Texte intégral
Monsieur le Président,
Monsieur le Délégué Général,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureuse de vous rejoindre dans cette belle station d'Hourtin à l'occasion de ces "Rendez-vous de l'UNAT", pour évoquer avec vous, les enjeux, et les perspectives du Tourisme Social et Associatif, un secteur important dans la grande famille du Tourisme français.
Avec plus de 242.000 lits, 38,6 millions de journées vacances et un chiffre d'affaire dépassant les 8,5 milliards de francs, votre rôle économique national n'a cessé de se confirmer au fil des ans.
Il en est de même de votre rôle social auquel je tenais, par ma présence à rendre hommage, tant il s'est inscrit dans l'histoire du tourisme et des loisirs en France et de l'accès de tous au vacances.
Je souhaitais aussi, en venant participer à vos travaux, saluer le travail de vos 74.000 salariés, permanents ou saisonniers et l'investissement personnel des milliers de bénévoles qui les accompagnent ou les encadrent dans l'accomplissement de leurs missions.
Votre association, l'UNAT, qui regroupe depuis sa création les principales associations du tourisme social et associatif, est en effet, depuis son origine, l'un des piliers essentiels de la politique sociale des vacances de notre pays.
L'histoire et l'activité de l'UNAT se lisent d'ailleurs au travers des grandes conquêtes sociales de cette deuxième moitié de siècle, qui a vu la naissance de toutes les associations, des grandes Fédérations qui se sont investies pour permettre à des milliers de familles de notre pays d'accéder aux vacances.
En cinquante ans, avec créativité et imagination, l'UNAT et les associations qu'elle rassemble a considérablement développé le Tourisme Social, dans une démarche de mixité social, en contribuant à l'aménagement du territoire et au développement de nos régions.
La crise économique, qui sévit depuis plusieurs années dans notre pays a engendré des bouleversements économiques et sociaux importants dont le secteur du Tourisme Social et Associatif a subi directement les conséquences.
Force est de constater que les politiques publiques antérieures, depuis une dizaine d'années, ne se sont pas attachées à répondre aux aspirations légitimes de l'ensemble notre population à partir en vacances, voire même, dans un passé plus récent, s'en sont totalement éloigné.
Quand je suis arrivée, voici deux ans au Secrétariat d'Etat au Tourisme, j'ai reçu les différents acteurs du Tourisme Social et Associatif.
Tous m'ont parlé des grandes difficultés auxquelles était confronté ce secteur, tous m'ont évoqué l'hémorragie budgétaire et humaine dont avait été victime la politique touristique de l'Etat et le manque criant de soutien, ressenti par l'ensemble des acteurs associatifs.
Aussi, dès ma prise de fonction, j'ai souhaité réaffirmer la place importante que devait retrouver le tourisme social et associatif, dans le développement de l' économie touristique de notre pays, et le rôle essentiel qu'il joue, dans l'accès aux vacances et aux loisirs de nos concitoyens.
Heureusement, votre secteur capitalise, depuis de nombreuses années, une expérience et un véritable savoir-faire, compétence dont il serait très dommageable de se priver.
Je pense en particulier à votre démarche privilégiant le brassage social, rejetant toute logique de ghettoïsation pour faire des vacances, un véritable temps d' échange et d'épanouissement.
Pourtant pour remplir pleinement sa fonction au sein de la grande famille du tourisme, le tourisme social associatif doit aussi se remotiver, redéfinir lui-même ses missions, réfléchir à son devenir dans une société en pleine mutation.
Tel était un des objectifs des États Généraux que j'ai organisé les 6 et 7 mai derniers, auxquels vous ne manquerez pas, j'en suis convaincue, d'apporter une suite constructive, à l'occasion de ces rencontres.
Je pense, que comme moi, vous considérez, le tourisme comme l'un des secteurs les plus porteurs d'espoir et d'avenir du prochain siècle.
Il fallait qu'il existe une réelle volonté politique pour le reconnaître, et le considérer, comme un secteur économique à part entière, capable de répondre aux besoins et aux aspirations de nos concitoyens. Capable de faire en sorte que l'on vive mieux dans cette société.
Cette volonté politique vous la souhaitiez. Cette volonté je l'ai affirmée et traduite dans la politique touristique pour la France que j'ai initiée dès ma prise de fonction et qui s'articule autour de trois axes majeurs :
Premièrement, le tourisme est un important secteur économique pour notre pays, en croissance, créateur de richesses et d'emplois et donc prometteur de mieux vivre.
Mais il n'est pas seulement cela.
Il est aussi une aspiration légitime de nos concitoyens à partir en vacances, à découvrir d'autres horizons, d'autres cultures.
