Lettre de M. Alain Richard, ministre de la défense, pour la présentation du projet de budget 2000 pour la défense, Paris le 15 septembre 1999.

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Cohérence politique et bon emploi des moyens, ce sont les deux exigences qui orientent le budget de la Défense, dans l'exécution des crédits 1999 comme dans l'élaboration du projet de loi de finances 2000, maintenant fixé par le Gouvernement.
La modernisation de la défense, à partir d'une conception globale prenant pleinement en compte le changement de situation stratégique, est un point fort pour notre pays. Le Gouvernement a décidé dès juin 1997 de mener à bien cette réforme. Après un réexamen détaillé conclu au début de 1998, il a retenu la poursuite de la loi de programmation qui prévoit le financement de la nouvelle défense professionnelle et de la modernisation de ses équipements .
Aujourd'hui, devant l'évidence des nouveaux conflits et la nécessité politique d'y faire face, plusieurs pays européens choisissent de réorganiser leur défense selon des principes voisins des nôtres. Cela influera positivement sur la capacité de l'Europe à prendre collectivement ses responsabilités. Cela nous confirme dans nos options.
Les moyens pour réussir notre réforme sont au rendez-vous de la loi de finances 2000. Les crédits de rémunérations et charges sociales correspondent à la montée des effectifs professionnels; les emplois permanents croîtront de 19297 postes. Une mesure particulière soutient le niveau des activités d'entraînement, élément important pendant la profonde transformation en cours dans nos unités. Les basses rémunérations poursuivent leur rattrapage.
L'effort s'est poursuivi sur les outils de gestion. Un examen approfondi des dépenses de rémunérations et de fonctionnement, à mi-chemin de la réforme, a permis de rééquilibrer les crédits correspondants avant le budget 2000. D'importants documents de gestion (annuaire statistique de la Défense, rapport du comité des prix de revient des fabrications d'armement, bientôt plan prospectif des études) sont publiés pour développer le dialogue public et démontrer les gains d'efficacité de la défense.
Contribuer à la modernisation de l'Etat est un défi que le monde de la défense relève. En plus de nombreuses mesures pratiques de rationalisation, cette année voit l'aboutissement réussi de la fusion des services du secrétariat d'Etat chargé des Anciens Combattants avec ceux du ministère de la Défense, consolidant la solidarité avec le monde combattant tout en assurant des synergies utiles.
En ce qui concerne les crédits d'équipement, les dotations mises en place en matière d'autorisations de programme permettront, avec 87,5 MdF, de respecter les objectifs de la LPM en poursuivant la politique de commandes globales développée depuis 2 ans. Pour les crédits de paiement, le travail accompli en 1998 a permis d'obtenir un très bon bilan global (consommation des crédits remontée à 92,3 %, reports de charges divisés par 4 depuis 1996, intérêts moratoires réduits de 70 % par rapport à 1996...); il a aussi révélé l'impact des trop faibles engagements de dépenses de 1995 et surtout 1996, qui limite actuellement le niveau des paiements. Il a donc été décidé de ne pas mobiliser inutilement en loi de finances initiale des crédits, d'où un niveau de crédits de paiement inférieur à celui des AP; si cette enveloppe, complétée par les reports de la fin 1999, se révélait insuffisante, des crédits supplémentaires seraient mobilisés dans la loi de finances rectificative 2000.
Cette cohérence maintenue dans une politique de long terme donne ses fruits. D'une part les accords conclus avec les industriels sur les commandes globales nous rapprochent de l'objectif de baisse de 30 % des coûts en 5 ans. D'autre part, la mise en action de nos forces aériennes puis terrestres pour soutenir nos principes politiques dans la crise du Kosovo a démontré la réelle aptitude de notre Défense à s'engager en opération sous un court délai et dans l'éventail complet des capacités militaires : les premiers résultats de la modernisation des armées sont là, ils crédibilisent notre démarche politique et entrent dans le cadre financier défini par le Gouvernement et le Parlement.
A cet égard, l'indication du coût global pour 1999 de notre action militaire au Kosovo, que j'avais exprimée dès la campagne aérienne dans une fourchette de 3 à 3,5 milliards, se trouve confirmée; c'est un test de notre capacité actuelle d'évaluation.
La gestion de la Défense se poursuit dans une volonté de dialogue.
Dialogue avec le Parlement d'abord : la présentation budgétaire réformée facilite l'examen politique de notre action. Les moyens d'information et de transparence progressent dans tous les secteurs. Plusieurs des innovations inscrites dans le budget 2000 viennent de propositions parlementaires.
Dialogue social avec tous les personnels, militaires et civils, dont les représentants sont régulièrement consultés sur les divers aspects de la vie du ministère. Ce dialogue bénéficie, grâce à la gestion attentive des crédits d'équipement, d'un emploi plus soutenu dans les industries de défense: elles n'auront perdu que 3000 emplois en 1998 contre 10 à 12 000 par an au milieu de la décennie.
Démonstration d'une Défense efficace au service de notre politique, cohérence dans la conduite et le financement de la modernisation, progrès dans la préparation de l'Europe de la défense, valorisation de capacités humaines en plein développement, tous ces points positifs viennent illustrer la contribution du budget de la Défense à une loi de finances 2000 qui prépare bien notre avenir collectif.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 16 septembre 1999)