Texte intégral
R. Sicard - Les partis de l'ancienne majorité plurielle - qui veut s'appeler maintenant "majorité unie" - ont toutes les peines du monde a trouvé des candidatures d'union - en tout cas un minimum de candidatures d'union. Est-ce qu'après l'échec du premier tour de la présidentielle, vous n'auriez pas dû faire un effort pour tenter de vous mettre très vite d'accord ?
- "Je crois qu'il y a vraiment la volonté de la part du Parti communiste d'avoir des candidatures uniques partout où il y a danger, afin que les électeurs de gauche n'aient plus, une nouvelle fois, que le choix du bulletin de droite pour faire face à l'extrême droite. Nous voulons que partout dans ces circonscriptions-là, nous assurions la présence d'un candidat ou d'une candidate de gauche au second tour. Cet accord est un peu long à mettre en oeuvre, mais je crois que nous avons maintenant le socle de l'accord. Il reste quelques points à régler, notamment au niveau de Marseille, et je pense que nous allons aboutir. Mais nous avons cette volonté politique."
Tous les jours, on nous annonce que l'accord est pour dans quelques heures et tous les jours, il ne vient pas : que se passe-t-il ?
- "Il y a parfois des difficultés. On est en train de consulter aussi nos organisations locales. Il faut que cela se fasse avec elles. Il faut que les candidats et candidates soient d'accord. Je crois qu'il y a la volonté et que l'on va y arriver."
Au début, les communistes avaient parlé d'une tentative hégémonique du Parti socialiste. Est-ce que vous avez toujours cette impression ?
- "Nous avons voulu vraiment avoir une base politique à ces candidatures uniques. Et la base politique, c'est, comme nous l'ont demandé les électeurs et les électrices de gauche, faire face à l'extrême droite. Nous ne voulons pas marchander sur notre base. Je crois qu'aujourd'hui, tous les partis de gauche sont sur cet objectif. C'est pour cela que nous allons arriver à cet accord."
Mais vous n'avez pas vraiment répondu : est-ce que les socialistes vous en demandent trop ?
- "Non, je crois que maintenant, chacun est sérieux et responsable et il n'y a plus cette volonté hégémonique. Nous allons arriver vraiment à nous mettre d'accord."
En tout cas, justement, les socialistes avaient lancé l'idée d'une sorte de fédération des partis de gauche. Vous pensez que c'est une bonne idée ?
- "Il faut vraiment écouter ce que nous ont dit les électeurs et les électrices au premier tour de l'élection présidentielle. Ils ne nous ont pas demandé de créer un nouveau parti ou de créer une fédération. Ils nous ont dit qu'ils n'avaient pas été satisfaits de la politique que nous avons menée, qu'ils avaient eu l'impression que nous avions été loin des couches populaires, loin d'avoir répondu à leurs attentes. C'est là-dessus qu'il faut se pencher, c'est là-dessus qu'il faut réfléchir. C'est ce que nous faisons, nous les communistes, au lieu de créer de nouvelles structures. Ce n'est pas ce qui intéressent, aujourd'hui, ces hommes et ces femmes."
De ce point de vue, vous dites "non" aux socialistes : pas question de créer une structure unique ?
- "Ce n'est vraiment pas à l'ordre du jour. Réfléchissons plutôt, puisque nous sommes dans des législatives, à la question : qu'est-ce qui peut permettre, aujourd'hui, à la gauche de gagner ? C'est de vraiment prendre des engagements sérieux par rapport à toutes les questions que nous ont posées ces hommes et ces femmes qui sont attachés à la gauche."
Sur le plan de la stratégie, est-ce que vous pensez, aujourd'hui, avec le recul, que la présence des ministres communistes au Gouvernement était une mauvaise idée ?
