Texte intégral
Q - Votre présence ici Monsieur le Ministre, signifie-t-elle que la crise est terminée ? Finalement après 6 mois de crise, c'est la fin ?
R - Le choix de la France est clair, c'est le choix de la paix, de la réconciliation, c'est le choix de la reconstruction et c'est le choix d'un avenir pour Madagascar.
Nous avons, tout au long de ces derniers mois, oeuvré en étroite relation avec la communauté africaine, avec l'OUA. Nous avons relancé les efforts, à l'appui de l'appel de Libreville, et à l'appui du processus de Dakar. Forts des gestes qui sont ceux du gouvernement malgache, des gestes faits par le président Ravalomanana, gestes d'ouverture, gestes de réconciliation, gestes allant dans le sens de l'organisation d'une consultation à brève échéance, nous sommes aujourd'hui dans un cadre qui permet effectivement de prévoir une normalisation, de souhaiter que tout le monde se rassemble pour faire en sorte d'écrire une nouvelle page de l'histoire de Madagascar.
Q - Monsieur le Ministre, nous aimerions beaucoup vous parler de la politique africaine de la France, des nouveaux habits de la politique africaine de la France à la veille du sommet de l'OUA. Alors ces dernières années, on a parlé des réseaux Foccart, on a parlé de la "Françafrique" de façon, j'allais dire, dramatique... Qu'est-ce qui a changé aujourd'hui ? Quelle est cette politique que vous initiez pour cette Afrique que vous affirmez tout le temps aimer ?
R - D'abord, il y a des liens très anciens, vous le savez, entre la France et l'Afrique : des liens de cur, des liens d'histoire, des liens de la géographie. Il y a une amitié très profonde. Aujourd'hui, nous voulons donner un nouvel élan à cette relation avec l'Afrique parce que nous sommes convaincus de la capacité, de la force, que représente aujourd'hui l'Afrique sur la scène internationale.
Il y a là un capital, un capital humain, une ambition, un élan, une aspiration qui doivent pouvoir être un élément fort de la diplomatie mondiale.
La France veut être auprès de ses amis africains quand ils sont dans la difficulté, dans la crise, pour essayer de trouver concrètement des solutions. C'est ce que nous essayons de faire aujourd'hui avec nos amis malgaches, trouver les voies de la réconciliation, trouver les voies de la reconstruction.
C'est ce que nous voulons faire partout en Afrique ; c'est le sens de la présence et du discours du président de la République française à Monterrey, il y a quelques semaines. C'est le sens de l'engagement très profond de la France dans le cadre du NEPAD, dans le cadre du Sommet de Kananaskis, où l'Afrique a été au coeur de nos préoccupations. Définir de nouveaux instruments de lutte contre la pauvreté, de nouveaux instruments pour développer l'éducation, de nouveaux instruments d'une coopération qui réponde véritablement aux aspirations de nos amis africains, à leurs besoins quotidiens. Il y a là un vrai défi pour nous, Français, un défi du coeur, mais aussi un défi qui répond très profondément à ce qu'est aujourd'hui l'ambition française sur la scène internationale. Nous voulons répondre présent à cette demande et nous ferons donc tout pour essayer de nous mobiliser auprès de nos amis africains.
Q - Alors Monsieur le Ministre, on a senti un malaise ici auprès de certains Malgaches qui ont manifesté contre vous, contre votre présence, et qui disent que la France est ambiguë, que la France est toujours prête à soutenir les vieux dictateurs qui sont sur le continent africain. On parle des relations de Paris avec Eyadema, avec ces vieux loups dont ils ne veulent plus sur la scène africaine.... Alors quel regard portez-vous sur ces critiques Monsieur le Ministre ?
R - Quand la situation est difficile, c'est une raison supplémentaire pour la diplomatie française de répondre présente.
Je suis aujourd'hui le premier membre d'un gouvernement à venir à Madagascar depuis de longs mois, c'est dire à quel point la France veut justement remplir tout son rôle.
Vous dites que des critiques sont émises. La volonté de la France est d'agir dans la plus grande transparence avec ses amis africains, dans la plus grande clarté.
Nous voulons faire ce que nous disons, et nous disons ce que nous faisons ; nous le témoignons et nous voulons à chaque fois essayer de faire en sorte que cette clarté, cette transparence, cette conviction, puisse se transmettre et nous permettre d'aborder ensemble les nouveaux défis.
