Texte intégral
Monsieur le Secrétaire Général,
Monsieur le Rapporteur,
Mesdames, Messieurs
Permettez-moi de vous souhaiter à toutes et à tous la bienvenue à l'Hôtel de Villeroy, dont vous êtes pour certains familiers.
Vous avez bien voulu répondre à mon invitation à rejoindre le Conseil de Prospective Européenne et Internationale pour l'Agriculture et l'Alimentation, que nous installons aujourd'hui. Je veux vous en remercier très sincèrement et vous dire tout l'intérêt que j'attache aux travaux que vous conduirez.
Devant le congrès des Jeunes Agriculteurs réuni à Périgueux le 4 juillet dernier, j'avais indiqué ma volonté de mettre en place un Conseil d'orientation et de prospective, qui aurait vocation à m'assister dans la définition et la mise en oeuvre de notre stratégie agricole internationale, à court et à moyen terme.
Ces derniers mois, nous avons été confrontés, sur les sujets internationaux, à un courant puissant de contre-vérités, dont nous ne devons pas sous-estimer l'influence dans la bataille intellectuelle qui est aujourd'hui engagée. Contrairement à ce que certains pouvaient redouter et à ce que d'autres souhaitaient de façon plus ou moins avouée, le Conseil agricole du 10 juillet dernier a montré que nos positions ne sont pas isolées dans le concert européen.
A la faveur de la réunion du Sommet de la Terre à Johannesburg, certains ont toutefois continué à instruire le procès de l'agriculture et notamment de la PAC, au mépris parfois de toute évidence et de toute réalité.
L'issue de ces discussions n'est pas écrite et nous ne l'emporterons que si nous savons développer dans ce débat un discours positif, fondé sur une analyse étayée et des idées novatrices.
Aussi, plus que jamais, s'impose la nécessité d'un cadre permettant une réflexion sereine et dépassionnée.
Le Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation, de la Pêche et des Affaires Rurales dispose -vous le savez- d'un Conseil Supérieur d'Orientation, qui a pour fonction de représenter les milieux agricoles. Le Conseil que j'installe aujourd'hui n'a vocation ni à s'y substituer, ni à se confondre avec lui. Conçu comme un lieu d'échanges informel, libéré des contraintes propres à toute discussion institutionnelle, votre conseil favorisera la réflexion collective et analysera en toute liberté les perspectives et les enjeux de la négociation internationale. En constituant ce conseil, j'ai voulu réunir des personnalités aux parcours éclectiques, les unes issues des milieux agricoles et ruraux, les autres des différents secteurs de l'économie ou de la vie internationale. Chacun d'entre eux a été choisi personnellement en raison de ces qualifications et de son expérience, que ce soit dans le domaine de l'agriculture, de l'environnement, des industries agro-alimentaires, de la banque d'investissement, des associations de consommateurs ou dans le monde des idées.
J'ai choisi des personnalités libres de toute attache pour conduire un débat libre de toute entrave. J'ai choisi des personnalités enthousiastes car les discussions à venir exigeront de nous tous audace et créativité. J'attends de vous que vous m'aidiez ainsi à mieux analyser le présent et à éclairer l'avenir.
La composition de votre conseil reflète également ma volonté de rétablir un dialogue entre le milieu rural et les Français, qui trop souvent l'ignorent. J'entends que soit rétabli un véritable contrat de confiance entre nos agriculteurs, nos consommateurs et la société dans son ensemble. Votre démarche et les travaux que vous conduirez doivent y concourir, sans aucun tabou.
Vous comprendrez que je profite de notre première rencontre pour vous proposer une première feuille de route, que, bien sûr, nous compléterons ou infléchirons à l'avenir, selon l'évolution des discussions et les besoins de notre pays dans la négociation.
J'attends que, dans un premier temps, vous portiez votre attention d'abord aux finalités de notre politique agricole, ensuite au choix de ses instruments, enfin à l'acceptabilité des choix en présence par tous les acteurs concernés et par la société dans son ensemble.
L'ambition de notre politique de soutiens publics dépasse -de beaucoup- la seule question des revenus agricoles. Elle vise à encourager la production -dans l'intérêt de tous- d'une alimentation saine et doit, s'agissant d'un pays comme le nôtre, lui permettre de mieux remplir encore sa vocation exportatrice.