Enfin, c'est un secteur économique auquel se rattache une éthique basée sur des valeurs, celles de l'amitié, de la solidarité, de l'échange des cultures. Il porte en lui le progrès pour la tolérance et la paix.
Ce droit au vacances pour tous, qui fait partie intégrante de ma politique, reste encore un combat qu'il nous faut livrer ensemble. Car il est intolérable que dans un pays comme la France, 40 % de sa population ne puissent aujourd'hui y accéder.
Je sais la part que vous avez prise et que vous continuez de prendre dans cette bataille. Et je vous en remercie.
Vous êtes déjà, pour beaucoup de familles et de jeunes, la réponse adaptée à leurs attentes. Ils trouvent en effet, dans vos villages ou centres de vacances, vos campings ou vos équipements de loisirs, bien au-delà d'une simple prestation ou d'un produit, une autre forme de vacances, un autre type de dépaysement, une autre pratique de loisirs.
Mais il nous faut aussi répondre aujourd'hui aux attentes, je devrais plutôt dire aux espoirs d'un autre public, plus défavorisé, plus démuni, qui se trouve exclu pour raison économique et parfois même culturelle, du droit aux vacances.
Je pense à ces milliers de familles dont le revenu n'excède pas les 10.000 F mensuel, à ces millions de personnes qui ont à peine 6.000 F par mois pour vivre.
Je pense aussi et surtout aux millions d'entre elles qui, exclues du droit au travail, se retrouvent également, par vole de conséquences, exclues du droit au vacances.
Dans les ateliers des États Généraux, et dans la préparation du programme et du projet de loi contre l'exclusion, ces problèmes ont été posés avec force.
L'égalité des chances d'accès pour tous aux vacances doit être renforcée, c'est mon ambition. Elle le sera, notamment par la loi qui prévoit d'étendre l'attribution du chèque vacances aux salariés des entreprises de moins de 50 salariés et qui devrait être adopté à la fin du mois au Parlement.
Elle le sera par le plan patrimoine qui vous aide à rénover votre patrimoine et par les contrats de plan qui permettront de réaliser les investissements complémentaires nécessaires à vos équipements en mobilisant les moyens des collectivités et de l'Europe.
Elle le sera également avec la création, le 17 Mai dernier, d'une structure appelée "Bourse Solidarité Vacances", qui, sur la base de projets, met en commun des moyens disponibles en termes de places de transport et d'accueil des familles en situation d'exclusion, dans les équipements de vacances.
Nous avons pu, au travers de cette bourse, réunir un potentiel d'offre de plus de 6.000 séjours semaines, disponibles pour la saison 1999.
En 15 jours, nous avons recueilli plus de 400 inscriptions et à l'heure où je vous parle, 70 personnes sont d'ores et déjà en vacances.
Ces premiers résultats sont à l'image de ce que pourra être cette belle uvre de solidarité pour laquelle je sais pouvoir compter sur vous si j'en crois votre présence dans les offres de démarrage et votre disponibilité pour la montée en charge des offres de l'an prochain.
Concernant les jeunes en difficulté, j'ai souhaité que soit mis en place un dispositif leur permettant de partir, eux aussi, à la découverte d'autres pays d'autres cultures et d'autres jeunes.
Par ailleurs, mon ministère met en uvre, en lien avec les associations spécialisées, une campagne de sensibilisation à l'accueil des personnes handicapées qui reçoit un excellent accueil de la part des professionnels du tourisme, de plus en plus soucieux de mieux prendre en compte les attentes spécifiques de ces publics et de leurs accompagnants.
Enfin, j'ai souhaité que, dans le cadre du travail de la Délégation Interministérielle à la Famille qu'anime ma collègue Martine Aubry, les vacances retrouvent toute leur place dans la politique familiale.
Pour ce faire, un groupe de travail, placé sous ma présidence, intitulé "Vacances et Politique Familiale"', vient d'être mis en place. Y sont associés la CNAF, le Ministère de l'Emploi et de la Solidarité, l'UNAF et la Délégation Interministérielle à la Famille.
Ce groupe présentera des réflexions et propositions, dans les semaines et les mois à venir, au Premier Ministre, pour permettre un réel accès des familles aux vacances.
Développer l'économie, contribuer à l'aménagement de notre territoire, répondre aux aspirations de notre population en terme de loisirs et de découverte mais aussi contribuer à l'emploi sont autant de motivations qui vous animent dans votre tâche quotidienne.
La dernière me semble devoir mériter toute notre attention. Le tourisme a fait ces quinze dernières années la démonstration de toutes ses potentialités en matière d'emploi, en particulier pour notre jeunesse.
Et chacun sait ici, qu'en raison de son caractère très transversal, ses effets positifs sur l'emploi dépassent largement les contours de son seul champs d'intervention.