Nous le faisons avec tous nos partenaires aujourd'hui de l'Afrique. Il y a une aspiration très grande de la part des nouvelles générations africaines.
La France est là justement pour répondre avec toutes les forces qu'elle représente : les forces de la société civile, les forces de la coopération, les forces universitaires. Il y a une très grande vitalité dans la société française et un très grand élan pour répondre aujourd'hui aux besoins de l'Afrique.
Q - Mais sur les vieux dictateurs africains, Monsieur le Ministre, j'insiste beaucoup. Qu'est-ce que vous en dites, ces gens qui se maintiennent injustement au pouvoir.
R - Vous connaissez l'esprit de la diplomatie française. C'est un souci de démocratie, c'est un souci de coopération. Nous sommes déterminés à faire avancer justement ces principes, et, à Madagascar, qu'avons-nous fait si ce n'est justement plaider dans le sens de la réconciliation, plaider dans le sens du dialogue et de la démocratie ? Faire avancer les choses, avoir une exigence de résultat, c'est ce qui est au coeur de la diplomatie française aujourd'hui.
Q - (inaudible)
R - Je n'y crois absolument pas, nous sommes en étroite relation avec l'ensemble de nos partenaires européens, américains, nous nous concertons, nous parlons et personne n'a aucun doute. La France aime l'Afrique, profondément, et je crois qu'aujourd'hui tout le monde le reconnaît, en Afrique et ailleurs.
Q - Votre visite est-elle aujourd'hui, quand même, la reconnaissance du gouvernement de M. Ravalomanana ?
R - Vous connaissez la position française dans ce domaine : nous reconnaissons les Etats et pas les gouvernements. Mais il y a une situation nouvelle à Madagascar : le gouvernement, le président Ravalomanana, ont fait des gestes d'ouverture, de réconciliation. Ils ont marqué clairement leur désir d'uvrer aujourd'hui pour la reconstruction. C'est tout le sens des efforts de la France, et c'est tout le sens que nous souhaitions, et c'est pour cela que nous appuyons évidemment la communauté de nos amis africains, pour essayer de sortir de la crise malgache.
Il y a aujourd'hui une situation nouvelle à Madagascar, et nous voulons être partie à cette grande ouverture. C'est le sens aujourd'hui de la signature des conventions avec mon homologue, le ministre des Affaires étrangères. C'est le sens de la coopération que nous voulons apporter à Madagascar pour répondre aux besoins de ce pays, qui sont grands. Vous savez que les épreuves, les souffrances, ont été très importantes au cours de ces derniers mois, il s'agit maintenant d'ouvrir de nouvelles perspectives et la France veut jouer tout son rôle dans ce domaine.
Je suis le premier membre d'un gouvernement étranger à venir à Madagascar, cela témoigne bien de la volonté de la France d'être là quand c'est difficile, de la volonté de la France d'exercer tout son rôle et d'assurer toutes ses responsabilités. Nous souhaitons que Madagascar puisse réintégrer pleinement la communauté internationale, la communauté africaine et nous allons plaider en ce sens, appuyer ses efforts pour qu'elle puisse retrouver toute sa place.
Q - Allez-vous plaider, justement, pour que Madagascar retrouve sa place au cours du sommet de l'OUA à Durban ?
R - Tout à fait. Nous avons eu un contact étroit et je tiens à saluer ici le rôle qui a été celui du président Wade, celui joué par le président Bongo dans le lancement de l'appel de Libreville, de tous les pays africains qui, aujourd'hui, ont oeuvré pour faire en sorte que la réconciliation puisse s'opérer ; les gestes qui viennent d'être faits vont dans le sens de ce que souhaitait la France et nous voulons espérer que dans les prochains jours, la communauté africaine, la communauté internationale pourra redonner toute sa place à Madagascar.
Q - Est-ce vraiment cette réconciliation ? Ce processus était-il insuffisant, ou insuffisamment enclenché la semaine dernière pour que la France décide de ne pas assister, comme d'autres nations l'ont fait, notamment les Etats Unis, à cette fête de l'Indépendance de Madagascar ? Ce qui a frappé beaucoup de gens ici, et beaucoup nous en ont parlé, c'est l'absence de la France, pour la première fois depuis 42 ans. Cela a beaucoup frappé les esprits.
R - Nous avons eu un contact très étroit avec l'ensemble de nos partenaires, qu'il s'agisse des partenaires européens ou de nos amis américains, et les choses se sont faites ensemble.
