Interview de M. Renaud Muselier, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, à RTL le 7 août 2002 à Bogota, sur la violence et l'instabilité politique en Colombie et le concours de la France à la recherche de la paix, la question des otages, notamment de Mme Ingrid Betancourt, l'aide financière à ce pays et la crainte, face à l'aggravation économique en Amérique latine, d'un effet domino.

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Circonstance : Tournée en Amérique latine de Renaud Muselier du 4 au 8 août 2002 : voyage en Colombie les 7 et 8 pour l'investiture du président Alvaro Uribe Velez

Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

Q - Renaud Muselier, bonsoir, vous êtes secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, et vous êtes à Bogota. La ville est-elle vraiment en état de siège ?
R - Manifestement, il y a quand même une présence militaire très importante. On sent que des choix considérables sont faits pour la sécurité des hôtes du président. Il y a un certain nombre de présidents, bien entendu, du continent sud-américain, et représentants européens et nord-américains, qui sont là pour soutenir la démarche du nouveau président Uribe, qui a été élu par le peuple colombien sur un programme qui paraît simple, mais qui est bien entendu très difficile à mettre en place : accéder à la liberté et à la paix dans ce pays.
Q - Alors, parmi les personnes enlevées, Ingrid Bétancourt, qui postulait à la présidence et dont on est sans nouvelles depuis plusieurs mois. Vous parlerez d'elle au président Uribe ?
R - Tout à fait, le président Chirac a eu l'occasion de parler d'elle au président Uribe quand il l'a reçu - j'étais à ses côtés - courant juillet. Je déjeunerai avec la famille de Mme Bétancourt demain midi. Ils sont, bien entendu, très inquiets. Vous savez, dans ce pays, l'enlèvement est quelque chose de classique et de traditionnel. Mais, bien entendu, Mme Bétancourt avait une double nationalité. Nous sommes, nous, Français, très attachés à nos compatriotes, et nous allons faire le maximum pour engager des mesures vis-à-vis de sa libération.
Q - Alors, contre la guérilla, la France ne peut pas faire grand chose. Mais, concrètement, financièrement, est-ce que Paris peut aider Bogota ?
R - Au niveau des moyens de pression, que ce soit sur le FMI, la Banque mondiale, la France peut aider. Parallèlement à cela, nous avons les entreprises françaises qui sont très importantes ici, qui sont très implantées sur tout ce qui concerne l'alimentaire, la téléphonie, la distribution des eaux. En outre, nous avons la volonté d'engager un plan de reforestation contre les champs de coca, ici, dans ce pays. Nous avons des échanges avec les autorités colombiennes.
Q - Alors dernière question, Renaud Muselier, plus globalement la situation économique est très instable dans toute l'Amérique latine. Peut-on éviter un effet domino ?
R - Je crois que la France a un rôle très important à jouer. Nous avons un rôle modérateur qui est tout à fait attendu dans cette partie du monde.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 août 2002