Je voudrais, à ce propos, rappeler la part importante qu'a prise le tourisme associatif, institutionnel ou non, dans le développement de cet emploi touristique.
Activité de services à fort contenu de main d'uvre il connaît en effet une croissance annuelle de 2,6 % des effectifs salariés depuis 1988.
Je souhaiterais également souligner votre investissement déterminant dans le plan emplois-jeunes. En effet, fin avril, nous recensions dans l'ensemble des composantes du tourisme associatif, plus de 3.600 emplois-jeunes.
Je n'ignore pas pour autant que la précarité de l'emploi reste une préoccupation dans ce secteur. Vous avez été les premiers à la combattre et à montrer l'exemple en recherchant des solutions originales au problème de la saisonnalité et de la qualification des emplois.
Je vous invite à poursuivre vos efforts pour éviter que précarité ne rime dans le tourisme, avec fatalité.
Il en va de mon point de vue de l'avenir de vos associations et du secteur.
Pour vous y aider, le concours de l'Etat sera essentiel, j'en conviens. C'est pourquoi j'ai souhaité que soit créé au sein de la Direction du tourisme un bureau de l'Emploi et de la Formation qui trouvera d'ailleurs une grande partie de ses moyens d'intervention, dans le cadre des contrats de plan où l'emploi figure au premier rang de nos priorités.
A ce niveau, je vous encourage à vous rapprocher non seulement de mes services mais aussi des collectivités et en particulier des conseils régionaux qui pourront, dans bien des cas, venir abonder les aides nationales.
Beaucoup d'entre vous, je le sais, n'ont pas attendu ce conseil pour tirer le meilleur parti des nouveaux cadres territoriaux offert par la décentralisation. Cela leur a permis dans bien des cas de créer de nouveaux services, de conforter et d'adapter leurs emplois en les aidant en particulier à rechercher de nouvelles formes de réponses aux attentes des populations résidentes ou touristiques.
A titre d'exemple, je citerai l'union nationale des foyers de jeunes travailleurs, qui a mis en place des outils de professionnalisation des emplois touristiques en tissant des réseaux d'initiatives locales et d'emplois en milieu rural.
Je citerai également le programme de réhabilitation du patrimoine social du tourisme associatif dont les aides apportées par l'Etat et plusieurs régions touristiques (PACA, Midi-Pyrénées, Rhône Alpes) ont eu des répercussions très positives sur la qualité de l'offre et sur la création ou le maintien d'emplois.
Avant d'en terminer, je voudrais évoquer avec vous le temps fort inédit qu'a constitué les États Généraux du Tourisme Social et Associatif et qui ont connu un réel succès.
Je profite de cette rencontre, pour remercier les 415 associations, les 137 comités d'entreprises, les 45 élus locaux et nationaux, l'UNAT dans son ensemble, pour leur participation active, pour la contribution que chacun d'entre vous a apporté, chacun avec sa sensibilité, à cette réflexion de fond qui s'est engagée avant, pendant et après États Généraux.
A l'écoute des différents intervenants dans les États Généraux et aussi de ce qui s'est dit tout au long de cette journée, j'ai acquis la certitude qu'une nouvelle étape se dessine.
Le suivi des différents dossiers sera sans aucun doute la clé du succès. Les États Généraux du Tourisme Social et Associatif ont représenté une avancée importante, mais ne sont, je le rappelle, que la première étape d'un processus qui doit se poursuivre dans la transparence et le partenariat.
Aujourd'hui, il faut penser à l'avenir, plusieurs chantiers sont ouverts et je souhaite qu'un cadre cohérent de travail avec les différents acteurs du Tourisme Social et Associatif et le Secrétariat d'Etat au Tourisme soit défini.
Déjà avant et depuis les États Généraux un certain nombre de mesures et dispositions ont été prises.
Je tiens à vous réaffirmer mon soutien et mon intervention pour que le Tourisme Social et Associatif, figure en bonne place dans les prochains contrats de plan pour lesquels l'UNAT s'est beaucoup investie et qui entre dans leur phase concrète de négociation.
Je sais par ailleurs que les Observatoires Économiques Régionaux, portent une attention plus particulière sur la place et l'activité du Tourisme Social et Associatif, dans le champ économique des régions, pour permettre d'en évaluer l'importance économique et sociale et en favoriser, au travers de différents dispositifs d'aide, les effets positifs.
Mon ministère apportera son soutien à cette démarche au travers de l'Observatoire National du Tourisme et de l'Agence Française d'Ingénierie Touristique.
A partir des réflexions et des propositions issues des ateliers des États Généraux, je souhaite que mon département ministériel s'affirme en effet, de plus en plus, comme un partenaire efficace du Tourisme Social et de la nouvelle dynamique qu'il entend insuffler.