- "Nous sommes en train d'en discuter. Nous avons ouvert un large débat au niveau des communistes. Avons-nous bien gérer cette participation au Gouvernement ? Je pense que beaucoup de gens nous ont trouvé trop institutionnels, trop loin de leurs préoccupations. Il faut vraiment que nous travaillions sur ces questions. Beaucoup de personnes m'ont dit depuis le premier tour "vous vous êtes éloignés de nous". C'est le sentiment qu'ils ont eu. Cela nous fait beaucoup réfléchir."
Justement le nouveau Gouvernement, lui, veut montrer qu'il est proche des gens. On a vu J.-P. Raffarin et N. Sarkozy dans le métro pour parler des problèmes de sécurité. Est-ce que ce n'était pas la démarche que vous auriez dû faire ? Est-ce que vous n'auriez pas dû être plus proches des gens, plus sur le terrain ?
- "Il faut être sur le terrain et il faut être aussi, vraiment, à proximité. Mais pas une proximité pour les caméras, artificielle, mais une proximité où on écoute réellement ce qu'attendent de nous les gens. Moi, j'attends de ce Gouvernement, qui nous a longtemps parlé de l'insécurité, des actes réels. J'attends qu'il mette les moyens nécessaires. Pour l'instant, je n'ai rien vu. A part en effet des visites dans le métro."
Vous pensez que c'est uniquement une présence médiatique et que derrière, il n'y a pas quelque chose de concret ?
- "On attend pour l'instant les décisions et les mesures. Je ne les ai pas vues."
Revenons-en maintenant au sort du Parti communiste. A l'élection présidentielle, il a réalisé un score particulièrement bas. Est-ce que c'est son existence qui est aujourd'hui menacée ?
- "Je pense qu'en effet on a eu un score historiquement faible. C'est un véritable séisme politique, un séisme à gauche et un séisme pour le Parti communiste français. Nous allons organiser un vaste débat pour reconstruire un espoir communiste. Je crois qu'on a besoin, dans ce pays, d'une visée communiste moderne. Je crois qu'il y a besoin d'un Parti communiste français. Mais nous avons à recréer ces visée communistes."
Comment expliquez-vous, quand même, qu'on en soit arrivé à un score aussi bas aujourd'hui ? C'est, quand même, l'existence même du Parti communiste qui est mise en cause ? Y a-t-il encore besoin d'un Parti communiste ?
- "Il n'y a pas qu'une seule cause. Je pense que nous avons fait cette mutation, sous l'impulsion d'ailleurs de R. Hue, toutes ces dernières années. Cette mutation était nécessaire."
Est-ce qu'elle n'a pas été trop rapide ? Est-ce qu'elle n'a pas désarçonné les électeurs communistes ?
- "Je pense surtout que nous ne l'avons pas rendue suffisamment visible et concrète. Ensuite, nous avons cette question de la participation. Comment l'avons nous gérée ? C'est aussi un deuxième problème. Nous avons également des raisons extérieures à nous. Je pense que cette présidentielle est une élection difficile, lorsque nous ne sommes pas dans des partis qui visent le second tour. Nous allons travailler et tenir une conférence nationale fin juin. Nous allons poursuivre le débat après. Des camarades réclament un congrès : nous allons décider s'il faut tenir un congrès dans les prochains mois. Nous allons travailler et je crois que c'est l'essentiel maintenant."
Il y a aussi la question des finances du Parti communiste : il va falloir rembourser les frais de campagne. Est-ce que vous allez être obligés de faire des sacrifices, comme vendre par exemple l'immeuble de la place du Colonel Fabien ?
- "On ne va pas vendre l'immeuble de la place du Colonel Fabien. Nous avons lancé un appel à une souscription. Je le renouvelle aujourd'hui."
Il fonctionne ?
- "Oui. Formidable, il y a vraiment une mobilisation très large pour nous aider. Mais nous allons devoir faire des sacrifices. Nous allons devoir certainement examiner un nouveau plan social. C'est une période difficile pour le Parti communiste français."
Un plan social au sein du Parti communiste : c'est-à-dire qu'il va y avoir des licenciements dans le parti ?