Il s'agit bien évidemment de jouer de ces complémentarités pour essayer d'améliorer et de faciliter la recherche d'une solution. Aujourd'hui des gestes sont faits, des gestes forts, des gestes qui permettent d'envisager l'avenir autrement. Nous voulons appuyer et encourager ce processus qui nous paraît aller dans le sens des intérêts de Madagascar et du peuple malgache. Une nouvelle page doit aujourd'hui s'écrire et nous voulons y prendre évidemment toute notre part.
Q - Si je vous entends bien, vous dites que la politique de la chaise vide la semaine dernière, a permis d'aller plus loin cette semaine ?
R - Notre politique qui consiste à s'appuyer sur des principes, à marquer clairement les objectifs, à essayer de convaincre nos partenaires - j'ai agi en étroit contact avec l'ensemble des parties malgaches, notamment avec le président Ravalomanana. Nous avons voulu faire passer nos messages. Le président de la République française a adressé lui-même un message très fort au peuple malgache. Tout ceci est un travail difficile, un travail humble, mais c'est un travail de la diplomatie de tous les jours, celle-là même que nous avons entrepris dès mon arrivée en fonction. Parmi les premiers gestes que j'ai fait, je me suis rendu à Libreville et à Dakar, pour essayer d'appuyer ce processus de sortie de crise, de la crise malgache. Aujourd'hui, je suis heureux d'être à Madagascar pour voir une nouvelle ère qui s'ouvre, je l'espère, et nous voulons y travailler ensemble.
Q - Pour ce processus de réconciliation nouvelle, auquel vous êtes tout attaché, quel est le rôle aujourd'hui et la place de Didier Ratsiraka ?
R - Les principes qui sont les nôtres, et qui sont évidemment la clef, au-delà des questions de personnes, le principe de dialogue et le principe de démocratie, sont essentiels pour l'ensemble du processus. Nous souhaitons évidemment que ce dialogue puisse se développer avec chacun et que, pacifiquement, une solution puisse être trouvée pour l'ensemble du territoire. C'est, je crois, le processus qui est en cours, celui là même que nous voulons encourager. Il y a une place pour chacun à Madagascar, pour tous ceux qui veulent penser et travailler dans ce sens. C'est le sens du travail fait aujourd'hui par le président Ravalomanana. Tout ceci doit être encouragé et accompagné par chacun.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 juillet 2002)
R - Le choix de la France est clair, c'est le choix de la paix, de la réconciliation, c'est le choix de la reconstruction et c'est le choix d'un avenir pour Madagascar.
Nous avons, tout au long de ces derniers mois, oeuvré en étroite relation avec la communauté africaine, avec l'OUA. Nous avons relancé les efforts, à l'appui de l'appel de Libreville, et à l'appui du processus de Dakar. Forts des gestes qui sont ceux du gouvernement malgache, des gestes faits par le président Ravalomanana, gestes d'ouverture, gestes de réconciliation, gestes allant dans le sens de l'organisation d'une consultation à brève échéance, nous sommes aujourd'hui dans un cadre qui permet effectivement de prévoir une normalisation, de souhaiter que tout le monde se rassemble pour faire en sorte d'écrire une nouvelle page de l'histoire de Madagascar.
Q - Monsieur le Ministre, nous aimerions beaucoup vous parler de la politique africaine de la France, des nouveaux habits de la politique africaine de la France à la veille du sommet de l'OUA. Alors ces dernières années, on a parlé des réseaux Foccart, on a parlé de la "Françafrique" de façon, j'allais dire, dramatique... Qu'est-ce qui a changé aujourd'hui ? Quelle est cette politique que vous initiez pour cette Afrique que vous affirmez tout le temps aimer ?
R - D'abord, il y a des liens très anciens, vous le savez, entre la France et l'Afrique : des liens de cur, des liens d'histoire, des liens de la géographie. Il y a une amitié très profonde. Aujourd'hui, nous voulons donner un nouvel élan à cette relation avec l'Afrique parce que nous sommes convaincus de la capacité, de la force, que représente aujourd'hui l'Afrique sur la scène internationale.
Il y a là un capital, un capital humain, une ambition, un élan, une aspiration qui doivent pouvoir être un élément fort de la diplomatie mondiale.
La France veut être auprès de ses amis africains quand ils sont dans la difficulté, dans la crise, pour essayer de trouver concrètement des solutions. C'est ce que nous essayons de faire aujourd'hui avec nos amis malgaches, trouver les voies de la réconciliation, trouver les voies de la reconstruction.
