Texte intégral
Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui pour participer à la pose de la première pierre de la future animalerie protégée sur ce site de l'Institut national de la recherche agronomique de Nouzilly.
1/ Cette première pierre représente la concrétisation d'un projet né il y a plusieurs années déjà.
La création de cette animalerie a été rendue possible grâce au renforcement des moyens alloués pour la recherche sur les encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST) et les prions, décidé par le Premier ministre le 14 novembre 2000. Mais je veux également saluer l'engagement important des collectivités territoriales, qui témoigne de leur intérêt à disposer dans cette Région, dans ce département, d'un pôle INRA particulièrement performant. Je salue également les responsables des ministères impliqués et ceux des organismes de recherche -l'INRA en particulier- qui ont porté ce projet avec toute la détermination nécessaire. Pour eux également, cette journée est à la fois l'aboutissement de plusieurs mois d'efforts et le début d'une " aventure " scientifique qui sera, je l'espère, prometteuse.
L'enjeu est de taille, puisqu'il s'agit de prévenir le risque sanitaire que représentent les maladies à prions. Il est donc apparu essentiel que notre pays se dote d'installations expérimentales à la mesure de l'enjeu, pour faire progresser les connaissances scientifiques. Et il en faut, si l'on veut qu'un jour les certitudes dépassent les incertitudes !
2/ Je souligne le caractère innovant de cette infrastructure qui va permettre l'hébergement dans des conditions de haute sécurité de quelques milliers de rongeurs, modèle animal de recherche par excellence, mais aussi de plusieurs dizaines d'ovins et de bovins. Pour la première fois, les EST seront donc étudiées selon une approche intégrée.
3/ Cette nouvelle infrastructure sera un outil au service de la communauté scientifique nationale, c'est à dire de l'ensemble des équipes impliquées dans le domaine des EST. De nombreux organismes ont d'ores et déjà manifesté leur intérêt pour ce projet : l'AFSSA, l'AFSSAPS, le CIRAD, les écoles vétérinaires pour n'en citer que quelques uns. C'est à travers la création d'un comité de pilotage, associant des représentants de chacune des institutions concernées, que pourra être assurée une gestion efficace et opérationnelle de cet outil. Je souhaite vivement que ce comité puisse se structurer dès à présent et engager un travail prospectif sur les priorités scientifiques d'utilisation de cette animalerie. Une collaboration étroite devra évidemment s'instaurer avec la future biothèque de l'AFSSA qui s'installera à Lyon. J'attache beaucoup d'importance à cette organisation de la recherche sous forme de projets en réseau, qui favorise les synergies.
4/ Un autre atout de ce projet est sa modularité ou sa flexibilité. Dans une perspective d'utilisation à long terme de cet outil, au delà des EST dont on peut espérer qu'elles deviendront un jour un problème du passé -pourquoi pas après tout ?-, il est en effet essentiel qu'il puisse être utilisé pour étudier d'autres agents pathogènes pour la santé animale. C'est là encore tout le sens de ce projet multi-organismes et partenarial.
5/ Les enjeux de l'expérimentation animale en matière d'EST sont nombreux, que ce soit en recherche fondamentale ou en recherche appliquée. Sur ce dernier point, je dirai simplement que le développement et la validation d'outils diagnostiques correspondent à un réel besoin pour les gestionnaires du risque que nous sommes, nous autres les politiques. Le défi des prochaines années est bien sûr la mise au point d'un test de dépistage de l'ESB sur animal vivant, utilisable en routine.
6/ Bien entendu, les travaux de recherche sur les EST nourrissent l'expertise scientifique conduite par l'AFSSA et sont par conséquent essentiels pour la bonne évaluation du risque sanitaire et sa gestion par les pouvoirs publics. Un exemple concret du lien qui unit recherche et mesures de gestion du risque est la définition des matériels à risque spécifiés (les fameux MRS), qui s'appuie sur l'appréciation quantitative du niveau d'infectiosité des tissus chez les animaux atteints. Ce sont également les résultats de la recherche qui sont à l'origine du programme de tests sur les petits ruminants, qui va démarrer le mois prochain dans notre pays, avec l'objectif de mieux connaître la prévalence de la tremblante, en attendant de disposer de tests qui sauront distinguer le prion de la tremblante de celui de l'ESB.
Je ne saurais trop insister sur le besoin de savoir si oui ou non le prion de l'ESB a pu contaminer le mouton dans des conditions naturelles (sachant que la preuve est faite en laboratoire seulement). Et si oui, dans quelles proportions. Cela dit, le pire n'est jamais sûr, et nous continuons d'agir, dans ce contexte d'incertitudes, avec détermination et sérénité. Nous nous apprêtons à prendre une série de mesures qui auront notamment pour objectif d'éradiquer à terme la tremblante.