- "Non, nous n'allons pas avoir de licenciements. Toutes les personnes seront reclassées, mais nous allons devoir supprimer des postes."
(Source :Premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 16 mai 2002)
- "Je crois qu'il y a vraiment la volonté de la part du Parti communiste d'avoir des candidatures uniques partout où il y a danger, afin que les électeurs de gauche n'aient plus, une nouvelle fois, que le choix du bulletin de droite pour faire face à l'extrême droite. Nous voulons que partout dans ces circonscriptions-là, nous assurions la présence d'un candidat ou d'une candidate de gauche au second tour. Cet accord est un peu long à mettre en oeuvre, mais je crois que nous avons maintenant le socle de l'accord. Il reste quelques points à régler, notamment au niveau de Marseille, et je pense que nous allons aboutir. Mais nous avons cette volonté politique."
Tous les jours, on nous annonce que l'accord est pour dans quelques heures et tous les jours, il ne vient pas : que se passe-t-il ?
- "Il y a parfois des difficultés. On est en train de consulter aussi nos organisations locales. Il faut que cela se fasse avec elles. Il faut que les candidats et candidates soient d'accord. Je crois qu'il y a la volonté et que l'on va y arriver."
Au début, les communistes avaient parlé d'une tentative hégémonique du Parti socialiste. Est-ce que vous avez toujours cette impression ?
- "Nous avons voulu vraiment avoir une base politique à ces candidatures uniques. Et la base politique, c'est, comme nous l'ont demandé les électeurs et les électrices de gauche, faire face à l'extrême droite. Nous ne voulons pas marchander sur notre base. Je crois qu'aujourd'hui, tous les partis de gauche sont sur cet objectif. C'est pour cela que nous allons arriver à cet accord."
Mais vous n'avez pas vraiment répondu : est-ce que les socialistes vous en demandent trop ?
- "Non, je crois que maintenant, chacun est sérieux et responsable et il n'y a plus cette volonté hégémonique. Nous allons arriver vraiment à nous mettre d'accord."
En tout cas, justement, les socialistes avaient lancé l'idée d'une sorte de fédération des partis de gauche. Vous pensez que c'est une bonne idée ?
- "Il faut vraiment écouter ce que nous ont dit les électeurs et les électrices au premier tour de l'élection présidentielle. Ils ne nous ont pas demandé de créer un nouveau parti ou de créer une fédération. Ils nous ont dit qu'ils n'avaient pas été satisfaits de la politique que nous avons menée, qu'ils avaient eu l'impression que nous avions été loin des couches populaires, loin d'avoir répondu à leurs attentes. C'est là-dessus qu'il faut se pencher, c'est là-dessus qu'il faut réfléchir. C'est ce que nous faisons, nous les communistes, au lieu de créer de nouvelles structures. Ce n'est pas ce qui intéressent, aujourd'hui, ces hommes et ces femmes."
De ce point de vue, vous dites "non" aux socialistes : pas question de créer une structure unique ?
- "Ce n'est vraiment pas à l'ordre du jour. Réfléchissons plutôt, puisque nous sommes dans des législatives, à la question : qu'est-ce qui peut permettre, aujourd'hui, à la gauche de gagner ? C'est de vraiment prendre des engagements sérieux par rapport à toutes les questions que nous ont posées ces hommes et ces femmes qui sont attachés à la gauche."
Sur le plan de la stratégie, est-ce que vous pensez, aujourd'hui, avec le recul, que la présence des ministres communistes au Gouvernement était une mauvaise idée ?
- "Nous sommes en train d'en discuter. Nous avons ouvert un large débat au niveau des communistes. Avons-nous bien gérer cette participation au Gouvernement ? Je pense que beaucoup de gens nous ont trouvé trop institutionnels, trop loin de leurs préoccupations. Il faut vraiment que nous travaillions sur ces questions. Beaucoup de personnes m'ont dit depuis le premier tour "vous vous êtes éloignés de nous". C'est le sentiment qu'ils ont eu. Cela nous fait beaucoup réfléchir."