C'est ce que nous voulons faire partout en Afrique ; c'est le sens de la présence et du discours du président de la République française à Monterrey, il y a quelques semaines. C'est le sens de l'engagement très profond de la France dans le cadre du NEPAD, dans le cadre du Sommet de Kananaskis, où l'Afrique a été au coeur de nos préoccupations. Définir de nouveaux instruments de lutte contre la pauvreté, de nouveaux instruments pour développer l'éducation, de nouveaux instruments d'une coopération qui réponde véritablement aux aspirations de nos amis africains, à leurs besoins quotidiens. Il y a là un vrai défi pour nous, Français, un défi du coeur, mais aussi un défi qui répond très profondément à ce qu'est aujourd'hui l'ambition française sur la scène internationale. Nous voulons répondre présent à cette demande et nous ferons donc tout pour essayer de nous mobiliser auprès de nos amis africains.
Q - Alors Monsieur le Ministre, on a senti un malaise ici auprès de certains Malgaches qui ont manifesté contre vous, contre votre présence, et qui disent que la France est ambiguë, que la France est toujours prête à soutenir les vieux dictateurs qui sont sur le continent africain. On parle des relations de Paris avec Eyadema, avec ces vieux loups dont ils ne veulent plus sur la scène africaine.... Alors quel regard portez-vous sur ces critiques Monsieur le Ministre ?
R - Quand la situation est difficile, c'est une raison supplémentaire pour la diplomatie française de répondre présente.
Je suis aujourd'hui le premier membre d'un gouvernement à venir à Madagascar depuis de longs mois, c'est dire à quel point la France veut justement remplir tout son rôle.
Vous dites que des critiques sont émises. La volonté de la France est d'agir dans la plus grande transparence avec ses amis africains, dans la plus grande clarté.
Nous voulons faire ce que nous disons, et nous disons ce que nous faisons ; nous le témoignons et nous voulons à chaque fois essayer de faire en sorte que cette clarté, cette transparence, cette conviction, puisse se transmettre et nous permettre d'aborder ensemble les nouveaux défis.
Nous le faisons avec tous nos partenaires aujourd'hui de l'Afrique. Il y a une aspiration très grande de la part des nouvelles générations africaines.
La France est là justement pour répondre avec toutes les forces qu'elle représente : les forces de la société civile, les forces de la coopération, les forces universitaires. Il y a une très grande vitalité dans la société française et un très grand élan pour répondre aujourd'hui aux besoins de l'Afrique.
Q - Mais sur les vieux dictateurs africains, Monsieur le Ministre, j'insiste beaucoup. Qu'est-ce que vous en dites, ces gens qui se maintiennent injustement au pouvoir.
R - Vous connaissez l'esprit de la diplomatie française. C'est un souci de démocratie, c'est un souci de coopération. Nous sommes déterminés à faire avancer justement ces principes, et, à Madagascar, qu'avons-nous fait si ce n'est justement plaider dans le sens de la réconciliation, plaider dans le sens du dialogue et de la démocratie ? Faire avancer les choses, avoir une exigence de résultat, c'est ce qui est au coeur de la diplomatie française aujourd'hui.
Q - (inaudible)
R - Je n'y crois absolument pas, nous sommes en étroite relation avec l'ensemble de nos partenaires européens, américains, nous nous concertons, nous parlons et personne n'a aucun doute. La France aime l'Afrique, profondément, et je crois qu'aujourd'hui tout le monde le reconnaît, en Afrique et ailleurs.
Q - Votre visite est-elle aujourd'hui, quand même, la reconnaissance du gouvernement de M. Ravalomanana ?
R - Vous connaissez la position française dans ce domaine : nous reconnaissons les Etats et pas les gouvernements. Mais il y a une situation nouvelle à Madagascar : le gouvernement, le président Ravalomanana, ont fait des gestes d'ouverture, de réconciliation. Ils ont marqué clairement leur désir d'uvrer aujourd'hui pour la reconstruction. C'est tout le sens des efforts de la France, et c'est tout le sens que nous souhaitions, et c'est pour cela que nous appuyons évidemment la communauté de nos amis africains, pour essayer de sortir de la crise malgache.
