Texte intégral
NOTRE COLERE ET NOTRE DEGOUT, IL FAUT LES DIRE !
19 février 2002
Visiblement Fabius-Jospin d'un côté, Chirac de l'autre, sont contents d'eux, à propos de la réussite du passage à l'euro, dont ils s'attribuent respectivement le mérite. Comme si réussir à organiser un changement monétaire, opération purement technique qui ne change rien ni à la situation des plus riches, ni au sort de la population laborieuse, relevait de l'exploit !
Le magot des riches, des capitalistes, des gros actionnaires, ne s'est pas amenuisé depuis qu'il est évalué en euros, d'autant qu'il l'est, à la Bourse, depuis deux ans. Les bilans des grandes entreprises sont éloquents. Les dividendes que les grandes sociétés capitalistes distribuent à leurs actionnaires sont plus que copieux. TotalFinaElf avait annoncé, il y a deux semaines, des résultats records. Depuis, on en a annoncé d'autres, de la même veine. Le journal économique "Les Echos" signalait, la semaine dernière, que les profits du trust international Unilever avaient augmenté de 12,2 %. Ce même trust avait, comme bien d'autres, jeté à la rue des milliers de travailleurs, y compris en France. Renault a tout récemment annoncé 1,05 milliard de profits, ceux annoncés par Peugeot-Citroën sont en progression de 29 %. A l'exception du salaire des PDG français, dont on a appris qu'il avait progressé de 36 % en moyenne, quel salarié peut se vanter d'avoir connu de telles augmentations sur sa feuille de paie ?
Car, à la différence des profits, à la différence des salaires des grands patrons, les salaires des travailleurs ont connu, eux, que ce soit en francs hier ou en euros aujourd'hui, la stagnation. Quand ils n'ont pas diminué, en conséquence de la précarité qui dure depuis des années et qui grandit en même temps que le chômage. Un chômage alimenté en permanence par les plans abusivement dits sociaux qui n'ont pas cessé.
Il y a les licenciements dont la presse fait état, parce qu'ils se produisent dans des sociétés dont le nom est connu à l'échelle nationale, tels ceux qu'envisage le trust Péchiney, qui projette de fermer son usine de Marignac pour délocaliser sa production. Mais il y en a des milliers d'autres dont on ne parle pas, parce qu'ils concernent des petites et moyennes entreprises qui n'ont pas une notoriété nationale, mais qui provoquent tout autant l'appauvrissement de bien des familles.
Et puis, il y a les travailleurs dont on a parlé, il y a quelques mois, et qui avaient réussi à se faire entendre en faisant grève et en manifestant, chez Bata, chez LU ou chez Moulinex, et autres. Sauf qu'une fois les licenciements avalisés par le gouvernement, celui-ci s'est empressé d'oublier les engagements qu'il avait pris à chaud afin d'apaiser l'émotion que ces suppressions d'emplois avaient suscitée.
On a appris récemment que les licenciés de Moulinex, à la rue depuis maintenant plus de quatre mois, n'ont rien touché, ni des salaires encore dus, ni de cette maigre prime de licenciement dite exceptionnelle qu'on leur avait promise.
Il est vrai que Jospin et les ministres socialistes sont coutumiers de ce genre d'oubli. Les travailleurs de Vilvorde, et nombre de travailleurs qui avaient sans doute pris pour argent comptant les promesses du candidat Jospin, n'ont pas oublié les promesses non tenues du premier ministre socialiste. Un premier reniement qui ne fut pas le seul.
Il n'y a qu'à l'égard des riches et du patronat que le gouvernement sait rester fidèle à sa parole. Pour le comprendre, il faut entendre la façon dont Fabius se vante des mesures qu'il a prises en réduisant encore un peu plus les impôts des riches et des entreprises. Il promet d'ailleurs d'en faire plus encore si la majorité dont il est membre était reconduite. Fabius, toujours lui, et Strauss-Kahn se déclarent ouvertement favorables au demantèlement du système de retraite des salariés, comme le réclament la droite et le patronat.
Et ce sont ces hommes-là qui voudraient nous faire croire qu'ils représentent une autre politique que la droite !
Décidément, ce gouvernement n'est pas dans le camp des travailleurs, et il ne s'engage pas à y être demain. Il est, comme la droite, exclusivement dans le camp du patronat. A nous d'en tenir compte.