Dans cet esprit deux études ont été réalisées ces derniers mois. Leurs résultats devraient nous être rendus dans les tous prochains jours.
- L'étude SOMIVAL d'abord, qui devrait nous permettre deux applications :
d'une part de mieux cerner les difficultés de certaines implantations afin d'être en meilleure position pour discuter de mesures d'accompagnement et de soutien avec les collectivités territoriales, (je pense en particulier à la réalisation d'équipements qui permettront l'allongement de la saison).
d'autre part de mener un travail plus pointu sur la mise en adéquation des aides à la personne, en vue d'une meilleure efficacité sociale.
- Quant à l'étude de clientèles effectuée par la SETEL, elle devrait permettre aux associations de dégager une véritable stratégie en vue de conforter la fréquentation de leurs équipements.
Ces études seront, par ailleurs, très utiles pour définir les fondements de la campagne nationale institutionnelle que vous avez appelée de vos vux et que j'entends initier dès l'an prochain.
Elle assurera la promotion des valeurs de solidarité, de rencontre, d'échange, et de brassage social dont vous êtes porteurs.
J'ai souhaité par ailleurs que l'AFIT prenne les dispositions nécessaires pour rencontrer vos associations, dès cet automne, afin d'y recenser les savoir-faire spécifiques, transposables dans d'autres pays de l'Europe et du monde afin de les rassembler dans une plaquette qui sera disponible dans les organismes consulaires à l'étranger dès la fin de cette année.
Enfin, j'ai demandé à la Direction du Tourisme que sans plus attendre, des réunions de concertation s'engagent avec les acteurs du Tourisme Social et Associatif pour définir la mission, le statut, la composition de la future Coordination Nationale du Tourisme Social et Associatif que vous avez appelée de vos vux.
Cet outil, pourrait avoir, selon moi, pour mission de faire des propositions concrètes et de mener des actions susceptibles de mobiliser et coordonner la famille du Tourisme Social et Associatif.
Il pourrait être surtout, ce lieu de rencontre et d'échange entre tous ces acteurs du tourisme social et une véritable caisse de résonance de leurs actions et de leurs revendications.
L'agrément national, qui permettra, à partir de critères objectifs, définis dans la concertation, de reconnaître la fonction sociale que vous assumez, devrait lui aussi contribuer à une meilleure reconnaissance de votre secteur et de vos incontestables spécificités.
Enfin permettez-moi de vous confirmer que les actes des États Généraux qui sont également un vecteur intéressant de communication et d'échange, sont aujourd'hui prêts à être reproduits à plusieurs milliers d'exemplaires. Ils seront comme je m'y étais engagée, largement diffusés auprès du mouvement associatif, des comités d'entreprises et des collectivités.
Les États Généraux doivent, en effet, continuer à vivre et leurs actes doivent y contribuer.
Mesdames et Messieurs les Présidents des Associations, vous pouvez compter sur ma détermination à mettre en uvre concrètement l'ensemble de ces mesures.
J'y consacrerai les moyens nécessaires pour qu'elles trouvent leurs pleines applications dans des délais raisonnables.
Vous pouvez compter sur moi, mais je sais aussi pouvoir compter sur vous pour que l'ensemble des associations travaillent en partenariat avec le Secrétariat d'Etat au Tourisme à la réalisation de ces objectifs.
Il en va de l'avenir du secteur du Tourisme Social et Associatif dans notre pays.
Mesdames et Messieurs,
Au moment où le président Ravanel s'apprête à quitter ses fonctions, je voudrais aussi lui rendre un hommage tout particulier. Après une longue carrière au service de l'Etat, comme conseiller d'Etat , directeur du cabinet de différents ministres puis commissaire général au tourisme pendant 9 ans, maire de Chamonix, conseiller régional de la région Rhône-Alpes, le président Ravanel vient de consacrer 15 ans à l'UNAT.
Sous sa présidence, M. Ravanel a aussi rappelé avec force les deux fonctions du tourisme associatif : sa fonction économique et sa fonction sociale, cette dernière étant pour lui une obligation morale; il n'hésita pas non plus à rappeler l'Etat à ses devoirs dans ce domaine.
Par son ouverture d'esprit, sa rigueur intellectuelle, le président Ravanel a su faire de l'UNAT une union reconnue et a ainsi contribué à mieux faire apprécier le tourisme associatif et son apport unique au secteur du tourisme et des vacances.
Je souhaite à son successeur de poursuivre avec la même détermination la politique ainsi engagée. Dans le cadre d'une nouvelle dynamique qu'il ne manquera pas d'insuffler, il peut être assuré de trouver auprès du Secrétariat d'Etat au Tourisme, une oreille attentive et bienveillante.
Je vous remercie de votre attention en vous souhaitant à tous, d'excellent travaux.
(Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 14 octobre 1999 )
Monsieur le Délégué Général,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureuse de vous rejoindre dans cette belle station d'Hourtin à l'occasion de ces "Rendez-vous de l'UNAT", pour évoquer avec vous, les enjeux, et les perspectives du Tourisme Social et Associatif, un secteur important dans la grande famille du Tourisme français.
Avec plus de 242.000 lits, 38,6 millions de journées vacances et un chiffre d'affaire dépassant les 8,5 milliards de francs, votre rôle économique national n'a cessé de se confirmer au fil des ans.
Il en est de même de votre rôle social auquel je tenais, par ma présence à rendre hommage, tant il s'est inscrit dans l'histoire du tourisme et des loisirs en France et de l'accès de tous au vacances.
Je souhaitais aussi, en venant participer à vos travaux, saluer le travail de vos 74.000 salariés, permanents ou saisonniers et l'investissement personnel des milliers de bénévoles qui les accompagnent ou les encadrent dans l'accomplissement de leurs missions.
Votre association, l'UNAT, qui regroupe depuis sa création les principales associations du tourisme social et associatif, est en effet, depuis son origine, l'un des piliers essentiels de la politique sociale des vacances de notre pays.
L'histoire et l'activité de l'UNAT se lisent d'ailleurs au travers des grandes conquêtes sociales de cette deuxième moitié de siècle, qui a vu la naissance de toutes les associations, des grandes Fédérations qui se sont investies pour permettre à des milliers de familles de notre pays d'accéder aux vacances.
En cinquante ans, avec créativité et imagination, l'UNAT et les associations qu'elle rassemble a considérablement développé le Tourisme Social, dans une démarche de mixité social, en contribuant à l'aménagement du territoire et au développement de nos régions.
La crise économique, qui sévit depuis plusieurs années dans notre pays a engendré des bouleversements économiques et sociaux importants dont le secteur du Tourisme Social et Associatif a subi directement les conséquences.
Force est de constater que les politiques publiques antérieures, depuis une dizaine d'années, ne se sont pas attachées à répondre aux aspirations légitimes de l'ensemble notre population à partir en vacances, voire même, dans un passé plus récent, s'en sont totalement éloigné.
Quand je suis arrivée, voici deux ans au Secrétariat d'Etat au Tourisme, j'ai reçu les différents acteurs du Tourisme Social et Associatif.
Tous m'ont parlé des grandes difficultés auxquelles était confronté ce secteur, tous m'ont évoqué l'hémorragie budgétaire et humaine dont avait été victime la politique touristique de l'Etat et le manque criant de soutien, ressenti par l'ensemble des acteurs associatifs.
Aussi, dès ma prise de fonction, j'ai souhaité réaffirmer la place importante que devait retrouver le tourisme social et associatif, dans le développement de l' économie touristique de notre pays, et le rôle essentiel qu'il joue, dans l'accès aux vacances et aux loisirs de nos concitoyens.
Heureusement, votre secteur capitalise, depuis de nombreuses années, une expérience et un véritable savoir-faire, compétence dont il serait très dommageable de se priver.
Je pense en particulier à votre démarche privilégiant le brassage social, rejetant toute logique de ghettoïsation pour faire des vacances, un véritable temps d' échange et d'épanouissement.
Pourtant pour remplir pleinement sa fonction au sein de la grande famille du tourisme, le tourisme social associatif doit aussi se remotiver, redéfinir lui-même ses missions, réfléchir à son devenir dans une société en pleine mutation.
Tel était un des objectifs des États Généraux que j'ai organisé les 6 et 7 mai derniers, auxquels vous ne manquerez pas, j'en suis convaincue, d'apporter une suite constructive, à l'occasion de ces rencontres.
Je pense, que comme moi, vous considérez, le tourisme comme l'un des secteurs les plus porteurs d'espoir et d'avenir du prochain siècle.
Il fallait qu'il existe une réelle volonté politique pour le reconnaître, et le considérer, comme un secteur économique à part entière, capable de répondre aux besoins et aux aspirations de nos concitoyens. Capable de faire en sorte que l'on vive mieux dans cette société.
Cette volonté politique vous la souhaitiez. Cette volonté je l'ai affirmée et traduite dans la politique touristique pour la France que j'ai initiée dès ma prise de fonction et qui s'articule autour de trois axes majeurs :
Premièrement, le tourisme est un important secteur économique pour notre pays, en croissance, créateur de richesses et d'emplois et donc prometteur de mieux vivre.
Mais il n'est pas seulement cela.
Il est aussi une aspiration légitime de nos concitoyens à partir en vacances, à découvrir d'autres horizons, d'autres cultures.