Il y a aujourd'hui une situation nouvelle à Madagascar, et nous voulons être partie à cette grande ouverture. C'est le sens aujourd'hui de la signature des conventions avec mon homologue, le ministre des Affaires étrangères. C'est le sens de la coopération que nous voulons apporter à Madagascar pour répondre aux besoins de ce pays, qui sont grands. Vous savez que les épreuves, les souffrances, ont été très importantes au cours de ces derniers mois, il s'agit maintenant d'ouvrir de nouvelles perspectives et la France veut jouer tout son rôle dans ce domaine.
Je suis le premier membre d'un gouvernement étranger à venir à Madagascar, cela témoigne bien de la volonté de la France d'être là quand c'est difficile, de la volonté de la France d'exercer tout son rôle et d'assurer toutes ses responsabilités. Nous souhaitons que Madagascar puisse réintégrer pleinement la communauté internationale, la communauté africaine et nous allons plaider en ce sens, appuyer ses efforts pour qu'elle puisse retrouver toute sa place.
Q - Allez-vous plaider, justement, pour que Madagascar retrouve sa place au cours du sommet de l'OUA à Durban ?
R - Tout à fait. Nous avons eu un contact étroit et je tiens à saluer ici le rôle qui a été celui du président Wade, celui joué par le président Bongo dans le lancement de l'appel de Libreville, de tous les pays africains qui, aujourd'hui, ont oeuvré pour faire en sorte que la réconciliation puisse s'opérer ; les gestes qui viennent d'être faits vont dans le sens de ce que souhaitait la France et nous voulons espérer que dans les prochains jours, la communauté africaine, la communauté internationale pourra redonner toute sa place à Madagascar.
Q - Est-ce vraiment cette réconciliation ? Ce processus était-il insuffisant, ou insuffisamment enclenché la semaine dernière pour que la France décide de ne pas assister, comme d'autres nations l'ont fait, notamment les Etats Unis, à cette fête de l'Indépendance de Madagascar ? Ce qui a frappé beaucoup de gens ici, et beaucoup nous en ont parlé, c'est l'absence de la France, pour la première fois depuis 42 ans. Cela a beaucoup frappé les esprits.
R - Nous avons eu un contact très étroit avec l'ensemble de nos partenaires, qu'il s'agisse des partenaires européens ou de nos amis américains, et les choses se sont faites ensemble.
Il s'agit bien évidemment de jouer de ces complémentarités pour essayer d'améliorer et de faciliter la recherche d'une solution. Aujourd'hui des gestes sont faits, des gestes forts, des gestes qui permettent d'envisager l'avenir autrement. Nous voulons appuyer et encourager ce processus qui nous paraît aller dans le sens des intérêts de Madagascar et du peuple malgache. Une nouvelle page doit aujourd'hui s'écrire et nous voulons y prendre évidemment toute notre part.
Q - Si je vous entends bien, vous dites que la politique de la chaise vide la semaine dernière, a permis d'aller plus loin cette semaine ?
R - Notre politique qui consiste à s'appuyer sur des principes, à marquer clairement les objectifs, à essayer de convaincre nos partenaires - j'ai agi en étroit contact avec l'ensemble des parties malgaches, notamment avec le président Ravalomanana. Nous avons voulu faire passer nos messages. Le président de la République française a adressé lui-même un message très fort au peuple malgache. Tout ceci est un travail difficile, un travail humble, mais c'est un travail de la diplomatie de tous les jours, celle-là même que nous avons entrepris dès mon arrivée en fonction. Parmi les premiers gestes que j'ai fait, je me suis rendu à Libreville et à Dakar, pour essayer d'appuyer ce processus de sortie de crise, de la crise malgache. Aujourd'hui, je suis heureux d'être à Madagascar pour voir une nouvelle ère qui s'ouvre, je l'espère, et nous voulons y travailler ensemble.
Q - Pour ce processus de réconciliation nouvelle, auquel vous êtes tout attaché, quel est le rôle aujourd'hui et la place de Didier Ratsiraka ?
R - Les principes qui sont les nôtres, et qui sont évidemment la clef, au-delà des questions de personnes, le principe de dialogue et le principe de démocratie, sont essentiels pour l'ensemble du processus. Nous souhaitons évidemment que ce dialogue puisse se développer avec chacun et que, pacifiquement, une solution puisse être trouvée pour l'ensemble du territoire. C'est, je crois, le processus qui est en cours, celui là même que nous voulons encourager. Il y a une place pour chacun à Madagascar, pour tous ceux qui veulent penser et travailler dans ce sens. C'est le sens du travail fait aujourd'hui par le président Ravalomanana. Tout ceci doit être encouragé et accompagné par chacun.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 juillet 2002)