7/ Les scientifiques de l'INRA sont impliqués de longue date dans l'effort de recherche sur les EST, au travers de programmes nationaux mais aussi européens. Parmi les contributions de ces équipes aux avancées scientifiques dans le domaine des maladies à prions, citons la connaissance de la génétique, qui nous a permis de mettre en place un programme national de sélection d'ovins résistants aux EST, ou encore le développement d'outils à visée diagnostique et thérapeutique.
8/ Je suis convaincu que les nouveaux moyens alloués par le Gouvernement à la recherche sur les EST permettront de répondre aux préoccupations que j'ai évoquées, et j'en appelle par conséquent -mais je suis sûr d'être entendu- à la mobilisation de tous les organismes partenaires et de leurs scientifiques autour de ces questions.
9/ Cette première pierre que nous posons aujourd'hui témoigne de l'intérêt porté par le Gouvernement à la mise en uvre de projets fédérateurs en matière de sécurité des aliments. Parmi les actions incitatives auxquelles participe le ministère de l'agriculture et de la pêche, je veux citer le programme Aliment Qualité Sécurité qui vise à promouvoir des partenariats entre recherche publique et recherche privée, autour de projets ciblés sur l'amélioration de la qualité et de la sécurité alimentaires. Cette politique d'appui à la recherche a porté ses fruits puisque le développement de liens solides entre acteurs de la recherche publique et de l'industrie agro-alimentaire leur permet aujourd'hui de mener ensemble des projets d'envergure et de complexité croissantes. Pour organiser ces projets, 4 consortiums centrés autour de thématiques définies ont été créés, au sein d'un réseau plus large de recherche et d'innovation technologiques, le Réseau Alimentation Référence Europe.
10/ En conclusion, je voudrais encore une fois me féliciter de l'ouverture de ce chantier, souhaiter qu'il progresse rapidement pour que chercheurs et animaux puissent investir les lieux aussi vite que possible ! Je ne suis pas certain d'être présent pour l'inauguration, mais croyez bien que je serai de tout cur avec vous !
Je vous remercie.
(source http://www.agriculture.gouv.fr, le 13 février 2002)
1/ Cette première pierre représente la concrétisation d'un projet né il y a plusieurs années déjà.
La création de cette animalerie a été rendue possible grâce au renforcement des moyens alloués pour la recherche sur les encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST) et les prions, décidé par le Premier ministre le 14 novembre 2000. Mais je veux également saluer l'engagement important des collectivités territoriales, qui témoigne de leur intérêt à disposer dans cette Région, dans ce département, d'un pôle INRA particulièrement performant. Je salue également les responsables des ministères impliqués et ceux des organismes de recherche -l'INRA en particulier- qui ont porté ce projet avec toute la détermination nécessaire. Pour eux également, cette journée est à la fois l'aboutissement de plusieurs mois d'efforts et le début d'une " aventure " scientifique qui sera, je l'espère, prometteuse.
L'enjeu est de taille, puisqu'il s'agit de prévenir le risque sanitaire que représentent les maladies à prions. Il est donc apparu essentiel que notre pays se dote d'installations expérimentales à la mesure de l'enjeu, pour faire progresser les connaissances scientifiques. Et il en faut, si l'on veut qu'un jour les certitudes dépassent les incertitudes !
2/ Je souligne le caractère innovant de cette infrastructure qui va permettre l'hébergement dans des conditions de haute sécurité de quelques milliers de rongeurs, modèle animal de recherche par excellence, mais aussi de plusieurs dizaines d'ovins et de bovins. Pour la première fois, les EST seront donc étudiées selon une approche intégrée.
3/ Cette nouvelle infrastructure sera un outil au service de la communauté scientifique nationale, c'est à dire de l'ensemble des équipes impliquées dans le domaine des EST. De nombreux organismes ont d'ores et déjà manifesté leur intérêt pour ce projet : l'AFSSA, l'AFSSAPS, le CIRAD, les écoles vétérinaires pour n'en citer que quelques uns. C'est à travers la création d'un comité de pilotage, associant des représentants de chacune des institutions concernées, que pourra être assurée une gestion efficace et opérationnelle de cet outil. Je souhaite vivement que ce comité puisse se structurer dès à présent et engager un travail prospectif sur les priorités scientifiques d'utilisation de cette animalerie. Une collaboration étroite devra évidemment s'instaurer avec la future biothèque de l'AFSSA qui s'installera à Lyon. J'attache beaucoup d'importance à cette organisation de la recherche sous forme de projets en réseau, qui favorise les synergies.