La politique de soutiens publics trouve aussi sa légitimité dans les contributions multiples de l'agriculture à ce qui fait l'essence de notre société, son équilibre et ses valeurs. J'attends de vous que vous expertisiez les gains qu'elle en retire, et que nous fassions mieux partager le besoin d'une telle politique, d'abord aux Français, mais aussi à tous nos partenaires. Surtout à un moment où la société, porte des d'attentes nouvelles, telles que la lutte contre la pollution ou la contribution au développement durable.
Mais je souhaite que vous portiez également votre attention sur les instruments concrets de notre politique agricole, en étudiant dans quelle mesure ceux-ci répondent ou non de façon satisfaisante aux objectifs qui leur sont assignés et en précisant, le cas échéant, comment ils peuvent être adaptés.
Enfin, il vous appartiendra de nous éclairer sur la façon dont ces instruments peuvent être harmonisés avec les attentes communautaires et internationales.
Au besoin, sur chacune de ces questions, je vous demande de ne pas hésiter à envisager différents scénarios en soupesant les avantages et les inconvénients.
Je souhaite que, lors de vos premiers travaux, vous puissiez porter une attention particulière à l'environnement international de ces discussions, aux incidences de l'élargissement de l'Union et à l'émergence dans la société d'attentes nouvelles à l'égard du monde agricole.
Bien sûr, la réflexion que vous conduirez ne saurait être purement théorique ou spéculative. Dans cette entreprise, il nous faut, selon les mots d'Henri BERGSON, " penser en homme d'action et agir en homme de pensée ". Il nous faut engager un effort de réflexion, d'argumentation et de pédagogie, au service d'une agriculture, qui, selon les mots du Président de la République, doit être toujours plus " écologiquement responsable " et " économiquement forte ".
Votre Conseil pourra procéder par audition des personnalités dont il estimera le témoignage utile. Il pourra, bien sûr, solliciter les contributions d'experts ou de responsables socioprofessionnels. Il veillera, naturellement, à associer les organisations professionnelles agricoles, dont la voix a vocation à être entendue tout au long du débat qui s'ouvre.
Pour être coordonné efficacement à l'action de ce Ministère, je souhaite que votre Conseil intègre le calendrier serré des négociations européennes et internationales. Pour assurer entre nous un lien étroit et confiant, j'ai demandé à François de la GUERONNIERE, Chef du Service des Relations Internationales de la Direction des Politiques Européennes et Internationales (DPEI) d'assurer le Secrétariat de votre Conseil et à Bernard BOURGET, Inspecteur Général de l'Agriculture, d'en être le rapporteur. Conscient de la contrainte que je fais peser sur vous, je souhaite néanmoins que vous puissiez me faire connaître vos premières conclusions par un rapport d'étape, dès décembre prochain.
Je souhaite que vos travaux contribuent également à irriguer le corps social et trouve un écho au-delà de nos frontières. Trop souvent, notre politique agricole et en faveur du monde rural se trouve décriée ou caricaturée outrancièrement, par méconnaissance ou par amalgame. Il n'est pourtant besoin que d'écouter la voix des pays que leur politique a soustrait à la tyrannie du " cours mondial ", pour mieux réaliser l'utilité de notre politique de soutien. Récemment, le président des Agriculteurs de l'Inde déclarait lors du congrès de la Fédération Internationale des Producteurs Agricoles (FIPA) : " Moi qui représente 800 millions d'agriculteurs, je peux affirmer que nous n'avons pu sauver notre peuple que grâce à une politique un peu similaire à la PAC, c'est à dire assurant un minimum de règles pour éviter des fluctuations de prix trop importantes ". A nous désormais de faire partager cette conviction dans l'opinion et parmi les décideurs internationaux.
Je compte sur vous, sur vos travaux et votre expertise pour rétablir ainsi davantage de vérité dans le débat public.
" Demain ne sera pas comme hier, il sera nouveau et il dépendra de nous. Il est moins à découvrir qu'à inventer ". Cette remarque de Gaston BERGER s'applique parfaitement au devenir de notre agriculture. Son visage dans le nouveau siècle sera largement façonné par l'issue des négociations dans lesquelles nous sommes actuellement engagés avec l'Union européenne et au sein de l'OMC.
Je sais pouvoir désormais compter sur vos analyses éclairées pour m'aider à le dessiner. Vous pourrez, en retour, compter sur moi pour accorder à vos travaux toute mon attention et, dans le cadre que je viens de décrire, ne pas imposer à votre réflexion d'autres bornes que celles que vous lui donnerez.