Enfin, c'est un secteur économique auquel se rattache une éthique basée sur des valeurs, celles de l'amitié, de la solidarité, de l'échange des cultures. Il porte en lui le progrès pour la tolérance et la paix.
Ce droit au vacances pour tous, qui fait partie intégrante de ma politique, reste encore un combat qu'il nous faut livrer ensemble. Car il est intolérable que dans un pays comme la France, 40 % de sa population ne puissent aujourd'hui y accéder.
Je sais la part que vous avez prise et que vous continuez de prendre dans cette bataille. Et je vous en remercie.
Vous êtes déjà, pour beaucoup de familles et de jeunes, la réponse adaptée à leurs attentes. Ils trouvent en effet, dans vos villages ou centres de vacances, vos campings ou vos équipements de loisirs, bien au-delà d'une simple prestation ou d'un produit, une autre forme de vacances, un autre type de dépaysement, une autre pratique de loisirs.
Mais il nous faut aussi répondre aujourd'hui aux attentes, je devrais plutôt dire aux espoirs d'un autre public, plus défavorisé, plus démuni, qui se trouve exclu pour raison économique et parfois même culturelle, du droit aux vacances.
Je pense à ces milliers de familles dont le revenu n'excède pas les 10.000 F mensuel, à ces millions de personnes qui ont à peine 6.000 F par mois pour vivre.
Je pense aussi et surtout aux millions d'entre elles qui, exclues du droit au travail, se retrouvent également, par vole de conséquences, exclues du droit au vacances.
Dans les ateliers des États Généraux, et dans la préparation du programme et du projet de loi contre l'exclusion, ces problèmes ont été posés avec force.
L'égalité des chances d'accès pour tous aux vacances doit être renforcée, c'est mon ambition. Elle le sera, notamment par la loi qui prévoit d'étendre l'attribution du chèque vacances aux salariés des entreprises de moins de 50 salariés et qui devrait être adopté à la fin du mois au Parlement.
Elle le sera par le plan patrimoine qui vous aide à rénover votre patrimoine et par les contrats de plan qui permettront de réaliser les investissements complémentaires nécessaires à vos équipements en mobilisant les moyens des collectivités et de l'Europe.
Elle le sera également avec la création, le 17 Mai dernier, d'une structure appelée "Bourse Solidarité Vacances", qui, sur la base de projets, met en commun des moyens disponibles en termes de places de transport et d'accueil des familles en situation d'exclusion, dans les équipements de vacances.
Nous avons pu, au travers de cette bourse, réunir un potentiel d'offre de plus de 6.000 séjours semaines, disponibles pour la saison 1999.
En 15 jours, nous avons recueilli plus de 400 inscriptions et à l'heure où je vous parle, 70 personnes sont d'ores et déjà en vacances.
Ces premiers résultats sont à l'image de ce que pourra être cette belle uvre de solidarité pour laquelle je sais pouvoir compter sur vous si j'en crois votre présence dans les offres de démarrage et votre disponibilité pour la montée en charge des offres de l'an prochain.
Concernant les jeunes en difficulté, j'ai souhaité que soit mis en place un dispositif leur permettant de partir, eux aussi, à la découverte d'autres pays d'autres cultures et d'autres jeunes.
Par ailleurs, mon ministère met en uvre, en lien avec les associations spécialisées, une campagne de sensibilisation à l'accueil des personnes handicapées qui reçoit un excellent accueil de la part des professionnels du tourisme, de plus en plus soucieux de mieux prendre en compte les attentes spécifiques de ces publics et de leurs accompagnants.
Enfin, j'ai souhaité que, dans le cadre du travail de la Délégation Interministérielle à la Famille qu'anime ma collègue Martine Aubry, les vacances retrouvent toute leur place dans la politique familiale.
Pour ce faire, un groupe de travail, placé sous ma présidence, intitulé "Vacances et Politique Familiale"', vient d'être mis en place. Y sont associés la CNAF, le Ministère de l'Emploi et de la Solidarité, l'UNAF et la Délégation Interministérielle à la Famille.
Ce groupe présentera des réflexions et propositions, dans les semaines et les mois à venir, au Premier Ministre, pour permettre un réel accès des familles aux vacances.
Développer l'économie, contribuer à l'aménagement de notre territoire, répondre aux aspirations de notre population en terme de loisirs et de découverte mais aussi contribuer à l'emploi sont autant de motivations qui vous animent dans votre tâche quotidienne.
La dernière me semble devoir mériter toute notre attention. Le tourisme a fait ces quinze dernières années la démonstration de toutes ses potentialités en matière d'emploi, en particulier pour notre jeunesse.
Et chacun sait ici, qu'en raison de son caractère très transversal, ses effets positifs sur l'emploi dépassent largement les contours de son seul champs d'intervention.