Justement le nouveau Gouvernement, lui, veut montrer qu'il est proche des gens. On a vu J.-P. Raffarin et N. Sarkozy dans le métro pour parler des problèmes de sécurité. Est-ce que ce n'était pas la démarche que vous auriez dû faire ? Est-ce que vous n'auriez pas dû être plus proches des gens, plus sur le terrain ?
- "Il faut être sur le terrain et il faut être aussi, vraiment, à proximité. Mais pas une proximité pour les caméras, artificielle, mais une proximité où on écoute réellement ce qu'attendent de nous les gens. Moi, j'attends de ce Gouvernement, qui nous a longtemps parlé de l'insécurité, des actes réels. J'attends qu'il mette les moyens nécessaires. Pour l'instant, je n'ai rien vu. A part en effet des visites dans le métro."
Vous pensez que c'est uniquement une présence médiatique et que derrière, il n'y a pas quelque chose de concret ?
- "On attend pour l'instant les décisions et les mesures. Je ne les ai pas vues."
Revenons-en maintenant au sort du Parti communiste. A l'élection présidentielle, il a réalisé un score particulièrement bas. Est-ce que c'est son existence qui est aujourd'hui menacée ?
- "Je pense qu'en effet on a eu un score historiquement faible. C'est un véritable séisme politique, un séisme à gauche et un séisme pour le Parti communiste français. Nous allons organiser un vaste débat pour reconstruire un espoir communiste. Je crois qu'on a besoin, dans ce pays, d'une visée communiste moderne. Je crois qu'il y a besoin d'un Parti communiste français. Mais nous avons à recréer ces visée communistes."
Comment expliquez-vous, quand même, qu'on en soit arrivé à un score aussi bas aujourd'hui ? C'est, quand même, l'existence même du Parti communiste qui est mise en cause ? Y a-t-il encore besoin d'un Parti communiste ?
- "Il n'y a pas qu'une seule cause. Je pense que nous avons fait cette mutation, sous l'impulsion d'ailleurs de R. Hue, toutes ces dernières années. Cette mutation était nécessaire."
Est-ce qu'elle n'a pas été trop rapide ? Est-ce qu'elle n'a pas désarçonné les électeurs communistes ?
- "Je pense surtout que nous ne l'avons pas rendue suffisamment visible et concrète. Ensuite, nous avons cette question de la participation. Comment l'avons nous gérée ? C'est aussi un deuxième problème. Nous avons également des raisons extérieures à nous. Je pense que cette présidentielle est une élection difficile, lorsque nous ne sommes pas dans des partis qui visent le second tour. Nous allons travailler et tenir une conférence nationale fin juin. Nous allons poursuivre le débat après. Des camarades réclament un congrès : nous allons décider s'il faut tenir un congrès dans les prochains mois. Nous allons travailler et je crois que c'est l'essentiel maintenant."
Il y a aussi la question des finances du Parti communiste : il va falloir rembourser les frais de campagne. Est-ce que vous allez être obligés de faire des sacrifices, comme vendre par exemple l'immeuble de la place du Colonel Fabien ?
- "On ne va pas vendre l'immeuble de la place du Colonel Fabien. Nous avons lancé un appel à une souscription. Je le renouvelle aujourd'hui."
Il fonctionne ?
- "Oui. Formidable, il y a vraiment une mobilisation très large pour nous aider. Mais nous allons devoir faire des sacrifices. Nous allons devoir certainement examiner un nouveau plan social. C'est une période difficile pour le Parti communiste français."
Un plan social au sein du Parti communiste : c'est-à-dire qu'il va y avoir des licenciements dans le parti ?
- "Non, nous n'allons pas avoir de licenciements. Toutes les personnes seront reclassées, mais nous allons devoir supprimer des postes."
(Source :Premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 16 mai 2002)