Je vous remercie de votre engagement et je forme avec confiance des voeux ardents pour la réussite de vos travaux.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 13 septembre 2002)
Monsieur le Rapporteur,
Mesdames, Messieurs
Permettez-moi de vous souhaiter à toutes et à tous la bienvenue à l'Hôtel de Villeroy, dont vous êtes pour certains familiers.
Vous avez bien voulu répondre à mon invitation à rejoindre le Conseil de Prospective Européenne et Internationale pour l'Agriculture et l'Alimentation, que nous installons aujourd'hui. Je veux vous en remercier très sincèrement et vous dire tout l'intérêt que j'attache aux travaux que vous conduirez.
Devant le congrès des Jeunes Agriculteurs réuni à Périgueux le 4 juillet dernier, j'avais indiqué ma volonté de mettre en place un Conseil d'orientation et de prospective, qui aurait vocation à m'assister dans la définition et la mise en oeuvre de notre stratégie agricole internationale, à court et à moyen terme.
Ces derniers mois, nous avons été confrontés, sur les sujets internationaux, à un courant puissant de contre-vérités, dont nous ne devons pas sous-estimer l'influence dans la bataille intellectuelle qui est aujourd'hui engagée. Contrairement à ce que certains pouvaient redouter et à ce que d'autres souhaitaient de façon plus ou moins avouée, le Conseil agricole du 10 juillet dernier a montré que nos positions ne sont pas isolées dans le concert européen.
A la faveur de la réunion du Sommet de la Terre à Johannesburg, certains ont toutefois continué à instruire le procès de l'agriculture et notamment de la PAC, au mépris parfois de toute évidence et de toute réalité.
L'issue de ces discussions n'est pas écrite et nous ne l'emporterons que si nous savons développer dans ce débat un discours positif, fondé sur une analyse étayée et des idées novatrices.
Aussi, plus que jamais, s'impose la nécessité d'un cadre permettant une réflexion sereine et dépassionnée.
Le Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation, de la Pêche et des Affaires Rurales dispose -vous le savez- d'un Conseil Supérieur d'Orientation, qui a pour fonction de représenter les milieux agricoles. Le Conseil que j'installe aujourd'hui n'a vocation ni à s'y substituer, ni à se confondre avec lui. Conçu comme un lieu d'échanges informel, libéré des contraintes propres à toute discussion institutionnelle, votre conseil favorisera la réflexion collective et analysera en toute liberté les perspectives et les enjeux de la négociation internationale. En constituant ce conseil, j'ai voulu réunir des personnalités aux parcours éclectiques, les unes issues des milieux agricoles et ruraux, les autres des différents secteurs de l'économie ou de la vie internationale. Chacun d'entre eux a été choisi personnellement en raison de ces qualifications et de son expérience, que ce soit dans le domaine de l'agriculture, de l'environnement, des industries agro-alimentaires, de la banque d'investissement, des associations de consommateurs ou dans le monde des idées.
J'ai choisi des personnalités libres de toute attache pour conduire un débat libre de toute entrave. J'ai choisi des personnalités enthousiastes car les discussions à venir exigeront de nous tous audace et créativité. J'attends de vous que vous m'aidiez ainsi à mieux analyser le présent et à éclairer l'avenir.
La composition de votre conseil reflète également ma volonté de rétablir un dialogue entre le milieu rural et les Français, qui trop souvent l'ignorent. J'entends que soit rétabli un véritable contrat de confiance entre nos agriculteurs, nos consommateurs et la société dans son ensemble. Votre démarche et les travaux que vous conduirez doivent y concourir, sans aucun tabou.
Vous comprendrez que je profite de notre première rencontre pour vous proposer une première feuille de route, que, bien sûr, nous compléterons ou infléchirons à l'avenir, selon l'évolution des discussions et les besoins de notre pays dans la négociation.
J'attends que, dans un premier temps, vous portiez votre attention d'abord aux finalités de notre politique agricole, ensuite au choix de ses instruments, enfin à l'acceptabilité des choix en présence par tous les acteurs concernés et par la société dans son ensemble.
L'ambition de notre politique de soutiens publics dépasse -de beaucoup- la seule question des revenus agricoles. Elle vise à encourager la production -dans l'intérêt de tous- d'une alimentation saine et doit, s'agissant d'un pays comme le nôtre, lui permettre de mieux remplir encore sa vocation exportatrice.