Je voudrais, à ce propos, rappeler la part importante qu'a prise le tourisme associatif, institutionnel ou non, dans le développement de cet emploi touristique.
Activité de services à fort contenu de main d'uvre il connaît en effet une croissance annuelle de 2,6 % des effectifs salariés depuis 1988.
Je souhaiterais également souligner votre investissement déterminant dans le plan emplois-jeunes. En effet, fin avril, nous recensions dans l'ensemble des composantes du tourisme associatif, plus de 3.600 emplois-jeunes.
Je n'ignore pas pour autant que la précarité de l'emploi reste une préoccupation dans ce secteur. Vous avez été les premiers à la combattre et à montrer l'exemple en recherchant des solutions originales au problème de la saisonnalité et de la qualification des emplois.
Je vous invite à poursuivre vos efforts pour éviter que précarité ne rime dans le tourisme, avec fatalité.
Il en va de mon point de vue de l'avenir de vos associations et du secteur.
Pour vous y aider, le concours de l'Etat sera essentiel, j'en conviens. C'est pourquoi j'ai souhaité que soit créé au sein de la Direction du tourisme un bureau de l'Emploi et de la Formation qui trouvera d'ailleurs une grande partie de ses moyens d'intervention, dans le cadre des contrats de plan où l'emploi figure au premier rang de nos priorités.
A ce niveau, je vous encourage à vous rapprocher non seulement de mes services mais aussi des collectivités et en particulier des conseils régionaux qui pourront, dans bien des cas, venir abonder les aides nationales.
Beaucoup d'entre vous, je le sais, n'ont pas attendu ce conseil pour tirer le meilleur parti des nouveaux cadres territoriaux offert par la décentralisation. Cela leur a permis dans bien des cas de créer de nouveaux services, de conforter et d'adapter leurs emplois en les aidant en particulier à rechercher de nouvelles formes de réponses aux attentes des populations résidentes ou touristiques.
A titre d'exemple, je citerai l'union nationale des foyers de jeunes travailleurs, qui a mis en place des outils de professionnalisation des emplois touristiques en tissant des réseaux d'initiatives locales et d'emplois en milieu rural.
Je citerai également le programme de réhabilitation du patrimoine social du tourisme associatif dont les aides apportées par l'Etat et plusieurs régions touristiques (PACA, Midi-Pyrénées, Rhône Alpes) ont eu des répercussions très positives sur la qualité de l'offre et sur la création ou le maintien d'emplois.
Avant d'en terminer, je voudrais évoquer avec vous le temps fort inédit qu'a constitué les États Généraux du Tourisme Social et Associatif et qui ont connu un réel succès.
Je profite de cette rencontre, pour remercier les 415 associations, les 137 comités d'entreprises, les 45 élus locaux et nationaux, l'UNAT dans son ensemble, pour leur participation active, pour la contribution que chacun d'entre vous a apporté, chacun avec sa sensibilité, à cette réflexion de fond qui s'est engagée avant, pendant et après États Généraux.
A l'écoute des différents intervenants dans les États Généraux et aussi de ce qui s'est dit tout au long de cette journée, j'ai acquis la certitude qu'une nouvelle étape se dessine.
Le suivi des différents dossiers sera sans aucun doute la clé du succès. Les États Généraux du Tourisme Social et Associatif ont représenté une avancée importante, mais ne sont, je le rappelle, que la première étape d'un processus qui doit se poursuivre dans la transparence et le partenariat.
Aujourd'hui, il faut penser à l'avenir, plusieurs chantiers sont ouverts et je souhaite qu'un cadre cohérent de travail avec les différents acteurs du Tourisme Social et Associatif et le Secrétariat d'Etat au Tourisme soit défini.
Déjà avant et depuis les États Généraux un certain nombre de mesures et dispositions ont été prises.
Je tiens à vous réaffirmer mon soutien et mon intervention pour que le Tourisme Social et Associatif, figure en bonne place dans les prochains contrats de plan pour lesquels l'UNAT s'est beaucoup investie et qui entre dans leur phase concrète de négociation.
Je sais par ailleurs que les Observatoires Économiques Régionaux, portent une attention plus particulière sur la place et l'activité du Tourisme Social et Associatif, dans le champ économique des régions, pour permettre d'en évaluer l'importance économique et sociale et en favoriser, au travers de différents dispositifs d'aide, les effets positifs.
Mon ministère apportera son soutien à cette démarche au travers de l'Observatoire National du Tourisme et de l'Agence Française d'Ingénierie Touristique.
A partir des réflexions et des propositions issues des ateliers des États Généraux, je souhaite que mon département ministériel s'affirme en effet, de plus en plus, comme un partenaire efficace du Tourisme Social et de la nouvelle dynamique qu'il entend insuffler.