(source http://www.lutte-ouvriere.org, le 21 février 2002)
25 février 2002
JOSPIN IDEM CHIRAC POUR TROIS ELECTEURS SUR QUATRE.
ALORS, VOTONS POUR NOUS-MEMES.
D'après un sondage publié par la presse le lundi 25 février, 74% des Français ne voient pas de différence entre le programme proposé par Chirac et celui proposé par Jospin dans le cadre de leurs campagnes électorales respectives.
Quoi d'étonnant à cela ? Les deux candidats du deuxième tour, nous dit-on, en sont à se reprocher eux-mêmes de se copier mutuellement !
Pour les possédants, cela veut dire que quel que soit l'occupant de l'Elysée de 2002 à 2007, ils peuvent envisager l'avenir sans crainte, et que leurs intérêts seront bien défendus, comme ils l'ont été dans le passé. Cependant, Chirac, qui ne fait pas semblant d'être de gauche, est évidemment mieux vu par les nantis que Jospin. Mais Jospin, pour achever de rassurer ceux qui auraient encore pu avoir un doute sur ce qu'il ferait s'il parvenait à l'Elysée, a bien précisé qu'il ne défendait pas un programme "socialiste", qu'il était tout à fait envisageable, par exemple, de permettre aux capitaux privés d'entrer dans le capital de l'EDF, et que s'il était élu il mettrait en oeuvre une réforme du système des retraites, entendez par là qu'il s'attaquera à ce système, comme Juppé avait essayé de le faire en 1995.
Pour les travailleurs, cela signifie donc qu'ils n'ont pas plus à attendre d'un Jospin Président de la République que d'un Chirac-bis. D'ailleurs, si Chirac et Jospin ont pu cohabiter aussi facilement depuis cinq ans, comme Mitterrand avait cohabité quatre ans avec Chirac et Balladur, c'est bien parce que les uns et les autres défendent de la même façon, avec la même vigueur et la même persévérance, les intérêts de la bourgeoisie et du patronat.
Le Parti Socialiste mène au gouvernement la même politique que la droite. Et ses alliés dits de la gauche gouvernementale, PC et Verts, qui prétendent défendre une autre politique, ne font que cautionner celle de Jospin. Robert Hue parle aujourd'hui "d'ancrer" la politique du gouvernement à gauche. Mais cela fait cinq ans qu'il est censé le faire. Sans le moindre résultat. Il dit qu'Arlette Laguiller n'est pas positive, qu'elle ne fait que dénoncer. Mais que fait donc de plus Robert Hue ? Il soutient Jospin mais ne le dénonce même pas sérieusement. A-t-il en cinq ans empêché le moindre licenciement ? Les voix communistes du premier tour, il les offre à Jospin au deuxième, en échange d'hypothétiques strapontins de ministres à tout faire.
Choisir de voter Jospin, ou pour l'un de ses alliés, pour voter contre la droite, c'est approuver par avance tout ce que la gauche gouvernementale fera contre les travailleurs, et au final baiser la main qui nous opprime.
Nous ne pourrons certes pas imposer un véritable changement de politique par ces seules élections. Mais nous pourrons au moins dire que nous ne sommes dupes ni des discours sur la "fracture sociale" des uns, ni des bonnes paroles des autres. Nous pourrons dire que nous sommes dégoûtés par la politique de ces hommes-là. Que nous sommes conscients qu'ils nous trompent et nous trahissent. Ne tolérons plus les subventions à fonds perdus aux gros capitalistes, n'acceptons plus les licenciements collectifs, à commencer dans les entreprises qui font des profits comme Lu-Danone. Imposons la création par l'Etat des emplois nécessaires au bon fonctionnement des services publics, dans les hôpitaux, les transports, l'enseignement, etc. Il faut taxer les énormes profits des grands trusts. Il faut aussi ne pas laisser à ces derniers la mainmise toute puissante qu'ils ont sur l'économie et, de ce fait, sur la vie sociale et politique du pays. Pour cela il faut l'abolition du secret bancaire, industriel et commercial, la publication de la comptabilité des grandes entreprises.
