Déclaration de M. Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux transports et à la mer, sur les mesures à prendre pour renforcer la sécurité en mer après le naufrage du chalutier " Le Cistude" lors de sa colision avec le navire chimiquier norvégien Bow Eagle, les Sables d'Olonne le 9 septembre 2002.

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Circonstance : A la mémoire des marins disparus du chalutier "Le Cistude" aux Sables d'Olonne le 9 septembre 2002

Texte intégral

Monseigneur
Monsieur le président
Monsieur le député - maire
Messieurs les sénateurs
Monsieur l'ambassadeur
Messieurs les consuls
Après la très vive et très profonde émotion suscitée par les circonstances de ce drame, l'heure est maintenant au recueillement. Nous voici tous rassemblés dans cette église Notre-Dame de Bon-Port autour des familles éprouvées et de la communauté des gens de mer pour leur témoigner notre soutien dans cette nouvelle épreuve qui frappe la communauté des pêcheurs des Sables d'Olonne, des pêcheurs espagnols et portugais.
Des maris des pères, des fils, des frères ont disparu tragiquement. Ils étaient français, espagnol, portugais, ils étaient marins. Ils formaient l'équipage du CISTUDE.
La mer, qui les avait vus grandir, dont ils rêvaient, qu'ils chérissaient, est devenu leurs sépulture.
Heureux de vivre, de travailler ensemble, ces hommes qu'elle avait réunis ne sont plus là : leur absence aujourd'hui nous pèse à tous lourdement.
Je m'incline devant les quatre familles meurtries. Votre deuil est le nôtre. Je sais que rien ne pourra effacer le drame cruel que vous vivez. Nous sommes tous là, en cet instant, pour vous entourer, vous exprimer toute notre compassion devant votre peine, votre chagrin et votre douleur.
Nous sommes aussi à vos côté, marins rescapés du CISTUDE qui avez vu disparaître vos compagnons de mer et de terre, et marins du navire frère le SILURE qui êtes rentrés seuls à quai. Vous êtes tous très profondément marqués par ce que vous venez de vivre, mais nous savons également que vous repartirez en mer car celle-ci est toujours votre vie.
A tous enfin, comment ne pas rappeler que nous venons de vivre l'inconcevable : des hommes à la mer, des hommes abandonnés, des hommes ignorés.
L'assistance en mer des marins en détresse est pourtant une obligation de toujours. C'est une tradition très ancienne, hautement morale et naturellement humaine. Elle est l'honneur du monde maritime et le témoignage de la soi solidarité des gens de mer qu'ils soient navigants ou armateurs.
A la stupeur et à l'incrédulité a succédé le refus de l'inacceptable.
Refus du Gouvernement et du Premier Ministre d'abord qui ont tout mis en uvre pour que justice soit rendue et le plus rapidement possible.
Refus de l'armateur du Bow Eagle qui a reconnu l'implication de son navire dans ce drame.
La présence aujourd'hui de Monsieur l'Ambassadeur de Norvège marque aussi la solidarité de la Nation norvégienne dans ces moments douloureux.
Gens de mer, marins et familles, vous connaissez trop les risques de votre métier. Jamais cependant ils ne peuvent justifier la mort des hommes et nous devons tous ensemble, sans relâche, unir nos efforts pour que demain des semblables faits ne se reproduisent plus.
Des mesures sont prises pour renforcer la sécurité en mer. Les techniques progressent, sont développées et améliorées. Ce drame rappelle cependant tout le chemin qu'il nous reste encore à parcourir ensemble et confirme que la sécurité en mer repose surtout et avant tout sur les hommes, sur les marins.
La solidarité des gens de mer doit rester vivante, c'est une condition indispensable dont nul ne doit et ne peut s'affranchir.
A vous tous ici présents, à chacune des quatre familles, l'ensemble de la population et des gens de mer dont la foule si nombreuse en ce lieu à vos côtés est là pour rendre hommage aux disparus, le Premier Ministre et le Gouvernement vous présentent leurs condoléances émues et vous expriment le soutien de tout le peuple de France.
(Source http://www.mer.equipement.gouv.fr, le 17 septembre 2002)