Dans cet esprit deux études ont été réalisées ces derniers mois. Leurs résultats devraient nous être rendus dans les tous prochains jours.
- L'étude SOMIVAL d'abord, qui devrait nous permettre deux applications :
d'une part de mieux cerner les difficultés de certaines implantations afin d'être en meilleure position pour discuter de mesures d'accompagnement et de soutien avec les collectivités territoriales, (je pense en particulier à la réalisation d'équipements qui permettront l'allongement de la saison).
d'autre part de mener un travail plus pointu sur la mise en adéquation des aides à la personne, en vue d'une meilleure efficacité sociale.
- Quant à l'étude de clientèles effectuée par la SETEL, elle devrait permettre aux associations de dégager une véritable stratégie en vue de conforter la fréquentation de leurs équipements.
Ces études seront, par ailleurs, très utiles pour définir les fondements de la campagne nationale institutionnelle que vous avez appelée de vos vux et que j'entends initier dès l'an prochain.
Elle assurera la promotion des valeurs de solidarité, de rencontre, d'échange, et de brassage social dont vous êtes porteurs.
J'ai souhaité par ailleurs que l'AFIT prenne les dispositions nécessaires pour rencontrer vos associations, dès cet automne, afin d'y recenser les savoir-faire spécifiques, transposables dans d'autres pays de l'Europe et du monde afin de les rassembler dans une plaquette qui sera disponible dans les organismes consulaires à l'étranger dès la fin de cette année.
Enfin, j'ai demandé à la Direction du Tourisme que sans plus attendre, des réunions de concertation s'engagent avec les acteurs du Tourisme Social et Associatif pour définir la mission, le statut, la composition de la future Coordination Nationale du Tourisme Social et Associatif que vous avez appelée de vos vux.
Cet outil, pourrait avoir, selon moi, pour mission de faire des propositions concrètes et de mener des actions susceptibles de mobiliser et coordonner la famille du Tourisme Social et Associatif.
Il pourrait être surtout, ce lieu de rencontre et d'échange entre tous ces acteurs du tourisme social et une véritable caisse de résonance de leurs actions et de leurs revendications.
L'agrément national, qui permettra, à partir de critères objectifs, définis dans la concertation, de reconnaître la fonction sociale que vous assumez, devrait lui aussi contribuer à une meilleure reconnaissance de votre secteur et de vos incontestables spécificités.
Enfin permettez-moi de vous confirmer que les actes des États Généraux qui sont également un vecteur intéressant de communication et d'échange, sont aujourd'hui prêts à être reproduits à plusieurs milliers d'exemplaires. Ils seront comme je m'y étais engagée, largement diffusés auprès du mouvement associatif, des comités d'entreprises et des collectivités.
Les États Généraux doivent, en effet, continuer à vivre et leurs actes doivent y contribuer.
Mesdames et Messieurs les Présidents des Associations, vous pouvez compter sur ma détermination à mettre en uvre concrètement l'ensemble de ces mesures.
J'y consacrerai les moyens nécessaires pour qu'elles trouvent leurs pleines applications dans des délais raisonnables.
Vous pouvez compter sur moi, mais je sais aussi pouvoir compter sur vous pour que l'ensemble des associations travaillent en partenariat avec le Secrétariat d'Etat au Tourisme à la réalisation de ces objectifs.
Il en va de l'avenir du secteur du Tourisme Social et Associatif dans notre pays.
Mesdames et Messieurs,
Au moment où le président Ravanel s'apprête à quitter ses fonctions, je voudrais aussi lui rendre un hommage tout particulier. Après une longue carrière au service de l'Etat, comme conseiller d'Etat , directeur du cabinet de différents ministres puis commissaire général au tourisme pendant 9 ans, maire de Chamonix, conseiller régional de la région Rhône-Alpes, le président Ravanel vient de consacrer 15 ans à l'UNAT.
Sous sa présidence, M. Ravanel a aussi rappelé avec force les deux fonctions du tourisme associatif : sa fonction économique et sa fonction sociale, cette dernière étant pour lui une obligation morale; il n'hésita pas non plus à rappeler l'Etat à ses devoirs dans ce domaine.
Par son ouverture d'esprit, sa rigueur intellectuelle, le président Ravanel a su faire de l'UNAT une union reconnue et a ainsi contribué à mieux faire apprécier le tourisme associatif et son apport unique au secteur du tourisme et des vacances.
Je souhaite à son successeur de poursuivre avec la même détermination la politique ainsi engagée. Dans le cadre d'une nouvelle dynamique qu'il ne manquera pas d'insuffler, il peut être assuré de trouver auprès du Secrétariat d'Etat au Tourisme, une oreille attentive et bienveillante.
Je vous remercie de votre attention en vous souhaitant à tous, d'excellent travaux.
(Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 14 octobre 1999 )