Déclaration de Mme de Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de l'écologie et du développement durable, sur la position de la France au sujet du changement climatique et du développement durable, à New Delhi le 31 octobre 2002.

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Circonstance : 8ème Conférence des Parties de la Convention Climat, table ronde sur le thème "Changement climatique et développement durable", à New Delhi (Inde) le 31 octobre 2002

Texte intégral

Nous sommes ici à la table ronde sur le Changement Climatique et le Développement Durable et nous travaillons dans le cadre de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique. En effet, l'objectif final de la Convention, qui est de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre à un niveau qui ne soit pas dangereux pour l'humanité, est intimement lié au développement durable, et doit figurer dans la Déclaration de Delhi.
Un deuxième point doit ensuite figurer dans la Déclaration, c'est le socle que constituent les travaux du GIEC. Ils nous indiquent que le changement climatique est en cours, et qu'il est urgent d'agir, comme l'a rappelé Jacques Chirac au Sommet de Johannesburg.
Ensuite, gardons à l'esprit que, dans un très proche avenir, sans réduction drastique des émissions globales de gaz à effet de serre, de l'ordre de moitié avant la fin du siècle, l'adaptation trouverait vite ses limites. L'Union Européenne envisage pour sa part une réduction à terme de 70% de ses émissions, dans le respect du principe des responsabilités communes mais différenciées de la convention sur le Changement Climatique. La France a dépassé son objectif de stabilisation, et se trouve en 2001 à 2% en dessous de 1990 en valeurs absolues.
Les technologies et les organisations qui sont efficaces énergétiquement et émettent peu ou pas de gaz à effet de serre contribuent au développement durable, en associant efficacité économique, préservation des ressources naturelles et protection des êtres humains. Depuis plusieurs décennies déjà, nous savons que le développement économique peut très bien être découplé de la quantité de ressources consommées. Il faut dons renforcer les conditions favorables au développement et à la diffusion de ces organisations et de ces techniques, en veillant à ce que le développement local constitue un critère de leur choix. Nous pouvons déjà tabler sur les outils créés par le Protocole de Kyoto et les accords de Marrakech, tels que le Mécanisme de Développement Propre, pour ce faire ; ceci doit aussi figurer dans la déclaration de Delhi.
Pour participer à cette diffusion de technologies et de bonnes pratiques, la France vient de décider de consacrer 385 000 Euros pour le démarrage rapide du MDP, et 850 000 Euros au fonds pour les Pays Moins Avancés. Par ailleurs, elle a versé 164 millions d'Euros pour la troisième reconstitution du FEM. Enfin, le Fonds français pour l'Environnement Mondial consacre 5 millions d'Euros par an, dont 42% pour l'Afrique saharienne et 15% pour la Méditerranée. Nous sommes ici au cur de la problématique du Développement Durable et du Changement Climatique. Ces contributions, et le respect de notre de notre engagement de Bonn, s'inscrivent dans l'objectif politique d'augmentation de 50% en 5 ans de l'aide publique nationale au développement.
Le développement durable se construit concrètement au quotidien, mais doit aussi être orienté par une vision de moyen terme et long terme. Celle-ci se traduit, à notre sens, dans le domaine du climat, par deux orientations :
- une meilleure adaptation au changement climatique en cours dans tous les pays, et notamment dans les plus vulnérables et les moins armés pour y répondre ;
- une réduction drastique des gaz à effet de serre aboutissant à une approche globalement équitable pour la répartition des émissions à terme, c'est à dire des engagements de réduction élevés pour les pays industrialisés, et, pour les pays qui ne le sont pas encore, des trajectoires de développement plus efficaces et moins émettrices.
Ce sont des points fondamentaux pour la Déclaration de Delhi.
Les voies restent à trouver, à débattre, pour que nous réussissions à atteindre l'objectif commun : une stabilisation rapide du climat qui maintienne l'élévation des températures en dessous de 2 degrés. La Déclaration doit permettre d'ouvrir le dialogue sur ces voies, en tout état de cause, la réussite exige l'information et la sensibilisation du public dans tous les pays. La ratification du Protocole de Kyoto par tous, et son entrée en vigueur sont un point essentiel de la Déclaration finale. Croire au développement durable sans fortes réductions des émissions des principaux émetteurs est illusoire.
Nous espérons donc fortement que cette conférence contribue à accélérer le dialogue et l'action internationale, pour construire ensemble un monde sobre en énergie, équitable et durable, dont les émissions à effet de serre n'outrepassent pas les capacités de la planète, ni des êtres humains.
Monsieur le Président, je vous remercie.
(Source http://www.environnement.gouv.fr, 12 novembre 2002)