Arlette Laguiller est la seule candidate qui représente vraiment le camp des travailleurs. Elle n'a jamais tourné sa veste. Voter pour elle ce sera affirmer que le monde du travail n'est pas dupe des politiciens de la bourgeoisie, de droite ou de gauche, et qu'il vote pour lui-même. Ce sera un pas énorme pour imposer ensemble ce programme sans rien attendre des autres.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 1er mars 2002)
19 février 2002
Visiblement Fabius-Jospin d'un côté, Chirac de l'autre, sont contents d'eux, à propos de la réussite du passage à l'euro, dont ils s'attribuent respectivement le mérite. Comme si réussir à organiser un changement monétaire, opération purement technique qui ne change rien ni à la situation des plus riches, ni au sort de la population laborieuse, relevait de l'exploit !
Le magot des riches, des capitalistes, des gros actionnaires, ne s'est pas amenuisé depuis qu'il est évalué en euros, d'autant qu'il l'est, à la Bourse, depuis deux ans. Les bilans des grandes entreprises sont éloquents. Les dividendes que les grandes sociétés capitalistes distribuent à leurs actionnaires sont plus que copieux. TotalFinaElf avait annoncé, il y a deux semaines, des résultats records. Depuis, on en a annoncé d'autres, de la même veine. Le journal économique "Les Echos" signalait, la semaine dernière, que les profits du trust international Unilever avaient augmenté de 12,2 %. Ce même trust avait, comme bien d'autres, jeté à la rue des milliers de travailleurs, y compris en France. Renault a tout récemment annoncé 1,05 milliard de profits, ceux annoncés par Peugeot-Citroën sont en progression de 29 %. A l'exception du salaire des PDG français, dont on a appris qu'il avait progressé de 36 % en moyenne, quel salarié peut se vanter d'avoir connu de telles augmentations sur sa feuille de paie ?
Car, à la différence des profits, à la différence des salaires des grands patrons, les salaires des travailleurs ont connu, eux, que ce soit en francs hier ou en euros aujourd'hui, la stagnation. Quand ils n'ont pas diminué, en conséquence de la précarité qui dure depuis des années et qui grandit en même temps que le chômage. Un chômage alimenté en permanence par les plans abusivement dits sociaux qui n'ont pas cessé.
Il y a les licenciements dont la presse fait état, parce qu'ils se produisent dans des sociétés dont le nom est connu à l'échelle nationale, tels ceux qu'envisage le trust Péchiney, qui projette de fermer son usine de Marignac pour délocaliser sa production. Mais il y en a des milliers d'autres dont on ne parle pas, parce qu'ils concernent des petites et moyennes entreprises qui n'ont pas une notoriété nationale, mais qui provoquent tout autant l'appauvrissement de bien des familles.
Et puis, il y a les travailleurs dont on a parlé, il y a quelques mois, et qui avaient réussi à se faire entendre en faisant grève et en manifestant, chez Bata, chez LU ou chez Moulinex, et autres. Sauf qu'une fois les licenciements avalisés par le gouvernement, celui-ci s'est empressé d'oublier les engagements qu'il avait pris à chaud afin d'apaiser l'émotion que ces suppressions d'emplois avaient suscitée.
On a appris récemment que les licenciés de Moulinex, à la rue depuis maintenant plus de quatre mois, n'ont rien touché, ni des salaires encore dus, ni de cette maigre prime de licenciement dite exceptionnelle qu'on leur avait promise.
Il est vrai que Jospin et les ministres socialistes sont coutumiers de ce genre d'oubli. Les travailleurs de Vilvorde, et nombre de travailleurs qui avaient sans doute pris pour argent comptant les promesses du candidat Jospin, n'ont pas oublié les promesses non tenues du premier ministre socialiste. Un premier reniement qui ne fut pas le seul.
Il n'y a qu'à l'égard des riches et du patronat que le gouvernement sait rester fidèle à sa parole. Pour le comprendre, il faut entendre la façon dont Fabius se vante des mesures qu'il a prises en réduisant encore un peu plus les impôts des riches et des entreprises. Il promet d'ailleurs d'en faire plus encore si la majorité dont il est membre était reconduite. Fabius, toujours lui, et Strauss-Kahn se déclarent ouvertement favorables au demantèlement du système de retraite des salariés, comme le réclament la droite et le patronat.
Et ce sont ces hommes-là qui voudraient nous faire croire qu'ils représentent une autre politique que la droite !
Décidément, ce gouvernement n'est pas dans le camp des travailleurs, et il ne s'engage pas à y être demain. Il est, comme la droite, exclusivement dans le camp du patronat. A nous d'en tenir compte.
(source http://www.lutte-ouvriere.org, le 21 février 2002)
25 février 2002
JOSPIN IDEM CHIRAC POUR TROIS ELECTEURS SUR QUATRE.