4/ Un autre atout de ce projet est sa modularité ou sa flexibilité. Dans une perspective d'utilisation à long terme de cet outil, au delà des EST dont on peut espérer qu'elles deviendront un jour un problème du passé -pourquoi pas après tout ?-, il est en effet essentiel qu'il puisse être utilisé pour étudier d'autres agents pathogènes pour la santé animale. C'est là encore tout le sens de ce projet multi-organismes et partenarial.
5/ Les enjeux de l'expérimentation animale en matière d'EST sont nombreux, que ce soit en recherche fondamentale ou en recherche appliquée. Sur ce dernier point, je dirai simplement que le développement et la validation d'outils diagnostiques correspondent à un réel besoin pour les gestionnaires du risque que nous sommes, nous autres les politiques. Le défi des prochaines années est bien sûr la mise au point d'un test de dépistage de l'ESB sur animal vivant, utilisable en routine.
6/ Bien entendu, les travaux de recherche sur les EST nourrissent l'expertise scientifique conduite par l'AFSSA et sont par conséquent essentiels pour la bonne évaluation du risque sanitaire et sa gestion par les pouvoirs publics. Un exemple concret du lien qui unit recherche et mesures de gestion du risque est la définition des matériels à risque spécifiés (les fameux MRS), qui s'appuie sur l'appréciation quantitative du niveau d'infectiosité des tissus chez les animaux atteints. Ce sont également les résultats de la recherche qui sont à l'origine du programme de tests sur les petits ruminants, qui va démarrer le mois prochain dans notre pays, avec l'objectif de mieux connaître la prévalence de la tremblante, en attendant de disposer de tests qui sauront distinguer le prion de la tremblante de celui de l'ESB.
Je ne saurais trop insister sur le besoin de savoir si oui ou non le prion de l'ESB a pu contaminer le mouton dans des conditions naturelles (sachant que la preuve est faite en laboratoire seulement). Et si oui, dans quelles proportions. Cela dit, le pire n'est jamais sûr, et nous continuons d'agir, dans ce contexte d'incertitudes, avec détermination et sérénité. Nous nous apprêtons à prendre une série de mesures qui auront notamment pour objectif d'éradiquer à terme la tremblante.
7/ Les scientifiques de l'INRA sont impliqués de longue date dans l'effort de recherche sur les EST, au travers de programmes nationaux mais aussi européens. Parmi les contributions de ces équipes aux avancées scientifiques dans le domaine des maladies à prions, citons la connaissance de la génétique, qui nous a permis de mettre en place un programme national de sélection d'ovins résistants aux EST, ou encore le développement d'outils à visée diagnostique et thérapeutique.
8/ Je suis convaincu que les nouveaux moyens alloués par le Gouvernement à la recherche sur les EST permettront de répondre aux préoccupations que j'ai évoquées, et j'en appelle par conséquent -mais je suis sûr d'être entendu- à la mobilisation de tous les organismes partenaires et de leurs scientifiques autour de ces questions.
9/ Cette première pierre que nous posons aujourd'hui témoigne de l'intérêt porté par le Gouvernement à la mise en uvre de projets fédérateurs en matière de sécurité des aliments. Parmi les actions incitatives auxquelles participe le ministère de l'agriculture et de la pêche, je veux citer le programme Aliment Qualité Sécurité qui vise à promouvoir des partenariats entre recherche publique et recherche privée, autour de projets ciblés sur l'amélioration de la qualité et de la sécurité alimentaires. Cette politique d'appui à la recherche a porté ses fruits puisque le développement de liens solides entre acteurs de la recherche publique et de l'industrie agro-alimentaire leur permet aujourd'hui de mener ensemble des projets d'envergure et de complexité croissantes. Pour organiser ces projets, 4 consortiums centrés autour de thématiques définies ont été créés, au sein d'un réseau plus large de recherche et d'innovation technologiques, le Réseau Alimentation Référence Europe.
10/ En conclusion, je voudrais encore une fois me féliciter de l'ouverture de ce chantier, souhaiter qu'il progresse rapidement pour que chercheurs et animaux puissent investir les lieux aussi vite que possible ! Je ne suis pas certain d'être présent pour l'inauguration, mais croyez bien que je serai de tout cur avec vous !
Je vous remercie.
(source http://www.agriculture.gouv.fr, le 13 février 2002)