La politique de soutiens publics trouve aussi sa légitimité dans les contributions multiples de l'agriculture à ce qui fait l'essence de notre société, son équilibre et ses valeurs. J'attends de vous que vous expertisiez les gains qu'elle en retire, et que nous fassions mieux partager le besoin d'une telle politique, d'abord aux Français, mais aussi à tous nos partenaires. Surtout à un moment où la société, porte des d'attentes nouvelles, telles que la lutte contre la pollution ou la contribution au développement durable.
Mais je souhaite que vous portiez également votre attention sur les instruments concrets de notre politique agricole, en étudiant dans quelle mesure ceux-ci répondent ou non de façon satisfaisante aux objectifs qui leur sont assignés et en précisant, le cas échéant, comment ils peuvent être adaptés.
Enfin, il vous appartiendra de nous éclairer sur la façon dont ces instruments peuvent être harmonisés avec les attentes communautaires et internationales.
Au besoin, sur chacune de ces questions, je vous demande de ne pas hésiter à envisager différents scénarios en soupesant les avantages et les inconvénients.
Je souhaite que, lors de vos premiers travaux, vous puissiez porter une attention particulière à l'environnement international de ces discussions, aux incidences de l'élargissement de l'Union et à l'émergence dans la société d'attentes nouvelles à l'égard du monde agricole.
Bien sûr, la réflexion que vous conduirez ne saurait être purement théorique ou spéculative. Dans cette entreprise, il nous faut, selon les mots d'Henri BERGSON, " penser en homme d'action et agir en homme de pensée ". Il nous faut engager un effort de réflexion, d'argumentation et de pédagogie, au service d'une agriculture, qui, selon les mots du Président de la République, doit être toujours plus " écologiquement responsable " et " économiquement forte ".
Votre Conseil pourra procéder par audition des personnalités dont il estimera le témoignage utile. Il pourra, bien sûr, solliciter les contributions d'experts ou de responsables socioprofessionnels. Il veillera, naturellement, à associer les organisations professionnelles agricoles, dont la voix a vocation à être entendue tout au long du débat qui s'ouvre.
Pour être coordonné efficacement à l'action de ce Ministère, je souhaite que votre Conseil intègre le calendrier serré des négociations européennes et internationales. Pour assurer entre nous un lien étroit et confiant, j'ai demandé à François de la GUERONNIERE, Chef du Service des Relations Internationales de la Direction des Politiques Européennes et Internationales (DPEI) d'assurer le Secrétariat de votre Conseil et à Bernard BOURGET, Inspecteur Général de l'Agriculture, d'en être le rapporteur. Conscient de la contrainte que je fais peser sur vous, je souhaite néanmoins que vous puissiez me faire connaître vos premières conclusions par un rapport d'étape, dès décembre prochain.
Je souhaite que vos travaux contribuent également à irriguer le corps social et trouve un écho au-delà de nos frontières. Trop souvent, notre politique agricole et en faveur du monde rural se trouve décriée ou caricaturée outrancièrement, par méconnaissance ou par amalgame. Il n'est pourtant besoin que d'écouter la voix des pays que leur politique a soustrait à la tyrannie du " cours mondial ", pour mieux réaliser l'utilité de notre politique de soutien. Récemment, le président des Agriculteurs de l'Inde déclarait lors du congrès de la Fédération Internationale des Producteurs Agricoles (FIPA) : " Moi qui représente 800 millions d'agriculteurs, je peux affirmer que nous n'avons pu sauver notre peuple que grâce à une politique un peu similaire à la PAC, c'est à dire assurant un minimum de règles pour éviter des fluctuations de prix trop importantes ". A nous désormais de faire partager cette conviction dans l'opinion et parmi les décideurs internationaux.
Je compte sur vous, sur vos travaux et votre expertise pour rétablir ainsi davantage de vérité dans le débat public.
" Demain ne sera pas comme hier, il sera nouveau et il dépendra de nous. Il est moins à découvrir qu'à inventer ". Cette remarque de Gaston BERGER s'applique parfaitement au devenir de notre agriculture. Son visage dans le nouveau siècle sera largement façonné par l'issue des négociations dans lesquelles nous sommes actuellement engagés avec l'Union européenne et au sein de l'OMC.
Je sais pouvoir désormais compter sur vos analyses éclairées pour m'aider à le dessiner. Vous pourrez, en retour, compter sur moi pour accorder à vos travaux toute mon attention et, dans le cadre que je viens de décrire, ne pas imposer à votre réflexion d'autres bornes que celles que vous lui donnerez.
Je vous remercie de votre engagement et je forme avec confiance des voeux ardents pour la réussite de vos travaux.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 13 septembre 2002)