ALORS, VOTONS POUR NOUS-MEMES.
D'après un sondage publié par la presse le lundi 25 février, 74% des Français ne voient pas de différence entre le programme proposé par Chirac et celui proposé par Jospin dans le cadre de leurs campagnes électorales respectives.
Quoi d'étonnant à cela ? Les deux candidats du deuxième tour, nous dit-on, en sont à se reprocher eux-mêmes de se copier mutuellement !
Pour les possédants, cela veut dire que quel que soit l'occupant de l'Elysée de 2002 à 2007, ils peuvent envisager l'avenir sans crainte, et que leurs intérêts seront bien défendus, comme ils l'ont été dans le passé. Cependant, Chirac, qui ne fait pas semblant d'être de gauche, est évidemment mieux vu par les nantis que Jospin. Mais Jospin, pour achever de rassurer ceux qui auraient encore pu avoir un doute sur ce qu'il ferait s'il parvenait à l'Elysée, a bien précisé qu'il ne défendait pas un programme "socialiste", qu'il était tout à fait envisageable, par exemple, de permettre aux capitaux privés d'entrer dans le capital de l'EDF, et que s'il était élu il mettrait en oeuvre une réforme du système des retraites, entendez par là qu'il s'attaquera à ce système, comme Juppé avait essayé de le faire en 1995.
Pour les travailleurs, cela signifie donc qu'ils n'ont pas plus à attendre d'un Jospin Président de la République que d'un Chirac-bis. D'ailleurs, si Chirac et Jospin ont pu cohabiter aussi facilement depuis cinq ans, comme Mitterrand avait cohabité quatre ans avec Chirac et Balladur, c'est bien parce que les uns et les autres défendent de la même façon, avec la même vigueur et la même persévérance, les intérêts de la bourgeoisie et du patronat.
Le Parti Socialiste mène au gouvernement la même politique que la droite. Et ses alliés dits de la gauche gouvernementale, PC et Verts, qui prétendent défendre une autre politique, ne font que cautionner celle de Jospin. Robert Hue parle aujourd'hui "d'ancrer" la politique du gouvernement à gauche. Mais cela fait cinq ans qu'il est censé le faire. Sans le moindre résultat. Il dit qu'Arlette Laguiller n'est pas positive, qu'elle ne fait que dénoncer. Mais que fait donc de plus Robert Hue ? Il soutient Jospin mais ne le dénonce même pas sérieusement. A-t-il en cinq ans empêché le moindre licenciement ? Les voix communistes du premier tour, il les offre à Jospin au deuxième, en échange d'hypothétiques strapontins de ministres à tout faire.
Choisir de voter Jospin, ou pour l'un de ses alliés, pour voter contre la droite, c'est approuver par avance tout ce que la gauche gouvernementale fera contre les travailleurs, et au final baiser la main qui nous opprime.
Nous ne pourrons certes pas imposer un véritable changement de politique par ces seules élections. Mais nous pourrons au moins dire que nous ne sommes dupes ni des discours sur la "fracture sociale" des uns, ni des bonnes paroles des autres. Nous pourrons dire que nous sommes dégoûtés par la politique de ces hommes-là. Que nous sommes conscients qu'ils nous trompent et nous trahissent. Ne tolérons plus les subventions à fonds perdus aux gros capitalistes, n'acceptons plus les licenciements collectifs, à commencer dans les entreprises qui font des profits comme Lu-Danone. Imposons la création par l'Etat des emplois nécessaires au bon fonctionnement des services publics, dans les hôpitaux, les transports, l'enseignement, etc. Il faut taxer les énormes profits des grands trusts. Il faut aussi ne pas laisser à ces derniers la mainmise toute puissante qu'ils ont sur l'économie et, de ce fait, sur la vie sociale et politique du pays. Pour cela il faut l'abolition du secret bancaire, industriel et commercial, la publication de la comptabilité des grandes entreprises.
Arlette Laguiller est la seule candidate qui représente vraiment le camp des travailleurs. Elle n'a jamais tourné sa veste. Voter pour elle ce sera affirmer que le monde du travail n'est pas dupe des politiciens de la bourgeoisie, de droite ou de gauche, et qu'il vote pour lui-même. Ce sera un pas énorme pour imposer ensemble ce programme sans rien attendre des autres.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 1er mars 2002)