les électrices et électeurs communistes ont toujours su, dans les moments importants et quels que soient leurs doutes, leurs interrogations, voire leurs critiques à l'égard du Parti communiste, se retrouver pour intervenir ensemble - notamment par leur vote - pour infléchir dans le bon sens la politique du pays.
Et à chaque fois qu'ils l'ont fait, d'autres électrices et électeurs de gauche se sont joints à eux pour peser eux aussi dans le bon sens.
Je suis persuadé qu'aujourd'hui, beaucoup de ces électrices et électeurs sont en train de réfléchir et de penser qu'une fois encore ils peuvent intervenir de façon décisive avec leur bulletin de vote pour le candidat du Parti communiste.
Mesdames, Messieurs, cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,
J'ai confiance !
(source http://www.roberthue2002.net, le 19 avril 2002)